Divines Libertines 2
Maud émerge timidement de la cabine d'essayage. Elle se sent horriblement mal à l'aise en s'observant dans la glace. Jessica adore le cuir, elle essaie de l'influencer en lui faisant essayer une minijupe en cuir noir, avec débardeur en jacquard. Elle reste époustouflée devant sa beauté. Elle n'avait jamais vu Maud dans des fringues moulées ou sexy, le résultat en vaut vraiment la peine. Elle est admirablement proportionnée, svelte et élancée. Plus grande, elle aurait pu faire carrière comme top-model sans aucun souci. Elle le lui dit tout de suite et Maud rougit de plaisir. Elle hésite encore à s'offrir cet ensemble, osant à peine lever les yeux sur son reflet. Jessica devine là les conséquences d'une éducation puritaine, sa mère avait apparemment un siècle de retard sur l'évolution des murs. Cela a laissé des traces indéniables sur sa fille et elle compte bien l'aider à s'en défaire.
- Maud, si l'ensemble te plaît je te l'offre.
- T'es folle ! Il en est hors de question !
- Je ten prie, cela me fait plaisir.
- Je ne peux pas accepter, ça coûte une fortune.
- Peu importe, largent nest pas un problème. Le sujet est clos.
Devant son insistance, elle finit par céder. De joie, Maud sautille sur place, lui saute au cou, déposant un gros bisou sur sa joue. Sa bouche est pulpeuse, un contact frais et humide qui procure vite un frisson voluptueux à Jessica. Le parfum capiteux qui monte de ce corps splendide finit de la troubler. Confuse, elle la suit des yeux tandis qu'elle regagne la cabine. Jessica aspire à fond, repoussant ce sentiment indéfinissable qui vient de la gagner. « Jessica, ma vieille, on se calme ! » Elle a retrouvé tout son sang-froid lorsque Maud ressort. Elles inspectent les lieux, à la recherche d'un autre article "coup de foudre". La vendeuse, qui connaît bien Jessica, les observe de loin. Elle sait très bien que sa cliente en connaît un bout sur la mode, elle sait en conséquence rester à sa place, sans chercher à l'influencer, et encore moins à la baratiner.
- Oh, je ne sais pas, un ras le bol d'être toujours pareille
Mes fringues sont ringardes, vieux-jeu, il y' a longtemps que j'aurais dû les jeter !
Jessica sourit. Elle lui fait remarquer :
- Vas-y doucement, on ne change pas sa garde-robe en une semaine. C'est ton portefeuille qui va en prendre un coup, et Olivier qui va faire la gueule !
- D'accord, promis, j'y vais mollo
Mais ça va être difficile, il y' a tellement de belles choses. Tu sais, où je vivais avec mes parents, je te jure que cétait un trou perdu, il ne sy passait jamais rien, il ny avait pas tous ces magasins et toute cette vie qui bouge.
Elle s'arrête brusquement devant une vitrine qui expose des sous-vêtements affriolants. Sa première attitude est de paraître à la fois gênée et fascinée. Jessica trouve cela amusant, elle ressemble à une gosse émerveillée devant plein de bonbons, qui en meure denvie mais nose pas céder à la tentation.
- Jessica, qu'est-ce que tu mets comme sous-vêtements ? Des culottes ou des strings ?
- Des strings bien sûr, ou des boxer. Tu me vois avec des culottes grand-mère ! Quelle horreur, jamais je pourrai mettre des trucs pareils !
A son air confus, Jessica devine que c'est apparemment son cas, ce qui ne létonne pas trop. Elle prend un air désapprobateur et faussement maternel.
- Il va vraiment falloir que je te prenne en main, il y' a toute une éducation à refaire ! Allez, viens.
Elle l'entraîne à l'intérieur de la boutique. Elle connaît évidemment la gérante en tant que cliente fidèle, sa marchandise est de qualité, des dessous chics pour femmes au top de la séduction, des femmes qui n'ont pas froid aux yeux pour revendiquer leur féminité. Dominique lembrasse avec effusion. Jessica lui présente Maud, sa beauté ingénue fait encore grande sensation. Dominique en est tout excitée :
- Splendide, où cachais-tu ce pur joyaux ! Tu te la gardais pour toi, c'est pas bien de me faire des cachotteries !
