Fidele 1
Certaines personnes ont le don de vous faire douter de tout. On doute de la parole publique, de l'utilité du masque pendant la pandémie, de la sincérité des élus, des promesses faites par les communicants ou de la véracité du contenu des publicités sur internet. On finit par douter de soi, de ses convictions ou de ses valeurs, des intentions des amis. Mais quand on jette le doute sur la fidélité de votre conjoint on vous fait vivre un enfer.
Luc, mon meilleur copain, un jour de déprime, m'a raconté qu'il exerçait une surveillance étroite sur les contacts et les déplacements de sa femme. Il avait entendu dire qu'au sortir du bureau de son entreprise sa Janine menait joyeuse vie, fréquentait les terrasses des bars proches de son lieu de travail avec un ou deux collègues de travail, toujours les mêmes, ce qui rendait cet extra d'autant plus suspect. Intrigué par ces bruits, le brave garçon décida d'épier son épouse à la sortie de l'entreprise.
- Tu sais, me dit-il, ce sont des conneries, des propos de mauvaises langues, d'envieux ou de crétins jaloux du bonheur des autres. Je me suis rendu à proximité, j'ai vu Janine accompagnée de deux hommes aller prendre un verre deux ou trois fois par semaine puis rentrer à la maison sagement. Généralement ils devisaient, buvaient et se quittaient comme des amis après une bise on ne peut plus normale. Chaque fois que je l'ai suivie de loin elle ma ramené droit chez nous. Un jour je lui ai fait remarquer que je m'inquiétais de son retard, Janine a reconnu devoir son arrivée tardive au plaisir qu'elle avait pris à discuter avec Kevin et Alexandre sur une terrasse.
Cet aveu spontané m'a convaincu de son innocence. Coupable elle aurait inventé des histoires, aurait prétexté une surcharge de travail par exemple. Au contraire elle profita de ma question pour m'inviter à me joindre à ce petit groupe, ce serait l'occasion de faire connaissance avec ces collègues fréquentés à longueur de journée.
Lexemple de Luc me réjouit. Puis-je cependant en tirer la conclusion quil ny a pas de cocus ? Et sil y en a, pourquoi ce mal ne matteindrait-il pas ? Sylvie ma femme serait incapable de me tromper, jen suis certain. Nous nous sommes connus adolescents, nous nous sommes aimés longtemps avant de nous marier et jamais mon épouse ne ma fourni une raison de douter de sa fidélité. Si je jouais à épier ses relations, je ne pourrais que constater son innocence. Le jeu me distrairait. Je mettrais mon imagination à lépreuve.
Quand et où Sylvie aurait-elle loccasion de me tromper ? Elle est coiffeuse pour dames, a des horaires réguliers sauf le vendredi. Les futures mariées préparent leur coiffure le vendredi, le plus tard possible et réclament un coup de peigne le samedi matin. Lorsquelle prévoit un dépassement le vendredi, ma femme me prévient et apprécie que je vienne la chercher. Donc je peux exclure une surveillance le vendredi jour daffluence au salon. Les autres jours de la semaine je suis à la maison quand elle revient, toujours à lheure. En cas de retard, elle me prévient par téléphone, mannonce spontanément ce qui doit la retenir. Je pourrais contrôler de façon aléatoire si le motif invoqué est bien réel. Nous passons le dimanche ensemble. Finalement, seul le lundi offre une possibilité de rencontres adultères, car le lundi est jour de repos hebdomadaire et de fermeture pour la profession. Or le lundi, je fais mes huit heures.
Aujourdhui, lundi, jai posé un congé. Au lieu daller au boulot, jai discrètement pris place dans labri de jardin où je range habituellement ma bicyclette. A neuf heures arrive une femme, Louise, notre voisine. Un quart dheure plus tard, elle na pas quitté la maison. Que font-elles ensemble. Des bavardages ? Ou
jose difficilement imaginer les deux femmes en train de
Non, pas possible, Sylvie et Louise seraient gouines ? Elles sembrasseraient, sétreindraient, se frotteraient, se lécheraient labricot, se doigteraient, croiseraient leurs jambes pour appuyer leurs fentes lune contre lautres, pour se procurer un plaisir entre femmes.
