Journal D'Un Apprenti -Fin-

Dans tout cela, que devient Augustin ? Je n’oublie pas mon doux facteur, son effacement momentané dans l’attente de ma décision. Que devient-il ? Il ne donne aucune nouvelle et moi je ne me donne aucune peine de lui en envoyer. Peut-être a-t-il trouvé chaussure à son pied, comme on dit ? Ce serait vraiment dommage pour moi. Quel genre de bonhomme plairait à Augustin ? Soyons sérieux, je ne suis pas le seul à lui convenir ! Le petite pointe de jalousie revient lorsque j’imagine Augustin rentrant chez lui, retrouvant un amant devenu attitré, oubliant jusqu’à mon existence. La peur s’empare de moi : suis-je un jaloux invétéré ? C’est pire lorsque je pense à son corps, à son pénis généreux, à ses fesses avenantes, à sa bouche accueillante. Si tout ceci devait « appartenir » à un autre que moi ? Parfois, il m’arrive de rêver qu’il se fourvoie dans des bras inconnus, bras qui ne sont pas les miens. Les types beaux, mieux que moi, sont légion. Un gars comme Augustin n’aurait pas de mal à trouver plus sexy que moi.
Je suis pour ainsi dire seul. Je n’entretiens aucun lien amical avec les gens chez qui je travaille. Ils m’aiment bien, comme ils disent. Sans plus. Restent mes parents qui, de loin en loin, veillent sur moi mais se gardent de me questionner, peu désireux d’entendre mes turpitudes et moi de les leur révéler. Donc, s’il n’y avait Bernard, je me retrouverais seul avec, comme épée de Damoclès, les deux frères cochons toujours susceptibles de me rendre une vie pas possible voire de me faire perdre mon emploi. À ce propos, je suis étonné de n’avoir aucune nouvelle de mes patrons, si ce n’est téléphoniquement. Plusieurs raisons font qu’ils n’éprouvent guère l’envie de venir couler quelques jours sereins dans leur propriété secondaire.
Donc, je dois me faire de nouveaux amis et, pourquoi pas ?, tenter une vie commune avec Augustin.
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Mi-juin. La saison estivale commence sous un ciel des plus cléments. Les touristes, moins nombreux cette année pour cause de crise pétrolière, n’en sont pas moins agréables à regarder pour certains d’entre eux.

Quelques mâles aguichants passent dans mon lit, y laissent leurs spermatozoïdes, heureux de cette aventure sans lendemain, avec un bouseux du cru. Pour moi, ces galipettes apportent un soulagement certain à ma libido, une variante au menu nommé Bernard. Elles ne servent en rien ma quête de sentiments amicaux. À plusieurs reprises, j’ai commencé une lettre pour Augustin dont l’absence dure beaucoup plus longtemps que prévu. Impossible de finir la missive tant je ne trouve pas les mots que je voudrais utiliser. Un soupçon de fierté, aussi, m’empêche de terminer. Après tout, pourquoi ce serait moi qui ferais le premier pas ?

Dernier dimanche du mois. Je vais en ville achever la liquidation de l’appartement d’Adrien. La date limite approche dangereusement.
Une journée suffit amplement. Je ferme tout dans l’appartement. Je retire l’étiquette portant les nom et prénom du dorénavant ex-locataire et vais rendre les clés à l’agence ouverte même les jours fériés. Les remplaçants doivent emménager dans le courant de la semaine à venir.

Avant-hier, j’ai sauté Bernard dans la buanderie, à sa demande pressante. Ma queue le comblait, selon ses dires. Il m’a enfilé peu après dans la cuisine et nous avons conclue la séance dans la baignoire à coups de godes, de fellations, de masturbations. Ces ébats précipités passés, il a fait son bagage et rejoint les siens. Aujourd’hui, toute la famille se traîne sur une longue file de voitures en vue de vacances méritées. Il sera de retour le dernier lundi de juillet. Il m’a promis une fiesta du cul, jurant que le mien lui manquera.

