Vacances Sans Frontières - 26 Stratégie

Au cours de leurs expériences professionnelles passées, Patricia et Joshua avait eu pu acquérir de nombreuses compétences, tant techniques que personnelles. Du fait de leurs formations respectives, ils avaient bien évidemment pu développer ce qu'ils considéraient comme des talents particuliers.
Pat avait ainsi développé un sixième lorsqu'il s'agissait de deviner où et comment trouver des informations ou pister des individus sur ce qu'elle considérait comme une gigantesque et multidimensionnelle toile numérique. Au cours de toutes ces années à errer, chercher, remonter les pistes sur les réseaux, elle avait désormais acquis la capacité à se repèrer de manière quasi-instinctive sur n'importe quel réseau, avec la même facilité qu'un architecte qui découvrirait des édifices dont les structures lui sembleraient chaque fois semblables. Trouver des informations bien cachées et effec des recoupements était devenu pour elle une seconde nature.
Quant à Josh, les années passées à étudier et se confronter au comportement humain avait également fait naitre en lui un talent particulier : une forme extrême et spécialisée d'empathie. A force de s'intéresser aux pires dévoiements de l'esprit et de se confronter aux comportements parfois les plus bas et les plus mesquins, il avait acquis une connaissance et un instinct presque animal lorsqu'il s'agissait d'explorer la nature de certains individus. Cela lui était grandement utile dans son métier où il était souvent amené à deviner les raisonnements et sentiments qui avaient guidé les actes et les choix de ceux qu'il traquait. En réalité, Josh avait une telle connaissance, une telle compréhension des autres qu'il lui semblait parfois qu'il pouvait se perdre en eux, ressentant leurs désirs, leurs besoins, leurs pulsions et devinant, au moins en partie, leurs prochaines actions, comme un joueur d'échec parvient à analyser le jeu de son adversaire pour prévoir les prochains mouvements de ses pièces.

Ces deux qualités conjointes et complémentaires avaient ainsi provoqué chez l'un comme chez l'autre la même réaction une fois achevé le visionnage de la seconde vidéo.
Cet homme que la jeune femme asiatique avait appelé Christian s'était littéralement plongé dans un accès de violence totalement libérée et en avait savamment préparé le déroulement. Il semblait évident pour tous les deux qu'il nourrissait une sérieuse rancœur contre la femme de la vidéo et, d'une manière qui échappait encore au duo de détective pour le moment, à l'égard de Sabrina. Car Joshua avait la conviction que c'était elle que le dénommé Christian avait désigné en parlant de "compagnie".
Un tel acharnement, un plan si méticuleusement envisagé rendait à leur yeux la situation plus inquiétante, ou en tout cas plus urgente, qu'ils ne l'avaient tous deux imaginé.
En effet, Joshua comme Patricia avaient tous deux misé sur la satisfaction temporaire de celui qu'ils désignaient comme étant le commanditaire pour avoir le temps de préparer leur contre-attaque tout en réunissant un maximum d'informations à son sujet. Les programmes implantés par Patricia les mèneraient sans aucun doute à obtenir son identité, ne serait-ce qu'en utilisant son adresse IP et en obtenant sa localisation. Une série de recoupements via les différents contacts de K. serait à ce titre largement suffisante afin de pouvoir préparer un angle d'attaque en utilisant, comme c'était souvent de cas dans ce genre de situation, les menaces de retombées judiciaires. Généralement, les harceleurs laissaient rapidement tomber leurs actions une fois pris la main dans le sac.
Mais cette vidéo et les violences dont elle avait permis d'être témoin aggravaient radicalement la situation. Il était clairement exclu désormais de tenter de gagner du temps. Il allait falloir agir aussi rapidement que possible afin non seulement d'identifier et le loger rapidement l'intéressé afin de parvenir à protéger leur cliente et désormais de secourir la jeune femme qu'il détenait captive. Tous deux allaient devoir utiliser leurs anciens contacts professionnels, non plus pour de simples services mais également pour une intervention rapide.
