Journal D'Un Apprenti (2)
Le patelin où nous habitons est un endroit dit artistique et touristique. J'ai donc, sous la main, de multiples chances pour de petits boulots. Pendant la saison estivale, j'aide tout le monde, en maints domaines, comme manuvre, caissier, homme toutes mains (hi hi), ouvrier ou employé multifonctions. Le reste de l'année je tâte du bois, du fil électrique, du pinceau, du fumier et que sais-je encore. Si ces menus travaux viennent à manquer je vaque au soutien des vieux qui ne peuvent plus se déplacer pour leurs courses ou le ménage, en échange de menue (très menue) monnaie. En réalité, ils me donnent ce qu'ils peuvent, parfois rien mis à part un sourire de remerciement. Il m'arrive même de m'époumoner derrière un étalage de fruits et légumes, les jours de marché. Ici, aux alentours, tout le monde me connaît et, je crois, m'apprécie. Evidemment, il y a notre maison avec le jardin. Dans le cas où je serais inactif, mes parents me rappellent à l'ordre. Ce changement d'occupations me plaît énormément. J'apprends avant de choisir, comme le suggérait mon père. Mes employeurs s'entendent afin que je sois disponible selon leurs besoins, sans négliger les miens de besoins. Parfois les emplois du temps ne concordent pas. Alors, ils tirent au sort si, par malheur ils ne trouvaient pas une autre solution à savoir un ou une intérimaire. Cas exceptionnellement rares. Cette organisation présente un inconvénient pour ma jeune virilité. Quand le travail me laisse en paix les possibilités d'aventures amoureuses se réduisent à néant. En effet, la saison touristique amène de bien belles paires de fesses à portée de ma vue. Malheureusement, je n'ai guère le temps de folâtrer. Seuls mes yeux s'emplissent de fort beaux spectacles. Hors saison, ce sont les belles paires de fesses qui viennent à manquer quand le temps, lui, ne me fait pas défaut. Depuis mes exploits avec le bel Adrien, je ne rate aucunes des rares occasions de me perfectionner dans le domaine des parties de jambes en l'air.
Dix mois s'écoulent en calculs subtiles afin de trouver le temps pour fricoter avec les julots de passage, l'été, et en ruses destinées à repousser les indésirables le reste du temps. Le maigre pécule versé par mes employeurs ne me permet certainement pas de faire des incursions dans une grande ville en vue de m'y éclater entre gens de saine compagnie. Ne parlons pas de l'état de personne mineure qui empêche tout adolescent de mener une vie décente avec qui il veut, quoique ledit état de mineur préserve de bien des déboires par ailleurs. Enfin, vivre chez ses parents comporte de gros avantages matériels mais de gros inconvénients sur le plan privé. Lorsque je trouve le corps frère qui me mènera au nirvana, toujours se pose la douloureuse question du lieu de nos ébats. En général, cela se déroule en pleine nature ou dans le véhicule de l'heureux élu. Pas question de forniquer à l'hôtel. Ce serait m'afficher inconsidérément outre le fait que mon amant bienfaiteur ne tient pas particulièrement à s'afficher avec un jeunot qui n'a pas encore ses 18 balais ! Précisons que le gouvernement, dans sa bonté, par la grâce des députés et sénateurs respectueux de la promesse du candidat aux présidentielles devenu président, nous a accordé la majorité à 18 ans, raccourcissant mon supplice de 3 longues années.
Arrive enfin le jour J ; jour que je pense être celui de ma complète liberté. Seulement voilà : je me trouve comme un couillon, ne sachant où aller afin de profiter de cette nouvelle liberté. J'étais tellement occupé à pleurer sur le désert de mes amours que je n'ai jamais pensé à préparer cette journée de fête, celle de mes 18 ans ! Tout espoir n'est pas perdu, pensais-je. Avec un peu de jugeote de devrais y arriver. J'ai en poche plusieurs gros billets de banque offerts par mes parents, billets qui devraient me permettre, dans un premier temps, de rafraîchir ma garde-robe. Celle existante se compose presque exclusivement d'habits de travail, d'un costume du dimanche que je ne mets plus depuis une éternité, et de quelques hardes de sport datant d'une époque révolue. Bisous à maman, accolade avec papa (c'est un pudique enclin à cacher ses sentiments), je leur promets de rentrer pour le gueuleton du soir et j'enfourche ma mobylette direction la ville la plus proche, enfin le gros village le plus proche où se trouvent plusieurs magasins approvisionnant nombre hameaux et bourgs environnants. Tout en surveillant la route, je cogite un plan. Demain dimanche, farniente. Donc, ce jour d'hui, mise en beauté du bonhomme. Ce soir, ripailles en famille, extinction des 18 bougies, champagne. Ensuite, gros dodo sans Veuve Poignet. Faut que je me réserve pour le lendemain. Dès le réveil, nettoyage à fond de ma personne, habillage de neuf puis mise en route pour M
ville de 30 000 habitants. Je devrais y trouver quand même de quoi me distraire la libido.