- Maud est une hétéro et cest la fiancée dun ami denfance, alors bats les pattes !
- Déjà à la colle avec un homme ? Quel dommage ! Enfin, il faut de tout pour faire un monde
Je présume que cette délicieuse , si sage quelle paraît, veut s'encanailler avec quelques dessous diaboliquement érotiques !
- Exact. Tout sauf du classique, rien de sobre ou trop sage non plus, mais de l'audacieux, du suggestif, sans tomber dans le vulgaire. Je pensais à
Oh, excusez-moi !
La sonnerie de son portable vient de l'interrompre. Tandis quelle l'att, elle lance à Dominique :
- Bon, je te la laisse, elle est tout à toi.
- Tout à moi ? Tu prends des risques, ma chérie, je ne sais pas si je vais te la rendre !
Elle saisit doucement Maud par le bras et la dirige de l'autre coté du magasin. Avant de disparaître, Maud lui jette un regard amusé.
- Alors ?
- Je crois avoir trouvé ce qu'il lui faut. Attendons le résultat, mais je suis certaine que l'effet sera renversant !
Jessica acquiesce avec confiance. Dominique connaît son métier. Elle aime les femmes, leur beauté, elle sait mettre en avant tous les signes distinctifs de leur sensualité. Dominique est une lesbienne vieillissante, délurée et mondaine, qui malheureusement évoque sous une forme caricaturale l'homosexualité féminine. Les cheveux gominès en arrière, elle affiche des attitudes masculines, dandy à l'Anglo-saxonne, teintées d'excentricité. Elle est habillée d'un pantalon noir en coton, chemise rayée légèrement féminisée par le jabot, boutonnée jusqu'au haut, foulard mauve, et veste d'homme en drap de coton. Ses manières sont démonstratives, trop exagérées. Jessica reste plantée à coté d'elle devant la cabine d'essayage. Maud se fait attendre. Enfin elle écarte le rideau, elle sort la tête, lançant des coups d'il apeurés tout autour d'elle. Jessica la rassure.
- Il n'y a personne d'autres, tu peux sortir sans crainte.
Dominique s'impatiente.
- Mais c'est qu'elle se fait prier notre jolie biche aux abois ! Aurait-elle peur du grand méchant loup ?
Jessica lui adresse un regard agacé. Qu'est-ce qu'elle peut-être idiote celle-là ! Pas étonnant quelle soit toujours célibataire ! Maud prend son courage à deux mains, elle se risque enfin à sortir dun pas hésitant.
- Superbe, Maud, cela te va à ravir !
Dominique arrive à croasser péniblement :
- Divine, tout bonnement divine !
Elle se racle la gorge, avec une telle force que l'on pourrait croire qu'elle s'apprête à battre un record de crachat. Elle reprend, d'une voix faible et extasiée :
- Femme- , mi- ange mi- démon, si innocente et perverse à la fois
Jessica comprend ce qu'elle veut dire. Maud est métamorphosée, une troublante ta, ingénue et voluptueuse. Elle se dit qu'il n'est pas plus mal après tout que Maud soit inconsciente de son pouvoir de séduction, elle pourrait être terriblement calculatrice si elle le voulait, obtenant tout ce qu'elle voudrait posséder par son irrésistible charme. Maud, comme devinant leurs pensées, s'enhardit, les mains sur les hanches, prenant des poses lascives, et demandant d'une voix langoureuse :
- Jessica, tu avais totalement raison, j'aurais pu tenter ma chance comme mannequin, je viens de découvrir enfin ma vocation !
Dominique est sur des charbons ardents, prête au viol tandis que Maud aguiche involontairement son petit monde. Jessica s'empresse d'intervenir, poussant Maud vers la cabine, lui parlant comme à une capricieuse que l'on essaie de raisonner, en appuyant sur chaque mot :
- Très bien, tu as raison. Maintenant on se rhabille vite, on paie cet article et on s'en va. C'est l'heure de la fermeture, Dominique a certainement des choses plus urgentes à faire.
Celle-ci proteste.
