19-20 Ans (2Ème Partie)

Deux loques tremblantes grimpent les nombreux escaliers menant au laboratoire. Elles retardent le plus possible le moment d'arriver devant la personne à qui il leur faudra demander les résultats. On marche lentement, on se jette des regards sournois, on soupire sans cesse. En pensées, on s'accuse mutuellement de la faute commise : ce n'est pas moi qui ai oublié la capote, c'est lui. On rumine sa rancœur envers l'autre. Les reproches tenus silencieux jusqu'à présent ne sont pas loin de sortir. Enfin, on se pointe à l'endroit désiré mais craint. Une dame, grand sourire aux lèvres, accueille les arrivants. Certainement un sourire de circonstance, pensent les affreux. Car affreux ils sont. La glace le prouve, dans laquelle ils se mirent furtivement. La peur se lit sur leurs visages. Ah on a été courageux durant trois mois, en se contentant de ne plus penser! La première analyse, juste après, était négative et la pilule du lendemain rassurait. Eh bien il serait temps de payer! Alors la frousse se charge de la punition. La dame au sourire éclatant en rajoute une couche en proposant:
<< - Asseyez-vous dans la salle d'attente, le docteur va vous recevoir dans un petit instant. >>

Les visages se décomposent presque, les jambes deviennent de plus en plus cotonneuses oublieuses de leur fonction de porteuses. Dan, la voix plus que défaillante, bredouille:
<< - Mais vous ne pouvez pas nous dire…
- Non, Monsieur. Le Docteur s'en chargera.
- Alors c'est que….
- Pas de conclusion hâtive, Monsieur. Le Docteur reçoit tous les patients, quels que soient les résultats. Il y tient. >>

Voilà qui ne rassure guère les deux misérables. Car Dan et Marco se sentent misérables, pitoyables, pensant que leur chance les abandonne. L'annonce du désastre ne saurait plus tarder. D'ailleurs, Marco grommelle:
<< - Faut qu'on s'y fasse, c'est la vie! >>

La colère s'empare de Dan qui rétorque d'une voix forte:
<< - Putain non! Çà n'est pas la vie, c'est la mort! >>

L'arrivée du médecin met un terme à l'échange.

Se tenant par la main, dans un geste involontaire, Dan et Marco pénètrent dans le cabinet, s'assoient. De suite, l'homme de science annonce:
<< - Bien! J'espère que la leçon vous servira. D'ailleurs, la peur se lit sur vos visages. Cela devrait vous aider à ne plus recommencer. Vos résultats sont négatifs, s'agissant du VIH ... >>

Suit un long monologue sur l'utilité vitale du préservatif et la négligence criminelle de ne point s'en servir lors des rapports sexuels, quels qu'ils soient.

Ce sont deux hommes guillerets qui descendent les marches, regagnent la rue. Dan hurle presque:
<< - Putain! Quelle trouille! >>

Et Marco d'ajouter:
<< - Une pétoche comme jamais j'ai eu! >>

*****

Voilà comment je décris notre visite au médecin, suite aux analyses. Oui, vraiment, Marco et moi étions deux loques à l'arrivée, et deux frétillants de la croupe à la sortie. Mais la leçon a porté ses fruits. Mon compagnon d'inquiétude suggère:
<< - On va pas se quitter comme ça. Qu'est-ce t'en penses?
- J'en pense comme toi.
- Allez, je t'paye un gueuleton.
- Et après?
- Ton lit est très douillet.
- Alors je ne voudrais pas nous en priver. >>

Peu mais très bon, tel est le résumé du gueuleton. Je ne connaissais pas ce resto, un cousin de Marco. Ici, on ne mange pas, on déguste les mets servis nombreux mais en petite quantité chacun. Mon chauffeur de taxi observe:
<< - Tu vas voir, on sort pas d'ici le ventre lourd. Au contraire, on n'a qu'une envie : baiser. >>

Est-ce le bonheur d'être sauvé du cataclysme appelé VIH? Est-ce réellement les effets du repas? En tout cas le Marco a raison. Je digère à la perfection, je bande comme un âne en rut. Lui également si j'en juge d'après l'engin qu'il déploie dès posées ses fesses sur le lit. Il s'avachit, braguette ouverte, queue à l'air raide comme un bâton, m'appelant du regard à sucer le magnifique braquemart.
L'hospitalité m'oblige à satisfaire l'invité. Seconde dégustation du jour: une bite en effervescence. La mienne demande un peu d'espace que je lui accorde volontiers. Putain je bande dur! À croire que le déjeuner se composait exclusivement d'aphrodisiaques! Je comprends que mon Marco ne tardera pas à soulager ses couilles trop pleines. Il ne le cache pas:
<< - Vas-y, branle-moi. >>

Ma main et ma bouche se relayent. Le masturbé se raidit, laissant échapper les jets de sperme qui maculent sa poitrine, s'étalent sur ma main, arrosant au passage ma joue. L'ultime goutte passée, Marco s'emploie à lécher les "dégâts" sur mon visage puis s'empare de ma queue qu'il supplicie merveilleusement. C'est qu'il a vite appris, l'hétéro taximan! Il pompe énergiquement, un peu trop rudement même. Je le calme. Il s'applique. Il me branle non sans, de temps à autres, mettre un coup de langue sur mon gland. Je l'avertis du final imminent. Il éloigne sa bouche. Première giclée, premières traces sur sa joue. Seconde giclée, autres traces sur mon ventre. Coulées de foutre inondant sa main et mon pubis. Marco propose:
<< - On vient de faire mumuse. Si on passait aux choses sérieuses, maintenant? >>

Je me doutais qu'il ne se contenterait pas d'une branlette, le cochon. Mais comme je suis aussi cochon que lui, je lui donne raison. Juste le temps d'enfiler une capote et le voilà qui m'enfile. Cette fois encore, je ne lui apprendrai pas à se laisser sodomiser. Qu'importe! L'heure n'est pas aux tentatives sur des nouveautés, mais à l'accomplissement de choses connues afin de profiter au maximum des joies qu'elles procurent.

