Tribu Malumba
- ATTENTION HISTOIRE FICTIVE POUR LECTEURS AVERTIS-
Tribu Malumba organisation et rites juillet à novembre 2007
En préambule, je tiens à préciser que le récit qui va suivre est une réécriture vulgarisée du rapport remis à mon maître de stage quelque mois après mon retour en France- réf. 301 207 vnb, de la faculté des sciences sociales de Carsoy.
Nota : lobservation de lorganisation sociale des hommes de la tribu au-delà de la stérilisation est incomplète, étant pour une grande part inaccessible à une observation féminine. Une étude complémentaire devra être menée par un représentant masculin de la faculté qui accepterait de suivre les rites jusquà leur terme.
Avertissement :
Ne jugez pas trop vite des rites dinitiation et de lorganisation de la tribu Malumba.
Ils vivent ainsi depuis des siècles, totalement isolés du monde que nous connaissons.
Ce que nous considérons à juste titre dans nos sociétés européennes comme des mutilations ou des procédés barbares sont souvent pour eux lun des éléments de leur survie.
Nota :
Je me dois de signaler aux lecteurs que ce récit contient des passages dont la lecture est réservée à des personnes averties.
Partie 1 : Approche et premier contact.
Il pleuvait sans discontinuer depuis six jours. Six jours dune lourde pluie chaude, presque grasse, qui avait complètement détrempé nos affaires dans nos sacs à dos, nous empêchait de faire le moindre feu. Les bâches tendues entre les arbres ne constituaient quun abri dérisoire et inutile, protection plus psychologique quefficace.
Rien dans nos études entamées dethnologie ne nous avait préparés à un terrain aussi hostile. Nous pensions prendre contact avec lune des tribus isolées de la contrée, et établir pour notre maître de stage un rapport nous permettant de poursuivre nos études sous sa direction en troisième année. Lui-même avait rencontré la tribu NKoyo deux ans plus tôt et avait ramené quelques films et enregistrements sonores.
Après six jours de pluie ininterrompue, nos carnets de notes étaient détrempés, notre caméra hors service davoir pris leau, et nous étions dévorés de parasites, isolés en pleine forêt, à quelques journées de marche de notre destination.
Philippe a renoncé le premier à ses vêtements, quand il a glissé sur la pente boueuse qui menait à lemplacement que nous nous étions ménagés pour nos besoins naturels. Il est revenu couvert de la tête au pied de terre rouge et gluante. Il sest déshabillé sans un mot, les mâchoires crispées de colère, et est resté sous la pluie, visage levé et bras écartés, attendant que les flots ininterrompus le lavent.
Jeanne et moi navons sur linstant pas osé le moindre commentaire, tant était évidente sa colère. Jeanne détournait les yeux de son corps nu exposé. Nous savions tous les trois quil nous faudrait lors de lapproche et de limmersion dans la tribu adopter leurs habitudes. Notre professeur nous avait longuement prévenus de cela et nous nous attendions bien sûr, avec quelque appréhension bien compréhensible, à devoir nous séparer de nos tenues de brousses pour la tenue sommaire de la tribu. Cette contrainte à elle seule nous avait presque fait renoncer, aussi bien Jeanne que moi, étant lune et lautre très pudiques.
Malgré les deux semaines passées ensemble, isolés de tout depuis notre descente dun bus brinquebalant et surchargé sur les mauvaises pistes qui nous avait conduits à lorée de la forêt, nous avions, avec il est vrai quelques efforts et quelques gesticulations, réussi à préserver notre intimité et notre pudeur, nous lavant chacun notre tour à labri dune bâche, ou nous baignant séparément quand nous croisions une rivière, les autres guettant lapproche éventuelle danimaux.
Pendant deux ans, javais partagé avec Jeanne un studio, et jamais, même dans cette promiscuité e nous ne nous étions vues autrement plus découvertes quen vêtements de nuit. Lune et lautre étions trop gênées de notre corps, et bien que nous nen ayons jamais clairement parlé, je la croyais aussi complexée que moi, aussi embarrassée de son physique que je létais du mien, bien que très différentes. Elle était plus maigre que mince où jétais opulente, trop de hanches, trop de cuisses, trop de seins. Elle mavait raconté en rougissant linvitation dun jeune-homme qui travaillait avec elle dans un snack à prendre un verre et quelle avait déclinée. Jaurais été bien en peine quant à moi dévoquer lamorce dun quelconque flirt, sinon à remonter à un baiser sur la joue volé par un garçon à lécole secondaire.