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Maintenant que j'y suis, j'ai bien envie de rebrousser chemin. Je suis complètement perdu. Je réfléchis, tout en buvant un apéritif dans un gentil petit troquet comme bientôt on n'en fera plus. La serveuse installe des couverts : on peut manger. Mon premier restaurant ! Voilà qui me laissera le temps de cogiter. Est-ce dû aux deux pastis ? Aux escargots en cassolette ? Au poulet Charles VII ? Au vin ? Ou à tout cela ? Toujours est-il que l'idée lumineuse s'impose dans mon crâne : aller frapper à la porte de ce bon Adrien qui m'indiquera les lieux de dissipations tant cherchés. C'est tellement évident que j'aurais dû y penser depuis longtemps. À aucun moment je doute de sa présence chez lui, pas plus que je doute de retrouver l'immeuble où il habite. Ainsi rassuré quant à mon avenir très immédiat, je sirote un digestif accompagné d'un café bien serré. Je suis béat, baignant dans une sorte de torpeur bienheureuse. Ma queue me le confirme qui se frotte contre le tissus de mon pantalon comme si elle demandait à prendre l'air parce-que trop à l'étroit. Rien ne me fera sortir de cet état, pas même l'addition qui s'avère être aussi élevée que plusieurs jours de paye pour moi ! Discrètement je consulte mentalement mon bas-ventre : la coquine roidit encore et toujours, tout va bien.
Les buées d'alcool, la pesanteur de mon estomac, n'annihilent en rien ma mémoire. Je me souviens parfaitement du nom de la rue, de l'immeuble, bien-que n'ayant prêté aucune attention au numéro lors de ma première visite. Des passants m'indiquent le chemin. Aux environs de 15h, mon doigt se dirige vers le bouton de la sonnette, une vaguelette d'angoisse dans la gorge. Aucun bruit dans l'appartement. S'il n'était pas là ? Bien sûr qu'il est là ! Il se remet d'une nuit d'orgies, certainement. Il dort encore.
Deux ans n'ont pas marqué le bel Adrien qui me reçoit en slip, grand sourire aux lèvres, yeux jeteurs d'étincelles friponnes. Son apparition m'éblouit un soupçon. Son image s'était estompée dans mes souvenirs, altérée par l'éloignement. J'avais oublié combien il est attirant. Et si
. Pas le temps d'aller plus loin dans les supputations. Il laisse tomber :
<< - Tiens ! Tiens ! Un indésirable. Je ne m'attendais pas à te voir toi ! Désolé, mais j'ai un rendez-vous, je m'habille. >>
Je ne lui en veux pas pour sa froideur, son impolitesse. Je bredouille un bonjour timide avant de déclarer tout de go :
<< - T'inquiète ! Je ne vais pas m'incruster. Mais tu es le seul à qui je peux demander où s'éclater. Enfin tu me comprends. Juré, je ne savais pas à qui m'adresser. >>
Les sourcils du bel Adrien montrent qu'il hésite une dizaine de secondes avant de me laisser entrer, son éclatant sourire retrouvé. Il goguenardise :
<< - Alors comme ça on ne peut plus se passer de moi ? Ton histoire de renseignement, c'est un peu gros, hein ? - Non, je te jure que c'est la véritable raison de ma visite. Je ne suis pas assez gonflé pour m'imposer à qui ne veut pas de moi, tu peux me croire. - Bon, ça va. Dis-moi ce que tu cherches. - Ben
là où on peut s'amuser, si tu vois ce que je veux dire. Tu dois connaître, toi. - Je vois. Monsieur compte s'éclater. Seulement il faut être majeur pour aller dans les clubs privés ou dits tels. - Je le suis depuis hier. - Eh bé ! Tu ne perds pas de temps, le môme. Félicitations ! Ils vont apprécier la nouveauté ! Tu vas avoir un succès fou, crois-moi. Cela dit, je n'ai pas trop le temps. J'ai vraiment un rendez-vous. T'expliquer sera un peu long. Voilà ce que je te propose. Tu vas faire un tour en ville, histoire de faire connaissance avec elle. On se retrouve ici vers 19/19h30. Je t'emmène dîner dans un endroit sympa, comme ceux que tu cherches. Ensuite, on ira en boîte ou ailleurs. Je te servirai de guide, ça te va ? - Je n'en voulais pas tant. - Avec moi on obtient toujours plus ! >>
En quittant Adrien, je ne suis pas peu fier. Il chamboule son emploi du temps pour me servir de guide. Du coup, je n'ai plus envie de connaître la faune masculine. Le spécimen Adrien me convient parfaitement, me comble de bonheur.
