Séminaire En Province
Séminaire en province
Première partie
La chambre est un peu décevante. Assez petite, comme écrasée par la lourde armoire de bois sombre, elle manque de lumière ; il faut se faufiler entre un fauteuil Voltaire trop imposant et le pied du lit pour atteindre la fenêtre. Sur le balcon étroit, la rambarde de fer disparaît sous les géraniums lierres, rouges et blancs, tous fleuris, humides dun arrosage récent.
Sur un guéridon empiétant sur la double porte qui donne accès au balcon sont posés les traditionnels dépliants vantant les curiosités locales, rares et peu engageantes, le double page en papier glacé présentant les services offerts par lhôtel.
Séparé de lhôtel de la largeur dune voie daccès et du parking-client, les fenêtres voilées de rideaux bruns opaques dun immeuble donnent sur la chambre.
Après les quatre heures de trajet, dont la dernière partie sur de petites routes encombrées, Lucie a besoin de se changer, de se rafraichir ; elle a deux heures dattente avant le début de la réunion.
Elle a tiré les rideaux de mousseline et sest déshabillée. Sa jupe et son chemisier froissés du voyage suspendus sur un cintre, elle sest débarrassée de ses mocassins dans lentrée en se dirigeant vers la salle de bains.
Assise au bord de la grande baignoire blanche qui occupe le mur du fond, elle roule ses bas Dim-Up sur ses jambes, puis debout devant les petits carreaux miroirs qui tapissent la porte, elle dégrafe son soutien-gorge et fait glisser son slip au sol, le repousse du pied sous le lavabo.
Elle sobserve dans les miroirs, trouve sa peau encore trop pâle, pense aux vacances proches, aux plages des Landes où sa peau prendra les couleurs du soleil. Elle soulève ses seins, fait la moue ; elle les a toujours trouvés trop petits et juge un peu ridicule ses tétons épais qui déforment ses chemisiers aux moments les plus inopportuns, lobligeant, alors quelle pourrait sen passer, à porter des soutien-gorge dans lesquels elle glisse une petite coque de plastique qui écrase son téton.
Après une douche rapide, enveloppée dun drap de bain de lhôtel, elle a défait sa valise, repoussant de côté les sous-vêtements et le maillot de bain quelle a emmené en ayant vu sur internet que lhôtel avait une piscine couverte ; elle a sorti la robe quelle mettra ce soir et la suspendue pour la défroisser, a sorti aussi de sa valise ses chaussures à talons enveloppés dans un sachet plastique, et enfin un string et une paire de bas propres avant de la refermer et de la ranger dans la grande armoire.
Les rideaux de la porte-fenêtre agités par la brise ondulent et sentrouvrent. Elle écarte le dessus de lit pour louvrir sur les draps blancs, arrange les oreillers sortis de larmoire et à demi allongée, étudie la plaquette dinvitation et le programme de la soirée.
Comme souvent quand elle lit, elle a glissé une main entre ses jambes serrées, paume à plat sur sa cuisse et doigts prisonniers. Comme souvent aussi, sa main est remontée naturellement et elle a ouvert les jambes. Du bout des doigts elle joue sur sa toison, son index glisse doucement sur le pli de ses lèvres, sinsinue, effleure ; elle roule entre son pouce et son index le repli de peau tout en haut de son sexe, pince entre ses doigts les voiles plus fins, les fait glisser lun sur lautre.
Ces gestes lui sont naturels, quasi inconscients, depuis son adolescence. Très souvent, quand elle est concentrée sur un travail, elle oublie son environnement, et sa main se niche au creux de ses jambes. Elle ne se caresse pas, tient juste sa main au chaud, contre sa cuisse ou sa culotte, ne déclenchant pas toujours de réaction de désir, dont la première manifestation est toujours lérection de ses tétons, tension à la fois agréable et un peu douloureuse qui lalerte sur les effets de son geste inconscient.
Un jour, quand elle était étudiante, très absorbée par sa lecture à la bibliothèque du campus, sa main cachée par la table de travail, glissée sous sa jupe, sétait nichée comme souvent contre sa culotte quelle grattait dun ongle distrait. Le jeune homme en face delle avait vu son t-shirt se déformer lentement sur les petits seins quil lorgnait depuis quelques minutes avec attention, en même temps quelle-même en avait ressenti la tension et la montée de désir. Elle avait rougi violemment en levant les yeux et en croisant ceux du garçon ; son sourire égrillard navait rien arrangé. Très vite elle avait remis sa jupe en place et posé ses deux mains sur la table de travail, lui donnant à deviner plus quil navait vu. Pendant tout un trimestre, il navait pas manqué de lui faire des remarques salaces à chaque fois quil la croisait, parfois aussi en présence dautres garçons, vexé davoir vu ses avances repoussées.
