Renaissance

Des mois que cela dure... Amélie n'en peut plus. Son nouveau poste, ses
responsabilités, ce projet qui lui prend tant de temps et le client qui n'en a rien à
faire, qui ne reconnait même pas ses efforts. La routine quotidienne, ses amants d'un
soir, qui partent au petit matin, sans un bruit. Les réunions de familles, les soirées
entre amis où elle est le n° impair...

Elle sent sa vie lui échapper petit à petit. Elle aurait envoyer tout valser, dire
"stop, je suis là" ! Alors, lorsque son DRH lui a rappelé qu'elle devait solder ses
congés, elle a sauté sur l'occasion. Mais tout ne se ferait pas seul. Il fallait
qu'elle puise en elle la volonté de s'en sortir, d'attr la moindre corde qu'elle
verrait passer. Elle voulait se sentir vivre, par elle-même, pas en suivant le courant
que les autres lui imposaient. Elle s'était laisser glisser au fil de l'eau, et
maintenant, elle perdait pied.

Rester sur Paris ? Non, hors de question ! Elle sursauterait chaque matin au réveil en
pensant devoir prendre les transports en commun, supporter les sourires niais de
quelques collègues... Ce ne serait pas des vacances. Il fallait qu'elle fasse une
vraie coupure. En cette saison estivale, les offres de voyages ne manquent pas :
Seychelles, Maroc, ... Elle aurait bien cédé, mais elle se ravisa en comprenant
qu'elle allait à nouveau retomber dans le même piège : boulot imposé, transports
subit, vacances organisées... Mais l'idée de partir loin la séduisait. La seule façon
d'y trouver son compte était non seulement de décider de la destination, mais tant
qu'à faire, en choisir une qui ne soit pas celle des autres.

Assise sur le bord de son lit, un atlas sur les genoux, elle examina un planisphère.
Elle élimina déjà toutes les destinations touristiques en vogue d'un coup de marqueur
rouge.

Aidée d'un catalogue d'une agence de voyage, elle compléta son choix. Que
restait-il ? Si on enlève les pays en guerre, les déserts, les pôles... Quelques
pays... Elle replongea dans son catalogue et fut attirée par une offre pour remonter
en bateau le Danube. Elle sourit... Le Danube, c'est un peu "cliché"... Pour un voyage
romantique peut-être. Mais elle était seule. En regardant les dates, elle se rendit
compte qu'elle était en pleine saison creuse... L'idée la tenta. Après tout, il y aura
peu de monde. Pas de plage bondée, de ruée au Casino le soir, de GO... Juste, elle.

Le lendemain matin, elle poussa la porte de l'agence pour prendre son billet. Elle le
laissa accroché sur la porte de son réfrigérateur, et ne manqua pas de le regarder à
chaque fois qu'elle passait devant. C'était comme un but, une lueur au bout du tunnel.
Elle ne savait pas trop ce qu'elle en attendait, mais si quelque chose devait se
passer, c'était l'occasion. Elle essayait paradoxalement de ne pas trop espérer, par
peur d'être déçue... Mais de toute façon, le billet était là. Pour s'en convaincre,
elle avait même refusé l'assurance annulation : coûte que coûte, elle ne devait pas
renoncer, elle ne pouvait plus renoncer.

Enfin, le jour du départ. La valise fut vite faite, car son esprit était plus occupée
à ce qu'elle voulait faire, à ce qu'elle voulait oublier. Un peu d'improvisation ne
sera pas du luxe. Après tout, cela répondait en partie à son attente. Son objectif
immédiat : monter à bord du bateau. Si bien que le vol en avion, la correspondance, le
taxi furent pour elle autant de moments qui l'en rapprochaient. Si on lui avait
demandait si elle avait été assise à côté d'un homme ou d'une femme, elle en aurait
été incapable !

Arrivée sur le quai, elle sentit son cœur se serrer lorsqu'elle ouvrit la porte du
taxi. Il bâtit encore plus fort lorsque le chauffeur déposa ses bagages à ses pieds.

