Nelly
Nelly 3/3
Toujours pas de résumé ! il faut lire les 2 parties précédentes !
On a continué à chahuter gentiment sous la douche quand je ly ai rejointe, prétexte à caresses et baisers.
Clara ma prêté une grande chemise comme elle en portait une la veille. Ensemble on a rangé la chambre et lavé la vaisselle du petit déjeuner, lavé aussi le gode de verre utilisé la veille :
- Tu montes le ranger ?
dans le tiroir de la table de nuit
- Jy vais !
En redescendant lescalier, je me suis adossée à la rambarde descalier, les bras croisés, attendant le sourire aux lèvres que Clara termine de ranger les tasses du petit-déjeuner. Elle a pris un air étonné en voyant mon sourire :
- Quoi ?
- Fais pas linnocente !
- De quoi tu parles ? je comprends pas !
- Mais bien sûr ! et cest par hasard que tu mas demandé daller ranger ton truc !
- Ben
pourquoi ?
- Arrête !
- Oh ! javais complètement oublié ! pardon !
- Taggrave ton cas ! arrête ! tu te sers vraiment de tout ça ?
- Euh
presque
jai trouvé que tu étais bien longue, là-haut ! tu les as tous essayés ?
- Nimporte quoi ! et toi tas tout essayé, même le truc avec les lanières ?
Clara a pris Nelly par la main et la conduite sur la terrasse où elles se sont accoudées à la rambarde de fer :
- Pas depuis longtemps
toute seule ça sert à rien
Je texpliquerai comment on sen sert !
- Cest ça ! fous-toi de moi ! jai lair tellement nunuche ?
- Mais non ! mais une petite démonstration, cest toujours plus parlant
- Ouais
- Tas pas de gode, toi ?
- Non
je suis une manuelle ! et puis je sous-traitais certains
travaux
à mon mec.
- Ton mec
raconte !
- Je lai rencontré à une soirée au Lycée, au début du mois. Il connaissait un peu tout le monde et moi personne, il était drôle et sympa
et puis il nétait plus drôle et plus sympa du tout, et hier soir je lui ai dit de ficher le camp
- Hier, en sortant dici ?
- En revenant de courses
et il a laissé les clés de lappart en partant
il ne mettra plus le bazar chez moi, je laverai plus ses chaussettes et ses caleçons !
- Il baisait bien, au moins ?
- Non !
- Cest
à cause de moi ?
- Je dirais ça autrement, plutôt grâce à toi ! Je sais pas si jaurais eu le courage de le mettre dehors aussi vite
je pensais à toi, ça ma aidée
Une voix leur est parvenue de la terrasse mitoyenne :
- STOP ! Je nécoute pas vraiment, mais jai du mal à ne pas tout entendre
Clara a porté la main à sa bouche en se tournant vers moi, puis en riant :
- Bonjour Marie
tes là depuis longtemps ?
- Jai entendu truc à lanières, démonstration, gode
- Ah !
Je suis rentrée me cacher en riant dans le salon, et jai vu une tête blonde dépasser légèrement du mur séparant les deux terrasses :
- Je vous offre un café ?
Je faisais signe que non de la main à Clara :
- Euh
non Marie, on nest pas en tenue pour nous balader dans limmeuble ! Mais tas quà passer toi !
- Jarrive !
Je protestais silencieusement, mais Clara ma calmée :
- Eh ! tinquiète pas ! cest ma voisine, je la connais bien, et elle est très sympa, tu verras !
- Peut-être
mais je la connais pas moi, et puis on nest pas vraiment habillées !
- Elle sen fout de nos chemises, allez, râle pas ! Et je lai déjà vue en petite culotte, et elle aussi ma vue en petite tenue!
- Ah bon, parce que
- Cest vieux
et finalement pas plus important que ton mec ! va pas timaginer des trucs ! cest ma voisine depuis trois ans, cest tout !
Aux deux coups de sonnette, Clara est allée ouvrir la porte pendant que je resserrais la chemise autour de moi en croisant les bras.
- Marie, je te présente Nelly, Nelly
Marie sest retournée vers moi, et
jai brusquement piqué un fard. Marie sest approchée et après un temps darrêt, ma embrassée sur la joue :
- Bonjour, le monde est tout petit, nest-ce pas ?
Je sentais les joues me brûler, je devais être cramoisie :
- Madame
- Euh
je comprends rien ! vous mexpliquez ? vous vous connaissez ?
- Nelly travaille dans mon Lycée depuis septembre !
