Un Recommencement? (Suite De L'Histoire De Claire)
Le lendemain, je nose me confier de ma petite mésaventure à mes nouveaux collègues. Je ne les connais pas encore assez ; quoique je pense pouvoir faire confiance à Joachim.
Je redoute le service du soir. Je nai pas envie de mexcuser. Cest totalement injuste ! Ce serait plutôt à ce malotru de venir me prier de bien vouloir lui pardonner son comportement.
Les regards que me jette Catherine me rappellent le contraire. Je baisse la tête et nose plus la regarder en face.
Vingt heures. Ils arrivent. Ils me saluent poliment tout en continuant de mappeler par mon prénom en me tutoyant.
Petit à petit, leur vocabulaire change et lon me ressert du « ma petite, ma poulette et même du ptit cul ». Je ne bronche pas et leur rend même leurs sourires. Je ne veux pas gâcher mon séjour à la montagne pour ces bouseux.
Lorsque, en fin de soirée, le type à la moustache qui ma pelotté les fesses le soir précédent recommence son forfait, je me retiens de lui en envoyer une. Je me rappelle les paroles de Catherine et je prends sur moi pour leur présenter mes excuses.
- Je suis désolée Monsieur de vous avoir donné une gifle hier soir. Je ne sais ce qui ma prise.
- Vous entendez ça les gars ? Elle a aimé que je lui pince son joli petit cul. Tu vas bien me redonner ce plaisir, ma belle ? Nest-ce pas ?
Quel toupet ! Quel rustre ! Pour qui se prend t-il ?
- Je
oui ! Bien sûr.
Ce nest pas possible ! Ce nest pas moi qui ai répondu ça !
Il met sa main sur mes fesses et les caresse par-dessus ma jupe.
Je reste debout, stoïque, comme paralysée et je me laisse faire.
- Mais mes copains vont être jaloux. Passe aussi vers eux, veux-tu.
Ma dignité se réveille et je vais lenvoyer balader. Le regard que Catherine me lance à cet instant men dissuade. Je passe à tour de rôle vers les autres hommes qui, chacun son tour, me caresse les fesses avec des remarques approbatives et des compliments sur mon anatomie.
Je me retrouve vers le premier. Ses amis lappellent Greg.
- Cest bien ! Tu vois Claire, cest pas si difficile de faire plaisir à ses clients. Mais pour moi, vu que je paie laddition, tu vas me permettre un petit extra.
Sa main, qui se trouve déjà sur mes fesses glisse lentement jusquau bas de ma jupe puis remonte sous celle-ci. Il les passe à nouveau dessus puis introduit sa main dans mon collant et ma culotte. Je sens son doigt se déposer sur mon anus. Je suis tétanisée.
- Penche-toi un peu ma cocotte, ordonne-t-il.
Je ne suis plus capable de réfléchir, comme si, une fois ma résistance brisée, on mavait apprise à accepter la volonté dautrui. Je mexécute, comme si je me courbais en signe de respect.
Il introduit alors lentement son doigt dans mon anus. Il y reste quelques secondes. Le silence se fait autour de la table. Puis, encore plus lentement il le retire pour le porter à son nez et le renifler.
- Jolie poulette. Elle a du caractère. Quel fumet !
Enfin, ils partent. Ils laissent sur la table un généreux pourboire.
Je lempoche en ayant limpression dêtre une prostituée.
Catherine vient vers moi.
- Bravo ma chérie ! Tu as su faire exactement ce quil fallait. Ces clients sont vitaux pour notre établissement. Grace à toi, ils sont partis enchantés. Ils me lont dit. Ils veulent revenir vendredi prochain. Je suis fière de toi.
- Merci ! Je ne sais pas
. Je
- Allons ! Allons ! Ce nétait quand même pas si terrible. Si tu savais ce que jai dû faire pour arriver là où jen suis. Il faut de lambition.
- Je
oui
non
je ne sais pas.
Je bredouille ces derniers mots un sanglot dans la voix. Les larmes me montent aux yeux.
- Claire. Ma petite. Viens là.
