Evasion (1)
Dun pas décidé, Aubin traverse le village sans se soucier des nombreuses paires dyeux qui lépient à labri de rideaux. Il se contente de repérer déventuels commerces. Deux km plus loin, il aperçoit un sentier, lemprunte. Il traverse un bosquet, débouche au bord dune rivière presque à sec. Lété sachève dans une continuelle canicule. Cependant, le ciel sassombrit, des grondements annoncent un orage probable. Le jeune homme pose son barda à terre, boit quelques gorgées deau tiède contenue dans sa gourde, sessuie la bouche dun revers de main, content de ce geste quil qualifie de campagnard. Il observe les alentours, voit un endroit herbu protégé par dénormes branches de chênes : coin idéal pour planter sa tente. Deux heures plus tard, il procède à quelques ablutions avant de prendre un peu de repos.
Le vent se lève, le ciel noircit de plus en plus. Aubin renonce à son projet de faire un feu pour la préparation de son dîner. Il se contentera de finir le saucisson et le fromage entamé ce midi. Sage décision dautant que les gouttes commencent à tomber pour devenir rapidement de véritables trombes deau. Les éclairs strient latmosphère, le tonnerre assourdit lambiance. Calfeutré sous son abri de toile, le campeur se félicite : il a bien choisi lendroit. A aucun moment il ne pense que les arbres peuvent attirer la foudre, comme on le dit. Il a une excuse : cest la première fois quil séjourne à la campagne, quil sadonne au camping.
Laverse diminue, fait place à une pluie fine bien que soutenue. Aubin avale son repas frugal, sendort, éreinté, les pieds douloureux. Une pensée le chagrine : il na pu procéder à sa toilette avant de se coucher.
Le son des gouttes sur la toile réveille le campeur qui éprouve des difficultés à se rendormir. Machinalement, sa main caresse le pénis rapidement au mieux de sa forme. Silencieusement, doucement, les doigts sactivent dans un ballet masturbatoire. Un léger gargouillis sort de la gorge, signalant que léjaculation pollue le corps du jeune homme qui sessuie à laide dun mouchoir en papier.
Premier matin, premier réveil champêtres. Poisseux de sueur et de quelques traces de sperme séché, Aubin sébroue dans la rivière au niveau un peu plus élevé que la veille. Le soleil tente de pousser les gros nuages persistants, aidé en cela par le vent un soupçon frisquet. La température est devenue supportable. Propre, lhomme prépare son petit déjeuner à laide du réchaud. Il inspecte ses réserves alimentaires : une incursion au village savère indispensable. Le café avalé, il range ses affaires sous la tente et se prépare à partir profitant de cette météo clémente.
Arrivé au bord de la route, Aubin hésite. Des douleurs aux pieds lui rappellent les trop longues marches des deux derniers jours. Il opte pour une tentative dauto-stop. Là encore, il sagit dune première. Et lendroit nest guère passager! Patient, il sassied sur une borne. Une bonne heure plus tard, un tracteur arrive, tirant une longue charrette de foin. Le conducteur ralenti, sarrête, fait signe à lauto-stoppeur, qui obtempère, de grimper sur la marche. Lengin repart. Lhomme demande :
<< - Où qutu vas comme ça, garçon ?
- Au village faire des courses.
- Jte laisse à lentrée, moi jvais à gauche. Tes en vacances ?
- Ouais, pour deux semaines.
- Où qutu niches ?
- Au bord de la rivière, sous les chênes.
- On ta laissé faire ? Ça métonne.
- Pourquoi, cest interdit ?
- Ici, on plaisante pas avec les campeurs sauvages, comme on dit. Faut demander au proprio sinon y va appeler les pandores pour tdéloger, pour sûr.
- Vous croyez ?
- Pour sûr, garçon !
- À qui je dois madresser ?
- À mon patron. Tout lcoin lui appartient. Si tes correct, yaura pas dhistoire. Bon, je temmène comme ça ty demanderas. >>
Vingt minutes plus tard, Aubin quitte la ferme, une fois lautorisation obtenue. Un quart dheure de marche et le voilà dans le village.
Retour au campement. Le sac est lourd. De nouveau, la chance lui sourit : le même tracteur sarrête pour le prendre :
<< - Alors, garçon, ça va comme tu veux, par le fait ? Lpatron a accepté à cque jcomprends.
- Oui, pour deux ou trois semaines.