*****

Charly, mon meilleur ami, mon vieil ami…. Pourquoi ne sommes-nous pas amoureux l'un de l'autre? Pourtant, tout devrait nous y pousser. Pour moi, ce garçon représente le mâle idéal. Pour lui, je suis le minet qu'il apprécie. Alors? Bon, je ne répondrais pas à la question aujourd'hui, une fois de plus.
J'aimerais l'aimer d'amour, du grand amour. J'aimerais qu'il m'aime d'amour, du grand amour. Et lui, qu'aimerait-il me concernant? Je lui pose la question. Après tout, on est assez intimes tous les deux pour se permettre cette franchise.

Assis en face de moi, Charly ressent beaucoup de mal à répondre. Il bégaye:
<< - Je sais pas, j'ai jamais réfléchi à c'truc. Tu m'kiffes ou quoi?
- Non, mais j'aimerais bien. On s'entend bien tous deux, on baise chouette, moi et toi. Ça devrait marcher, non tu ne crois pas?
- Ma foi! P'être qu'y manque un truc qu'on sait pas.
- Peut-être…. >>

Je reste sur ma faim d'explications. Il change de sujet:
<< - Tu fais quoi pour ta quinzaine de vacances?
- Passage obligé chez Papa et Maman. Il y a réunion de famille pour Noël. Si je manque ça, je suis maudit à tout jamais. >>

Charly, tête baissée, prend l'attitude d'un gamin de 10 ans à qui on refuse un jouet. Tentative de remise en joie de ma part:
<< - Tu sais, Il y aura Grand-pa'. J'aurais peut-être plus l'occasion de le voir. Il vient de choper ses 101 ans! Papy qui a 79 ans fait aussi vieux que lui. Et tu sais combien je tiens à eux. >>

Charly hoche la tête, signe de compréhension.
Eh oui! J'ai encore mon arrière-grand-père (côté maternel) que j'appelle Grand-pa'. Quant au Papy, père de mon père, il reste Papy. Savent-ils que je ne perpéais probablement pas le nom, comme on dit? Car, d'un côté comme de l'autre, je suis le seul, unique et dernier représentant de ces deux familles. D'où l'insistance et la bienveillance de Papa à mon égard, dans la mesure où je "fournis" un héritier au moins. C'est drôle ce soucis d'assurer une descendance qu'on veut laisser comme une trace indélébile de soi-même. On ne veut pas perpé la race, on veut se perpé soi! Le fait d'être l'ultime rejeton de deux lignées ne me chagrine nullement et je ne vois aucun inconvénient au tarissement de ces dites lignées.
Mais bon, je ferais tout pour contenter géniteurs, aïeul, bisaïeul. Je trouverai bien un moyen.
Charly semble toujours boudeur. Je sais ce qu'il attend. Ne le laissons pas mariner plus longtemps:
<< - Mais tu m'accompagnes, bien sûr. Un noël sans toi serait un noël sans réveillon. À moins que tu ne prévoies autre chose.
- Où veux-tu que j'aille, à part chez moi ou avec toi?
- Je ne sais pas. Tu peux avoir un mec dans ta vie.
- Et tu serais pas au courant? Je te dis tout. >>

Je viens de prononcer le sésame. Il retrouve le sourire, plaisante:
<< - Si on couche chez Grand-pa', on pourra baiser en hurlant. >>

Grand-pa' est sourd comme un pot.
Charly doute sans cesse de lui-même. Quasi-abandonné par les siens pour je ne sais encore trop quelles raisons (en tout cas pas pour cause d'homosexualité), habitué à se débrouiller seul depuis l'âge de 16 ans, il pense que personne ne le supporte très longtemps. Son plus grand étonnement dans la vie: quand on l'invite ou qu'on lui propose de passer un moment avec lui. Bien sûr, depuis qu'on se connaît, il ne réagit plus ainsi envers moi. Néanmoins il semble penser que je le supporte plus que je ne l'aime. Il se met toujours en retrait, suppliant quelques rendez-vous avec moi. C'est un peu comme cela que je le vois, mon Charly. Concernant Noël, il m'a accompagné l'an passé et je n'ai aucune raison de le laisser seul cette année. À noter également que Charly, d'une timidité maladive, n'a aucun autre ami que moi, malgré mes efforts pour le sortir de son trou comme j'appelle le studio dans lequel il vit.

En signe d'acceptation de mon invitation, Charly me tend une bite bien raide. J'encourage l'hommage, y apporte ma contribution.

*****

En face de moi, Grand-pa', recroquevillé dans son fauteuil. Le plus vieux face au plus jeune. L'ancêtre face au rejeton. À ma gauche, Papy. À ma droite, Papa. Maman s'est chargée de placer son monde, comme elle dit, tout au moins nous quatre que je viens de citer. Le reste, environ une trentaine d'humains, a pris place selon ses choix, ses goûts, les accointances. Le hasard met Charly à gauche de Grand-pa'. J'en suis fort heureux. Tous deux se comprennent sans mot dire. Le plus jeune porte une énorme attention au plus âgé qui lui manifeste une grande reconnaissance du regard. Ils m'attendrissent, ces deux-là. Papy, grincheux par principe plus que par conviction ou raison, rechigne sur tout, à tout propos, histoire de meubler une conversation exclusivement composée pour lui-même. Maman, active, veille au bien-être de chacun, accompagnée et suivie par Papa qui ne la quitte pas d'une semelle, dépité de se trouver assis en face d'elle et non à côté.
Je constate que jeunes et vieux s'acharnent à faire honneur aux plats. On papote entre deux bouchées, deux gorgées. Grand-pa' ne dit mot, pris d'un hochement incessant de la tête. Charly le bichonne pire que si c'était son bisaïeul à lui. Bisaïeul que l'on dirait absent. Il avale ce que Charly lui donne, sans grande conviction, comme s'il accomplissait une obligation pas très plaisante. On boit plus que de raison, pour diverses raisons, ou sans raison.
Au dessert, on se fait des cadeaux, souvent les mêmes, éternelles écharpes, sempiternelles cravates, idem pour des gants et autres pulls. Sauf pour Grand-pa'. Cette année, tout le monde s'est cotisé pour lui offrir un fauteuil roulant confortable. Une idée comme une autre d'autant qu'après lui, Papy s'en servira certainement.
Vers 23 heures, tout le monde parle d'aller se coucher, sauf les "jeunes". À ma grande surprise, Grand-pa' exige que je m'occupe de le coucher, refusant toute autre assistance que la mienne. J'obtempère, trop heureux de le satisfaire.

