Clorinde (12)
Un coup de sonnette impérieux ma brusquement tiré du sommeil.
Jai jeté un il sur mon réveil. Dix heures, déjà !
Ça a recommencé.
- Oui. Voilà ! Voilà !
Jai enfilé un peignoir, navigué, au radar, jusquà la porte dentrée.
Cétait Maxime.
- Salut, vieux ! Hou là ! Je te réveille, on dirait.
Jai marmonné que javais eu une nuit difficile.
- Mais vas-y ! Entre ! Assieds-toi ! Je nous fais un café.
Il ny est pas allé par quatre chemins.
- Oui. Je tavouerai que Clorinde nous inquiète. Beaucoup. Tu la vois quelquefois ?
- Elle passe, oui. Le plus souvent avec Lucie, sa collègue. Elles viennent se baigner.
- Comment tu la trouves ?
- Oh, bien ! Bien. Elle a lair épanouie. Heureuse.
- Mouais. Cest pas limpression quelle nous donne, à nous. On la dirait à cran. Et elle se renferme. Il y a pas moyen de lui extirper trois mots. Elle te parle à toi ?
- Encore assez, oui !
- Et elle a un petit ami ? À ton avis ?
- Oh, alors ça ! Mais je crois pas, non. Elle serait venue se baigner avec.
- Me dis pas que
- Que quoi ?
- Quavec cette fille, là, cette collègue
Jai éclaté de rire.
- Oh, non, non ! Alors là, il y a pas de risques.
- On se demandait avec sa mère. On narrête pas de se poser tout un tas de questions à son sujet. Parce quon la reconnaît plus. Plus du tout. Elle qui ne jurait que par nous quand elle était ado, qui ne se plaisait quavec nous, quà la maison, on ne la voit plus désormais que tous les tournants de lune. Et cest pour nous tirer une tronche de dix kilomètres. Tes sûr quil y a pas quelque chose ?
- Quelque chose ? Quoi ?
- Je sais pas, moi ! Une mauvaise influence quelque part. De mauvaises fréquentations.
- Je men serais rendu compte. Dune façon ou dune autre. Non, ce que je crois, moi, cest que
ça va pas te faire plaisir
- Mais si ! Vas-y ! Dis
- Que vous voulez beaucoup trop la couver.
- Elle te la dit ?
- Pas ouvertement, non. Mais cest là en permanence. En filigrane. Elle a le sentiment que vous voulez gérer sa vie, lui imposer vos vues.
- Ce qui nest pas le cas.
- Tes sûr ? Il y a pas si longtemps, vous ne vouliez pas lui infliger un mari ?
- Lui infliger, non. Bien sûr que non. Mais lui faire prendre conscience que cétait pour elle une chance inouïe
Parce que cest un garçon très bien. Dune très bonne famille. Qui a de magnifiques perspectives davenir. Elle serait heureuse avec lui.
- Elle na peut-être pas la même conception du bonheur que vous.
- Oui, oh alors ça ! Il y en a pas trente-six, des façons de voir les choses. Enfin, si, oui, quand on est jeune, on se fait tout un tas dillusions sur tout. Et on sen mord ensuite les doigts. Cest bien pour ça que notre rôle à nous, ses parents, cest de veiller au grain et de faire en sorte quelle ne soit pas amenée à regretter par la suite les choix quelle aura faits. Cest comme celle lubie de vouloir absolument jouer à la serveuse. Franchement ! Ça, ça va bien comme petit boulot dété, mais on ne fait pas toute sa vie professionnelle là-dedans. Surtout quand on a, comme elle, dincroyables facilités intellectuelles. Cest du gâchis, avoue ! Un invraisemblable gâchis. Cétait pas ce quon avait rêvé pour elle. Ah, non, alors !
Il sest perdu dans ses pensées. Ma jeté un long regard éploré.
- Tu crois, toi ?
- Je crois quoi ?
- Que cest définitivement perdu. Quil y a pas un moyen quelconque de la ramener à la raison ?
Jai soupiré.
- Mais laisse-la vivre ! Fiche-lui la paix ! Parce que tout ce que vous allez gagner, à force de faire, cest que vous allez définitivement la perdre.
- Oui, alors, si je comprends bien, je peux pas compter sur toi pour essayer de lui faire comprendre où est son intérêt ?
- Si tentends par là, la convaincre dépouser ce juriste que vous lui avez choisi ou bien encore dabandonner un métier dans lequel elle se sent parfaitement à laise, je te le dis tout net, cest non.
Il sest levé.
- Est-ce quau moins je peux te demander, au cas où elle te semblerait se mettre, dune façon ou dune autre, gravement en danger, dintervenir ?
- Oui, ça, là-dessus il y a pas de problème. Évidemment !
- Merci.
* * *
Elle sest laissé tomber sur le lit.
