Séminaire En Province

Séminaire en province
Première partie

La chambre est un peu décevante. Assez petite, comme écrasée par la lourde armoire de bois sombre, elle manque de lumière ; il faut se faufiler entre un fauteuil Voltaire trop imposant et le pied du lit pour atteindre la fenêtre. Sur le balcon étroit, la rambarde de fer disparaît sous les géraniums lierres, rouges et blancs, tous fleuris, humides d’un arrosage récent.
Sur un guéridon empiétant sur la double porte qui donne accès au balcon sont posés les traditionnels dépliants vantant les curiosités locales, rares et peu engageantes, le double page en papier glacé présentant les services offerts par l’hôtel.
Séparé de l’hôtel de la largeur d’une voie d’accès et du parking-client, les fenêtres voilées de rideaux bruns opaques d’un immeuble donnent sur la chambre.

Après les quatre heures de trajet, dont la dernière partie sur de petites routes encombrées, Lucie a besoin de se changer, de se rafraichir ; elle a deux heures d’attente avant le début de la réunion.
Elle a tiré les rideaux de mousseline et s’est déshabillée. Sa jupe et son chemisier froissés du voyage suspendus sur un cintre, elle s’est débarrassée de ses mocassins dans l’entrée en se dirigeant vers la salle de bains.
Assise au bord de la grande baignoire blanche qui occupe le mur du fond, elle roule ses bas Dim-Up sur ses jambes, puis debout devant les petits carreaux miroirs qui tapissent la porte, elle dégrafe son soutien-gorge et fait glisser son slip au sol, le repousse du pied sous le lavabo.
Elle s’observe dans les miroirs, trouve sa peau encore trop pâle, pense aux vacances proches, aux plages des Landes où sa peau prendra les couleurs du soleil. Elle soulève ses seins, fait la moue ; elle les a toujours trouvés trop petits et juge un peu ridicule ses tétons épais qui déforment ses chemisiers aux moments les plus inopportuns, l’obligeant, alors qu’elle pourrait s’en passer, à porter des soutien-gorge dans lesquels elle glisse une petite coque de plastique qui écrase son téton.

En souriant à son image elle agace ses tétons de la pointe d’un ongle, les sent et les voit réagir très vite, durcir et s’étirer ; les yeux baissés sur son ventre, elle ébouriffe du bout des doigts son épaisse toison brune. Plus tard peut-être …

Après une douche rapide, enveloppée d’un drap de bain de l’hôtel, elle a défait sa valise, repoussant de côté les sous-vêtements et le maillot de bain qu’elle a emmené en ayant vu sur internet que l’hôtel avait une piscine couverte ; elle a sorti la robe qu’elle mettra ce soir et l’a suspendue pour la défroisser, a sorti aussi de sa valise ses chaussures à talons enveloppés dans un sachet plastique, et enfin un string et une paire de bas propres avant de la refermer et de la ranger dans la grande armoire.
Les rideaux de la porte-fenêtre agités par la brise ondulent et s’entrouvrent. Elle écarte le dessus de lit pour l’ouvrir sur les draps blancs, arrange les oreillers sortis de l’armoire et à demi allongée, étudie la plaquette d’invitation et le programme de la soirée.
Comme souvent quand elle lit, elle a glissé une main entre ses jambes serrées, paume à plat sur sa cuisse et doigts prisonniers. Comme souvent aussi, sa main est remontée naturellement et elle a ouvert les jambes. Du bout des doigts elle joue sur sa toison, son index glisse doucement sur le pli de ses lèvres, s’insinue, effleure ; elle roule entre son pouce et son index le repli de peau tout en haut de son sexe, pince entre ses doigts les voiles plus fins, les fait glisser l’un sur l’autre.

