Journal D'Un Apprenti (3)
Jamais nous n'aurions dû, pour une première soirée chez les homosexuels, faire plusieurs endroits à la suite et en aussi grand nombre. Quatre boîtes, deux jardins, deux pissotières, un quai de rivière et un immeuble en voie de destruction. J'ai beaucoup vu et rien appris. Tout défilait trop vite dans ma tête, peu habitué à tant de foules. Je cherchais à connaître les détails alors que l'on ne me présentait que les généralités. Je me comparais à ces touristes américains, japonais ou autres, venus passer une semaine en Europe et qui parcourent des milliers de kilomètres, visitant au pas de charge sites, monuments ou musées, se levant à 6h chaque matin et se couchant à moitié morts de fatigue aux environs de 23 h (au plus tôt) sauf les soirs où on les trimbale dans un quelconque night club mondialement connu. Éreinté, je le suis. Soûlé aussi, par les abus du jour en matière de boissons, d'agapes mais également de bruits, de verbiages. Tous ces garçons à l'affût d'une baise, d'une médisance à persifler, d'une jalousie à extérioriser, d'une vitrine à montrer (soi-même, évidemment), ont eu raison de mon moral. Jamais, au grand jamais, je ne me fourvoierai dans un tel milieu, quitte à finir le reste de ma jeune vie en pratiquant l'amour solitaire et à y user mes doigts. Voilà ce que j'exprime alors qu'Adrien se fait câlin auprès de moi. Mon emportement cause son rire. Je lui reproche de m'avoir montré la version négative du milieu homo. Que dire de ces mi-hommes, mi-femmes, qui semblent chercher ce qu'ils sont, ce qu'ils pourraient être, ce qu'ils voudraient être ? Ces voix criardes, se voulant féminines mais tenant plutôt du chat écorché, résonnent encore à mes oreilles. Ces attitudes se voulant provocatrices, sensuelles, révoltent mon besoin de naturel. Je suis un garçon, j'aime les garçons ! Voilà mon credo ! Je suis viril, je baise ou me fait baiser viril ! C'est encore mon credo ! Peu ou beaucoup poilu, petite ou grosse queue, musculeux ou pas, un garçon doit rester un garçon, voilà encore mon credo !
D'une voix douce mais ferme, Adrien me remet à ma place.
La fatigue nous surprend alors que nous tentons de nous unir.
Dès le réveil, j'appelle la maison afin de tranquilliser ma mère. Mon père apprécie la démarche qu'il estime salutaire pour son propre repos. Adrien établit un programme : matinée et déjeuner chez lui (sobre) ; ensuite visite à des amis puis dîner en tête-à-tête dans un restaurant. Je le supplie de m'épargner : pas de boîte. Il accepte proposant une promenade au bord du fleuve, après dîner, qui devrait être instructive comme délassante selon lui. Le tout, conclue-t-il, c'est de mieux se connaître. Je prends cela comme une déclaration de mieux vivre ensemble, mais pas encore de vivre ensemble. Je rêve à tout-va, voyant dans cette idylle naissante le moyen d'éviter les écueils qui parsèment la vie des homosexuels (dont je ne connais rien au demeurant). J'imagine, je gamberge, je délire presque. Je me dois de revenir au raisonnable, un répit s'avère indispensable : plus aucune cogitations durant 48h serait un repos bien mérité.
Donc matinée en couple. Nous baguenaudons à poil, sans retenir une seule envie de caresses, de baisers voire de coquineries polissonnes. Le déjeuner, composé de saumon fumé, d'une salade nature, de fruits le tout arrosé d'eau minérale, prend pas mal de temps, câlins obligent. L'heure de nous préparer au départ sonne.
< - Ce quartier devient, peu à peu, exclusivement homosexuel. - Tu ne parlais de mélange des genres, hier ? - Un point pour toi. Tu as raison, on ne devrait pas s'enfermer dans un quartier réservé à une seule communauté. >>
Et de disserter sur la chose tandis que je m'intéresse aux passants. Dans un coin de mon crâne, des milliers de questions s'apprêtent à m'assaillir.
