Tribulations Routières (2)
Avant de continuer, je tiens à réparer un oubli: me présenter.
Moi, c'est Michel, 41 ans. À l'époque de mes débuts comme routier, faits narrés ici, je comptais environ 31 ans. 1m88 pour 81 kg, corps massif, yeux bleus presque gris que l'on qualifie d'envoûtants, moustache fine, brun de la tête au pied. Système pileux non négligeable dans lequel les doigts masculins furètent à loisir. Toujours de bonne humeur sauf quand j'ai la rogne. À noter mon côté soupe au lait. De l'opinion générale, à savoir celle de mes proches, je suis un mec viril, pas pourri du tout. Je plais assez à la gente portant bite sous pantalons. Je suis fier de ce que je suis et ne voudrais changer pour rien au monde. Voilà qui devrait suffire comme description. Concernant le reste, les imaginations complèteront selon leur gré ou la fantaisie du jour.
Bien entendu les rumeurs montrant les routiers dragueurs sont surfaites. On ne baise pas à chaque arrêt et on ne s'arrête pas à chaque aire de repos pour baiser. On ne fornique pas avec tous les auto-stoppeurs que l'on embarque pour la bonne et simple raison que nous ne sommes pas tous homos. La profession comporte des gens ordinaires, sans rien d'exceptionnel si ce n'est un fort esprit de camaraderie entre collègues. Il existe des routiers homos dans la même proportion que partout ailleurs. Peut-être se voient-ils moins compte tenu de l'ambiance machiste de ce milieu. Mises à part quelques exceptions, comme Jules, les chauffeurs pédés se font discrets. Pour moi, l'important réside dans le fait de ne pas mentir.
Mais revenons-en aux péripéties durant mes débuts professionnels.
*****
La coutume, dans la boîte où je travaille, c'est de faire des transports nationaux entre deux transports internationaux. Ainsi, dit le patron, pas de jaloux. Durant la période appelée "nationale" chacun des deux équipiers se repose tandis que l'autre assure les livraisons seul. Pour moi, ce sont des périodes fastes question drague.
Je roule pépère. Le ciel se débarrasse de ses pollutions nuageuses grâce à une brise légèrement fraîche. Je suis content de moi parce que je me sens bien, en pleine forme. Le patron a dit de ne pas trop me presser, chose rarissime. L'engin que je conduis me rappelle Jules: c'est là-dedans que nous avons baisé pour la première fois. Je souris machinalement à ce souvenir. Mon sourire s'élargit encore plus à la vue d'un corps mâle agitant frénétiquement son pouce au bord de la route. Le trajet s'achève dans une dizaine de kilomètres. J'hésite. Dans mon crâne, une voix m'houspille: pourquoi ne pas avancer ce jeune homme, si peu que ce soit? J'obtempère. Un éclatant sourire me congratule lorsque j'ouvre la portière tout en signalant que je ne vais pas loin. Une voix claire, quasi-chantante, rétorque:
<< - Impec! C'est là que je vais. >>
Parfait! Maintenant il ne me reste plus qu'à étudier les éventuelles possibilités de drague, en un quart d'heure, temps de fin du voyage. J'enchaîne la conversation. Le mec, un jeune chômeur tout juste sorti de la fac et détenteur d'un bac avec nombre de plus, se rend chez ses parents pour y passer quelques jours de détente. Pas de fiancée? Nenni! Célibataire endurci, déclare-t-il. Comme si on était un endurci à 23 ans! Et d'ajouter, le plus décontracté possible:
<< - Je ne comprends pas pourquoi on pose toujours cette question sans jamais ajouter ou un petit copain? >>
Le temps de déglutir afin de me donner une contenance et j'abonde dans son sens:
<< - Excuse. Alors pas de fiancée ou de petit copain?
- Totalement libre de toute attache.
- On peut pas dire que tu sois un grand timide toi.
- Mon grand-père me serine sans cesse de ne pas en perdre, de temps, dans la vie.
