Tribulations Routières (3)
Passé le choc provoqué par la confidence, cause de mon silence de quelques secondes, je rassure:
<< - Ben tu vois, dans ce camion on est deux pédés. Et ton ancien petit copain est un con de la pire espèce. Au retour, fous-lui une correction carabinée, il la mérite. >>
Heureusement pour nous, nous roulions à une vitesse de croisière, environ 90 km/h. Joël freine brutalement. Mes réflexes me permettent de réagir rapidement afin de me maintenir sur le siège.
<< - Te fous pas de ma gueule, c'est assez dur comme ça.
- Je suis sérieux, pédé je suis, pédé je resterai.
- Putain, t'aurais pas pu le dire avant?
- T'es gonflé comme mec! Tu fais la gueule depuis que t'es arrivé, sans dire un mot, tout juste si tu réponds quand je te pose une question, et t'aurais voulu que je te fasse des confidences!
- Excuse, t'as raison. Bon, on oublie?
- On oublie! >>
Ce différent réglé, nous repartons. L'ambiance, nettement meilleure, n'atteint pas des sommets de rigolade mais le malaise disparaît. Plus qu'à attendre que Joël digère ses malheurs sentimentaux.
Je prends le volant. Nous quittons la Slovénie, entrons en Croatie pays à la réputation homophobe. Juste après la frontière, nous faisons une pause de quelques heures. Repas dans une gargote fort sympathique puis nous regagnons notre habitacle roulant. Je raconte à Joël mon aventure avec Jules. Bien sûr, je prends un ton égrillard, tournant mes phrases de façon à ce qu'elles soient drôles. Pour la première fois, je le vois sourire. Heureux de ce que je considère comme une B.A. je m'allonge sur la couchette, ferme les yeux pour rejoindre Morphée.
Nous nous dirigeons vers Zagreb. Joël dort. Étrange bonhomme tout de même! À bien y penser, je le trouve moins baisable. Quand je le supposais hétéro il m'attirait plus. Je n'avais pas remarqué cette petite verrue juste sous le nez, presque cachée par sa moustache.
Les heures défilent, les kilomètres aussi. Arrivés à Slavonski-Brod Joël propose:
<< - Je connais un coin où bien bouffer. Tu verras, c'est sympa. Je suis déjà venu plusieurs fois dans ce coin. J'y ai des connaissances. >>
Allons-y gaiement!
Joël ne ment pas quand il parle d'endroit sympa: on l'accueille avec moult satisfaction. Il me présente, en anglais. Je jette un il dans la salle: que des mecs, jeunes, beaux, sourires aux lèvres. Il me précise, une fois attablés:
<< - T'inquiète, ils attendent un signe de notre part. Si on ne fait rien, ils nous ficheront la paix.
- C'est des putes?
- Oui et non. Ils sont bi et cherchent à améliorer l'ordinaire, pas ment avec de la monnaie. Faut juste se méfier de pas trop laisser traîner son portefeuille. Pas méchants, les gars. >>
Si j'en juge par les yeux implorants de l'un d'entre eux, il ne doit vraiment pas être méchant:
<< - T'en penses quoi, Joël? Ça te dit une séance de galipettes, histoire de couper la monotonie du trajet?
- Non, pas maintenant. Au retour peut-être. Vas-y, te gêne pas.
- Tu sais, j'ai jamais essayé avec une pute. T'as raison, au retour peut-être. >>
Décision non confirmée. Une heure plus tard, je me retrouve dans un petit hôtel où l'autochtone me fait comprendre que je dois payer. Ensuite, nous pénétrons dans une chambre aux murs délabrés, au lit presque neuf. Je ne comprends pas un traître mot de ce que me raconte mon futur amant. Mais je pige la manuvre. La somme versée par mes soins pour ce nid douillet équivaut à une semaine de loyer: les tarifs affichés derrière la porte le prouvent.
*****
L'épisode de Slavonski-Brod résulte des liens nouvellement créés entre Joël et moi.