- Ah
évidemment
gênant
- Mais pas du tout ! Il ny a rien de gênant ! On sest peu vues depuis la rentrée, et puis on peut oublier le boulot, non ? Ne sois pas gênée, moi je suis ravie de te rencontrer ici, pas très à mon avantage, mais cest bien comme ça !
Marie avait passé son bras autour de mes épaules et montrait son grand t-shirt couvert de tâches de peinture qui descendait à peine à mi-cuisses et ses chaussons roses :
- Vous auriez pu venir chez moi, vous êtes plus présentables que moi ! Marc va regretter dêtre parti faire un footing, tu las impressionné dès le premier jour ! Il te trouve très jolie ! jai dû lui dire de réfréner ses compliments, jétais un peu jalouse !
Jai froncé les sourcils, ne comprenant pas bien de qui Marie parlait :
- Marc ?
- Durieux, ton collègue, prof de maths
cest mon compagnon !
- Ooh
- Oui, je sais, ça va, pas mal plus jeune que moi !
- Non, je
- Ça va, je plaisante, jai lhabitude, ça ne me gêne pas tu sais, enfin
cest pas très connu au Lycée ! Je men fiche un peu, remarque, ça mettrait un peu danimation dans la salle des profs !
Je me détendais un peu, mais jétais encore gênée de me retrouver en face de mon proviseur ! Je me suis assise dans le canapé, Marie au bord dun fauteuil, pendant que Clara préparait des expressos.
- Tu habites ici ?
- Non, non
je loue un appartement cité Robespierre
- Je connais.
- Jai trouvé que ça. Je ne voulais pas être trop loin du Lycée
- Tu vas venir tinstaller ici ?
Jai piqué un fard une nouvelle fois et Clara a éclaté de rire en posant le plateau et leurs cafés sur la table basse :
- Marie ! commence pas ! Tu te mêles de tout comme ça, au Lycée ?
- Cest mon boulot, figure-toi, de me mêler de tout ! cétait idiot, ma question ?
- Prématurée et indiscrète !
- Je suis comme ça ! en tout cas vous allez bien ensemble !
- Marie ! arrête !
- Et Marc va vraiment regretter de ne pas avoir été là ! Il adore les brunes qui assument !
Clara a suivi le regard de Marie et a remis en place un pan de la chemise sur mes cuisses qui avait glissé quand javais pris ma tasse sur la table :
- Tu sais que tes chiante quand tu ty mets ?
Jai reposé ma tasse en serrant de lautre main la chemise sur mes jambes :
- Pardon
- Non, non, cest moi qui te présente mes excuses, je ne suis pas très fréquentable, pardon ! Mais cétait mignon ! Et puis, pour te mettre à laise, si cest ça qui te gêne, et comme Clara te racontera sans doute, jai moi aussi un faible pour les jolies filles ! Cest parce que cette beauté-là (elle montrait Clara de la tête) ma proprement éconduite que je me suis tournée vers la gent masculine ! par désespoir ! en fait je noie mon chagrin dans des bras musclés !
Marie et Clara souriaient. Je ne savais trop que penser et comment me comporter devant toutes ces révélations, de la part de la proviseure que je saluais poliment et appelais respectueusement Madame jusquà la veille encore. Clara secouait la tête en riant :
- Ne dis pas de bêtises, tu ne noies rien du tout ! tu aimes les beaux gosses bien musclés, point barre, assume ! Et si tu te tiens pas mieux que ça, Nelly va savoir que tu nes pas une vraie blonde !
- Eh ! nexagère pas ! jai mis une culotte pour venir ! la preuve !
Elle sétait levée et avait largement soulevé son t-shirt en singeant une révérence avant de se rasseoir :
- Blague à part, et jarrête mes singeries
je suis contente de vous voir toutes les deux ensembles, et puis toi, ne tavises plus jamais de mappeler Madame ou de me serrer la main, ici comme ailleurs, tu mappelles Marie et on se fait la bise, daccord ?
- Daccord
- Et je vous attends à midi pile pour lapéro ! ça marche ?
- Bien chef !
- Et sur ce, je retourne à ma peinture sur la terrasse ! Si vous avez encore des secrets à échanger, sachez que je tends loreille !
Marie sest retournée en arrivant à la porte :
- Oh mais, jy pense
cest
lobjet
dont vous parliez qui ma fait tendre loreille, je peux le voir ?
- Fous le camp !
- Ça va, ça va
midi, noubliez pas !
Clara sest assise sur mes genoux, me chevauchant en serrant mes hanches de ses genoux :
- Tes embêtée ? Je savais que tétais prof, mais je pouvais pas me douter
Jai haussé les épaules :
- Cest fait, maintenant
cest comme ça !