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Jules et Gilles, ces deux prénoms rappelleraient presque le titre d'un film. Deux malabars, virils au possible, un soupçon soumis à la "gonflette", charmants à faire pâmer n'importe quel acariâtre. Et délicats avec ça. Pas de "c'est ton nouvel ami ?" ou de "enfin tu te cases". Non, pas de persiflages. Ils viennent à moi comme s'ils éprouvaient le besoin de me parler, de me connaître, de passer un agréable moment en ma compagnie et ce, nonobstant la présence d'Adrien qu'ils ne négligent aucunement. Le revers de la médaille ! Je veux dire qu'ils sont l'opposé de ce que j'ai pu voir précédemment. Pas de gestes évanescents, de hauts cris sur voix perchées, comme dit je ne sais trop qui. Ils s'aiment, ces deux là. Leurs regards parlent pour eux bien que les mains soient sagement placées où la bienséance l'exige. Ils ne posent pas, ne sont pas en représentation. Je sombre dans une espèce de béatitude, heureux d'avoir enfin trouvé une ambiance à mon goût. Je me détends, tente de suivre la conversation qui, très vite, aborde des sujets totalement inconnus de ma petite personne. Sans qu'ils s'en rendent compte, les trois font bande à part, m'excluant.
Enfin, Jules se rappelle mon existence et du même coup ma présence parmi eux :
<< - Excuse-nous ! On parle entre nous de personnes que tu ne connais pas. Ce n'est pas très gentils ni respectueux de notre part. Promis, on change d'attitude ! >>
Je fais signe que cela n'a aucune importance. Le changement dure cinq minutes, au bout desquelles ils retournent dans leur monde à eux. Ils retrouvent ces personnes dont j'ignore tout mais aussi des sujets auxquels je ne comprends rien. Ma petite tête bouillonne. La honte me terrasse, puis la révolte. Et inversement.
Nous quittons les deux gentillets sur de gros bisous très affectueux après avoir accepté une invitation à dîner pour samedi prochain. Moi et Adrien, on fait très couple ! Cette pensée me force à sourire. Alors que nous cherchons un restaurant où dîner, Adrien décrète:
<< - Ce soir, surprends-moi. Je te laisse les commandes. C'est moi qui offre. >>
Je ne réponds pas. Quelques minutes plus tard, je lui montre la façade d'un restaurant cossu, lui ordonne d'aller m'attendre et de réserver une table pour nous deux, dans un coin discret si possible. Il obtempère. Je déambule quelques minutes avant de le rejoindre au resto. Je me promets d'être à la hauteur. Du coup, je sens ma braguette gonfler, mon sang se révolter.
Je vais lui mettre un coup entre les fesses histoire de dégorger la bête et de baisser le volume donné par la poussée pornographique qui m'inonde. Il ne va pas rechigner, au contraire.
Je le vois. Il m'attend patiemment, installé sur une banquette dans une sorte de box. Devinera ou devinera pas ce que je veux lui faire? Si, il devine en remarquant la direction de mon regard. Il se lève, va aux chiottes du resto. Je le rejoins, une fois mon blouson posé sur la banquette en face de la sienne. Jambes bien campées, écartées, pantalons baissés, il patiente dans la cabine.
Deux jolies fesses, bien cambrées, m'accueillent. Dans une sorte de râle, Adrien appelle à la sodomie, comme il dit. Sa main enveloppe sa queue. L'autre main batifole sous ses couilles légèrement velues. Son trou bien "huilé" à la salive palpite d'impatience. Le temps de me défroquer, de fermer la porte derrière moi, et j'enfile tout mon braquemart dans son trou, avec délicatesse mais avec fermeté. Il gémit son plaisir. Il bouge son popotin. Je me cale contre la porte. Il s'encule lui-même. Je n'ai rien à faire. Ma queue glisse toute seule, tel un piston, dans cette tubulure régulièrement lubrifiée par mon avant jus et son huilage automatique du cul. Je palpe ses hanches. Je me penche afin de poser mes lèvres sur son dos, lui lécher l'échine qui frissonne sous mes caresses. Faut grouiller, un gêneur peut arriver à tout moment. Sans compter que j'ai sérieusement les crocs. Ici, il y a qu'une chiotte! Heureusement pour nous, j'ai la montée de foutre rapide quand on s'y prend bien. Et mon mec sait y faire. Son anus se serre puis se relâche à plusieurs reprises, m'obligeant à cracher. Je pince mes lèvres afin de n'émettre aucun son. Mais que c'est bon de tout l'asperger dans son trou du cul! Il répond à mon embrasement par une éruption volcanique: un geyser de foutre asperge murs et cuvette. J'ai lu cette comparaison je sais plus trop où. Mais ça y ressemble vachement. Grosse pelle pendant qu'il se vide l'oignon dans la cuvette et s'essuie avec le PQ. On se reculotte. Personne dans les lavabos. Petits nettoyages des mains histoire de manger propre. On regagne vite fait notre table.
