Evasion (2)
Deux jours sans voir âme qui vive. Deux jours à errer dans la campagne, sans but précis, sans savoir le pourquoi de cette errance. Le samedi, en fin de matinée, Aubin se rend au village pour faire ses courses. Même ambiance quà laccoutumée, même curiosité, nouvelle tentative afin de le faire parler, nouveaux déboires pour les curieux. Tout en servant son client, Mikael propose de le livrer : offre acceptée.
Comme la fois précédente, la livraison seffectue vers les 13 h. Mikael repart vite fait.
Ses victuailles rangées, Aubin baguenaude encore, plus exactement il complète sa connaissance du village et de ses environs. Tout à coup il pense à Modeste : où est-il passé, celui-là ? Près de trois jours quil ne la pas vu. Quand on pense au loup
.. Justement le voilà sur son tracteur, sarrête, hèle le vacancier :
<< - Tes ben loin dton coin, pour sûr. Tu veux que jte ramène ?
- Volontiers. Je commence à avoir les pieds en compote.
- Tu vois, Aubin, ça tombe bien, faut que jte cause. >>
Aubin grimpe sur lengin. Modeste reprend :
<< - Tu sais, jmen tape que tu tfarcisses le ptit Mikael. Jsuis pas marida avec lui. Comme jai dit, cest juste un casse-croûte en extra. Mais fait gaffe, faut pas mlabîmer. Cest un fragile, ce môme. Jlaime à ma façon. Jveux pas lvoir chagrin. Si ça arrivait par ta faute, jtécrabouillerais, par le fait !
- Rassure-toi, il ma éjecté, ton Mikael. Il dit que je suis un danger en amour. >>
Le sourire, qui se dessine sur les lèvres de Modeste, néchappe pas à Aubin qui poursuit :
<< - Tu y tiens beaucoup, même si tu ne veux pas le reconnaître. Lui et moi, cest fini, apparemment. Je nai pas cherché à me défendre. Il ma livré, tout à lheure, et je nai rien tenté. Il en était heureux, ou presque.
- Y ma raconté vos exploits. Y ma dit quy tla mise. Pas peu fier quand y parlait dça. Y connaissait pas, lpauvret ! Jcroyais pas quil aimerait la mettre.
- Pourquoi, on ne ta jamais pénétré ?
- Si, quand jétais jeunot. Une semaine avant dme marier, un arabe qui travaillait en journalier. La pas été dans la douceur. La enfoncé son truc dun coup, sans préparer. Jai beuglé comme un veau. Voulait rien entendre. Avec son engin, jai cru quy mdéfonçait les boyaux, quy mdéchirait les tripes. Heureusement, trois ou quatre coups à peine, et déjà y crachait son jus. Ça dégoulinait dpartout tant yen avait. A croire quy svidait tout entier. Ça, cétait la première fois. On à rpiqué au truc, deux smaines après mon mariage. Mais jai mis mes conditions. Jlai un peu civilisé côté galipettes. Y sy ait fait, lgonze. Ça a duré pendant près ddeux ans. La jamais voulu que jle pistonne. M'a toujours pilonné avec son bout coupé, sans capote à l'époque. Gentil, remarque bien, pas compliqué et surtout discret. Quand il est parti chez lui, jsais plus où, là-bas dans ldésert, jai plus recommencé à mfaire mettre. Pourtant, jtrouvais ça chouette. Jprenais mon panard. Et toi ?
- Les deux me conviennent parfaitement. Cest même une obligation quand je fais lamour avec quelquun.
- Rien qudes hommes ?
- Oui, jamais de femmes.
- Et ça tmanque pas ?
- Non. Pour dire le vrai, je ne connais pas. >>
Modeste arrête le tracteur :
<< - Voilà, tes arrivé. Ça tdis un coup dblanc, comme apéritif ? Jai une bonne bouteille au frais. Tu mlaisses juste ltemps daller la chercher et on sla descend.
- Va pour le blanc ! >>
Modeste remonte sur lengin, démarre, tout guilleret. Aubin sait pertinemment ce quil va advenir. Une petite séance de jambes en lair devrait clore cette journée.