Patricia et Joshua avaient suffisamment d'expérience dans ce domaine pour savoir ce qui devait être leur priorité.
- Bon, mon chéri je crois qu'on ne va pas se coucher tout de suite. Je vais devoir attendre quelques heures le temps que le programme fasse son travail. Je serai informée dès qu'il aura fini de cracker tous les fichiers de l'ordinateur de ce Christian. Mais en attendant je peux toujours essayer de fouiner sur l'ordinateur de David, histoire de voir de quelle manière ces deux-là ont pu entrer en contact l'un avec l'autre.
- D'accords, répondit Joshua, qui avait encore l'air de réfléchir à toute vitesse. Dans ce cas je vais te donner un coup de main. De toute façon il est trop tard maintenant pour appeler Pascal, Nico et Sylvain. On va fouiller un peu les divers échanges. Tu me dis ce que tu veux que j'inspecte et je m'en charge. Ensuite on prendra un peu de repos. Ensuite, dès demain on les contactera et on se fera un briefing rapide avec eux. Je …. Je pense que ça nous aidera.
- Intuition ? Demanda Patricia en souriant.
- Intuition.
- Ok… Bon au boulot. Essaie de faire une recherche par mot clé en prenant tous les contacts de ses messageries classiques en partant du mot "Christian" et de ses diminutifs divers. Essaie aussi les combinaisons avec la jeune femme, "Yun". S'ils ont été ensemble il est possible que K. l'ait aussi aidé pour ça et donc qu'il la connaisse un minimum. Ça vaut le coup d'essayer. Moi je vais faire la même recherche sur le darknet, suivant le forum et les forums du même genre.
- Ça marche.
Tous deux se mirent au travail, épluchant méticuleusement les différents dialogues. Si une personne avait pu observer la pièce, elle n'aurait pu voir que deux silhouettes, penchées sur leur écran, observant méticuleusement chaque page défilant sur leurs écrans respectifs inspectant les dizaines de mots en surbrillance qui se succédaient sous leurs yeux.
Vers deux heures du matin, tous deux finirent par déserter leurs écrans respectifs et allèrent se coucher, Patricia se blottissant contre Joshua à qui elle tournait le dos tandis que son compagnon l'enlaçait tendrement. Ils avaient tous deux besoin de reposer leurs yeux, tout en gardant en tête les informations accumulées dans l'espoir qu'un recoupement se produise une fois leur esprit au repos.
Après une nuit de sommeil, seulement interrompu par le bref signal sonore indiquant que l'ordinateur de Patricia avait achevé de récupérer les informations prélevées par les programmes qu'elle avait transmis à celui de leur cible, Joshua fut sorti du sommeil par la sensation de vide à côté de lui.
- Pat ? Ma puce ? Tu es déjà levée ?
- Evidemment. Je n'arrivais plus à dormir. Mais tu peux continuer. Je crois qu'on touche au but. Je lance juste quelques recherches et quelques programmes de recoupement mais je suis à peu près certaine qu'il n'y en a plus que pour peu de temps. Juste assez pour trouver l'information qui nous manque. On est passé à côté d'un truc cette nuit, j'en mettrai ma …… Bingo !!!
- Quoi ? Qu'est-ce que tu as trouvé ? Demanda Joshua en se levant précipitamment, enfilant un caleçon avant de la rejoindre, regardant l'écran par-dessus l'épaule de sa compagne.
- Le lien !! C'était ça !!! C'est comme ça qu'il est entré en contact et …. T'as vu ?
- Bon. Assez joué, dit Joshua froidement, son regard déterminé tranchant avec la réelle surprise qui s'affichait dans le regard de Patricia. Appelle Nico. Qu'il prévienne les autres. On les voit en début d'après-midi. Ça nous laisse deux heures et demi pour faire le point et assembler toutes les pièces du puzzle et on prépare notre exposé. Et on prépare les solutions.
