0242 Une Année Peut En Cacher Une Autre.
Après un petit déj avec Charlène et un nouveau coup de main pour nourrir la troupe déquidés, nous passons chez Martine pour faire quelques courses, avant de gagner la petite maison.
Un beau soleil nous accompagne ce matin, et la petite construction est à moitié ensevelie par la neige. Nous commençons par déblayer les fenêtres et la porte dentrée.
La maison est froide et humide et elle sent la pièce restée longuement fermée. Cest une ambiance très différente de celle, chaleureuse et réconfortante, avec laquelle elle mavait accueilli quelques mois plus tôt. Un grand feu brûlait alors dans la cheminée, dans lâtre maintenant sombre, muet et froid.
Mais mon Jérém, le maître du feu est là, et je sais que le miracle va bientôt se répéter. Je laide à ramener le bois que Charlène nous a donné pour démarrer la flamme. Il nettoie le foyer des cendres qui lencombrent. Puis, il fait un petit tas de bois fin, et il ajoute du papier. Il sort le briquet de sa poche et il fait démarrer la magie. Je regarde la flamme prendre peu à peu, tandis que mon bobrun approche une cigarette pour lallumer.
« Viens là » il me lance, minvitant à le rejoindre près du feu.
Les heures, les jours et les nuits qui suivent sont le récit dun bonheur parfait. Nous sommes un vrai petit couple qui vaque aux corvées du quotidien repas, ménage, feu en parfaite harmonie.
Les gestes du quotidien ont un charme particulier en présence de mon Jérém. Je le regarde en train de cuisiner il est vraiment doué aux fourneaux, et la cuisine le rend très sexy et je ne peux résister à lenvie de mapprocher doucement de lui, de glisser mes bras autour de sa taille, de le serrer contre moi, de lui faire plein de bisous dans le cou. Le bobrun se retourne, je croise son regard brun et doux. Un regard plein damour, de lamour à donner, de lamour à recevoir. Lorsquil tombe son armure, ce gars est un véritable puits à câlins.
Parfois, cest moi qui essaie de faire à manger.
Le temps passé avec Jérém est tellement magique que jarrive presquà oublier l« accident », lattente du test, langoisse. La prise de mon traitement devient presque un geste mécanique, accompli entre deux moments de bonheur et cesse peu à peu dêtre le sombre pivot de mes journées.
Lun des moments que je préfère, ce sont les instants avant de mendormir, lorsque je me retrouve blotti bien au chaud sous ses draps et dans ses bras. Pendant ces instants, je me sens tellement bien, tellement en sécurité. Je voudrais ne pas mendormir, je voudrais passer la nuit à profiter de son étreinte, de la chaleur de son corps, de sa respiration silencieuse et calme.
Cette petite maison est un nid de bonheur. Je n'ai besoin de rien de plus.
Un autre moment que je chéris tout particulièrement, cest le réveil à ses côtés. Ce que jaime, cest émerger un peu avant lui et me dire « il est là, avec moi, la vie me fait le cadeau dune nouvelle journée en compagnie du gars que jaime ». Jaime me réveiller avant lui pour avoir le temps de nettoyer la cheminée, aller chercher du bois, faire repartir le feu, et préparer le café. Bref, de faire de cette maison ce nid douillet que jaime tant.
Jadore voir mon bobrun se laisser doucement réveiller par le bruit de la cafetière italienne et par larôme de la boisson chaude qui monte. Jadore lui apporter son café au lit, le voir émerger des draps, le regard encore un peu vaseux, mais touché par mon geste. Et jadore recevoir des bisous, des caresses, et beaucoup de tendresse.
Jaime regarder le bogoss boire son café par petites gorgées, le regard dans le vide, se réveiller peu à peu. Et lorsquil pose sa tasse vide par terre, et que la mienne atterrit juste à côté, jadore mallonger à côté de lui, et poser ma tête sur son épaule, sur ses pecs ou ses abdos.
Parfois, Jérém me prend dans ses bras, et il pose mille bisous dans mon cou.
La situation me rend inventif. Ne pouvant pas vraiment lui faire plaisir avec ma bouche à cause de la capote, jinnove. Je me glisse derrière lui, je lenserre dans mes bras, je me blottis contre son torse solide. Être si proche de son cou puissant, de ses tatouages, de ses épaules, de ses cheveux bruns, de ses beaux biceps, des petites odeurs tièdes qui se dégagent de sa peau mate, ça me fait vraiment un effet de dingue.
Je pose des bisous dans son cou, jenvoie ma langue titiller ses oreilles. Elles mexcitent terriblement et elles sont également, je le sais, un point très érogène chez mon bobrun. Jarrive ainsi à lui arracher un premier frisson.
Je glisse ma main sous son t-shirt, je conduis mes doigts à laveugle mais en sachant parfaitement où les envoyer. Ils suivent les creux de ses abdos, remontent lentement le long de la ligne médiane de son torse, sénivrent au contact du reliefs saillant de ses pecs, apprécient toutes les nuances du contraste entre la puissance de ses muscles et la douceur de sa peau, de ses poils. Je sens son excitation monter en flèche.
Et là, et seulement là, je glisse ma main sur sa queue déjà raide, je la saisis délicatement et je commence à la branler doucement.
Jadore sentir ses ahanements de tout près, ses petits spasmes dexcitation, voir sa tête basculer en arrière sous le frisson du plaisir, et profiter de cette proximité pour mordiller ses oreilles.
Jadore sentir la vibration de son bonheur sexuel se propager dans mon corps grâce à ce contact si rapproché. Jadore sentir que je tiens mon beau mâle dans mes bras, son plaisir entre mes deux mains, jadore sentir son orgasme retentir partout en moi.
Le lendemain de notre arrivée, nous sommes conviés au relais pour une soirée fondue organisée par JP et Carine.