Philippe nu devant nous sous la pluie était, pour moi, et me sembla-t-il ce jour-là pour elle aussi, une première découverte en réel du corps nu dun homme. Nous nosions plus le regarder au-delà de lincrédulité à le voir se dévêtir, nosions pas non plus laisser nos regards se croiser, néchangeant que de rapides coups dil empruntés. Jétais partagée entre plusieurs attitudes, protester et lui demander de se couvrir, celle hypocrite de faire semblant de ne mêtre rendue compte de rien, ou de considérer quil sagissait dune utile entrée en matière dans la mesure où nous devrions de toute façon nous dévêtir au contact des indigènes.
Jeanne qui devait vivre le même dilemme, saffairait tête baissée à préparer les sachets de produits lyophilisés qui feraient office de repas, pendant que je sortais les gobelets et couverts de plastique de lun de nos sacs.
Je ne pouvais cependant mempêcher de jeter, à travers les mèches de cheveux mouillés qui pendaient devant mes yeux, de petits coups dil vers les jambes maigres et les fesses blanches, le dos étroit et bronzé. Jeanne qui lui faisait face avait les joues cramoisies et les gestes énervés.
Je retenais un rire nerveux né du ridicule de sa tenue ; Il avait gardé aux pieds ses grosses chaussures de marche et le chapeau de toile achetés, comme nos tenues, dans un magasin de surplus de larmée.
Jeanne et moi avions abandonné deux jours plus tôt les pantalons en toile rude trop désagréables à porter tant ils étaient lourds et irritants pour la peau en étant gorgés deau, ne portant plus lune et lautre que de grands t-shirts kaki arrivant à mi-cuisse et nos sous-vêtements. Le coton mouillé collé au corps par la pluie qui nous dévoilait plus quil ne nous cachait avait fait sourire et hausser les épaules à Philippe, qui sétait fort heureusement gardé dun commentaire égrillard sur nos t-shirts mouillés pour éviter de nous embarrasser plus que nous ne létions déjà.
Javais remarqué en me déshabillant la veille, sous les seins, sur les cuisses et à la taille, lapparition de rougeurs et de boutons nés de lirritation provoquée par les vêtements humides et je venais de voir que Philippe avait autour de la taille et sous les fesses les mêmes marques que moi. Les démangeaisons associées devenaient très gênantes et ce matin javais hésité longtemps à enfiler les sous-vêtements humides sortis de mon sac.
Tous les trois nous nous étions munis de crèmes diverses et des médicaments de base pour un séjour de trois semaines en forêt équatoriale, et tous les trois avions épuisé nos réserves en une semaine à peine, assaillis dès le début par des nuées dinsectes. Ces rougeurs mavaient inquiétée quand je les avais découvertes et je navais plus rien pour me protéger et les soigner.
Enfin propre, Philippe sest excusé de sa tenue. Le ton de sa voix autant que les mots nous a alertées. Il nous a dit avoir découvert sur sa taille et entre ses jambes, là où il avait des rougeurs quil pensait dues au frottement et à lhumidité, de petits boutons quil avait pressés. Cest avec presque un sanglot dans la voix et en bégayant quil nous a dit avoir vu une petite larve, comme un ver se tortillant, sortir dun de ces boutons.
Ayant reconnu lune et lautre ces mêmes boutons rouges sur nos propres corps, le même sentiment dhorreur nous a saisies en lécoutant. Sans plus de pudeur, tellement ce quil nous racontait était pire que notre honte à nous montrer nues, lune et lautre avons sur le champ enlevé précipitamment nos t-shirts et soutien-gorge. Au sanglot de Jeanne, jai compris tout de suite quelle aussi venait comme moi de constater que Philippe avait raison, et que nous étions toutes les deux atteintes du même mal que lui. Les insectes dont la forêt était infestée sétaient logés aux plis des vêtements et les rougeurs que javais vues étaient les traces de leurs piqures infectées, et où, cétait là le pire, certains avaient déposés leurs ufs dans ces zones chaudes.
Affolés tous les trois de ce constat horrible, nous avons fouillés le sac où restaient quelques produits pharmaceutiques, dont nous avons constaté que tous étaient inadaptés à nous débarrasser de ces parasites.
Pendant une longue heure, tous les trois sous la pluie, nous tournant le dos les uns aux autres, nous avons tenté de gratter tous les boutons découverts sous nos doigts.