- Tas dla veine de pouvoir tpayer du congé. Nous, ya pas, faut soccuper des bêtes tous les jours que Dieu fait.
- Vous ne prenez jamais de vacances ?
- Si, jy ai droit, comme tout lmonde. Mais ya toujours un truc, à peine que jsuis parti quelques jours. Sinon, tu fais quoi ?
- Repos complet pendant un an. Une année sabbatique, en quelque sorte.
- Ah oui ! Cest la mode, ça aussi, lannée sabbatique ! Ya qules gens dla ville pour faire ce genre de fainéanterie. Excuse mais cest cque jpense, moi. Et où que tiras dans deux ou trois semaines ?
- Je ne sais pas encore.
Le conducteur hausse les épaules comme pour signifier quil pose des questions histoire de causer, se désintéressant complètement des réponses.
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Le ciel séclaircit promettant une belle fin de journée. Allongée au bord de leau, Aubin rêvasse. En fait, il sennuie, tout bonnement. En venant ici, il envisageait des promenades, des baignades. Lenvie lui a passée. Les longues marches ne sont pas pour lui, ses pieds encore douloureux le lui rappellent. Quant aux baignades, la température de leau frise le glacial selon ses critères, pour cause de débit maigrelet et rapide de cette rivière. Des pas attirent son attention. Il se redresse : le fils de lépicier qui déclare :
<< - S'cusez, Msieur ! Zavez oublié quéquchose. >>
Le jeune homme montre un paquet de mouchoirs en papier. Aubin constate :
<< - Fallait pas vous déranger pour si peu.
- Ben cest que jsavais pas si jvous, rverrais. Alors jai préféré venir. >>
Aubin se lève, rejoint le garçon tout en le remerciant. Il ne le quitte pas du regard, lobservant en détail. Taille moyenne, dans les 1m70 pour 65 kg environ. 18 ou 19 ans, pas plus. Solidement campé sur de magnifiques jambes aux mollets tout en muscle. Visage à lovale presque féminin, glabre. Grands yeux sombres surmontés de sourcils indisciplinés et protégés par de longs cils très fournis. Le nez normal, légèrement retroussé. Malgré cette féminité mentionnée, il se dégage une certaine force virile quapprécie Aubin ému par la timidité de son visiteur. Ce dernier ne se prive pas dadmirer son client. Un homme (pour lui) dans les 22/23 ans. Grand, peut-être 1m90 pour 80 kg, probablement. Les épaules larges, le torse en "plaques de chocolat". Sûr que ce mec fait du sport mais pas en extérieur, sa peau trop claire le prouve. Les cheveux noirs, bouclés, abondants, longs.
Aubin rompt le silence :
<< - Maintenant que nous nous sommes bien observés, lun comme lautre, passons à nos noms. Moi, cest Aubin. Et toi ?
- Mikael. Bon ben faut quje file ! Lboulot attend pas, mes parents non plus.
- Tu as quel âge, Mikael ?
- 18 ans ½. Allez ! Jy vais. Au rvoir, msieur Aubin ! >>
Le garçon détale sous le regard rieur dun Aubin heureux de cette diversion. Il décide alors de bouger un peu. Une visite sur la berge ne devrait pas trop le fatiguer.
Tout en flânant, Aubin cueille des fleurs. Il se demande bien le pourquoi, lui qui ne sest jamais intéressé à cela. Dun coup, il regrette cette cueillette : il na pas de vase. Naïvement, il dépose les marguerites, coquelicots et bleuets dans leau, espérant les sauver dune fanaison certaine. Il continue sa promenade, se dirige vers un pré au milieu duquel se trouve une petite maison de pierres et de terre au toit en assez bon état. Voilà un endroit où sabriter en cas durgence. Il sapproche. Ses oreilles captent comme de fortes respirations. Certainement un animal quelconque. Prudent, Aubin renonce à entrer, préférant épier par une sorte de minuscule fenêtre sans carreau. Il y a bien de lanimal à lintérieur. Deux, en vérité, de lespèce dite supérieure : humaine. Tendrement enlacés, nus, allongés sur une couverture, Mikael subit les assauts du conducteur de tracteur. Ce dernier sodomise son amant, jouant avec dextérité de son long pénis. Le jeune glousse sa joie. Dun coup, les amoureux ne bougent plus, aux aguets. En cherchant une meilleure position, Aubin vient de marcher sur du bois mort. Mikael déclare, inquiet :
<< - Ya quelquun quarrive. Faut décamper !
