Evasion (3)
La nuit na pas porté conseil. Aubin sapprête à quitter les lieux, après le petit déjeuner servi dans le jardin dhiver où le rejoint son hôte :
<< - Content de vous voir, mon cher Aubin. Je vais être direct. Hier, jai pu apprécier un peu de votre personnalité. Vous me semblez débrouillard, instruit. Je sais que vous êtes en année sabbatique mais ce que je vais vous proposer ne devrait pas vous déplaire. Voilà ce dont il sagit. Jécris un livre sur notre village dont le passé historique nest pas inintéressant, loin de là. Je suppose que vous êtes familiarisé avec internet. Personnellement, je passe mes journées, ou presque, dans les archives municipales, dans les presbytères du coin ou chez les particuliers. Ici, ce sont pour la plupart de très vieilles familles ayant racine depuis plusieurs siècles. Mon épouse ne s'intéresse pas à ma petite marotte. Je nai personne pour maider et votre rencontre tombe à pic dautant que je suis peu doué dans lart de déjouer les pièges du web, comme on dit. Bien entendu, vous seriez nourri, logé blanchi avec des émoluments. Cela ne devrait pas durer plus de trois à quatre semaines. Ne me répondez pas tout de suite. Réfléchissez. Nous pourrions en reparler ce soir au dîner. Quen pensez-vous ?
- Jai prévu de partir dici une heure environ.
- Rien ne presse, mon cher Aubin, rien ne presse ! Une journée de plus ou de moins... Si vous persistez à vouloir nous quitter, eh bien vous le ferez demain ! >>
Aubin se concentre quelques secondes avant daccepter de remettre son départ au lendemain. Heureux de cette décision, lex médecin ajoute :
<< - Parfait ! Jai préparé un petit dossier à votre attention, histoire de vous donner un aperçu. Lisez-le si cela vous dit. Ah! Une dernière chose, mon épouse serait très heureuse si vous nous appeliez par nos prénoms. Elle cest Mathilde, moi Paulin. >>
Alors quil se prélasse sous les premiers rayons de soleil de la semaine, Aubin décide de rester.
Dans la soirée, discussion devant une fricassée de perdreaux. Mr Paulin ne veut rien entendre : il refuse loffre de bénévolat de la part dAubin. Ce dernier insiste : ou il effectue ces recherches gracieusement ou il part. Mme Mathilde intervient. Son époux cède à une condition :
<< - Bon, daccord mais je mettrais un petit remerciement vous concernant, dans lavant-propos du livre. Jy tiens. >>
La collaboration commence le lendemain matin même.
Le travail na rien décrasant, une fois le léger retard rattrapé. Aubin dispose de pas mal de temps libre. Mathilde passe le plus clair de ses journées à papoter avec ses copines, tantôt chez lune, tantôt chez lautre. Le personnel de la maison se fait le plus discret possible. La nourriture est délicieuse, variée, copieuse. Le nouveau « secrétaire » commence à se plaire, ici. Il ne fréquente plus le commerce du village où, maintenant, on croit tout savoir de lui. Ce que lon ne sait pas, on linvente.
Lors dune promenade digestive, aux environs de 14h, Aubin remarque un groupe de jeunes, filles et garçons, une quinzaine à peu près. Cette jeunesse, ici, le surprend. Il sétait presque convaincu de ne voir que des gens âgés dans ce patelin. Il continue son chemin. Une vraie vie sociale manque à son bonheur. Certes, Mathilde et Paulin sont le charme personnifié, mais question érotisme
. Le chemin devient boueux. Aubin fait demi-tour. Presque plus personne chez les jeunes, tout au moins dehors. On danse, portes et fenêtres fermés. Est-ce lheure des coquineries ? Certainement pas, les parents ne doivent pas être loin. Un garçon, 21 ans à peu près, déambule, mains dans les poches. Il salue le promeneur qui note le sourire parfait, les yeux scrutateurs. Il répond :
<< - Vous prenez lair entre deux volutes de fumée ?