Un timide au revoir, c'est tout ce dont elle se rappelle.

Elle se retourna et découvrit dans son immensité la majesté du navire. Là, sur le
quai, elle savait d'où elle venait, ce qui dévorait sa vie à petit feu ; là-bas,
l'inconnu. Si elle ne montait pas, si elle restait sur le quai, elle verrait
s'éloigner toute chance de changer en même temps que le bateau disparaitrait. Elle
saisit ses valises et rejoignit la masse des voyageurs qui s'agglutinaient au pied de
la passerelle. Moment difficile pour elle, encore en prise à ses hésitations.
Difficile, car elle qui voulait fuir ses contraintes, elle se sentait tel un mouton
qui suit le mouvement. Elle prît sur elle et lorsque la passerelle fut à sa portée,
elle ne se fit pas prier pour monter. Plus elle avançait et plus le sentiment d'avoir
fait le bon choix venait balayer ses derniers doutes.

Elle prit les instructions auprès d'un matelot pour trouver sa cabine. Dedans, elle
ouvrit immédiatement sa valise pour acter qu'elle était bien là. Elle prenait ses
marques.

Elle s'assit sur le bord du lit, un peu comme il y a quelques semaines, quand elle
cherchait sa destination. Sauf que cette fois-ci, elle était de l'autre côté du
miroir.

La sirène du bateau retentit, annonçant le départ. Elle sortit de sa cabine et se
dirigea vers le pont. Accoudée au bastingage, elle regarda le quai s'éloigner, en se
jurant que la prochaine fois qu'elle le verrait, tout serait différent.

Elle regagna sa cabine, indécise sur la suite. Bien qu'il y ait quelques activités à
bord, elle décida de faire les siennes. Elle fouilla dans son esprit pour trouver
toutes les choses qui empoissonnaient sa vie : ce foutu projet qui durait depuis des
mois, son ex, l'argent, les collègues... Même si la liste grossissait, la simple
évocation de ces points lui donnait l'impression déjà d'avoir pris le dessus sur eux.

Elle ne voulait en oublier aucun, ne laisser aucun germe. Elle leva machinalement la
tête vers le hublot : sans s'en rendre compte, la nuit avait commencé à tomber, et une
petite faim commençait à se faire sentir.

Elle plongea dans sa penderie pour voir ce qu'elle avait à se mettre. Elle fut étonnée
d'avoir pris cette jolie robe bleu nuit, longue avec ce large dos nu. Une bonne
douche, chaude à souhait la détendit juste avant de se rendre au restaurant.

La salle était grande. Un buffet sur la gauche, le bar au fond apparaissait à travers
une cloison ajourée. Elle repéra une petite table ronde, pas trop à l'écart, puis pris
une assiette pour se servir. Beaucoup de passagers se jetaient sur les plats à
volonté, remplissant leur assiette plus qu'ils ne pourraient en manger. Elle, elle
décida d'aller à contre courant, et remplit sommairement son assiette. Déjà, l'idée de
ne pas faire comme les autres la séduisait. Petite victoire, mais douce satisfaction.

Elle commença doucement à picorer dans son assiette, l'esprit un peu ailleurs. Mais
elle se surpris à arborer un léger sourire... un sourire qui venait du fond d'elle.
Sourire qui visiblement avait été remarqué par quelques hommes qui le lui rendait tout
autant. Elle aurait pu céder à ces invitations, mais elle se ressaisit. Non, c'est
elle qui choisirait !

Elle regarda nonchalamment autour d'elle. A deux tables de là, un groupe d'homme
discutait. La conversation était énergique et soutenue. Elle remarqua cet homme, la
quarantaine peut-être, brun, visiblement mince. Une certaine élégance, mais sans plus,
rien d'ostentatoire. Il semblait parler moins que les autres, mais reprenait aussitôt
le fil de la conversation dès qu'il était sollicité, tournant machinalement une
chevalière à son doigt.