Jeanne frisait lhystérie, battait des bras et sautait sur place. Je lai immobilisée des deux mains sur ses épaules osseuses, et lui ai intimé de se calmer, tentant de la rassurer de ma voix alors que jétais moi-même très proche de laffolement. Dans son dos, tout au long des traces rouges imprimées sur sa peau par son soutien-gorge, jai gratté les quelques boutons qui apparaissaient, les pressant entre deux ongles comme on le fait de boutons dacné. Jentendais derrière moi les plaintes de rage de Philippe qui tentait déliminer lui aussi sur son corps tous les parasites partout où il ressentait une démangeaison. Des tremblements dans la voix, il a dit ce que nous savions déjà et nosions pas formuler encore : nous allions devoir nous entraider. Il était impossible pour lui comme pour nous datteindre seuls tous les endroits où nous avions été piqués par les insectes invisibles.
Il a étendu au sol sous la pluie lune des bâches de plastique qui jusqualors nous isolait pendant nos ablutions, désormais bien inutile.
Jai aidé Jeanne qui semblait horriblement gênée à sy installer assise après que jaie soigneusement nettoyé son dos. Tentant moi-même dadopter une attitude froide et distante que jétais loin déprouver, jai examiné sa peau sous ses seins étonnamment lourds sur un torse aussi mince, percé deux boutons quelle navait pas vus, dont un sur laréole du sein droit. Jai été surprise de voir son téton se durcir et se dresser quand jai ôté le petit point dinfection de son sein.
Ses jambes tremblaient quand je lai faite sallonger sur la bâche et que je lui ai enlevé son slip de coton. Philippe sétait détourné pour ne pas nous gêner plus que nous ne létions déjà de nous exposer ainsi et jai entrepris de lexaminer entre les jambes, aux endroits où le frottement des élastiques mouillés des sous-vêtements avaient laissés de profondes marques rouges. Jétais plus ennuyée dimaginer quil faudrait ensuite quelle se livre sur moi au même examen quà la vision de ce sexe de femme que je voyais daussi prêt pour la première fois. Je minterdisais pour linstant de penser à un examen similaire de lentrejambe de Philippe, rejetant cette idée en me concentrant sur les jambes de Jeanne.
Pendant tout le temps où je la débarrassais de ses parasites, Jeanne se cachait le visage sous le bras.
Philippe a fini par me rejoindre, me désignant dun doigt un bouton dans la toison de brune de Jeanne que javais oublié. Nous en avons trouvé un tout près de lanus, un autre à lintérieur dune lèvre.
Jeanne sest relevée sans oser croiser nos regards. Ses yeux rougis la trahissaient, elle avait pleuré. Je me suis allongée à mon tour, toute pudeur effacée par la crainte plus grande des sales bestioles que jimaginais sous ma peau.
Philippe soulevait mes seins, les maintenant relevés pendant que Jeanne sactivait. Jétais honteuse de ressentir le durcissement des tétons sous ses mains. Quand jai croisé son regard, son sourire pincé et son haussement dépaule ont fait monter le rouge à mes joues et ren le sentiment de malaise, dautant que je sentais une excitation hors de propos envahir mon ventre, dont jespérais que la pluie incessante masquerait la manifestation quand leur attention sy porterait.
Ma toison fine de blonde leur facilitait la tâche pour nettoyer mon sexe des envahisseurs, et sils se sont lun ou lautre aperçu dune humidité anormale de mon sexe, ils ont eu la discrétion de ne pas y faire allusion. Contrairement à lexamen de Jeanne que son extrême maigreur avait facilité, jai dû adopter une position dégradante pour leur permettre de mexaminer entre les fesses, leur tournant le dos à genoux, lun écartant mes fesses à deux mains pendant que lautre grattait dun ongle ou pressait.
Quand ils mont enfin signifié quils avaient terminé et que je me suis relevée, jétais dans un état proche de celui que je cachais parfois sous les draps, lorsque jétais certaine que Jeanne dormait dans lautre lit de notre studio. Toujours javais honte de me laisser aller à ces caresses déplacées et je men interdisais souvent le droit, mimaginant impure et dépravée. Etre si proche sous leurs yeux et leurs mains de ce même état me procurait un sentiment étrange que je me suis refusée à analyser. Pour la première fois depuis six jours, jai béni la pluie qui avait masqué mon trouble.
Jeanne et moi avons beaucoup hésité et tergiversé à être la première à toucher Philippe. Il avait le premier détecté notre état et nous avait aidées toutes les deux, nous lui devions notre attention.