- Mais non, on risque rien ici.
- Toublies lAubin qui traîne dans les parages. Faut aller voir ! Bouge pas, jy vais. >>
Rapide, Mikael se lève, saute quasiment dans son pantalon, passe sa chemise, laissant pantelant son compagnon à la queue turgescente dans un préservatif. Ce qui donne à Aubin le temps de filer derrière la haie bordant le pré. La cachette savère peu sûre. Découvert, lintrus proteste :
<< - Jai juste entendu des voix, jallais partir. Je ne voulais pas vous déranger. Va rejoindre ta belle, elle doit simpatienter. >>
Mikael, rassuré par ce mensonge, retourne à la maison tandis quAubin regagne son campement la tête pleine des corps entrevus, de la longue queue, format gourdin, pénétrant vivement les entrailles dun amant frémissant sous les coups. A peine revenu, il sallonge sur son duvet, baisse son short. Sa bite jaillit, humide, grosse mais courte, lourde. Il sen empare dune main tandis que lautre tâte délicatement les couilles. Dans sa tête, il voit presque les ébats des deux autres. Langoureusement, Mikael se déshabille à nouveau, devant les yeux gourmands de son compagnon au braquemart tendu. Ils reprennent contact par un corps à corps effréné. Très vite, la grosse bite simmisce dans lanus quelle a précipitamment quitté. Les va-et-vient reprennent, endiablés. Les doigts caressent, griffent. Les bouches embrassent, mordillent. Des gorges émanent plusieurs sons aux intensités différentes. Des pénis séjectent dénormes jets de foutre. Cest le moment que choisit Aubin pour éjaculer abondamment, dans un soupir de grande satisfaction. Il bande toujours, conservant dans sa tête limage de ces corps en ébullition. Une seconde branlette savère indispensable.
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Un bruit de moteur réveille Aubin qui ne veut pas sortir de la tente. Las ! Une voix lappelle quil reconnaît. Elle insiste. Des pas approchent. Excédé, Aubin ouvre juste le minimum pour le passage de sa tête. Planté devant lui, louvrier agricole déclare à brûle-pourpoint :
<< - Allez garçon ! Mla fais pas ! Jsais qutas tout vu. LMikael y croit qunon, mais cest encore un jeunot. Toi tas déjà dla bouteille, ça ssent ces choses là. Pas mal lcoup dla fille pour pas leffrayer. A marché le ptit, pour sûr.
- Non, je nai pas tout vu. Dès que jai compris ce qui se passait, jai filé. Cest tout.
- Alors pourquoi tcacher derrière la haie ?
- Simple réflexe.
- Ouais, tas raison, jvais tcroire, pour sûr. Ça ta plu dnous voir, lMikael et moi, en train de sla donner.
- Je vous dis que je nai eu le temps de rien voir.
- Allez, mla fais pas, garçon ! Jsuis un vieux dla campagne, moi. Jentends tout. Tas rgardé au moins deux ou trois minutes. Pas vrai ?
- Peut-être, je ne sais pas.
- Cest mieux comme ça. Les menteries ça paie pas. Jsuis venu pour tdire quy faut pas emmerder le ptit avec nos histoires dcul. Et moi encore moins. Rmarque, ici personne te croira si tu vas vomir des trucs sur nous. Mais ty essayes pas. Voilà, cest tout cque javais à tdire. Sinon, on peut rester copains, moi et toi.
- Je naime pas parler de la vie privée des autres. Vous naviez pas besoin de me menacer. Jai assez à moccuper avec mes fesses sans aller mintéresser à celles des autres. Sauf dans un lit, cela va de soi.
- Alors on sentendra bien ltemps que tu resteras parmi nous. Tu veux que jtemmène au patlin ? Si oui, grouille, jai pas trop dtemps. Moi jmappelle Modeste.
- Merci, Modeste. Mais pour aujourdhui jai ce quil me faut. Demain daccord.
- Pas avant 11h. Ça tva ?
- Parfait, à demain.
