Dur! Dur! Dur! (1)

PRÉAMBULE:

Cette histoire est basée sur des faits vécus, quelque peu romancés voire enjolivés, qui se sont déroulés dans un pays voisin de la France. Ils m'ont été relatés par le principal intéressé, un ami très cher, dans sa langue d'origine que je connais bien. Cependant, certaines subtilités m'ont probablement échappées que j'ai tenté de combler du mieux qu'il m'était possible. Bien entendu, les noms ont été changés et les lieux non précisés.

RÉCIT

7h30! Comme d'habitude, pile à l'heure, moi, Cédric, j'attends le métro. Sur le quai bondé, quelques têtes me sont familières. Si je ne les vois pas, je suis inquiet car peut-être en retard. C'est bien cela l'habitude. Toujours les mêmes gestes, aux mêmes heures, avec les mêmes gens. Chaque jour je traverse les mêmes couloirs sans plus regarder où je vais: une sorte de télécommande fichée dans ma cervelle doit diriger mes pas sans que je m'en rende compte.
Pourtant, ce qui ressemble à une monotonie ne me déplaît pas. Bien au contraire, cela me rassure en quelque sorte. Et puis, je m'oblige à me distraire en cherchant ce qui est nouveau, ce que je n'avais pas encore remarqué. Surtout j'épie ce qui pourrait revigorer ma libido encore endormie à cette heure-ci. Pour ce faire, j'observe tout, rapidement, j'emmagasine des informations plus ou moins futiles que je conserve. C'est aussi un exercice de mémoire. Par exemple, aujourd'hui je note que la jeune femme au chignon beaucoup trop sévère pour un si joli visage, porte un dans les bras.
Mes yeux ne quittent pas la scène quand entre dans mon champ de vision un personnage inconnu jusqu'alors. Agréable surprise! L'homme semble fermé, bourru, mais quelle stature! J'en ai le souffle coupé. Il bombe le torse, manifestement heureux de sa plastique. Je note immédiatement la fesse provocante, la braguette fournie. Vite, je me faufile dans la foule afin de m'approcher de lui. Une pensée traverse mon esprit: c'est peut-être le mec de la jolie dame au chignon sévère.

Ils vont bien ensemble.
La rame arrive, les portes s'ouvrent, du monde descend, des gens s'avancent afin de monter plus vite. Je me sens porté vers l'avant. Une masse me pousse dans le wagon. Je me plaque contre une des barres verticales et m'y accroche. Juste devant moi, l'homme de mes rêves s'agrippe lui aussi à la même barre que moi. Nous sommes presque collés l'un à l'autre, face à face. J'espère que sa main touchera la mienne. Ses lèvres purpurines fascinent mes yeux. Je n'ose bouger. Son regard froid coupe toutes mes envies d'engager quoi que ce soit avec lui. Je l'imagine possédant un poignard dans sa chaussure, prêt à me chatouiller avec si je venais à l'indisposer en quoi que ce soit. Et il ne doit pas falloir grand chose pour l'indisposer, le Monsieur. Ses mâchoires carrées se serrent: nerveux? Bon! Je ferais mieux de regarder ailleurs. Je m'obéis promptement: pas de risques inutiles. Cependant certains frottements laisseraient supposer un besoin d'intimité chez ce Monsieur. Sont-ce mes sens, mon imagination? J'ai cru deviner un paquet vouloir se connecter avec le mien. Je ne prends aucune initiative. La rame freine. Le géant tente de se maintenir à la rambarde mais ne peut éviter d'approcher sa tête de la mienne et de se coller un peu plus contre moi. Il m'électrise! Je trique comme un malade, là d'un coup. Ça ne prévient ces choses-là! on repart. Il semble s'écarter de ma personne, si faire se peut. Dois-je formuler des excuses? Idiot! Là, maintenant, j'ai bien senti une de ses jambes s'immiscer entre les miennes qui, pourtant, sont serrées l'une contre l'autre. La bouche déjà vénérée bredouille certains sont desquels je suis incapable de comprendre quoi que ce soit. Mais le pied reste entre mes deux petons à moi. Les stations se suivent avec la même bousculade. Je cogite à ce que je devrais faire pour m'acoquiner avec le bonhomme. Rien ne vient. Le trac m'envahit. Nouvelle bousculade. Cette fois, il soupire, de mécontentement. Doit pas être habitué à la cohue du métro aux heures de pointes, le Sieur magnifique! Jouant de sa carrure, mon adorable vis-à-vis quitte la rambarde pour s'approcher de la por0000-00-00te.
Dès que le métro s'arrête, il descend, gagne la sortie d'un pas énergique. J'attends qu'il se retourne, me jette un regard de regret. Faut pas rêver! Il disparaît.

Je suis heureux de ce petit intermède. La journée commence sous de bons auspices, ceux des rencontres inattendues. Mais la bête m'a excité. Popaul ne faiblit pas. Pour éviter les yeux inquisiteurs, je me plaque contre le dossier d'une rangée de siège. Ainsi, on ne verra que mes fesses!

