Journal D'Un Apprenti (6)
Seul, je me trouve désemparé. Je constate, pour la seconde fois, mon horreur du vide : aucune compagnie, cela me désole. Depuis toujours je vis avec quelqu'un. Mes parents d'abord puis un amant à la suite de mon indépendance. Les premières semaines écoulées ici, dans cette maison, sont passées très vite, occupé que j'étais par l'installation des lieux, le travail, les visites à la famille. Maintenant je connais la liberté de recevoir alors j'aimerai garder un amant auprès de moi. Pas ment le même, mais en avoir toujours un à mes côtés. Mes pensées s'envolent vers Bernard à qui j'ai omis de téléphoner comme je me l'étais promis. Marco pourrait également participer à ce que je nomme ironiquement mon harem. Sans omettre Théo pour qui j'éprouve une grande amitié doublée d'une attirance physique plus qu'irraisonnable. Et le bel Adrien ? Reviendra-t-il ? Lui, je ne dois pas le brusquer. Surtout ne pas lui quémander sa présence. Il ne supporterait pas et ce serait le seul moyen de le perdre définitivement.
L'automne avance à grandes brassées de feuilles mortes. Les matinées fraîches ne me rebutent pas. Dès l'aurore, je m'empare de l'outillage adéquat et nettoie les allées du parc, les pelouses. Au téléphone, Bernard m'a promis une visite, lundi prochain. En parlant de téléphone, ma ligne n'est toujours pas branchée : trop de demandes dit-on. L'après-midi, je joue de la varlope, du ciseau à bois, avec comme apprenti un Marco studieux surtout quand se présente la possibilité de me caresser la croupe ou quand il savoure mes phalanges sur sa braguette. Lui, par contre, aimerait bien venir dormir dans mon lit. J'hésite. Certes, il paraît s'être assagi, ne plus penser aux vols, aux bagarres. Mais est-ce définitif ? Je me juge idiot. Cependant, il persiste à vouloir courir après la gueuse, ce qui lui réussit ces derniers temps. Mais il estime trop rares les occasions de satisfaire son besoin de chairs féminines et voudrait combler ce manque avec moi de façon plus régulière.
Bernard répond présent à mon appel. Comme prévu, il vient passer quatre nuits consécutives avec moi. Il travaille sur un chantier non loin du village. Je le retrouve aussi vaillant dans l'action friponne qu'auparavant. Il reconnaît fréquenter plus assidument les garçons depuis qu'il m'a rencontré. Pas peu fier le Daniel, d'avoir détourné un faux hétérosexuel du droit chemin ! À deux reprises, Marco nous rejoint. Les soirées sont très agréables, les nuits brèves et épuisantes.
Tous les samedis, Théo se pointe, je dirai bite en avant ! Dès qu'il m'aperçoit, il me serre contre lui, plaque sa bouche contre la mienne et fourre sa langue entre mes lèvres pendant que ses mains folâtrent sur ma peau prestement mise à nu. J'aime son engouement. Il est là, devant moi, prêt à me sauter, prêt à se faire sauter. S'agissant de Luc, il déclare :
<< - Je ne le vois plus beaucoup depuis l'autre fois, ici.
D'un geste affectueux, Théo me ramène à la réalité du jour : prendre notre pied tous les deux.
Mon amant préféré parti, le bel Adrien montre le bout de son nez, la mine déconfite. Il demande l'asile pour quelques jours, me supplie de ne lui poser aucune question. Je lui fais confiance, lui désigne la seconde chambre, celle qui me sert de bureau. Il renâcle :
<< - Pourquoi tout chambouler dans la maison ? Tu ne veux plus de moi dans ton lit ? >>
Mais si, je veux bien de lui. Simple discrétion de ma part. Rapidement, il en vient aux confidences. Notre ancienne patronne n'est jamais totalement sortie de sa vie. De temps à autres, il l'honore copieusement, même s'il râle parce que, dorénavant, Madame refuse de se faire enculer par autre chose qu'un gode, comme il dit.
Alors qu'Adrien se confine dans mon lit, Marco me visite à deux reprises ce qui nous donne l'occasion de s'ébattre à trois, jeu non dédaigné par ces deux gredins. En fin de semaine, comme annoncé, Adrien regagne ses pénates, bien décidé à virer Madame et ses appâts jugés un soupçon fanés mais surtout au porte-monnaie estimé friser une platitude désespérante. Pas sensible, ni moral, mon Adrien favori ! C'est son charme, pourrait-on dire.