Plus récemment, un soir où elle travaillait tard au bureau, sa main glissée sous sa longue jupe en soie dindienne haut relevée sur ses jambes, elle avait senti une main se poser sur son épaule. Elle sétait brusquement redressée, avait vu penché vers elle le visage de sa secrétaire, un sourire un peu gêné aux lèvres :
- Pardonnez-moi, vous étiez tellement
absorbée par ce dossier
Elle était restée figée, sentant la chaleur de ses joues cramoisies de honte. La secrétaire lavait embrassée sur la joue et avait tiré sa jupe sur ses genoux :
- Pardonnez-moi
et ne vous inquiétez pas, cest rien ! Vous auriez fini par vous apercevoir de ma présence de toute façon, alors jai préféré
avant
voilà ! Je suis désolée, vraiment
Elle avait quitté le bureau en se confondant en excuses.
Dès sa prise de fonction dans ce service de lhôpital elle avait fait lobjet de nombreuses tentatives de drague de ses nouveaux collègues, mais ne sétait pas attendue à émouvoir ainsi sa secrétaire, dame proche de la cinquantaine sur le bureau de laquelle trônait la photo de son petit-fils. Une ou deux fois encore, sa secrétaire avait remarqué sa main au chaud par-dessus une jupe coincée entre ses jambes, en avait souri en rougissant.
Ici, dans cette chambre, rien ne la retient quand elle sent une pointe de chaleur au creux de son ventre. Elle pose le dossier de présentation du séminaire sur le lit à côté delle, et se laisse glisser sur les oreillers en fermant les yeux, un sourire aux lèvres. Elle na jamais eu de honte à se caresser quand elle sent son corps prêt et que la situation le lui permet.
Depuis son adolescence, cest un rite presque quotidien, que les quelques aventures quelle a eues nont jamais interrompu. Elle regarde les rideaux sentrouvrir et retomber sous la légère brise qui balaie le balcon, aperçoit les fenêtres aveugles de limmeuble en face.
Etre fugitivement aperçue dans lentrebâillement des rideaux ne la gênerait pas, sans lexciter pour autant ; elle nest pas exhibitionniste, ne jouit pas dun regard sur elle ; au mieux elle en serait amusée.
Depuis les premières découvertes de son corps et du plaisir, elle a lhabitude de témoins passifs, ny prête aucune attention. Jusquà lâge de seize ans, elle a partagé une chambre avec son frère et sa sur, tous les deux plus jeunes quelle, et se rendait compte quils retenaient leur souffle et lobservaient depuis leurs lits superposés. Elle faisait en sorte dêtre discrète, mais ne sinterrompait pas pour autant.
Plus tard, lors de sa première année dinternat, elle sest vite aperçue que non seulement sa voisine de lit limitait, ce qui lui paraissait naturel, mais quaussi elle laccompagnait, en attendant quelle commence, en calquant son rythme au sien. Pendant longtemps elles nen avaient pas parlé, jusquau jour où Lucie, par jeu, pour voir ce qui se passerait, ne sétait pas arrêtée comme dhabitude au premier plaisir, avait continué encore et encore. Sa voisine avait tendu la main entre leurs lits pour la poser sur son bras en chuchotant « Arrête, ça me fait mal ». Cétait les seuls mots concernant leurs caresses quelles aient échangés au cours de lannée, bien quelles aient continué à se caresser en même temps, quasiment tous les soirs.
Lucie navait eu dexpérience sexuelle partagée que très tard, à la fin de sa première année de fac, à dix-neuf ans. Son physique avait pourtant attiré beaucoup de soupirants mais elle les avait toujours gentiment éconduits. Cette première avec un garçon navait pas été une réelle réussite. Elle nétait pas amoureuse ; elle avait simplement décidé quil était temps, et elle était curieuse de la chose, en fait plus curieuse du plaisir de ce garçon quen attente du sien ; elle avait trouvé lacte plus ennuyeux que satisfaisant, et surtout très encombrante la relation quotidienne qui accompagnait ce passage à lacte.