- Tu men veux ?
- Mais non !
Clara me caressait le visage, arrangeait mes cheveux en les peignant de ses doigts.
- Ils sont beaux
et surprenants. Quand tes habillée on les imagine pas si lourds
En se penchant, Clara sest appuyée de son front sur mon front, les yeux baissés sur les mains qui la dénudaient, les pouces qui effleuraient la peau sous les seins, les index qui caressait doucement la naissance de larrondi au-dessus. Ses tétons durcissaient, laréole se piquait de grains.
Je souriais de la réaction et continuait à effleurer la peau douce du bout des doigts. Javais envie de les prendre à pleines mains mais retardais le moment, curieuse du téton qui grossissait, attentive à la respiration plus profonde de Clara, à son souffle sur mon visage.
Clara sest déplacée sur mes genoux, posant son entrejambe sur ma cuisse que jai un peu soulevée en rapprochant mon pied du canapé. Je caressais les deux tétons du bout des ongles, remontant lentement de la bordure de laréole très brune vers le bout, plantant les ongles à la base pour les étirer, et redescendait tout aussi lentement. Clara bougeait le bassin, frottait son sexe sur ma cuisse, se soulevant de temps en temps pour mieux souvrir. Elle respirait plus vite, bouche ouverte, les doigts crispés sur mon cou. Dun murmure :
-
plus fort
serre plus fort
mmmm mmouii
encore
serre
Jai planté mes ongles dans les tétons, et tirais vers moi à déformer les seins, encouragée par Clara ; je serrais, étirais plus fort, beaucoup plus fort que je naurais osé sans les exhortations plaintives et quasi suppliantes de Clara dont les mouvements de hanches saccéléraient. Je sentais le roulement des lèvres qui se plissaient contre la peau, le frottement humide et chaud de la vulve sur ma cuisse. Clara a glissé une main entre ses jambes pour hâter la venue de lorgasme :
-
continue
continue
oooooh
Elle a joui en serrant très fort ses genoux autour de mes jambes ; je nétirais plus les tétons de mes ongles mais fermement de deux doigts serrés, puis prenant les seins à pleines mains quand je lai sentie jouir, ralentissant ma caresse et la faisant plus douce pour accompagner les derniers tremblements et contractions des jambes autour des miennes.
Clara a enfoui son visage au creux de mon cou et je lai serrée dans mes bras :
-
javais peur de te faire mal
- Je te laurais dit
cétait bon. Taimes pas, toi ?
- Je sais pas
- Même un peu ? jai beaucoup de choses à tapprendre
Marie navait visiblement pas prévenu Marc qui a été très surpris de me voir arriver avec Clara pour répondre à linvitation :
- Ça, cest une surprise ! je savais pas quon était voisins ! tes une cachotière, toi !
- On nest pas vraiment voisins
- Ah
je pensais
- Pense pas trop, mon chéri, et enfile donc un t-shirt, ça sera plus correct !
- Oh ! ça va ! je choque personne, si ? En tout cas, tu vas faire des déçus au Lycée
Marie a froncé les sourcils :
- Et pourquoi ça ?
- Jen connais au moins deux qui la trouvaient à leur goût ! Tu vas faire des malheureux , Nelly !
Je rougissais, Clara faisait la moue.
- Mais tinquiète pas ! je serai muet comme une tombe !
Après lapéritif, on a mangé les pizzas que Marie a réchauffées.
Moi qui avais été très gênée et inquiète au début, cest décontractée que jai plaisanté avec eux, et jétais finalement dexcellente humeur et rassurée en les quittant.
En nous promenant, on est allées jusque chez moi ; jai fait visiter mon appartement à Clara qui a joué avec le petit chat pendant que je détendais le linge mis à sécher la veille sur un portant pliable :
- Jai des trucs à repasser pour demain, jai pas grand-chose à me mettre
- Moi aussi, jai du repassage à la maison
Nelly, si tu lamenais
on ferait ensemble
-
je veux pas tenvahir
Clara a posé le petit chat sur le canapé et sest approchée de moi. Elle a entouré ma taille de ses bras et posé son menton sur mon épaule, me regardant plier mes sous-vêtements :
- Jai pas envie de me retrouver toute seule ce soir
ni demain
je veux être avec toi ! Déjà ce soir
tu veux ? Demain, on verra, mais viens avec moi ce soir
me laisse pas !
Le petit chat avait sauté sur la table. Dabord assis, il nous avait regardées en ronronnant. Puis du bout de la patte, il a commencé à jouer avec la petite pile de culottes, en faisant tomber une, se roulant sur le dos en la tenant entre ses pattes.