- Oui et non. Disons que je ne me sens pas très à laise.
- Moi je mappelle Aubin. Je suis ici pour quelques semaines.
- Elias, ravi de te rencontrer. Ma cousine ma invité. Je repars demain. Tu te promènes ?
- Comme tu vois. Je passe le temps.
- Ça te dirait de venir à la fête ?
- Merci, mais je ny tiens pas trop, Élias
- Moi non plus, en réalité. Si on faisait un bout de chemin ensemble ?
- Va pour le bout de chemin !
- Arrête-moi si je me trompe. Tu es chez Mathilde et Paulin, nest-ce pas ? Cest toi qui lui donne un coup de main pour son fameux bouquin ?
- Exact
>>
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Dans sa chambre, Aubin tente de retrouver le parfum dÉlias, sa démarche, la douceur de sa peau effleurée à maintes reprises, le son de sa voix calme et énergique à la fois. Une compagnie aimante arrangerait bien des choses, entre autres lhumeur. Aubin se contemple dans la glace collée à une porte de placard mural. Ce séjour campagnard produit sur lui le meilleur effet ! Il lui semble contempler un autre corps que le sien. Aucune vilaine trace dune vie débridée. Oui, cette quasi retraite sied à son corps. Pour la première fois depuis son départ, il se demande ce que devient Gus. Il écarte le sujet : il se doit doublier, vivre autre chose, loin de toute lagitation de jadis, des pièges de jadis, de lenfer de jadis.
Aubin, tenue correcte exigée, pénètre dans la salle à manger à 20h pétantes.
Ce soir, grand raout mondain ! Nombre dinconnus papotent. Il ne cache pas sa surprise en apercevant Élias en conversation avec Mathilde qui, le voyant, se charge des présentations. Sourires complices des deux garçons qui se gratifient dune chaleureuse poignée de mains, un peu plus longue que la bienséance lexige, ce dont personne ne se rend compte. Leur plaisir augmente lorsquils se voient mis côte à côte pour le dîner.
La maîtresse de maison sest surpassée, tout au moins sa cuisinière. Les plats défilent, se vident intégralement. Par moment, les seuls bruits que lon discerne sont ceux de la mastication, de la déglutition.
<< - Une promenade digestive, ça te dirait ? Pas longue, évidemment. Juste pour aller jusquà mon palace privé. >>
Aubin opine du chef. Il remarque que Paulin lobserve. Après dîner, les quelques jeunes présents se retirent, poliment, prétextant leur retour à luniversité le lendemain. Élias les imite, Aubin sexcuse et veut se retirer dans sa chambre.
Les deux jeunes gens se retrouvent, cinq minutes plus tard, derrière la maison. Ils prennent un petit sentier menant tout droit vers un bungalow. Élias précise :
<< - Mes parents ont fait construire ce truc en dépannage quand nous avons trop de monde à coucher. On ne sen sert jamais. Sauf moi quand jai la chance de trouver la perle rare.
- Ils sont au courant ?
- Non, pas du tout. >>
Lendroit, simple, fonctionnel, très propre, manque de chaleur. Heureusement, les futurs amants se noient regards dans regards, oublieux du décor. Les vêtements glissent au sol, aidés par des mains adroites aux doigts agiles. Lèvres contre lèvres, corps contre corps, deux êtres se livrent aux délices de la chair, sans retenue, seulement soucieux des plaisirs à donner et à prendre. Ils devinent les sexes coulisser entre les bas-ventres tandis que les corps ondulent en un ballet où deux danseurs ne veulent en faire quun. Les jambes se croisent, se mêlent. Les peaux, maintenant totalement à nu, sélectrisent mutuellement. Lappel dune possession complète devient de plus en plus pressant. Les mains virevoltent, procurant les caresses magiques. Une sorte de féérie sempare des amants devenus subitement prestidigitateurs dans lart daimer charnellement. Ils ne prennent pas le temps de se contempler, trop désireux de se savourer. Les deux hommes balancent doucement leurs corps vers le sol où ils sétendent toujours unis.