Cet intermède m'a mis en appétit de sexe au lieu de calmer mes passions de bite. Celui que je considère dorénavant comme mon mec sourit. Il suppute mes pensées. Avec un minimum de gestes, j'ouvre ma braguette, sous la table. Ma queue bondit hors du coton. Tout juste si elle ne frappe pas le dessous de la table. Le sourire de mon homme s'accentue. Je devine qu'il sort un de ses pieds du mocassin. Je sens ses orteils venir cajoler mon engin. Je ferme les yeux, quelques secondes: j'apprécie la faveur qu'il m'accorde. Il sait avoir atteint son but. Je le regarde à nouveau. Je pressens qu'il vient de mettre sa zézette à l'air, comme moi. Je lui envois un peton qui s'en va soupeser ses adorables couilles. Merde! Le serveur rapplique. On prend une position plus "correcte", on se colle quasiment contre la table afin qu'il n'aperçoive pas nos queues à l'air. Quoique la nappe pendouille assez pour planquer nos débordements.
Putain, il ne manque pas d'air Adrien. Tout en passant commande, il reprend son jeu de pied sur ma bite. Je n'ose pas lui retourner le compliment. Il me lance un regard provocateur qui semble me dire qu'il est plus courageux que moi, ou plus dingue. Non, il me fait comprendre qu'il aime ce que nous pratiquons en ce lieu! Courage Daniel. Je me bouge un peu, je lance ma jambe sous la table. Mes orteils frottent sur la bite de mon mec qui soupire de bonheur. Ah mais! Le loufiat ne voit rien ou fait semblant de ne rien voir. Qui sait? Ça m'excite! Je sens de gros remous dans mon ventre. Faut qu'on arrête sinon j'envois la purée. Adrien comprend. Tous deux, on calme le jeu. Je lui susurre, approchant nos têtes, une fois le garçon parti:
<< - Tu nous vois, secoués de spasmes, lâchant notre foutre à grandes giclées, en plein resto, engluant le beau parquet en bois véritable à l'aide de nos généreuses jetées de foutre? Ça ferait désordre, non? >>
Il sourit. On déguste le plateau de fruits de mer. Il paraît que l'iode donne des forces sexuelles. À ce qu'on dit. En attendant les filets au poivre vert, on se décide à une privauté plus poussée. Adrien laisse tomber sa sacoche. Tout s'éparpille. Il pousse un petit cri de surprise. Personne ne prête attention à l'incident ou ce qui semble l'être. Sous prétexte de ramasser ses affaires, mon mec vient gober ma tige, y applique quatre bonnes succions avant de l'abandonner à notre grand regret. Il reprend place normalement alors qu'on nous apporte la suite.
Le repas s'achève le plus sérieusement du monde, si ce n'est nos orteils toujours palpant nos bites de temps à autres. Alors que nous dégustons le café, nous remettons nos vêtements dans une position plus conforme à la décence, prenant soin de ne pas faire de gestes incongrus. Gros pourboire pour le serveur qui nous gratifie d'un sourire étincelant prouvant qu'il a compris combien on se désirait, moi et mon Adrien. Il doit être un peu jaloux le gonze. Il voudrait peut-être partager notre intimité?