Leur regard se croisèrent. Habituellement, Amélie tourne les yeux après quelques
secondes.
Mais là, elle ne baissa pas les yeux. Il en fit de même avant qu'un de ces
amis l’interpelle. Il discuta avec lui quelques secondes, puis son regard s'égara vers
Amélie. Le jeu continua ainsi, jusqu'à ce qu'Amélie décide d'aller se resservir. Elle
longea la longue table du buffet pour gouter un peu de chaque plat. Au moment où elle
fit demi tour pour revenir à sa table, il était là, à quelques mètres. Elle aurait pu
s'avancer, lui sourire, engager la conversation. Elle n'en fit rien. Faisant mine de
regarder par dessus son épaule et de découvrir par hasard que c'était lui, son jeu de
regard continua. Il esquissa un léger mais délicieux sourire, et continua à se servir.

De retour à sa table, Amélie décida de l'ignorer quelques temps. Mais dès qu'elle
voulu savoir ce que son bel inconnu devenait, elle croisa à nouveau son regard.

Le haut parleur annonça l'arrivée prochaine à Budapest et le spectacle de son et
lumière qui allait être donné sur le port. Les passagers, repus, se dirigèrent vers
les ponts. La soirée était douce en cette saison, et c'est plus l'air frais qui
attirerait Amélie dehors que l'attraction. Elle resta attablée, et admira le spectacle
au travers de la large baie vitrée du restaurant.

Le ciel s'illuminait d'un splendide feu d'artifice qui se reflétait dans le Danube. Il
laissa place aux lumières splendides de la ville. Le bel inconnu était aussi à sa
table, même si une partie de ses amis avaient choisis de sortir. Il buvait un café et
se fit servir un whisky qui dégusta longuement.

Amélie se leva, non sans jeter un dernier coup d’œil à l'homme. Son pas était lent.
Passé la grande entrée du restaurant, elle hésita un instant. Les derniers passagers
du restaurant partaient à droite. Elle, elle partirait à gauche. Dans la longue
coursive, machinalement, elle laissa trainer sa main sur rambarde de bois. Elle
entendit à nouveau le grincement de la porte coupe feu qu'elle venait de passer.
Quelqu'un était derrière elle. Qui ?

Elle continua, sans se retourner, elle poursuivit son chemin, au gré des couloirs,
sans pour autant ne pas baisser son attention et capter le moindre signe d'une
présence. Est-elle suivi ? Qui la suit ? Est-ce lui ?

Elle arriva finalement sur un pont, surplombant l'avant du bateau. D'ici, elle voyait
les derniers spectateurs regagner leur cabine. Amélie contempla les reflets sur l'eau.

Du coin de l'oeil, elle remarqua que quelqu'un s'était également approché du
bastingage. Elle fit comme si elle ne l'avait pas remarqué et continua à admirer la
nuit.

La silhouette disparut de son champ de vision. Mais, quelques instants après, elle
sentit une présence derrière, bien plus forte que l'impression qu'elle avait ressentie
dans les couloirs. Il n'y avait aucun doute, quelqu'un était derrière elle.

Deux mains jaillirent de chaque côté et vinrent se poser de part et d'autres des
siennes, posées sur le rebord. C'était d'évidence des mains d'homme, dont un était
ornée d'une chevalière. Elle sentit dans son dos un corps se presser légèrement contre
elle. Elle ne bougea pas. Ces doigts touchèrent les siens, puis les mains
enveloppèrent les siennes. Elles étaient douces et chaudes.

Amélie prit une grande respiration. Doit-elle se retourner ? Dire quelque chose ?
Attendre fut son choix.