Suivant le conseil de mon mentor, je baguenaude dans les rues, m'arrêtant pour des pauses bistrot histoire de me désaltérer et de reposer mes pieds martyrisés dans leurs chaussures neuves. Parfois, je me fais l'effet du gros plouc en visite pour la première fois dans une agglomération urbaine un tant soit peu importante. Il y a de ça, pour dire la vérité. Je suis là comme un con au lieu de chercher véritablement à m'éclater. Vivement que je connaisse pour m'en donner à cur joie en toute quiétude ! Certaines personnes me regardent : curiosité certainement à moins que je ne leur rappelle quelqu'un. J'évite de croiser le regard des vieux de tous genres : merci, je donne assez comme ça dans ma campagne. Pas question, ici, de leur laisser croire que je leur porte un quelconque intérêt si maigre soit-il. Boire provoque des envies d'éliminer. Cette envie-là me prend alors que je me trouve dans un immense parc où, ai-je entendu dire, on peut faire des rencontres intéressantes. Je n'ose aller dans un coin retiré afin de me soulager. On ne sait jamais, quelqu'un peut surgir à tout instant et je risque de graves problèmes pour attentat à la pudeur. Je me retiens le plus possible. Enfin, j'aperçois un édicule avec une pancarte portant les initiales W.C. Je n'y vais pas, j'y cours. Tout juste si je prends le temps d'ouvrir la braguette dès que je repère l'urinoir. Je pousse presque un soupir de soulagement tout en laissant un énorme jet vider ma vessie. Je ferme les yeux tant mon plaisir est grand. Je note la présence d'un quidam qui paraît plus préoccupé par ma personne qu'à viser juste afin de ne pas arroser le sol. Au demeurant, nulle goutte ne sort de l'engin fort tendu et impressionnant que je ne me retiens pas de zieuter. L'homme ne se gêne pas non plus pour lorgner ma queue qui continue d'expulser son liquide tout en se redressant petit à petit. Le monsieur sourit, montrant une dentition parfaite mise à part la dent manquante bien au milieu en haut. Ce qui augmente son charme. Ce défaut humanise sa beauté. Discrètement je jette un coup d'il à ma montre. Il me reste encore plus d'une heure avant de retrouver le bel Adrien. Une voix profonde, limite caverneuse, s'inquiète :
<< - Vous êtes pressé ? - Euh
non, pas trop. Enfin
j'ai un rendez-vous dans un peu plus d'une heure. - Alors nous avons le temps de faire plus ample connaissance mais dans un autre endroit que celui-ci. Ça vous tente ? - Pourquoi pas ? >>
Ma première véritable aventure sexuelle en pays inconnu ! Le gars en impose. Pas plus de trente balais, une stature de boxeur, des épaules de déménageur, le tout enveloppé dans des habits classe. Du chien, le bonhomme ! Une gueule à faire pâlir de jalousie tous les candidats (ou toutes les candidates) à se frotter contre lui. Et moi je trottine à ses côtés, tentant d'imaginer ce qu'un archange comme lui peut bien faire d'un diablotin comme moi. Ma queue s'émeut sous mes nouveaux vêtements du dimanche. Elle frotte contre le coton du slip, mouillant le tissu ce qui convient parfaitement comme lubrifiant afin d'adoucir le contact. Pas désagréable ! Mais pas question de se laisser aller. L'apocalypse, c'est avec mon compagnon du moment sur un lit douillet, pas dans la rue debout.