- Pas de problème, cela ne me dérange pas. Si vous voulez essayer d'autres lingeries, n'hésitez pas
- Non, non, c'est gentil, mais on doit se sauver. N'est-ce pas, Maud ?
Jessica roule de gros yeux, grimaçant pour quémander son soutien. Mais Maud ne comprend pas, ou fait semblant de ne pas comprendre.
- Oh, non, pas déjà
J'aimerai essayer encore deux ou trois petites choses, j'ai repéré un joli caraco bordeaux qui
- Celui-là.
Jessica se retourne, surprise. Comme par magie, Dominique vient d'apparaître avec l'article en question. Maud tape des mains avec émerveillement.
- Oui, c'est tout à fait celui-ci. Comment avez-vous fait pour deviner ?
- L'instinct professionnel, l'habitude
Elle affiche un air faussement modeste. Tu parles ! Elle avait dû auparavant guetter chaque expression de sa cliente, repérant les articles qui éveillaient son intérêt, et maintenant elle saisit tous les prétextes pour la garder sous la main, dans l'unique but de se rincer l'il et mieux faire connaissance. La vieille truie est aux anges, frôlant Maud à chaque occasion, faisant traîner la vente. Désespérée, Jessica assiste à la scène avec impuissance, excédée que Maud ne se rende compte de rien, avec surtout un étrange sentiment de colère, de désir possessif, comme si Maud lui appartenait. Elle repousse vite cette idée saugrenue. Leur petit jeu dure une petite demi-heure, elle feint l'indifférence la plus totale, ne dit pas un mot lorsquelles se retrouvent toutes les deux dans la rue. Devant son silence, elle cède la première, entrant dans une rage folle.
- Maud, t'es inconsciente ou quoi ! Tu ne voyais donc pas quelle te regardait comme si tu étais un esquimau glacé ? Si je n'avais pas été là elle t'aurait littéralement dévoré dune seule bouchée, elle en bavait d'envie !
Maud la surprend encore une fois en prenant un petit air malicieux. Elle claque sa langue dans son palais, et roucoule :
- Hmm ! Cela aurait pu être agréable ! Une femme mûre, expérimentée, qui m'aurait appris pleins de choses ! Tu me compares à un esquimau glacé
Mais dis-moi, les glaces, ça fond dans la bouche, hein ? Qui sait, peut-être que moi aussi jaurais aimé fondre sous ses baisers enfiévrés. Dire que je suis passée à coté d'une telle occasion sans m'en rendre compte !
La colère de Jessica tombe d'un coup. Ironique, Maud se moque delle, et elle tombe à pieds joints dedans. Elle maudit son comportement aussi stupide qu'irrationnel. Elle n'a aucune raison d'être jalouse, cela ne lui ressemble pas
Elle qui prône lamour libre et crie à tue-tête son désir dindépendance, là voilà bien à ressasser des pensées aussi rétrogrades ! De bonne guerre, elle sourit à son tour.
- Tu m'as bien eu ! Moi qui croyais que tu ne voyais rien !
- Je suis crédule, mais pas stupide. Bien sûr que j'ai réalisé qu'elle avait le béguin pour moi, cela m'a amusé de faire l'idiote, de rentrer dans son jeu. Une femme sait si bien faire semblant. Et c'était trop marrant de t'observer, si t'avais vu ta tête, un vrai doberman à qui l'on essaie de voler son os !
Jessica se rebiffe un peu trop vite.
- N'importe quoi, où vas-tu chercher des idées pareilles !
Maud ne dit rien, l'observe en coin avec amusement. Elle sort un bristol de sa poche et l'agite devant son visage, comme pour la narguer.
- Regarde, elle m'a donné ça discrètement avant qu'on s'en aille. Sa carte de visite, avec numéros de son fixe et du portable.
C'est sans réfléchir que, d'un geste vif et furibond, Jessica essaie de le lui arracher des mains. Maud est plus rapide quelle et le range dans sa poche.
- Non, non, je garde précieusement ses coordonnées, on ne sait jamais, ça peut servir... Jai repéré plein darticles sympas, je pourrai sans doute en négocier quelques-uns uns sans débourser un centime, si tu vois ce que je veux dire !..