- Alors écoutons ton grand-père et dis-moi où stopper cet engin. >>
Le moteur à peine coupé et nous voilà fricotant joyeusement, queues à l'air, sans se dévêtir. Juste une bonne pipe des familles accompagnée d'une bite au cul chacun son tour, et nous éjaculons sur nos ventres que nous essuyons aussitôt. La séance s'achève sur nombre de pelles langoureuses. À peine notre tenue remise en ordre, mon jeune amant propose:
<< - On ne va pas en rester là, j'espère. Tu as le temps de passer un long moment avec moi?
- Ben
je sais pas trop. Tu proposes quoi?
- Je t'invite à la maison pour te remercier.
- On sait chez toi?
- Je veux oui. Je n'aime pas le mensonge.
- Bon, d'accord. J'appelle mon patron pour voir. >>
Oui, vraiment direct le mec, net, franc, comme je les aime. Sa frimousse vaut vraiment le coup de faire un effort. Je m'empare de mon mobile quand un bruit attire mon attention, sorte de chuintement provenant de l'avant gauche du camion. Inquiet, je descends pour constater que le pneu se dégonfle: un clou magnifique, planté dans la gomme, cause cette crevaison. Une remarque me vient à l'esprit, que je formule à haute voix:
<< - La chance est avec toi, mec. L'excuse est toute trouvée. J'ai un pneu de crevé. Y'a un garage dans le coin? >>
Le jeune me rejoint, semble heureux de cet incident, ricane:
<< - Faut compter 10 bornes pour en trouver un qui se chargera de ton bahut. >>
La joie en somme! Impossible de changer la roue moi-même. Elle est montée à l'aide de clés à chocs très puissantes, donc impossible à démonter si ce n'est avec une rallonge que je n'ai pas. Il convient de faire appel à un dépanneur équipé d'un compresseur et de ces fameuses clés à chocs afin de dévisser les écrous qui tiennent la roue crevée puis de visser celle de secours.
<< - Chouette t'es libre!
- Pas tant que ça, mec. Faut que je dorme dans le camion. Pas question de le laisser sans surveillance.
- Tu peux quand même venir à la maison dîner?
- Ça oui. Mais tes parents?
- Y savent que je viens en stop. Dans ce cas, si l'occasion se présente, j'invite mon chauffeur à la maison. Ils ont l'habitude. Je n'habite pas loin d'ici, à peine à deux kilomètres. On peut y aller si tu veux.
- Le temps de fermer le camion. >>
Et me voilà suivant ce petit cul au balancement provocateur. Je bande rien qu'à l'idée de le fourrer cette nuit, non sans me souvenir de sa longue queue bien raide aux assauts vivifiants. Nous devisons tout en marchant sans trop se presser. Cette promenade e me fait le plus grand bien. Je me sens en pleine forme.
La maison plantée au milieu d'un terrain verdoyant présente toutes les caractéristiques des constructions neuves. J'apprends que les parents de Loïc sont des fonctionnaires, jeunes retraités venus s'isoler dans la verte campagne non loin de l'habitation ancestrale dans laquelle vivent toujours les grands-parents maternels. L'accueil, chaleureux pour le moins, me met à l'aise. Nous arrivons juste à l'heure de l'apéritif. La maîtresse de maison s'inquiète de savoir si j'aime les soles normandes, l'omelette aux girolles. Le menu me paraît royal. Quelques instants plus tard, le contenu de mon assiette confirme cette impression. Viennent s'ajouter divers fromages suivis d'une délicieuse tarte Tatin que l'on affirme improvisée. Une fine cuisinière la maman de Loïc! Et que dire du vin? Un enchantement du palais, rien que ça! Un personnage m'observe avec de grands yeux tout ronds: Benjamin, cadet de Loïc.
Le repas terminé, je manifeste le désir de me retirer: le devoir exige que je regagne le camion pour y dormir. Benjamin s'exclame:
<< - Moi je veux le garder ton camion! Toi tu peux dormir ici, comme ça tu te reposeras vraiment. >>
S'ensuit une discussion dans laquelle Madame mère répugne à l'idée de savoir son dernier né dans un camion durant toute une nuit, Monsieur père semble enchanté de constater que son petit prend des initiatives courageuses, l'aîné abonde afin de donner satisfaction à son cadet dans le seul but de rester toute une nuit dans mes bras ou moi dans les siens. Finalement, l'enthousiasme du garçon obtient l'accord maternel suivit de celui paternel. Les recommandations pleuvent avant le départ.
