Changement De Cadre. (Suite Des Aventures De Claire).
Chapitre 4
Je nai pas très envie de raconter quand Cédric ma retrouvée attachée sur notre lit. Il est facile dimaginer ce quil a pu ressentir.
Six semaines se sont écoulées. Nous avons entamé les procédures de divorce. Nous ne vivons plus ensemble non plus. Je lui ai expliqué ce qui sest passé depuis le début, avec honnêteté mais il ne semblait pas pouvoir mentendre.
Il accepte maintenant de me reparler mais je crois quil ne pourra jamais me pardonner. Limage de sa femme souillée, nue sur son lit, le hantera probablement jusquà la fin de ses jours.
Jai conservé lappartement. Cédric est chez ses parents. Il ne pouvait pas continuer à vivre ici.
Jai énormément pleuré. Je me sens terriblement seule. Je ne peux parler à personne. Jai trop honte. Mon amie Zoé à bien entendu compris que notre secret a évolué et mal tourné pour mon couple. Christelle se doute aussi de quelque. Pourtant, son franc parler et son caractère direct ne lui permettent pas daborder le sujet ouvertement. Je dois porter sur moi un masque dissuasif.
Je me renferme au boulot. Je deviens passive et agressive. Mes collègues commencent à méviter. Jai demandé à mon boss un congé sans solde de six mois. Il a tiré la tronche mais me la finalement concédé. Je ne sais pas encore ce que je vais en faire. Peut-être quitter la ville et aller à la montagne
Mes parents et ceux de Cédric ny comprennent rien. Apparemment Cédric ment sur la vraie raison de notre rupture. Je limite sans hésitation. Mes parents ne supporteraient pas le choc et probablement quils me renieraient. Ce genre de comportement est aux antipodes de leurs valeurs. Je me retrouve à les éviter aussi, par facilité. Quand je les vois, ils me questionnent sans cesse et mencouragent à me rapprocher de Cédric, leur gendre idéal. Ils pensent que lorage que nous traversons est surmontable, que chaque couple en rencontre. Cest insupportable.
Cest décidé ! Je pars la semaine prochaine.
Dans le train qui me mène vers ma nouvelle existence, je suis songeuse. Je repense à cette terrible journée qui a tout changé, qui a brisé mes rêves. Je devrais la haïr, et cest le cas en quelque sorte. Pourtant, je ne peux mempêcher de repenser aux sensations que jai ressenties. Certaines étaient délicieuses. Les autres souvenirs me procurent aujourdhui un frisson. Quelle humiliation ! Jinterromps ces pensées pour réaliser que, malgré moi, ma culotte est mouillée dexcitation. Il faut que jarrête. Ce nest pas possible. Ce nest pas moi. Je deviens folle.
Lors de mon arrivée à la gare du village, japerçois une femme dune quarantaine dannées sur le quai. Elle ressemble à la photo de la patronne de lhôtel. Ce doit être elle. Je mapproche avec ma valise. Elle vient à ma rencontre.
- Vous devez être Claire ? me dit-elle.
- Oui, cest moi ! Et vous êtes probablement Mme Duschênes ?
- Je vous en prie, appelez-moi Catherine. Venez ! Ma voiture est juste derrière. Vous avez fait bon voyage ?
- Je, oui. Je nai pas vu le temps passer.
Nous nous installons dans sa voiture. Une grosse berline qui dénote dans le paysage ; qui est magnifique dailleurs. Les mélèzes, omniprésents, éclaboussent les montagnes de leur parure orange. La route qui mène à lhôtel est sinueuse à souhait. Des ruisseaux se jettent le long de parois abruptes et les gouttelettes quils dispersent rendent les couleurs de larc en ciel.
Quel merveilleux temps ! Il ne fait même pas frais pour un mois doctobre ; pourtant nous sommes à 1400 mètres daltitude.
Nous arrivons devant lHôtel, en bois clair. Il ne doit pas être vieux. Trois étages, pas plus, et de petites fenêtres sous les combles. Certainement ou se trouvera ma chambre. Il peut accueillir seize clients.
La patronne est seule. Elle nest pas mariée et na pas ds.
Une femme de ménage passe tous les matins pour faire les chambres. Un cuisinier et son aide proposent un menu simple, rustique.
