Découverte Surprise
Mon bureau est juste à côté de la machine à café et les cloisons sont plutôt minces, alors jentends bon gré mal gré beaucoup de conversations soi-disant privées. Je suis obligée de mettre mon casque et écouter de la musique si je ne veux pas que ma concentration souffre. En tant que responsable des stagiaires, il y a des choses que je préfère ne pas savoir. Je suis jeune pour avoir cette responsabilité, et je sais quil y en a qui estiment que, malgré mes qualifications et ma compétence, on ma engagée dabord parce que je suis une femme, et si cela ne suffit pas, parce queje suis plus basanée que la moyenne dans cette boite dont la maison-mère est outre-Atlantique.
Cela pour expliquer que je nai pas fait exprès découter mes trois zouaves actuels. Leurs causettes quotidiennes mont déjà appris bien plus que je nen avais besoin sur le Stade Rennais, mais en général, ils sont amusants. Ils sont jeunes, très jeunes même (dit-elle de la hauteur de ses vingt-cinq ans!). Quand ce nest pas le foot, ces garçons ont les hormones qui flambent à tout moment, et je suis consciente quils nont pas raté certaines de mes collègues qui sont, pour être brutalement honnête, belles au possible, bien-foutues à souhait et (sauf exception) gentilles à toute épreuve. (Et non, je ne suis pas jalouse). Si je nécoute pas, je les entends quand même.
- Tu ne la trouves pas jolie?
- Si. Elle a une belle tête. Mais elle est petite, un peu trop petite à mon goût.
- Mais tu sais, on trouve de bonnes choses dans de petits paquets.
Bon, déjà ça élimine deux des candidates que javais en tête, toutes deux font au moins un mètre soixante-dix.
- Et pour être emballée, elle lest! Mais on devine que ce quil y a dans ce paquet-là doit être de bonne qualité. Elle a une démarche de sportive, je trouve. On la verrait bien en bikini.
- Et ce beau sourire quand elle est contente! Ça réchauffe le cur!
- Et le regard assassin quand elle ne lest pas! Cest pas le cur qui serait engagé chez moi! Quel romantisme! Tu vas lui écrire des vers?
- Ta gueule! De toute façon, elle est trop vieille pour nous.
Je commence à me creuser la tête. La cheffe des ventes? Elle a la trentaine, mais elle shabille jeune, donc
- Peut-être. Je ne la jetterais pas hors du lit pour autant. Mais toi, on dirait le grand amour!
- Cest pas ça, mais je nai pas honte de le dire. Elle me plaît, la Hana.
Et merde! Ça suffit! Hana, cest moi! Que faire? Je pourrais sortir et les engueuler, et de bon droit
beau sourire, mes fesses! Ils nont pas à discuter des collègues comme de la chaire à déguster
surtout pas de moi! OK, à un mètre soixante je ne suis pas une géante mais quand même ! Malgré moi, un sourire me vient aux lèvres. Moi en bikini? Jai un maillot sérieux; je suis une nageuse, moi. Mes épaules le prouvent. Trois fois par semaine, une heure de piscine à alterner crawl et brasse (avec des intervalles de papillon si jai envie de me noyer un peu). Bon. Admettons-le, Hana, cest un peu flatteur dêtre appréciée à distance, et ces deux sont de beaux jeunes hommes. Je remets mon casque. Jai plein de trucs à finir avant de partir pour Londres demain.
La boîte est Américaine, les grands chefs aussi. Pour eux le français paraît impossible à articuler, même quand on en trouve un qui le comprenne. Il faut donc que nous on se dévoue et quon apprenne leur langue. Me voici, donc, le lendemain, à débarquer de lEurostar pour dix jours dEnglish conversation.
Trois jours plus tard, je suis fatiguée du cerveau. De langlais, de langlais et encore de langlais. Les autres sont des Suédoises, des Polonaises et des Slovaques, toutes avec un meilleur accent que moi. Je suis la seule francophone du lot. Je vais oublier ma langue maternelle si ça continue! Comme nous sommes toutes logées dans le même hôtel où se déroule le stage, ça continue même le soir. Heureusement, jai une chambre pour moi toute seule, il y en a plusieurs qui doivent partager.
- Bonjour. Je mappelle Anya. Voulez-vous parler français avec moi? Je suis Polonaise.
Ça sort en direct de Français pour débutants, première leçon. Celle qui ma arrêtée à la sortie du cours et me parle pourrait difficilement être autre chose que Polonaise. Grande, blonde aux yeux verts, solidement bâtie et avec une poitrine qui me rappelle, une fois de plus, le peu que jai dans ce domaine.
- Bien sûr !