Aubin, dune voix gorgée démotion, murmure à regret :
<< - Je dois y aller. >>
Après mille et un baisers, mille et une caresses, ils se lèvent, se rhabillent sans mot dire. Une fois prêts à quitter lendroit, Élias déclare calmement, tendrement :
<< - Cétait trop merveilleux. Recommencer serait détruire le souvenir de telles étreintes. Restons-en là, veux-tu ? >>
Une réponse savère inutile. Lun regagne le logis familial, lautre fait quelques pas avant de rejoindre celui de ses patrons.
Aubin traverse le salon, chaussures à la main. Il gagne sa chambre sans même sapercevoir dune présence dans un des vastes fauteuils. Chagrin mais rasséréné, Paulin monte se coucher dès que son "secrétaire" a refermé la porte de sa chambre.
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Le lendemain, lors du déjeuner, sans Mathilde partie chapeauter une quelconque uvre de bienfaisance, Paulin et Aubin se retrouvent en tête-à-tête. L'un paraît sombre. L'autre rêvasse. Les deux grignotent leurs assiettées de ris de veau à lancienne. Enfin, le maître de maison sinquiète:
< - Je me demande si vous ne vous ennuyez pas parmi nous, Aubin. Vous êtes jeune, vigoureux, plein de vie. Je me trompe ?
- Oui, vous vous trompez. Certes, je ne passerai pas ma vie ici. Mais, pour lheure, je suis bien, même si parfois je mennuie. Jai limpression quici on ne connaît pas la méchanceté, la jalousie, que tout est serein. Je sais quil nen est rien. Tant pis, je veux le croire, jen ai besoin.
- Je crois vous comprendre, Aubin. Nous aimerions, Mathilde et moi, vous aider à retrouver cette joie de vivre que vous ne semblez plus guère éprouver. Non ! Ne dites rien et ne vous croyez pas tenu de me faire des confidences. Je vous exprime simplement ce que nous ressentons. Sachez seulement que, quelles que soient les épreuves que vous avez subies, la vie doit reprendre le dessus, le goût de vivre, devrai-je dire. Vous êtes un très beau garçon, bourré de qualités, très attachant. Jallais dire très attirant. Ne gâchez pas tout cela. >>
Paulin regarde tendrement son vis-à-vis qui le remarque, le remercie avec un large sourire.
Laprès-midi studieuse accapare les deux hommes. Aubin note certains frôlements de la part de son patron. Cette attitude cause chez lui une certaine répulsion incontrôlable quil tente de cacher avec difficulté. Cet homme légèrement bedonnant, presque chauve, lui rappelle trop certains personnages jadis fréquentés. Reviennent en mémoire les effleurements sur ses fesses, les regards énamourés mais ô combien salaces ! Plus jamais ça, se dit-il ! Il exige du jeune, du ferme ! Modeste oui ! Mikael oui ! Élias oui ! Paulin jamais !
La soirée se prolonge plus que de raison. Mathilde se fait maternelle avec ses deux hommes, comme elle dit. Paulin lance quelques illades à un Aubin devenu distant, qui se promet de fermer sa chambre à clé pour la nuit. La pensée de quitter les lieux au plus tôt sancre dans son crâne. Le temps se fait clément : plein soleil la journée accompagnée dune certaine tiédeur de lair, ciel clair la nuit sans frimas automnaux excessifs. Un bus passe deux fois par jour qui pourrait lemmener vers une destination au hasard de son humeur. Pourquoi ne pas reprendre contact avec Mikael et, par lui, avec Modeste ? Après tout, ils ne lont pas définitivement repoussé. Reste à annoncer la nouvelle à ses hôtes. Quelle explication leur donner ? Quimporte ! Il na aucun justificatif à fournir, il est libre.