Lundi, triste journée. Personne à la maison qui m’attend. Je n’attends personne. Heureusement, toujours à me suivre, mon Voyou de chien ne cesse de réclamer son dû de caresses, de jeux, de pitance, de courses, de promenades.
Dans la soirée, je reçois un coup de fil de mon vieux beau de patron : il loue la propriété à la semaine, la seconde de juillet et les deux premières d’août, à des amis.
Il m’explique longuement que, pour des raisons personnelles, il viendra le moins possible en attendant de vendre. Un peu obséquieux, il s'engage à me recommander auprès des futurs acheteurs, dès que ce sera possible. Il ajoute que nos petits ébats, moi et lui, n’ont rien à voir dans cette décision. Mes parents, avec qui je partage mes inquiétudes concernant mon emploi, me rassurent : ils sont toujours là, prêts à me porter secours. Du coup, je reste quelques jours chez eux, négligeant ma maison qui se trouve à moins de deux kilomètres. Ensuite, reprise de mon poste de gardien. Une société envoie du personnel pour un grand nettoyage quand je vérifie que tout fonctionne sans problème. Je suis un tantinet anxieux : qui va venir cohabiter épisodiquement, en quelque sorte, avec moi ?

Ces différents événements me poussent à, enfin, prendre contact avec Augustin. Oh ! Pas une longue lettre. Non ! Juste une carte postale, sous enveloppe, portant ces mots :
« Coucou ! C’est Daniel qui pense à toi et espère que tu ne l’as pas oublié. Plein de gros poutous partout. »

L’attente fébrile commence.
Normalement, je dois prendre trois semaines de vacances en septembre.
Petit mot à Adrien qui me donne son accord pour que j’aille le voir. Il écrit se charger de tout pour le voyage.
Je décide de partir deux jours avant, pour Paris, où je resterai chez Marco en attendant de prendre l’avion. D’une pierre deux coups, en somme.
D’ici là, je me morfonds, niquant du touriste qui me nique. Rien de bien palpitant. Je crois que je me suis coincé tout seul dans une sorte de cercle formé d’Adrien, Marco, Bernard, Augustin. Sorti de ces quatre là, je ne vis pas. Idiot, non ? Je me sens pour ainsi dire orphelin de famille gay, pour reprendre l’expression d’Adrien.

La nostalgie des amants perdus ou partis se trouve revigorée lorsque je reçois un courrier d’Augustin. Deux pages, recto-verso, d’une écriture serrée. Il se déclare éperdument amoureux de moi, mais n’accepte plus de me voir papillonner en dehors de sa personne.
Je trouve qu’il s’exprime joliment car, avec des mots touchants tellement ils sont simples, ordinaires diraient certains. Il ne me pose aucun ultimatum. Pour lui, attendre ne veut pas dire ignorer ce qui n’est pas moi. S’il se présente quelqu’un, il n’hésitera pas à se lancer dans une aventure suivie avec lui. Deux phrases rappellent certaines câlineries bien spécifiques qui m’arrachent deux ou trois larmes vite réprimées. À mon tour de me lancer dans les écrits. Je raconte mes soucis du moment, mes espérances, lui laissant comprendre qu’il tient une grande place parmi elles, sans préciser quelle place puisque je ne le sais pas moi-même. J’annonce ma virée aux USA et lui propose de nous retrouver dès mon retour. La réponse ne se fait pas attendre : il reprend son secteur de distribution de courrier, à savoir mon coin, courant septembre, et me promet de faire une incursion chez moi dès mon arrivée. Mais surtout, il m’envoie de très tendres pelles sur mes jolies fesses ! Ouf ! Je me considère comme sauvé !
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Les locataires de la propriété ne sont ni embêtants ni exigeants. Les premiers, un couple de gens âgés, passent leur temps sur une chaise longue, à l’ombre. Le soir, ils se couchent tôt. Le matin, ils sortent tard. Les seconds débarquent avec une nombreuse nichée. Je prête attention à ce qu’ils ne détériorent rien. Les troisièmes ne viendront pas : annulation de dernière minute.
Mon patron voudrait que je remette mes vacances afin de servir de guide aux visiteurs candidats à l’achat. Il n’apprécie guère mon refus poli mais ferme. Nous arrivons tout de même à nous entendre : il remet à octobre l’opération vente.