Nous traversons la Serbie et Monténégro. La ville de Nĭs se trouve à quelques dizaines de kilomètres. Nous effecons notre pause là-bas avant de passer la frontière pour entrer en Bulgarie. À maintes reprises j'ai pu constater que Joël ne se branle pas en conduisant afin de rester éveillé pas plus qu'il ne se masturbe dans le but de se "faire dormir". Dénigrerait-il les bonnes habitudes de notre profession? Serait-il pudique à ce point? Je lui pose la question. Il répond sans barguigner:
<< - Je me branle que devant celui avec qui je fais l'amour, ou seul en privé. Jamais devant un étranger. >>
Je lui rappelle quelques éléments de base sur le comportement dans ce métier. Il dit ne pas s'y conformer. Dans un coin de mon crâne, une voix me demande si, sans le vouloir, je ne m'intéresserais pas, par hasard, au bonhomme. Ça se pourrait bien. Maintenant, il m'intrigue. Je me pique au jeu de le découvrir et, pourquoi pas, de le ramener à plus de civilité avec l'humanité en général et au respect de nos coutumes professionnelles en particulier. Autre chose me titille la cervelle. Le Joël ne se déshabille jamais devant moi. Si nous sommes à l'hôtel, il verrouille la porte de la salle de bain avant d'ôter le moindre vêtement. Ensuite, il rentre dans la chambre, un pyjama sur lui. Que cache-t-il? Mon imagination fertile vagabonde vers des horizons totalement fantaisistes. Oui, ce gars, faut que je le découvre sans toutefois me découvrir moi.
À Plovdiv, nous livrons puis allons chez l'autre client pour charger. Le reste du trajet, jusqu'à Istanbul, se passe sans événement particulier. Entre mon collègue et moi, l'ambiance devient normale, sans plus.
Arrivés à bon port, nous déposons la marchandise vers 14h. Celle que nous devons ramener n'est pas encore disponible. On nous annonce un retard important, nous ne chargerons que demain matin aux alentours de 10h si tout va bien. Appel au patron qui dit d'attendre, pas question de rentrer à vide. Nous voilà libres de nos personnes. Pour la seconde fois, Joël me fait profiter de ses connaissances. Je ne suis venu à Istanbul qu'une fois, avec Daniel. Notre séjour n'a duré que quelques heures. Donc je me laisse guider. Nous laissons le camion dans le parking gardé du client, prenons un taxi en direction d'un hôtel plutôt pas mal. Une fois douchés, bichonnés, nous errons dans les rues de la ville durant une heure environ, puis Joël m'annonce que nous devons bénéficier des bienfaits d'un hammam avant le dîner. Aucune objection! Dans ma tête, j'imagine l'endroit tel que décrit dans certaines lectures. Ma surprise se voit lorsque nous pénétrons dans les lieux. Ce hammam ne possède aucune caractéristique de ceux que je connais, ou que je supposais connaître, mis à part la chaleur, la vapeur et l'eau. D'abord, la clientèle ne se bouscule pas au portillon: six personnes dont nous deux. Ensuite, le décorum, le mobilier, laissent plutôt penser à un appartement privé. Le déshabillage s'effectue dans une chambre confortable avec salle de bain (une vraie). Joël m'apprend que nous pouvons nous reposer si nous le désirons. Je vois dans cette remarque une proposition très honnête de sa part et m'apprête à la décliner, ayant aperçu deux spécimens du genre humain mâle fort à mon goût. Il rectifie:
<< - Je t'explique simplement ce que tu peux faire. C'est pas une invite, t'inquiète. >>
Là, je renâcle mentalement. Qu'il me drague m'aurait fait plaisir. Bon, je ravale ma fierté. Nous effectuons un tour du propriétaire. Dans une grande salle des tables dressées attendent les dîneurs. Différents mets sont exposés, fort appétissants semble-t-il. On peut se servir selon notre fantaisie, me dit mon guide qui m'abandonne pour le reste de la soirée en s'excusant:
<< - Tu t'en vas?