Cest avec un plaisir intact que je retrouve Arielle, toujours aussi peu douée pour la cuisine sa tarte salée est un affront aux papilles, Martine sa bonne humeur est toujours aussi pétaradante et contagieuse, Carine sa curiosité et sa minauderie jamais démenties, Jean Paul la bienveillance personnifiée, mais habillée dun humour fin et poilant, Nadine au rire tonitruant et implacable, Marie Line et Bernard un couple dont la simple présence dégage une zénitude incroyable, Ginette et son mari autre couple légendaire, que ce soit pour leur belle complicité après tant dannées de vie commune, ou pour leur infinie gentillesse.
Je retrouve également Loïc, et cette fois-ci sans Sylvain Satine mexpliquant en aparté que leur idylle serait bel et bien terminée, Charlène ajoutant que Fabien, lex de Loïc, chez qui nous sommes allés prendre un verre au détour dune balade, aurait depuis quelques temps un nouveau compagnon avec qui il filerait le parfait bonheur.
Mais aussi Daniel et sa Lola, Daniel et sa grande gueule, Daniel et son humour détonnant, Daniel et ses grimaces à la « De Funes », Daniel et ses blagues de cul. Mais surtout, Daniel, sa guitare et sa voix.
Une guitare et une voix qui nous font voyager et qui nous portent loin dans la nuit sur des airs populaires, dans une ambiance bon quon a envie de faire durer encore, encore et encore. Même au-delà de cette vingtième fois où ce fou chantant nous annonce sans y croire, et sans le souhaiter vraiment, que « mesdames et messieurs, ceci sera mon dernier rappel ».
La nuit sétire dans la bonne humeur, dans cette ambiance déjantée qui réchauffe le cur, dans le partage de lun de ces moments de convivialité que je nai trouvé ailleurs que dans ce village, dans cette salle, avec ces cavaliers. Et des moments comme ça, ça fait tellement de bien.
Dautant plus que, dans cette ambiance magique, mon Jérém a lair tellement heureux. Définitivement, cest ici à Campan que je retrouve le Jérém que jaime.
Daniel est en train de tout donner sur « Lamour cest comme une cigarette », lorsque je vois mon bobrun se lever et se diriger vers la cheminée pour, justement, fumer une cigarette.
Une autre chanson démarre, et Jérém est seul à côté du feu, lair pensif. Je ne peux mempêcher daller le rejoindre et de lui demander :
« Ça va ? ».
« Je suis heureux » il me lance, sans quitter le feu des yeux.
« Moi aussi je suis heureux ».
« Cest ça que jaime te proposer, pas ce que je peux te proposer à Paris » fait mon Jérém, sa main cherchant la mienne.
« Je sais, je sais ».
« OOOOOh les amoureux » jentends Satine nous charrier.
Puis, une seconde plus tard, un chur composé de toutes les nanas et de quelques gars également, et certainement de la somme de tous les verres descendus depuis le début de la soirée, répétant à tue-tête :
« Le bisou, le bisou, le bisou, le bisou, le bisou ».
Jérém a lair surpris, mais très vite je le vois lâcher un magnifique sourire canaille, craquant à souhait.
« Ok, nous allons nous embrasser » je lentends annoncer « mais à condition que tous les couples se roulent une pelle en même temps que nous ».
« Chiche ! » fait JP.
« Oui, chiche ! » fait Daniel.
« Et ceux qui sont célibataires ? » sinsurge Satine.
« Tu cherches un célibataire et tu lui roules une pelle » fait Jérém, joueur.
« On va se contenter dune bise ».
« Allez, au trois, tout le monde sembrasse » fait mon bobrun, avant de poser ses lèvres sur les miennes .
Pendant la semaine entre Noël et le jour de lan nous nous penchons sur nos révisions pour les partiels. Je découvre un Jérém en mode « étudiant », à la fois sexy et touchant. Un Jérém appliqué, motivé, qui me demande parfois de laider à comprendre certains passages, avec une attitude de gosse qui interpelle son prof, comme si ça le gênait de me déranger ou de montrer ses faiblesses.
Je navais jamais réalisé que sa dyslexie compliquait à ce point son apprentissage. Il faut dire que je ne lavais jamais vraiment vu bosser auparavant. Nos « révisions » rue de la Colombette étant plus « récréatives » que studieuses.
Je suis ému de le voir autant dénergie pour lire et comprendre un texte, butant parfois longtemps sur un mot, le plus souvent des mots « abstraits ».
Mais sa motivation, sa persévérance et son courage me touchent, et suis heureux de pouvoir laider. Jessaie de lencourager pour quil se sente à laise à minterpeller autant que nécessaire, et ça finit par devenir un jeu, un plaisir partagé.
Nous retrouvons les cavaliers deux jours avant le réveillon de fin dannée pour une journée ski. Au menu, pistes bleues et noires pour les plus expérimentés, rouges et bleues pour les débutants comme moi. Sur le papier, une belle journée en vue.
Mais tout ne va pas se passer pour le mieux. Déjà, la première journée de ski de ma vie commence mal. Je réalise trop tard, c'est-à-dire une fois sur la piste, que mes chaussures de ski sont trop petites. Du coup, je ne suis pas à laise dedans, ce qui me déconcentre.
Heureusement, comme ça avait déjà été le cas pour le cheval, Jérém ne me lâche pas dune semelle là encore, mention spéciale pour le panache avec lequel il arrive à porter ce bonnet improbable, à pompon et multicolore, quil a pu se procurer au magasin de location de skis, le sien étant resté à la petite maison. Alors que moi, avec un bonnet semblable, acheté dans le même rayon, jai vraiment une tête de con.
Le bobrun mapprend les rudiments de la glisse évidemment, en plus dêtre rugbyman pro, cavalier expérimenté, très bon nageur, il sait aussi bien skier et il fait preuve dune patience remarquable. Et comme ça avait été également le cas pour le cheval, Charlène et JP apportent chacun leur contribution à mon apprentissage « sur le tas ».
Malgré cela, jenchaîne les maladresses, les chutes, les déchaussements de skis. Une fois, alors que je viens de déchausser à nouveau au beau milieu dun virage, je narrive pas à me relever tout de suite. Et là, je vois mon ski commencer à glisser dans le sens de la pente. Je le regarde, impuissant, en train de se diriger vers la falaise boisée hors-piste.