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Lorage persiste. Pas dans le ciel mais dans la tête dun Aubin à la bouche pâteuse. Dès quil tente de se redresser, une sensation de balançoire sempare de son corps.
Aubin remarque un panier, des vêtements ne lui appartenant pas. Près de la tente, il entend quelquun marcher. Modeste, en nen pas douter, qui revient content de lui :
<< - Lève-toi, cossard ! Fait soleil, cest bon pour slaver. Pas bsoin dserviette. >>
Afin de faire participer Aubin aux joies du bain matinal, il se jette sur lui, le serre dans ses bras, dans ses cuisses, lui roule une pelle. Lautre renâcle au contact de cette peau froide et humide puis se laisse aller tant cela devient agréable. Les ébats sont rapides. Modeste, en grande forme, semploie seul à donner du plaisir aux deux. Aubin, crâne toujours en effervescence avec explosions à répétition, se contente douvrir sa bouche afin de permettre à la grosse tige de sy loger et de sy agiter puis de tendre son cul et accepter la pénétration sans broncher. En fait, il ne prend même pas son pied. Au bout dune minute, il lui tarde que la séance sachève, que Modeste quitte les lieux, désireux de se retrouver seul afin de dormir. Son "affaire" terminée, Modeste dépité constate :
<< - Ben tas encore du chmin avant dpasser pour un endurci. Cest chiffe molle tout ça ! Juste deux gouttes dpinard et ça a les sangs tout rtournés ! >>
Il se rhabille, récupère ses ustensiles et sen va, comme outragé dans sa dignité, laissant un Aubin couché, cul à lair dégoulinant de lubrifiant, déjà endormi.
14h : deux cachets contre le mal de crâne, un bain dans la rivière, un léger repas. Aubin se sent mieux, regrette de navoir pas été à la hauteur. Une envie de sexcuser le tenaille. Il revoit le corps de Modeste : musclé, peau brune, les yeux marrons, le front bas dominé par une tignasse abondante couleur châtain clair au poil raide et long.
<< - Ah, content dvoir ma poule mouillée devenir un homme, pour sûr !
- Excuse-moi, mais je nai pas lhabitude de boire des alcools forts.
- Pour ce soir, juste le pinard et pas dmélange. Ya qunous deux quon va smélanger si tes daplomb. Hier, cétait chouette. Jmai régalé. Jvoudrai rpiqué au truc.
- Merci du compliment. Tu y es pour beaucoup. OK pour le dîner. >>
Les deux garçons batifolent dans la rivière, se roulent dans lherbe, ne se privent pas de sadministrer des privautés. Ce dont se rend compte Mikael qui, passant pas là et entendant des voix, voulait savoir qui était avec Aubin. Le jeune homme repart de suite, sans signaler sa présence, la rage au ventre.
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Dans le silence de la chambre, Gus (Gustave de son prénom) raccroche le téléphone. Une fois de plus, chou blanc. Nul na vu Aubin. Il sest envolé, disparu, sans laisser dadresse. Pourtant, quasiment toutes ses affaires sont là, ici compris celles quil préfère, y compris ses effets de toilette, jusquà la brosse à dent. Il a ratissé tout largent liquide de la maison, a vidé compte bancaire et livret dépargne retirant des espèces uniquement. Ce départ est impossible. Trop déléments prouvent que cela nest pas possible! Pourtant, les faits sont là, bien réels. Voilà près de dix jours que Gus tourne en rond. Maintenant, il convient de prendre des décisions. Il ne peut rester dans cet appartement, ses moyens sont par trop insuffisants. Soit il déménage, soit il prend quelquun dautre, un colocataire par exemple. Oui, mais le temps de trouver la perle rare, le terme sera échu depuis longtemps. Pas question de passer pour un mauvais payeur, Gus tient beaucoup à son image dhonnêteté. Ce qui le chagrine cest de nobtenir aucune réponse à toutes les questions que pose ce départ précipité, sans prévenir, à langlaise quasiment. Sil tombe sur Aubin, il va lui chauffer les oreilles au lâcheur ! Il sapprête à sortir, constate le vide de ses poches, pas même un ticket de métro ! Bon, une seule solution : se mettre en quête de rentrée dargent. Ce qui ne devrait pas poser trop de problème sil en juge par les sommes quon lui doit. Dans son milieu, les affaires étant les affaires, on respecte la parole donnée. Un bref calcul mental lui apprend quil pourra faire face avec ce quil va récupérer. Reste quil na plus à domicile et à sa disposition, le plus beau cul du monde, comme il se plaisait à le souligner devant ses amis. Le voilà réduit à draguer, comme tout un chacun, sil veut assouvir ses grands appétits de sexe. Quels changements en même pas deux semaines ! Pas le moment de sappesantir sur son sort, il devient urgent de passer à laction.