Heureusement ! Ce départ tombe à pic car voilà qu'arrive l'homme du samedi, à savoir Théo. Mais aujourd'hui il ne vient pas seul. Luc l'accompagne, plus radieux que jamais. Je fronce les sourcils : vont-ils m'annoncer qu'ils s'aiment et comptent vivre ensemble ? Je tremble à cette idée. Si cela était, je perdrais mes illusions concernant le bel hétérosexuel, mes envolées sexuelles avec le trop magnifique Théo. Rien de tout cela. Simple reprise de contact après quelques temps de réflexion. J'en suis fort heureux. La présence de Luc provoque chez moi un surcroît de chaleur, un nouveau besoin de me blottir dans des bras non faits pour un mâle. Durant toute la matinée, mes regards en dessous ne cessent de l'observer. Parfois ils frôlent sa braguette sous laquelle j'essaie de deviner la chose, celle qui me mènerait au paradis. Pas gentil pour Théo qui, tout à sa joie de retrouver son meilleur ami comme auparavant, ne soupçonne pas mon malheur. Car malheureux je suis de ne pouvoir posséder ce qui n'est qu'à quelques dizaines de centimètres de moi. Je note que Luc me sourit, profitant de ce que son ami s'occupe ailleurs ou s'absente. Est-ce illusion de ma part ou réalité ? En y regardant de plus près, je constate que le plus radieux de tous c'est bien Théo qui, au cours du déjeuner, m'annonce faire juste un bref passage, trop occupé qu'il est pour rester jusqu'à demain. Des illades complices entre mes visiteurs me paraissent sujettes à interprétation. Mais quelle interprétation ? Je ne sais plus quoi penser, passant d'un espoir fou quand les yeux de Luc me fixent, à une peur panique lorsqu'ils prennent la direction de Théo. Je soupire presque de soulagement lors de leur départ. Un nouvel espoir s'empare de mon cerveau : Luc va revenir seul, sûr et certain ! Espoir déçu lorsque j'entends les deux voitures quitter la propriété. Pas question de finir ma journée sur un malaise. Aussi j'enfourche la mobylette, direction le village où je retrouve Marco qui, par chance pour moi, n'a personne de tout le week-end. Afin d'oublier ce que je considère comme une déconvenue nommée Luc et/ou Théo, je me jette dans les bras de l'ex-taulard qui se donne à fond et dans mes fonds durant près de deux jours, me laissant pantelant le lundi matin lorsqu'il part au travail.
Quelques jours plus tard, Bernard prend la place de Marco entre mes draps. Adrien succède à Bernard dont le chantier est achevé. Les amants de passage ne manquent pas : la période post-estivale ne connaît aucune faiblesse dans la fréquentation touristique de notre région. Ce défilé se déroule dans la meilleure entente possible mais ne satisfait en rien mon petit cur qui palpite pour un Théo désormais absent et un Luc que j'estime intouchable. Je les aperçois parfois qui semblent accaparés par quelques mondanités mais qui ne viennent plus me voir, se contentant rarement de me faire un petit signe de la main que je qualifierais d'obligation de politesse. Ce qui provoque en moi une terrible souffrance surtout côté amour-propre. Plus je souffre, plus j'ai de types dans mon lit, moins je passe de nuits en solitaire.
-----
Les anniversaires, comme les fêtes de fin d'année, se déroulent chez les parents. Donc, pour mes vingt bougies je campe dans la maison familiale, doux cocon que j'aime à retrouver de temps à autres et où rien de méchant ne peut m'advenir. Les frimas automnaux piquent les joues lors des sorties matinales ou le soir au crépuscule voire avant. Les feuilles achèvent de tomber, me laissant espérer enfin un peu de répit et occuper mes journées à autre chose qu'à les ramasser et les entasser dans un endroit nommé compost.