Il sait recevoir, le monsieur. Il sert l'apéritif accompagné d'amuse-gueule et m'installe dans le fauteuil le plus confortable. Il s'assied sur celui d'en face. Nos jambes se croisent, s'entrecroisent. Passées quelques minutes de ce petit jeu, il propose un brin de rafraîchissement de nos corps. Sourcilleux sur l'hygiène, maniaque, méfiant à mon égard ? Toujours est-il que nous nous dévêtons et passons sous la douche. Je suis intimidé. Le personnage en impose, je le répète, mais également son logis. Que du luxe, du grand luxe ! Je me devine minuscule, presque rien, dans cet étalage de splendeurs. Il se doute de mes appréhensions car je sens sa main s'occuper activement de mes fesses qu'elles savonnent abondamment, allant dans chaque coin et recoin environnant. Sa bouche s'appesantit sur mes lèvres laissant à sa langue le plaisir de rencontrer la mienne. Nos corps se frottent l'un contre l'autre. Enlacés, amoureusement serrés, nous évitons de justesse une chute due à une perte d'équilibre. Il sourit, passe au rinçage. Ma queue montre des signes évidents de bonheur proche de l'explosion. Un jet glacé évite une trop grande précipitation. Séchage en douceur, entre deux papouilles bien senties. Je suis au paradis ! Ces préliminaires sont autrement plus affriolants que ceux du bel Adrien qui atteignent déjà certains sommets. Quoique je ne sois pas un expert, loin s'en faut ! Nus, secs, allongés sur un lit au matelas étrangement docile aux contours des corps, nous roulons, collés, dans des baisers où respirer équivaut à un supplice. Des doigts enveloppent ma bite qu'ils masturbent délicatement, étalant la mouille sur le gland ultra sensible. La voix de l'amant promet une flopée d'envolées coquines. Il déclare en se levant :
<< - Je reviens, j'en ai pour une minute. >>
Cette séparation me plonge dans un certain désarroi. Nous étions si bien, en totale osmose selon mes critères. Tout au moins je le croyais. La minute se prolonge un tantinet pour en faire au moins quatre ou cinq. Je commence à me poser des questions lorsque j'entends :
<< - Maintenant, tu vas savoir qui est ton maître, jolie petite salope ! Tu vas tâter du fouet avant de recevoir ma bite dans ton cul de morue. >>
L'amoureux transi s'est métamorphosé. Tout de cuir vêtu, fouet en main, le gonze se fait méchant. Fini le beau sourire avec dent en moins ! Place au rictus qui n'augure rien de bon. La frousse s'accapare de ma personne, irrépressible, incontrôlable. La preuve, ma queue se rabougrit tant qu'on ne la voit même plus, comme si elle allait se cacher dans la poche des couilles. Cependant, habitué à fréquenter les animaux tels que les taureaux, je ne laisse pas paraître la trouille dont je suis entièrement possédé. Une seule chose me semble raisonnable dans la situation présente : faire comme si j'acceptais le jeu, attendre l'occasion de frapper à bon escient. Je fais peut-être "minet" mais je suis costaud. Je me rassure comme je peux, le gars étant bien plus fort que moi. Il s'approche du lit, fait claquer le fouet à deux reprises, m'ordonne la position à genou à ses pieds. Il me gratifie de divers qualificatifs : pute, traînée sont les plus tendres. Il envisage mon avenir sur les trottoirs avec lui comme protecteur, rien que ça ! J'obtempère, prenant bien soin de ne pas brusquer mes mouvements. Il me juge salope obéissante. Un bon point pour moi, pas pour lui. Il reste debout, me domine. Il lit la peur dans mes yeux mais la prend pour de la supplication. Je n'entrevois rien pour me sortir de ce mauvais pas. Un réflexe d'auto-défense ou l'instinct de survie provoque ma réaction aux premières lacérations de mon dos. Je n'attends pas une seconde bordée. Je me pends littéralement aux couilles du dingue qui hurle sa douleur. Mes doigts serrent tant qu'ils peuvent. L'autre tente de m'atteindre avec son fouet : peine perdue je suis collé contre lui. Je reçois tout de même plusieurs coups de manche. De toutes mes forces, de toute ma rage, je persiste à écrabouiller les roubignolles du tortionnaire qui me lâche. Je m'empare de l'ustensile à supplices, je saute sur le lit et lui prodigue une volée de coups assez violents tandis qu'il couine sa souffrance, incapable qu'il est de faire le moindre mouvement. Épuisé, écuré, sans vraiment me rendre compte de mes gestes, j'att mes habits, gagne la porte de sortie sur laquelle pendent les clés. Je les prends, sors à poil, ferme la porte à clé de l'extérieur. Personne en vue. J'enfile presto mes nippes non sans apercevoir, dans la glace du couloir, les stries provoquées par les lanières de cuir, stries encore sanguinolentes. Mon bourreau tambourine à la porte, jure qu'il ne me veut aucun mal, que c'était juste pour s'amuser. Je ne l'écoute pas, tout accaparé à me barrer de cet asile de fou.