Vers 18h, Gus rentre à lappartement, le portefeuille confortablement garni. De quoi tenir un mois, minimum, deux en vivant chichement. Il aurait dû commencer par là, dès quil sest aperçu de labsence.
Mais pourquoi ? Où est-il ? Il passera un sale quart dheure lors des retrouvailles. Aubin, un bien beau minet lorsquils se sont rencontrés, il y a bientôt cinq ans de cela. Naïf comme ce nest pas permis ! Il arrivait tout droit de pensionnat, croyant que les coucheries entre élèves internes étaient ce que le stupre connaissait de plus pervers ! Gus nétait pas mal non plus comme mec, malgré ses 34 balais à lépoque. Type nordique, nez légèrement retroussé, pointu, mince, cheveux raides dun blond paille, yeux bleus, peau blanche, pommettes un peu saillantes, bouche moyenne aux lèvres minces colorées naturellement dun rouge vif donnant une certaine féminité au visage. 1m82 pour 78 kg, corps élancé, nerveux, nayant jamais pratiqué le moindre sport, si lon excepte celui en chambre. Le personnage, doté dune queue hors norme, courait après tout ce qui porte bite, doté dune voracité incroyable côté cul. Que disait un de ses ex amants ? Ah oui ! Priapisme ! Gus possède un énorme engin. Lorsquon lobserve habillé, on a limpression quil bande constamment sous sa braguette. Ce qui attire inévitablement, inéluctablement, les regards envieux, mâles ou femelles. Et il en est fier, le bougre ! Tout comme il est fier des compliments concernant ses prouesses érotiques. Les louanges fusaient lorsquun homme quittait son lit. Il ne lésinait pas sur les efforts, cherchant toujours quelques nouveautés dans le domaine des galipettes cochonnes. Aubin na pas manqué de plonger dans le filet charnel quil lui tendait. Il na pas eu longtemps avant de le mettre dans son lit. La première fois cétait merveilleux. Dabord létonnement du gamin en subissant les caresses, les pelles. Ensuite la peur chez ce jeune homme en apercevant la matraque dun Gus au mieux de sa forme. Les efforts dAubin pour sucer. Son étonnement au moment de lhabillage de la bite. Ses soupirs aux premiers coups de langue sur son anus. Ses appréhensions lors de la pénétration qui, malgré la douceur extrême, provoquait une certaine douleur. Enfin, le lâchage de foutre en généreuses giclées accompagné de râles aux sons gutturaux. Le gamin venait de connaître sa première véritable osmose avec un autre homme, un vrai cette fois. Quelques minutes de repos, et il en redemandait. Nouvel étonnement lorsque, prenant mille précautions, il sasseyait sur la bite démesurée, la laissait pénétrer entièrement dans son anus. Comment a-t-il réussi pareil engloutissement ? Sur les conseils dun Gus demandeur, Aubin se pistonnait hardiment. Autre nouveauté : les mains de son enculeur titillaient le bout de ses seins électrisant sa poitrine pendant que la queue tétanisait ses entrailles. Seconde éjaculation. Cette soirée fut loccasion pour Aubin dapprendre lusage des préservatifs. Très ému, il sendormait dans les bras dun Gus transi démerveillements. Amour, passion, folie des sexes. Tout y passait durant la première année. Ensuite
..
