Erina (1ere Partie)
Seule sur le sable, les yeux dans leau, son rêve était trop beau. Lété qui sachève, elle partira à cent mille lieues de moi
Cette jeune femme, elle répond au doux nom de Erina. Et cette scène, cétait sur la plage de la ville, à Dubrovnik, en Croatie, sur la côte adriatique, tout à lheure, quand je marchais sur le front de mer et que Roch Voisine me chantait Hélène dans les oreilles. Cétait une agréable soirée dété. Une sorte dété indien. Le soleil se couchait mais il semblait prendre son temps. Quoiquil en était, le soleil donnait le «la» mais il y avait une légère brise et ça lui répondait. Le long du front de mer, les DJ se surpassaient et faisaient preuve de leurs talents. The Weeknd, Ava Max
Sia, Doja Cat
Imagine Dragons, Maroon 5
Dubrovnik est lIbiza adriatique. Et puis jai regardé la mer. Et je lai vue, ELLE
Une femme assise en indien sur le sable, sans rien dessous la robe quelle portait. Pas possible de ne pas la voir, tout du moins à mes yeux. Sur la plage, moi, je nai vu quelle. Tout le monde faisait la teuf au rythme de lalcool et de la musique. Moi, Roch Voisine dans les oreilles, je marchais. À gauche, cétait lAdriatique. À droite, cétait la promenade et laquarium. Je lai vue, cette femme. Il ny avait pas le moindre doute. Il ny avait quelle. Elle seule, isolée, à contre-courant de la fête qui était à son paroxysme. ELLE. Oui
(
)
Jouvre difficilement les yeux. Cest
compliqué. Lalcool, leuphorie de la rencontre, le sexe
Cest comme un marteur-piqueur qui me perce le crâne, ce matin, là. Les draps sont humides. Je remue. Oui. Le réveil est
difficile. Je bouge dans tous les sens. OH
Je me rends compte de quelque chose. À part moi, il ny a
personne.
Les draps sont pêle-mêle, complètement en désordre sur le lit. Effectivement, il ny a personne qui y est à mes côtés. Bizarre
Les draps et les oreillers sont trempés. Bon daccord
Ce nest pas étonnant au regard de la nuit damour quon a vécu, elle et moi.
Elle, cest Erina. Elle a trente-quatre ans et elle est originaire de Tirana, la capitale de lAlbanie. Brune aux cheveux longs, les yeux marrons limite noisettes, elle est la «girl next door» que lon voudrait avoir comme voisine, comme amie
ou bien comme petite copine. Et pourtant
On ne dirait pas mais elle est secrétaire dans un prestigieux cabinet davocats dans un quartier huppé de Tirana. Elle aime se faire coquette et ce quelle préfère dans la vie, cest se faire remarquer par son intelligence et sa bonne éducation, par sa beauté et la sobriété des vêtements et des produits cosmétiques quelle porte. Jusquà présent, Erina était heureuse et respirait la joie de vivre. Cétait sans compter sur Bledar, son petit ami. Ce connard la trompée un soir où elle était de soirée pour le cabinet. Ça lui a fait é-nor-mé-ment de mal car elle tenait beaucoup beaucoup à Bledar. Elle laimait passionnément.
Erina? Are you here?
Personne ne me répond.
Erina? Where are you, honey?
Toujours pas de réponse. Bon. Peut-être quelle descend au restaurant de lhôtel et quelle y prend son petit-déjeuner
Peut-être quelle a besoin dêtre seule, de se retrouver après la nuit folle quon a vécu
Peut-être quaprès, elle reviendra et quon partagera un nouveau moment complice
En attendant, je ne me mets pas la rate au court-bouillon et je me remémore plutôt la rencontre et le sexe.