17h37: à nouveau le métro pour regagner mon chez-moi. Comme toujours, je passe le temps à scruter. Cependant, je suis un peu plus aux aguets: peut-être que ma vision du matin…. Mais non, je ne l'aperçois pas. On verra bien demain.

*****

7h30: la dame au chignon sévère est là, sans dans les bras. Tiens! Le mec de l'autre jour se pointe sur le quai. Ne pas le voir depuis plus d'une semaine m'a un peu déçu. Bien sapé, attaché-case, la classe quoi! Donc il n'est pas avec la femme au chignon: tous deux s'ignorent comme on le fait dans le métro. Il me semble un peu nerveux, non plutôt fébrile. Cela n'empêche pas que son regard reste glacial (comme la dernière fois, je me suis rapproché de lui). Seconde observation du domaine de la supputation pure: il doit habiter mon quartier puisqu'il prend le métro comme moi. La rame à peine arrivée, la ruée commence: dans le sens sortie d'abord puis dans le sens entrée. Pas de pot, je n'ai pu m'arranger pour être au plus près du mec. Tant pis! Je pourrais le regarder sans qu'il s'en aperçoive. Le profil n'est pas mal: front haut, nez droit un peu petit quand même, lèvres bien ourlées, menton volontaire. Il semble assez grand et costaud à moins que ce ne soit son costume qui lui donne cette silhouette. Ces mains! Je les sens sur mes arrières, les malaxant, permettant à des doigts fouineurs de s'aller taquiner ma rosette, de s'y introduire de…. Merde! Je bande! Demi-tour, braguette contre dossier de siège. Je me ferais bien une petite séance de galipettes cochonnes! L'air renfrogné, l'objet de ma bandaison daigne poser son regard dans ma direction.
Brrr! Un vrai glaçon, le charmant. Pourtant, il me charme! Je sens ma douce et tendre queue réclamer son dû de soulagement. Discrètement, je glisse ma main sous le caleçon. Mes doigts taquins affolent encore plus le braquemart en détresse qui coule tant et plus. Si cela continue, je ressemblerais au mec qui sort d'une piscine après un bain tout habillé! Ça y est, la rame stoppe. Aujourd'hui je vais un peu plus loin prendre livraison d'une commande pour mon patron. C'est sur la même ligne. Ça alors! Voilà l'Admiré qui descend à la station de mon travail! Merde! J'aurais pu faire un bout de chemin derrière lui, juste histoire de le contempler un peu plus. Non! Je rêve! Ce type n'est pas du genre à se laisser suivre par un freluquet comme moi. Il aurait vite fait de m'envoyer dinguer d'une pichenette. Je l'ai revu, ce n'est déjà pas si mal.

J'attends près d'une heure: la commande n'est pas tout à fait prête, me dit-on. Enfin je prends la marchandise: assez volumineux le paquet mais pas lourd. À cette heure-ci le métro est quasi vide, enfin façon de parler.
Ouf! J'arrive à l'atelier. J'ai les bras tout endoloris. Qui vois-je sortir du bureau du patron? Mon mec costumé avec attaché-case! Client? Représentant? Cherche du travail (la boîte vient de faire paraître plusieurs offres d'emploi)? J'aimerais bien la dernière solution: au moins je pourrais l'admirer à satiété et qui sait…. Oh! Oh! Voilà qu'il se dirige vers nous. Tiens, le chef a l'air de le connaître, il va à sa rencontre. Tous deux se serrent la main. Quel crétin je fais! Je me vante toujours de tout observer et je n'avais même pas vu que le mec portait une alliance. Rêveries et fantasmes s'envolent comme nuée de moineaux au premier coup de fusil un jour d'ouverture de la chasse! Tant pis, il ne me reste plus qu'à me concentrer sur mon boulot et j'en ai pas mal. Mes collègues ont l'air dubitatif. Chacun de nous se demande qui peut bien être cet olibrius car, pour moi, c'est devenu un olibrius depuis que j'ai aperçu l'alliance.


Après quelques échanges verbaux mon chef et le mec viennent carrément dans notre antre d'ouvriers. On a enfin droit aux présentations:
<< - Voici Monsieur Octave chargé par le patron d'étudier notre fonctionnement, notre gestion, notre rentabilité. Répondez à toutes ses questions, avec sincérité. >>

L'Octave en question pose! Il tient à faire contempler son imposante stature. C'est un dur: tout le monde doit le savoir. D'un ton légèrement dédaigneux il annonce:
<< - C'est le devoir de chacun d'aider son entreprise à mieux faire. Le personnel doit se plier aux exigences patronales quand celles-ci visent à améliorer le sort de tous. >>

On aurait pu croire qu'il vomissait les mots "le personnel". Quel bouffon! Je vais te le tarabuster à ma façon. Fier d'avancer mon grade de délégué syndical, je clabaude:
<< - Pourquoi ne nous en a-t-on pas avertis avant? La situation serait-elle critique? >>

Mr Octave, puisque tel est son nom, semble se raidir comme si une crampe du mollet venait le titiller. Il n'apprécie guère mon interruption à ce qu'il doit considérer comme la cérémonie de son intronisation. Il daigne néanmoins nous gratifier d'une explication:
<< - Simple contrôle routinier afin de dépister les mauvais fonctionnements en divers domaines. L'opinion des salariés est importante: elle permet de localiser leurs mécontentements s'il y en a et d'y apporter remède. De la sorte, tout le monde y gagne. >>

