Amour En Musique 32

"Benoit"



Je reprenais mon souffle. Et.. je recouvrais mes esprits. Ou plutôt, disons... que j'essayais de les recouvrir. Et ce n'était pas simple. Loin de là. J'étais nu et je bandais toujours autant. Il faisait chaud dans la chambre et je transpirais à mort. Elle ne m'avait définitivement pas épargné, la belle rousse émoustillante aux gros seins.

J'étais allongé sur le lit, de tout mon long. Je faisais de mon mieux pour le retrouver, mon second souffle. Oui, on se parlait, la tête sur l'oreiller. Oui, on se câlinait. Mais non, justement, là, ça ne permettait pas au cœur de reprendre un rythme... normal.

Laura était descendue dans le rez de chaussée pour aller chercher le gel lubrifiant qu'elle avait dans son sac. Pourquoi, d'ailleurs, en avait-elle à sa disposition, là ? Je ne cherchais même pas à essayer de savoir, de comprendre. Là, il fallait que je me calme. Tout simplement. Ça ne faisait que commencer...

Je savais qu'il fallait que je me calme. Je n'avais pas d'expérience avec une femme. Soit. Cependant, j'en avais en solo. Et curieux comme j'avais pu l'être jusqu'à ce jour, vu ce que j'avais pu expérimenter... et apprécier, déjà... Quelque chose me disait que ce serait mieux avec Laura. Que ça n'aurait rien à voir.

La jolie jeune femme m'avait demandé de rester sage. Soit. Quand elle est sortie de la chambre, elle a été entièrement nue et elle m'a regardé droit dans les yeux juste avant de quitter la pièce et de descendre. J'étais convaincu qu'elle ne savait que trop bien ce qu'elle faisait. Le contraire m'aurait étonné.

Il n'y avait provisoirement plus de musique dans la chambre. Tout n'était que silence, désormais. Remarquez... Ce n'était pas plus mal. En effet, non seulement je pouvais retrouver mon second souffle, mais aussi et surtout, j'avais le temps et les moyens... temporairement... de prendre du recul.

Bien sûr, il n'y avait pas que moi, et de loin.

Qu'est-ce qu'elle ressentait, ELLE, à l'instant-t ? Elle qui était aussi sensible que coquine, libidineuse... Elle qui était autant cérébrale que je pouvais l'être... Elle aussi, elle devait être en train de reprendre son souffle... Elle aussi, elle devait penser à ce qu'il s'était passé entre nous jusqu'à présent...

J'essayais du mieux que je le pouvais de mettre à sa place. Bien sûr, c'était simple de dire ça. Je suis un homme. Laura est une femme. Oui, elle était de plus en plus transparente. Oui, elle était de plus en plus à nu. Je lui plaisais, je le savais. Elle n'était pas du tout objective quand il s'agissait de moi, je le savais.

Elle aussi, elle devait se dire ceci et/ou cela. Elle aussi, elle devait penser ceci, cela. Elle aussi, elle devait être en train de peser le pour et le contre. Elle aussi, elle devait sentir que son cœur battait la chamade. Moi, c'était le cas. MON cœur battait la chamade. Je pensais à Laura. Je pensais à ce qu'elle pouvait penser, elle.

En ce qui me concernait, j'étais allongé sur le dos. Les draps et les oreillers étaient humides. Il faisait chaud. Les musiques qui sont sorties des mini-enceintes... montraient que Laura avait une culture musicale qui égalait celle du musicien et mélomane que je suis. Et... À mon avis... Elle devait avoir prévu...

Toto... Depeche Mode... The Outfield... Ava Max...Et j'en passe... Comment Laura... avait-elle fait... pour savoir ? Je n'en avais pas la moindre idée. Ce que je savais en revanche, c'était que Laura m'avait créé tout un contexte et ça m'avait permis de m'épanouir à ses côtés, dans ses bras.

Elle, je l'imaginais. Ou... tout du moins... J'essayais. Difficile de se mettre dans la peau... Dans le corps et dans l'âme d'une personne avec qui l'on est et avec laquelle on partage de l'intimité. Elle, elle devait reprendre son souffle et son cœur devait battre fort, vite dans sa poitrine...

Elle, elle devait avoir le sourire aux lèvres et la peau couverte de sueur et de chair de poule.
Les cheveux décoiffés, des mèches collées à son front et sa poitrine qui tressautait, ballottait, s'agitait à coup sûr dans tous les sens alors qu'elle marchait dans la maison. J'étais sage et j'attendais avec impatience son retour.

Laura... Je t'aime et je te désire. Tu me séduis et tu es toi-même. Désormais, je suis tout cuit et tout rôti. Tu es douce et je suis bien. Tu m'inities à ces pratiques sur lesquelles j'ai longtemps fantasmé. Laura... Tu m'aimes... et tu me désires. Je suis à toi.

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Laura: "Ce n'est donc pas un rêve..."