On court presque tant on est pressé d'arriver à la maison. Un coup de pied pour fermer la porte et voilà quatre bras qui enserrent deux corps brûlant de fièvre amoureuse. Comme c'est bon de sentir ce mec se blottir contre moi, comme s'il voulait entrer dans ma carcasse, tout entier. Il devient totalement passif, minaude un peu tout en plongeant sa main dans mon pantalon. Mon mandrin se dresse illico. Et puis tout se déroule à la vitesse grand V. Les fringues volent tout du long entre l'entrée et la chambre. On entend le bruit des chaussures qui atterrissent où elles peuvent. On se colle. Les langues s'enfournent dans les bouches voraces qui attendent impatiemment d'autres plaisirs. On perd l'équilibre, on s'affale sur le lit. Pas un seul poil de sec tant l'envie de se mélanger nous étreint. Je sens sa queue se frotter contre mon ventre. J'aime! C'est comme si elle venait demander protection à sa sur. Elle glisse tendrement, provoquant une légère pression sur mes bourses. Ça mouille dur! Ça glisse encore mieux. Mes deux mains s'emparent des jolies fesses qu'elles palpent avec attendrissement. Je fonds de désirs. Il tient ses deux bras au dessus de la tête. Je me couche sur lui. On se roule une de nos pelles mémorables. Suit une inspection linguale avec "salivage". Tétons, aisselles, ventre, nombril, profitent de ses approches tactiles. Ma bouche s'ouvre plus grand, avale la totalité de la queue puis des couilles. Ma moitié gémit fort, supplie pour que je suce ardemment et hardiment. J'obéis. J'aime jouer avec son engin entre mes lèvres. Ma langue fait rouler les roubignolles ou va se nicher entre gland et prépuce quand elle ne lèche pas la hampe avant de s'aller musarder du côté de la pastille. Dans ma tête, j'entrevois déjà la pénétration. Faut que je mouille bien la rosette. J'y plonge la langue tant que je peux. Il glousse de joie, le coquin. Petit déplacement. Enfin mes doigts s'en vont fourrer cet anus dispensateur de bienfaits. Il gémit toujours, le drôle. Le voilà qui se contorsionne. Position 69: bravo soldat! Sans précipitation mais sans atermoiement, l'orifice buccal de mon mec s'empare de mon zob qu'il ingurgite dans sa totalité. Putain le paradis! Du coup, trop accaparé par cette prise de possession de ma virilité, je laisse choir la sienne de virilité afin de mieux savourer les douceurs dont il m'accable. Aucune manifestation de rejet, il m'accepte, me désire. Il s'empare de moi, je le possède dans son entier. Son sophage se contracte, se relaxe, à maintes reprises, imposant à ma queue ce supplice appelé fellation. Pendant ce temps, une raie mouille afin de se préparer à une visite approfondie de ma part. J'y introduis un, puis deux, puis trois doigts qui farfouillent l'anus disposé aux derniers outrages, les réclamant par des palpitations réitérées. Dans un soupir, mon mec lance:
<< - Vas-y, sodomise moi, comme on aime tous les deux. >>
J'accède à son désir qui est le mien aussi. Pieds sur mes épaules, il me sourit. Pendant que ma bite s'enfonce, nous nous confondons l'un dans l'autre. Nous nous mêlons l'un à l'autre. Nous nous fondons l'un dans l'autre. Je sens ses soubresauts de plaisir. Il sent mes soubresauts de plaisir. Deux amants plongent leurs amours éternelles dans une osmose sexuelle qu'ils estiment unique, presque irréelle. Je lui jure qu'il est mon seul mec, mon unique, mon dieu, ma vie. Il me supplie de croire que je suis tout pour lui, rien qu'à lui, qu'il n'est rien qu'à moi. Les entrailles s'émeuvent. Les muscles se crispent. Ma bite décharge toute sa crème alors que mon cerveau décharge toute l'étendue de mes sentiments pour Adrien. Lui se répand entre nos deux ventres grommelant vouloir vivre et mourir en m'aimant.
Je reste en lui. Nous ne bougeons plus. Nous reprenons notre calme, ma queue toujours raide dans son fion. Je joue avec ses couilles. Je bécote son cou. Je lèche ses oreilles. Je mordille son joli petit nez. Sa bite se rebiffe. Je la branle doucement, passant mon pouce sur le gland humide de mouille. Mon mec se rebelle:
<< - Qu'est-ce que tu fais, gros vicieux?
- Rien mon doux.
- Arrête sinon je vais jouir isolément comme un miséreux solitaire.