Nuit de sommeil profond, sans rêve. Première nuit calme, en vérité. Aubin pense avoir passé le plus dur dans sa quête à loubli. En bas, une voiture démarre. Il regarde par la fenêtre : Paulin sen va pour la journée. Aubin procède à sa toilette, descend prendre le petit déjeuner. Il croise Mathilde affairée, la salue courtoisement. Elle sarrête, laccompagne dans la salle à manger, sassied en face de lui :
<< - Aubin, je devine que vous envisagez de partir. Inutile de le nier. Notre petite communauté nest guère folichonne pour un jeune comme vous, habitué à une vie bien plus exaltante que la nôtre.
- Mathilde, croyez bien que
- Laissez-moi parler, Aubin. Merci davance. Je connais mon mari, mieux que vous ne le pensez. Je sais ses, comment dire
ses errances. Notre mariage est de raison, pas de cur. Ce qui nempêche nullement que nous soyons très attachés lun à lautre. Nous avons une totale confiance lun envers lautre. Nous ne nous cachons rien. Il ma parlé de son
errance vous concernant. Nous avions cru fonder une famille et projetions davoir au moins deux s. Ma nature nous a refusé cette joie. Néanmoins, notre amitié, que je qualifierai damoureuse, na jamais faiblie. Nous sommes à un âge où tout devient difficile : trop de choses sachèvent ou vont sachever à très court terme. Paulin résiste de plus en plus désespérément contre ses penchants véritables qui, vous lavez compris, lentraînent vers vous. Votre départ précipité serait dommageable pour lui. Restez jusquà la fin prévue. Je vous assure quil ne fera rien de déplacé à votre encontre. Sa timidité naturelle ly aide énormément, tout comme ma présence. Mais la vôtre, de présence, lui apporte beaucoup. Si vous jugez ne pouvoir rester, je respecterais votre décision sans une once de reproche. Dans ce cas, mon mari ressentirait ce départ avancé comme un rejet de sa compagnie. Je mexprime mal mais jaimerai tellement que vous me compreniez
>>
Aubin rassure : il restera sous réserve dun comportement irréprochable de Paulin, pas de gestes équivoques, pas de paroles oiseuses. Mathilde promet, elle y veillera personnellement assurant ne plus avoir doccupation en dehors de la maison durant plusieurs semaines.
Aubin se met au travail. Vers 16h, il décide dune promenade qui le mène au village où une envie de glace sempare de lui. Il se rend au magasin unique. Surpris par cette visite, Mikael ne retient pas un :
<< - Quest-ce tu fais là ? Jte croyais avec les rupins ? >>
Aubin hausse les épaules. Paye son achat tout en commençant à déguster le cône. Le jeune rend la monnaie, chatouille la paume de la main de son client (vieille coutume de dragage aujourdhui totalement désuète) suggère :
<< - Tu mas manqué, si on srevoyait ? Dis pas qutu me fais la gueule. Jpense souvent à toi, tu sais. Non vrai, juré ! >>
Rendez-vous est pris. La chaude présence de Mikael fera passer la lourde, mais froide, présence de Paulin.
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Gus déambule dans la chambre, leur chambre. Il revoit le corps dAubin lascivement allongé sur le grand lit, sa grosse queue mollement posée sur une de ses cuisses. Il imagine les bourses velues, brunes, dont il ne tâtera plus les contours. Sans cesse, il se répète ce prénom : Aubin ! Assez pleuré ! Il faut passer à laction, le rechercher, le ramener. Et ce, dautant que la situation ne sarrange guère pour le beau Gus. Les finances sont au plus bas. Pour lui, économiser ressort de linimaginable, de limpossible. Dès quil possède quatre sous, il les dépenses, sans se soucier du comment subvenir au minimum exigé par une survie. Il est vrai quavec Aubin, largent rentrait facilement, régulièrement, de quoi bien vivre. Tous deux formaient une paire denfer ! Cest, du moins, ce que croyait Gus, à tort puisque lautre sest fait la malle. Par où commencer ? Impossible daller quémander un renseignement dans les lieux quils fréquentaient : la fierté, lamour-propre de Gus ne supporteraient pas davouer quil sest fait plaquer. Idem pour leurs amis communs qui, du reste, lignorent de plus en plus. Il devine les ricanements des uns et des autres, trop heureux de le savoir seul, perdu, sans un rond. Alors ?