Même si son accent en français est pire que le mien en anglais, une vague de soulagement inonde mon cur. On discute pendant des heures ce soir-là, Anya et moi, de nimporte quoi
mais en français! Elle est beaucoup moins nulle quelle ne croit. Le lendemain et le surlendemain pareil.
Anya connaît bien mieux que moi Londres pas trop dur, cest ma première visite et le week-end elle membarque faire un tour dans les boutiques de mode de Kings Road. Malgré sa carrure, elle essaie des petites robes et des jupettes à froufrous. Je fais un effort pour être sympa et, une fois ma longue jupe etcétéra enlevée, je suis ébahie de découvrir que le mini, ça me va bien. Il ny a pas que les vendeuses qui me le disent. Je suis capable de reconnaître un regard approbateur, et jen att plusieurs au vol. Un garçon qui accompagne sa copine se fait rondement sermonner pour mavoir regardée trop longuement et avec trop dintérêt. Pour moi, qui suis habillée pour passer inaperçue la plupart du temps, cest nouveau et flatteur et javoue que ça me plaît. Jachète, donc, cette minijupe classique en noir. Je me vois mal (cest à dire pas du tout) le porter au boulot. Au moins aurai-je un joli souvenir dun super après-midi passé avec une fille sympa. On samuse comme des folles, je nai jamais autant rigolé depuis des années.
Assises dans un bar bondé le soir, Anya continue à minterroger, sous prétexte dapprofondir ces connaissances de la langue.
- Tu as un copain? Un fiancé ?
- Non.
- Pourquoi pas? Tu dois plaire aux hommes. Tu es jolie.
- Tu trouves? Pas le temps. Boulot, natation, lecture, études pour avancer.
Anya est dune discrétion totalement absente.
- Alors, pour le sexe? Tu fais comment? Tu nas jamais
?
- Jai des doigts
et un petit jouet qui me fait du bien aussi.
Je suis étonnée de mentendre dire ça. Ça ne la regarde pas, mais elle est tellement franche, cette fille, que je me sentirais injuste de ne pas faire pareil. Cest libérant, je trouve.
- Moi, jaime les garçons surtout. Toi pas? Oh, excuse-moi! Tu es lesbienne peut-être ?
- Pas que je sache, non.
Là, je marrête brusquement. Anya le remarque.
- Ah? Tu ne peux pas me laisser en suspense! Raconte!
Et je ferme les yeux et je raconte
- Dans une famille comme la mienne, les garçons sont toujours suspects. Pas question de les fréquenter comme copain, encore moins comme petit ami. Jai de la chance. Je suis studieuse et je ny pense pas trop. Jai une amie, Farida. Elle, cest pareil. Elle est prof de maths maintenant. On senfermait dans sa chambre pour faire les devoirs ensemble. A deux, ça se faisait vite, alors après, on discutait, ou on mettait de la musique et on dansait. Puis un jour, il y a un slow, et elle me dit:
- Viens. On va faire comme si on était un couple. Toi, tu fais le garçon, parce que tu es plus grande que moi.
- Plus plate aussi, je réponds. Rida cest une Vénus de poche. On avait quinze ans toutes les deux, et elle faisait déjà femme. Donc on se met à danser ce slow. Elle se colle à moi. Je suis très consciente de ses seins, et que ses bouts de sein sont durs. Cest lété et on est en teeshirt. Moi je ne mets pas de soutien-gorge parce que je nai quasiment rien à mettre dedans. Elle a enlevé le sien, trop comprimant par cette chaleur, dit-elle.
- Si tu étais un garçon tu membrasserais, non? dit Rida.
Je suis gênée.
- Je ne sais pas embrasser comme ça.
- Justement. Moi non plus! Comment on fera quand un garçon voudra nous embrasser? Il faut nous entraîner !
Je regarde Anya.
- Et voilà comment ça a commencé. On sest cogné les dents, il ya eu des carambolages nasaux, elle ma fait de la lèvre et ainsi de suite, avant de trouver comment bien faire. Et une fois quon savait, on ne pouvait plus sarrêter. Jai dû fuire, cette première fois, toute haletante. Ça mavait complètement bouleversée. Le dimanche daprès, rebelote. Devoirs, danse, baisers. Cest ce jour-là où Farida a glissé sa main dans mon jogging. Jai failli crier.
- Quest-ce que tu fais?
- Je vérifie.
- Tu vérifies quoi?
- Si en vérité tu nes pas un garçon!
Nous sommes parties dans des éclats de rire. Puis tout à coup, Rida sarrête.