Et là, je vois Jérém arriver comme une fusée et rattr le ski de justesse, juste avant quil se perde dans le grand blanc.
« Mais quest-ce que tu fiches ? » il me gronde gentiment, tout en se marrant « tu pouvais pas appeler ? Tas failli perdre ton ski ».
« Je pensais que jarriverais à le rattr ».
Jérém maide à me relever et à rechausser mon ski. Nous reprenons la descente. Le bobrun repart à laise. Quant à moi, on dirait un canard dans le désert. Je suis peureux et donc maladroit et empatté.
Régulièrement, des skieurs chevronnés passent tout près de moi, lancés comme des fusées. Le bruit de leur vitesse, presque un vrombissement, mimpressionne. Leur arrivée et leur passage me surprennent, me font peur. Jai limpression que leur vitesse maspire, comme lorsquon double un semi-remorque sur lautoroute. Je perds toute concentration, je me raidis, mon équilibre précaire est mis à rude épreuve.
Mais à force de persister et de prendre sur moi, peu à peu jarrive presque à trouver un début dassurance. Je reprends la descente et je commence à avoir limpression de men sortir un peu mieux. Déjà, je ne tombe plus. Et ce, depuis plusieurs
secondes !
Mais ça ne va pas durer.
Au milieu de la descente, je finis par tomber à nouveau. Je me sens de plus en plus épuisé, et jai vraiment du mal à me relever. Jérém est déjà en bas de la piste et il ne peut plus venir maider. Je serre les dents, et cest au prix dun grand effort que jarrive à me remettre debout. Une fois daplomb, je tiens péniblement sur mes jambes et sur mes genoux déjà bien fatigués.
Je regarde en bas, Jérém a disparu. Je pense quil a dû repartir au télésiège pour remonter et venir me rejoindre. Je prends une grande inspiration et je mapprête à reprendre la descente. Et là, un skieur en combi rouge feu passe si près de moi quil meffleure. Le contact est tout léger. Mais rien quà cause de la surprise, je tombe à nouveau.
« Mais quel connard ! » jentends Jérém pester quelques instants plus tard, tout en maidant à me relever.
« Je ne pense pas quil ait fait exprès ».
« Il na pas fait attention non plus ce con ! ».
Cette fois-ci, Jérém maccompagne, il descend à mon rythme, c'est-à-dire au ralenti. Ce nest que vers la fin de la piste, lorsque la pente se fait plus douce, que jarrive enfin à retrouver confiance et à glisser avec un peu plus daisance.
« Ça te dit de refaire cette piste ? » me questionne le bobrun.
« Oui, je veux bien » je lui réponds, boosté par ma réussite sur les dernières longueurs de la descente.
Le télésiège est à larrêt, et il y a quelques skieurs en train dattendre. Parmi eux, on ne voit que la combi rouge feu.
« Tiens, le voilà, lui » jentends Jérém lâcher « je vais aller lui expliquer un truc ».
« Non, Jérém, laisse tomber, je ne pense vraiment pas quil lait fait exprès » je tente de len dissuader, en craignant lapproche de Jérém, la réaction du mec, et une bagarre en vue.
Mais évidemment, Jérém nen fait quà sa tête.
« Eh mec ! » il lui lance sur un ton agressif.
Le mec se retourne, il nous toise et il lâche :
« Cest à moi que tu causes ? ».
« A toi, oui » fait Jérém, sur un ton bagarreur.
« Tu me veux quoi, toi ? ».
« Tu devrais faire plus attention aux autres skieurs ».
« Mais de quoi je me mêle ? ».
« Tu as fait tomber mon pote ».
« Sil ne sait pas skier, il a quà faire du fond ».
« Si tu veux aller vite, tas quà faire des pistes noires ».
« Cest ton il qui va être noir si tu narrêtes pas de me casser les couilles ».
« Tu veux voir ? » fait mon bobrun, remonté à bloc.
« Oui, je veux bien voir » fait le gars, de plus en plus insolent et provocateur.
« Arrête Jérém, ça ne fait rien ».
« Tu dois vraiment bien laimer ton pote si tu es prêt à te faire casser la tronche pour lui ».
Soudain, jai peur. Jai peur parce que je sens la bagarre venir. Soudain, je repense à une autre occasion où jai vu Jérém monter en pression. Cétait dans les chiottes de la boîte de nuit à Toulouse, la nuit où il mavait débarrassé dun type saoul qui voulait me cogner. Ça mavait profondément touché quil vienne à mon secours. Mais jai tellement peur de la bagarre, et des dangers quelle comporte. La violence et laffrontement me tétanisent. Je ne me suis jamais battu de ma vie, et je men passe bien.
Aujourdhui comme lors de cette nuit déjà lointaine, je sens cette escalade entre jeunes coqs monter en puissance et atteindre un point de non-retour. Je me sens bloqué, je suis incapable dintervenir. Et jai terriblement peur quil puisse arriver malheur à mon bobrun.
« Tu fermes un peu ta gueule, connard ou cest moi qui vais te la fermer » jentends Jérém atteindre le point de non-retour, le regard noir comme le ciel qui annonce un violent orage dété.
Et là, je vois le gars savancer vers mon bobrun, lair vraiment belliqueux. Sa carrure est massive, son attitude impressionnante.
« Oh, les gars, vous arrêtez ça tout de suite ! ».
Cest une voix familière et ô combien rassurante qui vient à notre secours. Je me retourne et je vois JP et Martine ralentir sur leurs skis et sarrêter tout près de nous. La voix de cette dernière, ferme, autoritaire, suffit à bloquer lénergumène dans son élan.
« Tes sa mère, toi ? ».
« Non, je ne suis personne, mais si vous vous battez jappelle le type des remontées et votre journée ski à tous les deux est finie sur le champ. Cest ça que vous voulez, les gars, pour cette journée ensoleillée, parfaite pour skier, vous faire jeter à 15 heures ? ».
« Cest pas moi qui ai commencé » fait le type.