Je ne compte plus le nombre de semaines passées sans Théo qui, lorsque lui et Luc viennent, ne daignent même plus me jeter une illade amicale. Certainement que je les verrai dans un peu plus d'un mois, à l'occasion de noël. Curieusement, leur absence ne m'atteint plus trop. Côté amours, je suis comblé. Bernard, de retour pour plus d'un semestre dans la région sur un chantier de longue durée, continue de passer quatre soirées et quatre nuits hebdomadaires à la maison. Adrien m'honore les vendredis soir par simple besoin nouveau d'avoir un semblant d'attache avec un amant. Marco, quant à lui, passe le dimanche en ma compagnie s'il n'a pas trouvé un exemplaire de la gente féminine, ce qui lui arrive souvent. Les soirées de solitude, rares disons-le, je les passe chez maman et papa, ce qui les ravit, d'autant que je ne quémande rien d'autre que la chaleur de leur amour pour moi qui le leur rend au mieux de mes possibilités. Je ne suis pas du genre fiston qui amène son linge à laver ou à raccommoder, pas plus que celui venu faire ses courses dans le réfrigérateur maternel. J'ai mon quant-à-soi, comme dit l'autre, et ma fierté. Cela paraît idyllique mais en vérité je mène la vie triste d'un jeune gars amoureux, à l'âme errante, insatisfait, qui court après deux trop beaux garçons dont l'un est hétérosexuel, les deux d'un autre monde. Rien de nouveau sous le ciel, comme on dit.
Si ! Du nouveau apparaît sous la forme d'un facteur tout juste frais émoulu dans le métier. À peine son serment prononcé, pas plus tard que l'an passé. Un novice, en somme. Mais quel novice ! Solidement bâti sur des jambes que l'on devine musclées, un torse imposant comme ses épaules, une gueule de julot des rues, une gouaille de titi parisien (Paris sa ville natale). Pas rébarbatif, avec ça. Très liant, nous faisons parfois la causette. Je le vois presque chaque jour. Ce n'est pas que je reçoive beaucoup de courrier, c'est plutôt pour mes patrons et leur progéniture. Cela précisé, je crois que ma compagnie lui sied, au jeune préposé qui m'agrée. Je joue les fanfarons, les petits maîtres de maison alors que je ne suis que gardien. L'agent des PTT n'est pas dupe, loin s'en faut ! Il me taquine parfois, me ramenant à plus de réalité. Ses mains m'obnubilent. Je les imagine sur mes fesses, dans mon dos, me caressant, me protégeant. Ses lèvres m'attirent. Souvent, lorsqu'il me parle, je fixe sa bouche tout en résistant pour ne pas lui rouler une galoche. Et son sourire ! À mourir de bonheur rien qu'en le voyant. D'ailleurs, j'ai l'impression qu'il se doute de quelque chose, de son effet sur moi et qu'il s'en amuse à mes dépens. Pédé ou non ? Telle est la question. Je n'ose l'aborder avec lui. J'ai bien trop peur qu'il ne se renferme dans sa coquille et ne m'adresse plus la parole. Parfois, je rêve qu'il me tabasse en réponse à une avance de ma part. J'aime deviner sa force sur mon corps, ses coups meurtrissant le mien de corps.