- Tu sais que tu es mouillée? dit-elle. Elle met sa main sous mon nez. Ça sent le sexe. Je me masturbe depuis des années, mais jamais je ne me suis retrouvée avec les doigts aussi dégoulinants que les siens à ce moment-là.
- Tu es folle! Je lui dis.
- Cest normal. Si un garçon membrassait aussi bien que toi, je serais mouillée aussi. Regarde!
Elle fourre sa main dans son pantalon de pyjama et la ressort toute aussi trempée. Elle rit et essuie sa main sur ma figure. Jai les joues barbouillées de ses jus.
- Laisse-moi voir comment tu es faite, dit-elle. Déjà elle est en train de défaire la corde de mon jogging. Deux secondes plus tard, je suis nue à partir de la taille. Elle dénoue la corde de son pantalon et il tombe autour de ses chevilles. On se regarde le minou
Anya tousse. Jouvre les yeux et je la retrouve avec sa jupe retroussée, en train de se frotter à travers son slip
- Excuse-moi. Tu racontes si bien, je my voyais, presque. Et en français cest encore plus sexy! Continue!
- Bof. Il ny a plus beaucoup à te dire. Cet été-là jai eu des leçons danatomie féminine comme on nen fait pas au lycée. Je lai examinée, elle ma examinée. Je lai fait jouir, elle ma fait jouir. Elle a voulu que je lui suce les tétons et je lai fait. Les miens sont très sensibles et elle ma fait jouir en jouant avec.
Anya brame et je comprends quelle vient de jouir, elle aussi. Elle va à la salle de bain et quand elle revient, elle me fait un bisou, sur les lèvres, mais pas appuyé.
- Merci davoir eu assez confiance en moi pour me parler de ça. En récompense, demain je tinvite à un petit restaurant que je connais. Tu veux?
- Pourquoi pas?
- Un restaurant français. Ça sappelle Le Chat Noir.
Je pouffe de rire.
- Pas la chatte noire? Jy serais chez moi!
Il a fallu que je lui explique ça. Elle va rentrer en Pologne avec des connaissances de français décidément pas scolaires
Elle frappe à ma porte à lheure convenue le lendemain soir. Lété Londonien bat son plein. Cest comme à Rennes pendant une canicule. Jai mis une de mes longues jupes habituelles et je vois la déception dans les yeux dAnya.
- Tu ne mets pas ta nouvelle jupe?
- Je nai rien pour mettre avec.
- Laisse-moi voir ça
ok, jai une idée. Va mettre ta jupe!
Je décide de la laisser faire. Après tout, cest moi son invitée. La jupe marrive à mi-cuisse et me parait beaucoup plus courte que dans la boutique. Je remets mes sandales et je ressors de la salle de bain en jupe et soutif.
- Quelle horreur ce soutien gorge! Anya explose.
Je me regarde dans la glace, ce dont je nai pas souvent lhabitude quand je ne suis pas habillée. Il est vrai que le soutif ne me flatte pas. Logique, quand il na rien à soutenir! Ma poitrine na pas grossi depuis lâge de treize ans, et pour être plate, je suis plate.
- Enlève-moi ce truc horrible!
Cest bizarre, mais je nhésite pas de le faire. Je commence à comprendre quAnya est une force de la nature. Pour la première fois depuis ces dimanches chez Farida, je suis torse nue devant une autre personne qui nest pas ma toubib. Pendant que je mettais ma jupe, Anya sest permise de fouiller dans mes fringues et a sorti un chemisier blanc.
-Mets ça
Non, ne le ferme pas!
Elle prend les deux pans du chemisier et le noue sous mes côtes.
« Voilà! Regarde-toi!
La fille dans la glace est fine. Elle fait bien plus jeune que moi. Ses cheveux noirs ondulés tombent sur ses épaules. Son estomac, exposé entre chemisier et jupe, est plat. La jupe a dû encore rétrécir, vu la longueur de cuisses quelle révèle. Je ne la connais pas, cette fille. Je ne me reconnais pas. Ma combinaison de natation me couvre davantage. Si je suis consciente que je ne suis quand même pas nue, cest presque comme si je létais.
- Je ne peux pas sortir comme ça!
- Si tu peux! Tu es super! Tu vas faire des ravages!
- Je croyais que tu minvitais à dîner, pas pour une orgie!
Elle éclate de rire, et je ne peux mempêcher de la rejoindre. Ça me calme les soucis. Être cette fille qui est dans le miroir, ne serait-ce que pour ce soir, ça me tente. Anonyme et sans besoin de me comporter avec cette distanciation professionnelle qui me demande tellement deffort au boulot, je découvrirai peut-être quelque chose dinattendue de moi-même. Je prends mon portefeuille et le fourre dans mon sac.
