De Charydbe En Scylla. (Suite De : Une Première Fois Inattendue).

-- ATTENTION HISTOIRE POUR LECTEURS AVERTIS --

Chapitre 2

Il me ramène chez moi. Ce retour est pénible. J’ai la tête dans les chaussettes et je ne suis pas fière de moi. Je crois que Stéphane s’en rend compte. Il m’abandonne dans mon silence ; par pudeur peut-être ou par gêne. Je ne sais pas.
Il me dépose devant mon immeuble. Il doit être six ou sept heures du matin. La rue est calme, c’est samedi. Les premiers dehors le sont avec leur chien ou pour un jogging.
Je suis épuisée et n’ai qu’une envie, me coucher et dormir. Avant que je puisse partir, Stéphane me glisse un papier dans la main. Il me souhaite une belle journée et me dit avoir passé une nuit merveilleuse.
Je déplie son papier en montant les escaliers. Il y est écrit « je penserai à toi » et son numéro de téléphone.
Je le chiffonne aussitôt et le plonge dans une poche de ma veste.
J’entre dans mon salon. Cédric est assis sur le sofa. Il ne bouge pas. Je bafouille un misérable petit bonjour. Il me regarde et me demande aussitôt si j’ai passé une bonne nuit. Je m’empourpre terriblement. J’ai l’impression qu’il lit à travers moi, qu’il devine tout.
- Je… j’ai… j’ai trop bu. J’ai dû aller dormir un moment chez Christelle.
- Tu aurais pu me prévenir. Je me suis fait un sang d’encre.
- Je suis désolée. Je n’y ai pas pensé. J’ai trop bu. Je n’ai pas l’habitude.
- Ok, ok. Je n’ai pas de reproche à te faire. Mais ce soir on pourrait passer la soirée ensemble. Qu’en dis-tu ?
- Oui ! Bien sûr. Avec plaisir. Je vais aller me doucher et me coucher.
Soulagée de m’éloigner de son regard, je me jette sous la douche. L’eau chaude qui ruisselle le long de mon corps me procure un bien-être délicieux. Je constate avec dépit que le haut de mes cuisses est teinté de sang. J’en éprouve une honte infinie. En même temps, je frissonne encore de cette sensation délicieuse du sexe de Stéphane dans mon ventre.


Je suis perdue. Une terrible ambivalence me prend. Un paradoxe infernal. Mon mal de tête me sauve de ces pensées obsédantes. Je m’effondre sur mon lit et ne me réveille que l’après-midi.

Nous passons une soirée bien glauque. J’ai de la peine à me remettre de ma soirée. L’alcool pèse encore de tout son poids. Cédric qui a ouvert une bouteille de vin blanc est déçu. Je crois qu’il pensait bien faire. Je culpabilise un peu plus mais je suis soulagée de voir qu’il n’a rien deviné. Je m’applique de paraître enjouée, mais que c’est dur. Il doit se rendre compte de mon ton surfait. Nous nous renfermons petit à petit chacun dans nos pensées. A voir sa tête, les siennes sont plutôt sombres.
Habituellement nous pouvons discuter de tout. Nous ne nous gênons jamais lui et moi. Un grand tabou s’est pourtant créé autour du sexe. Je repense à nos journées dans la nature, à nous raconter notre futur, notre maison, nos s ; à refaire le monde tant et tant de fois. Comment en est-on arrivés là ?

Les jours passent, se ressemblent. Ils ont le même goût de culpabilité et de désir. J’angoisse. Je me surprends à rêver de Stéphane puis je me mets à pleurer. Je déprime. Cédric ne me touche toujours pas. Je n’ai pas été très encourageante non plus. Je ne sais que faire. Dois-je lui avouer ? Je vais devoir m’y résigner.
Je prends ma veste pour aller au travail. Il fait bon aujourd’hui. Les oiseaux chantent. Mon moral remonte.
Je prends la décision de tout lui avouer ce soir. Il comprendra. Mes pas s’enchaînent et me portent vers mon travail lorsque ma main triture un papier dans la poche de ma veste. Mon dieu ! le numéro de Stéphane. Trop ivre, je l’avais oublié. Un frisson me traverse le corps. Je perds d’un coup mes nouvelles certitudes et ma résolution fond comme neige sous ce soleil printanier.
Je ne suis pas à mon affaire aujourd’hui. Je pense à Stéphane puis à Cédric. Non. Non… à Stéphane. Il faut être honnête.
En sortant du boulot, je craque, je l’appelle.