Tandis que je "bassine" le lit (il tient en horreur les draps froids) il bougonne quelques mots incompréhensibles tout en manipulant son nouveau fauteuil afin de se mouvoir en direction de sa vieille commode contenant, outre son linge, ses petits secrets comme il disait autrefois. Péniblement, il ouvre un tiroir, en tire une enveloppe, me la tend, me fait signe de l'ouvrir. Je comprends que je dois lire. Dès le premier mot, je tombe cul sur le lit. Il sait! Il a toujours su! Je devine un sourire sur ses lèvres lorsque je lève les yeux dans sa direction. Vieux malin! Content de son petit effet! Il m'écrit sa reconnaissance de ne l'avoir jamais oublié, de toujours l'aimer. Me souhaite bonne chance dans la vie et surtout de rencontrer un garçon qui me rendra heureux. Lui, l'ancêtre, libre penseur, alors que jamais nous n'avons philosophé ensemble! Je le croyais presque illettré! Certes, ce n'est pas son écriture, mais se sont ses phrases. Je les reconnais. Il éprouve d'énormes difficultés à parler. Il tenait à me faire savoir combien il tenait à moi, il l'a donc confié sur le papier. Qui l'a écrit pour lui? Il ne répond pas. Je pose la missive sur la table de nuit et m'agenouille devant Grand-pa', place ma tête sur ses genoux. Il caresse mes cheveux, heureux de cet instant d'intimité familiale avec moi. Je sais, je sens, que ces quelques secondes représentent le plus beau cadeau de noël que je pouvais lui faire. Cette nuit, il dormira bien.
Grand-pa' couché, je regagne le salon, larmes aux yeux. Personne ne prête attention à mon émoi, pour cause d'esprits avinés. On fume les cigares des jours de fête, on trinque une ultime fois, on se sépare. Tous les invités quittent la maison sauf moi et Charly qui devons dormir dans la chambre d'amis.

Seul avec Charly, je lui parle de mon entrevue avec Grand-pa'. Taquin, mon ami demande:
<< - Et t'as pas trouvé qui a écrit c'papier?
- Non, je n'ai pas insisté.
- C'est moi, en maquillant un peu mon écriture.
- Mais comment….
- Secret! Grand-pa' se fâcherait si j'te disais…
- Dis-moi! Promis j'en parlerai à personne…
- Non! Pas question! D'ailleurs, on à autre chose à régler, tous deux. J'ai un second cadeau pour toi, enfin pour nous… privé celui-là. >>

Charly tend un paquet, long. Je l'ouvre. Un gode pour deux! Je suggère:
<< - On l'essaye de suite?
- C'est parti! >>

Une pelle ouvre les ébats. Je me plaque contre ce corps puissant, me laisse malaxer les fesses avec délice. Déjà deux doigts s'ingénient à écarteler mon anus. Très vite, le long bâton de latex se retrouve dans mon trou, une fois capoté et lubrifié. L'autre extrémité s'introduit dans celui de Charly qui ne cache pas son excitation. On est là, tous deux, frétillant de la croupe afin de mieux déguster la bite artificielle qui pénètre nos entrailles. Tout en faisant le nécessaire afin que le gode nous encule convenablement, on se branle activement. La nouveauté de l'exercice précipite le moment de l'éjaculation. Deux gorges émettent un râle de jouissance tandis que les draps sont aspergés de foutre. Les amusements font place aux ébats plus sérieux. Les étreintes langoureuses annoncent des joutes approfondies.