Lallure élégante, vêtements dernier cri, Gus déambule dans son quartier favori. Là vivent les plus beaux spécimens mâles, selon ses goûts. Trouver un cur à prendre avec tout le reste, recommencer une vie décente avant de se mettre en quête de loiseau envolé. On le remarque, le Gus. On le connaît. On le chérit
de loin. On sen méfie. Cependant, on ne lui résiste que peu de temps. Pensez ! Un tel engin, on ne sen prive pas quand on la à sa portée. Tout un chacun na dyeux que pour le bellâtre qui se pavane, braguette en avant. Il sait son charme, nen joue pas : les proies fascinées ne demandent que sa présence pour ladorer. Michette, un travesti tout frais émoulu des hautes études en tantouzeries, clamait jadis, à qui voulait lentendre, parlant de Gus :
<< - Si le diable lui ressemble, je vais de suite en enfer, quitte à ce quil mignore pour toujours. Aimer sans retour, ça cest de lamour ! >>
Pour le moment, les pensées de Gus voguent vers dautres sujets. Voilà quil narrive pas à savourer la plastique des mecs quil croise. Pourtant, ils ne manquent pas dattraits. Constamment, le corps dAubin supplante les autres dans sa tête. Un tantinet chagrin, Gus convient quil est amoureux du fugitif. Impossible ! Entre eux, seuls le cul et les affaires comptaient. Tout au plus lhabitude de bosser ensemble, de baiser ensemble
non, pas de sentiment dans cette relation là. Va pour lhabitude, un vide laissé par le départ, vide à combler rapidement. Pourtant
. Ces petits tiraillements au niveau des tripes prouvent quautre chose existait, existe encore.
Gus sassied à la terrasse fermée dun troquet, commande un martini bien frais, sans glaçon. Tandis quil déguste son apéritif à petites gorgées, sa longue queue pénétrant le magnifique cul dun Aubin aux anges simprime dans sa tête. Comme il aime se faire sauter, le bougre ! Et cette queue aux proportions bizarres : gros diamètre, longueur moyenne. Comme il la voudrait dans ses mains ! Rien quen y pensant, il bande. Inconsciemment, sa main caresse la braguette, sous le guéridon. Il lui en a fallu du temps et de la patience. Cest quil était têtu, lAubin ! Faut ce quil faut pour se faire obéir ! Quelques horions bien tassés, bien placés, se sont avérés indispensables à une bonne éducation. Il a rapidement compris où était son intérêt. Pour cela, il avait une raison qui primait sur toutes les autres possibles : être le seul à senvoyer en lair avec le beau Gus ! Rares sont les mecs qui peuvent se vanter dune telle prouesse. Car Gus est un homme fidèle à son mec, quon se le dise! Aubin a gagné. Alors pourquoi se débiner quand tout allait au mieux entre eux? Le regard du gamin, comme il lappelait, lui revient en mémoire. Un regard énamouré de chien fidèle. Ça, Gus ne la pas vu plus tôt. Maintenant, gestes, paroles, attitudes, affluent dans son cerveau. Le gamin laimait, laime probablement toujours! Mais lui, Gus, quen est-il? Sil en juge daprès la pelote de nerfs qui entrave son gosier, il savoue épris dAubin à en crever. Voilà la vérité vraie! Celle quil se cachait. Promis, sil retrouve son petit mec, il lui dira tout ça, tout ce quil éprouve en ce moment. Plus jamais de coups sil travail mal ou pas assez. Fini dimposer le boulot, il le laissera choisir. Ils saccorderont, ensemble, de longs week-ends et même des vacances, comme tout le monde. Tiens! Lui, Gus, le mec des mecs, tendra son cul à Aubin pour quil lenfile si lenvie lui vient. Promis, juré! La main continue son massage de braguette. La queue humide au possible glisse le long de la cuisse, entre la peau et le tissu trempé de mouille. Le malaxage ininterrompu provoque une douce éjaculation. Stoïque, Gus laisse sécouler le foutre, insouciant des conséquences. Il vient de jouir, une fois de plus, grâce à son petit mec, son Aubin. Passée lextase, il se lève alors quun ravissant petit minet lui sourit en fixant la tâche humide sur le pantalon.