- Oui, je vais voir quelqu'un. À plus. Au fait, ça ferme à minuit, ici. >>
Aurait-il rencontré le corps frère? Très possible. Cela me chagrine, me satisfait, les deux ensemble. Il ne me drague pas, il me laisse tomber. Mais il recommence à vivre puisqu'il va baiser! En ce qui me concerne, j'en reviens très vite aux autres clients de l'endroit. Je pars en quête des échantillons aperçus un peu plus tôt. Pas bien difficile de les trouver. Je les vois allongés sur un immense sofa, roucoulant gaiement. L'un deux, paraît m'adresser des oeillades, comme pour m'offrir de participer à leurs échanges amicaux. Ce que je considère comme un appel est lancé par le plus jeune des deux. Un autochtone d'une vingtaine d'années, guère plus, aux yeux noirs étincelants que protègent de longs cils recourbés. L'autre personnage porte la trentaine largement passée. On devine en lui le mec, le mâle, le jules! J'avance de quelques pas vers le couple lorsque je sens des doigts effleurer mes arrières. Juste le temps de tourner la tête afin de voir qui ose m'aborder de cette adorable manière et j'entends un bruit sec ressemblant à s'y méprendre à une gifle magistrale. Mes yeux reviennent vers le sofa où je constate que le jeunot vient de se prendre une mornifle à tout casser. Le julot l'att par un bras, le traîne dans une autre pièce tout en l'apostrophant d'importance, ajoutant deux autres claques de son cru. L'auteur du salut fessier glisse à mon oreille, dans un parfait français:
<< - Toujours pareil, ces deux-là. On dirait que Moustafa aime se faire corriger. Il ne peut pas s'empêcher de draguer devant son ami sachant qu'il va se faire tabasser. Ça ne rate jamais. >>
Aux cris émanant de la pièce voisine, succèdent des soupirs significatifs. Mon nouvel interlocuteur m'entraîne vers l'endroit où se déroule une scène déplorable à mon goût. Le Moustafa se laisse avilir par son mâle, qui ne se prive pas de lui claquer les fesses tout en l'enfilant brutalement, lui donnant également des coups sur la tête. Ahmed, puisque tel se nomme la brute, désireux de savourer d'autres plaisirs, tire son amant par les cheveux, sans ménagement, lui ordonne de le sucer. Il ne caresse pas, refuse tout autre contact que cette bouche gobant sa bite au demeurant de taille très moyenne. Il éjacule sur le visage de Moustafa puis le repousse du pied, lui crache dessus en l'insultant, le jetant au sol avec force coups de pieds puis quitte les lieux. La victime geint, les bleus montrent la douceur du partant. Mon guide ajoute:
<< - Rien de SM là-dedans. Ahmed est marié. Moustafa est fou amoureux de lui, il accepte tout pourvu que l'autre s'intéresse à lui, peu importe la forme que prend cet intérêt. Faut voir les rossées qu'il se prend. En plus Ahmed est jaloux comme ce n'est pas possible! Mais je crois que cette fois-ci, on va leur interdire l'entrée. Un jour, le gamin sera sérieusement blessé, c'est certain. >>
En parlant d'intérêt, si je m'occupais de ce garçon au lieu de le considérer comme une sorte de reporter commentant un match de catch. Il comprend mon changement, murmure:
<< - On n'est pas tous comme ça, en Turquie. Tu veux connaître la douceur ottomane? >>
Que ne le disait-il pas plus tôt! Cela m'aurait évité un spectacle écurant. Un sourire éclatant prouve mon accord. Nous gagnons le grand sofa. Mon anglais métissé turc, armoire à glace aux divines mensurations, au doux prénom de Bradley, comme je l'apprendrais un peu plus tard, s'empare de ma personne qu'il soulève allègrement afin de m'emmener tout contre lui. Il plaque ses lèvres généreuses sur les miennes enfourne sa langue dans ma bouche. Nous nous adonnons aux joies de la caresse linguale intra-buccale. Nos mains ne restent pas inactives cherchant sur