- Ouf ! Ça y est ! Ils sont partis. Je les supporte de moins en moins.
- Ça sest mal passé ?
- Pas vraiment, non. Disons quils ont voulu se la jouer parents compréhensifs. Conciliants. Changement de stratégie. On laisse venir. On attend que je me vautre. Mais ça, cest pas demain la veille. Au contraire. Ils peuvent toujours courir. Bon, mais allez ! Assez parlé deux. On fait des trucs.
- Quoi, comme trucs ?
- Je sais pas. Des trucs. Jai envie de me défouler ce soir. Dêtre complètement infernale. Comme jamais je lai été.
- Oh, ben ça promet. Et ça sent le restaurant.
- Oh, non, non ! Jai pas vraiment envie de bouger. Il est trop tard. Sans compter quon est pas mal ici. Il y a des voisins un peu partout. Il y a lhôtel en face. On peut avoir plein dopportunités si on veut. Dailleurs, en parlant de ça
Elle sest levée, dirigée vers la fenêtre.
- Il y a eu plein dentrées aujourdhui, à ce quelle ma dit, Lucie. Et des prometteuses.
- On la verra, elle, ce soir ?
- Oh, alors ça, ça métonnerait ! Parce quelle est partie sexpliquer, pour la quatre-cent-quatre-vingt-troisième fois au moins, avec lautre animal, là. Bref, de ce côté-là, rien de nouveau sous le soleil. Elle en sortira jamais nimporte comment, moi, je crois. Hé hé ! Mais en attendant venez voir ça ! Là, en bas, à droite. Les deux qui se roulent un patin près de la porte de la salle de bains. Et en pleine lumière en plus. Ça les gêne pas. Ça va finir sur le plumard, ça, on parie ? Cest ça ! Mets-lui la main dans la culotte ! Comment ça lui plaît, regardez ! Elle en frétille. Et voilà ! Quest-ce que je disais ! Le lit.
- On en a quand même un, de son.
- Comment ça ? Ah, oui ! Dà côté, de chez Lydie, ça vient. Et si ça tombe, elle est à la fenêtre. Tout comme nous. Et elle regarde la même chose que nous.
On sest tus. On la laissée arpéger son plaisir jusquau bout.
- Peut-être quil y en a encore dautres à profiter du spectacle. Sûrement même. Il est grand, limmeuble. Alors il y a toujours des yeux qui traînent. ment. Au cas où
Bon, mais alors quest-ce quils fabriquent les deux autres en face ? Il va pas quand même pas lui rester dedans toute la nuit ! Ça papote. Ça papote. Quest-ce quils peuvent bien se raconter ? À votre avis ? Moi, je dirais que ce quest possible, cest quils soient justement en train de se demander sils ont eu leur petit succès. Non, mais attendez ! Un couple qui fait ça la fenêtre grande ouverte, toutes les lumières allumées, vous me ferez jamais croire que cest pas, même sil prétend le contraire, parce que ça lexcite de se dire quon peut le voir. Sauf quil peut pas savoir sil y a eu mèche ou pas. Cest trop génial, ça, dailleurs ! Combien de fois, moi, je suis passée à poil devant ma fenêtre en me disant que peut-être on me voyait. Dautres trucs aussi. Mais tu sais pas, tu sais jamais sil y a eu quelquun ou pas. Cest à la fois hyper frustrant et complètement génial.
Elle sest déshabillée. On sest déshabillés.
On a roulé sur le lit. Jai voulu aller minstaller entre ses cuisses. Elle ma retenu.
- Non, pas comme ça. Tête-bêche. Que je profite de vous, moi aussi.
On sest installés. Mes doigts ont ourlé son encoche, lont longuement ciselée. Mes lèvres, ma langue se sont aventurées, avec délectation, dans ses replis froncés. Elle a doucement gémi. Il y a eu son souffle sur moi. Sur ma queue. Quelle a piquetée de petits baisers. Plus bas. Elle me les a voluptueusement pétries. Plus bas encore. Elle a haleté. Et elle ma, avec détermination, enfoncé son index humecté de salive entre les fesses. Elle ly a poussé. Loin. Le plus loin possible. Elle ly a fait tournoyer. Mes doigts se sont faits plus ardents, ma langue plus pressante. Plus conquérante. Elle a gémi plus fort. Elle a pressé son bassin contre ma bouche et elle a psalmodié son plaisir. À longues trilles éperdues.
De lautre côté de la cloison, presque aussitôt, tout près, des sanglots de bonheur lui ont répondu.
Clorinde sest redressée.
- Oui, non, mais alors là, elle, demain je suis de repos. Je passe à lattaque. Elle va pas sen tirer comme ça. Mais vous, vous filez, hein ! Vous me restez pas par les pieds. Que je puisse manuvrer tout à mon aise.
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