Ces gestes lui sont naturels, quasi inconscients, depuis son adolescence. Très souvent, quand elle est concentrée sur un travail, elle oublie son environnement, et sa main se niche au creux de ses jambes. Elle ne se caresse pas, tient juste sa main au chaud, contre sa cuisse ou sa culotte, ne déclenchant pas toujours de réaction de désir, dont la première manifestation est toujours l’érection de ses tétons, tension à la fois agréable et un peu douloureuse qui l’alerte sur les effets de son geste inconscient.
Cette habitude n’a pas de conséquence lorsqu’elle se trouve chez elle ou isolée, et souvent dans ce cas elle appuie sa caresse et se donne du plaisir ; mais parfois aussi, cette manie l’a plongée dans des situations embarrassantes, lorsqu’elle se trouvait en des lieux totalement inappropriés à ces gestes.
Un jour, quand elle était étudiante, très absorbée par sa lecture à la bibliothèque du campus, sa main cachée par la table de travail, glissée sous sa jupe, s’était nichée comme souvent contre sa culotte qu’elle grattait d’un ongle distrait. Le jeune homme en face d’elle avait vu son t-shirt se déformer lentement sur les petits seins qu’il lorgnait depuis quelques minutes avec attention, en même temps qu’elle-même en avait ressenti la tension et la montée de désir. Elle avait rougi violemment en levant les yeux et en croisant ceux du garçon ; son sourire égrillard n’avait rien arrangé. Très vite elle avait remis sa jupe en place et posé ses deux mains sur la table de travail, lui donnant à deviner plus qu’il n’avait vu. Pendant tout un trimestre, il n’avait pas manqué de lui faire des remarques salaces à chaque fois qu’il la croisait, parfois aussi en présence d’autres garçons, vexé d’avoir vu ses avances repoussées.
Plus récemment, un soir où elle travaillait tard au bureau, sa main glissée sous sa longue jupe en soie d’indienne haut relevée sur ses jambes, elle avait senti une main se poser sur son épaule. Elle s’était brusquement redressée, avait vu penché vers elle le visage de sa secrétaire, un sourire un peu gêné aux lèvres :
- Pardonnez-moi, vous étiez tellement … absorbée par ce dossier …
Elle était restée figée, sentant la chaleur de ses joues cramoisies de honte. La secrétaire l’avait embrassée sur la joue et avait tiré sa jupe sur ses genoux :
- Pardonnez-moi … et ne vous inquiétez pas, c’est rien ! Vous auriez fini par vous apercevoir de ma présence de toute façon, alors j’ai préféré … avant … voilà ! Je suis désolée, vraiment …
Elle avait quitté le bureau en se confondant en excuses.
Lucie avait été surprise le lendemain matin que sa secrétaire ait remplacé la poignée de main par une bise sur sa joue, lui apporte un café à dix heures et se montre si aimable. Elle la surprenait de temps en temps à la regarder et à rougir en détournant les yeux .
Dès sa prise de fonction dans ce service de l’hôpital elle avait fait l’objet de nombreuses tentatives de drague de ses nouveaux collègues, mais ne s’était pas attendue à émouvoir ainsi sa secrétaire, dame proche de la cinquantaine sur le bureau de laquelle trônait la photo de son petit-fils. Une ou deux fois encore, sa secrétaire avait remarqué sa main au chaud par-dessus une jupe coincée entre ses jambes, en avait souri en rougissant.

Ici, dans cette chambre, rien ne la retient quand elle sent une pointe de chaleur au creux de son ventre. Elle pose le dossier de présentation du séminaire sur le lit à côté d’elle, et se laisse glisser sur les oreillers en fermant les yeux, un sourire aux lèvres. Elle n’a jamais eu de honte à se caresser quand elle sent son corps prêt et que la situation le lui permet.
Depuis son adolescence, c’est un rite presque quotidien, que les quelques aventures qu’elle a eues n’ont jamais interrompu. Elle regarde les rideaux s’entrouvrir et retomber sous la légère brise qui balaie le balcon, aperçoit les fenêtres aveugles de l’immeuble en face.