nos corps les points sensibles afin de nous faire vibrer au maximum, à l'unisson. Les peignoirs s'ouvrent comme par magie, tombent, nous laissant nus. Les queues s'enchevêtrent, se mélangent, se frottent, raides au possible. On peut dire que mon partenaire possède ce qu'il faut, là où il faut. Va falloir que j'avale la matraque plus que surdimensionnée. Courage mon grand, t'en as vu d'autres, pas vrai? Je sens des doigts agiles fureter du côté de ma rosette. Aucun doute sur les prochaines réjouissances, à très court terme. Il me laisse quand même quelques minutes aux fins de le sucer. Le braquemart occupe toute ma bouche qui ne peut en avaler qu'une faible portion. Mais quel pied de lécher cet engin aux formes si généreuses! Je me délecte. Bradley se contorsionne afin de pouvoir happer à son tour ma bite de proportion plus raisonnable, quelconque diront certains mal-intentionnés. Non seulement ce brave homme possède un physique à damner un saint dans mon genre, mais en plus il s'en sert superbement bien. Si j'osais, je lui demanderais de me conseiller en la matière. Pourtant, je ne suis pas un fainéant, je pratique assidûment depuis nombre d'années, butinant parmi les fleurs mâles de toutes sortes. J'en connais des galipettes à l'originalité indéniable. Mais là, le turco-anglais m'en bouche un coin, en attendant de me boucher un endroit plus précis. Comme quoi, les mélanges de races, y a que ça! Plus on brasse, meilleur est le résultat! Et cette langue qui s'aventure aux environs de mon anus qu'elle titille merveilleusement. Putain que c'est bon! Le salaud me doigte. Sa dextérité m'amènerait presque à jouir si je ne l'arrêtais pas de temps à autres. Dévergondé, va! Il me plaît, le sang-mêlé! Je prendrais bien la nationalité turque sous réserve qu'il me propose une éternité dans son lit. Bon, voilà que je galèje! Foin des supputations, je devine la suite des événements. Habillé du latex obligatoire, le vit s'affermit à l'approche de la pénétration qui ne tardera plus. Le gland se présente aux portes du bonheur, passe le pas un tantinet difficultueux, s'immisce dans mes chairs provoquant de merveilleux émois dans tout mon corps. Il m'empale au sens propre du terme. Il remplit mon être avec son être. Il pistonne, lime, encule, patiemment, longuement, idéalement. À quatre pattes, je tends mon fessier, cambrant les reins de mon mieux. Il aimerait une autre position. Que cela soit! Sur le dos, je lève mes jambes que j'appuie sur ses épaules, soulevant mon cul le plus haut possible. J'aperçois l'admirable queue emmaillotée, roide, frénétique, reprendre le chemin de mon trou. De nouveau elle écarte mes chairs afin de s'y faire une place. Je l'aide comme je peux. J'admire le mec au travail. Je contemple le cylindre entrer puis sortir de mes fesses pour y rentrer encore et toujours. Les muscles se tendent, les visages se crispent. Bradley souffle quelques secondes, évitant ainsi de précipiter le moment de l'apothéose. Je renâcle, trop désireux de ressentir les effets des jets de foutre dans mes entrailles. Enfin, le grognement signalant le moment suprême! Secoué de spasmes, mon amant éjecte sa semence dans la capote. Je sens sa queue palpiter au rythme de l'éjaculation. Plus rien ne me retient. Je libère la sauce trop longtemps contenue dans mes couilles. Sans réfléchir, à peine l'ultime goutte expulsée, je demande:
<< - On recommence? >>
Bradley secoue la tête: ses batteries sont à plat pour un moment. Il s'est donné à fond, dans mon fonds! Je l'en remercie par des papouilles coquines, des baisers langoureux. Il montre son goût pour ces instants de l'après. Nous restons ainsi, branchés, sur le sofa, reprenant notre calme, sa bite entre mes fesses. Nous somnolons presque.