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Moi, cest Tom. Jai trente-trois ans. Je suis coach de vie, diplômé dÉtat. Jai un cabinet où je travaille avec mon associé
et meilleur ami, Mickaël. On se connaît depuis quon est gosses. Tout a commencé en CE2, quand on avait huit, neuf ans. Une dispute de gamins. En 2021, nous sommes plus que jamais amis. Amis, associés et moi, depuis février 2020, je suis son témoin. En effet, le 28 février 2020, Mickaël et sa copine de longue date, Myriam, se sont dits oui à la mairie ET à léglise. La Covid-19 et les différents confinements ne nous ont pas fait du bien. Ça na pas été de tout repos. Notre clientèle la plus fidèle est restée, dieu merci. Mais tout na pas été si facile, tout na tenu quà un fil, comme JoeyStarr et Kool Shen lont rappé en 1995. En accord avec Mickaël, jai pris des vacances. Destination: Dubrovnik, en Croatie
Pour arriver ici, jai dû dabord me rendre à Paris. Habitant et travaillant à Reims, jai pris le train. Arrivé à la gare de lEst, jai pris les transports en commun de la RATP pour me rendre à Roissy-Charles de Gaulle. De là, jai pris un avion et jai fait escale à Zagreb, la capitale de la Croatie. Et de Zagreb, jai pris un autre avion jusquici.
Il était tard quand jai atterri à Dubrovnik. Depuis, javais pas mal voyagé depuis Reims et ma Champagne. Jai hélé le premier taxi que jai vu et la chauffeur ma conduit jusquà lhôtel trois étoiles et plein de charme où jai réservé ma chambre. Une fois les modalités du check-in effectuées, je navais plus quun seul désir: entrer dans ma chambre, my installer
et mallonger sur le lit pour my endormir comme un .
Demain est un autre jour, on dit, nest-ce pas? Quand jai fermé les yeux et que jai sombré dans un sommeil profond, le premier soir, cest ce que je me suis dit. Jespérais que cette semaine de vacances à Dubrovnik me fasse le plus grand bien, quelle soit une sacrée bouffée doxygène. Que cette semaine est tombée à point nommé
Les dernières semaines ont été difficiles et pour être honnête, moi qui suis coach de vie et qui aide par conséquent mes clientes et mes clients à se développer personnellement et à trouver des parades pour égayer leur vie
Là, cétait à mon tour de me trouver en difficulté. Je mexplique: comme je le disais, depuis la Covid-19, les confinements, les différentes mesures gouvernementales qui sont entrées en vigueur et qui font désormais partie intégrante de notre quotidien, et jen passe
Ce nest plus pareil. Il faut sadapter à cette nouvelle donne et ça, ce nest pas facile tous les jours. De plus, après un an damour et de passion, Anastasia et moi, nous avons décidé de nous séparer dun commun accord et de reprendre le cours de nos vies respectives. Oui, nous étions de chauds lapins. Mais non, nous ne nous retrouvions plus dans cette histoire. Ça aura été au final
léger entre nous.
Ça nallait donc plus, ces dernières semaines. Je ne me retrouvais tout simplement plus aussi dans la vie que je menais. Il était temps de couper court à la routine et à la déprime dans laquelle mon existence sétait mise à sinscrire crescendo. Il était temps dapporter du changement. Et ça, javais bel et bien lintention de le faire dès mon arrivée, et pendant lintégralité de mon séjour. Vivre le moment présent, saisir chaque opportunité qui se présenterait à moi
Les soirées, les femmes
Dubrovnik, lAdriatique, la Croatie
Jétais en réalité loin de mimaginer que je ferais la rencontre dune femme seule, triste, sur la plage, à la fin de mon séjour, quon ferait lamour et que ce serait particulièrement bon
Écoutant les conseils de Mickaël, j'ai décidé dès le premier jour de mes vacances ici de ne rien programmer du tout.
La nuit avec Erina est désormais une donnée qui doit rentrer en ligne de compte.
Pour la première fois depuis un moment, le temps ralentissait sa course et les jours défilaient lentement. En ce qui me concernait, je faisais mien ladage de mon amie belgo-colombienne Veronica: «Vivre le moment présent». Ici, à Dubrovnik, en cette toute fin du mois daoût, cétait ce que je faisais, sans me poser de question. Le farniente
Le tourisme
Les bars et les pubs
Les restaurants
Les clubs
Par contre, bien que la cité croate était propice aux rapprochements des corps et que la luxure était partie intégrante de son identité, bien que la gente féminine y était émoustillante, Anastasia était toujours présente, dans mon corps et dans ma tête. Cependant, quand nous nous sommes rencontrés, Erina a tout bouleversé.
