Brigitte 6/7
Brigitte.
Chapitre 6/7
La lumière du grand-jour sinfiltrant à travers les rideaux de velours lavait réveillée. Elle ressentait comme une urgence à se lever, sans savoir doù lui venait cette sensation. Elle sest tournée vers la table de nuit, a retiré le foulard quelle posait tous les soirs sur son petit réveil digital pour en masquer laffichage. En clignant des yeux, elle a lu « sun - 10 : 34 ». Dix heure et demie ?
Et elle sest souvenue.
La soirée chez Jérôme et Chantal. Le retour aux premières lueurs du jour. La soirée
la fin de la soirée
En tournant la tête de lautre côté du lit
rien.
Ou plutôt personne.
Alors elle navait pas rêvé !
- Ne monte pas ! Retourne là-bas, vas où tu veux, mais ne monte pas.
Elle aurait voulu avoir la voix plus assurée, pas ce murmure enroué. Elle y avait pensé avant de sendormir dans la voiture, et puis au cours du trajet de retour. Ils navaient pas parlé. Pas un mot jusquà larrivée dans le parking en sous-sol.
Il venait de couper le contact et déteindre les phares.
Elle na plus rien dit, restant assise immobile encore de longues minutes, et puis elle a ouvert la portière, est descendue, la claquée derrière elle et sest éloignée. Elle ne sest pas retournée.
Quaurait-elle fait sil lavait suivie ?
Il ne lavait pas suivie. Aucun bruit derrière elle quand elle a refermé dans son dos la porte donnant accès à la cage descalier.
Devant la porte de lappartement, elle a pris conscience que cest avec son trousseau de clés à lui quelle ouvrait, les clés quelle avait prises dans le vestiaire en même temps que les clés de la voiture.
((Chapitre 6, déjà, eh oui ! et quelques-uns parmi vous n ont pas la moindre idée de ce dont je parle ! je suis déçue, très déçue ! vous auriez pu dire : « chapitre 6 ? oh ! vite, allons lire les précédents ! ». Voilà une idée quelle est bonne !!! Pour vous, déjà, parce que
cest pas à moi de le dire, je sais, mais cétait bien ! vous auriez découvert Brigitte, effacée, ne refusant RIEN à Pascal, son mari.
Elle sest levée, est passée par la salle de bains, a mis une tasse à chauffer au micro-ondes avec un sachet de thé. Il y avait sûrement quelque chose à faire, sans doute, mais quoi ?
Elle sest installée sur la terrasse avec sa tasse de thé et un paquet entamé de petits gâteaux secs. Des pensées très différentes se bousculaient dans sa tête, désordonnées, inquiétantes. Trop de questions et aucune réponse. Elle était un instant euphorique, et immédiatement après oppressée. Hier soir, demander à Pascal de la laisser seule était une évidence, mais ce matin, son absence était source dune incertitude angoissante, incertitude triviale du simple quotidien : quallait-elle devenir ?
A chaque bruit de moteur dans la rue, elle craignait que ce ne soit Pascal qui revenait, retenait son souffle jusquau moment où le bruit de moteur sestompait.
Par habitude et pour éviter de continuer à se poser des questions, pour soccuper lesprit, elle a lavé son bol et rangé les gâteaux, ouvert les rideaux et la fenêtre de la chambre avant de refaire son lit, puis a rangé les vêtements de la veille.
Elle sest douchée ; en se séchant les cheveux devant le miroir de la salle de bains, son regard sest posé sur ses seins ; une évidence : elle a posé le séchoir et les doigts fébriles, a dévissé les petites billes qui fermaient les barbels qui traversaient ses tétons, les a enlevés dun geste sec. Elle a frotté du plat de ses mains ses tétons qui restaient dressés, déformés par les corps étrangers des piercings quelle portait depuis deux ans. Fébrilement elle sest ensuite débarrassée des deux petits anneaux qui traversaient les grandes lèvres de son sexe.
Elle a hésité, a regardé la boîte à bijoux sur létagère à côté du miroir, et finalement a tout jeté dans la poubelle sous le lavabo.