Jérém ne dit rien, mais il conserve son regard bien noir et menaçant, et il est sexy à mort.
« Mais tas quel âge ? » se moque Martine.
« Allez, on ne va pas se fâcher pour ça. Désolé pour lincident. Tu as raison, je ferais mieux daller sur des pistes de mon niveau » fait le gars, en changeant dattitude du tout au tout, visiblement intimidé par la présence et le caractère de Martine.
Mais avant de partir, il glisse à Jérém :
« Tas pas intérêt de croiser ma route une deuxième fois ».
« Toi non plus, je tassure ».
« Regarde ce gars, le pauvre. Tu lui as foutu la frousse, Martine » fait JP, moqueur.
« Grand bien lui fasse ».
« Tu sais que tu mas fait peur à moi aussi ? » il continue, taquin.
« Nimporte quoi ».
« Je tassure, jai les poils des bras qui se sont dressés ».
« Mais quest-ce qui sest passé ? » elle nous questionne.
« Le gars descendait vite, et il ma effleuré. Mais comme je ne suis pas très assuré, ça ma fait tomber » jexplique.
« Il na pas du tout fait attention, on aurait dit que la piste nétait que pour lui » fait Jérém, sur un ton très irrité.
« Et ça cest une raison pour en venir aux mains ? ».
« Je navais pas besoin de ton aide ».
« Non, cest sûr, tu navais pas besoin de mon aide pour te battre. Mais tu avais besoin de mon aide pour ne pas te battre. Et ne pas se battre est toujours mieux ».
« Il doit vraiment taimer pour aller sattaquer à un type plus solide que lui » me glisse Martine pendant que nous attendons le télésiège.
Il faut plusieurs remontées et plusieurs descentes à Jérém pour se calmer.
« Ca me touche beaucoup ce que tu viens de faire » je trouve le cran de placer, pendant une nouvelle remontée en télésiège « mais je ne veux pas que tu te mettes en danger pour moi. Jai trop peur quil tarrive quelque chose. Je tiens trop à toi »
« Je naurais pas dû chercher ce type. Mais je ne supporte pas quon te fasse du mal » finit par admettre Jérém, avant dajouter « Si je mécoutais, jirais à Bordeaux chercher ce type qui na pas voulu se faire dépister et je lui casserais la tête ».
« Mais ça ne servirait à rien ».
« Je sais ».
Jérém ayant retrouvé le sourire et sa complicité avec Martine, la journée se termine ainsi dans la bonne humeur. Le soir, nous nous retrouvons pour une soirée raclette au relais.
Une nouvelle fois, lambiance bon réchauffe la grande salle au même titre que le feu qui brûle dans la grande cheminée. Une nouvelle fois, la guitare de Denis a le dernier mot pour clore un délicieux moment entre potes.
Charlène insiste pour que nous restions à nouveau dormir chez elle, « vous nallez pas rentrer à cette heure dans une maison glaciale, de toute façon, je nai pas enlevé les draps dans la chambre damis ». Ce soir nous sommes bien fatigués, car le ski est un sport très physique. Ce soir, nous ne faisons pas lamour. Nous nous contentons de tendresse, de câlins, et du bonheur apaisant de sentir le contact du corps chaud de lautre contre le sien. Et dans notre étreinte, cest notre amour réciproque que nous ressentons, sans besoin dajouter le moindre mot.
Pendant ces derniers jours de lannée, le sexe ponctue nos journées, notamment nos pauses entre révisions, et nos nuits. Peu à peu, nous nous habituons à cet « intrus » en latex qui sinvite de force entre nous à chaque fois que nous avons envie de faire lamour.
Le fait de se protéger devient un automatisme, et je finis par trouver les gestes de chausser la capote avant lamour et de la retirer après, bien pleine, à la fois terriblement frustrants mais aussi terriblement érotiques.
La capote ne fait pas quimposer sa présence, elle impose également ses temps. Jérém est bien plus long à jouir avec le préservatif. Mais ce nest pas plus mal, cest même très plaisant. Il nest plus dans la « performance », ni dans le « timing », ni dans létalage de sa puissance virile. Désormais, il prend son temps, il prend son pied, avec moi, et cest délicieux.
Un soir nous sommes invités avec quelques autres cavaliers à dîner chez Ginette et son mari. La soirée se termine vers 2 heures du mat. Jérém a un peu bu et il me passe les clefs de sa voiture. A vrai dire, je ne me sens pas très à laise à lidée de conduire sa voiture dans le chemin étroit et verglacé qui conduit à la petite maison. Mais mon bobrun a lair assez éméché, alors je prends sur moi et jaccepte de prendre le volant.
Oui, mon bobrun a lair un tantinet saoul, ce qui, le connaissant un peu, laisse présager une fin de soirée très fougueuse.
Je ne my suis pas trompé. A la petite maison, dès la porte refermée derrière nous, le bobrun se jette sur moi, ses lèvres et sa langue comme affamées de mes lèvres, de ma peau, de mes oreilles, ses mains avides de caresser mes cheveux, de se glisser sous mon t-shirt, et dans ma braguette.
Très vite, nous nous retrouvons nus, sous la couette, nos corps cherchant fébrilement dans celui de lautre à faire monter lexcitation, à provoquer le frisson qui appelle le plaisir.
Je me retrouve à faire glisser ma langue dans la ligne médiane de son torse, cette délicate vallée courant au beau milieu du double relief de ses pecs, descendant jusquà ses abdos, cette « plaine » creusée par ailleurs par dautres délicieux sillons transversaux, un bas-relief magnifique, expression dune musculature parfaite.
Nos mains et nos doigts caressent et excitent nos tétons respectifs. Je sens son excitation, elle nourrit la mienne, la mienne nourrit la sienne. Nous sommes embarqués dans une spirale qui nous mène tout droit vers une dimension de désir inouï.
Après lavoir longuement branlé, tout en agaçant ses tétons avec ma langue, je me retrouve à cheval sur son bassin, sa queue calée entre mes fesses, mes reins ondulant lentement pour provoquer de légers frottements de son gland dans ma raie et décupler encore son excitation. Je sais que je vais devoir mettre une capote. Mais jai envie de faire durer cet instant dexcitation.