- Tu as gagné! On y va avant que mon courage ne se dissipe?
Je la suis jusquau métro. Lescalier roulant qui nous conduit dans lUnderground est long, et je sais que le monsieur quelques marches plus bas doit avoir une vue de moi qui est plutôt révélatrice, surtout quand larrivée dun train fait voler ma jupe. Heureusement que jai une culotte qui me couvre bien. Le petit incident fait rire Anya. Je sens que ça la divertit de me voir décontenancée.
« Le Chat Noir » est le simulacre dun bistro à la Parisienne, tel que les Anglais les conçoivent. Nappes en ciré à carreaux, avec une nappe en papier dessus, les plats écrits sur le miroir derrière le bar. Cest sympa comme atmosphère, un public étudiant en grande partie. On a une table réservée dans un coin, doù je pourrai observer les gens. Ma jupe, que jai cru être à la limite de la décence, est plutôt conservatrice parmi ces filles.
Le service est assuré par un jeune homme que je qualifierais de flamboyant, avec son vernis à ongles rouge et ses yeux maquillés , et par une fille brune, qui porte une jupette noire comme la mienne, et un chemisier blanc, noué comme le mien!
- Attention! Tu vas te faire commander des bières, rigole Anya. Elle te ressemble, tu ne trouves pas?
- Si. Mais elle a plus de poitrine que moi, la chanceuse!
En effet, quand elle se penche pour déposer les verres que nous avons commandées, on a une vue sur de beaux seins fermes, à peine contrôlés par son soutif balconnet. Ce petit(!) détail à part, et son teint qui est plus clair que le mien, on pourrait être des surs. Elle a un regard qui me fait des choses. Anya lui dit quelque chose que je ne comprends pas, et la fille répond avec un flot de ce que je suppose être du polonais. Elle menvoie un clin dil, ren par un sourire éclatant qui me transperce jusque dans les entrailles et qui la rend encore plus belle, avant de partir vers une autre table.
- Quest-ce que tu lui as raconté, Anya?
- Oh, rien. Je lui ai juste dit que tu la trouvais très sexy.
- Tu es folle! Je tai dit que je ne suis pas comme ça !
- Moi je la trouve sexy, donc logiquement, toi aussi, non? Imagine comment ce serait de caresser ses jolis seins? Ça te fait des choses, non?
Malgre moi, le souvenir de la poitrine superbe de Farida me surgit dans la tête. Cette peau douce et chaude, le poids de ces seins lourds que jai soupesés avant de baisser ma bouche sur un téton dur. Serais-je capable den faire autant avec cette fille? Je refuse de me mentir. Jy prendrais un plaisir exquis. Je suis consciente que je rougis.
- Coucou? Tu reviens, Hana?
- Excuse-moi. Allez, on commande!
Si le décor est factice, la cuisine ne lest pas. Le garçon nous sert des plats délicieux quon accompagne dun vin blanc de meilleur qualité que je naurais soupçonné. Je nen pas, mais sachant que je naurai pas à conduire, je me permets quelques verres supplémentaires. Notre conversation revient vers des sujets moins troublants et on samuse très bien.
Vient le moment de payer. Jinsiste pour prendre le vin à ma charge. Anya appelle la serveuse, lavantage davoir une langue en commun. Elle arrive une minute plus tard, un bic à la main. Elle se penche de nouveau sur notre table et fait laddition sur la nappe en papier. On se serait crues dans un film de Gabin! Son chemisier bâille et jai cette belle poitrine presque nue à une vingtaine de centimètres de mes yeux. Je fais de mon mieux pour ne pas avoir trop lair de bigler, mais javoue que ces seins mattirent, beaucoup, même. Pourtant, cette sensation nest que la partie physique de ce qui fait battre si fort mon cur. Je ressens une attraction que je narrive pas à mexpliquer, moi qui mexplique tout. Une copine bien plus avertie que moi mavait une fois dit que ça commence par le coup de foudre et ça se termine avec un goût de foutre. Mais là, devant cette jeune femme, javoue que je suis perdue. Pendant ce temps, ça cause polonais, et les deux rient comme des dingues. Ça commence à suffire.
- Alors? Je peux savoir de quoi il sagit? dis-je quand la fille est partie,
- Je lui disais que si elle a envie de te contacter, elle na quà appeler notre hôtel. Elle a dit quelle y pensera. Je suis sûre que tu lui plais.
- Écoute, Anya. La blague a assez duré. Tu présumes trop.
Mon ton lui dit quelle est allée trop loin. Elle sexcuse et on rentre, sans, il faut dire, beaucoup parler. Devant ma porte, je lui dis bonne nuit et et je rentre. Tout à coup ma tenue me dérange. Jai vingt-cinq ans et je naccepte pas quon me traite en gamine bête.