- Oui, il n'y a plus de temps à perdre.

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Une nouvelle journée qui commençait, une nouvelle journée où il endossait ce qu'il appelait son "costume professionnel". Un costume non pas fait d'étoffes comme cela avait été le cas au début de sa carrière, mais fait de postures, de réflexes professionnels, de procédures. Un costume comportemental. C'était sa manière à lui de gérer le stress, la fatigue et bien entendu le risque de sa fonction. Un costume qu'il endossait à la seconde où il passait le porche menant au parking de son lieu de travail.
Yvan avait adopté son rituel depuis longtemps. Il avait toujours su cloisonner sa vie, mettre une séparation entre les éléments privés de sa vie et les éléments professionnels. Les seules exceptions à cette règle étaient généralement incarnées par ceux de ces anciens collègues qui avaient eu la chance de pouvoir raccrocher les gants sans être trop abimés par ce qu'ils avaient affronté toute leur carrière pour pouvoir trouver de réel réconfort dans le havre de paix d'une retraite méritée. Dans quelques rares cas il y avait quelques anciens collègues ayant volontairement abandonné la fonction de façon anticipée. Parfois trop effrayés par les risques, usés par les interventions, l'inimitié du public, l'ingratitude générale de sa fonction. Plus rarement encore il y avait ceux qui abandonnaient pour une raison plus obscure : ceux qui changeait de voie par excès de compétences. Des hommes qui avaient développé une telle connaissance des autres que celle-ci devenait un fardeau, plus encore dans ce métier qui ne les confrontait qu'aux comportements les plus bas, les plus brutaux.
Parmi eux, il y en avait un. Celui qui avait été son plus proche collègue, qui avait partagé avec lui pendant des années son quotidien et ses galères. Celui qui restait encore son meilleur ami et dont le numéro s'affichait sur l'écran se son téléphone, glissant sur la surface de son bureau au rythme des vibrations.
Il en ressentait à la fois du plaisir et une certaine appréhension. Depuis son départ du service, Joshua avait veillé à garder un contact, lointain mais cependant d'une régularité de montre suisse. Or cet appel-là, qui plus est en plein milieu de la journée, ne collait pas avec ces habitudes. Ce qui ne présageait rien de bon.
Le déroulement de la conversation téléphonique qui suivit ne démentit pas son impression. Après quelques minutes d'échanges de banalités habituelles, les prises de nouvelles protocolaires qui, tout en étant bien entendu sincères ne constituaient surement pas le motif principal de cet appel, Joshua lui communiqua les éléments de situations qui l'avait, lui et sa compagne qui faisait office de collaboratrice, conduit à prendre contact.
Une nouvelle fois, il s'agissait d'une enquête de routine, pour harcèlement avec agression, qui débouchait cette fois, ou s'accompagnait selon le point de vue, d'un cas particulièrement intéressant d'enlèvement et de avec association de malfaiteur.
Tout le problème, encore une fois, tenait dans le fait de l'absence de signalement. Il était en effet avéré que, aussi réel que soit le danger, il devait, s'il voulait pouvoir faire l'objet d'une enquête et d'une sanction à l'encontre des auteurs, avoir pu être porté à la connaissance des autorités compétentes. Or Joshua et Patricia, tout en ayant conservé des contacts de leurs anciens exercices professionnels dans ce milieu, ne faisaient plus partie de cette sphère officielle. Tous deux communiquèrent ainsi toutes les informations dont ils disposaient aux sujet de K. et du fameux Christian. Les deux enquêteurs, grâce aux programmes très affutés de Patricia, avaient pu rapidement remonter sur les adresse IP de ce dernier qui s'étaient avéré un ponte dans le domaine judiciaire. Il exerçait en effet au poste de juge d'instruction ce qui lui avait permis d'asseoir une autorité assez notable compte tenu du passé judiciaire de K., bien que le casier de ce dernier ait été effacé.