Une tornade nous ramène à la réalité. Ahmed et Moustafa, de retour, reprennent leur activité favorite: la bagarre. Mais cette fois-ci, les choses semblent plus sérieuses. Le jeune, la tête en sang, hurle sa douleur. Personne ne bronche dans la maisonnée, pas même mon Bradley qui observe sans mot dire. Le tortionnaire, furieux, encourage sa colère en frappant encore et encore. Pour moi, cette attitude est intolérable. On entend un léger bruit lorsque je m'écarte de mon amant, libérant sa bite. D'un bond, je me jette sur Ahmed que je corrige avec application lui demandant ce qu'il pense, ce qu'il ressent, en recevant une bonne raclée. Il marmonne une réponse incompréhensible pour moi. Moustafa, délivré de son bourreau, n'attend pas une seconde, il s'enfuie. J'assène un dernier gnon sur l'arcade sourcilière d'un Ahmed vaincu. La vue calme mes ardeurs guerrières. Un peu essoufflé par tous ces efforts, je regagne le sofa. Gentiment, fermement, Bradley me repousse:
<< - Pars d'ici! Ça vaut mieux pour toi. >>
Interloqué par cette réaction, je veux une explication. Borné, fermé, têtu, il ne dit plus un mot. Il me fiche dehors, tout bonnement, uniquement pour avoir évité un presque . De surcroît, la victime de retour m'invective hargneusement. Une de mes lectures scolaires revient dans mon cerveau. Un conte de Voltaire dans lequel une femme se fait étriper par son mari, le héros croit la sauver en la sortant des griffes du féroce époux mais se voit malmener par la victime à cause de cette intervention de "secouriste".
Je peste, je fulmine, tout en regagnant l'hôtel. Je retrouve un Joël enfermé dans ses petits problèmes, replié sur lui-même. Je le mets au courant de l'épisode, m'attendant à une avalanche de reproches. Une fois mon récit achevé, il se contente de déclarer paisiblement:
<< - Fallait bien que ça arrive un jour! Malheureusement, c'est tombé sur toi. Y'a plus qu'à filer de cet hôtel. Le mec que t'as tabassé c'est un malfrat, un vrai teigneux. Y fera tout pour te retrouver et t'envoyer ses collègues musclés. Encore heureux qu'on soit loin du camion et qu'il sache pas où il se trouve, sinon il s'emploierait à le désosser après avoir fourgué la marchandise. >>
Nous quittons les lieux illico, prenant maintes précautions, veillant à ne pas être suivis. Après bien des détours, moult moyens de transport, nous arrivons au camion. Là, on nous annonce que l'on peut charger immédiatement, la marchandise étant disponible plus tôt que prévu. On ne s'en prive pas. Heureusement qu'ici le travail ne cesse jamais, nuit comme jour. Un peu plus tard, nous entamons le chemin du retour. Nous ne nous arrêtons qu'une fois la frontière bulgare passée.
*****
Les humeurs de mon équipier deviennent de plus en plus maussades. À l'évidence, ses souvenirs le tarabustent mais pas seulement eux. Le manque de baise n'arrange pas son caractère, comme je le lui explique. Alors que nous roulons pépère, je suggère d'effec notre pause à Slavonski-Brod, une fois parvenus en Croatie. À mon grand étonnement, Joël accepte manifestant un certain contentement si j'en juge d'après un rictus de satisfaction passant fugacement sur son visage. Revoir Pavel me tente, principale raison de ma proposition. Pourquoi ne pas lui offrir une semaine de loyer supplémentaire, au cher ange? Sans compter qu'il me revient de vérifier s'il a bien retenu les leçons de sensualité dispensées lors de notre précédent passage.
Les mêmes mecs bavardent, attablés. Je reconnais Pavel qui m'ignore totalement, très accaparé par une sorte de débris ambulant, vestige d'un passé fort lointain. Je m'étonne auprès de mon Joël qui précise:
<< - C'est son gagne-pain habituel. Toi, tu n'es qu'un petit supplément. Il va pas laisser tomber le régulier pour l'occasionnel. Normal, non?