Etre fugitivement aperçue dans l’entrebâillement des rideaux ne la gênerait pas, sans l’exciter pour autant ; elle n’est pas exhibitionniste, ne jouit pas d’un regard sur elle ; au mieux elle en serait amusée.
Depuis les premières découvertes de son corps et du plaisir, elle a l’habitude de témoins passifs, n’y prête aucune attention. Jusqu’à l’âge de seize ans, elle a partagé une chambre avec son frère et sa sœur, tous les deux plus jeunes qu’elle, et se rendait compte qu’ils retenaient leur souffle et l’observaient depuis leurs lits superposés. Elle faisait en sorte d’être discrète, mais ne s’interrompait pas pour autant.
La dernière année, avant qu’elle ne quitte leur petit appartement pour partir à l’internat, elle aussi entendait son frère de treize ans se donner du plaisir sous les draps. Ils n’en parlaient pas ; ils savaient ce qui se passait, sans culpabiliser d’aucune manière.
Plus tard, lors de sa première année d’internat, elle s’est vite aperçue que non seulement sa voisine de lit l’imitait, ce qui lui paraissait naturel, mais qu’aussi elle l’accompagnait, en attendant qu’elle commence, en calquant son rythme au sien. Pendant longtemps elles n’en avaient pas parlé, jusqu’au jour où Lucie, par jeu, pour voir ce qui se passerait, ne s’était pas arrêtée comme d’habitude au premier plaisir, avait continué encore et encore. Sa voisine avait tendu la main entre leurs lits pour la poser sur son bras en chuchotant « Arrête, ça me fait mal ». C’était les seuls mots concernant leurs caresses qu’elles aient échangés au cours de l’année, bien qu’elles aient continué à se caresser en même temps, quasiment tous les soirs.
Lucie n’avait eu d’expérience sexuelle partagée que très tard, à la fin de sa première année de fac, à dix-neuf ans. Son physique avait pourtant attiré beaucoup de soupirants mais elle les avait toujours gentiment éconduits. Cette première avec un garçon n’avait pas été une réelle réussite. Elle n’était pas amoureuse ; elle avait simplement décidé qu’il était temps, et elle était curieuse de la chose, en fait plus curieuse du plaisir de ce garçon qu’en attente du sien ; elle avait trouvé l’acte plus ennuyeux que satisfaisant, et surtout très encombrante la relation quotidienne qui accompagnait ce passage à l’acte.
Certains de ses autres flirts s’étaient montrés plus doués, mais jamais au point de la détourner de ses jeux solitaires qui la conduisaient à un plaisir plus abouti, ou de la détourner de la liberté qu’elle avait à vivre seule et sans la contrainte de l’autre. Elle avait eu par hasard une expérience homosexuelle avec une inconnue, un soir où elles avaient partagé le même lit chez l’amie dont elles fêtaient l’anniversaire. La fille était un peu ivre et avait posé la main sur ses seins alors que comme d’habitude et croyant sa voisine de lit endormie elle se caressait. L’inconnue avait attirée une main de Lucie sur son sexe, réclamant ses caresses. Elle avait pris plus de plaisir à caresser cette fille qu’à caresser les garçons avec qui elle sortait épisodiquement, s’était appliquée à lui donner du plaisir sans en attendre d’elle.

Après avoir joui, Lucie est retournée à la salle de bain où elle a essuyé son plaisir de la serviette encore humide après sa douche, a enfilé son string et ses bas. Elle ne portera pas de soutien-gorge ce soir, pour une raison esthétique d’abord, parce que le drapé de l’encolure ronde qui découvre ses épaules laisserait les bretelles apparentes, et enfin pour le confort qu’elle éprouve à avoir les seins libres, qui ne sera pas troublé par la gêne qu’elle pourrait avoir de ses tétons dressés, cette manifestation si fréquente chez elle étant masquée par le drapé du col.

Devant le grand miroir, elle ferme sur son poignet et sur son cou le bracelet et le collier d’or blanc assortis que sa mère lui a offerts un mois plus tôt pour son vingt-cinquième anniversaire, soulève quelques mèches de ses boucles brunes en clipsant deux petits brillants sur ses oreilles ; mains à plat sur ses hanches elle efface un pli de la robe noire qui moule ses fesses, tire ses bas plus haut sur ses cuisses à demi découvertes par la robe.
Elle apprécie son image dans le miroir. Elle se sait jolie, sans en tirer le moindre orgueil. Elle sait bien l’effet qu’elle produit sur les hommes, parfois sur les femmes, et sait mettre en valeur sa silhouette depuis que son salaire confortable lui permet de choisir ses vêtements.
Elle ne cherche pas particulièrement à plaire, mais elle soigne son apparence, pour son propre plaisir, pour se rassurer aussi.