Nouvelle marche à pieds en compagnie des deux frères, puis retour avec le seul Loïc qui ne cesse de me peloter durant le trajet. Arrivés à demeure, il me dirige directement à sa chambre: papa et maman sont partis rejoindre les parents de cette dernière afin d'y passer la soirée.
En fait, il ne s'agit pas d'une chambre toute simple mais d'un presque studio. Un coin cuisine est aménagé ainsi qu'un cabinet de toilette équipé d'une douche. Nous allons nous détendre sous l'eau chaude non sans pratiquer certains attouchements destinés à revigorer nos appétits sexuels si besoin était. Je savoure les doigts glissant sur ma peau savonnée tandis que les miens pratiquent une opération identique sur celle de Loïc. Celui-ci met toute sa science à me faire grimper au septième ciel durant cette séance de prémices qui risquent bien devenir la finale. Je bloque sa main trop câline qui s'active énergiquement sur ma bite. Patience mon grand, ne gâchons pas notre plaisir par des gestes précipités. La jeunesse s'impatiente, soucieuse de jouir au plus tôt. Propres, séchés, nous gagnons le lit afin de s'y livrer aux joies de la luxure. Tout semble prêt si l'on en juge par l'état de raideur de nos deux sexes. L'assouvissement de nos désirs charnels ne saurait attendre plus longtemps. Tandis que nous nous livrons à divers actes lubriques visant à provoquer certains tressaillements de nos corps, il me semble entendre plusieurs bruits bizarres. Je m'assure qu'il ne s'agit pas d'une illusion sonore lorsqu'un éternuement tout proche résonne. Loïc croit bon de préciser:
<< - Mes parents sont certainement rentrés. >>
Rassuré, je reprends mes occupations là où je les avais laissées. Mais très vite, d'autres sons anormaux réveillent mon attention et ma méfiance, surtout que la porte de la chambre s'ouvre doucement laissant entrer Papa et Maman totalement dévêtus. D'un bon, je sors du lit, saute dans mon jean alors que Monsieur implore:
<< - Non restez! Ne partez pas! Nous voulons juste assister. Promis, nous ne vous toucherons pas! >>
Éberlué, je me retourne vers Loïc, l'interroge du regard. Sans que je précise ma question de vive voix, il annonce:
<< - Ce ne sont pas mes parents. De temps en temps, j'amène un mec pour qu'ils nous regardent baiser. En échange, j'ai droit à un bon pourboire.
- Et Benjamin dans tout ça?
- Leur fils. Mais il ne sait rien. Tout se passe discrètement à son insu.
- Grand bien vous fasse mais très peu pour moi. J'aurais aimé être averti avant, qu'on me demande mon avis. Merci pour le repas et au-revoir. >>
Je file sans même terminer de m'habiller, trop pressé de fuir cette maison.
J'ouvre la portière du camion. Sur la couchette, Benjamin dort comme un bienheureux. Je me propose de le réveiller afin de le renvoyer chez lui. Seulement quelle explication lui donner? Je réfléchis tout en tapotant machinalement le volant. Une voix s'élève derrière moi:
<< - T'es revenu, c'est que ça a pas marché. T'as pas voulu qu'ils regardent ou quoi? >>
C'est le bouquet! Le gamin connaît parfaitement les petites manies de ses parents et le rôle joué par Loïc! Un peu grognon, il conclue:
<< - Bon, je rentre. Dommage, c'était vachement chouette de dormir ici. Tu sais, faut pas leur en vouloir, c'est une manie, sans plus. >>
Benjamin parti, j'éprouve beaucoup de mal à m'endormir. Je tente de me faire dormir selon le procédé habituel des routiers: peine perdue je n'arrive même pas à bander tant je suis énervé. Si Loïc rapplique, je promets de passer mes nerfs sur sa tronche de pute! Après, y se regardera plus dans une glace pendant des mois par crainte d'y voir un monstre digne des meilleurs musée de l'horreur.
