Souvenir (Marquant) De Jeunesse Au Maroc.

Mon père exploitait une entreprise de plomberie du côté de Casablanca. Il employait une quinzaine d’ouvriers Marocains dont l’âge s’échelonnait de 18 à 60 ans. Durant les congés scolaires, j’étais presque tous les jours sur les chantiers où il m’arrivait de donner un coup de main en passant un outil ou en allant chercher des pièces manquantes…
Côté sexe, les Maghrébins sont très chauds compte tenu du nombre d’interdits et de frustrations qui verrouillent toute expression spontanée de leur libido en public. Mais sur un chantier, dans le milieu masculin fermé d’amis de travail, les discussions salaces allaient bon train. Il n’était question que de prouesses réelles ou supposées de telle ou telle « kharbouna » (salope) du coin. Et les discussions échauffaient les esprits et les corps, dans la surenchère permanente relatant les orgasmes extatiques de la femme du coiffeur, le vagin spasmodique de la postière ou le sexe de plomb de Djelloul, le sérial-baiseur de l’équipe.
Je m’étais lié d’amitié complice avec les plus jeunes des ouvriers, qui sous mes pressantes demandes me racontaient leurs fredaines au bordel du coin. Je commençais à être travaillé par la montée d’hormones et les pulsions d’une sexualité naissante. Entre 12h et 14h, au moment de la pause imposée par la chaleur accablante, tout le monde s’égayait aux alentours pour une sieste réparatrice. Je me retrouvais ainsi moi-même allongé sur les nattes d’alpha, disposées sous un figuier centenaire. Mouloud, Djamel ou Djelloul m’accompagnaient parfois dans ces trêves de la mi-journée. Le sommeil aidant, je me réveillais parfois couché sur le côté, en chien de fusil, imbriqué contre Djelloul dont je sentais au travers de mon short le sexe plaqué contre mes fesses. Depuis, j’ai compris qu’il ne rechignait pas à ce contact étroit, attendant même mon assoupissement pour se coller contre moi, cuisses remontées au dos des miennes. La mode alors n’était pas aux vêtements moulants.

C’était même le contraire ! Et sans rien oser dire, je sentais parfois dans une demi-torpeur, des doigts inquisiteurs, remontant par les larges emmanchures de mon short, malaxer sensuellement mon petit œillet. C’était vraiment très agréable. Avec beaucoup de précautions, majeur et annulaire joints farfouillaient en petits cercles réguliers les replis de mon intimité, sans jamais forcer ou brusquer leur virginal tranquillité. Il devait à l’évidence abondamment lubrifier de salive ses doigts qui glissaient lascivement au plus profond de ma raie. Petit à petit, mon relâchement devenait total, et malgré moi il m’arrivait de godiller du cul en laissant échapper des petits gémissements à peine perceptibles. Ce bien-être cotonneux, ouaté, me laissait pantois, à la merci de cette caresse qui devenait le centre émotionnel de mon être, le point de focalisation de tout l’univers. Mon souffle devenait court, j’haletais et je sentais le sang battre mes tempes. Mes joues rubicondes et mon regard brillant en disaient long sur mon état orgasmique. Ces séances duraient une bonne demi-heure et ont irrémédiablement imprégné ma sexualité pour le restant de mes jours.
Autant dire que ces « siestes » se sont petit à petit organisées implicitement, par volonté de discrétion vis à vis des autres mais aussi par plaisir réciproque. Djelloul avait ainsi aménagé à proximité, une aire exiguë au milieu de la végétation. Abrités des regards et un peu isolés, nous pouvions aller un peu plus loin dans l’hypocrisie de nos ébats. Jusqu’au jour où, ne feignant plus le sommeil, je me suis brusquement retourné les sourcils circonflexes. Djelloul avait défait sa ceinture et son pantalon était légèrement baissé. Mon regard fut attiré par son sexe plaqué jusqu’au nombril. Il m’a semblé gigantesque, incroyablement nervuré de grosses veines gonflées, prêtes à exploser. Un cep de vigne turgescent coiffé d’un casque digne de la guerre des étoiles. Un formidable choc émotionnel pour moi qui découvrait une réalité insoupçonnée.
Subrepticement Djelloul voulut se réajuster, mais ma main l’en empêchât, en saisissant son salami qui frémit sous l’étreinte. C’était chaud, dur comme du bois mais incroyablement velouté. Mes doigts, que je ne pouvais pas refermer, formaient au mieux de mes pressions un « C », qui parcourait le membre de haut en bas. J’étais hypnotisé par le côté irréel de ce que voyais, de ce que je touchais, palpais, soupesais, pressais….un tronc qui émergeait d’une végétation crépue, noire, tapissante. Après quelques caresses et avoir échangé des regards lourds d’interrogations, Djelloul se tourna, entreprit en va-et-vient rapides de se masturber jusqu’à éjaculation. Un râle me fit comprendre qu’il venait de se libérer d’une inextinguible pression.
Notre relation venait de changer irrémédiablement. Comment aurions-nous pu en rester là ? Il se passa quelques jours où seuls nos regards furtifs tentaient de percer les émotions de l’autre. Mais le souvenir, l’imagination et les fantasmes rongeaient nos freins respectifs. Lui, craignait que cela s’apprenne (ce qui lui aurait valu un licenciement sur le champ, des problèmes judiciaires et probablement de gros désagréments physiques). Moi, je craignais de commettre l’irréparable, peut-être de subir une blessure qui aurait révélé l’indignité, que sais-je encore…

