Aventures (1)
Exténué, déçu, quasi désespéré! Son affaire est fichue! Il trime comme un dingue
depuis combien de mois? Cela paraît même des années. Plus de sortie, aucune folie de
quelque genre que ce soit. 12, 14 voire 16 heures ou plus de travail acharné, de
révisions, de lectures dans des bibliothèques, de lectures sur internet, chaque jour,
dimanche et fériés inclus! La bouffe dictée par un seul souci: améliorer les
performances intellectuelles, le maintenir en forme à tout moment. Heureusement, il
dort peu. Son besoin de sommeil se réduit au minimum, de 5 à 6h par nuit, depuis l'âge
de se branler ce qui remonte à ses
.. 12 ans à peu près. Et tout ça, pour en arriver à
un échec ou peu s'en faut. Il se demande la cause de ce qu'il considère comme une
catastrophe, revoyant dans sa tête les épreuves, les entretiens. Il ne trouve rien.
Le moment semble lourd à porter! Lui, adjoint du patron d'une agence! Il n'arrive pas
à y croire! Il ne peut pas y croire. Pourtant, dans son attaché-case, un document le
prouve, l'affirme! Dans deux mois il quittera la capitale pour T
où l'attend son
nouveau bureau. À l'origine, il espérait partir, certes, mais pour diriger, devenir
patron!
Il s'assied sur une des chaises situées dans l'espèce d'antichambre que forme un vaste
couloir. Des larmes coulent sur ses joues. Un sourire narquois se dessine sur ses
lèvres. Il n'a même plus baisé depuis des mois, se consacrant uniquement à son boulot,
à son avenir. Du coup, son sexe se raidit à cette seule pensée, comme s'il lui
signifiait qu'il serait grand temps de rattr le temps perdu!
Un mec prend place sur une chaise de la rangée d'en face, dont la joie éclatante
contraste avec la tristesse d'Hubert, attire son regard, remisant aux oubliettes les
peines de cette journée. Dans la main de l'arrivant, une liasse de documents.
retient pas un cri de bonheur:
<< - J'ai réussi! >>
L'heureux homme prend conscience de la présence du malheureux. Il lève les yeux dans
sa direction. Une tornade envahit le crâne d'Hubert. À ce moment précis tout s'efface,
plus rien n'existe autour de lui, autour d'eux. Seul le gagnant lui paraît digne
d'intérêt. Il en oublie ses déboires, sa nouvelle affectation, sa presque non
ascension professionnelle, son avenir qu'il estimait gâchés un instant plus tôt. Il ne
vit, ne ressent, ne voit que le moment présent qu'il voudrait une éternité. Il ne
s'agit pas là d'un banal coup de foudre, oh non! C'est une fin du monde cataclysmique
en ébullition dans tout son être. Ça se chamboule là-dedans, ça bouillonne, ça
chauffe, ça va exploser s'il n'y prend garde. Il n'a pas envie d'y prendre garde. Il
veut se laisser aller à sa contemplation. Il se persuade de son air béat, pour ne pas
dire benêt, car le gagnant l'apostrophe:
<< - Vous aussi vous sortez de l'épreuve? >>
Hubert opine du chef, incapable de prononcer un mot. Il sait qu'il sourit connement.
L'autre continue:
<< - Alors c'est vous mon adjoint, c'est ça? Pas besoin de répondre, on le devine rien
qu'à vous voir. Je me présente: Paco G
votre futur patron. >>
Son patron! Son patron! Lui! Son patron! Paco, c'est Paco son patron! Tout ceci tourne
dans le cerveau d'un Hubert aux anges dont les jambes se redressent. Il se lève, se
précipite vers
Paco, le bras droit tend une main, la bouche formule:
<< - Hubert V
, enchanté d'être sous vos ordres. >>
Et de secouer cette main dans la sienne, de la garder en la serrant bien fort comme
s'il ne voulait plus la laisser reprendre son indépendance. Paco se lève durant cette
"empoignade". Un peu déboussolé par la réaction de son futur subordonné, il décrète:
<< - On va boire un pot tous les deux? Nous ferons connaissance.
de déblayé. >>
Illico, toute retenue annihilée, Hubert s'empare du bras de Paco pour le traîner dans
le premier bistrot venu, craignant que, s'il le lâche, il ne se débine. Dans sa tête,
une seule pensée se répète comme une antienne: " Je veux ce mec! Ma vengeance en
quelque sorte! "
*****
Hubert se sent un tantinet confus. Assis en face de Paco, il lui présente quelques
excuses pour son attitude un soupçon familière. Il ajoute, involontairement, subjugué
par la sensualité de son nouveau patron:
<< - Vous savez, si ça avait été moi le chef et vous mon adjoint, je vous aurais
embrassé tellement j'aurais été content. >>
Ils se regardent droit dans les yeux. Hubert ajoute:
<< - Alors je peux? >>
La question reste sans réponse tant elle déconcerte Paco. Alors, Hubert de se lever,
de pencher son corps au dessus du guéridon, de claquer un gros bisou sur chacune des
joues d'un Paco de plus en plus médusé, éberlué, pantois qui ne sait que répéter:
<< - Ça alors, ah ça alors, ben vous!