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Aubin sétire, baille, oublieux du passé. Debout devant la tente, jambe écartée, il savoure la chaleur que lui procurent les quelques rayons de soleil. Selon son Modeste de météorologiste, dans une paire dheures un déluge devrait sabattre. On aperçoit les premiers nuages gris pointer à lhorizon. Un tracteur arrive, conduit par lhomme aux chairs généreuses qui clame :
<< - Tu veux que jtemmène ? Jvais au patlin dans dix minutes.
- Daccord, je serai prêt. >>
Lesprit encore accaparé par les folies de la nuit, Aubin shabille. Peu de choses à acheter en ce lundi : son amant lui a laissé pas mal de nourriture du pays. Il lui a même prêté une glacière. En chemin, aubin observe :
<< - Je ne tai pas entendu partir, ce matin.
- Pour sûr ! Ten coinçais un bon peu à 5 plombes. Tu sais, jsuis content dnous. Cest la première fois que jreste deux nuits avec un autre cul que celui dbobonne. Ltien est accueillant, faut dire. Ça tbranche une rebelote csoir ?
- Avec grand plaisir. Mais ton cul nest pas mal non plus.
- Si on continue, on sra comme si on était marida, moi et toi. >>
Et de rire de sa plaisanterie. Aubin descend de lengin peu avant lentrée du village. Dans le magasin, les mêmes commères le zieutent, murmurent à son sujet. Il décide de se montrer un peu plus urbain, presque joyeux. Lune delles, plus courageuse que les autres, en profite pour entamer la conversation. Il répond aimablement. Quand vient son tour dêtre servi, il sexcuse poliment auprès de la dame. Face à Mikael, il remarque la froideur de celui-ci, ses yeux rougis ornés de cernes. La beauté du jeune homme en a pris un coup durant le week-end ! Lévidence se manifeste à lesprit du vacancier : il a devant lui un jaloux. Mais de qui ? De Modeste ou dAubin ? Ce dernier paye ses achats quil emmène avec lui vu leur faible poids. Il se sent le cur léger, parcourt le trajet dun pas allègre. Arrivé sur place, il profite des dernières apparitions du soleil pour "prendre un bain" dans la rivière, histoire de se décrasser intégralement.
Alors quil boit un capuccino, assis non loin de son abri, Aubin voit Mikael se diriger vers lui. Une fois tout près, il sassied. Passées deux longues minutes silencieuses, il renifle à plusieurs reprises, éclate en sanglots. Il grogne, plusieurs fois :
<< - La jamais passé même une seule nuit avec moi. Pourquoi ? >>
Pas besoin dexplication. Donc il ne sagissait que de ça : Modeste na jamais passé une nuit en sa compagnie. Aubin attend que le gros du chagrin soit passé. Il pose sa main sur lépaule de Mikael, suggère, dune voix apaisante :
<< - Modeste na jamais eu loccasion de passer une nuit avec toi. Si je navais pas été là, cest avec toi quil serait resté toute la nuit.
- Tu crois ? Tu dis pas ça pour me consoler ?
- Non, je le pense. Quand tu as su que sa femme partait, tu aurais dû lui demander.
- Et où quon aurait été, hein ? Chez lui, y peut pas. Chez moi ya mes parents.
- Pourquoi il ne peut pas chez lui ?
- Ben parcquil habite chez lpatron, pardi ! Tu sais, jai souvent pensé à ça.
- Tu es amoureux de lui ?
- Non ! Mais jvoudrais autre chose qudes coups vite fait dans la ptite baraque, cest tout. Surtout dpuis quje sais que jpeux lui prendre le trou. Ça, cest grâce à toi. Tu comprends ?
- Écoute, je vais te prouver quil ne te refuse pas de passer une nuit avec lui. Vient ce soir, après le travail. Tes parents te laissent sortir, quand même.
- Ben oui, évidemment ! Jsuis majeur quand même. Y sinquiètent même parcque jsors jamais, lsoir.
- Alors pas de problème. On dîne tous les trois et après tu lui parleras. Daccord ?