- Non. On jutera tous deux. Ma bite va te pilonner l'oignon une fois encore. N'oublies pas que le patron c'est moi. Je veux te baiser à en crever. J'en meurs d'envie. Et toi?
- Si c'est pour la bonne cause, celle de ta santé, alors je me sacrifie.
- Tu humes comme nos effluves sentent bon, Adrien?
- Oui, ça sent le foutre. >>
Tendrement, longuement, je le pistonne, laissant ma main jouer avec sa pine. Ensemble, nous laissons la jouissance s'emparer de nous, se libérer. Je suis plié en deux, mes lèvres sur les siennes, ma bite dans son cul plein de mon jus, son jus à lui collant nos corps.
Passage dans la salle de bain puis reprise des ébats, langoureusement, sensuellement. La nuit ne fait que commencer, pensais-je. A ma grande surprise, Adrien décide:
<< - On fait une balade avant de se coucher. C'est ce qu'on avait prévu, non? >>
J'accepte de me plier aux prévisions.
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Alors que nous musardons sur la rive d'un étang, je sens mon humeur virer au morose. Les fruits de mer refusent de se laisser digérer tandis que mon crâne explose. Adrien semble ne plus être le même. Sa mine se renfrogne. Je m'en aperçois au passage sous un réverbère. Je l'entends s'excuser du besoin pressent qui l'oblige à s'éloigner momentanément. Je m'allonge sur l'herbe, ferme les yeux. Le froid m'enveloppe. Je me relève, impatient. Adrien met bien du temps pour vider sa vessie. Je vais dans la direction prise par lui. Plusieurs dizaines de mètres plus loin j'entends des soupirs, m'approche discrètement. J'entrevois la scène. Pantalon sur les chevilles, Adrien enfile un gars avec brutalité ou tout comme. Je suis pantois. Résonnent à mes oreilles les "han ! " poussés par l'enculeur et les petits couinements émis par l'enculé. Ces manifestations sonores vont crescendo quand enfin elles atteignent leur apogée, accompagnées de spasmes résultant de leurs éjaculations.
Impossible de bouger, ce spectacle me fige sur place. Pour le coup, ma tête est vraiment vide. Je ne réalise pas, incapable d'évaluer quoi que ce soit de la situation présente. Le couple se rhabille, sans geste d'affection, pas de caresse ou de baiser, pas même un remerciement. Chacun part de son côté comme si la rencontre n'avait jamais eu lieu. J'observe Adrien qui se rapproche de moi. Lorsqu'il me voit, il se contente de dire, tout en achevant de remettre son pantalon en place :
<< - Ah ! Tu es là. Tu n'as pas trop attendu, j'espère ? Fais pas la gueule, c'était juste un petit coup vite fait. Un éclair au chocolat, en passant, rien de plus ! Aujourd'hui, je t'ai donné ce que tu voulais, alors à mon tour de prendre ce que je veux. Tu ne crois pas? >>
Je le suis sans répondre. Je n'évoque que ce que je viens de voir lorsque, enfin, je retrouve la parole. Je lui fais tout bonnement part de mon questionnement concernant les milieux homosexuels fréquentables ou non. Il hausse les épaules, décrète un peu sèchement :
<< - Tout est fréquentable sous réserve de le vouloir et de savoir où l'on met les pieds. Les résultats sont différents, c'est tout. Vois-tu, Daniel, tu te poses trop de questions. Sortir avec toi devient du ressort d'un psychologue. Tu n'es pas drôle à vouloir tout disséquer. Si tu te contentais de vivre simplement, tu ne crois pas que ce serait mieux ? >>
Silence jusqu'à l'arrivée chez lui. Alors que je m'apprête à prendre une douche en sa compagnie, il me donne le coup de grâce, à sa façon :
<< - Fais vite, j'ai pas mal de trucs à voir après t'avoir ramené chez toi. - Je croyais que tu ne bossais pas demain. - C'est vrai mais j'ai besoin d'être seul. Je crois qu'on s'est trop avancés, toi et moi. >>
Le ton me paraît glacial comme son visage. Pourquoi ce revirement subit ? Je n'ose le questionner tant il me semble étrange au point que je préfère écourter ma présence en face de lui. Au cours du trajet nous prononçons peu de paroles, juste le minimum, comme si nous étions des étrangers ou des amants fâchés. Pourtant, je croyais, ce matin encore, que notre relation se déroulait à la perfection allant toujours en s'améliorant. Je ne comprends pas, je ne comprends plus. Alors qu'il ralenti à l'approche de la maison, je quémande, piteusement :
<< - Qu'est-ce qui t'arrive d'un coup ? Je croyais comprendre que moi et toi c'était chouette. - Oui, pour passer un bon moment. Mais tu n'es pas le type que j'espérais. Faut pas que l'on continue de se voir trop souvent. À un de ces jours peut-être ! >>
J'ai à peine le temps de fermer la portière qu'il démarre en trombe. Je reste là, sans bouger, cherchant à comprendre ce que j'estime comme étant incompréhensible.