Restait le gros anneau qui fermait son sexe, celui-là même quelle avait remis la veille, celui quelle devait à Chantal, celui qui lavait tant fait souffrir.
Elle se souvenait trop bien de la laideur des deux trous dans sa chair.
Plusieurs choses lont retenue de lôter lui aussi ; leffet disgracieux des deux trous, dabord, lorsquelle ne le portait pas, dont elle sest dit quils disparaîtraient sans doute quand elle laisserait repousser sa toison pubienne ; bizarrement, un autre argument pour le laisser en place a été la gêne quil lui procurait en permanence : il lui semblait important de se souvenir ; et puis enfin, elle a pensé que celui-là, ce nétait pas à elle de lenlever, que ce geste appartenait
à (M
) ?
Elle a rougi à cette pensée. Pour la première fois depuis quelle sétait levée, elle pensait consciemment à (M
), celle dont la pensée et les paroles lavaient soutenue hier, celle dont les questions lui avaient ouvert les yeux
celle qui avait des mains si douces sur ses joues
Elle sest précipitée dans sa chambre, a soulevé dans larmoire les draps entre lesquels elle avait caché le petit papier froissé que (M
) lui avait glissé dans la main avec son numéro de téléphone.
Dans le salon, à deux reprises elle a commencé le numéro, sest interrompue les deux fois.
Elle a renoncé. Pas encore. Que lui dire ? Comment ?
Elle a allumé lordinateur, sest connectée, a cliqué sur son nom dans la liste de ses favoris
(Brigitte) Je suis là.
(Brigitte) Tu as sans doute autre chose à faire un dimanche.
(Brigitte) Je voulais juste te dire que ça allait.
Elle est restée longtemps devant lécran muet, à guetter un signe de présence, et puis est allée prendre le soleil sur la terrasse.
Elle faisait fréquemment laller et retour entre la terrasse et lordinateur, espérant à chaque fois voir quun message était apparu ; à chaque fois, rituel un peu idiot, elle enfilait la grande chemise quelle portait souvent quand elle était seule chez elle avant de sasseoir devant le micro.
Elle a fini par sendormir au soleil, épuisée par une nuit trop courte et par linquiétude.
La sonnerie du téléphone la brutalement tirée du sommeil. Au son de la voix de Pascal, elle a resserré sur elle en frissonnant les pans de la chemise quelle avait enfilé à la va-vite.
Toute la matinée elle avait craint son retour. Elle ne regrettait rien, mais se doutait quil y aurait des représailles. Elle avait déjà bravé son autorité le vendredi soir, en ne se conformant pas à ses ordres concernant sa tenue, ce dont il sétait bien sûr aperçu. Petite victoire, assez dérisoire, et quelle avait payée.
Dans la galerie marchande de la grande surface où ils faisaient leurs courses, il lavait amenée dans la boutique où il lui achetait ses sous-vêtements et avait choisi un ensemble pour elle, le lui avait fait essayé. Il avait gardé le rideau de la cabine grand ouvert pendant quelle se changeait, provoquant le départ précipité et gêné de la vendeuse. Pendant quelle se changeait, il avait fait main basse sur son string et ses leggings, ne lui laissant pour seul vêtement que sa tunique ample qui ne la couvrait même pas à mi-cuisses.
Elle avait dû faire ses courses en plaquant dune main la tunique contre elle, horriblement gênée, se sentant quasiment nue en public.
Elle avait été soulagée que la soirée se déroule bien, avait pensé que lincident était clos. Mais dès le lendemain matin, elle avait compris que sa colère nétait pas retombée, et que ce minuscule acte de rébellion nétait pas oublié. En sortant de la douche, dans la chambre où elle allait shabiller, elle a trouvé Pascal qui lattendait. Il lui tournait le dos, guettant son reflet dans la vitre de la fenêtre fermée. Il tenait dans une main lune des cravaches que Chantal lui avait donné après leur première soirée, et sen frappait doucement le mollet. Il na pas dit un mot. Elle sest résignée. Lentement elle a dénoué la ceinture de son peignoir de bain, la enlevé, et nue, jambes légèrement ouvertes, a posé les mains sur sa tête, coudes tirés en arrière.