Sortir le mot salarié de sa bouche semble lui avoir demandé pas mal d'efforts. Tel le petit merdeux toujours prêt à provoquer par pure habitude, j'ergote:
<< - Et le dépistage servira à pister les mécontents, pas vrai? >>

La réponse est cinglante:
<< - Monsieur est probablement délégué syndical: la paranoïa le guette! >>

Je cherche une répartie qui le ferait rentré dans sa coquille. Rien ne vient à mon cerveau tout embrouillé par ce que lui envoient mes yeux: un magnifique sourire d'où se dégage le scintillement de dents parfaites qui se cacheront bientôt sous des lèvres avenantes voire aguichantes. Je le fixe durant tout son discours, assez bref au demeurant. Alors qu'il termine en nous demandant de déclarer nos besoins en divers domaines, je rétorque à vois haute:
<< - Ici, le personnel est béat, heureux et fier de n'être que des salariés. Le patron est merveilleux, les chefs d'ateliers sont un peu enquiquinants mais comme on les aime bien on les supporte aisément. >>

Ouf! Les gars rigolent, me tapent amicalement dans le dos. Mr Octave se retire dans sa dignité et de notre atelier.

*****

En quittant le boulot, je fonce au sauna. La foule n'est pas au rendez-vous mais le peu de mecs semble trié sur le volet, exclusivement pour moi. Bon, il me faut quand même choisir. Et puis non! Je vais attendre. Le premier qui s'approche, avec l'air de vouloir le petit Cédric, je le prends sans barguigner.
Je ne reste pas seul bien longtemps. L'eau du jacuzzi me fait beaucoup de bien ainsi que la main de mon voisin tout juste arrivé. Il malaxe ma queue avec une maestria quasi-divine. S'il continue à ce rythme, je vais gicler dans le bouillonnement. Pas très hygiénique, ça! Je mets ma main sur la sienne en signe de pause, me lève, quitte le jacuzzi. Il me suit. Baraqué, poilu, il sent l'homme, le vrai. Cette pensée me réconforte, titille ma libido. Ma queue ne débande pas. Quant à mon cul il commence à fournir le lubrifiant naturel. Nous voilà dans une pièce sombre. J'aperçois, grâce à une veilleuse, le distributeur de capotes. Le mec se plaque contre moi, me roule une pelle dont il a le secret, s'empare à nouveau de ma bite. De sa main libre, il caresse mes fesses. Le coquin montre d'emblée ses envies en me doigtant l'anus. Je le repousse gentiment: pas si vite, faisons d'abord connaissance de nos corps. Quelques petits baisers un peu partout accompagnés de plusieurs coups de langue de-ci, de-là et je passe à la fellation sans plus tarder. Aucun problème pour mettre sa queue entièrement dans ma bouche, elle ne dépasse pas les 10 ou 11 centimètres avec un diamètre de 3 environ: petite bite donc mais frétillante à souhait. Il sait s'en servir le dévergondé. Je sens qu'il se contracte, signe évident d'une éjaculation proche. Pas question de recevoir son sperme dans ma bouche. Il recommence à me doigter le cul. Je me positionne afin qu'il puisse continuer son œuvre plus commodément. Maintenant sa langue remplace ses doigts. C'est qu'il est le roi du léchage le bougre! Dans le même temps il triture mes fesses prêtes à laisser le passage, quoique l'ouverture n'ait pas besoin d'être bien grande étant donné le volume du braquemart en question. Je prends un préservatif le tend à son utilisateur qui s'empresse de se couvrir avec, comme il se doit. Sans ménagement aucun, il m'empale et commence les va et vient, dispensateurs de félicitée, ainsi qu'une litanie à la gloire de son appareil génital, du genre:
<< - Tu le sens mon gourdin! Tu la sens ma grosse bite! Je te bourre mon salaud, t'en as jusqu'à la gorge… >>

Et tant d'autres compliments du genre visant son engin. Un flash vient distraire mon cerveau: une image s'y incruste représentant "l'énorme paf" du jeune excité tel que j'ai pu le contempler la première fois alors qu'il était en état avant baisage. Sans pouvoir me contrôler, je pars dans une crise de fou rire difficile à arrêter. D'abord, je tente d' mes éclats. Mon partenaire croit que je glousse de bonheur. Il continue de s'émerveiller sur sa queue:
<< - Mon gros paf dans ton petit cul, tu aimes, hein! Tiens prends-en plein le cul de mon chibre! Il te remplit! T'es content hein! T'en peux plus, il te fourre bien … >>

