Le Corbeau Ou Le Renard ?
Je suis au bureau quand un homme me contacte par téléphone.
- Bonjour, Pierre Frondier.
- Bonjour.
- Vous savez sans doutes que je suis le directeur des publications médicales dEurope.
- Bien sûr. Jai eu loccasion de publier un article dans une de vos revues.
- Je sais, et cest beaucoup pour cette raison que je vous contacte aujourdhui.
- Ah bon ? Dis-je surpris. Cette publication date de quelques semaines déjà.
- En effet mais cest aussi pour vos compétences dans la mise en place de congrès et manifestations à caractère médicale et professionnelles.
Jai par le passé été sollicité pour organiser des rassemblements qui se sont avérés de réels succès. Ces réussites mont valu dêtre reconnu comme un bon organisateur. Les paroles de cet homme important me flattent. Dordinaire méfiant, cette fois je baisse ma garde.
- Je vous remercie pour le compliment. Que puis-je alors pour vous ?
- Tous les confrères que jai interrogés ne tarissent pas déloges à votre égard. Voilà. Avec les italiens et les allemands, nous avons le projet dun grand congrès international dans deux ans. Je suis chargé de proposer très vite un canevas à mes associés. Cest le prix à payer pour quil se déroule en France. Je souhaiterai vous rencontrer pour en parler plus précisément. Quand êtes-vous libre ?
Je reste scotché sur mon fauteuil devant cette proposition aussi inattendue, brutale qualléchante et par celui qui me le propose. Je comprends que le ton péremptoire de cette question est destiné à tester mes capacités de réaction et de ne pas me laisser le temps de réfléchir et tergiverser. Aussi ma réponse est-elle rapide.
- Cet après-midi vous convient-il ?
- Parfait. Une voiture viendra vous chercher à votre bureau à 15 H. A tout à lheure.
Et il raccroche sans même me laisser le loisir de lui répondre. Cet homme est une tornade et cela mimpressionne. Lhomme déjà trouble, je me sens déjà sous son emprise.
A 15 heures précise la voiture est en bas de limmeuble qui héberge nos bureaux. Je suis déjà prêt, tendu et nerveux. Il me faut deux minutes pour me retrouver sur le trottoir. Un chauffeur en livrée mouvre la porte arrière dune grosse berline. Je sursaute en me trouvant nez à nez avec mon interlocuteur de ce matin.
- Excusez-moi, mais le temps presse. Jai pensé que vous rencontrer sans attendre était une meilleure solution.
Je suis totalement sous le charme qui émane de cet homme. Un charisme indéniable alors quune empathie spontanée sinstalle entre nous.
- Je vous explique en quelques mots ce que jattends de vous pour faire en sorte que nous héritions de ce projet dune extrême importance. Je ne doute pas un instant que vous êtes lhomme de la situation. Toute la profession compte sur vous.
Je suis de plus en plus stressé et flatté. Cet homme me domine et me fascine. Jai déjà la peur au ventre de le décevoir.
- Croyez-moi monsieur Frondier, je mettrais tout en uvre pour ne pas vous décevoir.
En disant ces mots je réalise que je me livre totalement à sa volonté.
Nous avons roulé jusquà un bar en bordure du bois. Là nous sommes à peine installés à une table quun serveur se propose très vite à notre service. Il salue mon voisin quil connait comme un habitué des lieux. Une fois les commandes passées, il entre dans le vif du sujet.
Il me mit au courant de tous les éléments de ce projet denvergure. Plus il parlait plus je me sentais petit et je sentais langoisse menvahir. Allais-je être à la hauteur ? Indubitablement pour lui, ce qui augmentait encore la pression sur mes épaules. Il minterrogeait pour que je lui donne mon avis sur la réalisation de la manifestation. Au bout dune heure, je voyais de quoi il sagissait. Et étonnement, à mesure quil énumérait les impératifs et les données du problème, je le sentais à ma portée. Toute la confiance en moi métait revenue.
Si bien que lorsquil me dépose devant mon bureau, nous étions les meilleurs complices du monde.
Les jours qui suivirent nous eûmes plusieurs fois loccasion de nous parler. Il répondait volontiers à mes interrogations et petit à petit une amitié sest installée entre nous. De complices, nous devenions amis. Nous étions tous les deux conscients de lampleur de notre défi. Je le répète jétais vraiment flatté que cet homme important mait ainsi sollicité pour ce projet.
Il mavait à la « bonne ». Me présentait à des personnalités, me demandait de laccompagner dans des cocktails.
Un soir il me demanda de venir le samedi suivant accompagné de mon épouse à une soirée de gala à vocation caritative. Il me précisa quil sagissait dune soirée chic et bon genre dans un lieu de prestige.
Je nai aucun mal à convaincre Chantal de maccompagner et de soigner sa toilette.
La soirée est vraiment somptueuse. Pierre est tout plein dattentions pour moi. Et pour mon épouse. Il nous présente ses amis sans tarir déloges à mon attention.
Chantal regardait Pierre avec courtoisie et élégance.
Lui la dévorait des yeux sans aucune gêne. Je craignais une réaction de Chantal qui ne vint pas.
Nous parlions chacun un verre à la main quand un collègue est venu me napper pour me présenter un ami. Je les laissais tous les deux.
Ce nest que trente minutes après que je la rejoins alors quelle est toujours en pleine conversation mais avec un des amis de Pierre. Ils parlent de botanique. Cela me ravit immédiatement et je comprends lintérêt que lui porte ma femme, passionnée de plantes. Lhomme nous a été présenté par notre hôte. Dans la soixantaine, il est bien conservé. Cheveux grisonnants, vêtements de luxe, une voix grave et calme, il affiche une personnalité brillante qui rassure. Chantal semble subjuguée par son personnage, le regard fixé sur celui de son interlocuteur.