- Sil te plaît
Il a ouvert la fenêtre en grand.
Il lui a cinglé les fesses et les seins.
Elle a retenu ses cris, serrant les dents à sen faire mal. Cest ce quil voulait en ouvrant la fenêtre : quelle retienne ses cris pour ne pas alerter les voisins.
- Allo ?
- Cest moi.
-
-
je vais pas rentrer aujourdhui, Brigitte
-
- Tes là ?
- Oui.
- Je passerai demain, après le boulot, je sais pas si je resterais.
- Bon.
- A demain.
Il y a eu un blanc très long sur la ligne, et il a fini par raccrocher, sans ajouter un mot.
Elle a tapé le numéro de (M
). Elle est allée au bout cette fois. (M
) a décroché à la troisième sonnerie
Elle lui a dit
très peu ; à mots hâchés, qui se bousculaient en désordre, un peu incohérents
- Jarrive, daccord ? jarrive, un quart dheure. A tout de suite Brigitte, raccroche.
Brigitte a reposé le combiné sur son socle et a jeté un coup dil autour delle. Elle a ramassé sur la terrasse le journal de mots fléchés sur lequel elle sétait endormie, a ramené dans la cuisine le verre et la bouteille de soda. Elle a essuyé et rangé le bol de son petit déjeuner qui séchait sur lévier.
Elle sagitait ; nerveuse et désordonnée. Elle a redressé un coussin du canapé, rangé les magazines dans un porte-revue.
Elle a vérifié que rien ne traînait dans la chambre, puis dans la salle de bain, et sest aperçue dans le miroir : sa grande chemise ouverte sur ses seins et son ventre nu. Elle en a rougi comme si elle sétait présentée à (M
) dans cette tenue. Elle a couru jusque dans sa chambre pour shabiller décemment, a longuement hésité devant les portes ouvertes de la penderie dont elle a finalement sorti un t-shirt et une jupe en jeans.
Elle se donnait un coup de peigne quand elle a entendu la sonnette de la porte dentrée.
- Bonjour, entre, tas fait vite !
- Un peu trop, même, jai vu ça dans la voiture, jai boutonné nimporte comment ! Bonjour.
Elle lui a fait une bise sur une joue en posant une main sur lautre joue, elle la regardait dun air inquiet, fronçait les sourcils :
- Tu vas bien ? Tétais tellement énervée au téléphone ! ça risque rien ? tes toute seule ?
Elle sest débarrassée de ses baskets dans le couloir dentrée et a suivi Brigitte dans le salon :
- Je peux rester pieds nus ? Jai enfilé les premières godasses qui me sont tombées sous la main, ça fait pas très classe avec la jupe.
Les sourcils levés, Brigitte la regardait déboutonner son chemisier en souriant :
- Tu vas aussi lenlever ?
- Mais non ! je me suis trompée de boutonnière
jétais pressée
je comprenais rien à ce que tu disais !
- Et puis ten as oublié la moitié
- Hein ?
- Tas pas de soutif non plus !
- Oh, ça va !
tu mas prise en pleine séance de bronzette ! Allez, raconte, et plus calmement quau téléphone
(M
) sétait assise sur le canapé une jambe repliée sous ses fesses en attirant Brigitte à ses côtés dune main sur son bras.
Brigitte a raconté le début de la soirée
- Nooon, cest pas vrai !
- Si je te jure !
- Il a baissé son froc ? comme ça ? devant vous ? ça ressemble pas à ce que tu mas dit de lui !!!
- Ben oui, elle claque des doigts et lui il court !
Elle ponctuait ses propos en tapant de la main sur le bras de (M
) :
- Et puis attends ! le meilleur ! il avait mouillé son slip ! il avait lair con avec sa petite tâche de mouille au bout de la queue !!
- Ça lexcitait ?
- Non, cétait sûrement à cause de Solange, la nana qui était là ! Chantal lavait fait mettre à poil au tout début, elle se baladait en porte-jarretelles, ça a dû lexciter !
- Elle était bien ?
- Euh
elle a un beau cul, ouais, et des seins plus gros que les miens, mais ils tombent un peu, pas comme moi
.