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Rendez-vous avec Mikael annulé pour cause de grippe. Le fils de lépicier soffre une 39°2 de fièvre contre 39°4 pour Aubin. Chacun de son côté bénéficie de cajoleries médicales, si lon peut dire. Après une longue hésitation, le premier téléphone au second afin de lui annoncer son malheur. Malheur partagé. Etrangement, Modeste sest proposé comme intermédiaire avant de succomber au virus ambiant et de se coucher chaud bouillant et toussant. Une bonne huitaine de jours, pas moins, sont indispensables avant un complet rétablissement.
Mikael reprend le boulot alors que la fièvre ne la pas complètement quitté, tout comme Modeste. Ce dernier constate, sans animosité mais sur un ton envieux :
<< - Les rupins ça prend ltemps. Nous, on prendra même pas ltemps de crever. Pour sûr ! >>
Aubin se rend au village. Il retrouve un Mikael enchifrené mais heureux de le revoir. Pas de cliente pour les déranger : calme plat dans le magasin. Ils échangent leurs impressions sur la grippe, ses effets, puis conviennent de se rencontrer dans un endroit plus intime.
La météo saméliore, elle aussi, après deux semaines de pluie, de vent, de froid. Une sortie de reconnaissance en plein air permet une reprise normale des activités physiques. Trop accaparé par ses recherches, Paulin se fait rare durant les journées, discrets aux soirées, fugitif au petit déjeuner. Toutefois, il reste dune parfaite amabilité envers tout le monde, souriant, heureux diraient certains.
Modeste, n'hésite pas à téléphoner: Aubin, Mickael, histoire de passer le temps et de prévoir quelques menus loisirs plus jouissifs les uns que les autres.
Ces coups de fils gênent Aubin qui ne peut parler librement par crainte dêtre entendu. Mathilde y fait allusion lors dun déjeuner, profitant de labsence de son mari :
<< - Je suis heureuse que vous ayez quelques relations avec les rares jeunes du village. Cela doit vous changer. Dommage quil ny ait aucune jeune fille! >>
Madame soupire, dans lattente évidente dune confidence de la part du convive qui rétorque :
<< - Labsence de jeune fille me convient parfaitement, Mathilde. Je ne suis querrances, si vous voyez ce que je veux dire et pour employer votre langage. >>
Mathilde y va de son raisonnement :
<< - Par ma foi! Je men doutais un peu. Raison pour laquelle je comprends difficilement votre réticence à légard de mon mari. Seriez-vous de ces jouvenceaux qui répugnent à fréquenter des personnes un peu plus matures quelles?
- Disons que, dans un passé récent, jai eu à en souffrir. Les matures, comme vous dites, meffraient mais ne me répugnent pas. Je me méfie de leurs élans auxquels je suis incapable de répondre comme ils le voudraient.
- Aubin, qui êtes-vous vraiment?
- Un très mauvais sujet à étudier, Mathilde.
- Merci pour votre franchise. Je vous en apprécie dautant. Pour en revenir au sujet des errances, Modeste et Mikael ne dédaigneraient pas dy participer, si je comprends. >>
Aubin ne répond pas, Mathilde change de conversation.