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Adrien ne cache pas son étonnement en me voyant tremblant de trouille devant son domicile. À ma mine, il pige de suite que je viens de passer un sale quart d'heure. Tendre, prévenant, il s'inquiète :
<< - Qu'est-ce qui t'arrive ? Allez, viens, on va te remettre d'aplomb. >>
J'ai honte. D'abord parce qu'il me semble l'avoir trompé, le bel Adrien. Idiot et injustifié comme raisonnement, mais c'est ainsi. Ensuite à cause de ma naïveté, de mon ignorance en matière de drague. Je ne peux même pas parler de viol ! Pourtant, cela en était un dans la mesure où je refusais ses pratiques barbares, au dingue. J'aurais dû me méfier au lieu de me jeter sans réfléchir dans les bras du bellâtre. Entre deux hoquets de sanglots, j'explique ma mésaventure. Mon hôte s'emploie à soigner les marques encore vives du fouet. Ses gestes deviennent doux, rassurants. Sa voix, apaisante, me calme peu à peu. Néanmoins, il ne se retient pas d'observer :
<< - Tu ne pouvais pas attendre ? Et quelle idée aussi de faire les tasses pour un novice ! - Les quoi ? - Les pissotières si tu préfères. - Je te jure que j'y suis allé pour pisser et rien d'autre ! Après le gueuleton de ce midi, avant de venir te voir, et les coups bus en me baladant, je ne pouvais plus tenir. J'étais dans ce parc et il n'était plus question d'attendre ou j'allais pisser dans mon froc. Faut comprendre ! Et puis, je ne savais pas qu'on draguait dans ces endroits ! Faut le faire avec toutes ces mauvaises odeurs
- Bon ! Bon ! Ne te rebiffe pas. Je te crois puisque tu le dis. Repose-toi. Je suppose que tu n'as plus envie de sortir en boîte ? Inutile de répondre, ta tronche le fait à la place de ta langue. - Je veux rentrer chez moi. - Attends, garçon, on dîne ensemble, comme prévu, mais ici. T'inquiète, je suis un vrai cordon bleu, tu verras, même si les produits ne sont pas ceux de ta campagne. De toute façon, j'ai des restes à finir. Et il ne sera pas dit que ton premier jour de liberté sera celui des catastrophes. Et pas question de rentrer. Tu n'es pas en état d'affronter tes parents. >>
Je cède, trop content de bénéficier de sa compagnie. Il a raison, j'appréhende le retour au foyer familial. Mes parents se feront un sang d'encre s'ils se rendent compte de ce qui m'est arrivé. Retarder l'affrontement le plus possible, voilà la solution la plus raisonnable selon moi.
Nous dînons à la romaine, à savoir allongés sur des coussins. Repas froid, rosé frais. Pas désagréable comme festin, compte-tenu des circonstances. Adrien, consolateur d'expérience, agrémente les mets de quelques bisous bien appliqués sur diverses parties de mon corps. Je le laisse faire, savourant ses attentions sensuelles. Nous palabrons sur les difficultés de la vie, celles surtout des homos. Il m'indique les endroits infréquentables parce que dangereux, les boîtes abordables où l'on peut rencontrer un garçon sans courir de risques, entre autres celui de se faire dépouiller par certain malfrat ou ruiner par des tarifs prohibitifs pratiqués dans certains établissements. Je suis étonné par le nombre d'estaminets nocturnes, presque clandestins, réservés aux hommes, qui sévissent dans cette petite ville. Cependant, je ne suis pas certain d'y revenir très prochainement. Adrien se veut optimiste à ma place. Je suis jeune, n'est-ce pas ? Alors tout m'est permis, même d'affronter mes peurs. Voilà, en résumé, son petit discours visant à me remettre du baume au cur.