Certains de ses autres flirts sétaient montrés plus doués, mais jamais au point de la détourner de ses jeux solitaires qui la conduisaient à un plaisir plus abouti, ou de la détourner de la liberté quelle avait à vivre seule et sans la contrainte de lautre. Elle avait eu par hasard une expérience homosexuelle avec une inconnue, un soir où elles avaient partagé le même lit chez lamie dont elles fêtaient lanniversaire. La fille était un peu ivre et avait posé la main sur ses seins alors que comme dhabitude et croyant sa voisine de lit endormie elle se caressait. Linconnue avait attirée une main de Lucie sur son sexe, réclamant ses caresses. Elle avait pris plus de plaisir à caresser cette fille quà caresser les garçons avec qui elle sortait épisodiquement, sétait appliquée à lui donner du plaisir sans en attendre delle.
Après avoir joui, Lucie est retournée à la salle de bain où elle a essuyé son plaisir de la serviette encore humide après sa douche, a enfilé son string et ses bas. Elle ne portera pas de soutien-gorge ce soir, pour une raison esthétique dabord, parce que le drapé de lencolure ronde qui découvre ses épaules laisserait les bretelles apparentes, et enfin pour le confort quelle éprouve à avoir les seins libres, qui ne sera pas troublé par la gêne quelle pourrait avoir de ses tétons dressés, cette manifestation si fréquente chez elle étant masquée par le drapé du col.
Devant le grand miroir, elle ferme sur son poignet et sur son cou le bracelet et le collier dor blanc assortis que sa mère lui a offerts un mois plus tôt pour son vingt-cinquième anniversaire, soulève quelques mèches de ses boucles brunes en clipsant deux petits brillants sur ses oreilles ; mains à plat sur ses hanches elle efface un pli de la robe noire qui moule ses fesses, tire ses bas plus haut sur ses cuisses à demi découvertes par la robe.
Elle apprécie son image dans le miroir. Elle se sait jolie, sans en tirer le moindre orgueil. Elle sait bien leffet quelle produit sur les hommes, parfois sur les femmes, et sait mettre en valeur sa silhouette depuis que son salaire confortable lui permet de choisir ses vêtements.
Elle ne cherche pas particulièrement à plaire, mais elle soigne son apparence, pour son propre plaisir, pour se rassurer aussi.
Cest la première soirée de la sorte à laquelle elle est conviée ; elle sest renseignée auprès dune collègue pour en connaître les règles, la conduite à adopter, quelle tenue porter.
La conférence organisée par le fournisseur de matériel informatique dont lhôpital où elle travaille sest équipé sera suivie dun cocktail et dun repas pris au restaurant de lhôtel, table réputée pour sa qualité.
Lhôtesse installée à lentrée de la salle la prise pour lépouse dun invité et la priée sur un ton hautain de patienter au salon.
Lucie est coutumière de ce genre de méprise. Par lassitude, tellement cest fréquent, elle ne se formalise plus de ce travers de la part des hommes ; par contre, lorsquune femme a cette attitude sexiste, elle se met en rage.
Elle a froidement décliné ses noms et titres, et na pas retenu sa colère :
- Vos jugements ne montrent que le peu de considération que vous avez pour vous-même ! Soyez bête si ça vous plaît, mais au moins soyez polie !
Lhôtesse sest confondue en excuses que démentait son regard et lui a remis un badge et un dossier à son nom. Dans la salle, elle a parcouru du regard lassemblée de ceux qui comme elle sont invités par leur fournisseur, sest assise tout au fond de la salle en déclinant loffre dune seconde hôtesse qui lui proposait de la placer aux premiers rangs.
Pendant deux heures, les intervenants se sont succédés et Lucie a commencé à sennuyer, sest mise à dessiner sur la plaquette de présentation. Elle avait remarqué que son voisin de gauche baissait fréquemment les yeux sur ses jambes croisées, quun autre assis un rang devant elle se retournait souvent, faisait semblant de chercher quelquun du regard, mais que toujours son regard finissait sur ses genoux .
La dame assise à sa droite, une jolie quarantaine, tailleur très classe, lui a adressé un sourire entendu, ayant elle aussi remarqué le manège.