*****

Cette quinzaine de vacances achevée, je reprends le travail, une certaine mélancolie dans la tête, sans bien en connaître la raison.
Souvent, durant les études, je m'échine à retenir nombre de bâillements. Rien de bien passionnant dans ce boulot de pion durant les heures d'études ou les récréations. Ne voir que des têtes penchées sur leurs devoirs n'est pas spécialement réjouissant. J'évite tout contact personnel avec les élèves que je surveille. Les plus jeunes dépassent tout juste les 11 ans, les plus vieux atteignent leurs 13 ans. Simple précaution afin d'éviter les rumeurs, les suspicions. Ici, la discipline est très sévère pour des s (de bonnes familles dit-on) qui préfèrent se plier aux règles (en apparence) afin d'éviter toutes complications avec le proviseur ou le directeur. Alors je m'ennuie. La lecture reste ma seule distraction durant ces longues heures de silence interrompu par une toux, un grattement de chaussures au sol, une chaise qui bouge, une demande pour "aller au petit coin". Dans la bibliothèque du collège, le choix s'avère restreint. Pas question d'y trouver les histoires du Marquis de Sade. Seules les vies des saints (ou saintes) ont droit de cité en ces lieux. Saint André et sa croix; Sainte Blandine et ses lions; Saint Sébastien et ses flèches; Saint Jean baptiste et sa tête sur un plat; Sainte Marine (ou Marguerite) qui se laisse afin de ne pas épouser le préfet Olybrius, etc. etc. etc.
Ce genre de littérature ne manque certes pas! Mais je n'en raffole pas non plus! Je préfère, et de loin, Pétrone et son Satiricon! Mais de Pétrone, ici, on occulte le Satiricon au profit de ses autres écrits, entre autres son suicide après avoir trempé dans la conspiration dite de Pison. Alors je passe mon temps en mots croisés. Et j'ai atteint un échelon non négligeable puisque j'en suis à 5 étoiles voire même parfois 6! Le proviseur me reproche cette innocente distraction, pensant qu'il serait plus judicieux, pour la bonne éducation et/ou instruction de ses chères têtes dites blondes, que je compulse quelques livres saints, ne serait-ce qu'à titre d'exemple. Un jour, excédé par cette insistance, je me suis pointé avec le Coran en deux volumes! Un regard courroucé m'a dit combien on désapprouvait cette initiative. Seulement pas un mot de reproche, l'air du temps n'est plus au rejet des autres confessions, tout au moins officiellement. Je me suis permis cette incartade une fois, on ne m'en veut plus. Au demeurant, on ne se serait pas permis de m'en vouloir. Les pions à plein temps, mal payés, font terriblement défaut, surtout pour un internat quasi-concentrationnaire.
Tout ça pour dire que ce boulot m'enquiquine. Mais comme je suis particulièrement fainéant, je n'en cherche pas d'autre. Toutefois, la vie chère étant ce qu'elle est, à savoir chère, je fais quelques extra dans une boîte, un week-end sur deux, soit deux nuits par semaines. Ces gains cachés au fisc atteignent presque le montant de mon SMIG de pion, ce qui me permet de mener une vie correcte. Donc mes seules véritables distractions dans la vie se résument dans la drague et dans les mecs que je rencontre, sans omettre Charly et sa grosse queue. Maman et Papa sont persuadés que je poursuis mes études, selon la formule consacrée, tout en travaillant afin de subvenir à mes besoins. S'ils savaient que ces études ne me poursuivent même pas, tant je les fuis! Je glande, comme dit l'autre.
Charly, homme sérieux, voilà comment on peut résumer son caractère. Autant il exulte durant les parties de jambes en l'air, autant il s'applique dans la vie. Plus âgé que moi, 26 ans, il n'existe que par le travail, seul exutoire à son passé. Les mecs tombent comme des mouches dès qu'ils l'aperçoivent. Lui passe son chemin sans jamais les voir. Il ne snobe personne. Il se protège en ignorant tout ce qui l'entoure, ou presque. Notre rencontre représente une exception. Je représente une exception dans sa vie. On ne parle pas d'exception mais d'accident. Car je suis un accident dans l'existence de Charly. Quelques mois avant mes 17 ans, alors que je baguenaudais dans la rue, entre deux cours que j'évitais soigneusement de suivre, la stature de ce gaillard attirait mon attention. À l'époque, je ne draguais pas, je fonçais dans le tas, sans appréhension, sans complexe, ignorant des dangers que ma façon d'aborder pouvait m'attirer.
<< - Si t'es gay, j'approfondirais bien mes connaissances avec toi. >>

Allez savoir pourquoi, le Charly taciturne, bougon, timide, renfrogné, me gratifiait d'un sourire éclatant puis se pliait en deux tant mon approche le faisait se tordre de rire. Sa réponse devait me rassurer quant à ses intentions:
<< - Alors ça vaut le coup, qu'on s'en mette un coup…. >>

Plus tard, alors que nous reposions nos corps tout juste apaisés par une première éjaculation commune, il me confiait:
<< - C'est la première fois que j'embarque un mec aussi vite. Pourtant, t'es pas Apollon! >>

Lui, si, c'est Apollon! Aussi je lui pardonnais volontiers son manque de tact et ce d'autant que sa main revisitait ma bite, que sa bouche venait se coller à la mienne ce qui, évidemment, m'empêchait de lui envoyer une réplique bien sentie. Quelques instants plus tard, je sentais non une réplique, mais mon braquemart pénétrer ce cul merveilleux. Je me vengeais ainsi en le plantant brutalement, tout en grognant:
<< - Tiens! Prends cette bite! Elle te fourre à fonds! Ce n'est pas le cas de celle d'Apollon! >>

J'étais un susceptible. Une seule personne avait le droit de dénigrer mon physique: moi-même et nul autre. Aujourd'hui, les choses changent: seul Charly et moi-même peuvent dénigrer mon physique. Comme quoi, je progresse.
Pour en revenir à cette rencontre, je passais toute la nuit et toute la journée dans le lit de cet homme. Rien qu'en y pensant, je bande.
Le soir, de retour à la maison, mon père m'engueulait soigneusement. À l'époque, mes parents habitaient encore en ville. Ils ne me reprochaient pas d'avoir découché mais de ne pas avoir prévenu de mon absence, de ne pas avoir donné de nouvelles. Maman sanglotait de bonheur, trop heureuse de revoir le fils qu'elle croyait perdu. Je comprenais fort bien leurs sentiments et me jurais de leur dire la vérité quant à mes amours.
En quittant Charly, nous n'avions pas projeté de nous revoir. Le hasard devait s'en charger. Mes parents, soucieux de me former à la vie comme ils disent, m'annonçaient que je devrais, à l'avenir, subvenir à… mon avenir. Travailler devenait un objectif prioritaire. N'aimant guère les études, je sautais sur l'occasion pour m'émanciper, chose que je n'aurais jamais espérée. Comme quoi, mes géniteurs sont les meilleurs puisqu'ils me devinent. Je retrouvais Charly lors de mon embauche comme pion: il exerçait, exerce toujours, le métier de cuistot dans ce même collège. Sans gêne aucune, nous reprenions rapidement nos conversations intimes là où nous les avions laissées. Pour Charly, c'était une aubaine. Il avait sous la main de quoi contenter ses pulsions sexuelles. Moi, j'avais un appui gay qui me faisait grand défaut, vivant quasi en reclus avec mes parents. Toutefois, notre relation n'a jamais rien eu d'exclusive. Je sais quelques aventures de Charly (rares il est vrai). Lui connaît mon insatiable besoin de baises variées. On s'entend à merveille tant sur le plan mental que charnel. Raison qui me pousse à réfléchir: pourquoi ne sommes-nous pas amoureux l'un de l'autre?