Le lendemain matin de bonne heure, je suis sure que cest elle qui frappe à ma porte. Je mets la tête sous loreiller et je me rendors.
Dans la salle de conférence quelques heures plus tard, je me suis assez calmée pour la chercher et mettre les événements de la soirée à leur place.
- Quelquun a vu Anya?
Personne, il paraît. A la pause, je vais dabord à sa chambre que je trouve ouverte avec les femmes de ménage qui changent le lit. Je cours au bureau, parce que ça commence à minquiéter. Là, japprends quelle a dû partir, une urgence dans sa famille. Jarrive à retenir les larmes jusquà ce que jarrive dans ma chambre, mais une fois la porte fermée, je me balance sur le lit et je pleure come une Madeleine. Quelle sotte! Je me traite de tous les noms. Le téléphone sonne à côté de mon lit. Je saute dessus. Ça ne peut être quelle!
- Hello, dit une voix qui nest pas la sienne. Ecroulement mental chez Hana.
- Hello. Who is this?
Elle me parle et je ny comprends rien. Puis je reconnais un prénom, Anya. Linconnue répète ce quelle a dit, en parlant plus lentement et je réalise que cest du français, mais quelle doit le lire sans bien comprendre.
- Tell me in English, je lui dis.
Elle explique. Cest la serveuse de la veille, à qui Anya avait promis de rendre un service, quelle ne pourra pas accomplir à cause de son départ précipité. Est-ce que je serais prête à rencontrer Ewa, cest son prénom, pour en parler? Je suis confuse. Pourquoi moi? Je dis quand même oui, et on se fixe rendez-vous dans un café pas loin de lhôtel. Heureusement, parce que jaurais été incapable de retrouver le bistro. Je fais bleu du stage et jy vais.
A la lumière du jour Ewa est encore plus belle, en jeans et teeshirt. Je me rends compte quAnya a dû réveiller quelque chose en moi que je ne reconnaissais pas moi-même. Jai une envie folle de la prendre cette fille dans mes bras. Ewa ne dit rien des commentaires dAnya, mais mexplique la situation. Elle a été engagée comme serveuse pour un dîner de patrons duvres caritatives, samedi soir. On lui fournira une tenue « spéciale », cest à dire sexy. Il y a dautres trucs dont elle préfère ne pas parler. Je devine que le sexe y joue un rôle. Elle ne peut que difficilement refuser, ses finances ne le permettent pas. Elle a tout juste vingt ans, est seule à Londres et la fille avec qui elle partage sa piaule est partie. Anya avait promis de laccompagner.
Je suis une personne serviable et jaurais accepter de toute façon. Mais si, comme je commence à accepter, jai un côté qui est sérieusement attiré par les femmes, autant vérifier ou pas - cela loin de ma vie quotidienne. Ewa est belle. Je dis oui.
Samedi soir, donc, jarrive à la maison où Ewa a une chambre. Je suis habillée de façon très conservatrice, avec les cheveux couverts. Elle est choquée, cest évident. Elle ma vue habillée comme tout le monde, au restaurant. Elle me fait entrer en sexcusant du bordel. Un taxi vient nous chercher, ce qui me surprend. Quest-ce que cest que cette soirée? Il y a du louche dans lair, on dirait. Sitôt montées, une femme qui nous attend nous bande les yeux. Je commence à rouspeter, mais Ewa me ferme les lèvres avec les siennes. Cest la première femme depuis Farida quon membrasse comme ça et je cède à la tentation et au plaisir de lui rendre ce baiser. Embrasser quand on ne voit rien de celle quon embrasse me donne les papillons dans le ventre. Le taxi roule.
Le baiser dure et dure. Je crève denvie de lever mes mains vers ces seins que je ne vois que dans mon imagination, mais je me sens le devoir de résister. Après tout, je suis ici en chaperone
et fringuée pour! Cette pensée me fait sourire.
Le taxi sarrête et on nous guide pour en sortir. Quelques pas plus loin, je sens quon entre dans un bâtiment. Une main cherche la mienne et je la serre.
- Je suis avec toi, Ewa. Je te protégerai.
Mais de qui? Mais de quoi? La situation est mystérieuse, mais jusquà présent pas menaçante . On monte un escalier interminable et on nous enlève le bandeau des yeux. La pièce est petite, à peine plus grande quune armoire. Des costumes sont accrochées devant nous.