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Plus de cinq semaines sans nouvelles d'Adrien. Au début, j'espérais qu'il viendrait me chercher afin de nous rendre à l'invitation de Jules et Gilles : en vain. Maintenant, dès que j'ai une minute, je m'approche d'un téléphone, décroche, commence à composer son numéro. Je m'interromps sachant que cela lui déplairait souverainement. À l'inverse, peut-être attend-il que je l'appelle. Que cela est compliqué ! Je tiens à lui. C'est le seul avec qui je peux parler. Impossible avec mes parents. Je me vois mal leur faisant part de mes doutes sur les homosexuels fréquentables ou non, sur les lieux de rencontres ou plus simplement sur mon insertion dans ce milieu en général. De toutes façons ils n'y connaissent rien, là dedans. Ce qui me paralyse le plus c'est l'attitude d'Adrien. Je devais le barber avec mes questionnements, il me l'a clairement fait comprendre. À moins qu'il ne se soit lassé de moi sur le plan sexuel. Pourtant on s'est presque dit qu'on s'aimait et j'y ai cru. Peut-être pour cela qu'il a pris peur. Ses paroles dépassaient ses pensées. D'ailleurs il s'est farci un gars, vite fait bien fait, dans ces fourrés, pour se confirmer qu'il n'avait pas de sentiments envers moi. Il devait en avoir marre de ma pomme, oui c'est ça ! Pourquoi ne pas me l'avoir dit ? Peur de me blesser ? Pas le genre d'Adrien, il y va toujours franco. Alors quoi ? Rien tant que je ne l'aurai pas obligé à dire ce qu'il a sur le cur. Mais de quel droit devrais-je l'obliger ? Je n'ai aucun droit sur lui, pas plus qu'il n'en a sur moi. D'ailleurs, ces dernières phrases étaient très explicites, inutile d'ne entendre davantage. Une fois encore je cesse mes cogitations, nuitamment, la main engluée de foutre, l'image d'Adrien gravée dans mon cerveau.
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Le travail reprend pour plusieurs mois consécutifs, sans interruption. Les beaux jours reviennent avec leurs milliers de touristes.
J'ai beaucoup de mal à me concentrer. Certaines rumeurs courent à mon sujet, entre gens du patelin. Je devine aisément lesquelles. Aujourd'hui j'uvre en plein champs. Pas très compliqué de conduire l'engin qui déverse les engrais. Pourtant j'évite de peu, à plusieurs reprises, de rater un virage et faire ainsi un manque sur toute une longueur de terre. Comble de malheur, je me rappelle difficilement tous les champs à traiter. Mon patron se rend bien compte que je ne tourne pas rond. Un brin égrillard, il me lance :
<< - Dur mon gars ! Hein ? Mais faut pas te mettre la tête au court-bouillon ! Ici, on se fout de savoir où tu trempe ton goupillon ! Le principal, c'est qu'on te voit pas faire. >>
La répartie me surprend. Je demande des précisions. En retour, je reçois un haussement d'épaules. Donc, au village, on sait. Mais qui? Certainement pas Adrien. Bien! Il faut en prendre mon parti.