- Ici Stéphane.
- Bonjour, heu… salut ! C’est Claire, tu te souviens, nous …
- Bonjour Claire. Comment ne pas m’en souvenir. Je désespérais que tu me téléphones.
Un court silence puis :
- Je ne veux pas paraître prétentieux mais j’en déduis que tu souhaites me revoir ?
Son propos m’irrite un peu mais le ton de sa voix me rassure et m’excite.
- Je… oui, je pensais que…
- Avec le plus grand des plaisirs. Demain soir, Chez moi ! vingt-deux heures.
Il raccroche.
Ebahie par cette conversation. Si on peut l’appeler comme ça, je me retrouve à déjà chercher un prétexte pour sortir demain soir à cette heure.

Le moment venu, Zoé, que j’ai mise dans la confidence et qui n’en revenait pas, m’a promise le secret et me servira d’alibi. Je mangerai chez elle ses fameux cannellonis aux épinards.
Je pars donc à vingt heures et me rend réellement chez Zoé. J’ai deux heures à écouler avant mon rendez-vous.
Zoé n’en revient toujours pas. Elle croit d’abord que je la fais marcher. Puis, elle se rend à l’évidence. Mon récit sonne vrai ; mon état émotionnel aussi. Je suis une pile électrique qui regarde sa montre aux trois minutes.
Mon amie ne me fait pas la morale. Elle ne m’encourage pas non plus. Notre amitié me permet de sentir que je peux lui faire confiance. Elle gardera ça pour elle. Pas même Christelle ne sera au courant ; la discrétion n’est pas son fort. Zoé exige cependant que je lui raconte la suite.
A vingt-deux heures elle me fait un bisou et me souhaite bonne chance.

Je sors du taxi devant l’immeuble de Stéphane. Je me suis habillée sexy, mais pas trop. Après tout, je suis en train de passer ma soirée chez Zoé.
J’hésite un instant avant de franchir le seuil. Je viens de me marier et je suis au seuil de l’adultère. J’ai honte mais ça m’excite.
Une sonnerie, des pas, la porte s’ouvre.
- Bonsoir Claire. Entre ! Tu es chez toi ici.
- Euh ! Bonsoir Stéphane.
Merci.
Je ne sais pas quoi dire de plus. Je réalise que je ne connais pas cet homme. En fait, je ne suis pas sûre que je l’aurais reconnu dans la rue, mais je ne suis pas déçue. Il est beau, viril, fort. Il dégage une assurance puissante. Il me met à l’aise, simplement. Je ne saurais trop dire comment. Je suis sous le charme.
Nous trinquons ; champagne à nouveau.
Il sait pourquoi je suis ici et ne s’en cache pas. Il me mène dans sa chambre. Aucune allusion graveleuse ou malvenue mais je me retrouve rapidement dans ses bras à l’embrasser. Il m’embrasse ensuite les seins et je sens ce frisson m’envahir à nouveau. Ses lèvres descendent le long de mon corps, passent sur mes jambes. Il m’embrasse les chevilles, enlève ma jupe. Je n’ai pas honte de mes dessous cette fois. Il enlève ma culotte et je sens mon corps vibrer d’excitation. Il embrasse mon sexe, introduit sa langue doucement à l’intérieur. Je ne veux plus que ça s’arrête.
Pourtant il s’arrête et se lève.
- Défais ma ceinture !
Etonnée de son ton vif et direct, je m’exécute néanmoins.
- Ne t’arrête pas. Enlève mon pantalon aussi.
Je continue.
- C’est bien. La dernière fois, tu as joui toute seule. Ce n’est pas correct. Tu vas prendre mon sexe dans ta bouche.
Je le regarde probablement avec des yeux exorbités. Je n’ai pas envie de sucer son sexe. Je ne m’attendais pas à ça. Je ne suis pas prête.
- Maintenant !
Il colle son pénis sur mon visage, me prend derrière la tête et je me retrouve à entrouvrir les lèvres. Son sexe se fraie un chemin et entre dans ma bouche. Il est chaud, dur. J’ai l’impression que je le sens palpiter.
- Allez ! Suce !
Ma langue tourne autour de son gland. Il a l’air d’apprécier. Le choc initial est passé. Je trouve cette sensation agréable. C’est doux et dur à la fois et je suis satisfaite de le voir prendre plaisir.
Pourtant il se retire et me dit :
- Tu suces n’importe comment. Retourne-toi.