Encore cette petite pointe de jalousie qui serre le cur de Jessica. Imaginer Maud dans les bras de cette femme lui paraît insupportable. Du coup, elle se laisse submerger par une colère froide :
- La garce ! Quel toupet elle a cette vieille peau ! Elle vient de perdre sa meilleure cliente, je ne suis pas prête de remettre les pieds dans sa boutique minable ! Tiens, si, justement, j'y retourne maintenant, pour lui dire ma façon de penser !
Elle fait brusquement demi-tour, accélérant le pas. Maud la ratt en courant.
- Jessica, arrête, c'est pas grave !
Elle lui prend la main avec une infinie douceur. Cela a un effet instantané. Jessica na plus de haine. C'est Maud maintenant qui la guide, sans la lâcher. Leurs doigts sont entrelacés et ni l'une ni l'autre n'osent rompre le charme, comme si un lien indéfectible venait de se lier entre elles. Des sentiments confus désarçonnent Jessica qui s'efforce vite de mettre ça sur le compte d'une soudaine et profonde amitié. De toute façon, il ne peut pas en être autrement. Maud fait partie des personnes sacrées et intouchables pour qui elle naura jamais de pulsions irréfléchies. Maud semble également émue par cette nouvelle complicité, elle le dit avec sa spontanéité habituelle.
- C'est drôle, Jessica, mais avec toi je me sens si bien, si femme, je revis complètement, cest indéfinissable comme sentiment !
- Cest gentil.
- Cest vrai. Et je tadmire tant. Tu es à part en aimant les
Elle hésite un peu avant de se lancer :
-
Les femmes. Au lieu de ten cacher tu vis ça avec un tel naturel, presque de la fierté, comme si cétait glorifiant.
- Cest normal. Pour moi, ce fût comme une nouvelle vie, une chance dêtre enfin heureuse et épanouie, trouver enfin cet équilibre qui me manquait tant. Je bénis le ciel dêtre ce que je suis. Lesbienne et libertine, je ne peux que croquer la vie à pleines dents !
- Cest vrai, tu donnes limpression dêtre plus vivante que les autres femmes. Et plus libre aussi
Cest ça, plus libre, plus libre
sécrie t- elle avec véhémence.
Elle lâche la main de Jessica et se met à courir, de plus en plus vite. Elle ouvre grand ses bras, comme un oiseau qui déplie ses ailes pour prendre son envol, et elle rit à gorge déployée, sans pouvoir sarrêter. Jessica la suit, enchantée de la voir si heureuse, étourdie et grisée par cette frivolité contagieuse qui la fait rire à son tour. Elles finissent par ralentir, hors d'haleine, échangeant un regard ravi. Leur folle poursuite les a entraînée loin des grands axes, dans une rue résidentielle, calme et sereine. Elles passent sous des érables, un oiseau chante une douce mélodie, comme pour célébrer cette joyeuse harmonie. Jessica reprend son souffle plus rapidement et va parler lorsque Maud lui demande brusquement :
- Jessica, est-ce que je pourrais taccompagner à une de tes soirées libertines ?
Cest si brutal quelle en reste sans voix. Maud, elle, est toujours hors dhaleine, mais cest lémotion surtout qui lui coupe le souffle. Ce qui ne lempêche pas de relancer :
- Jaimerai tant voir comment cela se passe dans ce genre
ce genre de réunions.
Jessica retrouve sa voix.
- Cela na rien dune réunion. Et ce que tu pourrais y voir risquerait de te choquer.
- Je sais
Voilà, cest que
Olivier et moi navons aucune expérience, et notre vie sexuelle est un fiasco total. Je suis sa première fois tu sais, et lui aussi est mon premier amour. Au début, cétait une catastrophe
Il me faisait mal car il ne savait pas y faire, alors je me bloquais, et plus je me bloquais et cest lui ensuite qui avait des pannes sexuelles tellement il angoissait ! Ce cercle vicieux a duré des années. Maintenant, cela va mieux, mais le sexe est encore un sujet tabou que lon pratique peu. Olivier sy désintéresse totalement, car cest là quelque chose quil maîtrise mal et qui lui fait toujours peur.