Nous cassons la croûte, sous un arbre. Le soleil tape dur bien qu'il ne soit que 10h ¼. J'ôte ma chemise. Le patron opine et m'imite. Alors que je m'apprête à remonter sur l'engin, je sens deux mains palper mes fesses. Une voix supplie:
<< - Allez, laisses-toi faire, juste histoire de voir comment c'est d'enculer un gars! >>
Je ne repousse pas mon patron, un homme frisant la cinquantaine, bien bâti, malgré un visage assez repoussant. Je ne le regarde pas, mettant mon cul à sa disposition. J'avais déjà vu son sexe: une barre assez impressionnante. Maintenant, je la devine se collant sur ma raie, glissant en elle. Je mouille, il mouille. Il m'enlace, colle son ventre à mon dos, pose son menton contre mon cou. Sa queue s'introduit délicatement, perfore mes entrailles avant de les pilonner presque tendrement. On dirait que le bonhomme a de l'expérience si j'en juge par le plaisir qu'il me donne. Sa bite caresse mes boyaux, affole ma prostate qui enflamme tout mon corps. Pas un mot n'est prononcé, seulement des sons gutturaux sortent de nos gorges. Nous soufflons, ahanons. Le pilonnage continue sur un rythme égal, durant plus de dix minutes. Les lèvres de mon enculeur tentent quelques bisous maladroits dans mon cou. Ses mains caressent timidement mes hanches ou mes fesses. Il se crispe, se tend. Les spasmes l'envahissent alors que ses doigts empoignent ma queue qui délivre son foutre. La sienne explose dans mon anus qui reçoit cette semence et l'avale avec gourmandise.
On se rhabille, honteux mais heureux. Mon patron constate:
<< - Je préfère pas qu'on recommence. J'y prendrais goût. >>
En fin d'après midi, oubliant sa parole, il me rejoint sous la douche. Son braquemart hyper tendu s'en vient frôler ma queue. Ses yeux semblent supplier. Ses lèvres murmurent:
<< - Une pipe, juste une pipe. >>
Je m'agenouille. Il ferme le robinet. J'uvre de telle sorte qu'il jouisse rapidement. Il glousse de joie, poussant sa grosse queue au fond de ma gorge, quitte à m'. Il serre ma tête avec ses grandes mains. Heureusement, son besoin d'éjaculer arrive rapidement. Il lâche six jets de foutre dans ma bouche. Je m'applique à tout ingurgiter, à lui nettoyer le gland. D'un signe de tête il me remercie avant de quitter les lieux. Plus jamais nous ne remettrons ça.
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L'épisode Adrien quelque peu oubliée, je me prépare à passer l'hiver au calme. Cette année, je ne chômerai pas. Tout juste si je pourrais prendre une ou deux semaines de vacances entre deux boulots. Jamais je n'avais eu à faire face à une telle activité.
Cela m'arrange. J'envisage de quitter le cocon familial. Mis au courant, mes parents débordent de conseils, de propositions, d'aides concrètes tout en regrettant que ma décision soit si brutale et s'ingéniant à retarder le plus possible l'heure de la séparation. J'éprouve un besoin de totale indépendance. En effet, depuis quelques temps je me plonge dans des lectures cochonnes, histoire de combler mes soirées solitaires. J'ai acquit deux objets destinés à me procurer certains plaisirs, à défaut de les savourer en compagnie d'un homme fait de chair et de sang. Ma mère, toujours à l'affût de rangement, même là où tout est en ordre, risquerait de trouver ces babioles qu'elle estimerait délictueuses. En outre, je me sens mal à l'aise, à l'étroit. Papa comprend. Maman ne veut rien savoir jurant que je peux amener qui je veux à la maison, même pour dormir comme elle dit. De longues discussions entre eux s'avèrent nécessaires pour que maman cède, mais à contre cur.