- Il faut shabiller, dit Ewa. Cest la troisième fois que je fais ceci. Ça me fait toujours un peu peur, mais ça paie trop bien. Tu thabilles comme moi? Anya a voulu le faire mais elle était trop
solide. Sil te plaît? Tu le fais pour moi?
Je fonds. Se déshabiller à deux dans une espèce de cagibi relève de lexploit, et même si jessaie déviter trop de contact avec la peau douce dEwa, cest impossible. On se frotte lune à lautre et javoue que ça mexcite. Daprès sa respiration, Ewa aussi ressent la sexualité de nos touchers, qui sont involontaires
de ma part au moins.
Le costume cest un bustier qui est très serré pour elle, parce que moulant pour moi, et une jupe micro-mini que me cache tout juste les fesses. Ewa porte un string, donc les siennes sont nues. Elles sont belles. Avec ma culotte grand-mère, je me sens bizarrement confuse. Ça fait deux fois de suite que je montre plus de peau nue que depuis que jétais petite fille. A laise, ce nest pas le mot. La porte souvre.
- Toi, au bar, me dit la femme du taxi. Et toi au service, dit-elle à Ewa.
La salle a une quinzaine de tables, toutes occupées. Soirée smoking et longue robe plus bijoux, on dirait. Deux autres jeunes femmes, habillées comme nous, apportent des plateaux de verres aux convives. Ewa fait de même. Comme on ne ma pas donné de rôle précis, je minstalle sur un tabouret devant le bar et jobserve. A part la tenue des serveuses, je ne vois rien qui paraisse (trop) bizarre. Une murmure de conversation flotte au dessus des tables, et le parfum dune cuisine raffinée règne.
Vingt minutes plus tard, je commence à mennuyer. Je suis sur le point de le dire à Ewa, quand je vois la femme du taxi qui lui parle. Ewa la suit vers une autre porte, en me lançant des appels muets pour que je la suive, ce que je fais.
Je réussis à me glisser entre la porte qui se ferme et son cadre. Ewa est là, devant la femme, qui lui explique quelque chose dun ton sérieux. Je mapproche et jécoute.
- Quand tu es venue les autres fois, tu nas servi que dans la grande salle, dit-elle. Ce soir tu as été choisie pour le salon privé. On ta expliqué comment cela se passe, je crois, et pourquoi cest très bien rémunéré. On te préparera dans un moment.
Elle levé les yeux sur moi.
- Que faites-vous ici? Retournez dans la grande salle. Ce qui se passe ici ne vous regarde pas!
- Sil vous plaît, Madame, supplie Ewa. Laissez la rester, je vous prie.
- Hum. Elle reste, mais à une condition. Quelle porte la même tenue que toi.
- Daccord.
- Non! Il ne faut pas
tu ne sais pas
dit Ewa.
- Trop tard. Ewa, jai donné ma parole.
- Bon, dit la femme, montre lui comment elle sera, Ewa.
Toute rouge, Ewa commence à se défaire de sa jupe. Merde! Dans quoi me suis-je balancée? Ouf! Jen ai la tête qui tourne! Mais la solidarité lemporte et sil faut que jenlève ma petite jupe, allons-y gaiement. Je leur tourne le dos pour men débarrasser et quand je leur fais de nouveau face, il est de toute évidence quEwa a enlevé son string aussi! Je suis écartelée entre le désir dexaminer de près ce joli minou avec ses boucles noirs, et la réalisation que je vais devoir faire pareil! Toi et ta grande gueule, Hana! Rien à faire. Allez, hop! Je baisse ma culotte. Ewa regarde ma toison avec autant dintérêt que jai offert au sien, il me semble. Jai un pouls qui bat vite et fort dans ma vulve. Ewa ressent-elle la même chose? Je sais maintenant que jaimerais beaucoup que ce soit le cas. Jai envie delle, envie de lembrasser, de la caresser, de la faire jouir sous mes doigts
sous ma langue même! Ça cest une chose que Farida et moi navons jamais fait. Je suis toujours en train de mimaginer ça quand une autre femme entre, qui porte un bassin deau chaude. On va devoir se laver? Cul nu mais hygiéniques. Oh, là là !
Ewa sassoit sur un tabouret. Tout dun coup, cest des ciseaux que la nouvelle a à la main. Elle réduit les poils dEwa a un minimum , puis savonne et rase intégralement ce qui reste. Quelle fente mignonne! Jen ai leau à la bouche. Et cest mon tour
Cinq minutes plus tard, nues comme des vers, on nous pousse dans une petite salle où il y a cinq tables de quatre personnes. Une majorité dhommes, mais des femmes aussi. Que devons nous faire?