Déjà fin juillet. Que le temps passe vite malgré mon impatience de partir sous d’autres cieux, en farniente. Bernard, de retour, bronzé plus qu’à l’accoutumée, me comble de ses chairs comme s’il voulait rattr un retard : la fiesta promise et promesse tenue. Alors que nous soufflons entre deux ébats torrides, je lui annonce mon départ en vacances, dans un mois :
<< - … Adrien m’invite là-bas.
Il paye le voyage et l’hébergement.
- Tu vas t’envoyer en l’air façon G.I ?
- Façon Adrien, oui c’est sûr. Ton invitation à passer un weekend chez toi, ça tient toujours ?
- Je veux, oui ! Ma femme m’a même demandé de te relancer.
- Je reviens de Boston le vendredi 29 vers 20h à Orly. Je peux faire une halte chez toi et je rentre ici avec toi.
- Eh ben voilà ! Quand tu veux, tu peux, mon lapin !
- Par contre, tu vas devoir chercher à te loger avant mon départ. Mon patron vend tout. Je ne sais pas si les nouveaux me garderont. En attendant, personne ici durant mes vacances.
- T’en fais pas ! Je savais bien que ça pouvait pas durer. Je reviendrai à l’hôtel, comme avant et comme les autres ! >>

La conversation s’achève culs à l’air, bites au garde à vous, foutre fusant dans l’air histoire de voir qui a le plus gros jet et qui gicle le plus loin. Gamins, va ! Surtout, qu’en fin de compte, seules quelques gouttes sortent des méats pour cause d’épuisement général de la source. On s’endort museau-museau, bites en mains.

Les plus réticents à ces vacances sont les parents, cela va de soi. Que vais-je faire là-bas ? Dans quelle ville ? Surtout pas New York, il s’y passe trop d’horreurs. Etc. Je calme mon petit monde, rappelant Adrien, un rat de laboratoire qui exècre les situations dangereuses, comme les lieux de risques. Papa se dit content de garder Voyou tandis que maman peste pour son beau mobilier qui pourrait servir de nonos au jeune toutou.