Et ainsi de suite. Là je ne peux plus me contenir. Le mec se rend compte de la situation, débande. Il m'envoie deux coups de poings rageurs dans les côtes. Ça fait mal, je le crie haut et fort. Là, par contre, mon fou rire cesse. Le temps de me remettre de mon hilarité puis des coups reçus et je m'aperçois que mon complexé de la bite pleure à gros sanglots. Manquait plus que ça! Je le prends dans mes bras, dépose plusieurs baisers sur son front, lui caresse la tête tout en tentant de le calmer par de douces paroles. Je le transporte presque sur le matelas où nous nous allongeons l'un contre l'autre. Moi je bande, lui ça semble vouloir reprendre vie. Une de mes mains s'empresse d'aller réveiller totalement la pine vexée par mon instant de moquerie involontaire. Je susurre à l'oreille du mec:
<< - Je n'ai pas pu me contrôler. C'était nerveux. Ma journée n'a pas été des meilleures aujourd'hui. Mon défoulement est tombé sur toi. Je le regrette beaucoup d'autant que je t'ai blessé. Mon intention n'était pas là. Tu sais, ta bite est vaillante. Tu baises très bien. Si elle était plus grosse et plus longue, elle banderait probablement moins. Ne sois pas complexé, elle est très bien faite. N'écoute pas ceux qui ne parlent que de grosses pines. >>

Pour lui montrer que j'aime sa queue, je l'enfourne entière dans ma bouche en y ajoutant les couilles. Vient ensuite une pipe comme j'aime les faire. Je lui tends à nouveau mon cul sur lequel il se jette avec une avidité peu commune après avoir pris une capote. Ce gars n'a pas dû baiser depuis plusieurs mois, c'est sûr! Le principal c'est qu'il oublie mon comportement un tantinet dégueulasse. Je sens sa bite entrer, sortir, à un rythme régulier. La respiration s'accélère. Je ne lui ai pas menti: il baise magnifiquement bien avec son petit engin. Il se contorsionne un peu tout en ahanant puis pousse un cri annonçant son éjaculation. À peine s'est-il retiré que déjà il me présente son arrière-train afin que je le fasse participer aux festivités du moment. Je le prépare selon les règles du parfait enculeur: doigté, léchage d'anus, lubrifiant. J'enfile ma bite (17,5 cm sur diamètre 5) dans un préservatif et glisse le tout dans les entrailles de mon amant. Il apprécie cette intromission et frétille de la croupe pour mieux savourer son plaisir d'être enfourné. Cinq minutes plus tard j'envoie plusieurs giclées de foutre dans la capote. Nous prenons quelques secondes de repos bien mérité: caresses, pelles, se succèdent. Nos queues se rebiffent une fois encore: nous leur donnons satisfaction. Un peu plus tard, sous la douche, mon homme d'un instant déclare dans un sourire radieux:
<< - C'est vrai que tu as vraiment aimé. Je l'ai compris à ton regard. >>

Je dépose un gros bisou sur ses jolies lèvres et regagne mon vestiaire.

*****

Ce soir, entrecôte, salade et fruit, le tout arrosé d'un bon coup de rouge (pas plus de 12,5 cl). J'aime cette heure tranquille où je ne vis que pour moi. Un fond musical achève de m'apaiser. Je suis un peu fatigué: je me prépare une nuit merveilleuse pleine de rêves féeriques.
Le repas terminé, je fais le brin de vaisselle, passe sous la douche puis m'apprête à lire "Teleny" avec pour sous-titre "Étude physiologique", attribué à Oscar Wilde.

La sonnette de la porte d'entrée fait entendre son grelot, me détournant de mon projet initial: certainement Gilbert qui vient récupérer son blouson. J'enfile un long tee-shirt sur mon corps nu. J'ouvre la porte et reste planté dans l'embrasure, la bouche grande ouverte. Mr Octave, l'œil noir, grogne:
<< - Je peux vous parler? >>

Sans attendre ma réponse, il me pousse, pénètre dans mon "salon-salle-à-manger". L'arrivant s'arrête, inspecte les lieux, grogne encore quelques mots:
<< - On peut boire un verre d'eau ici? >>

Bonjour la politesse! Gonflé le gonze! Je lui montre la cuisine avec son placard, sa table et ses quatre chaises sans parler de la cuisinière, du frigo, du congélateur et de la machine à laver. Ainsi, je crois avoir satisfait sa manie de l'inspection, c'est sûr. Un type comme lui ça ne fait qu'inspecter! Je me ressaisis. Une idée fulgurante me passe par la tête. Tout en lui donnant son verre d'eau, je lui annonce:
<< - Veuillez m'excuser mais j'étais au téléphone. Mon interlocuteur est à l'autre bout du fil. Je termine avec lui et je suis à vous de suite après avoir revêtu une robe de chambre. >>