Au petit matin, je sommeille quand le bruit d'un véhicule, s'arrêtant près du mien, résonne dans mes oreilles. Le dépanneur tape à la vitre. Deux minutes plus tard, nous sommes à pied d'uvre. Tout en bossant, je le questionne sur cette famille étrange. Il sourit, m'apostrophe:
<< - Je parie qui vous ont fait l'coup du gueuleton et du fils Loïc. C'est connu dans la région. Y'en a plus d'un qui s'est fait avoir. Vous en faites pas, allez! Y font aussi l'truc avec une fille. Leur vrai fils est pas con. Y sait. Mais y s'en fout. Son truc c'est d'passer son permis et d'partir. Y vient souvent au garage histoire d'sentir l'ambiance. Un bon garçon, vous savez. >>
Je change de conversation, ne tenant pas à en savoir davantage. La roue changée j'effectue le travail pour lequel je suis ici et de partir rapidement le plus loin possible.
*****
Daniel, mon équipier, en butte avec son épouse, démissionne. Madame ne supportait plus de savoir son homme absent des journées et des nuits entières. Elle se faisait un sang d'encre en imaginant toutes les tentations sexuelles auxquelles elle le croyait soumis. La jalousie taraudait la pauvre femme. Daniel se sacrifie car il l'aime vraiment. Il vient de trouver un emploi comme mécanicien, métier qu'il pratiquait avant de devenir routier. Je le regrette. Nous nous entendions bien, jamais de problème entre nous. Ce matin, un mec d'une trentaine d'années se pointe devant moi:
<< - Le patron m'envoie, on fait équipe. Moi c'est Joël. >>
Je me présente, poignée de mains à l'appui. Je le mets au courant du trajet. Dix minutes plus tard, nous roulons direction Anvers. Pas très causant mon équipier! Muet même! Je tente plusieurs sujets de conversation. Tous font un flop admirable. Ça promet! Le voyage aller-retour se déroule dans le plus grand silence, mises à part les paroles indispensables sur le boulot. Froid, glacial, le mec. C'est plus de la timidité, c'est du renoncement au monde extérieur! Sûr, dès le retour, je demande au patron de me mettre quelqu'un d'autre.
Ma demande se voit rejetée, faute de personnel disponible. Faudra faire contre mauvaise fortune bon cur, mais ce sera difficile. Je suis sociable, moi, pas un ours comme le Joël!
En attendant, on le met deux jours au repos tandis que je vais livrer à quelques centaines de kilomètres, juste un aller-retour vite fait qui ne devrait prendre que la journée de ce vendredi.
Les prévisions s'avèrent souvent chamboulées, la preuve: notre client n'est pas prêt. On décide que j'attendrai jusqu'à lundi matin. Je me gare sur un parking me demandant ce que je pourrai bien faire afin de passer le temps. Le coin manque cruellement de distractions. Bien entendu, pas le moindre hôtel où dormir. On me signale tout de même une petite auberge. Heureusement pour moi, je détiens un lecteur DVD et mon PC portable que je n'oublie jamais d'emporter. Je passe donc deux journées en ballades dans les environs, à écouter de la musique, à me brancher sur internet afin d'y admirer les jolies petites fesses de minets virils ou les énormes braquemarts de mecs bodybuildés non moins virils. Les vidéos défilent sous mes yeux, ainsi que les histoires cochonnes ou non. Cela va de soi, j'accompagne ces instants de branlettes vigoureuses. Abondance amène le dégoût. Le dimanche soir, je suis las. Mes yeux n'admirent plus rien, ma bite ne réagit plus aux prouesses fessières des porn-stars. Je n'éprouve même plus le besoin de me masturber. Le constat devient évident: je m'emmerde. Une fois le dîner avalé, après avoir quelque peu traîné à l'auberge. Je regagne mon camion et me couche aussitôt.