Je suis vexée mais j’obéis. J’ai compris que c’est bien lui qui va nous diriger. Je n’ai pas d’expérience alors je me tais et fais ce qu’il dit.
Je me retrouve à genoux. Il est derrière moi. Il m’appuie sur la tête pour la coller contre le matelas. J’ai les fesses en l’air. Ses mains se posent sur mes hanches et je sens son sexe me pénétrer brusquement.
Une onde de douleur et de plaisir se mêlent en moi. Le plaisir prend rapidement le dessus. Il va et vient. J’entends mes fesses claquer contre son ventre. A nouveau je ne veux plus qu’il s’arrête.
Nous enchainons les positions. Je n’en reviens pas. Je suis au bord de l’extase. Je lui appartiens et j’aime ça.
Je me retrouve à nouveau à quatre pattes sur le lit. Cette fois il est assis devant moi, les jambes écartées. Je comprends qu’il veut que je le suce encore une fois. Je n’hésite pas et son sexe se retrouve dans ma bouche. Il a un autre goût. Je sens ma propre odeur sur lui. Il me guide. Je prends confiance.
- Continue ! Oui, comme ça ! Plus doucement !
Je ne réalise pas tout de suite que la porte s’est ouverte.
Je sens deux mains qui se posent sur mes hanches et celles de Stéphane qui appuient fermement sur ma tête pour que je ne m’arrête pas.
Il y a un autre homme dans la chambre. Il pose ses mains sur mes hanches. Je veux me retirer mais Stéphane maintient ma tête sur son sexe. Je me débats pour me retirer de leur étreinte, mais en vain… je sens cet homme entrer en moi.
Un ouragan de sensations me submerge. Je sens ses coups de butoir dans mon ventre. Mon être entier hurle de rage. Une colère profonde s’impose mais mon sexe crie un autre refrain. J’ai honte, je suis avilie, humiliée, mais n’ayant pu me soustraire à leur désir, le plaisir s’installe et balaie tout. Je crie, de désespoir, de haine, de plaisir… Je jouis !
Un liquide chaud envahit ma bouche. Qu’est-ce que c’est ? Je… non. Pas ça ! Stéphane a éjaculé dans ma bouche. C’est épais, salé, écœurant. Je recrache immédiatement. Ça me coule sur le menton. Ils se retirent tous les deux. L’autre type à joui dans mon ventre. Je sens déjà son sperme commencer à ressortir et glisser dans le creux de mes cuisses.
Je me recroqueville sur le lit. Stéphane ne prend pas la peine de me recouvrir. Il me laisse et s’assied sur le bord. Il me tourne le dos. L’autre homme fait de même. Je n’ai même pas vu son visage.
Mon corps cède la place à mon esprit. Mes sentiments reviennent en force. Une honte intense s’empare de moi. J’en ai la nausée. Aucune colère. Je n’y arrive même pas. Je suis humiliée, souillée.
Mais le pire est dans ce que j’entends à cet instant.
- Elle est bonne celle-là. Tu l’as chopée quand ?
- Oh ! Pas longtemps, il y a quelques semaines dans une boîte.
- Elle s’appelle comment au fait ?
- Qu’est-ce que ça peut te foutre ? C’est son cul qui t’intéresse ou sa biographie ?
- J’aime bien savoir. Ça me donne plus l’impression de baiser quelqu’un.
- Elle s’appelle Claire, je crois. Peu importe.
Je tombe de haut. J’ai de la peine à croire ce que je viens d’entendre.
Stéphane s’allume une cigarette. Il va chercher mes habits et les poses à mon côté.
- Habille-toi ! On a des choses à faire. On a pris notre pied. T’étais bien. N’hésite pas à me rappeler si t’as envie de remettre ça.
Je me lève, nue devant ces deux hommes. J’ai encore du sperme sur le menton et son goût dans la bouche. Ça me coule entre les jambes aussi. Je ne m’essuie pas. Mes habits feront le reste. Je m’habille et sors précipitamment.
Sur le trottoir, j’ai la tête qui tourne. Il fait nuit. Il doit être minuit. J’ai envie de marcher.
Le brouillard qui m’enveloppe s’éclaircit au fil des kilomètres.
Mes sentiments sont toujours les mêmes. Seule la honte grandit. Elle se nourrit probablement du plaisir et de la jouissance que j’ai ressenties avant d’être jetée comme une vieille chaussette.

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