- Fais gaffe ! Reste pas sous les arbres quand lorage pète. Ça attire la foudre. Et yen a un qui sprépare, sûr et certain. >>
Un fois seul, Aubin procède à sa toilette dans la rivière, avale un solide petit déjeuner. Il se sent en grande forme. Hier il ne savait que faire de son temps. Aujourdhui il a un but : conquérir Mikael ou/et Modeste afin de passer dagréables heures en leur compagnie, tête-à-tête ou trio, peu importe ! Quelques mouvements de gymnastique, un peu de jogging, rangement sous la tente et autour permettent de passer le reste de la matinée. Déjeuner frugal, lecture sous un chêne. Vers 16h le nouvel orage sannonce. Aubin décide de gagner la vieille petite maison dans le pré au pas de charge. Cent mètres avant datteindre son but, il crie :
<< - Ya quelquun ? Je viens me mettre à labri ! >>
Ainsi, aucun risque de surprendre une amourette en plein développement charnel. Il prend son temps pour parcourir les derniers mètres. Personne ! Il le regrette presque. Dehors, les éléments se déchaînent. La pluie pénètre par les ouvertures, emmenée dans les bourrasques de vent. Dans un coin, bien à labri de toute salissure, une couverture proprement pliée. Aubin scrute le sol, machinalement, cherchant les traces des débordements entre Mikael et Modeste. Rien, pas même une capote voire un emballage de capote. Ils prennent leurs précautions, les drôles : prudents ils le sont à nen pas douter. Près de trois quarts dheure sécoulent avant que la pluie cesse complètement, que les éclairs se produisent au loin et que les grondements sestompent. Les rayons de soleil percent les nuages. Un peu transi par la fraîcheur soudaine due à la différence de température, Aubin regagne sa tente à marche e afin de se réchauffer.
Une surprise lattend : la gendarmerie représentée par deux de ses éléments. Le chef salue courtoisement, demande :
<< - Cest vous qui campez ici ?
- En effet.
- Vous avez lautorisation ?
- Jai vu le propriétaire, Mr L
qui ma permis de minstaller ici durant deux à trois semaines. Par contre je nai aucun papier signé par lui.
- Vous avez des papiers didentité ? >>
Aubin fouille dans son sac, tend sa carte didentité que lautre agent prend puis se dirige vers la voiture afin de procéder aux vérifications dusage. Pendant ce temps, Aubin note la ressemblance entre le gendarme resté auprès de lui et Modeste mais en plus empâté, plus lourd, plus âgé. Le second pandore revient, tend la pièce didentité à Aubin en disant :
<< - Tout est OK. Vous êtes parfaitement en règle. Bon séjour parmi nous. >>
Ils saluent et sen vont. Aubin pense immédiatement à une sorte davertissement de Modeste : tu te tais et tout va bien, tu parles et tu as la gendarmerie aux fesses. Ce qui ne lui plaît guère.
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Comme promis, Modeste arrive à 11h pétantes. Aubin, vêtu dun jean, dun polo, de baskets, dun blouson léger, grimpe sur le tracteur. Les deux hommes se serrent la main, grands sourires aux lèvres. Le véhicule à peine reparti, Aubin attaque :
<< - Alors comme ça tu envoies ton père le gendarme pour contrôler que je ne suis pas un truand. Cette menace était inutile, tu sais.
- Tes fou ou quoi ! Dabord cest pas mon père, cest mon frère aîné, Virgile. Moi jfricotte pas avec les pandores. On sparle plus, moi et lui. Cest mon patron qua fait ça, à coup sûr. Y tient à srassurer sur ceux quy reçoit dans sa propriété. Juré, garçon !
- Je te crois. >>
Tout en disant cela, Aubin tapote lépaule de Modeste qui jette un regard vers lui. Aubin reprend :
<< - Mikael et toi, cest de lexclusif ou du sérieux ?
- Ah tu vois qutu as tout vu, par le fait ! Jsuis chargé dfamille, garçon. LMikael cest mon casse-croûte en extra, si tu vois cque jveux dire. Y sait ça. Moi, si un autre casse-croûte sprésente, jdis pas non. Et lMikael y cherche lgrand frisson avec une paire de couilles commac. Voilà, tu sais tout cquy a à savoir.
- Je te conviens comme casse-croûte en extra ?
- Pas drefus ! Jbourre bien tu sais.
- Dommage ! Toi et moi ça ne marchera pas.
- Pourquoi donc, garçon ?
- Je bourre aussi, voilà pourquoi.