La veille du départ, Bernard emballe ses affaires. Pas mal d’affaires, en vérité. Toute sa garde robe ou presque. Nous discutons des derniers détails pour les retrouvailles puis dînons léger, à poil, les jambes s’entrecroisant, les pieds se congratulant. Un tantinet émoustillé, je me glisse sous la table. J’approche ma bouche d’une bite bien raide, la gobe, lui impose un coulissement bien salivé. Le sucé rugit de plaisir, avançant son bassin afin de mieux s’enfoncer dans ma gorge. Je triture délicatement ses couilles et m’emplois à accéder à sa rosette que je doigte malgré la position assise de mon souffre-douleur. Bernard m’ordonne de continuer. J’obtempère, activant le rythme. Au moment de jouir, il repousse ma tête d’une main, suggère de se retrouver sur le lit. Enlacés, lèvres jointes, langues s’excitant mutuellement, bite contre queue, nous gagnons la chambre où nous nous affalons sur la couche, toujours scellés par une pelle des plus voraces. Bernard se détache afin de libérer sa bouche qui s’en va avaler ma pine plus que turgescente. Il a pris du galon, le coquin, en matière de sucette friponne ! Putain les lèvres qui aspirent, lèchent, repoussent, taquinent mon gland rougeoyant! Sa langue furète du côté de la hampe, des roubignolles, de l’anus, annonçant une sodomie à venir et dont je serai la victime bien volontaire. Je lui prouve un désir identique en lui tendant les fesses trempées de salive. Il s’affaire à m’enculer sans plus de tergiversation. Je la sens coulisser, me pilonner, me pistonner. Elle sort, elle rentre, mille et une fois, agaçant ma prostate qui s’émeut et irradie mon corps en entier. Il m’étourdit de mots tendres, de qualificatifs amoureux, prononcés avec une voix des plus sensuelles, sur un timbre que je ne lui connaissais pas. Enfin, il pousse un grognement s’approchant du râle, laissant ses bourses se vider dans mes intestins. L’écoulement de son sperme s’éternise, virulent, copieux, comme pour me rappeler ce que je perds. Dix minutes plus tard, il me présente ses arrières que je noie de mon foutre après l’avoir baisé avec force et vigueur.
Une fois les baises de circonstances bien appliquées, j’ai beaucoup de mal à dormir, imaginant ce que seront les prochaines semaines. En tout cas, je les vois plus que sensationnelles, emplies de choses merveilleuses, de moments excitants. Adrien en est le garant, selon moi.
Bernard se réveille à deux reprises, s’évertue à calmer mon insomnie par une médication de son cru logeant sa tête entre mes jambes et sa bite devant ma bouche ou casant sa queue dans mon trou quand ce n'est pas ma mienne dans le sien. Résultat, au petit matin, deux gars pantelants, les yeux bordés de valises innommables, tentent d’entamer une journée qui s’avère chargée.
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7h30 du matin : Paris sous la brume automnale. Marco, très homme du monde, prend mon sac de voyage, constate :
<< - C’est tout ce que t’emportes ?
- Les laveries ça existe. Pas besoin de 36 malles.
- Tu portes pas tes outils de baise avec toi ?
- Tu es fou ! Et la douane ! Tu me vois passer avec des godes ? >>

Une certaine gêne transparait chez Marco. Sa voiture de fonction se dirige vers le périphérique. Il me raconte sa vie de famille, tout en conduisant, les exploits de son fils, exploits géniaux selon lui. Enfin, il parle de notre programme :
<< - … Bobonne est dans sa famille avec le môme. Y rentrent demain après-midi. On fera un gueuleton tous ensemble demain soir. Ce qu’on avait prévu, c’est foutu. Y’a des trucs qui me sont tombés dessus, juste hier. Rien à faire pour les éviter. Pour aujourd’hui, je te laisse la casbah et on se retrouve vers 7h ce soir. Scuse pour les changements, pas ma faute. >>

Arrivés sur place, juste quelques pelles en guise de bienvenue. Marco me montre ma chambre, laisse un jeu de clés et s’esbigne. Je me retrouve gros jean comme devant, ne sachant que faire. Nous sommes en banlieue, j’ignore où prendre un moyen de transport.
Après une douche rapide, je sors acheter un plan de Paris, quémander quelques renseignements.

Me voilà aventurier, tentant d’aller visiter deux ou trois monuments. Direction le Louvre que je rêve d’explorer depuis longtemps. Je sais que je ne verrai que peu de choses mais ça ne fait rien. Arrêt Concorde. Adrien m’a parlé de ce jardin des Tuileries. Je le traverse lentement. Il n’est que 10h. Peu de gens se baladent. Dix minutes plus tard je marche à grands pas dans les galeries afin d’en voir un maximum. Je suis un peu déçu par la Joconde mais ouvre de grandes mirettes en face de la Vénus de Milo.
13h, mon estomac crie famine. Où manger ? Sous les arcades rue de Rivoli, je vois un petit restaurant portant l’autre nom du célèbre tableau ci-dessus nommé. Une vingtaine de tables, beaucoup de monde. J’attends qu’une place se libère. Une femme âgée derrière la caisse, un barman au comptoir, deux serveurs dans la salle. La démarche du personnel masculin ne laisse aucun doute quant à son orientation sexuelle. Aucun d’eux ne cache son penchant pour les hommes. Pourtant, la clientèle se compose essentiellement de couples mixtes, probablement des personnes travaillant dans le quartier. Déjeuner rapide. Ici, on sert bien, bon et vite. Au moment de payer l’addition, salée selon mes critères financiers, le serveur m’offre un digestif. La clientèle déserte le lieu. Je discute avec Ismaël qui, sans ambages, me propose la botte dans son studio non loin d’ici. J’accepte. L’affaire est rondement menée, l’homme se dit pressé, ne bénéficiant que d’une coupure d’une heure, exceptionnellement. Je ne suis pas en très grande forme. Une nuit en sauteries avec Bernard, une autre dans le train sans dormir, la déception suite à l’accueil froid de Marco, n’ont guère contribué à conserver une forme éblouissante. Malgré tout, j’admire le corps d’Ismaël. Il mériterait sa place dans une des galeries du palais d’en face. Que dire de sa queue ? Un chef d’œuvre ! Dommage que je n’ai pu en profiter comme il se doit. Lui se dit satisfait de notre rencontre. Simple politesse ou est-il réellement content de moi ? J’ai peine à le croire.