*****

Il est là, devant moi, dégustant son apéritif, ses yeux scintillent. Pense-t-il aux prouesses à venir que nous ne manquerons pas de réaliser une fois le dîner englouti? Je ne le crois pas. Si c'était le cas, il s'exprimerait à voix haute, comme à l'accoutumée. Il adore parler salace, cul, avant de me sauter. Ça l'excite, moi aussi. Ce soir, il sourit, tend ses jambes, montrant ainsi une braguette bien fournie mais pas encore comble. Il soupire, m'apostrophe gentiment:
<< - Tu voulais dire quoi, l'autre fois, quand tu m'demandais le pourquoi qu'on n'était pas amoureux l'un d'l'autre?
- Qu'est-ce qui te fait penser à ça?
- J'sais pas trop…. C'est venu tout bêtement.
- Ben on se connaît bien tous deux. On s'entend bien. On ne peut pas se passer l'un de l'autre. Mais on ne parle jamais de rester ensemble. Peut-être que nous sommes amoureux sans le savoir, qui sait!
- Peut-être…. Mais pourquoi pas rester comme on est? Ça t'gêne?
- Non, pas du tout. Je réfléchissais, c'est tout. >>

Charly émet un soupir avant de proposer:
<< - Viens! Je vais t'montrer comme je suis bien avec toi, sans être marié avec toi. >>

Je m'assieds à ses côtés. Il entoure ma tête de ses deux mains, approche ses lèvres qu'il pose délicatement sur les miennes. Il goûte à ma langue, je goûte à la sienne. Il s'écarte un peu, sa voix douce murmure:
<< - On n'est pas bien comme ça? >>

J'approuve d'un signe de tête. Les bouches s'unissent de nouveau. Les mains se font baladeuses, curieuses. Les bites se développent au maximum, montrant un certain désir. Nos corps s'agglutinent l'un contre l'autre, à peine les défroques retirées. Pour la forme, je proteste:
<< - Le poulet va brûler…
- On a encore un quart d'heure, c'est assez pour calmer les urgences. >>

La queue de Charly montre l'urgence en question, la mienne aussi sonne l'alarme. Je tente une dernière esquive, peu enclin à céder trop vite:
<< - Tu sais que je n'aime pas trop la baise vite fait sur le gaz!
- T'inquiète, on recommencera après. On a toute la nuit pour se câliner. Faut en profiter parce que pendant deux semaines on fera ceinture.
- Pourquoi ceinture?
- Mon frangin vient à la maison. Y sait pas que j'suis pédé. Et pas question d'lui dire quoi que ce soit là d'ssus.
- Tu ne m'as jamais parlé d'un frangin.
- Je l'fais maintenant. >>

Charly clos la conversation en avalant ma queue qu'il suce avec application. Intrigué par sa révélation, je n'en savoure pas moins la délicieuse succion, me positionne de façon à lui appliquer la même punition. Seul le bruit de nos bouches rompt le silence. Deux doigts s'introduisent dans mes entrailles, les font tressauter. Tandis que je prends un peu de recul afin d'admirer cette bite en action, Charly lance:
<< - Tu sais, tout à l'heure j'pensais à la capote. Eh ben tu vois, c'est comme pas être amoureux. Tous deux, on s'voit, on s'aime bien mais on baise toujours avec la capote. Pourtant, on s'fait confiance, non? >>

Le voilà relançant le débat de la capote. Ça n'est pas la première fois depuis que je lui ai raconté notre connerie à moi et Marco. Je rétorque:
<< - Je ne sais pas trop. Si on se faisait vraiment confiance c'est qu'on serait amoureux l'un de l'autre. Et ce n'est pas le cas si j'en crois ce qu'on a dit. >>

Charly pousse un grognement, la bouche trop occupée avec ma bite. Je me remets à l'ouvrage, désireux de ne pas continuer cette conversation. C'est vrai qu'on se régale à baiser tous les deux! J'en ai la preuve une fois de plus, si besoin était. Maintenant, la langue de mon amant s'en va fourrer mon anus que je tente d'ouvrir au maximum avec mes deux mains. Les deux siennes s'affairent, l'une sur mes fesses, l'autre soupesant mes couilles. Dans mon cerveau s'insinue l'image de nos queues sans capote, pénétrant nos culs offerts. Il vient de mettre le doute dans mes pensées. Je me promets de résister, de refuser toute compromission. Les élancements de plaisir au niveau de mon ventre rappellent mon devoir du moment. J'ai juste le temps d'alerter Charly que je vais cracher. Il me plaque plus fort contre lui. Les giclées noient sa gorge. Il avale avec délectation. Une fois sa langue passée sur ses lèvres, il susurre:
<< - Tu vois, c'est un début. Ton foutre est très bon. Tu veux goûter au mien? >>