Catherine me dit ça en ouvrant ses bras. Je me jette contre son épaule et commence à pleurer. Elle me serre contre elle en me caressant le dos. Sa chaleur me fait du bien. Son parfum me réconforte.
Elle prend alors mon visage entre ses mains et essuie mes larmes avec son pouce, tendrement. Nous sommes très proches lune de lautre. Elle avance encore un peu jusquà ce que ses lèvres se posent sur les miennes. Des larmes coulent encore sur mes joues. Mon émotion est telle que je ne comprends plus ce qui se passe. Je ne cherche peut-être plus à comprendre et je lui rends son baiser, fougueusement. Nos langues se lient et se passionnent lune pour lautre. Nos salives se mêlent. Mes larmes apportent un goût salé à ce baiser. Je me sens bien. Je ne veux pas quelle relâche son étreinte.
Nos deux corps finissent pourtant par se séparer. Jai limpression que lon me déchire. Pourtant, je baisse la tête et nose pas la regarder.
Elle me sourit, me dépose encore un doux baiser sur le front puis me dit quelle va soccuper de ranger la salle et me souhaite une bonne nuit.
Je monte dans ma chambre. Mon cur bat la chamade. Jai un nud au ventre, une fois de plus. Mais celui-ci est délicieux.
Mon esprit, incapable de raisonner, tourne en rond. Les images se succèdent dans ma tête puis reviennent immanquablement à Catherine. Je ressens la chaleur de ses bras et je revis son parfum. Ce parfum si envoutant que je dois me retenir de redescendre pour lenlacer à nouveau. Le réconfort de son étreinte ; la passion.
Je ne dors pas cette nuit-là, ou alors je dors mal. Mes pensées sont incapables de se détacher delle. Mes rêves eux-mêmes sont poursuivis et Catherine, comme une reine, prend possession de mon esprit et de mes songes.
Je me réveille comme une fleur malgré mon manque de sommeil. Je suis malgré tout angoissée à lidée de revoir Catherine. Que va-t-elle penser de moi ?
Je nai pas le temps dy songer bien longtemps. Arrivée au bas des escaliers je laperçois sur le pas de la porte dentrée. Elle regarde le paysage. Il fait beau, comme ces derniers jours.
- Bonjour Catherine, murmure-je en lapprochant.
- Bonjour Claire. Me dit-elle sans se retourner.
Je ne sais comment me comporter. Mes sentiments me surprennent. Jai envie de me blottir contre elle, de sentir sa chaleur, son odeur, son réconfort. Je nai pourtant pas envie de plus. Je ne me vois pas lembrasser à nouveau.
Notre baiser hier soir était agréable mais cétait sous le coup de lémotion. Ce matin, il mest inenvisageable de recommencer.
Un certain dégoût me surprend même.
Je ressens néanmoins une espèce de bonheur. Jai juste envie dêtre avec elle, contre elle et de regarder dehors sans me soucier du temps qui passe.
Nous nous asseyons sur le seuil et, comme si elle lisait dans mes pensées ou partageait mes sentiments, elle passe un bras sur mes épaules et me serre contre elle. Je respire son parfum et je souhaite que ce moment ne sarrête jamais.
Nous reprenons malgré tout nos activités. Entre nous, quelque chose sest créé ; quelque chose de précieux que je ne peux imaginer perdre. Nous nen parlons pas. Ce nest pas nécessaire. Nous nous comprenons simplement, dun regard, dun sourire. Elle membrasse à loccasion, sur la joue, sur le front. Je nen veux pas plus. Je suis heureuse comme je ne lai jamais été.
Les jours qui suivent, Catherine me montre sa région, ses coins préférés. Nous vivons un rêve éveillé. Je suis enchantée par le cadre somptueux de la montagne ; envoutée par la présence de Catherine.
Nous vivons comme seules au monde. Très peu de clients se présentent au restaurant ou à lhôtel. Nous ne croisons que les autres membres de léquipe. S'ils sont toujours charmants à mon encontre, jai pourtant limpression quils murmurent dans mon dos et que leurs sourires sont parfois moqueurs.
Cela mest égal, la présence de Catherine me suffit.
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