16h, jardin des Tuileries. La faune homosexuelle pullule. Des habitués pour la plupart. Ils se saluent, taillent une bavette en attendant de trouver la perle qui les fera monter au 7ème ciel. Ma personne fait l’objet de bien des regards et, probablement, de bien des conversations. Je suis tout nouveau, alors … Mais je ne drague pas, pris par une espèce de trac pas possible à cause du demi fiasco subi avec Ismaël. Alors je déambule sur les Champs Élysées, ruminant de mauvaises pensées.
17h, je prends le métro puis le bus, afin de regagner le logis de Marco. Ces transports en commun me guérissent à jamais d’habiter une grande ville et, à fortiori, Paris !
Nouvelle douche. Je m’allonge, plonge dans un sommeil réparateur. Marco me réveille gentiment en se lovant contre moi, bisous dans le cou. Je m’apprête à une corrida cochonne. Malheureusement, Marco ne réagit pas comme il convient. Il déclare, contrit :
<< - J’ai pas eu le courage de te le dire mais je bande plus pour les gonzes. Je croyais qu’avec toi ça serait différent. Scuse de pas être à la hauteur, Daniel. Mais je t’ai quand même à la bonne, mon petit mec ! J’en pince toujours pour toi, mais pas pareil qu’avant. Tu piges ? >>

Pas besoin de longues explications. Marco a honte de nous deux, ne se l’avoue pas. Ce voyage commence mal. Je décide :
<< - Bon, OK! Je vais à l’hôtel pour éviter que tu passes deux jours gêné et honteux. >>

Marco ne dit mot, la tête basse. Il me laisse partir, inerte, soulagé je crois. Que s’est-il passé ? Je me dis que ce n’est pas important, juste les aléas de la vie.
Mes préoccupations dérivent vers l’immédiat : se loger. Je trouve un hôtel dans mes cordes boursières, pas trop moche, propre.

Restaurant histoire de se consoler, où je retrouve Ismaël qui me propose de passer la nuit chez lui. Tant pis pour l’hôtel. Je suis un peu étonné de ce goût de revenez-y. Il m’annonce que lui-même n’était pas tout à fait dans son assiette.
On se ratt de cet après-midi et je sais ce que se faire bourrer veut dire. Son long manche circoncis m’apporte frémissements, sensations fortes. Certes, l’homme ne veut pas que l’on insère quoi que ce soit entre ses fesses et surtout pas une queue de chair. Certes, l’homme abhorre sucer. Mais il se ratt en pelles inouïes, en succions diverses sur le corps, en léchages surprises, en caresses énergiques mais cause d’inondation de plaisirs. En outre, d’une résistance hors du commun, il lime durant des heures, dans toutes les positions possibles pour nos organismes, ne cherchant pas à épater mais à complaire. Que dire de l’abondance de ses giclées de spermatozoïdes, de leur longueur ? Enfin, l’homme sait l’art supposé d’Onan ! De ma courte vie je n’ai connu pareil masturbateur ! Ses mains, ses doigts, procèdent avec un brio sans pareil qui me laisse pantelant une fois le jus éjecté.
Nous nous endormons au petit matin alors que la pâleur de l’aube pointe à l’horizon, passés deux très longs ébats.