- Daccord. Tes chouette. Moi qui croyais qutu voulais me lpiquer, lModeste. >>
Rasséréné, Mikael retourne au boulot. Aubin se morigène un soupçon : il se fiche complètement des états dâme dautrui. Ce qui lintéresse actuellement, cest une partie à trois. Cette perspective lui met du baume au cur. Raison pour laquelle il supporte sans rechigner le nouvel orage qui commence à poindre. Juste le temps daller se mettre à labri dans la baraque. Encore deux ou trois heures à regarder la pluie tomber !
Lorsquil revient au campement, Aubin constate le désastre : tout est sans dessus-dessous. La tente coincée entre deux arbres, les ustensiles éparpillés dans la nature, les vêtements trempés essaimés, tout à lavenant. Du coup, sa bonne humeur le quitte dautant que son projet de baise à trois en prend un sacré coup. Un ricanement attire son attention. Modeste ironise :
<< - On voit dsuite qutas pas lhabitude. Et ces ptites tentes qui smontent toutes seules, cest pas fait pour les orages ! Tas pas planté les piquets comme y fallait et tas rien mis de lourd à lintérieur pour la tnir. Tes quatre nippes fsaient pas lpoids !
- Merci pour les conseils mais cest trop tard. Tu aurais dû me les donner avant.
- Bon, renaude pas ! Jvais te donner un coup dmain.
- Rien ne sera sec pour la nuit.
- Tmets pas la tête au court-bouillon ! On va tinstaller un ptit nid damour dans la baraque. Jy expliqurai, au patron, y comprendra. >>
Ils se mettent à la recherche des objets éparpillés. La nuit arrive vite. Aubin sort sa lampe de poche. Modeste éclaire avec les phares du tracteur. Une silhouette, montée sur une mobylette, sapproche. Il constate, joyeux :
< - Rgarde quarrive, Aubin. Cest lMika. Viens nous donner un coup dmains, Mika ! Tu tombes bien. Si tas rien à faire csoir, on tinvite après quon a tout ramassé. >>
Aubin ne cache pas son soulagement : il craignait un refus de la part de Modeste, concernant cette soirée à trois. Celui-ci sabsente : il va chercher deux lampes à alcool, une bâche de protection pour mettre sur le sol de la baraque, divers autres objets. Lorsquil revient, Aubin constate :
<< - Je crois quon a tout retrouvé.
- Alors on fout lcamp, fissa, jai lestomac qui gargouille. Lest vide le pauvret. Avant, on calfeutre la porte et la fenêtre. >>
Mikael, le plus heureux des trois, se jette contre Aubin, plaque ses lèvres contre les siennes, puis sapproche de Modeste à qui il inflige le même traitement. Un Modeste qui, sitôt sa bouche libérée, prophétise :
<< - Cest quça demande un fourre-tout à trois, lpolisson ! Ben pas drefus, mon ptit poulet. Jai jamais fait. Faut savoir se rnouvler dans la vie. Après, tu tmettras au milieu, pour dormir, on ttiendra chaud, moi et lAubin, pour sûr. >>
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Attendrissant le couple Modeste, Mikael. Le premier mange assis, la tête du second sur les genoux qui grignote couché. Aubin observe leurs mignardises. Il se fait leffet dun supplément au festin que les deux veulent se donner. Il se rend compte, également, quil nest pas des leurs, un étranger en quelque sorte, une pièce rapportée dans le cadre de leurs amours. Si ces deux là ne saiment pas, alors on se demande ce que cest ! Ils ne connaissent pas, ou ne veulent pas connaître, leurs véritables sentiments lun envers lautre. Telle est la réflexion dAubin qui se contente dun repas léger avec dégustation modérée de vin. Modeste ingurgite comme à son habitude, gloutonnement, passionnément, joyeusement. Mikael picore plus quil ne mange, déjà grisé par les deux verres de vin absorbé, euphorique en somme. La dernière bouchée avalée, on débarrasse pour faire de la place à ce qui ne tardera pas à devenir un lupanar. Dans ce qua ramené Modeste, on trouve plusieurs