- Oh cest que ça ! Tinquiète on sarrange toujours une fois quon a la queue en lair. Bon, cest pas ltout mais on arrive. Jpense quon va srevoir, moi et toi. >>
Comme la fois précédente, la clientèle traîne après ses achats. On veut savoir tout de ce jeune homme. Ce, dautant que les personnes présentes sont toutes du sexe féminin, entre deux âges à savoir 40/60 ans, la plupart célibataires ; les mariées reluquant vers des fruits moins blets que leurs légitimes. On médit à voix basse tout en rêvant à des exploits coquins. Aubin na cure de ces bavardages bien trop préoccupé par un Mikael rouge comme un coquelicot lorsque son client sapproche du comptoir. Son visage reprend une couleur à peu près normale en constatant la mine indifférente de lautre. Rien ne laisse deviner les pensées des deux garçons, pensées donnant dans le nu avec contacts polissons. Aubin règle. Mikael, de nouveau cramoisi, propose :
<< - Je peux livrer, si ça vous arrange. Cest que dporter tout ce barda, ça vous tue, croyez pas ? Cest pas plus cher mais faudra attendre la fermeture vers 13h. Ça vous va ? >>
Aubin accepte dun geste du crâne. En quelques dizaines de minutes il vient de capter lattention de deux mecs totalement différents mais très alléchants. Les jours à venir promettent de joyeuses galipettes. Il sapprête à rentrer à pied. En sortant du magasin, une femme le bouscule par "inadvertance". Il nest pas dupe : on cherche par tous moyens à converser avec lui afin de savoir. En toute conscience, il joue le jeu. La bonne dame se confond en excuses, se présente : Mélanie, la bonne du propriétaire des terres occupés par lui. Enchanté, Madame. Non, Mademoiselle. Et la miss denchaîner franco :
<< - En vacances dans notre région ?
- En effet.
- Et vous êtes dans quoi comme métier?
- Rien pour linstant.
- Vous vivez de lair du temps, alors ?
- En quelque sorte, oui.
- Jai compris, vous me chambrez. Je suis trop curieuse, hein ? Faut pas men vouloir. Vous savez, faut pas croire, ici on aime bien les étrangers. Ça nous change. Toujours voir les mêmes têtes, cest pas drôle à la longue. Si vous avez envie de causer, hésitez pas. Nous autres on nest pas bégueules. Pas comme les patronnes quen peuvent plus tellement quelles pètent plus haut que leur cul, croyez moi.
- Attention, elles pourraient vous entendre.
- Pas de risque, elles se salissent pas à venir ici. Toutes, on est employées de maison. Enfin celles que vous voyez dans la boutique. Les patronnes restent entre-elles. Bon, cest pas le tout de bavasser mais le sauté de veau faut que ça mijote. Allez, à la revoyure, Msieur Aubin. >>
Aubin se fend dun grand sourire, regarde la femme séloigner en vélo. Sur le chemin du retour, il cogite : bizarre ce village. En fait, il ne connaît que la rue principale et son unique multi-commerce. Une virée de reconnaissance ne serait pas désagréable. Il projette den effec une dès cet après-midi.
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Nu, Aubin se dore au soleil. Sa peau rosit malgré les précautions prises. Il va sous les arbres, étale une serviette de bain, sallonge en attendant la livraison. Lorsquil entend un moteur sarrêter, il ouvre un il guettant le moment où Mikael lapercevra afin de se couvrir pudiquement comme sil avait été surpris. La feinte se déroule comme prévu, provoquant une nouvelle montée de rouge aux joues du jeune homme qui, une fois à proximité de la tente, déclare, après un salut bredouillé :
<< - Tout y est, vous pouvez vérifier.
- Je te fais confiance, Mikael. Tu as mangé ?
- Oui, un casse-croûte avant dvenir. On a beaucoup dtravail en cmoment.
- Tu as le temps de prendre un café avec moi ?
- Ben
jsais pas trop
.
- Ou alors ce soir, après ton travail.
- Ben
jsais pas trop
- Ne sois pas si timide. Modeste ne ten voudra pas.
- Ah ! Vous savez
y sest pas trompé, lModeste, vous avez tout vu.
- Tu peux me tutoyer, Mikael. Nous sommes du même âge, à quelque chose près.
- Ben
jsais pas trop
jvais essayer
Aubin. Doù quy vient cnom ?
- Je nen sais fichtre rien. Ce que je sais, cest que je suis né le jour de la saint Aubin, le 1er mars. Je n'ai jamais pensé à demander. Si ça se trouve, on m'a donné ce prénom parce que c'était le saint du jour.