La brume enveloppe la nature. Je m'étire, me demandant où aller prendre une douche avant de retrouver le client. Il me semble puer le sperme séché. Tout en réfléchissant à ce douloureux problème d'hygiène, je mets le contact: rien. Le tableau de bord reste sombre. Plusieurs tentatives obtiennent un résultat identique. Un éclair traverse mon cerveau. Con que je suis! Pendant ces deux jours, j'ai oublié de mettre le moteur en route de temps à autres afin de recharger les batteries! Elles sont tristement à plat, maintenant. En conséquence, plus de courant. Je fouille dans tout le camion afin de voir si, par hasard, un câble de démarrage ne s'y trouverait pas. Cet ustensile devient rarissime actuellement. Les routiers n'en prennent plus avec eux, ou très peu. Sur le parking, seulement deux voitures. Par bonheur, un garage se situe à quelques centaines de mètres. Comble de chance: c'est un garage poids lourds! Au moment où j'arrive, le patron lève le rideau de fer. Première pensée en apercevant l'homme: mettable le mec voire plus! Bon, le moment de la bagatelle n'est pas venu. J'explique mon malheur et ma connerie. Le gars se marre! Grand bien lui fasse. Moi je ne rigole pas du tout. Bon, je ne dis rien car son rire sonore pousse ma bite à se soulever un tantinet.
<< - Allez fais pas cette tête! Mais ces oublis me font toujours rire. J'y peux rien, c'est comme ça! Juste le temps de me changer et je suis à toi. >>
Pour être à moi, j'aimerais qu'il le soit. Je soupire en contemplant le chaloupé de la démarche qui me dévoile ses arrières rebondis. Ça, ce n'est pas de la fesse au rabais! Je devine ses gestes à travers la cloison en verres opaques. J'imagine le corps, je suppute sur la bite. La mienne frétille à m'en faire mal. Comme si elle n'avait pas eu son compte ces deux derniers jours. Une main ne possède pas le charme d'un corps entier pour jouir, évidemment. Raison pour laquelle ma queue s'émeut tandis que j'admire le mec revenant vers moi:
<< - On y va? >>
Je bave d'envie en observant ce type grimper dans son fourgon. Le moindre petit mouvement met en valeur sa splendeur corporelle. Je lui indique le parking, précisant que je préfère marcher. En réalité, mon seul souci réside dans le ramollissement de ma queue que j'appelle de tous mes vux. On a sa dignité!
Nous voilà auprès du "malade". Mon dépanneur déroule les câbles à l'arrière du fourgon, les branche sur les batteries. Je suis obnubilé par son corps que je ne quitte pas des yeux une seule seconde, persuadé de ma discrétion. L'opération recharge de batteries ne prend guère de temps mais suffisamment pour que je complète mon idée sur le physique du dépanneur. À poil, ce doit être le plus beau type du monde. Les boutons non fermés de sa combinaison de travail laissent apparaître une touffe de poils très attirante, juste sous le cou. Comme j'aimerais y glisser mes doigts. Je crois tout oublier, mis à part cet homme. Il me sort de ma torpeur:
<< - Pas bien dormi cette nuit?
- Oui, en effet.
- Tu peux repartir, les batteries sont rechargées. Fais attention la prochaine fois. >>
Je l'accompagne au bureau. Encore quelques minutes à l'admirer, le temps qu'il établisse la facture. Au moment de payer, je tente le coup:
<< - Tu sais où je peux prendre une douche?
- Pas loin d'ici, à dix mètres. On est équipé, tu peux y aller.