Par la porte arrière jentre chez moi. Jouvre la porte de séparation de la cave et de lentrée. En haut elles discutent. Leur conversation a pour sujet la coupe de cheveux, le choix de la teinte. Sylvie coiffe Louise à domicile. Je peux me retirer lâme en paix, sans bruit, mais une phrase de Louise me retient :
-Alors, quand te décideras-tu ? Jai quelques bons coups en liste dattente.
Quels bons coups ? De quoi parlent-elles ? D'achats, de sorties, de réunions tupperware ? Ce qui malerte cest la réponse de Sylvie :
-Tu es folle. Ce qui est bon pour une femme seule, ne convient pas à une femme mariée heureuse en ménage. Non je ne peux pas faire ça à Jean.
Me faire ça; me faire quoi ?
-Que tu es gourde, ma chérie. Il serait temps de te dégourdir, si tu ne veux pas mourir idiote ! Quoi, tu pourrais te faire de loseille et en trouvant ton plaisir. De plus ton Jean nen saurait rien, puisque les petites séances nauraient lieu que le lundi.
-Cesse dinsister. Cest de la prostitution.
-Oh ! Tout de suite les grands mots. Des mecs pleins de fric ont envie de passer du bon temps avec une jolie femme. Tu es jolie, tout à fait dans le style qui plaît. Jen connais trois qui sont près ç lâcher deux cents euros pour te faire du bien. Ils te connaissent de vue. En torganisant bien tu pourrais gagner 400 ou même 600 euros en une journée. Ou plus, jai des relations avec pas mal de types discrets.
-Discrets ? Tu es sûre ?
Mais, cette question me stupéfie. Sylvie est en train de mordre à lhameçon. La discrétion pour elle est essentielle.
-Mais oui, discrétion assurée. Ton mari nen saura rien. Voilà comment on procède. Je les reçois, je sers de trésorière, ils me paient la rencontre, je te les amène.
-Si lun refuse darrêter, que faire ?
-Tu nas rien à craindre, tu nes pas seule, parce que je veille. Je les avertis et ils tiennent à continuer à bénéficier de mes services. Me désobéir cest se condamner à sortir du circuit. Pour ta tranquillité, sache que jexige régulièrement un certificat médical. Ces crétins sont soumis. Alors ? Je vois que tu as envie dessayer. Tiens, cet après-midi, trois lascars viennent voir si jai de la chair fraîche à offrir. Je les installe dans mon salon. A quatorze heures tu viens chez moi, tu les observes sans être vue, tu choisis celui qui te plaît. Un, la première fois, devrait suffire. Par la suite tu pourras en choisir plus. Ca te va ? Allez, courage, pense au revenu facile à ramasser.
-Je ne sais pas. Il faut que je réfléchisse. Surtout je ne veux pas perdre Jean.
A lévidence, ce nest pas « non ». Hésiter, cest presque accepter. Cest attendre de Louise des encouragements. Osera-t-elle ? Jen sais assez et je retourne dans ma cache. Louise sen va en chantonnant, elle a obtenu gain de cause. Jenfourche ma bicyclette et je vais faire des courses : un peu gêné jachète des objets inhabituels dans le sexe-shop de la ville. Par bonheur seul le vendeur sait, il ny a point de témoin.
A 14 heures, Louise revient. Dix minutes plus tard, les deux femmes sortent, se rendent dans la maison voisine. Je me vais dans lune des deux chambres inoccupées.
-Au salon ? Nous serions mieux au lit.
-Pour la première fois, je préfère le canapé.
La voix de ma traîtresse a retrouvé de lassurance. Elle impose son choix. Tant mieux, il sera plus facile de les observer et il sera facile de les surprendre. Quoique je comptais les attr au lit. Sylvie a un reste de respect pour le lit conjugal alors même quelle trahit son époux. Ce nest pas trop cohérent. « Pas la première fois » a-t-elle dit. Cela sous-entend quelle prévoit des retrouvailles et pourquoi pas dans notre lit avec ce partenaire. Donc les autres fois elle sera moins regardante. Le client choisira, son assiduité sera récompensée.
Si je tolère une deuxième trahison. Là, je veux savoir de quoi ma femme est capable et coupable. Après, j'ai un plan et le nécessaire pour l'appliquer, dès cet après-midi. Rira bien qui rira le dernier. Pour autant que la situation prête à rire.
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