Ce n'est donc plus un rêve... Benoit est en train de m'attendre sagement dans le lit de la chambre. J'ai arrêté la musique... Je veux que Benoit reprenne son souffle. C'est tout nouveau pour lui, tout ça... Il faut que je le laisse s'y habi. Dire qu'il était vierge et qu'il n'était jamais sorti avec une nana... Quand on y pense... Je ne connais pas son passé en détail. Pas encore. Il m'en parlera... S'il veut se confier, j'en serai honorée. Ça voudra dire que je compte pour lui. Ça voudra dire que c'est définitivement plus que du sexe entre nous, à ses yeux, comme il l'a d'ailleurs dit jusqu'à présent. Et ça, ça me touche. Je suis sensible à ces paroles-là.

Hormis avec moi, Benoit n'a pas d'expérience. Je comprends qu'il y soit allé sur la pointe des pieds au départ, quand nous nous sommes rencontrés. Avec Antoine, à Argelès, j'en menais pas large non plus. Je ne savais pas si je lui plaisais autant que lui, il me plaisait. Avec Benoit, ça a été pareil quand on regarde les choses en face. Sarah... Mon amie... Ma sœur de cœur... Je te dois une fière chandelle. Si tu n'avais pas été là... J'aurais pas connu ma première fois. J'aurais pas été curieuse. J'aurais pas exploré à ce point-là ma sexualité. Et là, je ne serais pas avec ce Benoit dont je t'ai tant parlé, cet homme que j'ai dans la peau depuis des mois. Mais là... Nous y sommes.

Oui... Il avait beau ne pas avoir d'expérience question sexe.
.. Et pourtant... Au regard de ce qu'on a vécu, de ce qu'on a partagé jusque-là, il a du potentiel et non des moindres, le mystérieux... Oh... oui. MON mystérieux. MON Benoit. Solène avait bien fait de m'y inviter, à ce concert à la Cigale. Son cousin Baptiste bossait avec le groupe qui faisait la première partie. Et le moins que je puisse dire, c'est que c'était un bon groupe, avec de bonnes chansons. Un groupe plaisant, des mecs qui ne se prenaient pas au sérieux. Et puis, je l'ai vu... LUI. Ce mec à la voix cristalline...

Le mec à la voix cristalline, androgyne, c'était Benoit. Si l'on m'avait dit qu'on deviendrait amants quelques mois plus tard... Que je lui avouerais qu'il me plaît, que je l'aime... Je reprends mon souffle alors que je descends les escaliers et que j'arrive dans le rez de chaussée. J'essaie de me remettre les idées en place. À... mon avis... Benoit doit être en train de le faire, lui aussi. Lui, il me met tellement les esprits en vrac...

Nous sommes éveillés... et nous faisons l'amour en plein milieu de la nuit. Ça n'a pas d'importance comme détail, ça. Nous faisons l'amour et nous aimons ça, lui comme moi. De plus, il est curieux. Tout comme moi. Il a l'air d'aimer le sexe en dépit de son expérience. Depuis que je l'ai branlé et que je l'ai sucé dans la voiture, Benoit l'est, curieux. C'est comme ça que je le veux. C'est ce que je lui ai dit. Et là, je descends dans le rez de chaussée pour chercher mon tube de lubrifiant.

Oui... Je me doutais qu'il pouvait être curieux et ce, même si je ne le connaissais pas. Je ne m'étais pas trompée. Benoit était encore vierge quand je l'ai abordé. Mais à mon contact, il s'est très vite dévergondé et il n'a rien fait pour m'en empêcher. Ça voulait dire ce que ça voulait dire... Quand je pense et repense au "massage" et à ce qu'il s'est passé... Quand je lui ai dit que je le voulais... tout entier... Sa réaction... J'ai cru une seconde que ça avait tout gâché. Et en fait... Quand il m'a appelée 'chérie', ça a été là où tout s'est décanté.
Qu'il soit à quatre pattes, qu'il me donne carte blanche... Qu'il veuille se donner à moi, que je lui lèche son cul...

Que dire quand j'ai osé lui donner la fessée... Là encore, il aurait pu ne pas accepter... Ça aurait pu arrêter net nos ébats... Mais non. Il était encore et toujours corps et âme et sexe avec moi. Là... J'ai compris que Benoit n'était pas un rêve. Moi non plus, je ne suis pas un rêve. Et pourtant... Il m'a dit que je suis la femme de ses rêves. Quand il me regarde, ça me donne l'impression d'être la femme la plus belle du monde. Je ne sais que trop bien que j'ai des défauts, que je ne suis pas parfaite. Je ne sais que trop bien que c'est subjectif, que la beauté n'est pas que physique. En fait, je plais à Benoit parce que je suis... moi.

Là, il m'attend. J'ose à peine imaginer ce dont à quoi il doit penser, les questions qu'il doit se poser. Je suis douce et c'est ce qu'il fait qu'il me fait confiance. CQFD : c'est le cap que je dois maintenir. J'ai le cœur qui bat tellement fort. Je suis si bien. C'est le seul endroit où je me sens bien. Et quand je remonterai à l'étage et que je rouvrirai la porte de la chambre, je retrouverai le seul homme avec lequel je veux être. Je suis à toi, mystérieux...

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