Chantal regarde droit dans les yeux. Ses pupilles de couleur vert-émeraude sont fascinantes. Son regard est franc direct. Elle baisse rarement les yeux et maintien le regard sans faiblir.
Lhomme me sourit et plein de bienveillance il me dit :
- Votre épouse est charmante, cher ami.
Puis se tournant vers Chantal il ajoute :
- Je vous laisse. Pensez à ma proposition.
Et lhomme séloigne.
- Quelle proposition, je demande à mon épouse ?
- René est un auteur, ami de Pierre. Il est botaniste. Très cultivé, cest un livre de connaissance sur les plantes, fleurs, végétations. Il a écrit plusieurs ouvrages sur ce sujet et ma proposé de me les faire porter.
Je constate son enthousiasme quand elle me raconte ça.
- Super, tu es contente ?
- Bien sûr, cest aussi un homme passionnant.
Là, ma jalousie est piquée au vif. Elle en fait un peu trop. Et bien sûr, femme sensible, elle sen aperçoit, mais ne dit rien.
Plus tard dans la soirée, Pierre est revenu nous voir.
- Alors les amis, vous ne vous ennuyez pas trop ?
- Pas du tout Pierre, au contraire.
Sadressant à Chantal :
- Vous avez fait la connaissance de René. Cest un type exceptionnel. Il est un de mes meilleurs auteurs sur la botanique. Nhésitez pas à me demander ses livres, je me ferai un plaisir de vous les adresser.
- Il me la déjà proposé, merci Pierre.
- Il vous a parlé de sa serre à Versailles ?
- Oui.
- Si vous le voulez je pourrais lui demander daller la visiter. Cest extraordinaire.
- Il ma également proposé de venir la voir, répond Chantal.
- Super, jespère que vous pourrez y aller. Vous serez émerveillée. Si je suis libre je me ferai un plaisir de vous y accompagner.
- Merci, cest très aimable à vous. Je vais réfléchir.
- Laissez vous séduire, ce sera une visite exceptionnelle.
Sur ces mots, Pierre séloigne, réclamé par ses convives.
Je suis surpris de voir que mon épouse à ce moment là exprimait un sentiment apparent de plaisir et de satisfaction. Le mot « séduire » pourtant aurait dû éveiller sa vigilance. Rien ! Pour ma part, je suis fier et flatté de lintérêt quelle suscite auprès dhommes aussi importants à mes yeux.
Il est tard dans la nuit quand nous rentrons chez nous en auto.
- Comment tu le trouves ?
- Qui ? Pierre ?
- Oui.
- Sympa.
- Et son copain ?
- René ? Très intéressant.
Les réponses sont pour le moins lapidaires.
- Cest tout ?
- Oui ! Pierre est très sûr de lui. Mais toi tu es comme un petit garçon devant lui.
Je suis vexé car sa remarque est cinglante.
- Mais non. Pas du tout. Il me considère un peu comme son fils spirituel !
- Pas moins ? Répond-t-elle avec un petit sourire moqueur.
- Tu aurais vu comment tu le regardais. Tu le trouves bel homme ?
- Comment ça ? Je nai pas fait attention. Oui, cest vrai maintenant que tu me le dis, il est bel homme.
- Tu vas aller voir la serre de René à Versailles ?
- Jaimerai bien oui. Il ma décrit ce quelle contenait. Ça ma lair exceptionnel. En plus il a une grande volière pleine doiseaux.
- En effet, ça doit te faire saliver ! Cest un homme connu et très riche à ce quil paraît.
Chantal reste silencieuse et semble méditer.
- Je suis très content que tu aies sympathisé avec Pierre. Cest bon pour moi. Cela me donne de limportance et une reconnaissance professionnelle. Le projet que nous avons ensemble est exceptionnel.
- Sympa comme raisonnement, non ? Dici que tu mutilises pour tes projets ? Ne compte pas sur moi !
- Mais pas du tout. Comment peux-tu me prêter une telle perfidie. Je suis content dabord pour toi. Tout simplement.
Elle est touchée. Elle pose délicatement sa main sur ma cuisse et me murmure :
- Excuse moi, je ne voulais pas te froisser. Je taime.
Nous restons silencieux le reste du trajet.
Arrivés dans notre chambre, je ne lui laisse pas le temps de se déshabiller pour me jeter sur elle. Mon enthousiasme la fait sourire et elle répond avec fougue à mon baiser. Il sensuit une course effrénée pour qui sera le premier nu. Bien sûr je gagne tant est ardent mon désir de la prendre. Je me couche sur le dos, le sexe dressé droit vers le ciel.
- Tu es bien en forme me dit-elle avec un sourire où se mélangent désir et moquerie.
On se caresse longuement, je sais quelle aime les prémices. Ses seins sont dressés au dessus de mon visage. Je les pétris doucement en pinçant les pointes. Ça aussi elle adore, ses tétons sont extrêmement sensibles. Enfin elle sempare de ma bite et la prend en elle dans un gémissement profond. Çen est trop pour moi. Je ne peux retenir mon éjaculation, conscient quil sagit là dun manquement à mon devoir de la faire jouir. Pire, je nai pas le temps de réagir que le sommeil me foudroie. Elle me reprochera le lendemain que cette fois encore, elle était restée sur sa faim. Je suis contrits, désolé et je constate à nouveau que je ne suis pas un « bon coup ».
Le lendemain est un dimanche dun couple banal. Aucun signe qui annonce la semaine diabolique qui nous est réservée.
(A suivre)
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