couvertures en remplacement du duvet mouillé. Tout le monde sallonge, Mikael au milieu. Alors commence un ballet érotique à deux avec péripéties en solitaire pour le troisième. Modeste et Mikael, tendrement enlacés, ne décollent pas leurs lèvres, ne décrochent pas leurs mains agrippées à leur corps respectif. Les bassins se malaxent permettant aux bites de se frotter. Aubin comprend quil joue véritablement le rôle de la pièce rapportée. Il se glisse derrière Mikael, le sodomise calmement, une fois le préservatif posé sur sa matraque. Lenculé gémit, les sons étouffés par la pelle que lui roule Modeste. Le couple ne cesse de se mignoter. Le solitaire denfiler. Dailleurs, il change de capote et de trou, pénétrant à fond le cul de Modeste qui grogne à son tour. Nouveau changement : les deux se taillent une pipe au rythme de succions baveuses. Aubin retourne vers Mikael pour se finir dans Modeste pendant que ces deux crachent leur jus sur leur visage. Pause café, sans alcool. La séance reprend. Le couple sempare de la queue dAubin, quils positionnent entre leurs lèvres. Ensuite, baisers goulus avant la prise de la pastille dun Aubin en folie. Dabord cest Modeste qui lenfile, laissant Mikael lenfiler. Puis les rôles sont inversés : Mikael encule Aubin et se fait enculer par Modeste. De nouveaux sons gutturaux jaillissent des gosiers quand les coulées de sperme explosent. Seconde pause au cours de laquelle on discute des novations en matière de baise. Lidée de double pénétration surgit. Les regards des aînés se tournent vers un Mikael apeuré qui cède sous condition :
<< - Jdis pas non. Mais faut quon y passe tous. Et on sarrête si ça fait trop mal. >>
Accord conclue. De la théorie on passe à la pratique. Le plus initié à la chose, cest Aubin, qui positionne son monde, jouant le receveur en premier. Révélation pour les deux autochtones lorsque leurs vits se rencontrent dans lanus. On ne fait aucun geste brusque. Les pénétrations se déroulent dans un frisson de sensualité générale. Heureusement, Aubin avait prévu, dans son bagage, le lubrifiant indispensable à de telles prouesses. Timide, craintif, Modeste se dévoue en second. Changement de capotes, applications généreuses de lubrifiant. Lenculé sassied sur la bite dAubin quil se fourre dun coup dans le fion puis se penche. Dans lattente de la seconde queue, il roule un patin à son enculeur. Mikael se place derrière lui, glisse sa queue le long de lautre, pistonne langoureusement. Modeste, passée la petite douleur du début due à la contraction provoquée par la peur, connaît un moment de jouissance inespérée. Ses petits cris grossissent lenvie chez Mikael de prendre sa place. Exécution immédiate. Fier de ne pas se montrer plus faible, le nouvel enculé sen donne à cur joie et à chur joie. Assis sur son amant en titre, il le gratifie de moult pelles pendant que la tierce personne entre son gros braquemart afin de coulisser contre celui plus long mais aussi plus imposant, déjà présent dans les entrailles. Apothéose en gémissements majeurs pour éjaculations finales. Trois hommes, épuisés par leurs efforts, soûlés de griseries sexuelles, seffondrent sur la couche improvisée, sendorment profondément. Vers les 2h1/2, Aubin, transi de froid, ouvre un il. La lune envoie ses rayons à travers les espaces de la tenture posée contre l'entrée sans porte. Il voit deux hommes enlacés, quasi enchaînés lun à lautre, enroulés dans les couvertures. Il shabille afin de ne pas attr la crève, se rendort. Un peu plus tard il se réveille de nouveau : Modeste et Mikael sapprêtent à partir, il est 5h. Le premier conclue cette série damours effrénées :
<< - Ya pas à dire, cest quèquchose, à trois ! Dis, Aubin, tu comptes finir tes vacances ici, par ce temps-là ?