Mais à la fin des congés scolaires d’été, au mois de septembre, je me suis retrouvé sur un chantier d’HLM en voie de finitions. Les corps de métiers en avaient fini au dernier étage, qui était désert. A la pause de midi, alors qu’un orage diluvien déversait des trombes d’eau, j’ai visité ces appartements pour fermer entre autres les éventuelles portes et fenêtres ouvertes. En me retournant dans le salon de l’un d’eux que je venais de vérifier, je vis Djelloul dans l’encoignure de la porte d’entrée. A son regard je compris qu’il venait pour répondre à l’appel de la forêt. Au mien il comprit la fièvre qui me consumait. Il ferma la porte sans bruit et s’avança vers moi, immobile, bras ballants.
Bien plus grand que moi, il entreprit de me déshabiller avec délicatesse en enlevant ma chemisette et en baissant mon short qu’un simple élastique retenait à la taille. Mon slip subit le même sort, et je foulais au pied ces oripeaux qui n’étaient plus de mise, pour me retrouver nu. De nouveau envahi par une extrême tension, des bouffées de chaleur, le tour des yeux enflammés, des pulsations incontrôlables aux tempes, je fus saisi de tressaillements et d’un irrésistible désir de contact charnel, de caresses, d’odeurs suaves…

Djelloul avait enlevé sa chemise. Je lui enlevais son pantalon et un slip bleu marine que tendait déjà son Priape en semi-érection. Dans la manœuvre, je me retrouvais face à son sexe que je pris les deux mains en berceau, pour le couvrir de baisers. En 10 secondes il prit toute son ampleur irréelle, et durcit au point de perdre toute souplesse sous la pression de mes doigts. Les mains de Djelloul parcouraient mon corps et s’attardaient délicieusement sur mes fesses en les pétrissant sensuellement. Tantôt elles effleuraient mon bouton, saisi de contractions spasmodiques, tantôt elles pianotaient le long de mes flancs couverts de chair de poule. Et puis la caresse se fit plus précise : après avoir craché copieusement dans ses doigts recroquevillés en cuillère, il écarta une fesse d’une main, et m’appliqua de l’autre son lubrifiant salivaire qu’il fit pénétrer d’un doigt dans mon sphincter à peine relâché. Il répéta efficacement l’opération plusieurs fois, et je dégoulinais de ces préparatifs attentionnés. Secrètement j’avais l’angoisse de ce qui allait arriver. Comment, mais comment allait-il pouvoir me pénétrer ? En avait-il seulement le projet ? La chose paraissait déraisonnable. Lentement, avec beaucoup de douceur, il entreprit de me dilater avec un, puis deux doigts qu’il maniait avec dextérité pour détendre le joint tout neuf, pas du tout programmé pour avaler son tuyau de pompier. Après avoir craché encore et encore, malaxé, étiré, massé, il me fit mettre à quatre pattes sur nos vêtements.
Il me demanda de m’écarter le plus possible et de me cambrer au plus que je pouvais. J’étais fébrile, de désir et d’angoisse. Il promena son gland énorme de haut en bas de ma raie, en s’attardant sur mon anus. Je perdais tout contrôle en sentant pousser délicatement son sexe sur mon œillet. Après avoir craché une fois de plus sur son sexe il me dit « ..allez on y va ma chérie… ». Il cala le bout de son gland contre le centre de mon sphincter abondamment lubrifié. Le désir de le recevoir avait aussi fait son œuvre et j’étais détendu. Il poussa un peu plus fort qu’à l’ordinaire et le gland ouvrit un peu le chemin. Mais pas sans douleur. Etrange sensation qui mêle jouissance et douleur. Mes gémissements le guidaient dans ses efforts. Il maintenait la pression de la hampe, et de ses mains il écartait sans relâche mes fesses, à droite, puis à gauche, en tirant sur le bord des lèvres qui enserraient le gland. De ses hanches, il impulsait à son sexe des mouvements latéraux qui participaient également à l’intromission. Sans brusquerie aucune, mon anneau cédait millimètre par millimètre à la manière dont le boa avale des proies énormes. Les émotions se pressaient à mon cerveau, multiples, diverses en intensité, avec la sensation d’une extrême tension qui s’applique aux abdominaux, et que traduit un halètement du même ordre que celui de la femme qui accouche. Le gland introduit, le reste bien lubrifié glissa moins douloureusement. Je me sentais plein de lui. Totalement rempli par cette chair turgescente qui commençait à remuer au plus profond de moi, éveillant une sensation inconnue de jouissance-douloureuse par le frottement du gland sur la prostate, le point « G » des hommes.

Djelloul devait être lui aussi au bord de l’apoplexie : avant de pouvoir complètement s’introduire (ce qu’il n’aurait pas pu faire de toutes les façons), il éjacula puissamment en laissant échapper un cri rauque que l’écho de la pièce vide amplifia. Vous me croirez ou pas, mais je jure avoir parfaitement senti dans le même temps deux jets chauds successifs de sperme crachés avec force, et la dilatation du sexe qui accompagne ce paroxysme. Nous sommes retombés l’un contre l’autre, pour rester prostrés un moment. Son sexe a débandé lentement, laissant un vide au sens propre comme au figuré. J’ai gardé durant une semaine la délicieuse sensation de ma dilatation, réveillée par chaque contraction volontaire.
J’ai repris le chemin de mes études. Et lors des vacances du 1er Novembre où j’avais l’espoir de revoir Djelloul, j’ai appris qu’il était parti pour la France. Je n’ai plus jamais eu de ses nouvelles…

Philippe S.

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