10h réveil. Ultimes câlins, séparation définitive avec regrets de ne pouvoir rester plus longtemps en compagnie l’un de l’autre.
Un peu abasourdi par ces dernières 24h, je me rends à Orly, prends une chambre à l’hôtel proche de l’aéroport, passe un coup de fil à Adrien pour le prévenir de mon arrivée, comme convenu. Sa voix me semble traînante, hésitante, peu enjouée, inhabituellement triste. Je pense l’avoir réveillé.
Je n’ai envie de rien. J’erre dans cette chambre, comme un crétin, alors que j’aurais pu rester à Paris pour visiter quelque chose. J’imagine l’accueil d’Adrien, à Boston.
D’un coup, un éclair de génie traverse mon esprit. Que fais-je ici ? Partir aux USA, oui, mais pourquoi ? Voir Adrien, évidemment. Tient-il tellement à me voir débarquer chez lui, comme je l’ai fait chez Marco ? Après tout, je ne suis qu’un provincial, pour eux, qu’un plouc de qui on a honte ! Depuis combien de temps on ne s’est pas vu, parlé, moi et Adrien ? J’ai le sentiment qu’il a accepté ma venue uniquement pour respecter un engagement pris lors de son départ définitif de chez nous. Marco, aussi, avait pris un engagement, mais au titre de l’amitié, sous réserve que cela ne dérange en rien sa vie de famille. Alors ?
Je décroche le téléphone pour les États Unis, le numéro d’Adrien, pour la seconde fois. Lorsque je lui demande si ma venue est vraiment désirée, il répond : franchement non. Alors je lui annonce l’annulation de mon voyage. Il se dit soulagé parce qu’ayant beaucoup trop de travail. On se fait la promesse d’une revoyure prochaine. Tant pis pour le beau passeport tout neuf avec visa US ! Je récupère quand même une bonne partie de l’argent avancé pour le billet d’avion: petite compensation offerte par Adrien.

De l’aéroport à la gare : un train part dans une heure. J’appelle Augustin, lui annonce mon retour. Il pousse un cri de joie, promet de m’attendre à l’arrivée. Au tour de mes parents qui s’étonnent de ce revirement tout en s’inquiétant de savoir si quelque malheur ne s’était pas produit. J'explique.
Maintenant, le cœur léger, l’âme sereine, je m’offre un retour en wagon-lit, 1ère classe, après m’être restauré dans une « gargote » aux multiples étoiles.
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Détendu, je me retrouve sur le quai. Maman, papa, sont là, accompagnés d’un Voyou fort bruyant, fort remuant en reconnaissant ma voix. Gros câlins à tout ce petit monde. Alors que nous sortons de la gare, j’aperçois une voiture des PTT et un Augustin appuyé contre le capot qui hésite, constatant que je suis en compagnie. Suivi par la parentèle et le chien, je m’approche de mon facteur, le présente tandis que Voyou continue de manifester son contentement et fait savoir son amitié pour nous tous. Maman insiste pour que nous déjeunions tous ensemble. Papa hésite, puis :
<< - On s’est déjà rencontré, n’est-ce pas Augustin ?
- Oui, monsieur. On se voit quand vous avez un recommandé ou un colis. Je suis votre facteur. Mais ces temps-ci, j’ai fait une autre tournée. >>

Papa hoche la tête tandis que maman sort sa bourde coutumière :
<< - Un fonctionnaire, c’est mieux qu’un ancien bagnard, n’est-ce pas mon fils ? >>

Comme quoi, tout se sait dans notre patelin. Papa lui file un léger coup de coude en nous enjoignant de ne pas « faire attention ».