Ewa me prend par la main. Dans lautre elle porte un seau en argent. Nous nous approchons dune table, lun des convives donne un chèque à Ewa. Elle lit le montant à haute voix, des centaines de livres sterling. Avec lassurance dun homme qui a acheté un bien, lhomme lui caresse le sexe pendant une minute. Ewa se tortille, il doit lexciter, quelle le veuille ou non.
- Stop! La femme qui nous a rasées déclare.
Lhomme sarrête, sessuie les doigts et retourne à sa conversation comme si il ne sétait rien passé dextraordinaire. Ewa lit le deuxième chèque important. Même mise en scène, chèque, annonce du montant, des doigts qui fouillent dans le sexe dEwa. Sa main dans la mienne tremble. Elle est près de lorgasme.
- Stop!
La démarche de ma pauvre Ewa (ma?) est moins sûre, maintenant. On passe à la deuxième table. Un chèque, un montant annoncé, mais cette fois-ci cest une femme, et elle a un air mesquin. Je sens quEwa a peur. La femme tend vers le sexe offert, non pas un doigt, mais le bout pointu dun couteau à steak! Ewa ne respire plus, pendant que cette lame trace les contours de ses lèvres extérieures, puis intérieures. Le moindre mouvement risque de la blesser. La femme écarte les muqueuses et expose le clitoris.
- Et
toc, annonce-t-elle, du ton triomphal. De lextrême bout du couteau, elle donne un tout petit coup sur le bout de ce clitoris en érection. Ewa seffondre dans me bras, détruite par un orgasme monstre.
- Tu nous déçois, Ewa, dit la dirigeante. Deux tables seulement. Tu nous avais dit que tu saurais te retenir. Tu nauras que la moitié de ton paiement
à moins que ton amie ne veuille se se dévouer?
Qui ça? Moi? Me laisser tripoter par des inconnus? Je veux bien faire ma contribution aux bonnes oeuvres, mais
Jouvre la bouche pour donner mon refus sans équivoque
et je la referme si vite que jen ai les dents qui claquent. Pauvre Ewa, qui aura fait tout ça pour nêtre payée quà moitié? Alors que moi, quest-ce que ça me coûte, si je le fais pour elle? Un peu dinconfort, cest tout. Pas de raison de me sentir humiliée si je le fais volontairement. Bon. Je les emmerde. Et moi, je sais mempêcher de jouir, cest un jeu que je moffre assez souvent, toute seule chez moi. Je prends charge du seau et javance vers la troisième table.
- Merci. Oh, mille fois merci, me souffle Ewa. Tu es sûre ?
- Oui. Plus que sûre.
Je ressens un plaisir pervers à tendre ma vulve vers des gens qui me caressent, tantôt avec expertise, tantot pas, tantôt dans le but de me faire plaisir, et ceux-et celles-là, je les remercie dun sourire. Dautres essaient de me faire mal, mais jamais autant que quand je me brutalise chez moi, les jours où je ne maime pas. Je termine les tables sans jouir et une idée me vient en tête.
- Encore un don et je me fais jouir pour vous.
Pas de problème. Si ces patrons sont un peu tordus, leur générosité ne fait pas défaut. Je minstalle sur une table et je commence. Nouvelle découverte; ça me plaît de mexhiber pendant que je me masturbe. Tant de choses auxquelles penser plus tard. Mon clitoris a durci et je joue de la guitare dessus. Il y a un orgasme qui se construit dans mes tripes, mais je peux tenir encore un bout de temps, sauf que
.
Jai les yeux fermés depuis un moment et quand je ressens des lèvres douces qui embrassent ma vulve, ça me fait comme un choc électrique. Je regarde et cest Ewa qui prodigue des baisers sur les lèvres enflammées de mon sexe. Elle voit que je la regarde et arrête, le temps de moffrir un sourire où se mélangent désir, gratitude et tendresse. Quand elle se remet à membrasser, je jouis sur le coup, de tout mon corps, qui subit des contractions répétées et tsunamiques. A travers la vague dextase, jentends des applaudissements. Ils sont fous, ces Anglais.