Je sais parfaitement qu'il ne m'obligera à rien, qu'il respectera mon choix. Mais que puis-je faire après ce qu'il vient de faire, lui? Je me laisse aller, pensant que nos bouches saines ne courent aucun risque. Sa queue se raidit encore plus, se gonfle puis se contracte à plusieurs reprises, éjectant ses jets de sperme dans mon gosier. Je fais un effort pour avaler sans manifester de résistance. En effet, cela n'est pas mauvais. Et puis, le liquide vient du corps de cet homme… de cet homme que j'aime. Car c'est à l'instant où j'avale son foutre que je me rends compte que je l'aime. Oh! Pas pour vivre continuellement à ses côtés en lui donnant l'exclusivité de mon corps, de mon âme, de mes pensées! Non! Mais tout simplement pour vivre en sa compagnie, savourer les plaisirs de la vie, tout comme nous le faisons présentement. Il m'observe, un peu inquiet. Je le rassure:
<< - Je reconnais que ce n'est pas désagréable. Dangereux peut-être mais pas désagréable. >>

Reste que si je pense être certain de mes sentiments pour Charly, je doute des siens pour moi. Un besoin d'éclaircir mes idées ne cesse de me tarabuster. Je fonce sans hésiter plus avant:
<< - D'accord, on baisera sans capote quand on sera sûr de nous deux. Quand on se fera vraiment confiance.
- Tu veux dire si on s'aime vraiment?
- Moi je suis sûr de ce que j'éprouve pour toi. Maintenant, à toi de me dire ce que tu éprouves pour moi, vraiment.
- J'sais pas trop. J'y ai jamais réfléchi, j'te l'ai déjà dit.
- Alors tu as deux semaines pour y réfléchir, le temps du séjour de ton frère.
- Ça m'va. En attendant, on peut continuer à baiser?
- Une fois le poulet mangé. >>

Je me lève, me rend dans la cuisine, à poil, où je m'occupe du dîner. Charly me rejoint, à poil également, passe une main sur mes fesses l'autre sur ma queue, constate:
<< - J'en prendrais bien encore un peu de tout ça, comme dîner. Ma bite a faim. >>

Pourquoi avoir provoqué Charly, l'avoir obligé à sta sur ses sentiments à mon égard? Et si cela l'amenait à s'apercevoir que je n'étais qu'un bon coup pour lui, un coup pratique qui lui évitait bien des problèmes du genre chercher le corps frère?
Bon! laissons-là les questionnements trop fatigants pour mon crâne. Me laisser vivre me fera le plus grand bien.

*****

J'ouvre la porte. À mon grand étonnement, je vois Charly planté là avec à ses côtés un mec dont la seule apparition affole tous les neurones de mon cerveau. Moi qui croyais que mon copain était le plus beau des mecs, je le trouve à présent bien quelconque. Il précise:
<< - Salut, Dan, voici mon frangin, Olivier. >>

Je ne réponds pas, trop occupé à admirer la bête. Ma main se tend dans un automatisme de bon aloi. Des doigts la serrent fermement. Il me semble qu'ils frôlent ma paume dans un chatouillis appelant au rapprochement des corps. Voilà que je fantasme un max avec illusion à l'appui! Dan, reprends-toi sinon tu vas nous faire une crise d'hystérie. Putain quel mec! Comment le décrire? Impossible. Il irradie, illumine, resplendit. Des yeux rieurs, malins, pétillants; un sourire ravageur, un tantinet hautain voire dédaigneux, sûr de son effet; une stature imposante que j'aimerais découvrir dans son entier, détail par détail; une aura délicieuse qui m'attire, m'agglutine à lui. Dès son premier regard sur ma personne, je me jure de rester son esclave pour la vie. Je vois passer une ombre rapide dans les yeux de Charly qui me bouscule gentiment:
<< - Même un habitué à droit qu'on lui serre la main quand y vient t'voir. >>

Cette réflexion me paraît incongrue. Pourquoi lui serrer la main quand on se roule toujours une pelle…. Merde, quel con je fais! Son frère n'est pas au courant. Je tends mes cinq doigts, il les prend, les secoue. Je ne le regarde pas, je ne vois qu'Olivier. Je m'esquive afin de les laisser entrer espérant un contact plus coquin de ce dernier lors de son passage devant moi. Charly grogne:
<< - Escuse! Faut que j'aille pisser. Y'a urgence. >>

Et de se diriger vers les toilettes, me laissant seul avec la merveille de l'humanité masculine qui ricane d'une voix douce mais profonde:
<< - Alors comme ça c'est toi que mon frère encule. Peux pas dire qu'il a du goût. Mais bon! on regarde pas trop l'mec dans ces cas-là, d'après c'qu'on m'a dit. >>

Comme un crétin, je ne prends pas au sérieux ses remarques. Je ne me vexe pas du peu de considération qu'il semble éprouver envers moi, n'entendant que ce que je veux entendre: il est pédé lui aussi. Pour le coup, les papillotes de l'espérance chatouillent mon cervelet. Je bredouille, presque inintelligiblement:
<< - Alors tu sais?
- Ouais, j'sais! Mais lui sait pas que j'sais! Tu viens d'confirmer. M'regarde pas comme ça, j'viens pas de la planète Mars. Et pi tu sais, y'a aucune chance avec moi. J'suis un mec à nanas, moi. Quoique faudra que j'essaye de m'faire piper par un mec. Paraît qu'c'est kiffant. Qu'est-ce t'en dit, Dan?
- Tous les goûts sont dans la nature…>>

Comme réponse nase on ne fait pas mieux.
<< - Ouais, tu l'as dit. Rien qu'à t'voir, on comprend qu'ta bouche se f'ra un plaisir d'avaler ma bite. Y'a d'quoi faire, mon pote. L'engin est bien fourni. >>

Olivier se tait, Charly revient dans le salon:
<< - C'était temps! J'ai cru qu'j'allais pisser dans mon bénard. Vous disiez quoi, tous deux? >>

Je ne sais pas ce qui me prend, mais je rétorque de but en blanc:
<< - Olivier m'expliquait qu'il était au courant pour nous deux, qu'il n'aimait que les nanas mais qu'il projetait d'essayer de se faire sucer par un mec. Voilà, rien de bien extraordinaire comme tu vois. >>