Au lieu de cela, il vient me tendre la perche ou je ne m'y connais pas. En effet, alors que nous devisons sur l'inconvénient de travailler pour autrui, il me lance, à brûle-pourpoint :
<< - Giron comme tu es, tu dois plaire aux filles et aussi au fils du châtelain. Ne me dis pas qu'ils ne t'ont jamais fait du rentre-dedans, le Théo et le Luc. >>
La remarque me laisse pantois. Muet que je suis ! Coi, le Daniel ! Je crois bon, après une longue minute à rester béat, de mettre une chose au point :
<< - Attends, Théo n'est pas le fils de la maison. C'est Luc. - Non ! Non ! Erreur mon vieux. Luc c'est un cousin de Théo. - Ce n'est pas possible. Je suis bien placé pour le savoir. Je suis gardien de la propriété quand même. Et d'où sors-tu cette information ? - Ben
Luc me l'a dit, pardi ! - Il t'a fait marcher, c'est leur spécialité à tous les deux. - Y'avait aucune raison. Quand il m'a dit ça, on se donnait du bon temps, moi et Luc. Il avait pas la tête à galéjer, crois-moi. Ils avaient fait un pari : qui des deux m'aurait le premier. C'est Luc qu'a gagné. - Luc, pédé ? Je n'y crois pas ! Tu me racontes des histoires. - Je te jure que c'est vrai. Même qu'il a une queue énorme qui tourne un peu vers sa gauche quand y bande. Je jure ! >>
Il tend la main, fait mine de cracher au sol. Donc mon préposé au courrier ne ment pas. Les deux détails fournis ne peuvent l'être que par une personne ayant eu des relations très intimes avec Luc. Je vois mal les gens de la grande maison faire de telles confidences au facteur, juste pour le plaisir. Mais qui ment ? Mon merveilleux Théo ? Mon fabuleux Luc ? Les deux ? Et pourquoi mentir ? Mes oreilles enregistrent la voix d'Augustin, qui ajoute :
<< - Puisqu'on en est aux confidences intimes, on pourrait discuter de ça un de ces soirs, tu crois pas ? Tu me plais beaucoup. J'ai remarqué ton manège, ta façon de me regarder par en-dessous. Ça trompe pas ces yeux là
>>
Nouvel étonnement. La proposition des plus directes me surprend autant qu'elle m'agrée. Je râle mentalement pour ne pas avoir tenté ma chance plus tôt. J'accepte, me promettant d'avoir une conversation sérieuse avec les deux beautés du château qui, j'en jurerais, m'ont pris pour un grand couillon.
La mise au point ne tarde pas, mais sans eux. Elle se produit dès le lendemain, lors du passage du fonctionnaire habilité par les PTT, le magnifique Augustin qui me laisse admirer, une fois de plus, ses splendeurs externes tout en me signalant qu'il a un recommandé pour Théo. Il me fourre le pli sous le nez, ricanant à l'envi :
<< - Qu'est-ce qu'on lit comme nom de famille de Théo : celui de ton patron eh banane ! Qui avait raison, hein ? >>
L'évidence est là : Théo est bien le fils de famille. Je suis plus que troublé. J'en oublie presque de faire la causette avec le beau préposé qui me secoue un peu :
<< - Alors, tu prends le recommandé, oui ou non ? - Je ne sais pas trop
- T'as une procuration signée ? - Non, évidemment ! Je ne suis que le gardien. - Justement, le gardien a souvent une procuration. Bon, si t'en as pas, je remballe ma marchandise. Mais faudra leur dire qu'ils te fassent une procuration, c'est mieux pour tout le monde. Je te laisse un avis. Bon, toujours d'accord pour la fiesta à deux, demain soir ? - Rien de changé, toujours d'accord, Augustin. - Tu dis mon prénom vachement bien. Ça me fout la gaule ! Je te la mettrais bien dans le trou si j'étais pas si pressé ! Putain, tant pis, faut que je tire un coup ! Tu me branches trop ! >>
Sans attendre ma réponse, il plaque une de ses mains sur mes fesses, m'attire à lui, colle ses lèvres aux miennes permettant ainsi à nos langues de faire connaissance. J'en profite pour laisser mes doigts visiter superficiellement ce corps qui s'offre momentanément. Lui s'active à baisser mon pantalon d'une main tout en déboutonnant sa braguette de l'autre. Il commente :
<< - Laisse-toi faire, histoire de patienter jusqu'à demain. Je sais que tu crèves d'envie de l'avoir au cul. >>
Subjugué par le personnage et son audace, je ne regimbe pas, bien au contraire. Je vois surgir de son slip une matraque des plus prometteuses compte tenu de ses dispositions bien horizontales, sans aucune mollesse. Alors, abandonnant toute hésitation, obnubilé par cette impressionnante tige, je n'ai plus qu'une idée en tête : la recevoir dans mes entrailles, la faire jouir. Augustin comprend qu'il a définitivement gagné. Prestement, il me doigte l'anus, salive abondamment sur sa queue qu'il glisse entre mes fesses puis sur ma rosette. Aucune crainte de ma part, je la veux, je la reçois. Elle provoque des tressaillements dans mon corps. Je la sens aller et venir en moi, gaillarde, vivace, dure mais douce. Les mains du facteur soulèvent chemise et maillot de corps, gratifient mes seins de titillements bien choisis avant de s'aller malaxer mes fesses. Il dépose de petits baisers dans mon dos qu'il mordille au moment d'éjaculer. Je sens le foutre s'écouler en moi. Il donne six coups de rein, un pour chaque giclée. Ma queue lâche son trop-plein qui arrose mes pieds. Nous concluons cet assaut par une pelle langoureuse. Augustin se rhabille, heureux de lui, se déclare satisfait de cette première prise de contact charnelle. Il remonte sur son vélomoteur, me promettant des milliers d'étoiles pour demain.