Tous deux en avaient rapidement déduit, compte tenu des autres vidéos échangées qu'ils avaient également pu visionner, que les pratiques libertines auxquelles ils s'adonnaient l'un et l'autre avait sans doute occasionné leurs rapprochements. Il était bien sûr évident que la jeune femme, Yun, avait ainsi participé à ces jeux, ce qui avait apparemment mené pendant un certain temps à un rapprochement significatif entre elle et Christian.
Toutefois il apparaissait de plus en plus notablement que les pratiques de Christian déplaisaient de plus en plus à sa compagne qui avait pourtant apprécié son côté dominateur.
En effet, les débuts de la relation étaient apparemment assez passionnés et l'étaient restés durant presque 8 mois, selon les informations figurant sur les échanges que Yun entretenait avec certains complices sur les réseaux et sites échangistes. Elle disait apprécier qu'il la prenne fort, de façon virile et dénuée parfois de considération, ce qui semblait, comme c'était le cas de nombreuses femmes, la libérer de ses inhibitions et la mener plus efficacement au plaisir. Durant cette période, ils multiplièrent les jeux, les expériences bien que la jeune femme comme son compagnon avaient déjà largement fait leurs armes dans ce domaine.
Seuls quelques messages laissaient parfois transparaitre un certain agacement de la part de la jeune femme qui semblait se lasser de ce compagnon qui ne consentait que difficilement à sortir de son rôle de dominateur et se montrait parfois trop indiscret envers cette dernière. La jeune femme appréciait apparemment peu qu'il laisse filtrer des sous-entendus lorsqu'ils conversaient tous deux avec des collègues avocats, considérant simplement qu'il était normal de faire la séparation entre la vie privée et la vie professionnelle.
Ce fut vers l'été précédent que la rupture eu lieu, ce dont ils avaient eu confirmation par des messages de la jeune femme à ses contacts plus amicaux. Joshua était d'ailleurs persuadé que c'était là l'élément déclencheur qui avait donné lieu aux agissements de Christian.
Yvan écouta toute l'histoire, prenant en compte les données de la situation.
- Bon. Ok. C'est clair qu'il faut intervenir mais je ne peux rien faire si personne ne signale au moins sa disparition. Tu sais qu'il faut être prudent. Si ce mec est un juge il ne doit pas être idiot. Ou avoir au moins un minimum de bon sens. Il faut trouver une raison valable de déclencher un avis de recherche au nom de cette Yun.
- Elle est avocate. Donc il faut voir si elle a un cabinet et si son employé a pu être sans nouvelle depuis plusieurs jours, ou suffisamment pour qu'elle laisse tomber un dossier important. Tu crois que tu pourrais essayer de te rapprocher d'un de ses clients pour une raison ou pour une autre ? Suffisamment importante pour requérir sa présence et motiver une recherche plus approfondie voire un mandat ? Demanda Joshua.
- … Tu préfères qu'il se fasse coincer pour séquestration mais pas pour harcèlement c'est ça ? Tu n'as pas tort. S'il est vraiment capable des choses que tu m'as décrites il vaut mieux qu'il reste à l'ombre un certain temps.
- C'est surtout que les deux jeunes ont une histoire ensemble assez …. hors normes. Ils démarrent tous les deux dans la vie et n'ont rien fait qui puisse leur attirer d'ennuis. Je ne voudrais pas que le fait de tomber sur ce mec et de l'arrêter vienne avoir les mêmes effets sur eux que son harcèlement. Et mes clients n'apprécieraient pas tellement.
- Je suis d'accord. Mais c'est justement un des points qui me gêne. Mais franchement c'est un détail comparé à ce qui concerne l'avocate. Envoie-moi tout le dossier et je vais bien trouver une raison pour venir mettre mon nez là-dedans.