>>
Re-excuses avec petite note explicative:
<< - C'est que, voyez-vous, j'en avais envie. Je suis gay. Mon attitude béate n'avait
plus rien à voir avec ma nomination au moment où vous vous êtes assis en face de moi.
Vous seul en étiez le responsable involontaire. Pour un mec canon, on peut dire que
vous êtes canon! >>
Quelques secondes de silence pesant des tonnes de plomb puis:
<< - Voilà, vous savez à qui vous aurez à faire comme sous-fifre.
- Ils savent, à la grande direction?
- Bien sûr! Peut-être pour ça que je n'ai pas eu votre poste. Officiellement, pas de
discrimination, officieusement discrimination à tout va. J'ai l'habitude. >>
Hubert lance cette réponse sur un ton courroucé, outragé que l'on puisse douter de son
honnêteté.
<< - Je sais que nous allons bien nous entendre. Travailler sous vos ordres c'est
mieux que d'être patron moi-même. >>
Revenant à la réalité, Paco réplique, véhémentement:
<< - Holà! Doucement! Je ne suis pas gay mais hétéro 200%! >>
Hubert s'inquiète:
<< - Pas anti, j'espère?
- Non, bien sûr. Cependant je préfèrerais que vous laissiez vos pulsions en dehors du
bureau et que vous preniez vos distances avec moi. Simple prudence afin de préserver
un minimum de correction entre nous. >>
Tout en parlant, Paco se lève, dépose un billet afin de régler les consommations,
s'éloigne en lançant un "au-revoir" des plus glaciaux. Dans la rue, il soupire:
<< - Ce con de pédé m'a gâché mon plaisir! Dire que je vais devoir le supporter. Dès
que possible, je le fais muter. >>
Un peu déconfit par la tournure de la conversation, Hubert regagne son domicile.
Évidemment, il n'a pu s'empêcher de foncer bille en tête, comme un imbécile! Mais
quelle idée d'avoir déblatéré ces conneries à son futur patron! Bon, reste plus qu'à
jouer patte de velours afin de faire oublier son écart. Il hausse les épaules,
estimant:
<< - Qu'est-ce que je risque? Qu'il me fasse la gueule? Et après? Moi, je lui ferais
bien autre chose. Beau mec, bandant à souhait. Et si j'attaquais sa vertu? Pourquoi
pas? Ça rendrait mon séjour sous ses ordres assez excitant. L'hétéro pur sucre
pourrait bien fondre. Et moi je me consolerais de mes déboires professionnels. >>
*****
Une fois rendu chez lui, Hubert se contemple dans la glace de la salle de bain. Il se
juge pas mal du tout. Pas la grande beauté mais une sensualité féroce se dégage de sa
personne. Voilà son principal atout. Il espère bien que cet atout là fera succomber le
trop magnifique Paco.
En attendant, Hubert se change avant de se rendre dans un sauna dont la réputation
n'est plus à faire quant à la quantité et la qualité de la clientèle. Il souhaite
retrouver le péruvien de la semaine passée avec sa bouche aux lèvres coquines, son
sexe aux possibilités de réactions immédiates.