Le bobrun me fait basculer avec ses bras puissants, et je me retrouve allongé sur le dos, dominé par son corps musclé. Son haleine alcoolisée et sa fougue rajoutent de lexcitation à cet instant de pur bonheur sensuel.
Jérém se faufile entre mes cuisses, et je sens son gland glisser dans ma raie et amorcer des petits frottements très excitants. Une excitation qui se teinte dinquiétude lorsque je réalise quil vise précisément mon trou, et quil vise à le pénétrer « à cru ».
Ça mexcite terriblement, car jen ai sacrement envie aussi. Mais la peur est plus forte que lenvie. Dans ma tête, les mots du médecin lors de la deuxième consultation, résonnent toujours avec la même cinglante intensité : « Surtout, surtout, si vous avez des rapports, que vous soyez actif ou passif, protégez-vous et protégez votre partenaire. Noubliez pas le préservatif sous aucun prétexte »
« Non, Jérém, pas comme ça, il faut une capote ».
« Allez
jen peux plus des capotes
jai envie
de te gicler dans le cul » fait-il avec une voix ralentie par un mélange dalcool et dexcitation.
Rien que ses derniers mots ont le pouvoir de provoquer en moi une montée dexcitation qui me ferait presque perdre de vue le fait que je dois continuer à nous protéger. Mais jarrive quand-même à garder raison.
« Non, on ne peut pas, on ne peut pas ».
« Allez, laisse-toi aller, ça va aller » il insiste.
« On ne peut pas faire ça comme ça ».
« Allez ! Sil te plaît
juste une fois » il persiste, tout en continuant à forcer son gland sur ma rondelle.
Je sens que la pression quil exerce va vite vaincre la résistance de mes muscles.
« Non, Jérém ! » je mentends lâcher brusquement, tout en saisissant ses biceps si développés que mes mains narrivent pas à en faire le tour, et en le faisant basculer sur le côté.
« Tu fais chier ! Bordel ! » il me balance, en quittant le lit comme un ressort qui vient dêtre relâché. Il passe un t-shirt et un boxer. Il att son paquet de cigarettes et il part en fumer une à côté du feu. Ses gestes sont brusques, ils traduisent son agacement.
« Moi aussi jai envie de toi sans capote » je lui explique en minstallant à côté de lui « si tu savais comment jai envie de te sentir jouir en moi ! ».
« Désolé » je lentends chuchoter, soudainement ravisé « cest toi qui as raison ».
« Je ne veux pas texposer au moindre risque. Jignore comment tout ça va se finir, si je vais être négatif ou bien si
».
« Ne dis pas de bêtises, tu seras négatif ! » il me coupe, tout en me serrant fort contre lui.
« Mais je sais que si jamais je te contaminais » je continue, ému « je ne men remettrais pas ».
« Cest de ma faute tout ça, si tu savais comment je men veux ».
« Je te le répète, ce nest pas de ta faute. Cest la faute à pas de chance. Ne laissons pas cet accident gâcher ces moments. Limportant cest que nous soyons ensemble, et que nous soyons heureux ensemble. Cest ce qui compte le plus pour moi ».
« Je ne te mérite pas ».
« Maintenant cest toi qui dis des bêtises ».
Mes mots sont suivis pas un long moment de silence. Pendant de longs instants, jai limpression que Jérém veut me dire quelque chose sans y parvenir, comme si les mots restaient bloqués au fond de sa gorge. Cest une impression qui me vient daprès sa respiration agitée, ponctuée par des inspirations qui ressemblent à celles quon prend juste avant de parler.
Je voudrais lui demander de me parler, je voudrais savoir quest-ce qui est si difficile à dire. Mais je nose pas, je ne veux pas le forcer, je ne veux pas gâcher la magie de cet instant. Mais ma curiosité travaille à bloc, et pendant ce temps mon cur tape à mille.
Jattends un mot, mais ça ne vient pas. Ce qui vient en revanche, cest une pluie de câlins et de la tendresse.
De retour au lit, nous recommençons ce que nous avons interrompu un peu plus tôt. Jérém passe une capote, et nous faisons lamour. Et, en dépit de cette protection, cest divinement bon. Nous nous aimons, nous nous respectons, nous nous protégeons.
Tous mes sens sont envoûtés.
La vue, par la beauté de son corps et sa présence, ses attitudes de mec viril et amoureux.
Lodorat, par lempreinte olfactive de sa présence, la fragrance tiède de la peau et de sa virilité.
Louïe, captivée par le crépitement du feu dans la cheminée, par la sensualité de sa respiration, le frottement de nos corps, et par les innombrables claquements de nos bisous.
Le goût, celui de sa peau, et celui de sa bouche que je ne cesse dembrasser.
Et le toucher, mon Dieu comment le toucher est un feu dartifice pendant lamour avec Jérém ! Le contact de nos corps, de nos torses, la présence de sa queue en moi, les caresses de ses mains, de ses doigts habiles, de sa langue adroite, la chaleur virile et sensuelle de son corps de mâle.
Oui, tous mes sens sont concernés par les bonheurs de lamour. Un plaisir qui ne tarde pas à sembraser, provoquant mon orgasme. Et ce, sans le moindre contact sur ma queue, juste en regardant, en sentant mon beau mâle brun coulisser lentement et sensuellement en moi.
Je jouis en premier. Et là, je vois Jérém relever son torse, et me dominer avec toute lenvergure de son torse musclé. Ses coups de reins prennent de lampleur. Sentant son orgasme approcher, jenvoie mes doigts caresser et agacer ses tétons pour amplifier encore son plaisir.
Une poignée de va-et-vient plus tard, il jouit à son tour, lentement, longuement, assommé par le plaisir. Et, à en juger de lexpression se son visage, je dirais quil vient de vivre lun des orgasmes les plus intenses de sa vie. Tout comme ça a été mon cas quelques instants plus tôt.