- Ce soir Nelly
sil te plaît ! et on amène ton fauve, on va pas le laisser tout seul, quand même ! dis oui
Je nai pas dormi chez moi de la semaine. Comment résister aux suppliques de Clara
A deux reprises je suis venue chercher quelques affaires de cours, des vêtements, vider la boîte aux lettres. Clara ma fait de la place dans son armoire et dans sa penderie, a libéré le bureau dont elle ne sert que très peu pour que je puisse travailler au calme ; elle ma donné un jeu de clés dès le premier jour. Sans heurt, en très peu de temps, notre vie commune sest organisée naturellement, sans que le sujet ne soit abordé franchement.
Et la vie sest installée
Pas un bruit, pourtant je sais. Son parfum ? non ! je sais, cest tout. Elle est là. Je ne me retournerai pas, inutile, je sais. Le petit frisson qui pique ma peau, le sourire qui vient à mes lèvres, les cheveux sur ma nuque comme balayés dune brise fraîche, les muscles secrets du ventre qui serrent, les tétons durcis, je sais. Elle me fait cet effet-là. Je sais son regard sur mes épaules, ses lèvres qui sétirent dun sourire et sa langue entre ses dents, les petits plis aux coins des yeux qui rient. Elle sait. Bien sûr elle sait. La tension de ma nuque et de mes épaules, un soupir, et mes doigts qui abandonnent le clavier, mon dos qui sappuie au dossier et mes jambes que jétends. Elle sait.
Toutes ces réactions me surprenaient au début, et puis jai pensé : « ça passera, cest le début ». Jétais étonnée. Je riais des réactions de mon corps. Jen étais parfois gênée, imaginant que tout le monde autour de moi voyait mes seins durcir, et mon ventre se crisper, sentait lodeur de la liqueur qui minondait. Sa seule présence. Son seul regard. Un sourire. Un geste esquissé.
Deux semaines.
Jamais mon corps navait réagi comme ça.
Ce matin. Ce matin elle ma à peine touchée et
cétait fort
Avant cétait parfois douloureux, parfois je restais juste au bord, sans parvenir au plaisir, juste en deçà, pleine de désir et frustrée, en colère.
Et jamais de quelquun. Bloquée ? Ou jattendais trop, je ne sais pas. Penser à mon amant du moment maidait. A des inconnus, aussi, des situations fantasmées. Pas toujours.
Je nai jamais osé en parler. A personne. Je ne savais pas comment faisaient les autres filles, à quel âge elles avaient découvrent leur corps et le plaisir. Je me souviens seulement de ce que racontaient des copines de Lycée, de ce quelles faisaient avec des garçons avant même que je naie mon premier orgasme. Je me trouvais bête.
Mon premier amoureux, jai cru quil était aussi maladroit que moi. Les suivants étaient plus doués, je le savais, intuitivement, et pourtant rien, aucun plaisir à nos ébats. Je me masturbais quand jétais seule, plus souvent pour vérifier que mon corps fonctionnait, pour me rassurer, que par besoin ou envie.
Et puis elle. Une femme. Je nétais pas si coincée ou stupide au point dignorer que lamour entre femmes existait ; cette idée métait seulement étrangère ; de ces choses dont on souriait ; presque classées dans les perversités.
Notre rencontre dans des circonstances si particulières, et puis lamusement et la surprise en me rendant compte quelle me draguait. Moi ! Une femme me draguait moi !
En fait elle sest glissée dans un moment de frustration et de déception, un moment de fragilité.
A un autre moment jaurais peut-être été choquée, ou simplement amusée. Pendant quelques jours, avant quelle ne me retrouve, javais fantasmé. Et jétais flattée. Flattée quune jolie fille comme elle, parce quelle est belle, sintéresse à moi, curieuse et surprise que penser à elle nourrisse aussi ben mes rêves.
Que de mauvaises raisons ! Défi, curiosité, déception de ce que je vivais
Jétais troublée. Par elle, par mes rêves. Et une si belle découverte au bout de ces mauvaises raisons !
Je me suis comportée dès le début, dès le premier jour, le premier après-midi, comme jamais je ne men serais crue capable. Comme si des digues avaient lâchées, que javais oublié et effacé dun coup tout ce que jétais ; non ; que je croyais être.
Physique ? oh oui ! Aucun doute là-dessus, cest physique ! Jaime son corps, jaime lamour avec elle, jaime la faire jouir et jouir delle ! Et puis
et puis la véritable surprise ! Parce que depuis deux semaines jy ai beaucoup pensé et cest en moi comme une évidence ! Je suis amoureuse. Je laime. Cest si fort ! Le sexe est important, bien sûr, mais cest beaucoup plus que ça.