Bingo! L'ange latino l'interpelle à peine passée l'entrée des vestiaires. Heureux,
Hubert lui demande de patienter, juste le temps de quelques ablutions. L'homme ne
l'entend pas ainsi, se proposant comme garçon de bain. Tous deux se dirigent vers la
douche. Les mains de Mario savonnent abondamment le corps du français qui frémit sous
ces caresses déguisées. Doucement, les verges se soulèvent. Celle d'Hubert, droite,
majestueuse, darde ses deux dizaines de centimètres en direction du ventre bronzé d'un
Mario présentant une queue courbée vers le haut, lourde, au diamètre imposant, à la
longueur alléchante frisant les 24 à 25 cm. Les doigts quittent leurs occupations pour
s'aller fouiner sous les roubignolles, les envelopper savoureusement, les faire rouler
dans leur sac. De là, ils s'égarent vers les anus dont les accès sont facilités par un
écartement plus important des cuisses. Soupirs, pelles; pelles, soupirs. De nouveau
assemblés l'un contre l'autre, les corps se frottent laissant les queues se câliner,
glissant entre les ventres grâce à la mouille généreuse. Un balancement des bassins
accentue le plaisir. Les bras enserrent, serrent. Les bouches s'unissent dans de
vigoureux baisers durant lesquels les langues ne restent pas inactives. Hubert ne
cesse d'imaginer qu'il tient le Paco entre ses cuisses sans toutefois négliger qu'il
s'agit bien de Mario le péruvien. Ils se séparent, se rincent, se sèchent. Main dans
la main, ils se rendent dans une cabine dont ils ferment la porte. Allongés sur le
petit lit, bite en bouche, ils s'adonnent à la fellation mutuelle plus connue sous le
chiffre très célèbre de 69. Les lèvres happent les queues bouillonnantes de désirs. Le
bouches gobent les glands, aspirent, permettant aux hampes de pénétrer dans les
gosiers, de s'y plaire, de s'y complaire avant de procéder au pistonnage. Les têtes
bougent au rythme des succions provoquant gémissements et soupirs en cadence. Les
doigts se baladent, titillant, tâtant, palpant, coquins, fureteurs, qui s'aventurent
vers des anus déjà offerts. Mario, le premier, tend ses arrières ainsi qu'une capote
que revêt Hubert. Sa pine emmaillotée, ce dernier la présente à l'entrée de l'orifice
anal de son amant qui écarte ses fesses à l'aide de ses deux mains, ordonnant une
poussée complète et directe. L'antre s'avère bien préparé à l'assaut, grandement
humecté de salive. Hubert s'introduit lentement, fermement, grognant de bonheur,
satisfait du plaisir qu'il procure à son enculé de Mario. Commence un long ballet de
pilonnages intensifs. La prostate de Mario envoie maints signes de jouissance. De
nature rapide, il éjacule abondamment à même le sol. Un peu plus lent, Hubert retire
la capote, tend sa queue que des lèvres englobent avant de l'aspirer. La pression
monte, le foutre aussi qui gicle sur le visage du péruvien gourmand de cette liqueur.
Nouvelle douche, nouvelles coquineries, retour dans la cabine où Mario enfourche le
corps d'Hubert afin de le transpercer avec son énorme dard et de l'arroser
copieusement à l'aide d'une seconde fournée de spermatozoïdes. Ainsi soulagé, il
s'applique à une fellation accompagnée par de nombreuses caresses avant de savourer
les lampées de foutre giclant du sexe d'un Hubert en verve. Petite pause, taquineries
polissonnes, pipes friponnes, ultimes éjaculations.
*****
Atterré, Paco relit le courrier lui précisant son affection à T
. où on l'envoie dans
l'agence de M
la pire qui puisse exister! Évidemment, personne, au siège, ne lui a
expliqué les raisons de la démission de celui qui deviendra son prédécesseur. Au bord
de la dépression nerveuse, le mec quitte les lieux avec famille et bagages. Du coup,
Paco se promet de ne pas demander la mutation de son futur sous-patron mais la sienne
propre. Pensez! Une agence en pleine banlieue dite, reconnue et avérée, très
difficile. Une agence dont la clientèle se compose presque exclusivement
d'allocataires bénéficiaires du RSA, aux allocations chômage, aux allocations
familiales. Quant aux nationalités, n'en parlons pas. Du bronzé à tout va! À croire
que toute l'Afrique se retrouve dans le coin. Certes, pas mal d'universitaires
complètent cet échantillon de la France profonde, cité U proche oblige, ainsi que
plusieurs retraités habitant le quartier depuis des lustres. En somme, pas de quoi
gérer des fortunes, parler portefeuille d'actions, gestion de liquidités, placements
juteux, cotations en bourse et autres financements de projets colossaux. Paco voit de
longues files d'attente devant l'agence, les jours de réception du RSA (aux environs
du 6 de chaque mois) ou du 10 pour les allocations logement, les ASSEDIC et les
pensions retraites. Il entend les vociférations de cette clientèle fort mécontente de
n'avoir rien reçu sur le compte, à ces dates, pour raison de week-end ou de jours
chômés. Il s'imagine face à un couple de gâteux, possédant quelques actions de
sociétés nationales ou quelques bons du trésor, les écoutant palabrer comme s'il
s'agissait de gérer la fortune d'un magnat du pétrole! Au siège, on ne lui a pas
accordé une promotion, on vient de lui infliger une punition! Il le juge ainsi. Et que
dira Lise, sa petite amie? Jamais elle ne consentira à venir vivre dans un souk
pareil, trop coutumière du 8ème arrondissement parisien. Ça n'est pas que Paco soit
spécialement épris d'elle. Elle baise bien, elle le chouchoute tout plein. Il est
habitué à elle et ne saurait s'en passer d'autant qu'il papillonne de fleur en fleur
lui jurant qu'il mène une vie ascétique, qu'il lui voue un amour pur et dur. Au
demeurant, comme il le lui a expliqué pas plus tard que l'autre soir, son acharnement
au travail vient de recevoir sa récompense: le voilà devenu directeur d'agence! Lise
n'a pas caché sa satisfaction, son soulagement aussi. Oui, mais c'était avant de
connaître précisément la nouvelle affectation. Et de surcroît, là-bas pas question de
lutiner parmi la clientèle féminine sans risquer de se faire trucider par un père, un
frère, un fiancé, jaloux et borné. C'est que ces gens-là sont très susceptibles sur la
"moralité" de leurs femmes. Ils lapident pour une illade même pas égrillarde.