- Sympa, merci. Je vais chercher mes affaires. >>
J'apprécie la chaleur de l'eau tandis que je caresse mon ventre, mon bas-ventre. Dans mon esprit, je vois le garagiste se collant contre moi, posant ses lèvres sur les miennes avant d'aller lécher mes couilles. Sa voix me parvient:
<< - Laisse-toi faire, mec. On va se donner du plaisir. T'as un peu de temps j'espère. >>
Il se plante sous la douche, juste contre moi. Le temps ne me manque pas. Nous avons deux heures. Il m'embrasse dans le cou tout en murmurant:
<< - Moi aussi. Le personnel n'arrive pas avant 9h. Je viens de rebaisser le rideau pour pas qu'on nous dérange. >>
J'entends un téléphone sonner, pas un mobile, un fixe, celui du bureau. Juan décide:
<< - Plus tard les clients, j'ai une urgence de baise. >>
Il s'active sur mes lèvres, dans ma bouche, sur mes seins. Il commente:
<< - Dès que je t'ai vu, j'ai su qu'on baiserait, moi et toi. T'en crevais d'envie, c'était vachement visible. Moi aussi j'en crevais d'envie. Ça fait longtemps que j'ai pas baisé avec un mec. Ta bite m'excite. Ton cul me provoque. Je vais te sucer, te fourrer à fond. Tu vas la sentir. Après, tu feras ce que tu voudras de moi. Je serai tout à toi. >>
Nous suivons le programme annoncé bien que dans un ordre différent. Juan se dépense sans compter, ne néglige aucun effort pour me mener au paroxysme du plaisir. Sa queue emmaillotée dans une capote me sodomise délicieusement après plusieurs minutes de ramonage dans ma bouche. Ce gars pense à donner du plaisir afin d'en recevoir en retour. Je ne le déçois pas. De nouveau, j'avale sa queue remise à nu tout en passant ma main sur ses fesses avec doigts entrant dans son anus. Il se trémousse, m'enjoignant de le baiser au plus vite. Je tarde un bref instant, juste le temps de quelques coups de langue sur ses couilles. Revenant à moins de précipitation, il m'octroie une fellation en règle, un léchage de cul de premier plan. J'insère enfin ma queue habillée dans son fion que je laboure avec véhémence, provoquant chez lui des râles sonores. Il gueule:
<< - Putain que c'est bon! Tu baises comme un chef! Fourre-moi à fond! J'aime ta queue qui me trifouille! >>
Et autres variations destinées à nous exciter davantage, mais que des compliments en somme! Nos jets de foutre simultanés aspergent nos corps victimes de spasmes. Nous reprenons nos esprits et notre souffle tandis que l'eau coule de nouveau. Nous nous frictionnons, nous accordant une seconde baise plus calme. La journée s'annonce merveilleuse, pensais-je tout en me rhabillant. Juan demande:
<< - Tu restes dans le coin un moment?
- Non, je charge dès 9 heures et je livre avant de rentrer.
- Dommage! J'aurais aimé passer au moins une nuit avec toi. J'ai plus beaucoup l'occasion de me faire un mec. Avant, y avait le jeune, un mécano. Mais il est marié et veut plus baiser avec un mec.
- T'es marié toi?
- Divorcé. Madame Ex s'est aperçue de mon attirance pour les gros julots. Elle a pas apprécié. >>
Moi aussi j'aurais aimé passer quelques temps en sa compagnie. Je le lui dis:
<< - On va se revoir, t'inquiète. J'ai quelques jours de congé en fin de semaine. Promis, je viens les passer ici. Ça te va?
- Le pied! Je t'attends avec impatience. >>
Comme annoncé, une fois le congé venu, je retourne voir Juan, tout heureux de forniquer avec lui durant plusieurs jours. Je me pointe, gare ma bagnole sur le parking que je connais bien maintenant. Frétillant de la croupe et du reste, je cours frapper à la porte du garage. Un pépère goguenard ouvre, s'enquiert:
<< - C'est pourquoi?
- Juan est là, s'il vous plaît?
- Juan? Connais pas.
- Si, c'est le patron. Il m'a dépanné lundi matin dernier.
- Ah vous parlez du voleur, le Paulo! Le patron ici, c'est moi. Qu'est-ce qu'il a encore fait cette fripouille?
- Rien. Je lui avais promis de passer, c'est tout.