- Il ny a que le dialogue et la communication qui peuvent vous aider à surmonter ce genre de problèmes. Tu sais, il ne faut pas croire que léchangisme est une solution pour un couple en crise. Cela ne recollera pas les morceaux comme par magie
Bien au contraire, il faut énormément damour pour accepter que lautre aille voir ailleurs, il faut à lorigine des bases solides pour envisager de passer à autre chose
- Mais léchangisme est peut-être une solution pour un couple dont la crise est dordre uniquement sexuel. Pour tout le reste, on saime, on est heureux, on communique énormément. Il ny a que le sexe qui ternit notre bonheur, sinon tout va à merveille !
Maud vient de lui lancer un cri désespéré, un appel à laide, et Jessica ne peut pas faire la sourde oreille. Cest contre ses principes. Elle est toujours persuadée du bien fondé de ses convictions sexuelles, à savoir que le libertinage peut réveiller des couples, renforcer une relation affaiblie par la routine et révéler des pulsions insoupçonnées. Pour elle, il est évident quelle trouve exclusivement du plaisir à lhomosexualité féminine, explorant un monde qui souvre continuellement sur des horizons aussi vastes quinfinis. Un instant, elle se demande si ce nest pas justement ça qui plaît tant à Maud.
- Et si tu devais le faire, ce serait avec qui ? Avec un homme ou une femme ?
Maud retient sa respiration, le visage cramoisi. Sa réponse tarde à venir.
- Avec une femme. Enfin, en premier
Je crois que cela me débloquerait et briserait totalement mes inhibitions. Ce serait comme un déclic. Ensuite, je pense que jaimerai goûter aussi à dautres hommes, cela ne me déplairait pas dessayer !
- Et bien, tes une sacrée coquine toi ! Moi qui te donnait le bon Dieu sans confession !
Sa réflexion spontanée détend latmosphère, arrachant à Maud un petit rire nerveux.
- Jai souvent des pensées impures, tu sais
Des fois, cela meffraie !
- Quand il sagit de fantasme ou de sexe, rien nest sale ou impure, crois-moi. Surtout si cela est partagé avec celui que tu aimes. Cela nest pas aberrant si, après le piment que vous procure le libertinage, vous continuez à garder tous deux vos moments dintimité dans des rapports normaux. Et, en ce qui te concerne, cela ne te ferait pas de mal de dépasser ces préjugés grotesques que la bienséance ta inculqués. Tu as été trop écrasé et étouffé dans ta jeunesse, et je pense quinconsciemment tu cherches à gagner une certaine liberté et autonomie dans une autre sexualité. Par le sexe, beaucoup de femmes prennent le dessus, gagnent en confiance et en assurance, se rassurent sur leur pouvoir et leur potentiel de séduction. Tu as besoin de briser des chaînes, et ce nest pas ta sexualité frustrante qui va ty aider. Mais ces chaînes, cest à deux que vous devez les briser, cest ensemble que vous devez prendre votre envol. Et quen pense Olivier ?
- Il ne sait pas trop, il est tellement indécis. Cela fait plusieurs années quon en parle et on tourne toujours en rond, sans prendre réellement de décisions. La seule chose sur laquelle on est daccord, cest que
cest que
Soudain, elle hésite, le souffle court.
- Cest que, si jamais je devais le faire avec une femme, ce serait avec toi. Seulement avec toi.
Une boule de chaleur irradie brutalement le bas-ventre de Jessica. Cest à son tour davoir du mal à respirer. Plein dimages traversent son esprit à une vitesse foudroyante. Elle et Maud dans le même lit, roulant lune sur lautre dans la même frénésie, se mélangeant leur corps, leur souffle, leur salive, dans des étreintes à nen plus finir
Bon sang, comme elle aimerait partager ce moment unique avec Maud, linitiant à des plaisirs divins, la révélant à elle-même et exploitant tout son potentiel érotique ! Voilà le genre de défi quelle adorait relever, et on le lui apportait sur un plateau dargent. Elle tente de contenir son excitation pour garder les idées claires.
- Olivier serait prêt à te laisser faire lamour avec moi ?
- Oui, sil pense que cela peut me libérer et mapporter de lassurance pour nos relations futures, il serait prêt à lenvisager. Cest aussi une question de confiance, il me sera plus facile de mabandonner avec une amie que je connais quune illustre inconnue. Enfin, je crois
- Cest trop dhonneur ! Et Olivier, il ferait quoi en attendant ?