C’est la première soirée de la sorte à laquelle elle est conviée ; elle s’est renseignée auprès d’une collègue pour en connaître les règles, la conduite à adopter, quelle tenue porter.
La conférence organisée par le fournisseur de matériel informatique dont l’hôpital où elle travaille s’est équipé sera suivie d’un cocktail et d’un repas pris au restaurant de l’hôtel, table réputée pour sa qualité.

L’hôtesse installée à l’entrée de la salle l’a prise pour l’épouse d’un invité et l’a priée sur un ton hautain de patienter au salon.
Lucie est coutumière de ce genre de méprise. Par lassitude, tellement c’est fréquent, elle ne se formalise plus de ce travers de la part des hommes ; par contre, lorsqu’une femme a cette attitude sexiste, elle se met en rage.
Elle a froidement décliné ses noms et titres, et n’a pas retenu sa colère :
- Vos jugements ne montrent que le peu de considération que vous avez pour vous-même ! Soyez bête si ça vous plaît, mais au moins soyez polie !
L’hôtesse s’est confondue en excuses que démentait son regard et lui a remis un badge et un dossier à son nom. Dans la salle, elle a parcouru du regard l’assemblée de ceux qui comme elle sont invités par leur fournisseur, s’est assise tout au fond de la salle en déclinant l’offre d’une seconde hôtesse qui lui proposait de la placer aux premiers rangs.

Pendant deux heures, les intervenants se sont succédés et Lucie a commencé à s’ennuyer, s’est mise à dessiner sur la plaquette de présentation. Elle avait remarqué que son voisin de gauche baissait fréquemment les yeux sur ses jambes croisées, qu’un autre assis un rang devant elle se retournait souvent, faisait semblant de chercher quelqu’un du regard, mais que toujours son regard finissait sur ses genoux .
La dame assise à sa droite, une jolie quarantaine, tailleur très classe, lui a adressé un sourire entendu, ayant elle aussi remarqué le manège.

Amusée, Lucie la voit croiser ses jambes comme elle et légèrement remonter l’ourlet de sa robe ; la dame attire son attention d’une main sur son bras, et d’un regard et d’un sourire amusé, elle désigne à Lucie dont elle croise le regard le dos de l’homme qui se retourne si souvent, et se penche vers elle :
- C’est pas très valorisant, mais ça rassure les imbéciles …
Du bout d’un ongle, Lucie fait elle aussi glisser sa robe plus haut, jusqu’à découvrir comme sa voisine un peu de la dentelle de ses bas, croise le regard de sa voisine, qui se mord la lèvre inférieure pour retenir un rire.
Trois fois l’homme se retourne dans les minutes qui suivent, ses yeux braqués sur les jambes des deux complices qui chaque fois découvrent quelques centimètres supplémentaires de leurs cuisses.
Lucie la première se lève et sort de la salle, étouffant le fou-rire qui la prend du dos d’une main devant sa bouche.

- Venez, prenons un peu d’avance ! Il faut assumer d’être de vilaines filles jusqu’au bout !
Sa voisine l’a suivie de peu. Elle prend Lucie par le bras et l’entraîne vers le buffet déjà dressé où les hôtesses ont commencé à verser quelques coupes de champagne. Elle prend une coupe d’une main, tend l’autre à Lucie pour lui serrer la main, penchée sur le badge où sont notés son nom et sa fonction, le nom de sa société :
- Bonjour … Lucie ! Je m’appelle Carole. C’est fini, de toute façon, vous ne ratez rien. Ah !! … Vous voyez bien !
Effectivement les bruits d’applaudissements leur parviennent et les portes de la salle s’ouvrent.

