Du Chocolat Pour Les Souris
Par ici, le Mistral et le soleil assèchent tout. Il paraît même que le sol seffondre de plus de dix centimètres par an parce que le manque deau entraîne des tassements de terrain gigantesques. La maison se lézarde il y a des fentes considérables entre les portes et les chambranles. Jai dû boucher, calfeutrer, toutes les huisseries. Jai ainsi bricolé quatre jours pour lutter contre lintrusion sournoise du mauvais vent. Quatre jours alors que jescomptais régler le problème en deux jours. Mais les intrusions non sournoises mais pourtant répétées des douces mains de la Mamée sous mon maillot ou dans mon vieux pantalon africain avaient grandement ralenti lavancée de la besogne. Il faut reconnaître quentre deux crapuleries à consommer sur place, de sa cuisine à la mienne, de son salon à mon bureau, de la cave au grenier, de la remise au garage, elle était dune précieuse aide pour passer les planches, la scie ici, le marteau la haut, les clous dessous, et pour transformer le pensum en partie fine et fun.
Nous finissions la grange-remise-étable à biquette et poulailler.
- Mamée passez moi cette planche là qui sert détagère où il y a les deux tapettes, elle va bien faire ici pour boucher le jour, au dessus de la porte, quatre clous et on aura fini pour aujourdhui !
- Tu ne veux pas cette autre là,
- Non la première est juste à la taille, celle que vous me proposez il faut la recouper !
- Oui mais celle-là je men sers !
- Quest ce que cest que cette histoire ? Cest un bout de volige qui ne vaut pas tripette, on mettra la grande comme étagère ça ne gêne pas !
- Coupons lautre et je te montrerai comment je men sers ...
Tout en coupant lautre planche et en la clouant je pensais que les lubies de la vieille nétaient pas négociables, que mon loyer était modéré, que les gâteries étaient gratuites, alors à quoi bon discuter...
Je ramassais les outils et javais déjà oublié la promesse de la Mamée sur la façon de se servir de son étagère quand :
- Regarde bien, minot !
Elle était en train de mettre chaque tapette dans les poches de son tablier.
-Regarde bien maintenant, regarde moi !
Elle se dépoitrailla, mit ses seins à lair et en coinça les tétons dans chaque tapette. Elle reculait vers le côté du manche fixé en marchant à croupi. Les ficelles se tendaient peu à peu. Elle cracha dans sa main et enduit de salive le bout du manche, elle se troussa, mit les deux pieds sur la planche. Les cordes se tendirent et tirèrent sur les seins coincés dans les tapettes, et elle sencula. La planche sarquait.
Dans un souffle elle murmura :
- Quand cest trop douloureux pour les seins, je menfonce le manche un peu plus dans le cul. Quand cest trop profond dans le cul je me soulève et ça tire de nouveau sur les seins. Ah cest terrible ce supplice, ah je mouille, jaime me faire mal pour jouir, ça va me faire partir !
Maintenant elle accélérait, les montées et les descentes sur son manche, elle se mit à hurler,
- Je pars, je pars, regarde bien, regarde, je pars !
Elle se désencula dun coup, les ficelles se détendirent, elle libéra de ses boyaux un trop plein dexcréments que le pistonnage sur bascule avait sollicité. Elle saisit une poignée de paille pour se débarrasser de ses déjections excrémentielles, en se frottant vigoureusement et en renouvelant le bouchon de paille. Elle sétrillait comme une folle.
- Ca gratte, ça fait mal, ah je jouis encore !
Et toujours à ces moments intenses, cette voix rauque surprenante.
Enfin elle se rajusta et comme une digne Mamée quelle avait la réputation dêtre au village, elle me questionna telle une mère-grand qui aurait mené son petit fils au spectacle de guignol :
- Alors ça ta plu, Minot ?
- Cest une bien curieuse façon de se servir des tapettes à souris !
- De toutes les façons les souris prolifèrent beaucoup plus vite que le renouvellement des morceaux de fromage dans les pièges, il y a une façon beaucoup plus efficace de les éliminer !
- Oui, les grains de blé empoisonnés, mais cest dangereux pour vos poules et vos poulets ...
- Beh, bien sûr que cest dangereux pour les cocottes, les grains. Mais il y a beaucoup mieux... le chocolat !
-Le chocolat ?
- Eh oui, les cocottes nen mangent pas, mais les souris elles adorent et elles en crèvent ! Dans le chocolat il y a un produit quon dirait un nom de remède chez le pharmacien, et les souris ne savent pas le traiter dans leurs corps, et beh ça les empoisonne..
- La théobromine, Mamée, en grec ça veut dire la nourriture des dieux, effectivement, un certain nombre de mammifères ne savent pas en faire la synthèse, elle devient un puissant toxique dans leur organisme, leur métabolisme ne peut pas l'éliminer. La dose toxique est de 100 mg/kg de poids de l'animal : chiens, chats, chevaux... rats et souris aussi, cest parfaitement exact...!
- Ce que cest que ces jeunes savants qui racontent les choses avec des mots comme chez le docteur !
- Excusez-moi de ce vocabulaire, mais dites-moi, cest un procédé qui vous coûte cher !
- Pfff ! Comme tu le sais mon Petiot je suis dorigine suisse (voir histoire précédente) et nous autres nous ne dégustons que dexcellents chocolats. Toutes ces mauvaisetés distribuées en fin dannée aux vieux pour tenter de les flatter pour les élections, je les distribue à droite à gauche aux souris, et jutilise les tapettes pour mes amusements.
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