De retour au bureau, Aubin peine à se mettre au travail. Il cogite : les matures
. Il les a quittés voilà pas mal de semaines, maintenant. En les quittant, il quittait également Gus, son Gus. Que na-t-il pas accepté, subi, dans lunique perspective de devenir le petit mec du grand Gus! De ce Dieu vivant au sexe envoûtant, au corps prenant. De ce malandrin, faux casseur, véritable bourreau. De cet amant fidèle à un seul mec, à un seul cul. Ce mec, ce cul, cétait lui, Aubin! Mais la note à payer pour cette exclusivité était bien trop élevée. Il lui en a fallu du temps pour comprendre quune autre vie était possible, sans Lui lêtre suprême. Comment léveil a-t-il débuté? Une réflexion émise par un rival potentiel. Mais qui nétait pas un rival potentiel? Toute la tantouzerie lenviait, lui le petit Aubin! Cétait quoi, déjà, cette réflexion? Ah oui!
<< - Aubin, la pauvre chérie! Rien dans le ventre! La lavette du Gus, son maquereau! >>
Ils erraient sur lesplanade du château, lors dune de leurs rares promenades en couple, le Gus et Aubin. Les paroles prononcées dune voix forte, distincte, ne pouvaient échapper au Gus qui na pas bronché. Tout au contraire, fier, il bombait le torse un peu plus quà laccoutumée. Vexé, Aubin ne disait rien. Mais dès cet instant, son cerveau sest mis à gamberger différemment. Le processus, très long, sengageait qui devait le diriger vers un départ définitif. Cela na pas été sans peine. Comment se passer dun corps aussi parfait? Comment se passer de ces yeux tendres et brillants lors de lacte sexuel? Comment se passer de ces jambes qui vous enserrent pour vous garder amant de lautre? Que dire des frissons procurés par ce corps dathlète qui vous transperce avec son merveilleux dard, donnant toute la sensualité dont un humain peut être capable? Difficile de se séparer dun tel chef-duvre! Mais pas impossible. La preuve, Aubin sen éloigne avec succès, semble-t-il. Il en oublie presque les coups, les privations, les humiliations. Toutes ces saloperies émanaient dun dieu nommé Gus. Il dominait, commandait, ordonnait, soumettait. À lépoque, Aubin se pensait faible, maladroit, idiot même. Il se disait que Gus était sévère comme un éducateur peut lêtre envers un gamin indiscipliné mais auquel il est attaché. Jusquoù sest-il avili pour Gus? Jusquau fond, aux tréfonds. Il a tout donné en échange de la présence et de la queue dun dieu appelé Gus. Pas daffection en retour, aucune reconnaissance, aucun remerciement, que des reproches, que des colères, que des coups. Gus se persuadait être le cadeau suprême. Sa seule existence, selon lui, était une incomparable récompense aux efforts dun Aubin estimé chose à baiser, source inépuisable de revenus.
Des bruits de pas sortent Aubin de ses pensées. Sa queue est en érection. Il quitte le bureau, gagne sa chambre. Assis sur la cuvette des W.C. il baisse jean et caleçon. Dune main ferme, il empoigne le gros cylindre largement humidifié de mouille. Les doigts branlent doucement pendant que le cerveau revit une scène érotique avec Gus. Le rythme masturbatoire saccélère. Un jet de foutre sélance qui retombe sur la main et dégouline en une coulée lente. Second jet, seconde coulée. Aubin plie sous la jouissance. Quelques minutes plus tard, il peste contre lui, sinjurie davoir cédé : quand on veut oublier quelquun, on ne se branle pas en pensant à lui!