Les événements du jour m'ont épuisé. En plus, les excès culinaires n'arrangent pas mon état, sans compter les coups de fouet. Je m'endors, à plat ventre, alors qu'Adrien s'affaire au rangement en cuisine (il dit ne pas supporter le désordre, ce que je crois volontiers à en juger par ce qui m'entoure). Deux heures plus tard, des voix me sortent des bras de Morphée. Je suis allongé sur le canapé, ma tête sur les cuisses d'Adrien qui tente de s'intéresser à la télévision. Il ne cache pas sa satisfaction lorsque je me redresse tout en baillant :
<< - Ça y est, le petit ange revient sur terre. Tu sais que tu es très beau quand tu dors ? - Sinon autrement je suis un laideron ? - Non, tu es un petit minet qu'on voudrait se farcir. >>
Et de me coller ses lèvres contre les miennes. J'autorise l'accès de sa langue dans ma bouche. Il m'allonge de nouveau, délicatement, susurre à mon oreille :
<< - Un gros câlin un peu poussé, ça te branche ? - J'en redemande. - Nous serons raisonnables. Trop de galipettes risqueraient de réveiller tes brûlures. >>
Le gros câlin un peu poussé consiste en un 69, véritable dégustation de queues en folie. Nous gobons voracement le braquemart tendu devant notre bouche et uvrons hardiment, goulûment, dans un bruit de succions, caractéristique et très agréable. De temps à autres, Adrien pousse sa langue jusqu'à ma rosette qu'il titille énergiquement avant de revenir à ma bite en effervescence. Malheureusement, malgré les péripéties de la journée, le manque de sexualité dans ma vie ces derniers temps provoque de ma part une éjaculation précoce que je ne sais retarder, ne maîtrisant pas le sujet pour cause de non-pratique. Désireux de rattr ce que je considère comme une bévue, je m'acharne sur la queue de mon amant qui lâche la purée dans mon gosier, purée que je m'évertue à avaler en son entier nonobstant les quelques coulées sur mon menton. C'est qu'il ne manque pas de jus, le bel Adrien, et ses giclées sont nombreuses.
Calmés, nos corps s'assoupissent à même le canapé, têtes-bêches. Tard, dans la nuit, je me retrouve couché sur le lit, dans la chambre, Adrien tout contre moi. Je le remercie de sa délicatesse par une autre délicatesse en glissant sa queue entre mes fesses. Quelques mouvements appropriés donnent du volume à l'engin qui emplit mes entrailles. Ces préparatifs réveillent le porteur de cette bite qui m'enfile tendrement. Peu de gestes, hormis ceux du pistonnage. La jouissance ne tarde pas. Je sens mon anus inondé de foutre alors que j'inonde mon ventre avec ma sauce. Essuyage rapide avant de se rendormir.
C'est un Adrien aux petits soins qui dépose un plateau au pied du lit. Joyeux, presque rieur, il s'enquiert de ma santé. Tout semble aller pour le mieux. Les douleurs s'estompent, dirons-nous. Copieux, le petit déjeuner. J'aime. Ne parlons pas des interruptions causées par un éternel besoin de rapprochement des corps. La dernière miette ingurgitée, nous passons aux réalité de la chair. Mon compagnon, soucieux de mon bien-être, s'allonge devant moi, sur le côté, frotte ses fesses contre mon vit qui atteint son volume maximum. Une main le guide jusqu'à l'anus offert, celui d'un Adrien poussant des soupirs de contentement durant la pénétration, immédiatement suivis de paroles affriolantes tandis que je le pistonne tranquillement. Un vrai reporter, cet Adrien ! J'y vais de mon petit commentaire sur la chaleur de ses entrailles, le rebondi de ses arrières, la virilité de cet enculé magnifique. Lui aussi apprécie. Les jets de sperme maculent peaux et draps au son de nos manifestations sonores qui emplissent la pièce. Nous ne tardons pas à nous rendormir, bien serrés l'un contre l'autre. Une heure plus tard, environ, une barre s'émeut dans la moiteur de mon anus qui se trémousse à plaisir. Nouvelle sodomie, nouvelles éjaculations.
Tout ayant une fin, nous quittons le lit pour la douche. En guise de transition, nous sommes prodigues en diverses papouilles destinées à ne pas trop regretter les échanges charnelles récentes. Malheureusement, la réalité nous oblige à cesser nos jeux érotiques afin de s'occuper de la vie de tous les jours.