Les mains remontèrent le long de ses bras, passèrent ses épaules. Des frissons
parcouraient tout son corps. Elles s'arrêtèrent sur ses hanches. Des lèvres se
posèrent sur la base de son coup et descendirent délicatement le long de son dos nu.
Bientôt, la douceur de ces baisers fut remplacée par l'humidité chaude d'une langue
qui dessinait de petites lignes, et ce, jusqu'à la base de ses reins. Les mains
exploraient les courbes de ses fesses. Amélie attendait de savoir si cette langue
était aussi experte qu'elle l'espérait. Elle fut vite renseignée lorsqu'elle en sentit
le bout s'aventurer à la naissance de ses fesses, juste à la limite que sa robe. Elle
cambra les reins pour s'offrir encore plus et l’inciter à continuer son exploration.

L'homme pose sa main sur le bras d'Amélie et l'invita à se retourner. Mais elle resta
cramponnée à la rampe. L'homme n'insista pas. En réponse, ses mains remontèrent le
long de ses jambes jusqu'à son string. Il sembla l'explorer, pour en deviner la forme,
les dessins, la texture. Puis, le saisissant par les côtés, il le fit doucement
descendre jusqu'aux pieds d'Amélie. Repassant les mains sous sa robe par le même
chemin qu'il l'avait précédemment emprunté, il caressa ses hanches puis elles se
retrouvèrent sur son bas ventre. Elle sentait son corps, pressant, tout contre elle.
L'arrière de sa robe était relevé et posé sur les avants bras de cet amant curieux.
Elle n'avait alors pas de difficultés à sentir la dureté de son sexe, tout contre
elle, entre ses fesses. Elle prit un immense plaisir, quasiment passive jusque là, à
les presser contre lui.

Les mains quittèrent la douceur de ses aines. Elle le sentit se reculer un peu, et se
rapprocher. Elle sentit alors la chaleur de son sexe contre elle, tendu. L'homme fit
de petit mouvement de ses reins pour jouer avec le pli de ses fesses. Puis, il
s'abaissa un peu tandis que ses mains écartaient les fesses d'Amélie. Elle se cambra
le plus qu'elle put. Son sexe remonta à la base de ses cuisses, et après un brève
hésitation, rencontra le sexe humide d'Amélie. Son gland resta juste à l'entrée de ses
lèvres. Amélie voulait toujours avoir la maitrise de la situation, même si cela devait
passer par un geste insignifiant. Elle abandonna la rambarde, posa les mains sur ses
fesses et les écarta pour l'accueillir. L'homme la pénétra doucement. Elle profita de
cet instant subtil où on commence à sentir le sexe se frayer un chemin entre les
lèvres, s'introduire et explorer son vagin, sans savoir quand cela va s'arrêter. Son
sexe était chaud, dur et le fait que ce soit elle qui ait mené jusque là l'opération
dédoublait son plaisir. Imperturbable, malgré l'excitation de la situation, Amélie
gardait les yeux sur l'horizon.

L'homme remit les mains sur les hanches d'Amélie pour asseoir sa position. Elle,
toujours cambrée se délectait des va-et-viens de son sexe dans son vagin. Elle voulait
lui donner accès à chaque centimètre de son intimité la plus profonde. Elle ondulait à
chaque assaut de son amant.

Elle sentit son membre durcir et au profit d'un dernier coup de reins, elle le sentit
jouir en elle. Elle en ferma les yeux de plaisir. Il se retira, non sans douceur,
visiblement satisfait. Amélie resta stoïque, ne voulant pas se trahir et lui donner un
élément supplémentaire de satisfaction. Pour la première fois, il rompit le silence de
cette soirée.

- J'aimerais vous revoir, dit-il

-Quel est le n° de votre cabine ? répondit Amélie

- 301, pont B

- Je verrai... Si je passe à votre cabine et que vous n'y êtes pas, et bien tant pis
pour vous.

- Quand ?

- Je ne sais pas... c'est moi qui déciderai

L'homme s'éloigna laissant Amélie encore remplie du souvenir de cette étreinte, de sa
première étreinte. La brise s'est levée, la fin d'une soirée, d'une nuit, d'une vie.
Demain est un autre jour, une autre Amélie...

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