- Il massure que ni rien ni personne ne le tente, mais je crois que Coralie lui plaît beaucoup. Elle a le don de le dérouter et le mettre dans tous ses états, elle est bien la seule personne qui réussit à le troubler autant.
Evidemment, Coralie avait ce don inné de désarçonner tout être vivant sur terre, hommes ou femmes. Ses origines thaïlandaises limprègnent dune beauté indéniable, exotique, qui se passe dartifice. Elle est la jeunesse, la volupté, la grâce et lamour. Et, dans ce dernier domaine, elle rivalise dune imagination débordante. Pour ne pas la décevoir, il est conseillé de la suivre dans ses divagations, et même la précéder pour la surprendre ou ne pas rester à la traîne. Souvent, plusieurs partenaires suffisent à peine à assouvir ses ardeurs, et Jessica imagine mal le pauvre Olivier se débrouiller seul avec une telle tornade asiatique. Il ne sen remettrait jamais. Et, pire, aurait ensuite du mal à se contenter de relations fades et monotones avec sa fiancée. Coucher avec Coralie est accéder à un tel bonheur que cela laisse des traces indéniables. On en sort étourdi, ébahi, et souvent perturbé. Elle nest donc pas surprise que son charme agisse sur Olivier. Coralie est capable de débaucher un moine tibétain pour le transformer en étalon inépuisable, de tenter lhomme le plus amoureux et le plus fidèle, comme elle est capable aussi de transformer une hétérosexuelle convaincue en lesbienne déchaînée. Personne ne peut lui résister.
Coralie exhale un gros soupir, fronce son joli petit front dun air pensif, puis finit par secouer énergiquement la tête en déclarant dun air convaincu :
- - Non, je maintiens ce que jai dit. Beaucoup de couples viennent à léchangisme pour chercher de nouvelles sources dexcitation et fuir ainsi la routine. Il ny a pas de pire ennemie que la monotonie. Avec le temps on finit par se persuader que lamour de lautre nous est acquis de façon définitive, et cest ainsi que lon ne fait plus defforts pour plaire, on ne fait plus attention, on néglige son apparence et on en oublie limportance de la séduction. Boulot-dodo, le stress, les s qui accaparent toute lénergie, les problèmes quotidiens de la vie, tout cela fait que les couples délaissent sans le vouloir leur intimité. Alors, moins de désirs sexuels, moins damour, et voilà pourquoi autant de couples divorcent. Or le libertinage est la solution idéale pour ne pas tomber dans le piège de la monotonie. Du coup, les couples pimentent leur vie sexuelle, transgressent ensemble des interdits, et surtout font beaucoup plus defforts pour se plaire mutuellement et pour plaire aussi à leurs futurs partenaires.
- Tu exagères. Des couples qui séclatent ensemble au lit peuvent très bien en venir au libertinage pour dautres raisons. Simplement pour assouvir une libido au-dessus de la moyenne, aller toujours plus loin dans la réalisation de leurs désirs.
Maud finit son verre dun trait, assez vite pour que lon ne remarque pas sa main qui tremble.