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Jai donc rencontré cette femme hier soir. À deux jours de mon départ
et de mon retour pour la France, pour Reims, javais décidé, une fois nétait pas coutume, de profiter de la vie et den savourer les petits plaisirs. Par conséquent, je métais sur mon trente-et-un. Jétais allé chez un barber shop réputé de Dubrovnik et jy ai passé deux bonnes heures mais le résultat en valait vraiment la peine quand je suis sorti du salon: un dégradé remis à jour et une barbe bien taillée. Puis, je suis rentré à mon hôtel et jai pris mon temps sous le jet deau tiède de la douche. Jai senti leau couler sur ma peau et couvrir mes tatouages maoris avant de sécraser sur le carrelage de la cabine. Jai vu la mousse du gel douche recouvrir le moindre millimètre carré de ma peau avant dêtre effacée, chassée par le pommeau de la douche. Mes mamelons percés étaient allongés. Je bandais bien dur. Étais-je en train de penser à une nana, quelle fusse imaginaire ou une partenaire que jai eu à un moment de ma vie? Anastasia??? Elle, ce nétait juste pas possible au regard de notre rupture. À
tous les coups
Cette femme, elle était le pur fruit de mon imagination libidineuse fertile. Mais que cétait agréable
Une fois bien rincé, je suis sorti de la cabine et je me suis emparé dune serviette blanche, immaculée et jai pris le temps de me sécher. La caresse du tissu sur ma peau a été exquise. Même si cétait hier, je me souviens précisément de cette sensation. Une fois sec, jai ouvert les portes coulissantes de larmoire de la chambre et jai examiné consciencieusement le contenu de mon dressing. Jen ai tiré une chemise bleue, un jean slim qui me fait sans me vanter un «petit» cul, un boxer moulant et une paire de chaussettes blanches. Jai posé le tout sur mon lit et je suis allé chercher mon eau de toilette Scorpio Intense dans la salle de bains. Jen ai vaporisé sur mon corps: sur mon cou, sur mes aisselles, sur mes poignets et sur mon bas-ventre. Là. Je sentais bon. Il était temps pour moi ensuite de mhabiller. Avec des gestes délicats, toujours sans me presser, lun après lautre, jai enfilé mes vêtements pour la soirée qui allait se passer. Une fois que ça a été fait, je suis allé jeter un il à mon apparence et à ma tenue dans le miroir qui se trouve à côté de larmoire. Le miroir me renvoyait mon reflet: un trentenaire, souriant, bien habillé. Beau gosse mais sobre. Sur ce, je me suis connecté à Internet sur iPhone et jai recherché les bonnes adresses, quelles quelles fussent, pour que je passe une bonne soirée, sans que je ne pense à quoique ce soit. Ça a été ainsi que jai jeté mon dévolu sur le Cafe Festival, un établissement bien connu ET bien réputé de la cité adriatique. Le Cafe Festival est réputé entre autres pour son cadre cosy et une ambiance jazzy en arrière-fond. Cétait décidé: ça allait être là où jallais me rendre et passer un bon moment.
Le Cafe Festival se situait dans une ruelle du cur de la ville. Il nétait pas loin de lhôtel où je loge. Mais je navais pas envie de my rendre tout de suite. Les journées étant longues, le soleil restant présent en soirée, la météo étant belle à Dubrovnik, je voulais profiter du ciel bleu et du soleil, de lair doux et de la mer. Par conséquent, jai décidé de me balader en ville puis de me rendre sur le front de mer et la plage.
Un dernier coup doeil à mon reflet dans le miroir et je suis parti. Iphone? Ok. Passeport? Ok. Pass sanitaire? Ok. Chewing-gums et Tic-Tac? Ok. Tout était là dans ma petite sacoche noire en bandoulière. Jai fermé la porte de ma chambre et jai marché dans le couloir pour prendre lascenseur. Une fois les quatre étages descendus et parvenu au rez-de-chaussée, je suis allé déposer ma clé à la jolie réceptionniste blonde de lhôtel en service à ce moment-là et je suis sorti dehors.