Les mains de Charly tremblent, il peste:
<< - Tu lui as dit?
- Non, je n'ai rien dit. C'est lui qui en a parlé le premier. >>

Et Olivier de confirmer. Il explique comment il a compris:
<< - Faut pas laisser traîner les mots cochons chez toi, frangin. J'me fous de ce qu'tu fais avec ta bite. L'principal c'est que tu t'fasses pas enculer. Ça la foutrait mal d'avoir un frère lopette. Mais rien qu'à voir ton pote on comprend qui met l'autre. Un vrai p'tit minet ton Dan. >>

Le petit minet Dan écoute sans réaction aucune. Charly se tord les méninges (image bien sûr). Quelle attitude avoir en pareille situation? L'atmosphère devient irrespirable pour moi et Charly. Olivier, tout heureux de son effet, continue de sourire béatement. Je coupe le silence qui s'appesantit. Une sonnette tintinnabule sous mon cuir chevelu tandis que ma bouche déclare:
<< - Vous voulez boire l'apéro?
- Pas d'refus! Les hommes ça veut du costaud. >>

Le supplice commence. Car j'en suis certain, ce mec me ra tant qu'il le voudra, et je ne me rebifferais probablement jamais. Du costaud en apéritif! Mis à part le porto, le martini, je n'ai rien d'autre. Ah si! Un vieux fond de pastis qui traîne depuis une éternité. J'apporte verres, bouteilles, glaçons, eau. Mes yeux constatent avec horreur la trahison de Charly qui, d'habitude boit du porto, aujourd'hui se verse un pastis. Je renaude, histoire de montrer ma désapprobation:
<< - Tu pourrais servir ton frère d'abord.
- Pourquoi ça? >>

Le frère saute sur l'occasion pour affirmer ses opinions concernant les couples homo:
<< - Ben c'est lui l'mec, y fait c'qui veut, non! On voit que j'avais raison, tu t'fais mettre, Dan. Y'a qu'à voir: tu bois du porto comme une chichiteuse. >>

J'hésite entre virer l'Olivier après lui avoir taillé une pipe de force ou m'allonger sous lui en signe de totale soumission et le supplier de me considérer comme sa chose, prêt à attendre l'éternité s'il le faut avant qu'il ne daigne m'honorer de sa bite entre mes lèvres. Je sens que mes yeux s'humidifient. Je me précipite dans la cuisine afin d'aller chercher des amuse-gueule. Un coup de reniflette, un coup de sopalin sur mes mirettes pour éponger les larmes qui commencent à poindre, et me voilà de nouveau présentable. Charly ne manque pas de finesse. Même s'il ne voit pas exactement ce qui me chagrine dans cette visite, il comprend qu'elle ne doit pas s'éterniser:
<< - Bon, c'est pas l'tout, mais faut qu'on y aille, Olivier! >>

Les deux frères avalent leur apéro cul-sec, se lèvent à l'unisson, se dirigent vers la sortie. Charly me lance un:
<< - Ciao, à plus! >>

Tandis qu'Olivier, profitant de ce que Charly commence à descendre les escaliers, s'empare de ma main, la porte à sa braguette, persifle:
<< - J'suis curieux de savoir si l'frangin baise bien. Touche ma queue, ça te f'ra attendre pour la pepi. Ouais, tu m'bottes, mec. Je sens la bonne lope qu'en veut. >>

Et de partir en remontant son jean's, comme s'il l'avait effectivement descendu afin que je lui fasse une pipe.

*****

Vie de chiotte! Je suis pris dans les filets d'un macho homophobe! Je dois me le sortir de la tête. Mais ses yeux brillent dès que je ferme les miens. Sa bouche sourit dès que je pense à lui. J'imagine son corps, je le rêve, je le palpe mentalement. Je salive tout en dessinant, dans mon esprit, les contours de sa queue, le velouté de son gland, la saveur de son foutre. Je me force à le haïr. Mais à chaque tentative je crée un lien supplémentaire qui m'attache à lui. Je tente de retrouver Charly, mon Charly, le soir dans le lit, alors que ma main s'empare de ma bite. Au lieu de ça je me branle en marmonnant des "Olivier".

Près de dix jours passés depuis la terrible visite, l'incomparable visite, la délicieuse visite. La pensée d'Olivier s'estompe au profit d'aventures redoublées. Car, pour l'effacer, je suis contraint de me jeter dans les bras du premier venu. Et des premiers venus, il y en a, pour peu qu'on se donne la peine de ne pas y regarder de trop près.
J'aperçois Bébert ou pépère selon les émotions charnelles du moment. C'est plutôt lui qui m'a vu. Il m'aborde:
<< - Tiens! Une connaissance. Ça t'dit de r'mettre le couvert, ma poule? >>

Au point où la poule en est, elle remettra volontiers le couvert. Il complète:
<< - Mais on va faire les choses en grand. Un trio, si tu vois c'que j'veux dire. Chez moi on s'ra mieux pour s'éclater, ma poule. Qu'est-ce t'en penses?
- Ça peut se faire. Mais pas de vieux.
- Pourquoi tu dis ça?
- L'autre fois, je serais bien retourné avec toi mais il y avait un vieux. Je ne suis pas trop pour les œuvres caritatives dans ce domaine.
- Tu sais pas c'que tu rates! C'est les meilleurs pour la pipe. Mais t'inquiète, l'troisième a qu'dix huit ans tout juste passés. >>