Elle en a appris beaucoup sur certaines pratiques de tous ces couples libertins qui, autour delles, semblent amoureux et complices, soudés par un lien indéfectible. Elle est presque convaincue du bien fondé de cette sexualité non-conformiste, ce qui létonne de sa part. Elle est littéralement fascinée par tout ce qui lentoure et tout ce qui se dit. La polémique entre lhomme et Coralie dure depuis une bonne demi-heure, où chacun reste farouchement campé sur ses positions, et ne fait pas avancer le débat dun pouce. Coralie a trouvé un interlocuteur aussi tenace et obtus, un bourgeois branché, pseudo- intellectuel aux idées bien arrêtées. Demblée, Maud ne la pas aimé, et les minutes qui ont suivi nont fait que confirmer cette première impression. Elle laisse son regard se fixer sur le chèvrefeuille qui grimpe sur la pergola, suit distraitement les branches qui se croisent et sentrecroisent au-dessus de leur tête. En labsence de leur hôtesse, trop occupée à se faire culbuter dans une des chambres de sa villa, cest Jessica qui les a reçue tous deux pour les installer sur la terrasse, au fond du jardin, prés dun massif dorangers du Mexique, dont les odeurs entêtantes leur chatouillent agréablement les narines. Maud se laisse griser par ce parfum délicieux, prenant sans le savoir une expression heureuse. La soirée a très bien commencé, sous les meilleurs auspices, surtout lorsque Maud sest aussitôt laissée imprégnée par lambiance électrique, ce qui la plongée dans des sentiments contradictoires, entre malaise et une inavouable excitation. Les invités, pour la plupart, étaient charmants, originaux, faisaient preuve desprit, sans le moindre complexe. Deux femmes, jeunes et superbes, rayonnaient dune beauté provoquante, un peu vulgaire, et apparemment côtoyaient souvent Jessica et Coralie dans le contexte libertin. Cest ainsi quelle avait apprit le métier de lune dentre elles - une volcanique brune italo-américaine - fière dêtre call-girl et strip-teaseuse, et cela lavait choquée un peu, mais à discuter avec des gens qui sortaient de lordinaire elle sétait sentie elle aussi un peu marginale, vivante, et surtout audacieuse. Cette sensation était exaltante, comme une joyeuse ivresse, ce qui mettait sa sensibilité à fleur de peau. Jessica, au départ, avait été aux petits soins avec elle, dévouée et attentive, faisant attention de mettre également Olivier à laise, et Maud avait trouvé cela très flatteur, comme un prince et une princesse qui ont droit à toutes les marques dattention. Et puis, la tenue quelle portait, pantalon noir en stretch et Top soutien-gorge à paillettes, sans bretelles, au décolleté plongeant, avait fait grande impression. Elle s'était fait violence pour shabiller un peu osée, mais elle en était largement récompensée. Apparemment, elle pouvait être sexy sans porter des ensembles ultra court ou tape-à-lil. Du coup, Jessica navait cessé de la complimenter, et une complicité sétait vite instaurée, un troublant jeu de séduction auquel elles se prêtaient avec ravissement. Le charme avait été brisé lorsque Olivier lavait attrapé par la taille pour ne plus la lâcher, gardant un il jaloux sur ce quil considérait comme sa propriété alors que dautres hommes lui tournaient autour sans sen cacher. Maud en avait été agacé, terrassée ensuite par un sentiment de jalousie quand Jessica avait filé avec une autre femme pour rire à gorge déployée, lenlaçant dun peu trop prés. Tout cela était confus, cette attirance quelle voulait refouler, ce genre de conflit intérieur quelle navait jamais eu à affronter parce que son existence avait été jusquici un modèle de conformité et de droiture. Désorientée, Maud sétait retrouvée sous la pergola à écouter Coralie débattre avec cet homme prétentieux, « Monsieur je sais tout et jai la science infuse » ! La femme de ce dernier, une petite rousse moulée grossièrement dans un ensemble transparent, esquisse un petit sourire indulgent et sadresse à Maud :
- Vous lexcuserez, mon mari ne peut sempêcher de monopoliser toutes les conversations, il est incurable !
- Il ny a pas de mal, il dit des choses tellement passionnantes !
Maud le dit sur un ton tellement faux et hypocrite quelle ne sait plus où se mettre. Elle se lève brusquement. Olivier, qui navait cessé de lui tenir la main sous la table, tente de la retenir.
- Tu vas ou ?
- Ou tu ne peux pas aller pour moi.
Elle sen veut dêtre agressive, consciente que labsence de Jessica lui met les nerfs en pelote. Elle se ratt par un sourire.
- Ne tinquiète pas, je reviens.
Coralie rassure à son tour Olivier.
- Dans le milieu échangiste, cest toujours la femme qui est seule maîtresse à bord. Tout est permis mais rien nest obligé. Cest à elle seule à décider, elle est un peu comme une reine qui a plein pouvoir, qui contrôle tout. Ta femme ne risque donc absolument rien. Sauf si elle en décide autrement
Cette dernière réflexion nest pas pour le rassurer. Inquiet, il suit sa fiancée des yeux alors quelle disparaît à lintérieur de la majestueuse villa qui domine la baie de Cannes. Coralie tente de le distraire.
