Rencontre D'Une Aventurière Sur Une Bretelle De L'Autoroute

Ton copain vient te chercher chez toi au volant de l’Alfa Roméo de son pater. Il y a des packs de bière entassés sur le sol et une
gonzesse prénommée Lucia à ses côtés. Il a démarré depuis à peine deux minutes que Lucia t’explique qu’elle a dégotté un rôle
de figurante dans un film.
Tu lances :

- Un film X ?
- Ben ouais, comment tu sais ? Ca se passe à Cuba. Il leur fallait des Blacks, c’est pour ça.
- Raconte-lui le scénario, avec ce Cubain, interrompt ton copain. Vas-y, raconte.

Lucia est une petite Sénégalaise sans papiers, sauf plein de factures qu’elle a toujours à payer. Avec ses cheveux, elle se fait des
tresses emperlousées sur le front. Ce soir, elle a mis ses cuissardes rouges. Elle a comme une jupe de Pom Pom Girl sur le
derche. Pour un peu, ses tétés lui transperceraient le débardeur. Tu te demandes comment c’est possible à cet âge-là d’avoir déjà
du gel de silicone dans les nichons. Lucia se tape une Corona. La mousse, ça l’émoustille. Elle a les fesses qui trémoussent.

- … alors, le Cubain, continue-t-elle, il est toujours en galère. Pour se faire du blé, il drague les mamies. La nuit, il tapine derrière
une boîte, à Cuba, la capitale, euh…

Tu suggères : La Havane ?

- … La Habana, rectifie Lucia. Moi, je fais la pute dans cette boîte. Mais lui, il ne va pas dans le coin pour les putes. C’est tout le
contraire ! Il va dans le coin parce que c’est là que les vieilles friquées se lèvent des mecs…
- Ecoute, dit ton copain. Après, ça devient bon.
- Il y a plein de jeunes types qui font ça, des…
- Des jineteros, intervient ton copain.
- Ouais ! Et bien, ils se mettent tous contre le mur de la boîte, et ils baissent leur froc ! Ils sont tous en rang d’oignon, comme ça…
la bite à l’air ! Les vioques peuvent juger sur pièce. C’est ouf, non ?


Dehors, tu aperçois une aventurière sur la bretelle de l’autoroute : jean délavé, baskets, petit blouson.

Ton copain s’arrête. La fille a
de vieilles cicatrices d’acné sur les joues. Elle zone, dit-elle. Tu lui proposes une bière. Quand elle s’assoit près de toi, elle
t’adresse un sourire bizarre. Le rictus des trentenaires un peu paumées. Par l’échancrure de son polo, tu vois que sa poitrine
s’affaisse pas mal. On dirait la poitrine de ta sœur, la plus grande, celle qui vient de divorcer. Tu lui décapsules une bière entre tes
cuisses. Quand elle la prend, elle vise à côté. Elle a l’air de comprendre la plaisanterie…

- Ouille ! Reste tranquille, que tu lui dis. Ou je te fiche une branlée !

Elle se marre. Tu lui tends la bouteille et elle en boit un grand coup.

- Tu veux un conseil vestimentaire ? dis-tu, en levant le petit doigt comme un pédé.
- Pourquoi non ? répond-elle, avec un drôle d’accent.

Tu la fais se désaper du haut. Elle s’exécute illico. Tu ne sais pas pourquoi, mais les meufs sont toujours d’accord pour ce genre
de connerie. Puis tu lui dis de renfiler le blouson directement sur le torse nu. Tu remarques sa musculature, ses abdominaux sous
la peau blême. Une vraie baroudeuse !

- C’est mieux, comme ça, non ? demandes-tu à ton copain.

Il jette un coup d’œil dans le rétroviseur.

- Bordel, la salope ! s’exclame-t-il.

Et il enfonce la pédale, comme pris d’une envie subite. On s’accroche… Le véhicule pétarade. A l’embranchement de la zone
commerciale, il vire sur les jantes, zigzague à toute vitesse à travers les bâtiments et stoppe net près de la carcasse d’une voiture
garée sur le bas-côté. Ca fait partie de la rigolade !
A la lueur bleutée de la boîte le Blue Moon, tu reconnais le parking adjacent, avec ses petits fourrés.

- Bath, le coin ! dit ta voisine. Vous avez trouvé ça tout seuls, ou on vous a aidés ?


Ton copain propose à Lucia d’aller au Blue Moon. Toi, les filles du Blue Moon, tu t’en es envoyé des quintaux.
Tu restes dans la
voiture, avec la passagère. Tu ouvres deux bières. Son téléphone sonne. Elle répond en étranger. Tu lui demandes quelle langue
c’est et tu apprends que la fille est bulgare. Elle se fait appeler Whoopy. C’est un pseudonyme, à cause de son vrai prénom qui est
imprononçable. Dans son pays d’origine, elle était coiffeuse. Elle avoue trente-trois ans. Ca fait treize ans de plus que toi. Putain,
treize ans : c’est l’âge de ton petit frère ! Ca ne l’empêche pas d’être entrepreneuse. Elle se débarrasse de son jean en frétillant. On
dirait une accro qui est en manque. Manifestement, elle est prête à tout. Sa touffe est châtain pisseux, mais tu aimes bien.
Malheureusement pour elle, tu n’es pas pressé. Tu ne te précipites jamais pour jouer les bouche-trous. Dans les partouzes, tu
préfères mettre la cerise sur le gâteau. Tu as ta fierté.
En début de soirée, il n’y a pas un rat sur le parking où tu te trouves. Cependant, une Jaguar y fait demi-tour. Elle est conduite par
une grosse vieille qui a dû se paumer. Et puis Whoopy te fait signe qu’un piéton dans la cinquantaine vient traîner son blase. Il finit
par s’approcher du véhicule. A travers la vitre, l’hypocrite te réclame du feu pour son joint. Tu te tournes vers Whoopy et tu lui dis :

- Toi qui a le feu au cul, tu peux l’aider ?