-----
D'explication point. Ni de la part de Luc ni de celle de Théo. Ils ne jugent pas nécessaire de m'affranchir. Je reste donc dans le brouillard le plus complet en ce qui les concerne. À cela une raison valable : on ne se voit plus malgré les nombreux efforts de ma part pour les rencontrer sous prétexte de leur donner leur courrier alors qu'avant je le mettais avec celui de toute la famille. Nos relations se réduisent à des salutations minimales, froides. Je décris à Adrien ce que je qualifie de déboire. Avec sa franchise habituelle, il me rappelle à l'ordre :
<< - Tu n'as pas compris que tu n'es pas des leurs ? Ils se sont amusés de toi et avec toi. Maintenant c'est fini, tu ne les intéresses plus. Faut t'y faire mon grand. Niquer avec un garçon n'est pas l'aimer. Et ces deux là, mises à part leurs petites personnes, ils n'aiment rien. Surtout pas toi, gardien de la propriété, employé de leurs parents. Ils se sont offert un gars mignon, c'est tout. - Mais avec Théo ça n'était pas juste un coup. - Si ça ce trouve, ton Luc et ton Théo forment un couple qui s'est disputé et séparé durant quelques temps. Théo s'est jeté sur toi pour rendre l'autre jaloux. Va savoir ! >>
Après tout, pourquoi pas ! N'empêche, ça fait mal quelque part. On m'a pris pour un benêt, une roue de secours, en me laissant croire que j'étais le roi. Voilà où le bât blesse. Peut-être ont-ils raison, après tout. Faut que je me cuirasse sinon j'irais de déconvenue en déconvenue. Un sourire me vient aux lèvres en même temps qu'une pensée : certes j'étais pincé de Théo mais cela ne m'a pas empêché de voir ailleurs et sans interruption. Quant à Luc, c'est un rêve réalisé une fois.
L'avenir c'est Augustin. Je me focalise sur lui qui s'en vient me visiter régulièrement, une fois son service achevé. C'est qu'il s'attacherait, le polisson. Je reconnais ma grande faiblesse pour son sex-appeal, sa douceur énergique, ses gentillesses maladroites à mon égard, tout comme ses paroles lorsque nous nous aimons. Il se dit heureux en ma compagnie, apprécier ma disponibilité. À y regarder de près, il fait plus viril que Théo ou Luc, plus beau aussi, en tout cas moins sophistiqué. Je me console comme je peux, à ma grande joie. Une seule ombre au tableau : Augustin renâcle de me voir fréquenter d'autres amants. Il prétend ne pas être jaloux tout en arguant qu'avoir d'autres aventures est un manque de respect envers lui, de ma part. Au fil de nos conversations, j'apprends qu'il ne couche qu'avec moi, n'a pas d'autres aventures sexuelles. Auparavant, il se contentait d'attouchements et de branlettes avec les garçons, vite fait bien fait dans quelque recoin. Cet aveu me gêne. Je le croyais libertin et libre, comme moi, impression acquise suite à notre première séance porno. Or c'est un timide, un frustré que j'ai aidé inconsciemment à sortir de sa coquille. Je lui explique que ses élans sentimentaux sont uniquement dus au fait de la nouveauté, que je suis le premier. Il rétorque :
<< - Pas du tout ! Je baisais avec des gonzesses, avant. Enfin, je baisais avec elles parce que je trouvais pas de gonzes pour vraiment baiser avec eux. Je sais pas pourquoi, mais avec eux ça finissaient toujours par des pignoles et basta ! C'est comme ça qu'on a fait, avec le Luc. J'ai même cru que j'étais pas fait pour baiser avec un gars. Pourtant, je savais que c'étaient les gars qui me faisaient vraiment bander. Toi, excuse mais c'est pas méchant, j'ai senti que t'étais facile, pas compliqué, qu'il fallait juste te dire
>>