Je laisse le visiteur dans la cuisine, je ferme la porte, me dirige vers la salle de bain, revêts le truc susvisé. Ensuite je récupère mon petit dictaphone qui me sert à noter certaines impressions personnelles afin de ne pas les oublier en attendant de les transcrire sur mon ordinateur. Je dépose l'appareil dans une des poches de la robe de chambre après avoir déclenché la mise en marche. Je retrouve Mr Octave assis, ses doigts tapotant sur la table en signe d'impatience. Je souris, m'assieds en face de lui. Sans préambule, il attaque:
<< - Je n'ai nullement l'intention de me laisser impressionner par vos petites railleries. Je suis chargé d'une enquête et je la mènerai jusqu'au bout. Je viens donc vous demander votre entière coopération. Si vous ne me l'accordez pas, je vous descends, délégué syndical ou pas. J'en ai les moyens. Dites-moi ce que vous comptez faire.
- Je compte d'abord vous demander de me présenter vos excuses pour être venu chez moi sans prévenir, avoir pénétré dans mon appartement en me bousculant sans que je vous y ai autorisé, me parler travail alors que je suis sur le point de me coucher, avoir omis de dire bonsoir en arrivant, s'il vous plaît en demandant un verre d'eau et merci une fois servi. Vos excuses formulées, je vous demanderais une seconde chose: quitter les lieux. Et soyez heureux que j'en reste là!
- Pour qui tu te prends, petit con! Tu fais la fiérote espèce de tapette. Je sais qui tu es! Ça se fait taper dans la lune et ça emmerde tout le monde! >>

Tout en prononçant cet aimable couplet en mon honneur, le bonhomme se lève, s'approche de moi. Dieu qu'il est immense! Chétif que je suis, devant lui. Sa braguette juste à la hauteur de ma figure attire mes regards tel un aimant "aspirant" un bout de fer. Une idée fugace me traverse l'esprit: lui morde la queue à ce crétin. Mais j'oublie vite cette trouvaille de génie en voyant la tête du mec: blanc livide tant sa rage est fulminante. Le moindre petit geste de travers et je vais en prendre pour mon grade. Je ne suis pas de taille à me bagarrer avec un type comme lui. Aucune honte à se jauger tel que l'on est, surtout en cas de faiblesse. La lâcheté peut être signe de sagesse. Je lui avoue quand même:
<< - Tous mes collègues savent que je suis pédé, même le grand patron. Si vous me touchez, vous touchez à leur mascotte car je suis le plus jeune et le dernier arrivé. Vous ne me descendrez pas. Je vous réserve une petite surprise, au cas où. >>

Cette courageuse sortie prononcée à haute et intelligible voix, je rentre mes ergotages afin de présenter patte de velours. D'un coup, je réalise que deux mains ouvrent la braguette qui se dandine devant mon nez, baissent pantalon et caleçon, sortent un service trois pièces des plus disproportionnés. Le détenteur de cet attirail ordonne:
<< - Les pédés ça suce, alors vas-y! >>

D'une main libérée, le gueux fait pression sur ma tête pour l'approcher de sa bite toute rabougrie tombant sur une longue bourse soutenant deux grosses couilles. Je résiste. Je regarde la toute petite chose tristement penchée sur l'énorme sac en pendentif! Pour la seconde fois de la journée, je pars dans un fou rire incroyable. Larmes, toux, rien ne m'arrête. J'en ai mal aux mâchoires et au ventre. L'autre reste coi. Il me regarde, remballe ses outils cause de mon hilarité et me gratifie d'une gifle monumentale. Ça y est, je ne ris plus du tout. L'homme, devenu un peu plus amène, bredouille de vagues excuses:
<< - J'ai été obligé de faire ça, vous étiez en pleine crise de nerfs. Pour le reste, je ne sais pas ce qui m'a pris, navré. >>

Une fois de plus, il me bouscule mais c'est pour partir. En refermant la porte je marmonne:
<< - Deux petites bites en un jour! Mais la première était vivace, elle au moins! Quand les collègues vont savoir ça, ils vont se marrer! >>

Tout tremblant, je ferme le dictaphone après avoir écouté si l'enregistrement est valable. On entend presque tout. Une deuxième douche n'est pas du luxe: elle me détend. Ensuite, au lit sans lecture: ce corniaud a fini de me crever grâce à la trouille qu'il m'a foutue.

*****

Le chef d'atelier m'annonce que l'enquête est suspendue: l'homme de l'art, souffrant, vient de se décommander. Nul ne sait quand ses travaux reprendront: sine die comme on dit. Moi je sais et j'en fais part à tout le monde en branchant le dictaphone. Bien entendu, je donne les explications adéquates avec force détails concernant l'outillage sexuel du Monsieur: on me croit sur paroles quand je précise la taille, d'autant que mon fou rire et la suite sont enregistrés. Grosse rigolade dans tout le service. On se bidonne dans toute la boîte et jusqu'au secrétariat du patron. Ce dernier, mis au courant, me convoque:
<< - Que comptez-vous faire de cet Octave-là?
- Rien de spécial. Je crois lui avoir bien rabaissé son caquet.
- Vous pourriez porter plainte.
- A quoi cela servirait-il? Lui est assez puni.
- Et s'il cherchait à vous donner une leçon, à son tour?
- Je vais m'arranger pour qu'il sache que j'ai un moyen de l'en dissuader. Pour cela, il me faudra ses coordonnées. Pour le reste, pas besoin de mêler la boîte à une histoire pareille. Une telle publicité n'est pas spécialement bonne pour nous.
- J'apprécie votre attitude. Je m'en souviendrai dès que l'occasion se présentera. Ma secrétaire vous donnera les coordonnées professionnelles de ce monsieur. >>