Lui na pu cacher la marque évidente de son excitation au contact de nos mains. Jai deviné, bien que nen ayant pas lexpérience, que son membre dressé était léquivalent de lhumidité qui mavait envahie. Il sétait caché le visage sous son chapeau ridicule et narrêtait pas de gémir des pardons pour lindécence de sa réaction physique. Jeanne a reconnu comme moi pour ce que cétait ce membre tendu qui durcissait sous nos mains quand nous lécartions à deux doigts pour vérifier lexistence dun bouton dans la toison sur son pubis, puis sur et dessous les testicules soulevés qui roulaient sous nos doigts. Lextraordinaire turgescence à lextrémité du membre qui en avait fait glisser le repli de peau qui le masquait nous permit de voir un bouton qui avait échappé à notre examen jusque là. Jeanne le tenait fermement pendant que je débarrassais le membre du bouton juste sous le bourrelet de chair gonflé quand Philippe sest en partie redressé en poussant un gémissement et quun liquide poisseux et blanchâtre a jailli de lurètre. Cette manifestation soudaine nous a surprises et jai cru constater au coup dil échangé avec Jeanne quelle en était plus attendrie quétonnée. Pendant le reste de lexamen, le membre est redevenu plus mou et plus facile à manipuler.
Philippe sest refusé à prendre la même position que javais adoptée quand nous avons vérifié la présence de bouton à gratter entre ses fesses, préférant relever haut les jambes vers son torse. Lorsquil a repris la position allongée à la fin de notre examen, nous avons constaté que son membre avait retrouvé une forte tension. Sans nous concerter, Jeanne et moi avons vérifié à nouveau que nous navions rien oublié. Cest moi cette fois qui lai tenu dans ma main pendant que Jeanne cherchais de ses doigts sur le scrotum et dessous si rien navait échappé à notre attention. Jespérais, comme Jeanne sans doute au vu du sourire quelle ma adressé, voir encore jaillir du méat le liquide blanc, mais je nai su obtenir le résultat attendu nayant pas bien compris ce qui lavait déclenché la première fois, et nous avons mis fin à lexamen.
Nous nous sommes savonnés sous la pluie pour finir.
Davoir dû nous soumettre à lexamen quasiment clinique des autres nous a aidés à accepter de rester nus. Nous étions à la fois conscients quil sagissait dune mesure de sagesse et de confort, et que cette exposition e de nos nudités nous préparait à la rencontre de la tribu NKoyo.
Les trois jours suivants nous avons progressé, guidés seulement par la lecture dune boussole, sous une pluie permanente. Nous progressions nus, ne portant que nos chaussures de marches pour éviter de nous blesser, et vérifiant attentivement le soir lapparition de nouvelles rougeurs, nen découvrant plus que sous nos cheveux ou dans nos toisons pubiennes. Nous dormions mal, dans nos hamacs couverts pour la nuit de bâches plastiques.
Cest au matin du quatrième jour quun premier contact indigène a été établi, mais pas avec ceux que nous cherchions.
Quand jai écarté la bâche qui mavait protégée de la pluie pendant mon sommeil, jai remarqué le regard figé de Jeanne vers ma droite. En tournant la tête, jai vu deux hommes à la peau très noire immobiles à côté du hamac de Philippe. Lun le regardait dormir, ayant déplacé sa bâche dun bâton long et épais, lautre nous regardait fixement. Au milieu de notre campement, un troisième que je navais pas vu au début, accroupi, examinait nos sacs.
Nous voyant réveillées, celui qui jusque là se tenait immobile sest approché de Jeanne dont il a violemment frappé la tête de son bâton. Jai essayé de sortir de mon hamac, mais il sest approché de moi très vite et avant que je narrive à me dépêtrer de la bâche, il ma frappée à mon tour dun violent coup sur la tête.
Je me suis réveillée allongée sur le sol, une douleur lancinante me vrillant le crâne. Javais les mains liées dans le dos sur une longue branche qui passait entre mes jambes. Quand jai levé la tête, jai vu que Philippe devant moi et Jeanne dans mon dos, étaient eux aussi attachés comme moi à la même branche passant aussi entre leur jambes.
Les trois hommes attendaient accroupis en bordure de la clairière où nous avions passé la nuit. Les hamacs et les bâches étaient pliés sur nos sacs dont les bretelles étaient enfilées aux extrémités de la branche sur laquelle nous étions attachés.