Le reste de la soirée passe en flèche. Ewa et moi nous rhabillons, le taxi nous ramène
mais à mon hôtel. Un billet de dix livres rend le jeune homme à la réception momentanément aveugle. On monte et on se tombe dessus. Je découvre les délices davoir sous ma langue un minou non seulement enflé par le désir, mais comme cerise sur le gâteau, il est lisse et glabre et dune douceur indicible. Moi, jai lhabitude dun seul orgasme qui me détruit. Ewa, cest toute une série de secousses. Aussi ridicule que cela puisse paraître, jai limage des pavés de Paris-Roubaix qui me saute à lesprit. Le fou rire que cela provoque, et linterlude pendant que jessaie de lexpliquer en anglais, fait que quand je reprends mes caresses, elle est prête à recommencer à zéro. Moi je suis partante et on remet ça. Quand ces doigts glissent dans ma fente lubrifiée, ce nest plus lexpérience scientifique, quoique fort agréable, que jai connue avec Farida. Cette fois-ci, cest Ewa, mon amour, qui me demande si elle peut me faire attendre, pour que lextase monte plus lentement et plus haut, avant de déclencher un orgasme foudroyant avec sa langue. Jai tout juste réussi à men remettre quand ma tourmenteuse se met à me sucer les tétons. Ça prend un temps interminable et lattente devient une supplice à peine supportable, mais finalement je me noie dans un deuxième orgasme. Quand elle me réveille le matin, les boursouflures de nos baisers sur les lèvres, les miennes comme les siennes, témoignent de la passion de la nuit. Il en est de même pour ma vulve, qui est toujours rouge et enflée. Quand je la lui fais remarquer, le baiser quelle dépose dessus manque de justesse de nous faire retourner au lit. Son sexe à elle est dans un état tout aussi fragile. Une journée sans culotte sexige, de part et dautre . Ça aussi, ça nous fait rire, Ewa et moi. Sans maquillage et les cheveux en nid doiseau, elle est encore plus délicieuse. I am in love.
Jai tout de même un cours de dialogue, alors il faut que je quitte Ewa devant lhôtel, sous les regards curieux de deux autres stagiaires. On promet de se revoir au cours de laprès-midi. A la pause je passe dans lentrée de lhôtel quand on mappelle. Jai du courrier. Je ne reconnais pas lécriture et le timbre est anglais. Jouvre lenveloppe.
Chère Hana
Je suis navrée davoir dû partir avant de pouvoir te présenter mes excuses pour ma bêtise. Je te demande pardon. Je te dois une explication, mais dabord, il faut que tu saches quEwa est ma cousine. Cest une fille intelligente et gentille, qui sort dune situation familiale très difficile. Dans cette branche-là, il y a beaucoup de violences physiques, et Ewa a souffert des suites de cela et a eu une adolescence hyper-compliquée. Elle faisait de fugues, et quand on la ramenai, elle se faisait tabasser par son père et par ses frères.
Quand jai su quelle avait réussi à séchapper et quelle avait atterri à Londres, je me suis dépêchée de la contacter. Quand ce stage ma permise de la rencontrer, jai été très soulagée. Cest une existence plutôt précaire quelle mène, mais cest déjà nettement mieux que ce quelle a quitté.
Hana, tu sais quà première vue tu peux faire peur? Habillée comme tu étais, jai hésité de taborder parce que ton air (apparemment) hautain mintimidait. Javais envie de connaître lunique Française du stage pour essayer de pratiquer et parler un peu. Ce nest quaprès tavoir observée, ta gentillesse, ton attitude toujours au service des autres et ton intelligence que jai osé te demander si on pouvait parler ensemble. Puis, jadmets que jai un côté bisexuel, et jolie comme tu es, tu mattirais. Lorsque je tai vue en minijupe quand nous sommes parties pour le restaurant, je te jure que tu étais une autre personne, tout en étant la même. Tous les atouts que je te connaissais déjà, mais multipliés par dix par les appâts physiques que je navais que devinés jusque là! Tu as tort de priver le monde du bonheur dadmirer ton corps, Hana!
Je ne comprends pas moi-même ce qui ma fait deviner que toi et Ewa vous étiez faites lune pour lautre. Au restaurant, le courant entre vous deux passait si fort que je me suis emportée pour vous mettre ensemble. Je men excuse.
Et voilà maintenant que je suis à laéroport à attendre mon avion et tristement sans savoir si vous vous êtes trouvées. Jai laissé à Ewa un message en français à te lire si elle osait. Cette histoire de dîner hors normes ma troublée quand je lai accompagnée la première fois et jai vu comment les serveuses devaient être habillées. Quand lune delles est partie vers le « salon privé », je savais quil y avait des risques pour Ewa si elle était choisie. Jespère de tout mon cur que tu las accompagnée. Aime-la, Hana. Vous vous méritez. Jy crois dur comme du fer. Je crois en toi, Hana.
Je serai on ne peut plus heureuse de te retrouver, si tu veux bien, et si Ewa est à tes côtés, ça me comblera de bonheur.
Je tembrasse, pas comme jespère que tu auras embrassé ma cousine favorite, mais en amie sincère, fidèle et reconnaissante,
PS Je suis plus forte à lécrit quen oral, tu as remarqué? Merci pour les cours de conversation!
Anya.
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