- Eh bien, c'est fait! Vous êtes passé. Je veux pas de malhonnêtetés chez moi! Bien le bonjour! >>
Le bonhomme s'enfonce dans le garage sans plus d'explication. Penaud, je monte dans ma voiture ne sachant trop où aller. Je repense à l'auberge. Dix minutes plus tard j'apprends que le fameux Juan était employé dans ce garage où il s'est rendu coupable de plusieurs magouilles. Le patron l'a viré hier avec pertes et fracas, le menaçant des foudres judiciaires.
*****
Toujours la tronche triste, presque pathétique, de Joël, malgré maintes tentatives de ma part pour le dérider. Nous roulons en direction d'Istanbul, lui silencieux comme une tombe, moi soupirant tant et plus. Je m'emmerde avec ce type que ça en est dramatique! Rien que de le regarder ça me file le bourdon. Une véritable publicité en faveur du suicide, le mec. Pourtant, si on l'observe de près, pas moche du tout, bien au contraire. Costaud, 1m90 pour 80 kg approximativement, le visage énergique au menton carré, les yeux marron et vert, la bouche avenante bien que les lèvres soient un peu minces, nez droit joliment dessiné surplombe une moustache à la Brassens. L'homme, bosseur, serait abordable s'il n'avait cette manie de vouloir imiter les bouledogues enragés. Une façade, probablement. Je me plais à penser que s'il souriait de temps à autres, parlait quelquefois, ses lèvres se muscleraient pour arriver à devenir pulpeuses. Alors que nous évitons Milan pour nous diriger vers Trieste, je ne retiens pas un éclat de rire. Joël qui conduit jette un il dans ma direction, intrigué par cette manifestation soudaine et irraisonnée pour lui. Je me décide à lui exprimer le fond de ma pensée:
<< - Vois-tu Joël, si tu étais un peu plus sociable, tu serais le meilleur des mecs. Mais travailler avec toi est un véritable supplice. Ta tronche devrait servir à une pub pour les pompes funèbres. Je te cache pas que j'ai demandé à avoir un autre équipier. C'est vraiment pas drôle de passer ses journées à tes côtés. Fais un effort, merde! Qu'est-ce qui ne va pas? Moi? Dis-le bon sang! Rien qu'à l'idée de faire ce trajet avec toi me fout les jetons! >>
D'un coup, Joël ralentit, prend la bretelle menant à l'aire de repos toute proche, gare le camion. Il serre le volant avec férocité. Je vois ses mâchoires se contracter. J'envisage le pire: une castagne maison comme je ne les aime pas. Dans ce cas, faudra que je me défende même si c'est à contre-cur. Je constate que le visage de mon équipier blanchit. Il arrive enfin à bredouiller:
<< - Je me lie difficilement. Je viens juste de traverser une rupture très difficile. Laisse-moi un peu de temps. Ça te va comme ça?
- Je te demande pas de me raconter ta vie mais simplement d'être sociable. Avoue que c'est pas marrant de passer sa vie à côté d'un mec qui ne bronche pas. Maintenant, si tu veux parler, te soulager quoi, te gêne pas. Je sais écouter. Et puis je préfère ça au silence mortel.
- J'aime pas parler de moi.
- Ça promet!
- Bon, d'accord, je ferais un effort. >>
Je prends note de ce que je considère comme une promesse.
Nous passons en Slovénie où nous devons rejoindre la capitale Ljubljana afin d'y déposer une partie de notre cargaison et la remplacer par d'autres marchandises destinées à Plovdiv en Bulgarie. Dire que Joël devient bavard serait outrageusement exagéré. Tout au plus parle-t-il du temps qu'il fait, des nouvelles en matière de politique, évitant d'aborder tout autre sujet. Cependant je ne rechigne pas: effort il y a, là réside l'essentiel. Peut-être qu'avec un peu de patience
.
Une sonnerie, sur l'air de la Cavalerie légère, retentit: le téléphone mobile de mon équipier qui répond. Je comprends très vite qu'il s'agit d'une conversation très privée. Je me glisse sur la couchette, histoire de marquer ma discrétion. Je reviens une fois le coup de fil terminé. Joël déclare, tristement:
<< - Tu pouvais rester. C'était mon père. Il vient d'apprendre par mon ancien petit copain que je suis pédé. >>
À suivre
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