Je me suis installée dans la petite chambre que Clara avait aménagé en bureau et quelle a libéré pour moi. Jai déplacé le bureau pour quil soit face à la fenêtre, pour ne pas avoir de reflets de lumière sur lécran de mon ordinateur ; jai pris un peu de retard cette semaine et il faut absolument que je prépare les deux cours de lundi.
Le week-end dernier, je suis allée voir ma mère et mon frère en Bretagne ; seule. Je ny étais pas retournée depuis la rentrée ; et puis, il fallait bien leur dire
au moins expliquer mon changement dadresse puisque je me suis installée chez Clara. Mon grand frère na rien dit, juste un grand sourire et un gros baiser sur la joue. Cest lui qui ma aidé à en parler à maman. Elle avait un peu de tristesse au fond des yeux, et puis mon frère la fait rire en disant que lui comprenait très bien quon préfère les filles et quil préférait une belle-sur à un beau-frère. Dune petite voix en haussant les épaules, elle a dit « taurais pu lamener » ; je lai vue effacer une larme sur sa joue quand elle est partie vers sa cuisine.
Toujours pas un bruit, pourtant je sais. Elle est là. Sans doute les bras croisés, un sourire aux lèvres, appuyée dune épaule au chambranle de la porte. Je lai entendue rentrer il y a une demi-heure et elle nest pas encore venue me voir, guettant peut-être le bruit des touches du clavier, ne voulant pas me déranger. Je lai entendue ouvrir et fermer le frigo, monter et descendre lescalier, faire couler de leau dans la salle de bain. En fait, je ne travaille plus, je lattends. Depuis quelle est rentrée jattends son baiser. Et là, je sens sa présence derrière moi, et le sourire me vient aux lèvres. Après tout on est seulement vendredi soir, jaurai bien le temps de travailler plus tard. Je veux ses mains sur mes épaules, ses lèvres dans mon cou, je veux ses yeux. Elle sait.
Jai sauvegardé et fermé le fichier en cours, rangé la pochette sur la pile à ma droite. Je lai sentie partir, silencieuse comme toujours.
Je déboutonne la chemise que jai enfilée en rentrant, la pose sur la rambarde en montant lescalier, dégrafe mon soutien gorge avant datteindre le palier.
Elle est assise en tailleur adossée à la tête de lit, les mains croisées reposant sur la dentelle blanche de sa culotte. Son chemisier est ouvert sur ses seins nus et elle me sourit, des yeux et des lèvres dans la pénombre de la loggia :
- Bonjour chérie
bien travaillé ?
- Mmm mmm
Je magenouille au pied du lit, mavance vers elle jusquà toucher ses genoux des miens et je massois sur les talons face à elle, mains à plat sur les cuisses. Elle sourit en haussant les sourcils :
- Pas de baiser ?
bon
En la regardant dans les yeux, je remonte lentement la main droite sur ma cuisse, frôlant la peau du bout des doigts. Jamais je nai fait ça. Ce nest pas prémédité. Mais voilà, là, maintenant, jen ai envie. Elle ne baisse pas les yeux ; pourtant, une lumière différente dans son regard peut-être, ses lèvres qui se détendent aussi, le pli qui sefface de son front, je sais quelle ne perd rien de la progression de ma main sur le nylon noir, tout doucement, mes doigts qui se glissent sous lélastique du slip. Jusquoù jirai, je ne sais pas, mais je veux me toucher devant elle, pour elle, comme je ne lai jamais fait quau profond de mon lit sous les draps, me caresser pour elle. Ses yeux quittent les miens, se posent sur le nylon étiré, déformé de mes doigts et nen bougent plus. Jusquoù jirai
jirai jusquoù ses yeux posés sur moi maccompagneront
tant quils ne me quittent pas
Je vois ses épaules se lever plus haut, sa respiration se faire plus profonde, les petites contractions nerveuses de ses doigts croisés
je ferme les yeux
Elle sest redressée pour effacer de ses deux mains les gouttelettes de transpiration sur mon front, et sous mes yeux. Ses deux mains sur mes joues, elle caresse mes lèvres du pouce, et enfin membrasse. Dune main elle tire la main avec laquelle je me suis caressée hors de la culotte et la porte à sa bouche, embrasse mes doigts :
-
tu tes mordue la lèvre
et tu tremblais
-
cétait fort
je sentais tes yeux
- Je taime.
- Je taime.
FIN
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