Il promet de se tenir en dehors de ma vie privée, quand nous ne sommes pas ensemble, tout en maugréant un tantinet. La discussion se clôt sur une pelle des plus prometteuses qu'accompagnent des mains farfouilleuses qui s'attardent sous mon slip côté fesses. Je réponds à l'appel en trifouillant sous son caleçon, là où se dresse une verge des plus généreuses. Nos corps collés s'acheminent vers la table de la cuisine, pièce dans laquelle nous nous trouvons. Il pousse délicatement les couverts, m'allonge, me dévêt amoureusement avant de happer ma queue dans sa bouche humide et chaude. Ses doigts fricotent avec mes tétons, ses lèvres suçotent mon gland qui rougeoie. Je soupire de bonheur, sentant mon braquemart entamer une remontée irréversible. Ces manifestations de plaisir s'accentuent lorsque ces mêmes doigts s'en vont taquiner l'intérieur de mon anus alors qu'une langue folâtre aux alentours. Inerte, je déguste ces préliminaires annonciateurs de tant d'autres bienfaits. En un rien de temps, nous nous retrouvons debout, contre le mur. Je fais le poireau, comme on dit. Augustin me tient par les chevilles. Je lui procure les délices d'une fellation tandis qu'il me rend la politesse. Cette séance de tête-à-queue à la verticale m'excite un maximum. Je sens la sève bouillonner et supplie mon beau tortionnaire d'arrêter un instant. Faisant fi de mon opinion, il insiste jusqu'à ce que mon sperme noie sa bouche. Il avale tout ce qu'il peut. Alors je m'active sur sa queue qui se raidit encore plus si c'était possible. Je la sens gonfler puis se rétracter à plusieurs reprises, éjectant la crème de ce corps d'homme.
À moitié couchés sur la table, nous scellons cette première joute du jour par un baiser goulu, encore sous le coup de cet apéritif inédit. La nuit se passe en ébats torrides dont nous sortons éreintés, vidés, comblés. Enlacés, nous sombrons dans un profond sommeil réparateur, non sans nous jurer de remettre la séance dès le réveil. Ce que nous faisons. La journée de dimanche nous voit flirtant dans tous les coins de la maison, grignotant de temps à autres, entre deux pelles gloutonnes. Nos mains ne cessent de palper nos corps, nos langues s'épuisent à les lécher. Lorsque nous décidons de mettre un terme à ce combat, nous n'avons plus de jus. Augustin nettoie avec précaution sa queue et son trou irrités par tous les assauts, tout comme je m'applique à soulager la mienne de queue et mon cul en feu par tant de masturbations et de pénétrations. Nous dînons en amoureux, nous contentant d'innocents attouchements bien que nos désirs soient très forts d'aller au-delà de ces coquineries anodines.
-----
Mes amours suivent leurs cours au point que je m'habitue au rythme des visites de mes amants. Quand, en l'espace de deux semaines, tout se trouve chamboulé.
Adrien m'annonce son départ précipité pour les USA où il sera mieux payé et où, précise-t-il, les chercheurs et les laborantins de son niveau sont respectés et pris en considération. Il saute sur une chouette occasion de carrière professionnelle, jurant également sauter sur tout qu'il pourra là-bas, de l'autre côté de l'Atlantique, pays du libertinage croit-il. Il ne dit rien de la pruderie, de la pudibonderie qu'il va rencontrer.
Deux jours après cette annonce, c'est au tour de Bernard qui m'apprend sa mutation à l'autre bout du pays, avec avancement. Pas question pour lui de refuser cette aubaine qu'il espérait de longue date. Finies donc les soirées pépères au coin du feu avec l'homme marié et père de famille.