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De hauts cris m'accueillent, à peine passée la porte d'entrée. Bien que j'essaie de marcher sans grimacer, les vêtements frottent contre mes blessures et provoquent, de ma part, une drôle de démarche plus qu'hésitante :
<< -
Ta mère n'a pas fermé l'il de la nuit. Et toute la journée elle n'arrêtait pas de regarder à la fenêtre. Elle m'a fait une vie infernale, c'est peu de le dire !... - Et j'avais raison de m'inquiéter ! Vois dans quel état il rentre ! >>
La litanie continue de la sorte durant cinq bonnes minutes. Les esprits apaisés, j'explique ma mésaventure en y apportant une important modification : deux truands m'ont attaqué pour me voler, mis à mal par un bienfaiteur venu me secourir. Toutefois, impossible d'échapper à l'inspection maternelle, anxieuse de voir les dégâts sur son fils chéri. Je cède, soucieux de ramener la quiétude dans cette famille. J'ai droit aux onguents de mère-grand voire plus anciens, remèdes efficaces. Ceux d'Adrien l'étaient, efficaces, mais pour une toute autre raison. Mon père, voyant les stries en voie de cicatrisation, s'étonne de ce qu'elles soient aussi nettes pour des coups reçus sur mes habits.
Cette première incursion dans le milieu homosexuel me laisse quelque peu perplexe, alors que je me change. Bien sûr, pas question de mettre tous les garçons au même niveau que l'autre cinglé avide de donner des coups. Mais cela donne un aperçu des variétés de sexualités pratiquées. Adrien, encore lui, m'en a décrit certains exemples que j'ai eu peine à croire. Tout comme j'ai peine à croire ce qui m'arrive tout à coup. Je m'apprête à passer sous la douche quand je vois mon père se glisser dans ma chambre, mystérieux, presque comme un espion cherchant à découvrir un secret. Il parle à voix basse, mine sérieuse voire catastrophée :
<< - Ne dis rien, fiston. Laisse toujours croire à ta mère que des voleurs t'ont attaqué. Je ne sais pas où tu as traîné mais j'espère que tu ne t'engages pas dans des pratiques à risques
>>
Et de continuer sur les dangers d'une vie sexuelle débridée. C'est qu'il en connaît long, papa ! Moi qui le prenais pour un saint, presqu'un chaste ! On a toujours tendance à ignorer que nos parents ont une vie sexuelle après notre naissance, quand on est unique. Là, je me rends compte que mes géniteurs n'ont rien négligé avant de s'engager l'un envers l'autre, après s'être engagés l'un envers l'autre et passée ma naissance si je comprends bien. Il termine :
<< -
Ta mère et moi avons vécu, si tu vois ce que je veux dire. Séparément avant de nous rencontrer puis en couple, nous avons fait quelques expériences. Ce qui nous a amené à nous méfier. Alors, attention à toi fiston, sois prudent et bon vent dans la vie que tu choisis ! >>
Il me quitte, heureux d'avoir accompli son travail de père. Sur le sujet, il l'a bien accompli, son travail de père, comme en toutes choses d'ailleurs.
Les hasards du calendrier veulent que je sois une semaine au chômage. Ça tombe bien. Maman coucoune son unique rejeton, trop heureuse de retrouver son "bébé" comme elle dit. Papa soupire, levant les yeux au ciel, ce qui l'aide à supporter les petits travers de son épouse et surtout cette manie qu'elle a d'oublier sciemment que je suis devenu un homme. Il m'encourage même à me laisser faire, petite compensation pour ses travers à lui qu'elle supporte, elle.
Le samedi, en fin de matinée, surprise : le bel Adrien se pointe devant la grille du jardinet. Je le vois cherchant une sonnette qui n'existe pas. Des visiteurs pour ma pomme, à la maison, ressort du rarissime. Mais à chaque fois, papa trouve une occupation urgente dans le garage tandis que maman s'affaire aux fourneaux qu'elle dit ne pas avoir astiqués depuis une éternité. Passées les politesses d'usage, mes parents partis, Adrien très à l'aise me gratifie d'un sourire d'où se dégage son désir de me serrer nu dans ses bras, fesses tendues en direction de son splendide pénis, à moins que ce ne soit la mienne de queue tendue vers les siennes de fesses. Qu'importe ! Pour un peu, il baverait d'envie en lorgnant mes appâts. Je ne sais quelle attitude prendre, que lui dire. Il tente une approche :
<< - Je viens te proposer d'effec cette fameuse sortie d'apprentissage, durant ce week-end, si tu n'as rien de prévu. - Volontiers, Adrien. >>
Le ton de ma voix ne reflète certainement pas ce que je ressens : une joie sans pareille. C'est le moment que choisit maman pour débouler dans le salon, guillerette, proposant :
<< - Vous resterez bien déjeuner avec nous, n'est-ce pas ? Nous serions si heureux de faire connaissance avec le compagnon de notre fils. >>
Ça, c'est la tuile ! Comment va réagir Adrien, lui qui ne veut aucune attache ? Il va penser que je parle de lui, à mes parents, en le qualifiant comme mon petit ami, mon amoureux en quelque sorte. Le mot compagnon n'a pas le même sens dans le vocabulaire de ma mère que dans celui d'Adrien. Pour la première il signifie : copain de jeux. Pour le second il qualifie un petit ami. J'observe mon cher visiteur. Son sourire, un court moment estompé, revient sur ses lèvres avant d'annoncer :
<< - Avec plaisir, madame, bien que des épousailles ne soient aucunement envisagées. >>
Papa, que j'entrevois sur le pas de la porte, déclare :
<< - Ça c'est une bonne réponse ! Bien dit, jeune homme ! >>
Maman se fiche pas mal des remontrances de son adorable époux. Elle vient d'obtenir gain de cause, c'est tout ce qui compte, et peu importe la manière pour y parvenir.