Elles ont été rejointes par le conférencier qui avait ouvert la séance et dont Carole s’est révélée être la compagne. Il a bavardé un moment avec elles, s’amusant de l’étonnement de Lucie quand fréquemment Carole remettait son badge en place, arrondissait le col de sa robe, ponctuait un propos de la main sur son bras. Il a profité du départ de Carole partie renouveler leurs coupes pour lui dire :
- Ne vous offusquez pas mademoiselle, elle est toujours comme ça ! C’est une tactile ! Elle ne peut pas s’en empêcher ! enfin … avec ceux qu’elle apprécie seulement, ce qui semble être votre cas. Je vous laisse un instant, pardonnez-moi ! Je me dois à nos autres invités.
Carole a tendu à Lucie une nouvelle coupe de Champagne et a glissé sa main sous son bras pour l’entraîner vers les petits groupes qui s’étaient formés, échanger quelques mots avec tous comme le faisait son mari en la traînant à sa suite, ne lâchant pas son bras un instant.

Pendant le repas, excellent par ailleurs, Carole qui se déplaçait de table en table pour s’inquiéter de chacun, ne manquait jamais de venir la voir. Lucie notait ses petits gestes, y voyait plus que ce côté « tactile » dont avait plaisanté son époux. Elle l’observait, constatait qu’effectivement elle avait aussi de ces gestes pour d’autres, mais moins fréquents, et moins intimes : à aucune ou aucun autre elle ne caressait les épaules ou n’arrangeait une mèche de cheveux, à aucun elle ne murmurait des mots à l’oreille. Carole la draguait gentiment et Lucie s’en amusait, appréciait ses mots gentils et son souffle chaud à son oreille, s’amusait aussi du frottement de ses tétons dressés sous la mousseline de sa robe dont elle vérifiait l’arrangement du drapé du col qui cachait à ses voisins de table l’extravagance de leur tension.

- Oh ! Bonsoir ! Vous aussi vous êtes échappée, alors ! Je pensais que votre voisin de table aurait su vous convaincre de prolonger la soirée en sa compagnie ! Votre décolleté semblait le passionner !
Carole riait. Elle a dénoué le drap de bain dont elle était enveloppée et a rejoint Lucie dans la piscine, s’est éloignée d’une brasse énergique.
Lucie avait quitté la soirée une demi-heure plus tôt, en partie pour échapper aux attentions maladroites de son voisin de table, et aussi parce qu’elle voulait profiter de la piscine et se détendre après ce long repas.
Quand les deux couples, flamands ou hollandais, ont quitté le bain bouillonnant, Lucie qui n’attendait que leur départ pour en profiter à son tour, est sortie de la piscine et c’est plongée avec délectation dans le bain de bulles. En se tenant des deux mains aux poignées de part et d’autres de son cou, elle a fermé les yeux, les jambes allongées, se laissant porter par les gros bouillons massants dont elle sentait les impacts sur ses jambes et son dos.
Elle a ouvert les yeux en sentant un contact contre un de ses mollets. Carole, souriante, venait de la rejoindre dans le petit bassin :
- Non, je vous en prie, restez allongée, c’est tellement plus agréable … voilà, c’est parfait !