Une autre nuit, Jérém veut que je le prenne. Bien sûr, ça commençait à me manquer. Et pourtant, je suis mort de trouille. Jai trop peur que quelque chose se passe mal, que la capote casse, je suis tétanisé.
« Tu nas pas envie ? » il me questionne, face à mon hésitation.
« Bien sûr que jai envie mais jai trop peur quil y ait un accident ».
« Tu vas faire doucement et il ne va rien arriver ».
Je finis par me laisser convaincre. Je rentre en lui, mais la peur me fait débander. Mais Jérém ne savoue pas vaincu. Il soccupe de moi, il excite mes points sensibles, jusquà ce que je rebande.
Un brin rassuré, reboosté par ses caresses, je ressaie, je me laisse à nouveau glisser en lui. Et pendant que je coulisse doucement entre ses cuisses musclées, jai limpression que le plaisir que mon bobrun retire pendant que je lui fais lamour na jamais été aussi intense.
« Quest-ce que tu mexcites, beau mec ! » je lentends me lancer, rugissant dexcitation, tout en empoignant mes pecs et mes tétons avec ses mains avides de contact sensuel.
« Tu aimes ça, hein ? » je me surprends à prendre plaisir à jouer au mec sûr de lui.
« Je kiffe grave ».
« Je vais jouir
».
« Fais-toi plaisir, beau mec ! ».
Lorsque je jouis, Jérém jouit à son tour, presque en même temps que moi, parsemant son torse puissant de traînées brillantes et odorantes.
Après lapothéose du plaisir, je me sens comme lessivé. Je me retire vite, pressé de vérifier la tenue de ma capote. Tout va bien de ce côté.
Jérém vient de sessuyer, et je me colle contre son torse, je menivre des petites intenses odeurs de mâlitude qui se dégagent de son corps après lamour. Mon bobrun me prend dans ses bras et je me laisse happer par cet abandon des sens, par cette petite absence quest le contrecoup des plus beaux orgasmes.
« Cétait très bon » je lentends me chuchoter à loreille.
« Faire lamour avec toi, cest toujours bon, et plus que ça même ».
« Tu y prends goût à jouer les petits mecs ».
« Cest pas faux ».
« Et tu te débrouilles plutôt pas mal ».
« Jessaie, je découvre ».
« Tu prends de lassurance ».
« Tu trouves ? Je me trouve toujours maladroit ».
« Ah, non, tu es même plutôt sexy quand tu fais le « mec »
».
« Jai un bon prof depuis sept mois ! ».
Le bogoss sourit, avant dajouter :
« Au début, jétais attiré par toi justement parce que tu nétais pas très viril. Je te voyais comme un mec passif, soumis, qui adorait mon corps et ma queue et qui ne me refuserait jamais rien. Au début, je croyais que cétait ça qui me faisait de leffet. Mais en fait, cest pas ça. En tout cas, ce nest plus ça ».
« Et cest quoi alors ? ».
« Plus tu gagnes de lassurance, plus tu deviens « mec », plus je te trouve bandant ».
« Parce que je te fais lamour ? ».
« Aussi. Mais ce sont tes attitudes que je trouve très excitantes. Le fait que tu me tiennes tête. Et cette petite barbe que tu te laisser pousser, putain, je kiffe vraiment ! ».
« Merci ».
« Avant de coucher avec toi » il ajoute après sêtre allumé une cigarette « je pensais que les types qui se font prendre nétaient que des pd qui aiment faire plaisir aux mecs ».
« Ah, tu avais une sacrée image de moi » je plaisante.
« Mais en couchant avec toi, je me suis rendu compte que tu prenais beaucoup de plaisir à ça » il enchaîne « Et ça a commencé à mintriguer. Mais cétait pas simple à assumer.
En étant exclusivement actif, cétait facile de continuer à me dire que je nétais pas vraiment gay, que je ne faisais que baiser un gars qui kiffait ça.
Et je me disais quau moment où je me laisserais prendre, je ne pourrais plus revenir en arrière, et je devrais accepter le fait que jétais vraiment gay ».
« Cest bizarre, parce que tu étais le seul gars avec qui je me voyais tenter cette expérience » il continue, après avoir jeté son mégot dans le feu « mais en même temps, je pensais que si je te montrais que javais ce genre denvie, ton regard sur moi changerait. Et je ne pouvais pas accepter ça ».
« Et pourtant, cest exactement linverse que je ressens. Je ne tai jamais trouvé autant couillu que depuis que tu acceptes tes envies, toutes tes envies ».
« Je ne voyais pas les choses comme ça. Je me disais que si je cédais à ça, je ne serais plus jamais un vrai mec.
Je sentais que tu en avais envie depuis un certain temps, mais jamais tu mas mis la pression. Et quand le moment est venu, tu as été très doux. Tu as su rendre ça beau et sensuel. Cétait juste parfait ».
« Et depuis, tu kiffes
» je considère.
« Je kiffe, cest sûr. Quand tu es là avec moi, tout ça me paraît tellement naturel. Mais quand tu es loin, tout se complique dans ma tête ».
Nous avions prévu de faire le réveillon du nouvel an chez Charlène, avec une partie de la petite bande de cavaliers, et de rester dormir une nouvelle fois au centre équestre.
Mais la météo vient den décider autrement. En fin daprès-midi, alors que nous venons de faire lamour une nouvelle fois et que nous nous apprêtons à bouger, une puissante tempête de neige vient ajouter plusieurs dizaines de centimètres de poudreuse, rendant la petite route impraticable et provoquant de surcroît une coupure délectricité.
Nous voilà isolés du monde, un soir de 31 décembre.
Nous nous arrangeons avec les quelques provisions restantes pour préparer un semblant de repas de réveillon. En fait, il reste des ufs, du , de la salade. Une omelette en guise de repas du nouvel an, cest original. Cest pas le luxe, mais cest mieux que rien. Et puis, tout est délicieux du moment que cest partagé avec le gars que jaime.