(
)
Que cest agréable de sortir le soir, dans une ville paisible, vivante et où il fait beau. Je marchais et je ne pensais à rien. Je me délectais de la joie de vivre des habitants et des touristes. Jen prenais plein les yeux et je trouvais les édifices, larchitecture typiques de la ville croate beaux à regarder. Ça valait le détour. Les écouteurs dans les oreilles, Hélène Ségara me chantait Elle, tu laimes.
Lair était agréable et le soleil était présent mais sans être assommant. Cétait parfait comme contexte pour sortir un soir dété. Alors jai flâné, erré dans les rues de Dubrovnik. En revanche, jétais tout sauf une âme en peine. Jétais bien et cétait un petit plaisir de la vie auquel je madonnais. Je marchais, certes, seul dans la rue. Mais je croquais la vie à pleines dents. Je mettais mes cinq sens au service de tout ce quil soffrait à moi sur mon chemin.
La vie ne pouvait pas être plus belle à linstant-t. Même avec les écouteurs dans les oreilles, jentendais les cliquetis des couverts mêlés aux discussions et aux rires des gens dans les restaurants. La ville était pleine de vie et je savais au fond de moi que CÉTAIT lendroit où jétais le mieux. Il fallait que jen profite par conséquent au maximum. Je le voulais. Musique toujours dans les oreilles, jai continué ma promenade du soir. Du centre-ville, je métais orienté vers le front de mer et lAdriatique me faisait face. Un instant, jai retiré les écouteurs et jai porté une oreille délicate et attentive aux différents sons qui me parvenaient.
Jai débouché sur un tournant qui ma conduit de laquarium jusquà la longue ligne droite de la promenade du front de mer de Dubrovnik. Jen ai pris plein les yeux et ce même si je my étais déjà rendu, les jours précédents. Il y régnait une atmosphère décontractée, festive et les gens y prenaient du bon temps.
De là où jétais, javançais et tout me venait de plus en plus distinctement, de plus en plus clairement. Les gens qui dansaient, qui chantaient et qui faisaient la tête
Les gens qui parlaient, qui riaient et qui buvaient un verre dans les bars, dans les restaurants et dans les clubs
Je regardais au loin et je me demandais où je pourrais, moi aussi, passer un bon moment.
J'étais à l'Uvala Lapad Beach et c'était le front de mer, tout entier, qui s'offrait à mes yeux. C'était lumineux mais sans être non plus racoleur, tapageur. C'était l'été et la ville vivait. Tout simplement. Le temps d'un instant, j'ai pensé à ma situation du moment et la conclusion que j'en ai tiré, c'était que Dubrovnik était le meilleur endroit sur Terre où je pouvais être. J'ai alors réinséré les écouteurs dans mes oreilles. Nothing's Impossible de Depeche Mode. Très bien. J'ai repris ma marche et j'ai marché vers les lumières de la plage.
L'atmosphère du Spilja Bar More, de ce qu'il s'en dégageait et de ce qu'il me parvenait a titillé ma curiosité. Situé en plein cur de la promenade de la plage, pile face à la mer Adriatique, c'était une adresse que l'on m'avait recommandé à plusieurs reprises, que ce fusse à la réception de l'hôtel ou à l'office de tourisme. L'intérieur du bat faisait penser à une grotte. Une grotte aménagée, bien entendu. Le personnel y était agréable et avait à cur de satisfaire le plus possible sa clientèle.
Ça a été donc dans cette direction que j'ai poursuivi mon excursion du soir. Plus je me rapprochais de l'établissement, plus le mélange des ambiances se gravait dans ma tête. Nous y étions: c'était dans mes souvenirs. Je ne prenais pas des photos avec mon iPhone. En revanche, c'était avec mes yeux que je les prenais, les photos-souvenirs. J'en prenais plein les yeux. Roch Voisine a succédé à Depeche Mode dans mes oreilles. La guitare remplaçait les synthétiseurs. Un coup d'oeil vers la plage de sable fin et la mer, je l'ai vue alors, cette femme qui était assise sur le sable, le regard tourné vers l'Adriatique. Elle me fascinait. J'ai alors dévié de mon itinéraire initial et j'ai marché sur le sable. Je suis allé vers la femme pour la rejoindre.
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