Amusée, Lucie la voit croiser ses jambes comme elle et légèrement remonter lourlet de sa robe ; la dame attire son attention dune main sur son bras, et dun regard et dun sourire amusé, elle désigne à Lucie dont elle croise le regard le dos de lhomme qui se retourne si souvent, et se penche vers elle :
- Cest pas très valorisant, mais ça rassure les imbéciles
Du bout dun ongle, Lucie fait elle aussi glisser sa robe plus haut, jusquà découvrir comme sa voisine un peu de la dentelle de ses bas, croise le regard de sa voisine, qui se mord la lèvre inférieure pour retenir un rire.
Trois fois lhomme se retourne dans les minutes qui suivent, ses yeux braqués sur les jambes des deux complices qui chaque fois découvrent quelques centimètres supplémentaires de leurs cuisses.
Lucie la première se lève et sort de la salle, étouffant le fou-rire qui la prend du dos dune main devant sa bouche.
- Venez, prenons un peu davance ! Il faut assumer dêtre de vilaines filles jusquau bout !
Sa voisine la suivie de peu. Elle prend Lucie par le bras et lentraîne vers le buffet déjà dressé où les hôtesses ont commencé à verser quelques coupes de champagne. Elle prend une coupe dune main, tend lautre à Lucie pour lui serrer la main, penchée sur le badge où sont notés son nom et sa fonction, le nom de sa société :
- Bonjour
Lucie ! Je mappelle Carole. Cest fini, de toute façon, vous ne ratez rien. Ah !!
Vous voyez bien !
Effectivement les bruits dapplaudissements leur parviennent et les portes de la salle souvrent.
Elles ont été rejointes par le conférencier qui avait ouvert la séance et dont Carole sest révélée être la compagne. Il a bavardé un moment avec elles, samusant de létonnement de Lucie quand fréquemment Carole remettait son badge en place, arrondissait le col de sa robe, ponctuait un propos de la main sur son bras. Il a profité du départ de Carole partie renouveler leurs coupes pour lui dire :
- Ne vous offusquez pas mademoiselle, elle est toujours comme ça ! Cest une tactile ! Elle ne peut pas sen empêcher ! enfin
avec ceux quelle apprécie seulement, ce qui semble être votre cas. Je vous laisse un instant, pardonnez-moi ! Je me dois à nos autres invités.
Carole a tendu à Lucie une nouvelle coupe de Champagne et a glissé sa main sous son bras pour lentraîner vers les petits groupes qui sétaient formés, échanger quelques mots avec tous comme le faisait son mari en la traînant à sa suite, ne lâchant pas son bras un instant.
Pendant le repas, excellent par ailleurs, Carole qui se déplaçait de table en table pour sinquiéter de chacun, ne manquait jamais de venir la voir. Lucie notait ses petits gestes, y voyait plus que ce côté « tactile » dont avait plaisanté son époux. Elle lobservait, constatait queffectivement elle avait aussi de ces gestes pour dautres, mais moins fréquents, et moins intimes : à aucune ou aucun autre elle ne caressait les épaules ou narrangeait une mèche de cheveux, à aucun elle ne murmurait des mots à loreille. Carole la draguait gentiment et Lucie sen amusait, appréciait ses mots gentils et son souffle chaud à son oreille, samusait aussi du frottement de ses tétons dressés sous la mousseline de sa robe dont elle vérifiait larrangement du drapé du col qui cachait à ses voisins de table lextravagance de leur tension.
- Oh ! Bonsoir ! Vous aussi vous êtes échappée, alors ! Je pensais que votre voisin de table aurait su vous convaincre de prolonger la soirée en sa compagnie ! Votre décolleté semblait le passionner !
Carole riait. Elle a dénoué le drap de bain dont elle était enveloppée et a rejoint Lucie dans la piscine, sest éloignée dune brasse énergique.
Lucie avait quitté la soirée une demi-heure plus tôt, en partie pour échapper aux attentions maladroites de son voisin de table, et aussi parce quelle voulait profiter de la piscine et se détendre après ce long repas.
Quand les deux couples, flamands ou hollandais, ont quitté le bain bouillonnant, Lucie qui nattendait que leur départ pour en profiter à son tour, est sortie de la piscine et cest plongée avec délectation dans le bain de bulles. En se tenant des deux mains aux poignées de part et dautres de son cou, elle a fermé les yeux, les jambes allongées, se laissant porter par les gros bouillons massants dont elle sentait les impacts sur ses jambes et son dos.
Elle a ouvert les yeux en sentant un contact contre un de ses mollets. Carole, souriante, venait de la rejoindre dans le petit bassin :
- Non, je vous en prie, restez allongée, cest tellement plus agréable
voilà, cest parfait !