Je quitte le patron la jambe légère, le cœur joyeux. La secrétaire me donne le renseignement demandé et je me précipite à l'atelier.
Chouette journée: on a bien ri, mon patron apprécie ma façon de régler mon différend avec Octave.
Un petit tour au sauna termine cette journée assez satisfaisante en somme. Je n'attends pas très longtemps le corps frère avec qui j'entrerai en osmose: mon petit mec d'hier est là, tout content de me revoir. On dirait qu'il a oublié ma grossièreté de la veille. Je le rejoins avec entrain. Nous recommençons nos ébats en y mettant toute la fougue de notre quart de siècle respectif. Avant de se séparer il constate avec un sérieux aplomb de personne sensée:
<< - Je crois que tu as raison: il me faut baiser sans dire des conneries. >>

En effet, nous avons merveilleusement baisé à deux reprises. Lui sans dire de conneries, moi sans rire bêtement.

*****

20h10:
Mon ami Jason et moi-même dégustons un excellent porto qu'il a déniché je ne sais où. Nous remâchons notre première rencontre au sauna: ses exclamations vantant la taille de son appareil génital, mon fou rire qui a suivi puis ses larmes et enfin notre "réconciliation" si on peut appeler cela comme ça. Nous en rions. Sans trop savoir pourquoi, je constate:
<< - Et tout ça à cause de cet Octave! >>

Jason pose un regard interrogateur sur moi. Je lui compte cette épopée qui date déjà de plusieurs mois en concluant:
<< - Je ne le vois plus dans le métro. Qu'est-il devenu? J'espère qu'il s'est remis de cette histoire, malgré tout >>

D'un coup, le visage, le corps, dudit Octave s'impriment dans ma tête. Une sensation de manque effleure mes sens. C'est fugace mais assez virulent pour que je le ressente vivement. Tout ceci est vite oublié grâce aux caresses de Jason. Depuis ma rencontre avec ce dernier et nos baises au sauna, nous nous revoyons de temps à autres, chez moi. J'apprécie sa timidité, sa naïveté en certains domaines. On dit de lui qu'il est "adorable" dans le sens "un peu nunuche". En réalité, c'est un garçon à l'esprit vif, à l'intelligence acérée. D'ailleurs sa réaction à mon fou rire, au sauna, montre qu'il comprend vite et sait remédier à ses "travers". Il me compte ses aventures, je lui relate les miennes. Nous parlons de tout, de sexe en particulier. Nous nous entraidons dans la drague, en quelque sorte.
Inévitablement, à chaque visite de Jason, lui et moi finissons dans mon lit, fiers pénis au vent, fesses rondement cambrées, mains polissonnes, bouches avides de saveurs, corps avides de se mêler.
Ce soir un léger incident gâche momentanément notre plaisir: alors que je finis une pipe et m'apprête à chevaucher mon amant dont les hémisphères fessiers sont tendus, ma bite fait des siennes. Elle se ramollit, devient chose inutile. Impossible de lui redonner une position honorable, de la redresser. Ma tête demande un apaisement des sens et mon sexe refuse d'obtempérer. Je m'affole, tente de m'exciter. Je comprends que l'impuissance me guette, qu'elle est là. Heureusement Jason garde son sang froid. En premier lieu, il ne se moque pas: j'apprécie énormément. Ensuite, il m'ordonne de m'allonger sur le ventre et m'administre un massage dont il a le secret. Je me détends à presque m'endormir. Il me retourne et recommence ses manipulations. Enfin, la vilaine chose rabougrie consent à un effort, grandit, se raidit, pour paraître dans la forme qu'exigent des prouesses sexuelles digne de ce nom. La chose réglée, nous profitons pleinement de nos corps: ils sont faits pour baiser, comme tout corps animal.


6h20:
Lever en fanfare pour deux amants fatigués par une nuit mouvementée. Au café, je marmonne:
<< - Tu sais, Jason, j'ai beaucoup apprécié ta conduite. Tu aurais pu te moquer de moi comme je l'ai fait au sauna.
- Ce n'était pas pareil. Moi, c'était de ma faute. J'avais pris cette habitude ridicule de crier la grosseur imaginaire de ma bite. C'était idiot. Tu m'as corrigé en me donnant une bonne leçon. Toi, c'était involontaire. On ne commande pas toujours à son corps. >>

Il est vraiment adorable, intelligent et délicat. Pour le lui prouver, je lui roule un gros patin.