- Alors, qui a décidé de venir à notre petite fête ?
- Tous les deux. Nous prenons toujours nos décisions en commun.
Un léger sourire narquois étire les jolies lèvres de lEurasienne.
- Voilà une entente qui vous honore. Et vous avez établi des règles avant de venir ici ?
- Quelles règles ?
- Qui fait quoi avec qui, ensemble ou séparément, petits câlins ou relations complètes, avec ou sans pénétration
. Tout ce genre de petits détails qui peuvent être établis pour que chacun fasse ce qui lui plaît dans la sérénité et le respect.
Elle ne cesse de lobserver dun regard fixe et insistant. Olivier sen trouve paralysé, le cur battant soudainement plus vite. Bon sang, comment une telle femme pouvait exercer une telle fascination ? Et comment un si beau visage pouvait dégager dun coup une telle perversité ? Ses grands yeux en amande sont en parfaite harmonie avec le doux ovale de son visage, ses traits sont sensuels, pimentés par une bouche chaude et généreuse. Ses cheveux noirs comme du jais rebondissent sur ses épaules, luisants, comme animés d'une vie propre, avec la même vitalité qui semble émaner de tous les atomes de son corps. Olivier a du mal à garder la tête froide. Il en bafouille :
- Je
non, on ny a pas réfléchi. Enfin, si. On a juste dit que si lun dentre nous était tenté il devait en parler à lautre dabord. Et, si cela dérapait malgré nous, que seul le flirt était autorisé.
- Et bien voilà ! On y arrive
Cest ça que jappelle des règles. Et tu penses réellement garder le contrôle si cela dé ?
- Je pense, oui. Cela dépend avec qui.
- Et avec moi ?
Olivier tente de dissimuler son malaise. Il a limpression dêtre sur des charbons ardents, jouant avec le feu avec la plus irrésistible des tentatrices. Coralie dégage une telle aura de sensualité dans ses gestes, ses postures, quelle semble rayonner dune force sulfureuse, ce qui la rend encore plus envoûtante. Et elle dune beauté à couper le souffle dans son kimono en soie qui, volontairement écarté sur le haut, laisse ses seins découverts. La ceinture qui l'enserre met admirablement en valeur sa taille souple et évasée.
Encore plus troublé, la gorge sèche, il narrive plus à parler, de peur darticuler un croassement autant inaudible que ridicule. Avec la souplesse dun serpent, elle se lève et lui tend la main.
- Viens.
Sa voix douce est comme une caresse. Cest dans un état second quil saisit sa main et se laisse guider à lintérieur de la villa. Il croise plein de monde sans les voir, comme aveugle, comme si cétait quelquun dautre qui se laissait entraîner dans une chambre. Une porte claque, et il se retrouve sans savoir comment collé contre un mur, enlacé par Coralie qui se colle étroitement à lui. La chaleur de son corps et ses formes affriolantes lui provoquent instantanément une érection incroyable quil ne peut maîtriser. Un dernier sursaut de conscience le fait réagir.
- Attends, Coralie
Il ne faut pas
Celle-ci na quà se hisser sur la pointe des pieds pour le faire taire. Ses lèvres humides et chaudes ont une infinie douceur, et il est impossible de ne pas répondre aux délicieuses sollicitations de la langue qui sest déjà habilement faufilée entre ses dents. Olivier y répond malgré lui et découvre aussitôt quelle embrasse divinement bien, avec un art consommé à rendre nimporte quel homme fou de désir. Cest dans cet état quil se retrouve rapidement, lui mordant presque sauvagement la bouche alors quelle ne cesse de le provoquer en lembrassant voluptueusement, ondulant en même temps des hanches contre lui. Nayant jamais échangé un baiser aussi long et aussi fougueux, il doit sécarter un instant pour reprendre son souffle. Le désir quil lit dans ses beaux yeux en amande lui donne le vertige. Il voit sentrouvrir ses belles lèvres sensuelles et respire en même temps son parfum capiteux. Il comprend alors quil est un homme perdu. Jamais aucune femme ne lui a fait autant deffet, et ce nest pas son kimono quelle ouvre lentement, dévoilant son corps complètement nu, qui lui fera reprendre ses esprits. ..
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