- Je ne sais pas. Pourquoi, je te gêne maintenant ? >>
Modeste ne répond pas : oui, il est gêné. Pour ne pas blesser son partenaire de baise de la veille, il dépose un baiser rapide sur ses lèvres avant dordonner à Mikael :
<< - Faut quon y aille, mon ptit lapin ! >>
Le petit lapin se contente dun signe de main en guise dau revoir à Aubin. Avant de sortir, Modeste ajoute :
<< - Jvais parler au patron pour qutu reste ici ltemps prévu, si cest cque tu veux. On va plus srevoir, jtravaillrai plus dans les parages, on a fini ici. Quand tu partiras, laisse les affaires, jviendrai les enlver, ten fais pas. >>
Il séloigne, Mikael à ses côtés. Il entend une dernière phrase de Modeste :
<< - Juré ! On va sdébrouiller pour passer une nuit rien qutous deux, dtemps en temps. >>
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Décidément, la météo ne sarrange pas. Ciel gris, bas, menaçant. Sol humide, arbres aux feuilles qui commencent à tomber. Pour Aubin, la situation se complique : camper devient impossible, vivre dans cette baraque sans porte ni fenêtre nest guère recommandé. Il na même plus dagréable compagnie, depuis quatre jours. Ils lignorent, dorénavant : de cela il est certain. Quand Mikael et Modeste se sont-ils parlé ? Probablement dans la nuit après les ébats à trois. Se sont-ils vraiment découverts ? Possible. En tout cas il ne les intéresse plus comme sil avait « dépensé » tous ses charmes au cours de cette partie. Encore quils naient porté que peu dattention à Aubin si ce nest pour leurs propres satisfactions. Il hausse les épaules : ainsi va la vie !
Première urgence : lessive si faire se peu. Ensuite procéder à une toilette malgré les circonstances. Enfin, décider de lavenir.
Alors quil na pas achevé détendre ses vêtements, une voix féminine, provenant de la route, vient le distraire :
<< - Msieur Aubin ! Msieur Aubin ! Vous pouvez maider, sy vous plaît ? >>
Il reconnaît une des matrones qui la abordé un matin, suite à son opération « élan de sympathie ». Il sapproche delle, constate son embarras : vélo par terre, courses éparses sur le bitume, la dame assise dans le fossé, cheville foulée. Elle narre lincident, jurant ses grands dieux quelle ne comprend pas comment elle en est arrivée là. Coupant court à son monologue, il propose de laider à se relever. Elle rétorque :
<< - Si ça vous fait rien, ramassez dabord les commissions, va.
- Non, je vais dabord regarder votre cheville. >>
Diagnostic évident : cheville très enflée, marche impossible sans aide. Aubin décide, dun ton qui ne veut pas entendre de réplique :
<< - Daccord, je ramasse vos affaires. On les laisse dans les sacs avec le vélo, dans un coin. Ensuite je vous emmène à la baraque ou vous attendrez que jaille chercher pour vous ramener chez vous. Pour ça, jemprunte votre vélo, ce sera plus rapide. >>
La blessée se laisse aller, comprenant bien que seul Aubin peut la tirer de là, peu désireuse dattendre un éventuel passage de véhicule. Cinq minutes plus tard, installée sur les couvertures qui, la veille, servaient de couche pour orgie, elle gémit discrètement, laissant son sauveur se charger du reste après lui avoir indiqué son domicile.