Après ce mémorable « banquet », nous nous réchauffons devant la cheminée. Jérém est blotti dans mes bras, sa main caresse doucement mon avant-bras. Jai limpression que nos curs ont rarement été aussi proches. Et alors que je suis sur le point damorcer la discussion concernant notre avenir, une discussion qui, malgré tout, mangoisse toujours, jentends le bobrun me lancer :
« Cest qui ce gars avec qui tu as couché à Bordeaux ? ».
« Un mec qui ma abordé dans le train ».
« Et cétait quoi entre vous ? ».
« Cétait une distraction, rien de plus. Tu me manquais à en crever et ce gars me changeait les idées ».
« Je tai laissé tomber, et je naurais pas dû ».
« Jai mes torts aussi. Mais le passé est passé, et on ne peut pas le changer. Ce qui est important, maintenant, cest ce qui va se passer quand tu vas rentrer à Paris et moi à Bordeaux ».
« Maintenant jai une voiture, et je pourrai bouger plus facilement ».
« Mais tu nas pas le temps de venir à Bordeaux ».
« Cest vrai. Mais nous pourrions nous retrouver quelque part à mi-chemin, genre à Tours ou à Poitiers. Je serai loin de Paris et je serai plus serein. Nous pourrions prendre un hôtel, si tu peux te libérer quand jai un après-midi off. Tiens, je ne suis jamais allé au Futuroscope. Il paraît que cest génial, nous pourrions y aller tous les deux ».
« Ce serait merveilleux ».
« Et ça le sera. Je ne veux plus quon se perde, je ne veux plus rester des mois sans te voir ».
« Moi non plus je ne veux plus rester des mois sans te voir, plus jamais ça ! ».
« Mais pour le reste, on va faire comment ? » jenchaîne, tant que nous sommes dans les perspectives davenir « Je veux dire
tu vas continuer à te taper des nanas pour garder les apparences ? ».
« Je pense que je leur ai suffisamment montré de quoi jétais capable. Et puis, jai désormais un allié de taille ».
« Un allié ? ».
« Jai parlé à Ulysse ».
« Tu lui as parlé
de quoi ? » je fais, interloqué.
« De moi. Je lui ai dit qui je suis ».
« Tu lui as parlé de
».
« De toi, de nous ».
Je suis scié. Jérém a fait un coming out auprès de son co-équipier.
« Le soir avant mon départ pour Toulouse, il y a deux jours, je nallais vraiment pas bien » il me raconte « il ma fait parler. Il a fini par me demander si je voyais toujours ma copine de Bordeaux ».
« Et tu lui as répondu quoi ? ».
« Que cétait compliqué. Alors il a voulu savoir pourquoi cétait si compliqué. Et là, je lui ai dit que ça létait parce que ce nétait pas une copine mais un copain
un petit copain ».
« Et il la pris comment ? ».
« Bien, très bien ».
[« Tu sais, Jérém, ça ne change rien pour moi. Tu es mon pote et je prends comme tu es ».
Les mots dUlysse lui avaient ôté un grand poids du cur, et il sétait senti comme revivre.
« Je men voulais de te mentir ».
« Tu men as parlé quand tu tes senti prêt à le faire ».
« Ça me soulage que tu le prennes comme ça ».
« Vraiment, je veux que ce soit clair, ça ne change rien entre nous. Au contraire, ça me touche que tu me fasses confiance. Et tu peux me faire confiance. Bien entendu, ça restera entre nous, je nen parlerai à personne, même pas à ma copine. Et tu peux compter sur moi si tu as besoin de quoi que ce soit.
Mais arrangez-vous pour vous voir en dehors de Paris. Bordeaux cest loin, mais vous pouvez peut être vous retrouver quelque part à mi-chemin. Vous serez plus tranquilles, vous serez mieux ».
« Merci beaucoup, je ne sais pas quoi dire
tu es un vrai pote
».
« Je ne ten ai jamais parlé, mais mon petit frère est gay lui aussi. Nous sommes très proches, et je sais à quel point cest compliqué dêtre heureux quand on est différent des autres. Ce que je regrette, cest de ne pas le voir plus souvent, et de ne pas être là pour le soutenir, pour laider.
Tu sais, si je me suis autant rapproché de toi, cest parce que dune certaine façon, tu me fais penser à lui. Tu as à peu près le même âge que Dylan, et tu es un gars génial, tout comme lui. Le fait de pouvoir être là pour toi me donne limpression de me rattr, et apaise mon regret de ne pas pouvoir être présent pour lui »].
« Ulysse est un vrai pote. Ça ma fait du bien de lui en parler ».
« Cest une bonne chose quil ait bien réagi. Et alors, il se doutait de quelque chose ? ».
« Il ma dit quil avait eu un doute la première fois quil tavait vu, au Pousse. Surtout quand Léo avait parlé de cette nana avec qui il disait que javais couché. Il a eu un doute parce que tu faisais la tête. Après, quand il ta vu te pointer chez moi par surprise, il a compris ».
« Je naurais peut-être pas du débarquer de cette façon ».
« Quand tu as débarqué à lappart, jétais contrarié parce quUlysse était là. Mais ça ma fait super plaisir que tu sois venu, même si je tavais dit de ne pas venir. Ou justement parce que tu es venu malgré mon refus. Dès que je tai vu, jai eu envie de te serrer dans mes bras, et de te faire lamour. Ta présence me fait du bien ».
« Cest la même chose pour moi. Je me sens plus fort quand je suis avec toi ».
« Je voudrais ne plus te faire souffrir ».
« Je voudrais que tu me parles davantage quand ça ne va pas ».
« Je ne suis pas habitué à me sentir aimé et ça me fait peur ».
« Quest-ce qui te fait peur, au juste ? ».
« Tes sentiments, ton attachement ».
« Et pourquoi, ça ? ».
« Au début, tes sentiments me faisaient peur parce que ça rendait nos baises trop
« pd ». Et puis, tu mas obligé à cesser de me mentir. Mais cétait dur dadmettre la vérité ».
« Et quelle était cette vérité ? ».