Elle s’était assise en face de Lucie, elle aussi se maintenant des deux mains aux poignées d’inox au-dessus de ses épaules. Lucie a replié les genoux pour lui laisser de la place, et a refermé les yeux. Au gré des bouillons, elle sentait l’un de ses pieds toucher sa voisine de bain et se forçait à replier les genoux, sentait aussi de légers contacts fugitifs contre ses jambes ou ses hanches. Elle se souvenait des gestes de Carole lorsqu’elle se déplaçait de table en table. Elle n’attendait rien de particulier, était seulement curieuse, mais imaginait que ces effleurements n’étaient pas tous dus aux simples hasards des remous du bain. Par jeu, un peu provocante, sentant son pied toucher Carole, elle l’a laissé ainsi plus longtemps que d’habitude avant de replier son genou. Elle n’a pas eu à attendre bien longtemps, les deux pieds de Carole venant au contact de sa taille, et restant là. Elle a gardé les yeux clos mais n’a pas retenu son sourire, qui a très certainement été pris pour un encouragement, l’un des pieds de Carole se faisant plus caressant ; le mouvement du pied de sa taille à ses hanches ne devait à l’évidence rien aux bouillonnements du bain. Elle-même au bout d’un moment a cessé tout effort pour contrôler sa position et s’est laissée porter par les bulles, sentant sur ses pieds qui remontaient et s’abaissaient au gré des bouillons, le contact rêche du maillot de bain de Carole. Elle aussi a fait en sorte que ces contacts soient explicites et non plus accidentels, pour montrer à Carole qu’elle entrait dans son jeu très consciemment. Dans son esprit, c’était bien un simple jeu.
- Un bain frais et un sauna ? ça vous tente ?
Carole s’était redressée, se tenant d’une main à l’échelle de sortie du bain et tendant l’autre à Lucie.
Lucie a aimé son sourire et son regard, simple et clair, sans une once de provocation, en même temps amical et réservé ; elle y a vu aussi une tendresse timide.
Elle a pris la main de Carole et a monté l’échelle à sa suite, a posé une bise sur sa joue en prenant pied sur le plancher.
Elles nageaient quand le mari de Carole et l’un des couples qui avaient dîné avec eux ont fait une entrée bruyante dans l’enceinte de la piscine.
Lucie a regagné sa chambre peu après. Carole lui a envoyé un baiser de la main en la voyant partir.

Comme tous les soirs, Lucie s’est caressée avant de dormir. Dans le noir de sa chambre, le sourire de Carole lui a tenu compagnie jusqu’à la crispation finale et à la brusque tension de ses jambes.
Elle s’est endormie sans savoir que les deux couples avaient abandonné les maillots de bains avant de s’installer dans le bain bouillonnant où ils avaient fait l’amour, que Carole avait joui presque en même temps qu’elle sous les assauts de l’ami de son mari, et qu’elle pensait à la jolie brune qui était partie se coucher ; elle aussi avait regagné son lit peu après, laissant son mari et le couple poursuivre leurs ébats sans elle.

Pourtant elle l’a su dès le lendemain. Quand Carole le lui a raconté …

Elle s’est réveillée de bonne heure. Elle avait tiré les lourds doubles-rideaux avant de se coucher mais avait laissé la porte-fenêtre grande ouverte. Ce sont les claquements de portières et les bruits de moteurs qui l’ont tirée du sommeil.
Elle a fait un signe de la main joyeux avec une mimique d’excuse à la dame qui dans l’immeuble d’en face secouait un chiffon à sa fenêtre, un étage plus haut que le sien, et s’était figée bouche grande ouverte en la voyant ouvrir ses rideaux bras grands ouverts et totalement nue.
Au lieu de prendre une douche, elle a enfilé son maillot de bain encore humide de la veille et s’est enveloppée la taille d’un drap de bain. Au bout du couloir, sur le palier mansardé, elle commençait à descendre les marches vers la porte d’accès à la piscine quand elle a entendu quelqu’un l’appeler :
- Lucie ? Bonjour !
A l’autre bout du palier, Carole lui faisait signe tout en continuant à pédaler énergiquement sur un vélo d’appartement.
Elle avait de grandes auréoles humides sur son t-shirt moulant, sous les bras et sous les seins. Lucie a dénoué la serviette de sa taille et lui a essuyé le visage avant de l’embrasser sur la joue :
- Vous ne faites pas semblant ! vous êtes en nage !
- Vous m’attendez ? Je viens me baigner aussi !
- D’accord !
- Vous avez déjà déjeuné ?
- Non, j’irai plus tard !
- Venez, j’ai fait monter des jus de fruit !
En arrivant dans la chambre, Carole s’est retournée vers Lucie son index dressé contre ses lèvres :
- … il dort …
Avant que Carole n’ait le temps de rabattre le drap, Lucie a aperçu son mari nu comme un ver en travers du lit. Elles ont échangé un regard, riant en silence toutes les deux :
- Vous voulez le réveiller ?
Lucie a fait signe que non en riant.
Carole a pris sur le guéridon les deux bouteilles de jus d’orange et est revenue vers l’entrée et la salle de bain :
- Tenez, une chacune ! Il en commandera pour lui plus tard !
Elle s’est changée dans la salle de bain en laissant la porte ouverte. Lucie s’est adossée au montant de la porte et l’a regardée se changer sans se détourner en buvant à la bouteille.
Elles sont sorties sans faire de bruit et sont parties vers la piscine. Très naturellement, Carole est passée au tutoiement en lui prenant la main :
- L’arrivée de mon mari et de nos amis t’as privée de sauna, hier soir !
- S’il est en service, j’irai ce matin. Ce sont des amis à vous ?
- Ceux d’hier ? oui, c’est … de bons amis !
Elle avait pris Lucie par le bras et riait. En contournant la piscine pour aller vers le jacuzzi, avant de rire à nouveau ; elle a ajouté :
- Des amitiés d’adultes consentants …
- Oh ! oh ! J’ai bien fait de m’éclipser, alors !
- Ben … ça t’aurait peut-être plu aussi !
Lucie a éclaté de rire et a bousculé gentiment Carole :
- Mes expériences d’amour en groupe se limitent à … deux participants !
- Ah ! … A deux, c’est bien aussi ! Tu sais je cours pas vraiment après ce genre de truc … c’est … l’occasion … et je suis allée me coucher plus tôt qu’eux.
- C’était pas bien ?
- Oh si … mais j’avais pas très envie … et vu l’heure à laquelle Patrick est rentré, ils s’en sont très bien tirés sans moi !
Elles ont jeté leurs serviettes sur les chaises longues installées le long de la baie vitrée.