- Cest drôle, moi jsuis né le 29 février. Jprends un an qutout les quatre ans !
- Tu en as de la chance. Alors pour ce café ?
- Bon, jaccepte. Mais pas trop longtemps, jouvre la boutique à 2 heures. >>
Mikael sassied sur une grosse pierre, épie Aubin confectionnant un capuccino (soluble). Tous deux se taisent. Linvité ne cesse de déglutir en admirant les pectoraux de lhôte. Ce dernier savoure déjà sa future victoire, jurant de ne pas blesser ce garçon si naïf. Il lui tend une tasse :
<< - Attention cest très chaud.
- Cest du capuccino, hein ? Jaime bien.
- Dis-moi, Mikael, Modeste cest ton petit copain ? Je veux dire ton amoureux ?
- Oh non ! Juste quy ma appris. Cest avec lui, la première fois. Mais on lfait pas souvent. Ya sa femme qui lsurveille. Elle croit quy la fait cocue avec une autre femme. Cquest vrai. Y va aussi avec dautres femmes. Mais jmen fous. On est libres tous deux. Quand même, jai pas beaucoup doccasions de mdistraire, ici.
- Ça te dirait de passer quelques moments ensemble, toi et moi ?
- Ben faut voir
- Je ne te plais pas ?
- Oh si ! Tes chouette comme gars. Mais jai pas lhabitude avec quelquun que jconnais pas. Alors tu comprends
- Bien, alors faisons connaissance dabord. Ensuite, on verra. >>
Ils dégustent leur capuccino en silence. Sa tasse vidée, Mikael se lève :
<< - Faut que jme grouille sinon jvais être en rtard. Jsuis content quon soient copains, moi et toi. Ce soir, vers 10 heures, ici. Tes daccord ?
- Daccord. Moi aussi je suis content que nous soyons copains, toi et moi. >>
Aubin se lève à son tour. Espiègle, Mikael sapproche et dépose sur les lèvres de son nouvel ami un rapide bisou puis rejoint son vélomoteur en courant. Lorsquil entend la machine démarrer, Aubin soupire daise, main dans son short où regimbe sa grosse queue pleine de désirs.
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La commune est très vaste. Une centaine de villas complètent ce quil convient dappeler la banlieue du bourg. Toutes sont pourvues dun petit parc, se dressent fièrement, élégantes, sans ostentation. Le promeneur note les voitures haut de gamme dans presque toutes les propriétés. A chaque rencontre, il lance un aimable bonjour rehaussé dun sourire. On lobserve continuer son chemin, un peu sur le qui-vive. Ici, que du cossu voire du riche. Jeunesse rare, vieillesse foisonnante. Apparemment, on vit entre gens du même monde. Le personnel se rencontre, palabre, échange, au bourg. Les patrons se reçoivent les uns et les autres, à domicile. La vie semble suivre son cours comme une "machine bien huilée". Lui, Aubin, deviendrait le possible grain de sable, susceptible denrayer ce parfait mécanisme, que cela naurait rien détonnant. Il hausse les épaules. Tout ce petit monde emploie pas mal de personnes à en juger par la vastitude des parcs, leur entretien impeccable, tout comme le rutilant des maisons, jusquaux garages et remises à outils fraîchement repeintes. Ici, on est soucieux des apparences. Les haies sont taillées, les pelouses tondues régulièrement. Pas un brin dherbe, pas une branche, ne dépassent. Tout est maîtrisé selon le goût de chacun. Cest beau, certes, mais cest triste. Rien doriginal, rien de féérique. Cest vrai que lon doit copieusement semmerder dans le patelin, se dit Aubin. Mais quand même, ils doivent bien avoir un exutoire, les gens dici. Charge à lui de trouver lequel. Il regagne son coin.
Les journées sécourtent. Les soirées fraîchissent. Cette fois, cest sûr, lété sachève et la canicule avec. Des nuages samoncellent à lhorizon ce qui nenchante guère le vacancier. Ses inquiétudes se volatilisent lorsque la mobylette sarrête. Mikael pose lengin contre un arbre. Aubin, couché sous la tente, cherche à deviner les gestes de larrivant. Il voit un pan de toile qui se lève, aperçoit le visage rouge, mais souriant. Dune voix douce, rassurante, Aubin linvite à le rejoindre. Sans hésiter, Mikael sallonge contre lui, reçoit un premier vrai baiser. Les corps se détendent, se rapprochent. Les bras les enveloppent. Les langues jouent entre elles. Ils reprennent leur respiration. Mikael en profite pour demander :
<< - Promets que tu me fra jamais dmal ! Vas-y promets !