Le sauveur en question ne perd pas de temps en chemin. Le patron de la dame, alerté par Aubin, ordonne à son chauffeur daller récupérer son employée et, dit-il, tout le tintouin. Lhomme à luniforme impeccable ne traîne pas. Madame la patronne, qui assiste à lentretien, propose au visiteur un rafraîchissement, il accepte. Dans le fond, ce dérivatif lui permet de passer le temps, sans trop senquiquiner, espérant que ses vêtement seront bientôt secs car, croit-il, il vient de décider daller "vacancer" ailleurs, comme il dit. Politesses dusage : présentations, questionnements se voulant discrets. Madame, tout à trac, sinquiète :
<< - Mais quest-ce quelle faisait sur cette route ? Elle navait aucune raison dy aller. >>
Aubin se garde bien de lui apprendre que seule la curiosité a poussé la bonne dans le coin. Il note le côté charmeur de Monsieur. Un petit rondouillard, qui, jadis, devait en faire baver à ses collaborateurs. Elle, plus grande, genre majestueuse dans ses rondeurs, montre une certaine bonhommie. Ils nont pas dû souffrir beaucoup, ces deux là ! Combien dannées à eux deux ? 120 ? 130 ? Plus ? Pas dâge, en vérité. On insiste pour que le "sauveur" reste à dîner. Refus poli dAubin. On insiste encore. Il comprend vite le but de la manuvre : on tient à lavoir en guise de distraction. Ici, on sennuie ferme, les étrangers se font rares. On voudrait bien avoir des loisirs mais on a peur dy laisser sa tranquillité. Il cède, précisant :
<< - Mais je dois passer au campement, dabord. Jai étendu du linge à sécher. >>
Madame, fille de millionnaire récemment dotée de la fortune parentale, roucoule, pleine de bonnes intentions :
<< - Mon pauvre ami, rien ne sera sec, par le temps quil fait ! Vous ne pouvez pas rester comme cela ! Venez dormir au chaud. Nous passerons vos affaires à la machine, ce sera plus sûr question propreté. Ensuite, au sèche-linge. Mélanie sen chargera. Allez les récupérer ! Je nadmettrais aucune excuse pour vous défiler. Nous devons nous entraider, nest-ce pas? >>
Aubin ne réplique pas, remercie dun signe de tête. La voiture arrive, ramenant la blessée que lon monte dans sa chambre. Le maître de maison est médecin à la retraite, ça tombe bien. Rien de grave, dit-il, quelques jours de repos et tout sera oublié. Linvité grimpe dans la voiture, à côté du chauffeur, un homme entre deux âges, encore appétissant mais fermé à toute approche venant dun homme, semble-t-il. Tout au moins cest ce quil ressort des tentatives discrètes dun Aubin espiègle sans véritable intention de draguer. Il se félicite de la tournure des événements. Une bonne nuit, au chaud, lui permettra de réfléchir à sa nouvelle destination. Lexpédition se déroule en moins de trois quarts dheure, laller-retour plus la récupération des vêtements. À peine arrivé, Madame le mène à sa chambre (avec salle de bain privée SVP !). On met à sa disposition des vêtements dits dintérieur. Il profite un maximum du bain très moussant dans lequel il se prélasse longuement pendant que Mélanie sempare de tous ses vêtements aux fins de nettoyage.
La soirée se déroule dans la plus parfaite urbanité, frisant lamicale réunion. Aubin comprend que lex toubib sest fendu dun coup de fil au propriétaire du lieu où il campait. Entre gens du même monde, on se comprend, nest-il pas ? On se refile des informations, aussi. Café, pousse-café, on continue de palabrer. Aubin se demande depuis combien de temps ces gens nont reçu personne, en dehors des habitués du patelin ? Un bail, pour sûr comme dirait Modeste. Enfin, Madame donne quelques signes de fatigue, ou de lassitude, impossible à définir. Galant, Monsieur présente ses excuses à leur invité alléguant quici on se couche très tôt. Aubin se lève, salue ses hôtes en se confondant en remerciements puis gagne sa chambre.
Un lit moelleux ! Mais quest-ce qui lui a pris de partir à laventure, fin septembre début octobre, avec lidée de camper ? Il se demande quel grain de folie lui a traversé la tête au moment de prendre cette décision. Certes, la campagne cest beau, aéré. Mais avec tout le confort, pas sous une tente qui senvole au moindre coup de vent et pas en période automnale alors que les derniers orages dévastent tout, que le froid plombe les soirées écourtées par une nuit de plus en plus précoce ! Il devait être fou, lui Aubin, de sengager ainsi pensant prendre du repos. Certes, la première semaine sest bien déroulée grâce, en grande partie, à la présence de Modeste et Mikael, présences chaleureuses sil en est. Ce souvenir revigore ses sens tout comme la douce chaleur de ce lit à baldaquin. La main sattarde sur le bas-ventre, lautre sur un téton. Un des grands plaisirs dAubin, lorsquil saccorde une séance en solo, cest le noir. Il lui semble mieux fantasmer, pas distrait par ce qui lentoure. Abandonnant ses réflexions, il porte son attention sur sa queue qui gonfle, ses doigts qui sinfiltrent dans son anus. Ses tripes frissonnent pendant que le foutre séjecte. Rapide passage sous la douche avant de sendormir.
À suivre
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