En effet, il a bien 18 ans. Une acné des plus florissantes bourgeonne sur sa face rubiconde. J'hésite: il ne semble pas des plus méticuleux côté hygiène, le gars. Cependant, si Pépère s'en porte garant… Pour le reste, hormis un corps maigrelet, plus que le mien, ledit "tout juste pubère" possède une queue visant le minima vital et un cul aux fesses absentes, le tout propre. Ça rassure. Par contre, il se démène comme un diable dans un bénitier. Pas pour le chômage, le mec! Il suce, lèche, caresse, embrasse, titille, sans relâche. À croire qu'il possède cent mains, dix bouches avec autant de langues. Moi et Bébert on se laisse faire, nous contentant de nous rouler une pelle de temps à autres. Ça fait du bien de jouer les planches à pain, parfois. Bébert décide de passer à l'action, se redresse à genou, s'empare du boutonneux, ordonne:
<< - Fous-toi à quatre pattes que j't'encule! Faut un début, mon poulet. Tu verras ça passe quand on sait s'y prendre. >>

L'autre obéit à l'injonction tandis que Bébert fourre sa queue dans une capote. La pénétration s'avère brutale. Aucune délicatesse. Le mec ne dit rien semblant coutumier du fait. Pépère observe entre deux pénétrations:
<< - S'faire au gode ça prépare. On dirait qu'ton cul s'prend des bites à longueur d'temps. >>

Donc le mec s'exerçait auparavant à la queue artificielle. Louable cet effort!
Je regarde les ébats tout en triturant ma bite qui se ramollit. Plus rien ne l'excite excepté un certain inaccessible Olivier. Je crains le pire. Suis-je condamné à une queue molle? Bébert, entre deux ahanements, croit bon d'annoncer:
<< - L'gamin doit partir, alors je l'finis vite fait. Après, moi et toi on va s'régaler, t'inquiète. >>

Le gamin éjacule à même les draps, dans un concert de couinements accompagnés de maints spasmes. Le voir jouir s'apparente à voir un spectacle son et gestuel! Ça dure, ça dure, ça dure. Bébert retire sa queue de l'anus, observe:
<< - T'es un sensible du cul, toi, mon pote. S'cuse mais j'crache pas d'suite. Je m'réserve pour ma p'tite poule qu'est là. >>

Le gars se rhabille sans mot dire, peu choqué par les paroles qui lui étaient destinées. Il quitte les lieux en bougonnant un "à bientôt" qui laisse entendre ses habitudes dans la maison. Bébert croit utile de m'éclairer:
<< - Je m'occupe de lui d'temps en temps sinon y finirait chez les dingues. Un cafardeux le Paul! Et encore, y va mieux. >>

Bébert hausse les épaules, comme pour chasser les mauvaises idées, puis ajoute souriant:
<< - Maintenant, c'est à nous, ma poule! J'veux ta bite au cul. Faut pas qu'ça traîne sinon j'tombe en dépression! >>

Oui, mais voilà: quand ça veut pas, ça veut pas. Je bandouille, sans plus. Après avoir mis cette défection sur le compte du peu ragoûtant Paul, je me rends compte qu'il ne s'agit que de moi. Heureusement, Bébert possède un cul aux possibilités d'ouverture automatique incroyables. Je me donne du temps en m'appliquant à lui lécher l'anus, à lui sucer la queue, espérant que la mienne daigne se tendre bellement. Que nenni, la gueuse reste flagada! Tout juste un peu raide, la misérable. Comme je disais, l'anus de Bébert s'ouvre à tous vents, sur simple demande. Donc mon bout de chair molle, encapuchonné, pénètre malgré tout dans les entrailles. Seulement, je ne suis pas au bout de mes peines. Je vais, je viens, soucieux de ne jamais sortir sous peine de ne plus pouvoir rentrer. Je m'agite, je grogne, je peste, mais la sève ne monte pas. Près d'une demi-heure à secouer ma nouille dans ce cul sans le moindre signe de plaisir. Décontenancé, vexé, Bébert me repousse:
<< - Toi, t'es pas en forme. Faut pas accepter d'baiser quand on peut pas, mec. J'perds mon temps. Allez! Trisse d'ici! Les remplaçants manquent pas! >>

Je crois bon d'expliquer:
<< - Je ne sais pas ce que j'ai. Pourtant je n'ai jamais eu de problème.
- Si, t'en as un, et un gros. J'parie que t'es amoureux, toi! Si c'est l'cas, finie la baise dans les fourrés! Tu banderas plus que pour l'mec pour qui tu kiffes. La tuile quoi! >>

Bébert finit de s'habiller, grogne:
<< - Grouille, j'ai pas qu'ça à faire. Y'aura plus personne à baiser, si ça s'trouve. À l'avenir, si tu m'vois, change d'trottoir. >>

On se quitte sur ce trottoir. Pour la première fois de ma vie j'éprouve de la honte.

La bouteille de porto touche à sa fin. Je viens de descendre la moitié restante. Ma tête tourne à l'euphorie. Je n'ai rien mangé depuis hier soir. Une lueur d'espoir, falote, tremble dans mon crâne. Si je compte bien, Olivier a dû regagner ses pénates, son séjour achevé. Je bigophone à Charly qui confirme et m'annonce sa visite.
Seuls les amis peuvent vous rendre la confiance en vous. La vue des fesses, de la queue, de Charly provoque une raideur délicieuse au bas de mon ventre. Moi et lui, on se jette l'un sur l'autre, pressés de s'adonner aux grands plaisirs charnels de la vie. Plus de deux semaines de diète, pour lui, un véritable enfer! Les ventres couverts de foutre, nous calmons nos respirations. Avant de remettre "le couvert", Charly confie:
<< - Tu sais, j'ai eu peur que tu m'laisses tomber. C'est qu'il est giron mon frangin. >>

C'est vrai qu'il est giron, mais surtout dangereux. C'est ce que je conclue sans en chercher la raison. D'ailleurs, les lèvres de Charly me distraient de mes pensées. Pas si aveugle que ça, mon Charly!

À suivre …

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