- Pourquoi je te ferais du mal ? Je nai aucune raison.
- Promets-le, Aubin ! >>
Le garçon supplie du regard. Aubin cède :
<< - Promis, juré, sur ma propre tête, jamais je ne te ferai de mal, Mikael.
- Alors jsuis tout à toi. Vas-y, dis-moi cquy faut que jfasse pour qutu sois content.
- Laisse-toi aller, détends-toi, cest tout ce que je désire. >>
Les bouches se retrouvent. Les bassins se rejoignent autorisant les sexes à se deviner, à sévaluer. Les mains entrent en action. Ballet des doigts agiles qui titillent çà et là. Les braguettes gonflent à lexcès. Leur ouverture provoque une brusque sortie de pénis parfaitement raides, gorgés de sang. Doucement, Aubin déshabille son amant tout en admirant chaque recoin de son corps. Pas mal foutu, le jeunot. Certes il nest pas très développé musculairement. Quimporte, il en est encore que plus touchant. Aubin le serre fort entre ses bras, entre ses cuisses, contre son ventre, mettant un peu plus de conviction dans la pelle quil lui roule goulument. Il se sépare du corps juvénile, linstant de se dévêtir. Il voit une tête se pencher sur son bas ventre, sent des lèvres sapproprier son braquemart au diamètre imposant, à la longueur moyenne. La bouche engloutit le bâton de chair quelle caresse et taquine avec la langue. Le sucé sallonge à son tour, se positionnant afin de donner la réplique. Lui aussi engloutit le long vit de son amant qui gémit sous le merveilleux supplice. En rythme, ils sinfligent une fellation des plus délectables. Une grande douceur prime dans léchange des plaisirs. Aubin éprouve le besoin impérieux de soffrir. Avec gentillesse, il impose son nouveau jeu en sasseyant sur le vit roidi, après lavoir revêtu dune capote, introduisant la longue tige dans son anus. Mikael, un moment surpris, renâcle un brin : peur de ne pas être à la hauteur pour cette première. Lautre le tranquillise lui promettant que tout se passera bien. La montée de la sève aidant, le jeune enculeur ne bronche plus, trop occupé à faire connaissance avec les sensations nouvelles. Les gémissements samplifient pour devenir cris de jouissance alors que certains jets de sperme inondent le préservatif tandis que dautres maculent les corps. Ebloui par lévénement, Mikael éprouve beaucoup de mal à reprendre la réalité du moment. Il bredouille son émerveillement :
<< - Jsais pas quoi tdire. Javais jamais fait ça comme ça, avant. Cest autre chose quavec Modeste ! Tes doux, tu toccupes bien dmoi. Jsais plus cque jdis... Vas-y, mets-la moi, cest à ton tour. Jte ldois. Mais fais vite, va falloir que jrentre sinon mes parents vont sfaire un sang dencre. >>
Aubin accentue son sourire, clos le monologue par une pelle passionnée puis laisse entendre que les ébats en resteront là pour cette nuit :
<< - La prochaine fois, promis. On se fait un gros câlin avant que tu partes, cest tout. >>
De nouveau, les bites se dressent. Malgré la résolution de remettre à plus tard, le couple se laisse entraîner vers une seconde joute. Heureux de satisfaire son amant, Aubin le pénètre tendrement après lavoir longuement sucé. Il pistonne de plus en plus vite ce jeune anus généreusement offert. Soucieux darriver à la jouissance en même temps que lui, Mikael se masturbe au rythme identique à celui des poussées de reins. Opération réussie. Des cris, des spasmes, signalent lexplosion des sens. Quelques minutes deviennent nécessaires afin de calmer les respirations, déchanger des caresses, des baisers. Avec douceur, Aubin essuie Mikael tout en lui prodiguant certaines papouilles. Celui-ci se rhabille enfin. Avant de partir, il décrète :
<< - Jregrette pas. Jsuis même heureux. Mais jtiens pas à mattacher à toi. Tes un dangereux. Ça ssent ! Tu niques trop bien pour quça soye sincère. Mais jte livrerai quand même. On sla donnera plus, cest tout. >>
Mikael sen va, sans un au-revoir, sans un bisou, laissant un Aubin pantois.
À suivre
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