- Fais pas ta maline, tes encore jeune !
- Et alors ? Ils sont bien, non ?
- Evitons la question, sil te plaît !
et il est resté comme ça ?
- Non, attends ! après elle a baissé son slip pour nous montrer ce quelle comptait lui faire, où on allait lui faire les piercings
- On ?
- Oui, elle a voulu que ce soit moi !
- La vache ! mais cest un truc de pro ! nimporte qui fait pas, cest dangereux !
- Moi jai fait ! et si ça sinfecte
il est mal barré !
- Rigole pas, cest pas marrant ! comment tas pu faire ça ?
- Avec une aiguille !
- Cest malin ! et arrête de gigoter, on voit ta culotte !
- Oh, pardon ! mais tu mas déjà vue
moins habillée
- Oui, mais
cest pas pareil, jétais loin ! allez, tire sur ta jupe ! je técouterai mieux !
- Tarrives pas à faire deux choses en même temps ?
- Non, pas tout le temps, tire sur ta jupe et continue ! Ils sont où ces piercings ?
- Un devant, juste sous le gland, et lautre, cest un petit anneau sur les
les boules, en haut.
- Mazette ! A tous les deux, vous êtes drôlement équipés !
Brigitte a voulu lui dire quelle les avait retirés, et puis sest retenue, a changé de sujet.
- Cest juste après que je me suis mise au Champagne.
- Tas un penchant pour les petites bulles ?
- Non, je bois jamais.
- Alors pourquoi tas bu ? Pour oublier où tétais ?
- Parce que tout était moche, parce que cétait trop, et puis je pensais à toi.
- A moi ?
- A ce que tu mavais dit, tes questions, tes remarques sur cette nana, Chantal.
- Et tu tes réfugiée dans lalcool !!
- Jai pas bu tant que ça, deux coupes, peut-être trois, et puis Chantal a mis Solange, lautre femme, au pilori et ma dit de la fouetter.
- Et tu las fait ?
- Oui, elle comptait les coups, elle prenait son pied !
- Décidément, ça me dépasse
et comment tu sais quelle prenait son pied ?
- Elle était mouillée.
- Brigitte !!!
- Quoi ?
- Tu las
touchée ?
- Un peu, et puis Jérôme est arrivé, je les ai laissés.
Elle a raconté son dégoût
- Chantal était avec Pascal et le mec de Solange, elle leur avait mis à tous les deux une espèce de bague en ferraille autour des couilles.
- Quoi ?
- Ouais ouais, tas bien compris
cétait
pitoyable. Cette femme est folle ! et Pascal
à ce quil paraît quil était daccord pour tout ça, quils sétaient vus dans la semaine ! Tu te rends compte ? Je suis partie, ça me dégoûtait. Jai pris les clés et je suis partie dans la voiture.
- Tu voulais partir ?
- Je sais pas conduire. Jai attendu. Je me suis endormie.
Elle a raconté le retour
le jour se levait presque. Ils ne sétaient rien dits jusquà larrivée au parking.
- Je voulais pas quil monte. Je voulais plus. Il ma laissé.
- Surprenant
Brigitte ne riait plus ; elle avait les yeux gonflés de larmes ; (M
) la prise dans ses bras, la bercée en caressant ses cheveux comme on console un .
-
cétait trop
tu comprends ?
trop
et puis il a téléphoné. Juste avant que je tappelle.
- Cest pour ça que tétais bouleversée ?
- Non
oui
il a dit quil passerait demain soir
je tavais déjà appelée, tu sais
- Mais
- Plusieurs fois, mais jarrêtais avant de finir le numéro
- Pourquoi ?
- Je sais pas, je savais pas quoi dire
la trouille
- De quoi ?
- Je tavais laissé un message MSN, avant
mais tu répondais pas
- Jai pas allumé le micro ce matin. Quest-ce quil va se passer, maintenant ? Tu veux quoi ?
Brigitte sest redressée, a essuyé ses yeux. Elle a détourné le visage vers la terrasse, restant silencieuse un long temps, et puis :
- Je veux plus de tout ça, je veux plus de lui, je veux plus.