- Normal, oui, vu comme ça. >>
N'empêche que ça ne m'arrange pas du tout. J'envisageais déjà de nouveaux cours dans le cadre de cette éducation à refaire. J'en salivais par avance et plusieurs branlettes en solitaire étaient dédiées à mon élève croate. Me reste plus qu'à chercher ailleurs. Chercher ne convient pas. Je devrais plutôt dire: attendre une autre occasion. Elle se présente avant la fin du repas. Une main se tend vers Joël, accompagné d'un sourire éclatant coupé par une apostrophe en français (avec un terrible accent):
<< - T'es revenu dans le coin?
- Une livraison dans la région avec mon collègue.
- Et ce collègue, il participerait à une fiesta tous les trois?
- Demande-lui. >>
En temps normal, pareille proposition recevrait, de ma part, une réponse favorable immédiatement. Là, je suis très déçu par la défection de Pavel. En réalité, je me trouve con de n'avoir établi mon programme qu'en fonction de lui. Je décline donc l'offre, précisant que Joël préfère le tête à tête. Ce dernier refuse également. Maintenant, nous sommes deux cons assis à une table, guignant en direction de jeunes en rut qui n'osent plus nous aborder. Je remarque l'objet de mes désirs, de mes regrets, quitter les lieux. De suite, j'imagine sa chambre, sa façon de dévêtir le vieux. Je souhaite que, pour l'occasion, il reprenne ses gestes si peu langoureux. Comment peut-on choyer une vieille carcasse toute défraîchie? Dans mon crâne, une petite lumière clignote: une fois achevé son devoir envers l'habituel, peut-être reviendra-t-il ici pour s'offrir l'occasionnel que je suis. Je prétexte n'importe quoi afin de retarder notre départ. En vain.
Nous voilà dépassant Trieste. La fin du voyage s'annonce proche. Des ennuis mécaniques la retardent. Rien de bien grave, explique le garagiste, mais il faudra attendre une journée complète avant de pouvoir dépanner: la pièce vient de Milan! Le patron informé de ce contretemps, nous laissons le véhicule au garage et partons en quête d'une chambre d'hôtel. Les dieux ne nous protègent guère: complet partout. Durant la période estivale cela paraît normal mais ne nous arrange pas. Cependant, un groom nous signale une chambre "chez l'hôte", à savoir chez ses parents. Ces derniers possèdent une petite maison aménagée afin d'y recevoir des touristes pour une ou deux nuits maximum. Bien entendu, officiellement ils reçoivent des amis, pas question de parler location, crainte du fisc oblige.
L'endroit, spacieux, propret, nous convient parfaitement même si la chambre ne comporte qu'un grand lit. Comme dit la dame: "En cette période, faut pas s'attendre à trouver un dix pièces".
Depuis Slavonski-brod, nous avons roulé sans s'arrêter mis à part pour faire le plein. La fatigue nous écrase et l'on s'écrase sur cet unique lit.
Dans la nuit, je me réveille dans les bras d'un Joël collé contre moi. Au bas de mon ventre, je devine deux bites en érection. Comme quoi, le sommeil nous porte à bien des écarts de conduite. Et cet écart là ne me déplaît pas du tout. Seulement une envie pressante m'oblige à une séparation. Je me glisse doucement hors du lit, me rend dans la salle de bain afin de me soulager la vessie, procède à un nettoyage sommaire de ma bite (on ne sait jamais) puis regagne notre couche. À peine allongé, je sens mon Joël se plaquer de nouveau contre ma personne, bite gaillardement raide. Il pose sa tête contre mon épaule, pousse un soupire de contentement, reprend une sorte de doux ronflement. La situation demande réflexion. Une autre envie pressante titille ma queue. Puis-je profiter de ce que mon équipier dort paisiblement pour lui faire subir le poids de mon trop plein d'affection? Ce ne serait pas convenable. Toutefois, le savoir-vivre en matière sexuel se réduit à peu de chose: profite si l'occasion se présente! Je me plie donc à cette injonction avec douceur, ménagement. Je caresse le visage assoupi, souriant, presque beau, de mon compagnon. Devant son inertie béate, une de mes mains