La chance vient à mon secours. Un industriel fortuné possède une immense propriété non loin du village. Il aimerait avoir un gardien à demeure. Le contrat me paraît alléchant. Payé à plein temps, petite maison de gardiennage avec l'intérieur refait à neuf (trois pièces, cuisine, salle de bain rare de nos jours). Le salaire au SMIG, rehaussé par les avantages non négligeables accordés, tels que la gratuité de l'eau, de l'électricité et du logement. En échange, je devrai effec de menus travaux comme l'entretien de la pelouse, veiller à ce que tout fonctionne dans la maison etc. Marché conclu, sans consulter personne. Du côté parental on est heureux de cette solution : je ne suis pas loin. Ma mère promet déjà de veiller à mon logis, ce à quoi je m'oppose fermement soutenu en cela par papa. Les moins contents sont mes employeurs occasionnels divers et variés. Toutefois nous trouvons un terrain d'entente. Jamais je ne travaille une journée complète chez eux, donc je peux assumer si l'on s'arrange entre gens de bonne compagnie. Finalement ils cèdent, comprenant qu'un emploi stable, pour moi, c'est assurer l'avenir et ainsi de suite
Mes quelques meubles (le minimum indispensable) installés, je suis dans ce que j'appelle d'ores et déjà "mon déduit". Pas folichon sur le plan décor, mais tout à un début. Le seul point d'achoppement qui a bien failli faire capoter mon embauche, résidait sur ma liberté à recevoir "chez moi". J'ai finalement obtenu gain de cause sur promesse de veiller à ne pas "emmener n'importe qui".
Mes pantoufles posées dans la chambre, mon premier souci est de trouver un garçon qui ne soit pas n'importe qui: inauguration oblige. Je reste sur ma faim, et sur mon impatience, durant deux semaines. La cause : beaucoup de travail. Le parc a été négligé ces dernières années, la piscine quasi abandonnée. Quant à la maison dite de maître, nombre de réparations et un sérieux nettoyage de fond en comble s'avèrent indispensables.
Outre mes occupations de gardien, je surveille les ouvriers dont les patrons ne voient pas d'un bon il qu'un gamin, comme moi, donne des directives, agissant en tant que représentant de leur client.
Comme d'habitude, tout en emménageant, j'imaginais plonger immédiatement dans une vie de débauches sitôt les meubles posés. Eh bien ! Je me suis fourré le doigt dans l'il et rien dans un endroit plus intime. J'entame une série de jérémiades mentales, plaignant le pauvre Daniel sevré d'amour mais surtout de sexe. J'en arrive à regretter l'époque où vaquant entre plusieurs employeurs, je pouvais lorgner de belles paires de fesses même si j'en tâtais trop peu.
Une présence s'en vient me distraire de cette petite descente dans la morosité. Un contremaître, presque chef de chantier si j'en crois ses subordonnés, ne cesse de venir me parler sous divers prétextes, certains très oiseux. La trentaine finissante, type méditerranéen, un physique des plus ordinaires mais un sourire à faire se pâmer les jeunes en manque d'affection, comme moi. Mes urgents besoins d'affection mâle me donnent tous les culots possibles. Alors qu'il vient à moi pour la énième fois de la journée, je le bouscule un peu :
<< - Si je ne vous savais pas consciencieux dans votre travail, je croirais que vous me draguez. - Qu'est-ce qui vous fait penser ça ? - Vos demandes pour la plupart assez futiles, n'ayant que peu de rapport avec votre boulot. Bien, soyons directs : ce soir, après votre travail, la petite maison au fond du parc. Ça va ? - Pas froid aux yeux, le petit minet. Trop sûr de lui, pourrait connaître des désillusions. - Le petit minet est aussi sûr de lui qu'il jurerait que vous bandez si je me réfère à votre braguette qui se gonfle dès que nous sommes en présence l'un de l'autre, ce qui est le cas actuellement. Alors il dit oui, l'ancêtre ? - Tout doux, mon mignon. C'est pas parce que t'as envie que je te baise qu'il faut me manquer de respect. - Mille excuses, monsieur le susceptible. >>
Une grosse pelle comme acompte en guise de conclusion momentanée. Sa langue virevolte dans ma bouche, ses lèvres happent les miennes qu'elles dévorent pendant que nos mains palpent impatiemment nos coins les plus secrets. Mes doigts prouvent leur efficacité en ouvrant les boutons d'une braguette fort tendue. Tel un diable sortant de sa boîte, une queue raide, virulente, s'éjecte des tissus. Je triture délicatement l'engin que je sais prêt à l'emploi, me demandant si je lui inflige une sucette des familles ou si je lui présente mes arrières aux fins d'intromission. Las! Des pas approchent mettant fin à notre petite prise de contact. Un clin d'il de part et d'autre, tout en remettant de l'ordre dans nos tenues vestimentaires, et nous nous séparons les pensées emplies des choses cochonnes que nous ferons ce soir.
À suivre
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