- Hier midi tosais même pas lui dire que la soirée te plaisait pas, le soir tu le fous dehors , et aujourdhui
Vous êtes mariés depuis combien de temps ?
- Huit ans.
- Tétais vachement jeune !
- Dix-huit.
- Pendant huit ans tu lui as laissé faire tout ce quil voulait, quest-ce qui a changé, Brigitte ?
- Toi.
- Ah
(M
) sest reculée en ramenant sur ses genoux la main quelle avait posée sur le dossier du canapé, qui jouait avec les cheveux de Brigitte qui lui tournait toujours le dos. Elle semblait gênée, désarçonnée par cet aveu :
- A cause de moi ? Regarde-moi, Brigitte, à cause de moi ?
- Non ! Je mexplique mal
mais tout ce que je tai raconté, et puis tes questions
je vois les choses autrement
tu mas aidé à
voir ce qui se passait. Cest pas ta faute, oh non ! jen avais marre, mais je voyais pas très clair
alors pas à cause de toi, plutôt grâce à toi. Ça aurait mal fini, je crois, cétait trop !
Brigitte pressait les mains de (M
) sur ses genoux, et a appuyé sa tête contre son épaule :
- Javais besoin de toi, de toi qui mécoutais
- Daccord
mais reconnais-le ! là, tu fais fort !
- Jaurais pas dû ? Je peux pas effacer, je veux pas effacer.
(M
) a refermé son bras sur les épaules de Brigitte :
- Cest pas la question, je ne peux pas te dire si tas bien fait ou non
Tu regrettes ?
- Non ! Non, pas du tout
mais je sais pas quoi faire ! Je sais pas ce qui va se passer !
- Tu verras demain, il ta dit quil passerait demain. Tu vas changer davis, peut-être
- Jai pas envie de le voir. Et puis quest-ce que tu veux qui sarrange ? Il est raide dingue de cette nana, Chantal, et elle, elle est raide dingue tout court. Déjà avant, je tai raconté, cétait
bizarre, et comme une conne je me laissais faire
- Euh
Tu mas même dit que taimais ça !
- Ouais, cest vrai, je lai dit ! Mais cest trop, vraiment trop, cest plus pareil , il a changé, beaucoup changé! Il est en plein dans ce truc SM !
- Cest chez lui, ici ? ou à tous les deux ?
- A lui. Cest son appart. Il lavait déjà avant quon se marie.
- Tu dois réfléchir, Brigitte. Cest tout neuf
réfléchis.
- Cest toi qui me dit ça ? Cest un peu grâce à toi que jai réfléchi
et au Champagne
- Et au Champagne
Bon ! en attendant, si tu vas au bout, tu as de quoi vivre ?
- Du fric ? oui, un peu, jai un livret ; des noisettes chez lécureuil
elle avait un peu retrouvé le sourire,
- Je ne suis pas démunie, tinquiète pas, cest là
elle se frappait la tête de lindex,
-
que tout nest pas très clair ! Il va passer demain, je sais pas ce quil va dire, ou faire, je suis pas sûre dêtre à la hauteur. Je veux plus de lui, mais je sais pas si jarriverai à lui dire, des fois il est
- Tu crois quil pourrait être violent ? Tu veux que je sois là ? quand il viendra ?
- Je veux pas timposer ça.
- Tu mimposes rien, je te le propose ; penses-y ; et tire sur ta jupe, jarrive plus à réfléchir !
- Pardon
- Pas trop quand même, exagère pas
je tai déjà dit que tavais de jolies jambes ?
- Non
si
maintenant.
- Tu nous sers à boire ? Tas un jus de fruit, ou un truc dans le genre ? tas pas répondu, tu crois quil pourrait être violent ?
- Il a changé
cest plus pareil
Avant
avant, cétait des jeux, des jeux de sexe, de mauvais jeux, des jeux où il se servait delle. Les copains quil amenait, les copains à qui il la montrait comme on montre sa chose, et elle qui acceptait, parce quelle sennuyait, toujours seule, parce quil ne la touchait presque plus, alors ces copains, cétait les seuls moments où elle ne vivait pas la morne routine quotidienne. Elle a déjà avoué à (M
) quelle y prenait parfois plaisir, sur linstant.