Elle sétait assise en face de Lucie, elle aussi se maintenant des deux mains aux poignées dinox au-dessus de ses épaules. Lucie a replié les genoux pour lui laisser de la place, et a refermé les yeux. Au gré des bouillons, elle sentait lun de ses pieds toucher sa voisine de bain et se forçait à replier les genoux, sentait aussi de légers contacts fugitifs contre ses jambes ou ses hanches. Elle se souvenait des gestes de Carole lorsquelle se déplaçait de table en table. Elle nattendait rien de particulier, était seulement curieuse, mais imaginait que ces effleurements nétaient pas tous dus aux simples hasards des remous du bain. Par jeu, un peu provocante, sentant son pied toucher Carole, elle la laissé ainsi plus longtemps que dhabitude avant de replier son genou. Elle na pas eu à attendre bien longtemps, les deux pieds de Carole venant au contact de sa taille, et restant là. Elle a gardé les yeux clos mais na pas retenu son sourire, qui a très certainement été pris pour un encouragement, lun des pieds de Carole se faisant plus caressant ; le mouvement du pied de sa taille à ses hanches ne devait à lévidence rien aux bouillonnements du bain. Elle-même au bout dun moment a cessé tout effort pour contrôler sa position et sest laissée porter par les bulles, sentant sur ses pieds qui remontaient et sabaissaient au gré des bouillons, le contact rêche du maillot de bain de Carole. Elle aussi a fait en sorte que ces contacts soient explicites et non plus accidentels, pour montrer à Carole quelle entrait dans son jeu très consciemment. Dans son esprit, cétait bien un simple jeu.
- Un bain frais et un sauna ? ça vous tente ?
Carole sétait redressée, se tenant dune main à léchelle de sortie du bain et tendant lautre à Lucie.
Lucie a aimé son sourire et son regard, simple et clair, sans une once de provocation, en même temps amical et réservé ; elle y a vu aussi une tendresse timide.
Elle a pris la main de Carole et a monté léchelle à sa suite, a posé une bise sur sa joue en prenant pied sur le plancher.
Elles nageaient quand le mari de Carole et lun des couples qui avaient dîné avec eux ont fait une entrée bruyante dans lenceinte de la piscine.
Lucie a regagné sa chambre peu après. Carole lui a envoyé un baiser de la main en la voyant partir.
Comme tous les soirs, Lucie sest caressée avant de dormir. Dans le noir de sa chambre, le sourire de Carole lui a tenu compagnie jusquà la crispation finale et à la brusque tension de ses jambes.
Elle sest endormie sans savoir que les deux couples avaient abandonné les maillots de bains avant de sinstaller dans le bain bouillonnant où ils avaient fait lamour, que Carole avait joui presque en même temps quelle sous les assauts de lami de son mari, et quelle pensait à la jolie brune qui était partie se coucher ; elle aussi avait regagné son lit peu après, laissant son mari et le couple poursuivre leurs ébats sans elle.
Pourtant elle la su dès le lendemain. Quand Carole le lui a raconté
Elle sest réveillée de bonne heure. Elle avait tiré les lourds doubles-rideaux avant de se coucher mais avait laissé la porte-fenêtre grande ouverte. Ce sont les claquements de portières et les bruits de moteurs qui lont tirée du sommeil.
Elle a fait un signe de la main joyeux avec une mimique dexcuse à la dame qui dans limmeuble den face secouait un chiffon à sa fenêtre, un étage plus haut que le sien, et sétait figée bouche grande ouverte en la voyant ouvrir ses rideaux bras grands ouverts et totalement nue.
Au lieu de prendre une douche, elle a enfilé son maillot de bain encore humide de la veille et sest enveloppée la taille dun drap de bain. Au bout du couloir, sur le palier mansardé, elle commençait à descendre les marches vers la porte daccès à la piscine quand elle a entendu quelquun lappeler :
- Lucie ? Bonjour !
A lautre bout du palier, Carole lui faisait signe tout en continuant à pédaler énergiquement sur un vélo dappartement.
Elle avait de grandes auréoles humides sur son t-shirt moulant, sous les bras et sous les seins. Lucie a dénoué la serviette de sa taille et lui a essuyé le visage avant de lembrasser sur la joue :
- Vous ne faites pas semblant ! vous êtes en nage !