« La vérité cest que je mattachais trop à toi. Et que je narrête pas de me dire quun jour tu en auras marre de moi et que tu me laisseras tomber. Et je ne peux pas supporter lidée quon me laisse tomber. Jai trop souffert de labandon pendant mon enfance, jai trop peur de revivre ça ».
La peur, encore la peur. Tant de fois jai entendu parler Jérém de peur, et je me suis entendu moi-même parler de peur. En fin de compte, cest la peur avant toute chose qui nous empêche dêtre heureux.
« Tu sais, Jérém, moi aussi jai peur de te perdre. Tout le temps, et depuis toujours. Javais déjà peur de te perdre quand nous nétions même pas encore ensemble. Javais peur de te perdre quand on ne faisait que baiser chez toi, et que tu me disais que tu ne voulais rien de plus. A chaque fois que je repartais de chez toi, je me disais que je ne te reverrais probablement plus jamais.
Javais peur de te perdre même avant quon commence à coucher ensemble. En fait, jai eu peur de te perdre dès le premier jour du lycée, dès que je tai vu dans la cour avec tes potes, dès que jai croisé ton regard ».
« Et comment tu arrives à gérer cette peur ? ».
« Je pense quaimer quelquun, cest lui donner la clé de son propre cur, de son propre bonheur. Oui, aimer, cest sexposer au risque de souffrir. Mais quand on aime, on est tellement heureux. Je pense quon ne connaît le vrai bonheur que lorsquon connaît lamour.
Alors, est-ce quil faut sempêcher daimer pour écarter le risque de souffrir, et ne jamais connaître non plus le vrai bonheur, ou bien faut-il prendre le risque ? ».
« Je nen sais rien ».
« Moi, perso, je prends le risque. Je prends le risque parce que dans tes bras je me sens bien. Dans tes bras, je me sens chez moi. Alors, si toi aussi tu te sens bien dans mes bras, c'est quil y a quelque chose de spécial entre nous. Et quil vaut le coup de le vivre, malgré les difficultés et les peurs.
Si tu me laisses une place dans ta vie, même quand tu es à Paris, même quand ça ne va pas fort, si tu me parles, si tu me fais confiance, je te promets que je ne te laisserai pas tomber, Jérém, jamais ».
« Et toi, tu vas gérer comment avec les gars qui te draguent à Bordeaux ? ».
« Je ne me fais pas non plus draguer à chaque coin de rue ».
« Tu es beau mec, Nico, et tu attires des beaux mecs ».
« Quand ça va bien entre toi et moi, je nai aucune envie de coucher avec dautres gars. Je suis attiré, je ne dis pas le contraire, mais je ne franchirai pas le pas.
Bien que nous soyons loin, je nai pas lintention de vivre la vie dun célibataire Je ne vais pas saisir toutes les occasions qui se présentent, et encore moins provoquer les rencontres. Je ne vais pas sortir dans le milieu, ni traîner dans les lieux de drague.
Après, la vie est imprévisible. Tu peux faire des rencontres, je peux faire des rencontres. Ça peut arriver.
Mais comme tu las dit, rien ni personne ne pourra changer ce quil y a entre nous, jamais ».
Je sens mon Jérém touché. Soudain, son téléphone émet un petit son. Ce qui crée une diversion et casse la magie du moment.
« Cest Maxou, il nous souhaite la bonne année ».
« Ah, mince, je nai pas fait gaffe. Il est presque minuit » je considère.
« A lheure quil est on devrait être en train de triquer avec les cavaliers » il ajoute.
« Tu es déçu de ne pas être avec eux ? ».
« Non, parce que je suis avec toi ».
« Je te fais la promesse » il enchaîne « que le prochain réveillon ce sera à Campan, et avec les cavaliers ».
« Jadore leffet que Campan a sur toi, Jérém ».
« Quel effet ? ».
« Il fait ressortir ta véritable personnalité. Et tu es si adorable ! »
« Campan nest quà nous ! » il sexclame, lair heureux.
« Oui, cest notre refuge ».
Nous refaisons lamour, et cest doux, tendre. Ce petit gars viril au regard amoureux est tellement touchant. Lorsquil jouit, je jouis avec lui.
« Bonne année, ourson » je lentends me glisser, le visage dans le creux de mon épaule.
« Bonne année, ptit loup ».
Et là, tout comme le soir de retour de la soirée chez Ginette, après que je lai empêché de me prendre sans capote, je sens que mon bobrun veut me dire quelque chose mais quil ny arrive pas. Je perçois la même respiration agitée, ponctuée par des inspirations qui ressemblent à celles quon prend juste avant de parler.
Mon cur semballe, lattente est insupportable. Je suis sur le point de lui lancer : « Parle-moi, Jérém, parle-moi », lorsque mon bobrun se lâche enfin.
« Ourson
».
« Oui, ptit loup ? ».
Et là, après un court mais interminable instant de silence pendant lequel jai limpression que nos curs vont exploser, je lentends me glisser tout doucement :
« Je taime, ourson ».
Trois mots sur loreiller, trois petits mots, un monde entier.
 
Bonjour à tout le monde, chers lecteurs,
La saison 2 de Jérém&Nico vient de sachever. A loccasion de cette étape importante, je souhaite partager une soirée chat avec vous pour recueillir vos impressions, vos commentaires, vos ressentis, vos critiques sur ces deux dernières années décriture, ainsi que pour connaître vos attentes pour la saison 3 à venir.
La soirée se tiendra le mercredi 25 novembre 2020 à 21h00.
Pour y participer, rien de plus simple, il suffit de cliquer sur le lien suivant :
https://discord.gg/QxErkvW
Jespère vous retrouver nombreux.
Ps : au cours de la soirée chat, un extrait de la saison 3 sera dévoilé.
Jérém&Nico ce sont plus de 150 épisodes sur 6 années d'écriture, avec un cumul de vues qui approche désormais les 3 millions.
Merci à chacun et chacun d'entre vous pour votre fidélité, pour vos commentaires, pour votre soutien.
Un merci particulier à FanB pour son engagement et son aide précieuse dans la finalisation des épisodes.
Fabien
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