7h30:
La femme au chignon sévère arbore un sourire radieux au bras d'un homme plutôt maigrichon. Le mec porte un . Comme ça, je connais la famille. Voyons les autres voyageurs du métro. Merde! Octave! Je pensais justement à lui, hier soir! C'est même peut-être à cause de lui que j'ai eu cette panne de bite. J'ai envie de l'aborder, de lui dire que…. Mais lui dire quoi, bon sang! Il est là, campé sur ses deux solides jambes, toujours la mine aussi bourrue et le regard noir. Je suis de plus en plus surpris, éberlué, par la virilité de ce mec. Ses mains sur mes arrières: je les imagine, ferme les yeux afin de mieux les sentir, de mieux apprécier ses doigts vagabonder dans mon slip… je rêve debout! Revenons à la réalité. Il m'a vu, je suis à quelques mètres de lui, ses yeux se sont dirigés dans ma direction. Je ferais bien de m'éloigner, par simple prudence. Et puis non! Qu'est-ce que je risque? J'ai peur et en même temps j'ai envie. Pourquoi cette contradiction dans ma caboche? Jamais les choses ou les pensées ne sont simples: un vrai foutoir ces cerveaux d'humains! La foule décide pour moi. Je n'ai prêté aucune attention à l'arrivée de la rame. On me pousse, me bouscule. J'entends un:
<< - Si vous montez pas, laissez passer les autres quand même! >>

Comme je le fais souvent, je m'agrippe à la barre verticale et m'y tiens fermement. Octave est là, à deux pas de moi, l'air plus renfrogné que jamais. Jouant des coudes, il s'approche. À portée de mes oreilles il m'envoie un bonjour du genre "je te ai un jour". Tout du moins, c'est comme cela que je l'interprète. Peut-être que je devrais lui faire une mignardise genre inspection de braguette avec tâtonnement de son appareil génital. Il ajoute, d'un ton plus bas:
<< - J'ai beaucoup hésité à vous casser la gueule. Je le ferais peut-être. En attendant, j'aimerais vous offrir un verre, histoire de discuter. >>

Et moi, comme un con, de bafouiller:
<< - Bien volontiers, quand vous voudrez. >>

L'autre semble surpris de mon acceptation. Peut-être m'accorde-t-il un courage que je n'ai pas. Je suis grande gueule, sans plus, certainement pas courageux. Le métro ralentit, Octave termine:
<< - Je descends là. Ce soir, au petit bistrot à quelques pas de chez vous. Disons vers 18h30. C'est bon pour vous? >>

Voilà une façon comme une autre de me rappeler qu'il connaît mon domicile. Cela ne m'empêche pas d'acquiescer. Que pouvais-je faire d'autre, il était déjà sur le quai quand je lui répondais? Mais qu'est-ce qui m'a pris? J'aurais dû fuir, attendre le métro suivant: ces putains d'habitudes! Et d'abord, qu'est-ce qu'il me veut, l'Octave? Au fait, c'est quoi son prénom? Je me renseignerai. Il connait mon quartier. Donc, il s'est pointé dans les environs. Pourquoi cette visite? Je l'intéresse? Et je rêve de nouveau. Du calme Éric, du calme. Ne fantasme pas, ne panique pas! Je descends comme un automate, préoccupé par mes pensées. Une nouvelle idée géniale s'insinue en moi: me faire discrètement accompagner par un collègue.

*****

17h30:
Juste avant de quitter l'atelier je questionne mon chef sur le prénom d'Octave:
<< - Auguste, c'est Auguste! Mais je croyais que tu ne l'aimais guère.
- Non, c'est parce qu'un ami m'a parlé d'un Octave. Je veux savoir s'il s'agit du même. >>

Pieux mensonge tant est que cela existe. Je vois le sourire narquois du chef. Aurait-il pigé que j'en pinçais un tantinet pour Monsieur Octave Alexandre? Qu'importe!
Pour un type aussi imbu de sa personne, s'appeler Auguste Octave est une quasi-évidence. Il doit se croire la réincarnation du célèbre empereur romain, son homonyme à peu de chose près, le redresseur d'entreprise.
Rendu tout guilleret par cette profonde réflexion, je me dirige d'un pas alerte vers la station de métro accompagné de Martin, un collègue du genre baraqué avec qui j'ai eu une aventure des plus passagères. Il voulait essayer les hommes, selon le langage courant. Pour un flop, ce fut un flop. Jamais il n'a pu bander. Pourtant, je lui en ai fait des papouilles, des léchouilles. Mais il restait allongé sur le dos, les mains derrière la tête, attendant que "ça vienne", le crétin. Même la fellation n'a pu venir à bout de … son bout récalcitrant. Son plus cher désir, à l'époque, était de devenir pédé afin d'échapper à son harpie de bonne femme. Tout au moins, c'est l'excuse qu'il donnait pour expliquer sa coucherie avec moi. Il est vrai que l'alcool était pour beaucoup dans son choix. J'avais accepté la proposition car il me plaisait. De plus, et c'est bien connu, les pédés n'hésitent jamais à dévoyer un hétéro. Pour eux, c'est comme une victoire sur la prétendue normalité sexuelle. Oui, je crois qu'il y a de ça. Bien entendu, nul n'est au courant de son escapade ratée dans mon lit. Il se tient coi, tremble que je ne révèle sa déficience, mais lorgne de temps à autres mon bas du dos jurant qu'il ne recommencera jamais une telle expérience. Depuis, il s'est trouvé une maîtresse sympa. Valait mieux pour lui et pour moi aussi: il serait arrivé à me faire douter de mes capacités en matière de baise. Cet épisode a créé des liens d'amitiés entre nous deux. Jamais nous ne nous refusons un petit service. Nous avons convenu que Martin pénètrerait dans le bistrot après moi, s'installerait au bar d'où il pourrait nous voir dans les glaces des étagères à verres, derrière le comptoir. Rassuré, le cœur léger, je suis prêt à affronter le monstre.