Durant tout le repas, j’ai comme l’impression d’être la fiancée qui vient de présenter l’élu de son cœur à ses parents, à moins que ce ne soit Augustin la fiancée, qui sait … Les miens, de parents, posent nombre de questions à celui qu’ils pourraient appeler leur gendre. Ce dernier ne rechigne pas à répondre même si, souvent, il reste évasif.
En fin d'après-midi, papa et lui sont copains comme cochons (fans de sports et de voitures) tandis que maman ne cesse de combler Augustin de compliments pour lui avoir réparé sa machine à tricoter. Agréé par les miens, mon homme !

Je me sens tout drôle en débarquant à la maison, Voyou sautillant de joie en retrouvant ses habitudes et Augustin s’attelant à préparer un apéritif. Afin de reprendre contenance, je vide mon sac de voyage. J’entends, venant de la cuisine :
<< - Alors, qu’est-ce tu vas branler pendant tes vacances ici ?
- Toi, si tu veux bien.
- Chouette programme ! Mais je bosse, moi, même si je suis fonctionnaire, faut pas croire.
- Je t’attendrai en te préparant des bons petits plats, si tu es d’accord.
- Ouais ! La classe, un gonze à la maison rien que pour ma pomme ! Seulement, avant, faut qu’on cause. Qu’est-ce tu comptes faire avec moi, à part me branler ?
- Comment ça ?
- Je suis le régulier ou un bouche-trou en attendant que tu refasses ton harem ?
- Si on faisait un essai ? Moi, toi, seuls en tête-à-tête. Qu’est-ce que tu en penses, Augustin ?
- Donc c’est que t’es pas sûr de toi.
- Sûr, je ne sais pas. Mais mon annulation pour les USA montre que je ne tiens pas particulièrement à partir loin de toi, entre autres. Marco n’est plus là, Adrien non plus. Bernard est reparti vivre à l’hôtel et je ne tiens pas à le reprendre. Alors, à ton avis, pourquoi je suis revenu avant la fin de mes vacances ? >>

Augustin apporte deux martinis. Les verres posés sur un coin de table, il entoure ma taille avec ses bras :
<< - D’accord, on fait un essai, comme tu dis. Chez toi ou chez moi ?
- Ici, on sera mieux. Personne ne viendra nous embêter. Après, eh bien on décidera ! N’oublie pas que j’ai de grandes chances de me retrouver à la rue.
- J’hébergerais ce joli petit clochard à l’anatomie inoubliable. Daniel, je t’aime pour de bon. Dingue de toi ! J’étais malheureux ces derniers mois. Plus d’une fois j’ai failli t’appeler. >>

Il me renverse sur le lit auprès duquel nous étions revenus. Sa bouche voluptueuse enveloppe la mienne, sa langue se fourvoie avec la mienne. Il est beau cet Augustin là ! Je le lui dis d’une voix toute chose. Je redécouvre son corps musclé qui enserre le mien. Je suis comme frêle à ses côtés malgré ma corpulence non négligeable.
Je devine un avenir serein : aucune obligation, aucune attache soumise à condition, un homme avec moi le temps d’une vie (peut-être).
La bouche se faufile entre mes jambes pour aller s’accoquiner avec ma rosette. Mes fesses se trémoussent au contact humide et tiède.
Je viens, sans m’en rendre compte, de rayer trois amants de ma carte des amours. Les trois plus anciens.
La queue énorme s’enfourne entre mes lèvres. Je la déguste tout en continuant mon délire mental.
En fait, deux de ces amants se sont rayés d’eux-mêmes. Ils n’ont plus besoin de moi, je deviens une gêne pour eux. Ils effacent un passé afin d’entamer un avenir totalement différent pour chacun de nous, séparément.
Le présent se manifeste en m’envoyant plusieurs giclées de sperme au fond de la gorge. J’en avale un maximum n’empêchant nullement une coulée aux commissures. Augustin essuie le trop plein avant de s’asseoir sur moi, empalé par ma bite qu’il rudoie agréablement.
Suis-je marié, en quelque sorte ? Tout y est y compris présentation à la famille.
Ma matraque coulisse à merveille dans cette caverne de la jouissance. L’amant embroché se plie afin de porter ses lèvres aux miennes. Sa queue mouillée frotte sur mon ventre, bande de nouveau. Je la devine tressautant contre ma peau. Je pousse ma bite afin de mieux pénétrer l’homme qui me fait l’honneur de rester à mes côtés.
Au moins, l’horizon s’éclaircit excepté que je ne sais quelle attitude prendre avec Bernard. Je ne me pose plus de questions sur mes envies, mes choix. Dorénavant, un seul cas me préoccupe : Augustin. Encore qu’il n’y ait aucune difficulté à vouloir s’efforcer à vivre avec un être aussi charmant. Efforcer n’est peut-être pas le mot. Disons chercher à le garder le plus longtemps possible.
Mon corps se tend laissant un geyser de foutre inonder les entrailles d’un Augustin qui se crispe sous sa propre éjaculation. Essoufflés, nous passons aux mignardises de l’après. Il murmure de tendres mots, je lui en susurre. Comme deux jouvenceaux, nous nous amusons à nous aimer.