Caresser un inconnu, se caresser devant un inconnu, bien sûr que cest idiot ! mais quand on na que ça ?
il a tellement changé depuis la soirée chez Chantal
Le dernier quil a amené à la maison
elle sest sentie sale, méprisée. Il avait voulu quelle le fasse jouir avec sa bouche. Il avait un sexe plutôt petit et le préservatif avait glissé :
- Tant pis pour toi ! continue, bien à fond, comme je tai appris !
Elle était à genoux entre ses jambes, les mains sur les bras du fauteuil, et il lui appuyait sur la tête à deux mains, tenant ses cheveux à pleines mains. Il se masturbait avec sa bouche et Pascal qui ne voulait pas quon la touche dhabitude ne disait rien, laissait faire.
Et puis il avait voulu quelle montre ses anneaux :
- Déshabille-toi chérie ! Mais non, que le bas ! on sen fout de tes seins ! allez, dépêche !
Quand elle avait été nue, il avait quitté la pièce un moment, était revenue avec le gros plug, le dernier quil avait acheté et quils navaient utilisé quune seule fois. Il lavait posé sur un coin de la table du salon :
- Tu sais, Pierre, tout est une question dentraînement ! Tu vas voir, je parie que tu vas rebander vite ! allez, Brigitte, montre-lui ! Donne tes mains !
Il avait fait couler du lubrifiant sur ses mains et dune main derrière son cou lavait penchée en avant, le dos tourné vers Pierre pendant quelle étalait le gel entre ses fesses.
- Assieds-toi dessus, maintenant. Non ! Sans les mains !
Elle avait plié les genoux, sappuyait sur le cône de plastique par petits à-coups pendant que Pascal tenait ses deux mains dans une des siennes. Elle navait pas réussi la première fois et elle ne voulait pas forcer cette fois-là non plus, mais Pascal ne lentendait pas ainsi :
- On va taider, chérie ! Pierre, viens laider !
Pascal avait soulevé ses genoux du sol, Pierre lui écartait les fesses à plein doigts. Un instant elle avait un peu perdu connaissance tant la douleur avait été vive. Elle avait la respiration bloquée.
- Eh ben, cest un sacré morceau quelle a dans le cul !
Elle navait plus bougé. Incapable de se lever, incapable de refouler lobjet monstrueux. Elle était resté là, refoulant ses larmes, pendant quils prenaient lapéritif.
A la fin, juste avant que Pierre sen aille, il lavait encore plus humiliée :
- Allez, lève-toi, va enlever ce truc !
Elle avait dû se redresser en sappuyant à la table, leur tourner le dos et partir vers le couloir, pliée en deux. Ils riaient.
Elle avait mis dix minutes à se débarrasser du plug. Elle saignait. Et après le départ de Pierre, Pascal était venu la retrouver dans la salle de bains, lavait fait mettre à genoux devant la baignoire et lavait sodomisée. Il nétait plus satisfait que lorsquelle souffrait suffisamment pour pleurer.
Brigitte se tordait les mains, les yeux rouges. (M
) avait détourné les yeux et secouait la tête de droite à gauche :
- Il est malade ton mari
Brigitte sest levée du canapé et est partie vers la cuisine. Elle a ramené sur la terrasse un grand plateau avec des verres et une bouteille de soda, deux petites assiettes et des couverts :
- Jai mis une pizza à chauffer.
- Je commence à avoir faim
cest quoi ce sourire ?
- Rien
maintenant cest toi qui me montre tes cuisses
- Oups !
(M
) avait pris place sur une chaise longue, celle où Brigitte cétait endormie avant le coup de téléphone de Pascal. Elle a remis sa jupe en place pendant que Brigitte prenait place en face delle après avoir baissé le store déroulant pour mettre la terrasse à lombre :
- Cest cette terrasse que je regretterai le plus
tes en appartement toi aussi ?
- Un pavillon. Mes parents me lont laissé quand mon père a pris sa retraite.
- Tu mas jamais dit
tu fais quoi ? tas un boulot ?