- Ok. Et pour ce qui te gène je pense que j'ai deviné : quel est le lien entre eux et ce mec. Je n'en sais encore rien mais je pense … enfin je crois que mes clients pourront peut-être m'apporter une info de ce côté-là. Je les vois dans une demi-heure. Je leur poserai la question directement. Pour le reste est ce que je peux compter sur toi ?
- Ne t'en fais pas pour ça. Si tu veux il suffit que je donne ton nom au chef pour qu'il entre en ébullition. Il te regrette toujours. Nous tous d'ailleurs.
- … Moi aussi parfois mais …
- T'inquiètes pas. Je comprends. Chacun sa place. La mienne est encore là. la tienne est de faire autrement. Et il vaut mieux d'ailleurs. Si vous n'étiez pas là tous les deux, la belle avocate ne serait sans doute pas secourue.
- De toute façon on n'a pas encore retrouvé l'endroit où la vidéo avait été prise, entendit-il dire Patricia en fond sonore.
- Dis à ta princesse que nous trouverons : on est pas maladroit dans notre domaine. Ne vous en faites pas. Je vous tiens au courant au plus vite. Et si vous avez une information en plus envoyez. On va le coincer ce gars.
- On te fait confiance. A plus.
- A plus.

Quelques dizaines de minutes plus tard, Nicolas, Pascal, Sylvain et leurs femmes se tenaient face à eux, écoutant les deux enquêteurs leur exposer la situation et les nouvelles informations qu'ils avaient pu acquérir. Et l'intuition de Joshua se révéla, une fois de plus, justifiée. En entendant le nom de la jeune femme de la vidéo, Eve et Pascal réagirent instantanément.
- Tu as bien dit "Yun" ? Demanda Pascal.
- Oui, répondit le détective. Tu la connais.
- De loin oui. Enfin elle fait partie d'un petit cercle de libertin auxquels on a présenté Jean et Sabrina. On ne connait pas super bien son mari. Jean a couché avec elle et ça avait donné lieu à un malentendu avec Saby. Mais tout s'était arrangé et ils ont ensuite joué tous les quatre la soirée suivante.
- Tous les quatre. Avec le mari aussi ?
- Oui, répondit Pascal. On les avait surveillés de loin mais il n'y avait rien eu de spécial à dire.
- Tu plaisantes j'espère, intervint Eve. Tu ne te rappelles pas ? Ce mec, il s'était montré brutal avec Sabrina pendant leurs jeux, au point que Jean avait dû intervenir.
- Brutal comment ? Demanda Patricia.
- Disons qu'il lui avait fait mal pendant qu'ils s'amusaient tous les quatre. Jean était intervenu et avait calmé ses ardeurs, expliqua Eve.
- Et …. Quand tu parles de la vidéo … il lui a fait quoi à Yun ? Demanda Pascal.
- Du mal, répondit Joshua d'un ton sans réplique. Crois-moi, il suffit de savoir qu'elle a besoin d'aide. J'ai déjà commencé à prendre des dispositions. L'un de mes anciens collègues de région parisienne a été mis au courant. Il va commencer à faire ce qu'il faut pour trouver une raison de la rechercher et donc remonter dans son entourage proche. Ce n'est qu'une question de temps.
- Combien de temps à ton avis, demanda Nicolas.
- Plusieurs jours, voire une ou deux semaines. De toutes façon ils vont faire vite. Le but est de trouver le moyen le prendre ce type sur le fait et de l'arrêter. C'est la priorité. Ce mec a une position de pouvoir et se montre clairement dangereux. Il faut le mettre hors d'état de nuire, quels qu'aient pu être les raisons de son passage à l'acte.
- Eh bien, le moins qu'on puisse dire c'est que vous avez été sacrément rapides tous les deux, dit Chantal en venant s'asseoir à coté de Patricia.
- La situation l'imposait, dit Joshua. C'était un cas d'urgence. Une personne est toujours en danger, sans compter vos deux protégés.
- Ce n'était pas une critique du tout. J'aime les gens efficaces, les gens qui prennent les choses en mains, ajouta-t-elle en approchant ses mains du cou délicat de la détective dont elle effleura la peau, lui arrachant un frisson puis un sourire.