ÉPILOGUE

Le cas « Bernard » se règle de façon étrange. Je reçois une demande de facture au nom de Société Daniel…. Surpris, je téléphone à l’envoyeur. On m’annonce que Bernard bénéficiait de défraiements pour son hébergement en déplacement mais qu’il manque les factures idoines que je dois fournir. Je rétorque que je ne suis pas un hôtel ou quelque chose de semblable mais un ami qui l’hébergeait à titre gracieux. Depuis, plus de nouvelles dudit Bernard qui se faisait du fric sur mon dos.

Deux semaines après ce « voyage désorganisé », je reçois un cadeau d’Adrien : toute une garde robe en jeans et une panoplie de « sex toys » comme c’est écrit sur les boîtes. Il dit regretter ma non-venue tout en la saluant : pincé le gars, par un jeune noir aux yeux de biche, selon la description. Mes remerciements seront les derniers mots que nous échangerons.

Marco s’accroche à sa famille qu’il complète avec deux jumeaux, des garçons aussi. Lorsqu’il repassera dans la région, une envie subite de revenez-y le mènera jusqu’à notre logis. Il s’ébattra toute une nuit entre Augustin et moi. Ensuite, il regagnera ses pénates pour toujours et m’oubliera.

La propriété ne se vend pas, manque d’argent, crise oblige. Mes patrons, après mûres réflexions, la conservent et moi par la même occasion. Monsieur jette un œil concupiscent sur mon fessier, lorsqu’il paraît. Mais il rengaine ses envies en apercevant la musculature d’Augustin. Les frères ne réapparaissent plus dans le coin, trop occupés par leurs affaires, au ravissement de Madame et au grand dam de Monsieur.
Madame et Monsieur qui me comblent de louanges, acceptant la présence permanente de mon homme, chouchoutant un Voyou, devenu adulte donc énorme, qui ne demande que ça.

Quant à nous deux, moi et Augustin, nous vivons ensemble, dans une entente faite de libertés. Ses écarts compensent les miens. Il s’est habitué à cette idée qui, au demeurant, ne semble plus lui déplaire.

Maintenant, se pose la question suivante : vais-je continuer à végéter ainsi ou tenter une aventure afin de connaître une destinée plus glorieuse ? J’y pense, Augustin m’y encourage, tout en espérant que, lui aussi, cherchera à grimper les échelons, comme on dit. En cas de réussite, notre couple résistera-t-il ? Nous sommes conscients de cela et c’est sûrement pour cette raison que nous hésitons à passer le Rubicon. Abandonner cette sorte de quiétude, dans la pauvreté, pour affronter tant d’inquiétudes dans l’aisance, nous rebute quelque peu.
Et puis, nous avons tant d’autres expériences à connaître, seuls ou en couple. Sans omettre notre Voyou de chien qui aime beaucoup la campagne et notre compagnie en plein air.

FIN

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