- Mmm, je suis traductrice, des courriers commerciaux, un peu de technique, ça dépend. Je travaille chez moi.
-
il va falloir que je trouve du boulot
un appart
- Et réfléchir ? Non ? Tu as vraiment tiré un trait sur ton mari ?
Brigitte baissait la tête, la secouait lentement de droite à gauche :
- Jen peux plus
(M
) la prise dans ses bras, attirant son visage dans son cou dune main dans ses cheveux :
- Ça va aller
pleure pas
je taiderai à trouver une grande terrasse où tu pourras continuer à te faire dorer
ten fais pas !
- Te moques pas ! je men fous de la terrasse
Brigitte aussi avait refermé ses bras autour de la taille de (M
), se blottissant tout contre elle. Elle sest un peu redressée :
- Tas froid ?
tu trembles
(M
) la doucement repoussée des deux mains sur les épaules, a détourné la tête :
- Cest rien
rien du tout
et cette pizza ? elle est pas prête ?
(M
)
Marie
évitait son regard.
Brigitte la rattrapée dune main, a fait un pas pour se mettre face à elle :
- Marie ? téchappes pas
dis-moi
- Dire quoi ?
Tu connais que moi, Brigitte
je suis là parce que tu connais que moi
- Tes là parce que cest toi que jai appelée
Marie sest écartée, a fait deux pas, sest accoudée au bacon de fer, dos tourné à Brigitte.
- Marie
ça fait des mois quon se croise sur internet, quon se parle
il y a eu dautres correspondants, et cest à toi que jai raconté ma vie
tu te rends pas compte
cest grâce à toi que je tiens debout depuis tout ce temps
pour te retrouver. Marie
depuis tout ce temps je pense à toi sans arrêt
jessaie dimaginer ce que tu dirais, ce que tu ferais
je tai rien caché, rien, javais peur que ça te fasse fuir, mais je voulais rien te cacher
cest
bizarre
ça veut dire quoi quand on pense sans arrêt à quelquun ? quand cest son avis qui compte plus que tout ?
je pense à toi sans arrêt, Marie
depuis des mois
et pas seulement comme à la copine que jai pas, pas seulement
alors je sais pas comment ça marche
tu dois me prendre pour une malade
en plus après toutes ces conneries en cam
si tu savais comme je regrette
tu mas jamais dit vraiment, tu déconnais avec ça, mais je sais depuis longtemps que taimes les filles
ça me paraissait
je sais pas
curieux
Marie, me tourne pas le dos
Brigitte sest rapprochée dans son dos, tendant le bras, le laissant retomber sans la toucher, ne sachant que faire.
- Marie, dis quelque chose
-
tas raison
en cam, cétait une vraie connerie, te montrer comme ça
mais quest-ce que tétais jolie !
Elle sest retournée, visage sérieux, a levé les yeux un instant, avant de les baisser à nouveau en prenant lentement les mains de Brigitte dans les siennes, de faire un pas en avant, frôlant Brigitte, et de lentement poser ses mains sur sa taille, sans lever le visage :
-
pas seulement ta copine
ça veut dire quoi, exactement ? Tu ne me connais pas, on sest vues hier pour la première fois !
. Je vais pas te laisser tomber, je taiderai autant que je peux
- Je sais que tu vas pas me laisser tomber, tes venue, non ? Mais ça na rien à voir
Brigitte a soulevé la main de Marie jusquà sa joue, elle fermait les yeux :
- Explique-moi pourquoi jai des frissons partout quand je sens ta main là
Marie a levé les yeux, passé doucement le pouce sur une paupière fermée, écarté une mèche blonde, posé un baiser léger sur lautre joue avant de reprendre ses distances.
-
et là cest pire, quand tu membrasses cest encore plus fort
encore
Marie ne bougeait pas, Brigitte a ouvert les yeux, a doucement écarté la main sur sa joue pour prendre le visage de Marie entre ses mains à elle et sest avancée pour poser un baiser, tout doucement, droit sur ses lèvres, sest reculée, a recommencé
encore, jusquà ce que Marie la prenne enfin dans ses bras et lui rende son baiser, du bout de lèvres.
(à suivre)
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