18h30:
Mon verre est vide. L'impatience me force à occuper mes mains, alors j'ai bu trop vite ce demi de bière. Ah! Octave arrive. D'un geste énergique, il s'empare d'une chaise à côté de moi, s'assied dessus à califourchon, façon gros julot le ventre sur le dossier, croit bon de me révéler en guise d'entrée en matière:
<< - Comme ça on pourra s'entendre, sans hurler. >>

Je sens les yeux de Martin sur nous ou plutôt je le devine. Cela me rassure définitivement. Je me raffermis et demande:
<< - Pourquoi cet entretien? Dans ce lieu? Près de chez moi?
- L'entretien va de soi, après ce qui s'est passé entre nous. Dans ce lieu, près de chez vous, parce que, tout simplement. Vous ne comptiez pas que je vous invite chez moi?
- Vous vous êtes bien invité chez moi. Cela dit, je n'ai aucune envie de parler du passé. Depuis, je vous ai fichu la paix même si je connais l'adresse de votre société de conseils en gestion, mon cher Auguste. >>

Les yeux s'assombrissent un peu plus, si c'était possible. Les mâchoires se serrent. Je continue:
<< - Si j'avais voulu, je n'ignorerais rien de votre adresse personnelle. De là à vous créer pas mal d'ennuis, il n'y avait qu'un pas. Mais je crois que vous avez payé assez cher votre écart de conduite envers moi. La prochaine fois que vous aborderez des inconnus sur qui vous devrez travailler ou avec qui vous devrez travailler, ne les considérez plus comme d'éventuelles variantes dans telle ou telle statistique ou comme du matériel. Pensez qu'ils sont avant tout des humains.
- Mais les ressources humaines…
- Stop! Non Auguste, stop! Le pétrole, le fer, l'eau, sont des ressources. On les traite, on les transforme, on en dispose à volonté selon son gré. Les humains sont des égaux que l'on traite avec égard et respect, pas comme des ressources. Vous me faites penser à ceux qui disent, parlant de leurs élèves: "c'est un bon poulain" ou: "il faut les driver de telle façon". Un humain ne fait pas partie de la race chevaline que je sache. On drive un cheval mais pas un humain. Vous en arrivez à tout confondre d'autant que cela vous rend supérieur: vous drivez, vous puisez dans les ressources humaines, vous éduquez le poulain! Voilà qui rabaisse l'autre!
- C'est tout pour la leçon de morale du jour? Bien! Revenons-en à ce qui nous concerne.
- Vous tenez à me présenter des excuses? Vous l'avez fait en quittant mon appartement. Vous vouliez me casser la gueule parce que je vous ai fait perdre une affaire juteuse chez mon patron et que j'ai un peu terni la réputation glorieuse du grand imperator Auguste? Alors vous devrez attendre encore un peu. Ici, il y a trop de monde dont certaine personne qui vous surveille. Je suis un précautionneux, que voulez-vous! >>

L'Auguste regarde autour de nous: une dizaine d'hommes éparpillés dans la salle. En parlant j'utilisais le singulier puisqu'il n'y a qu'une personne à le surveiller. Lui a compris que j'employais le pluriel. Ça c'est de la subtilité de langage! Il daigne crisper ses lèvres (pourtant pulpeuses) vers le haut, en guise de sourire probablement. Le voilà devenu narquois:
<< - Méfiant et prudent! On me craint, c'est déjà quelque chose.
- Si je vous craignais, je ne serais pas ici. Bon! Je dois me retirer. J'ai des obligations d'ordre privé. >>

Je me lève. Il hésite, baisse la tête, marmonne comme pour lui-même:
<< - Toujours aussi grande gueule! >>

Je lui balance un au revoir que j'espère glacial bien que certains trémolos prouvent le contraire. Je passe au bar pour régler ma consommation et celle de mon ami Martin puis je regagne mes pénates tout soulagé d'avoir si bien joué les intraitables. Une demi-heure plus tard, Martin frappe à ma porte. Il mérite toute ma gratitude. Il me relate les faits après mon départ:
<< - Il t'a regardé partir, sans te perdre de vue. Il s'est même un peu penché quand tu n'étais plus dans sa vision normale. Ensuite, on aurait dit qu'il ne savait plus quoi faire. Votre discussion n'a pas tournée selon ses désirs, cela se voyait. Il a ingurgité deux pastis coup sur coup, s'est un peu attardé, le regard fixe puis est parti. J'ai attendu qu'il ne soit plus en vue pour te rejoindre. Tu as le béguin pour lui?
- Certainement pas! Juste un caprice, histoire de le mettre dans mon lit.
- Tes yeux disent autre chose.
- Tu es fou! Un homme comme lui c'est l'enfer assuré! Sans compter qu'il est marié.
- Pourquoi, ça te dérange de coucher avec un homme marié? Ce serait nouveau!
- Parlons d'autre chose, Martin. Tu veux bien?
- À tes ordres, joli petit cul. >>

À suivre…



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