Chantal approcha ses lèvres du cou de la détective, sans un mot, les mots n'avaient plus de place désormais. L'histoire, l'héroïsme de la conduite de leurs duos de perspicaces amis avait largement excité la belle asiatique qui avait senti le désir la gagner en même temps que le soulagement. Elle aimait savourer les bonnes nouvelles avec le plaisir comme d'autres les savourent avec un verre ou une fête.
Elle se laissait désormais gagner par l'euphorie de son corps et posa doucement ses lèvres sur celles de sa partenaire qui se laissa bercer par la douceur de ce baiser, ouvrant légèrement la bouche pour que Chantal puisse y glisser la langue. Durant cette langoureuse communion, l'assemblée profita du spectacle.
- Si vous voulez nous rejoindre, c'est quand vous voulez, déclara Chantal, les lèvres encore brillantes de la salive de Patricia.
- Non, non, amuse-toi mon cœur, je pense que tu en as besoin, répondit Nicolas.
Ma belle asiatique ne se le fit pas dire deux fois et attira à nouveau le visage de Patricia vers le sien afin de mêler une nouvelle fois sa langue à la sienne dans un lent et délicieux ballet qui leur arracha un soupir de contentement. Ses mains parcoururent le cou, puis les épaules et les hanches de Patricia qui sourit et lui rendit ses caresses. Les deux femmes se dénudèrent, lentement, leurs mains découvrant leurs corps, laissant leurs peaux à l'air libre tout en les rendant plus sensibles par leurs caresses.
Chantal savait exacerber la sensibilité de ses partenaires féminines par des touchers presque imperceptibles. Les soupirs profonds, la respiration haletante, les yeux brillants de désirs de Patricia ne pouvait la tromper sur l'état d'excitation dans lequel elle l'avait plongé. C'était désormais le moment pour Chantal de lui offrir ses talents buccaux. Elle parcourut le corps de Patricia de sa langue, de ses lèvres, alternants baisers tendres puis voraces comme si elle désirait dévorer sa peau, absorbant le parfum d'amour délicieux qui s'échappait de ses pores.
Enfin, au plus grand bonheur de Patricia, les mains de Chantal atteignirent son bas ventre. La belle écarta les jambes de sa partenaire, posa sa main sur la fente béante, luisante de sécrétions, arrachant un nouveau soupir à sa partenaire puis caressa son bouton, d'abord doucement puis de plus en plus fort jusqu'à ce que Patricia finisse par gémir de plaisir, le corps arc-bouté, les yeux fermés pour mieux apprécier ces caresses. Mais Chantal n'escomptait pas s'arrêter là et se mit à laper goulument le sexe de sa partenaire qui se remit à gémir tandis qu'elle tentait de reprendre son souffle. Ce faisant elle glissa sa propre main vers son entrejambe et y enfouit plusieurs doigts, se donnant désormais le même plaisir qu'elle prodiguait à Patricia.
Cette dernière gémit, puis gémit encore, ne parvenant plus à contrôler le plaisir offert par la belle asiatique qui continuait de l'honorer de ses lèvres, de ses doigts et de sa langue.
Patricia jouit à nouveau, puis jouit encore et encore jusqu'à se laisser glisser, pantelante dans le canapé, repue de plaisir. Ce fut à cet instant que Chantal fut elle-même secouée d'un orgasme d'une terrible violence.
Tous regardèrent ce spectacle des deux femmes essoufflée par leurs jouissances partagées. Les regards de Patricia et de Joshua se croisèrent. Il lui sourit. Il savait que le temps du plaisir était venu, ce plaisir qui soulageait leurs cœurs de leurs tourments.
Ce plaisir qui venait comme un repos bien mérité, une récompense pour avoir enfoncé la bonne porte. Pour avoir permis qu'une femme soit retrouvée avant qu'il ne soit trop tard.