Durant les hors-d'uvre composés de diverses crudités, jambon de parme et autres amusettes charcutières (maman a mis les petits plats dans les grands, sorti le service en porcelaine de Limoges et l'argenterie hérités de ses parents) l'ambiance peut être qualifiée de morose. Chacun est étriqué dans sa tête (expression typique de chez nous), peu enclin à la conversation. Papa veille, aidé en cela par d'excellents crus tout juste sortis de la cave, crus dont il nous abreuve généreusement. Ainsi le petit muscadet accompagnant les truites aux amandes commence à délier les langues. Lorsqu'arrive le tournedos Rossini, le verbiage se fait plus prononcé à mesure que les verres de Saint-Amour se vident. Aucune retenue, si ce n'est celle exigée par la décence, ne se pratique plus alors que nous avalons une salade aux noix et la variété de fromages inhérentes aux grandes occasions. Enfin, les agapes s'achèvent après le dessert (crème brûlée) sur un Armagnac si vieux qu'il n'en pouvait plus d'attendre d'être dégusté. Quinze heures sonnent à la majestueuse pendule familiale. Maman retient, non sans mal, un bâillement de plénitude gastronomique, tandis que papa cherche à conserver les paupières ouvertes malgré une énorme envie de sieste. Adrien semble tenir le coup quand je prétexte un besoin pressant afin de justifier une absence nécessitée par une aspersion d'eau fraîche sur ma face rubiconde. Second éclat maternel :
<< - Nous avons tous besoin de repos ! Pas vrai, Monsieur Adrien ? Allez, tout le monde à la sieste ! >>
Derechef, elle entraîne son mari, n'admettant aucune réticence de sa part. Elle lance, avant de quitter la pièce :
<< - Vous saurez bien vous débrouiller tous deux, pas vrai ? >>
Devinerais-je dans son sourire un soupçon de pensée égrillarde ? Je propose à Adrien :
<< - Si nous faisions une promenade digestive avant de partir ? - Pourquoi pas ? Ce ne sera pas du luxe. Ta mère concocte toujours de tels menus ? Un véritable gueuleton ! Après ce petit tour, je t'emmène dans les endroits les plus mal famé du monde homo. >>
Nous quittons la maison. Le soleil nous accompagne. En fait de promenade, nous pénétrons dans un sous-bois touffu dont je connais le moindre brin d'herbe, la moindre feuille. C'est en ce lieu que je venais, jadis, afin de me livrer à des séances de masturbation que je voulais torrides. Dans un recoin bien protégé, la couverture attend. Je la déploie sous les yeux étonnés d'Adrien à qui j'explique. Nous entamons une sieste des plus érotiques, emmanchés l'un dans l'autre ou l'autre dans l'un. Nous ne nous occupons pas du temps qui passe. J'en profite pour excuser les paroles de ma mère précisant que je n'ai jamais parlé d'Adrien à mes parents. Il comprend, s'amuse de sa propre surprise.
Retour à la maison vers 17h30. Maman nous sert un café, sourire narquois aux lèvres, à ce qu'il me semble. Elle tente de nous retenir à dîner. Adrien trouve une parade, décrétant que nous sommes attendus, ce qui ne trompe personne. Il stipule qu'il veillera sur moi comme sur la prunelle de ses yeux. Maman accepte cette petite défaite compte tenu de sa petite victoire de ce midi.
À suivre
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