Difficile d’être plus mufle, à ton âge. Au lieu de protester, Whoopy te refait son sourire bizarre. Puis à ton immense stupéfaction, elle
dégage de la voiture. Avant que tu flashes sur ce qui se passe, tu la vois qui court vers un fourré, vêtue de son seul blouson. Le
bonhomme lui file le train. Ca dure dix minutes chrono, le temps que tu termines ta bière. Quand elle réintègre l’habitacle, elle te
sort :

- C’est ça que tu voulais, n’est-ce pas ?

Là-dessus, elle se colle à toi. Comble du ridicule, c’est toi le plus gêné des deux… Elle s’introduit une main entre les cuisses et te
la fait renifler, sûre de son effet.
Tu respires le truc et ça te chavire, indubitablement. Alors Whoopy se rue sur toi, comme une
sauvage. Tu te débats mais elle est costaude, elle réussit à te bloquer sous elle. L’un après l’autre, tu as les boutons de la
braguette qui giclent. Elle t’extrait la queue. Mais toi, là-dedans, tu penses à tout sauf à bander… Pourtant, Whoopy te chevauche.
Ses longs seins un peu flasques exercent sur toi une étrange fascination. Sa chatte se prépare à t’engloutir. Fraîchement baisée,
elle est toute dilatée et rosie. Cependant, tu n’assures pas et c’est bien la première fois de ta putain de vie que ça se produit !
Après les bières que tu as bues, tu n’as plus les idées bien dans ta tête.

- Je vais te donner un truc pour durcir, te dit Whoopy.

Elle saisit trois quatre pilules dans une poche de son blouson qu’elle te glisse entre les crocs.


Quand tu te réveilles, tu n’es pas dans ton plumard habituel. Autour de toi, il y a beaucoup de fleurs : des orchidées, des œillets, du
jasmin… Tu es à poil et tu sens bon. Manifestement, on t’a récuré et parfumé. Popaul te gratifie d’une érection matinale du tonnerre
de Zeus ! Depuis le plafond, te parvient une musique de Count Basie. Sur une table, tu remarques une corbeille de fruits tropicaux
et quelques pâtisseries : des tourments d’amour, de la crème de gingembre. Une bouteille de champagne est dans la glace. Près
du lit, il y a aussi un baise-en-ville avec des préservatifs de toutes les couleurs, un tube de gel lubrifiant et des pilules.
Finit par venir une dame d’un certain âge. Tu reconnais la vieille friquée à la Jaguar, celle qui avait fait demi-tour sur le parking
adjacent au Blue Moon après que Whoopy eut reçu un appel téléphonique auquel elle avait répondu en bulgare. L’aïeule est en
robe de chambre, tu lui vois la naissance de ses gros nibards. Ils sont rayés de vergetures et lui claquent sur l’estomac quand elle
marche.


- Qu’est-ce qu’il m’arrive ? bégaies-tu.
- Whoopy t’a . Ensuite, on t’a transporté ici.
- Pourquoi ?
- Tu ne t’es pas vu, mon cher ? J’ai attentivement examiné tous les minets du Blue Moon. C’est toi qui…

Elle pointe ton bas-ventre. Tu bandes comme de l’acier ! Avec les testicules remontés à bloc ! On dirait un canon prêt à faire les
cent coups !

- Que voulez-vous au juste ?
- Toi !

Tu t’étrangles. L’ancêtre fronce les sourcils et rigole.

- Où suis-je ? Vous n’avez pas le droit ! Je veux partir ! t’écries-tu, affolé.

En même temps que tu t’insurges, tu sais bien que tes paroles sont inutiles. Tu as l’estomac qui se noue. De la bière te remonte à
la bouche. Tu as envie de vomir.

- Tu l’as baisée ? entends-tu.
- Qui ça ?
- Whoopy.
- Non, je vous jure…
- Dommage pour toi, t’as raté : c’est un sacré bon coup.

On dirait que la bonne femme te prend pour un malade. Elle sourit toujours, s’approche de toi. Merde : elle est plus âgée que ta
grand-mère ! Ton sang se coagule. Tu as la tête qui résonne de mille cloches, comme si ton ange-gardien allait te parler…


Penchés vers toi sur ton lit à l’hôpital, tu finis par distinguer une grosse infirmière, et ton copain. C’est le matin. On te dit que ce
n’est pas raisonnable de se goinfrer de médicaments ! Ton palpitant bat la chamade ! Sur la table de chevet, il y a un bouquet de
géranium et des bananes, avec une bouteille de Badoit et des petits Lu. La télévision diffuse du jazz.
Curieusement, tu as l’impression que les odeurs de Whoopy flottent autour de toi. Ton copain te dit qu’il vient de la ramener.

- Où ça ?
- Où on l’avait ramassée, sur la bretelle de l’autoroute.
- Alors, vous avez passé le restant de la nuit ensemble ? que tu lui fais, dépité.
- T’étais hors service, vieux frère. T’as tourné pâle. On a dû te transporter ici. Whoopy était si effrayée qu’elle en pissait sur elle. Y
fallait bien quelqu’un pour la regonfler, la frangine. Dommage pour toi, t’as raté : c’est un sacré bon coup !

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