Elles s’étaient quittées la veille sur un jeu d’effleurements et des sourires, se retrouvaient ce matin nourries l’une et l’autre de leurs pensées de la nuit et se comportaient depuis qu’elles s’étaient retrouvées ce matin comme deux amies intimes de vieille date.
Lucie cependant n’aurait pas fait le premier geste. Non par une crainte quelconque ou par pudeur, mais tout simplement elle avait une habitude de solitude qui n’impliquait pas nécessairement le contact physique de ceux ou celles qui éveillaient son intérêt. Simplement, elle n’aimait pas les complications engendrées par les relations amoureuses.
Carole de ce point de vue était bien différente ; elle ne se satisfaisait pas de choses en suspens et avait besoin du contact de l’autre.
Quand elle a enlacé Lucie au bord de la piscine, Lucie n’a pas esquivé, s’est même laissée aller avec autant de naturel et de simplicité que Carole en montrait avec elle, et lui a rendu son baiser avec plaisir, goûtant la fraîcheur d’orange de sa bouche et pleinement consciente de la brutale montée du désir dans son corps.
Elle a retrouvé sur le visage de Carole le même sourire qu’elle avait tant aimé la veille et qui avait accompagné son plaisir solitaire. Carole a baissé les yeux sur les seins de Lucie dont les tétons toujours prêts à manifester son désir pointaient très visiblement sous le maillot. Les deux sourires sont devenus des rires. Elle a relevé ses yeux rieurs sur Lucie :
- Hola ! Impressionnant !
Carole étirait le maillot d’un doigt pour regarder les seins de Lucie. Elles ont à nouveau éclaté de rire.
Carole a remarqué sous le maillot de Lucie, sur sa hanche, la bosse de la clé de sa chambre que Lucie avait glissé là. Elle a posé sa main dessus, en levant un regard interrogateur vers Lucie.
Lucie a soutenu son regard un long moment, puis a pris la main de Carole dans la sienne et sans un mot, l’a entraînée à sa suite.

Elles remontent le couloir menant à la chambre de Lucie en se tenant la main, saluant poliment un couple qui quitte l’hôtel encombrés de deux grosses valises et les femmes de chambre qui tirent leur lourd chariot chargé de produits d’entretien, de draps et de serviettes.

(la suite ? … attendez la prochaine publication !)

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