Jentendais Jeanne pleurer dans mon dos. Quand jai commencé à lui parler, lun des hommes a bondi en me menaçant de son gourdin, et je me suis tue. Pour la première fois je les ai observés vraiment. Ils étaient tous les trois entièrement nus et avaient tous les trois une corde enroulée plusieurs fois autour de leur taille. Ils avaient la tête rasée et chacun deux avait deux traces de peinture blanche partant des épaules, se rejoignant presque entre les pectoraux, descendant sur le ventre et contournant le sexe, se poursuivant jusquaux chevilles. Plus tard, jai constaté que ces mêmes peintures se poursuivaient dans le dos, sur leurs fesses et leurs jambes. Ils étaient grands et musculeux, évoquaient ces athlètes noirs que lon voit sur les stades en Europe.
Lune des extrémités de la corde qui enserrait leur taille descendait entre leurs fesses musculeuses et remontait entre leurs jambes, était enroulée plusieurs fois autour du scrotum, repoussant ainsi de manière surprenante leurs testicules étonnamment gros de la base du sexe. Leur membre était maintenu dressé contre leur ventre. Lun des trois devait ressentir une forte excitation car son membre était gonflé comme celui de Philippe lorsque nous lavions nettoyé. La taille du membre était cependant très supérieure à ce que nous avions observé de celui de Philippe.
Quand Philippe, le dernier de nous trois, sest à son tour réveillé, ils nous ont redressés en soulevant la longue branche du sol.
Nous avons marché longtemps, sans notion du temps, quasiment collés lun à lautre, dune marche compliquée par la branche rugueuse qui passait entre nos jambes, maintenue pas nos mains attachées dessus dans notre dos et alourdies de nos trois sacs qui se balançaient, deux à lavant et le troisième derrière. La gêne éprouvée du contact sur mes doigts dans mon dos du sexe de Jeanne et du frottement sur mon propre sexe des doigts de Philippe a disparu avec lextrême fatigue de la marche. A peine ai-je ressenti de la honte à me soulager pendant notre marche ininterrompue, comme javais senti au jet chaud sur mes mains dans mon dos que Jeanne lavait fait elle aussi un peu plus tôt.
A deux reprises, moi dabord, puis Jeanne avons trébuché, provoquant notre chute à tous les trois, et lintervention brutale de nos geôliers pour nous remettre debout.
Nous étions épuisés en arrivant au village, une grande clairière au sol boueux, bordée de cases faites de branches assemblées et tressées, les toitures couvertes de larges feuilles brunes empilées. Les trois hommes nous ont conduits vers le fond du village sous un grand toit de feuilles tendu entre quatre grands arbres. Des s nous ont rejoints pendant notre progression mais se sont arrêtés à quelques pas de la surface couverte, nous laissant y pénétrer seuls accompagnés de nos geôliers. Le plus étonnant était le silence total. Les s ne prononçaient pas le moindre mot, et tous se tenaient à lécart de nous.
Sous le grand toit, les hommes ont dénoués nos liens sur la branche et nous ont abandonnés au milieu de lesplanade emportant avec eux les cordes, la longue branche et nos sacs. Nous nous sommes écroulés au sol tous les trois, exténués. Outre leur extrême fatigue, je lisais sur le visage de Philippe et de Jeanne la même inquiétude que celle que je ressentais. Quand jai relevé les yeux, jai constaté que les s qui nous avaient suivis depuis notre arrivée dans le village avaient tous disparus. Nous étions seuls et aucun signe de vie nétait perceptible hormis quelques traits de fumée montant du toit de quelques cases.
Jusquà la nuit, nous navons vu absolument personne, ni homme ni animal. A plusieurs reprises lun ou lautre dentre nous sabsentait vers la forêt proche pour subvenir à un besoin naturel. Nous aurions pu fuir, si ce nest que nous étions nus, que nos sacs avaient disparus avec les hommes qui nous avaient trouvés.
A la tombée de la nuit, deux s nous ont amené un grand plat rempli dune sorte de purée orangée, et un récipient de bois contenant de leau. Philippe le premier a goûté au brouet qui devait être notre repas. Nous avons bu et mangé, oppressés du silence environnant. Nous avons fini par nous endormir serrés les uns contre les autres au milieu de ce grand espace vide, essayant de nous rassurer de notre chaleur, nosant pas nous parler, nosant pas envisager de vive voix notre situation. Chacun notre tour au cours de la nuit avons été pris de violents maux de ventre, de coliques nous tordant de douleur.
Quand le matin les s nous ont à nouveau amené un autre grand plat du même brouet que la veille, aucun de nous ny a touché, et nous avons tour à tour utilisé une partie de leau pour nous laver de la puanteur de nos douleurs de la nuit.
A suivre
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