- Vous mattendez ? Je viens me baigner aussi !
- Daccord !
- Vous avez déjà déjeuné ?
- Non, jirai plus tard !
- Venez, jai fait monter des jus de fruit !
En arrivant dans la chambre, Carole sest retournée vers Lucie son index dressé contre ses lèvres :
-
il dort
Avant que Carole nait le temps de rabattre le drap, Lucie a aperçu son mari nu comme un ver en travers du lit. Elles ont échangé un regard, riant en silence toutes les deux :
- Vous voulez le réveiller ?
Lucie a fait signe que non en riant.
Carole a pris sur le guéridon les deux bouteilles de jus dorange et est revenue vers lentrée et la salle de bain :
- Tenez, une chacune ! Il en commandera pour lui plus tard !
Elle sest changée dans la salle de bain en laissant la porte ouverte. Lucie sest adossée au montant de la porte et la regardée se changer sans se détourner en buvant à la bouteille.
Elles sont sorties sans faire de bruit et sont parties vers la piscine. Très naturellement, Carole est passée au tutoiement en lui prenant la main :
- Larrivée de mon mari et de nos amis tas privée de sauna, hier soir !
- Sil est en service, jirai ce matin. Ce sont des amis à vous ?
- Ceux dhier ? oui, cest
de bons amis !
Elle avait pris Lucie par le bras et riait. En contournant la piscine pour aller vers le jacuzzi, avant de rire à nouveau ; elle a ajouté :
- Des amitiés dadultes consentants
- Oh ! oh ! Jai bien fait de méclipser, alors !
- Ben
ça taurait peut-être plu aussi !
Lucie a éclaté de rire et a bousculé gentiment Carole :
- Mes expériences damour en groupe se limitent à
deux participants !
- Ah !
A deux, cest bien aussi ! Tu sais je cours pas vraiment après ce genre de truc
cest
loccasion
et je suis allée me coucher plus tôt queux.
- Cétait pas bien ?
- Oh si
mais javais pas très envie
et vu lheure à laquelle Patrick est rentré, ils sen sont très bien tirés sans moi !
Elles ont jeté leurs serviettes sur les chaises longues installées le long de la baie vitrée.
Elles sétaient quittées la veille sur un jeu deffleurements et des sourires, se retrouvaient ce matin nourries lune et lautre de leurs pensées de la nuit et se comportaient depuis quelles sétaient retrouvées ce matin comme deux amies intimes de vieille date.
Lucie cependant naurait pas fait le premier geste. Non par une crainte quelconque ou par pudeur, mais tout simplement elle avait une habitude de solitude qui nimpliquait pas nécessairement le contact physique de ceux ou celles qui éveillaient son intérêt. Simplement, elle naimait pas les complications engendrées par les relations amoureuses.
Carole de ce point de vue était bien différente ; elle ne se satisfaisait pas de choses en suspens et avait besoin du contact de lautre.
Quand elle a enlacé Lucie au bord de la piscine, Lucie na pas esquivé, sest même laissée aller avec autant de naturel et de simplicité que Carole en montrait avec elle, et lui a rendu son baiser avec plaisir, goûtant la fraîcheur dorange de sa bouche et pleinement consciente de la brutale montée du désir dans son corps.
Elle a retrouvé sur le visage de Carole le même sourire quelle avait tant aimé la veille et qui avait accompagné son plaisir solitaire. Carole a baissé les yeux sur les seins de Lucie dont les tétons toujours prêts à manifester son désir pointaient très visiblement sous le maillot. Les deux sourires sont devenus des rires. Elle a relevé ses yeux rieurs sur Lucie :
- Hola ! Impressionnant !
Carole étirait le maillot dun doigt pour regarder les seins de Lucie. Elles ont à nouveau éclaté de rire.
Carole a remarqué sous le maillot de Lucie, sur sa hanche, la bosse de la clé de sa chambre que Lucie avait glissé là. Elle a posé sa main dessus, en levant un regard interrogateur vers Lucie.
Lucie a soutenu son regard un long moment, puis a pris la main de Carole dans la sienne et sans un mot, la entraînée à sa suite.
Elles remontent le couloir menant à la chambre de Lucie en se tenant la main, saluant poliment un couple qui quitte lhôtel encombrés de deux grosses valises et les femmes de chambre qui tirent leur lourd chariot chargé de produits dentretien, de draps et de serviettes.
(la suite ?
attendez la prochaine publication !)
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