Début de la semaine suivante, Marco y va de son couplet genre grande nouvelle : il convole en justes noces. Toutefois, avant de prononcer le OUI qui se veut définitif et fatidique, il s'envoie en l'air une ultime fois avec mézigue. Il reconnaît que la bite lui manquera. Dans ce cas, pourquoi se marier ? Pour faire comme tout le monde, pour avoir une vie normale sans omettre qu'il est hétérosexuel d'origine. Mais surtout, reconnaît-il en palpant mes fesses, pour avoir une affection "à domicile" et ne plus chercher. En somme, il veut se poser comme on dit. Selon lui, ce sont des raisons valables, imparables, irréfutables. Il n'en démord pas. Je ne cherche nullement à le détourner du chemin qu'il choisit de prendre, le laisse parler. Il s'inquiète :
<< - Me dis pas que t'en pinçais pour moi ? J'ai rien fait pour ça, je jure ! >>
Je le rassure sur mes sentiments inexistants envers lui si ce n'est que j'appréciais sa compagnie et son physique. Soupire de soulagement chez lui et nouvelle remarque :
<< - Peut-être que ça me manquera, un cul de gonze, et que je repiquerais à la sodomie. Ce qui sera chiant c'est que je devrais trouver quelqu'un d'autre. On quitte le coin, moi et ma donzelle
>>
Déjà nostalgique. Le connaissant, je sais qu'il ne sera pas en peine de trouver à satisfaire ses petits caprices salaces. Je ne lui dis pas que je trouve son mariage soudain et ne m'inquiète pas de savoir qui est l'heureuse élue. J'ai comme dans l'idée qu'il ne tient pas à évoquer ces sujets puisqu'il n'en parle pas lui-même.
Me voilà donc revenu à un seul et unique amant en la personne d'Augustin, le pétulant facteur à qui je demande :
<< - Tu ne vas pas te faire muter, j'espère ? Pas de promotion en vue ? Pas de mutation projetée ? - T'es fou ou quoi ? Je suis pépère ici. Un boulot peinard, un chef qui m'enquiquine pas, des collègues pas emmerdants. Le poste chouette pour tout dire. Remarque, on nous fout la paix vu que personne veut venir bosser dans ce trou perdu. Moi, ça me branche. Et y'a ton cul pour dégorger ma bite, ta queue pour bourrer mon cul. Qu'est-ce que je voudrais de plus, hein ? - Délicate façon de qualifier notre relation. Je croyais que tu serais content de savoir que tout le monde s'en va et que tu restes le seul. - Ouais ! Je biche vachement. Maintenant, t'es à moi, rien qu'à moi. Je plaisante ! T'es aussi libre que tu le veux. T'inquiète ! Tu me plais comme ça. Prends pas mal quand je parle comme j'ai fait. C'est toi entier que j'ai vraiment à la bonne et pas que ton cul ou ta bite. >>
Il me prouve ses bonnes pensées en le prenant, mon cul, avec sa grosse bite qui frétille une fois de plus dans mes entrailles avant de les arroser copieusement pendant que j'envoie la sauce sur le carrelage de la salle de bain. Putain qu'il embrasse bien, le salaud ! Qu'il baise avec frénésie, le cochon ! Qu'il me bourre langoureusement, la merveille ! Je deviens dingue de son corps. Mais qu'en est-il de sa personne ? Sympa, évidemment. On se ressemble sur pas mal de points, bien que je sois guindé et lui un peu brouillon. Depuis plusieurs semaines, nous ne nous voyons que le dimanche. Parfois, il m'appelle au téléphone (enfin branché à la maison!). On s'excite mutuellement en jouant au téléphone bleu (rose c'est pour les filles). Ce sont des séances de mots doux, de soupirs, de branlettes, de doigts englués par le foutre. Dans ces cas-là nous avons beaucoup de mal à raccrocher. Souvent, afin de retarder le moment d'interrompre la communication, on remet ça. Ces minutes érotiques ne nuisent en rien aux élans affectifs, sexuels, de nos retrouvailles dominicales. Chaque dimanche, nous nous jetons dans les bras l'un de l'autre, puis l'un contre l'autre, l'un dans l'autre, comme si nous n'avions pas fait l'amour depuis des mois. Sans compter sa venue quasi journalière lors de sa tournée, passage au cours duquel on échange deux ou trois pelles, deux ou trois câlins, sans plus étant donné nos occupations respectives et le respect des administrés qui attendent leur courrier.
Cette nouvelle vie me convient parfaitement. Bien sûr, j'ai dû m'adapter au vide laissé par les amants partis. Mais je compense en devenant plus entreprenant avec le touriste de passage. Augustin, pour en revenir à lui, garçon fougueux, ne freine pas ses pulsions quelles qu'elles soient. Nous ne parlons pas d'amour entre nous mais d'entente merveilleuse.
À suivre
Comments:
No comments!
Please sign up or log in to post a comment!