Catherine me fait visiter rapidement. Elle me mène ensuite à ma chambre. Elle nest pas grande. Un lit, une table, une armoire, une petite télévision. La douche est dans le couloir. Les toilettes aussi. Ce nest pas grave, je ne viens pas pour passer du temps dedans. Jai hâte de parcourir la montagne.
Mon temps sera toutefois compté. Je travaille tous les jours sauf le lundi. Je sers au restaurant et jaide ou lon peut avoir besoin de moi. Un petit service à midi et un plus grand le soir.
La première journée se passe sans anicroche. Je me couche épuisée mais lesprit serein. Il y a longtemps que ça ne mest pas arrivé.
Le personnel est sympa. Joachim, le cuisinier me propose régulièrement un petit en cas ou un verre à boire, discrètement, entre deux services. Il est dorigine portugaise, dans la quarantaine, comme Catherine.
Son aide sappelle Francis. Il a vingt ans à peine. Il a quitté le foyer familial sur une énième dispute avec ses parents. Il semble timide et ne madresse que peu la parole.
Je ne connais pas encore la femme de ménage. Je lai croisée deux fois. Je sais seulement quelle se nomme Olivia.
Cest mon troisième jour et Catherine me dit que ce soir, nous aurons une table de six personnes pour le diner. Ce sont des habitués du village ; chasseurs dans leurs loisirs qui viennent arroser leur journée au restaurant avant de rentrer chez eux.
Jai dressé les tables comme dhabitude.
Etonnement, depuis le début de la semaine, lhôtel semble presque vide. Quelques rares clients se sont montrés mais aucun na une chambre réservée. A vrai dire, ce sont des clients du restaurant uniquement. Peut-être que le week-end amènera son lot de touristes.
Le restaurant est vide aussi ce soir, à lexception de nos chasseurs. Ils sont bruyants, braillards. Ils ont manifestement déjà bu avant de venir.
Ils me commandent de la bière pour attendre le repas.
- Regardez cette poupée, dit lun deux.
- Elle est sacrément bien roulée.
- Ouai ! Hein petite ! Comment tu tappelles ?
Outrée par leurs propos. Je réponds néanmoins timidement.
Ils sont déjà un peu ivres. Je vais tâcher de ne pas trop mattarder sur leurs propos. Ce sont des paysans sans éducation.
En même temps, ma tenue nest pas faite pour éviter ce genre de désagréments. Catherine a insisté pour que je porte une jupe à carreaux gris, blancs pour le service. Elle est courte et marrive à mi-cuisse. Heureusement je porte des bas. Jai dû insister pour des baskets. Elle voulait mimposer des chaussures à talons. Le haut est plus classique mais suggère quand même ma poitrine.
La soirée se passera uniquement avec ces clients. Il est vingt-deux heures et personne dautre nest venu. Je me demande comment Catherine se dérouille avec si peu de clients.
Je sers vais proposer des digestifs et des cafés lorsque, le type que me traitait de poupée me met la main aux fesses. Je me retire aussitôt et lui lance une claque qui résonne encore dans ma tête.
Ses compères se fendent dun rire gras et lui, sa stupéfaction passée, les imite.
Ils partent peu après. Je me mets à ranger la salle.
Catherine approche de moi, elle vient sûrement maider et voir si je ne suis pas trop choquée. Si elle savait ce que jai vécu, elle ne se ferait pas tant de soucis.
Je me trompe cependant.
- Ce sont mes meilleurs clients Claire. Tu te crois où pour te permettre un tel comportement ?
Abasourdie, je ne sais que répondre et bredouille faiblement :
- Que
je
mais, ce grand type ma mis la main aux fesses.
- Et alors ? Tu trouves que nous avons assez de clients pour nous permettre de risquer de perdre nos habitués ? On voit bien que tu nas pas de soucis. Je ne suis pas lâ pour six mois comme toi. Cest de ma vie dont il sagit.
- Je
mais ils nont pas arrêté de me faire des remarques sur mon physique et
- Ça suffit ! Si tu veux continuer à travailler ici, tu texcuseras auprès deux. Ils reviennent demain soir. Tâche de savoir te comporter.
Je vais me coucher, un nud de rancur dans le ventre. Ce séjour sannonçait si bien. Jhésite à faire ma valise et partir. Mais pour aller où ? Qui mattend ?
Je rumine la moitié de la nuit et me décide à serrer le poing. Je ne vais pas me dégonfler à la première difficulté.
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