s'infiltre sous les draps à la recherche de sa bite en effervescence que je trouve aisément. Pas mal la barre de chair! Fort raisonnable même, tant sur la longueur que sur la largeur. Le corps me semble tout à fait bien proportionné. Je tâte délicatement: aucune malformation comme je le pensais. Si le bonhomme ne se fout jamais à poil devant moi c'est uniquement par excès de pudeur! Je lui inflige une polissonnerie de mon cru avant d'aller enfouir l'engin dans ma bouche gourmande. Un délice cette pine que je congratule de coups de langue. Le bassin de Joël m'apprend son réveil, ses mains également puisqu'elles parcourent mon dos. Le gredin apprécie. Il allume la lampe de chevet. Ne rechignons pas à l'emmener plus loin. J'émerge des draps, plaque ma bouche contre celle d'un Joël tout frétillant. Nos langues se lient d'amitié, se prouvent leur sentiment. Je sens une main se diriger vers mes fesses tandis qu'une autre prend contact avec ma queue. Nous entrons dans la période dite des prémices. J'adore! Lui aussi! Le coquin s'avère grand amateur de câlineries. Passée la demi-heure indispensable en pelles et caresses en tous genres, nous prenons la position convenant à une pipe réciproque et simultanée. Joël avale goulûment ma bite, se l'enfournant dans sa totalité. Je tente de le satisfaire de mon mieux sachant que son morceau présente un volume bien trop important pour ma cavité buccale. D'ailleurs, je me pose la question de savoir si mon anus l'acceptera dans son entier. En attendant, je compense en lui prodiguant diverses léchouilles intempestives qui ne le laissent pas indifférent. Certains signes montrent qu'il ne tardera pas à cracher son foutre si je continue. Aussi, abandonnant le 69, nous en revenons aux douceurs câlines. Entre deux râles de plaisir il murmure:
<< - Je veux te baiser. Mais je te préviens que j'aime pas me faire enculer. >>
Cette mise au point effectuée, je fournis la capote, le gel. Mon partenaire me pompe à nouveau tandis que je couvre sa bite du latex puis enduit la chose d'un peu de gel. Par précaution, je badigeonne mon cul afin de permettre une enculade indolore. À ma grande stupéfaction, l'intromission se déroule sans accroc, rien que du bonheur. Nous sommes allongés sur le côté, lui derrière moi évidemment! Il me pistonne calmement, prenant un rythme régulier dans ses va-et-vient. Nous modifions notre position pour prendre celle que je préfère: jambes en l'air, pieds sur ses épaules. Ainsi, on s'admire, on se roule des pelles. Je remarque le visage détendu de Joël, son sourire lumineux. Ce gars est un passionné. Lorsqu'il baise, il irradie tout ce qu'il possède de sentimental en lui. Son regard montre sa reconnaissance pour ce qu'il pense être un don de ma personne, un abandon momentané de mon corps à son seul profit. Je sens sa queue trifouiller dans mes entrailles qu'elle chamboule. Une bascule afin de me retrouver assis sur mon enculeur et me voilà effectuant une gymnastique pour m'élever un tantinet puis retomber, et ce à plusieurs reprises. Je savoure le moment, notant au passage les soubresauts d'un Joël éjaculant. Son braquemart se contracte à trois ou quatre reprises, lâchant le foutre dans la capote. Il geint sous le choc. Je l'imite aussitôt, laissant échapper le sperme sur son ventre. Il me bascule une seconde fois, conservant sa bite dans mon cul quelques minutes, juste le temps nécessaire à l'application de caresses et de baisers.
Au petit matin, nos corps réclament de nouveaux ébats. Nous cédons aux pulsions charnelles, en donnant tout ce que nous possédons de sensualité. Une fois l'acte accompli, Joël déclare:
<< - C'est un mec comme toi qu'il me faut. Qu'est-ce t'en dis? >>
Pour l'instant je ne veux rien en dire. Une seule parade: je me jette sous les draps, bouche grande ouverte, je happe sa queue, respectant un grand principe du savoir-vivre: on ne parle pas la bouche pleine.
À suivre
Comments:
No comments!
Please sign up or log in to post a comment!