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Mikael sauterait de joie sil losait. Enfin la voie est libre pour cause de vacances annuelles! La boutique ferme deux semaines durant, les parents partis dans la famille. Une camionnette passe tous les deux jours, aménagée par lépicier dun village voisin, en guise de remplacement. Peu désireux daller vivre cette quinzaine chez une tante à la marmaille nombreuse, Mikael a prétexté son « reste de grippe », sa grande fatigue quun trop long voyage risquerait daggraver. Pas dupe, le père lui décocha :
<< - Ya dla gisquette là-dessous! >>
On ne saurait détromper lheureux homme. Sitôt la voiture sortie du village, Mikael sempare du téléphone. Pas un instant il nhésite : on séclatera chez lui. Modeste répond favorablement, Aubin német aucune objection.
Première visite de Modeste les bras chargés de victuailles et de boissons :
<< - Vlà dquoi se requinquer, ptit lapin! Y vient lAubin?
- Plus tard, en fin daprès-midi.
- Alors on sla donne tous deux, pour sûr. En plus jai une surprise pour toi, rien qupour toi.
- Dis voir.
- Demain, bobonne sen va chez son frangin qua des soucis avec sa régulière : des maladies dbonnes femmes, pour sûr. Par le fait, elle reste là-bas trois ou quatre jours. Elle emmène les mômes avec elle. Vlà mon ptit lapin, on va passer plusieurs nuits bite contre bite, rien qutoi et moi, pour sûr. Ptêtre bien quon sra bite à cul. >>
Une bonne pelle clôt lannonce. Déjà les bas-ventres montrent certaines proéminences révélant la teneur des envies. Leffeuillage commence. Les lèvres laissent passer des langues avides de se superposer, de mêler les salives. Baisers dans le cou, petits passages dans une oreille, gobage dun lobe puis tétons à titiller, telles sont les occupations des bouches aimantes. Au pied des amants, les habits gisent. Devenus gênants, du pied on les repousse au loin avant de se coller lun contre lautre. Reprise de la respiration. Toujours dans son idée de faire plaisir à Mikael, Modeste saccroupit, happe le vit tendu au gland rougeoyant. Une de ses mains se dirige vers lanus tout proche quelle taquine en tapotant la rosette avant de tenter une introduction discrète. Un passage par les muqueuses labiales permet à la phalange une entrée plus aisée dans le trou des plaisirs sodomites. Le sucé gémit, limite prêt à sévanouir tant il savoure la fellation et les mignardises qui laccompagnent. Modeste se relève, roule une magnifique pelle à Mikael qui, à son tour, se met à genoux et aspire la merveilleuse queue tendue à lextrême. Il singénie à la pomper avidement. Il y met tant de passion que lautre se voit contraint de réfréner les ardeurs de son suceur sous peine déjaculation immédiate. Séparation de courte durée, le temps de gagner la chambre. Modeste sassied sur le lit, bite en mât de cocagne quil encapuchonne dun latex. Mikael la plante dans son anus, sassied doucement sur les genoux de son enculeur, face à lui, et procède à un lever-baisser explosif tout en entamant une kyrielle de pelles plus gloutonnes les unes que les autres. Changement de position. Lenculé, à quatre pattes sur le lit, laisse lenculeur enfourner sa matraque hardiment. Quelques minutes de pistonnage et on en revient à la station assise. Les organismes sont au bord de lapothéose. Le visage de Modeste se crispe alors que sa queue éjecte son jus. Mikael frotte la sienne contre le ventre de lautre et ne tarde pas à lâcher son foutre entre les deux corps. Les amants ne débandent pas. Les rôles sinversent. Au tour de Modeste de recevoir la fine et longue tige de Mikael qui donne tout ce quil peut dans cet enculage. Ils restent ainsi, assis lun sur lautre. Le premier sempalant gaiement sur le vit du second. Pelles, caresses, lècheries, complètent les joies de ces instants et laissent place aux convulsions éjaculatoires. Trempés de sueur, de foutre, main dans la main, lèvres contre lèvres, la démarche quelque peu hésitante, ils gagnent la salle de bain pour une douche coquine.
À suivre
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