Anéanti par la vision d'un avenir plus qu'incertain, Paco se rend au siège social afin
d'accomplir plusieurs démarches suite à son transfert. Au lieu de se diriger vers le
bureau adéquat, il grimpe le grand escalier, stoppe au premier étage, cogne
directement à la porte du secrétariat du grand patron DRH. Aimable, la secrétaire le
reçoit. Passée les politesses d'usage, Paco explique, la mine décomposée, son
désaccord quant à son affectation, reproche qu'on ne lui ait pas dit la "vérité" sur
le départ de son confrère. La brave dame écoute patiemment. Paco conclue:
<< -
. Je ne suis pas de taille pour un tel combat, comprenez-vous. >>
Toujours affable, mais sans mollesse, la secrétaire rétorque:
<< - J'entends bien. Seulement aucune autre possibilité n'est envisageable pour le
moment. D'autant que vous devez faire vos preuves. Vous pouvez toujours refuser le
poste. Dans ce cas, je crains que votre carrière ne stagne jusqu'à la retraite et au
poste que vous occupiez précédemment. À vous de voir. Je peux vous donner les
formulaires, si vous refusez
. >>
Pas question de revenir en arrière! Paco n'a pas ménagé ses efforts pour clamer haut
et fort, à qui voulait l'entendre, qu'il devenait patron! Renoncer serait quasiment se
déshonorer. Il quitte le bureau en maugréant:
<< - Tant pis! J'irai là-bas. >>
Dans la rue, il ressemble à un condamné à mort se rendant à son exécution.
À quelques arrondissements de là, Hubert rêve benoîtement, la lettre de son
affectation en mains. Une banlieue pleine de beaux beurs, de blacks affriolants! Que
demander de plus? Certes, il devra se montrer hyper prudent, ne pas trop en faire,
rester très discret, s'organiser afin de ne pas passer pour la pute de service. Il
devra imposer le respect envers sa personne. Pour cela, son petit pistolet l'aidera en
cas de coups durs. Il ouvre un tiroir de son bureau, s'assure de la présence de l'arme
et du permis adéquat. Ses pensées se dirigent vers un tout autre domaine. Il imagine
déjà tous ces pénis gonflés, ces jolies fesses bombées. Il va au paradis des bis, se
promet d'être la partie mâle auprès des volontaires qui ne devraient pas manquer. La
sonnerie du téléphone le tire de ce paradis:
<< - Bonjour, Paco G
à l'appareil. Vous êtes bien Hubert V
?
- Soi-même. Que puis-je pour vous?
- Je suppose que vous avez reçu notre affectation.
- En effet. Cela me convient, au premier abord.
- Vous connaissez l'endroit?
- J'en sais ce que les infos disent dans les média, sans plus. Pas très rutilant, j'en
conviens. Je parle pour un bourgeois comme vous, bon teint peu habitué à la supposée
racaille.
- Et vous acceptez sans broncher?
- Pas question de faire autrement, vous le savez comme moi. Sauf à changer de banque
et à recommencer tout. Par ailleurs, à tout malheur chose est bonne.
- Je connais un directeur au ministère des finances, un ami de mon père. Je compte lui
en parler. Peut-être que son intervention
. Si ça marche, vous deviendriez le patron.
- Écoutez, faites comme vous l'entendez Mr Paco G
mais soyez gentil de ne pas me
mêler dans votre démarche. D'un côté, je ne suis pas très emballé d'aller là-bas. De
l'autre, j'ai certaines perspectives personnelles qui m'amènent à ne pas renâcler. De
plus, je ne vois pas quoi faire pour l'éviter. Mais je n'ai absolument pas l'intention
de demander à qui que ce soit d'intervenir. Vous devriez suivre mon exemple. Au siège
social, on n'aime guère ceux qui appellent au secours quelques sommités externes à la
boîte. Je le sais de source certaine
>>
Les banalités mondaines effectuées, Hubert raccroche.
Une quinzaine de jours plus tard, il apprend que Paco a pris effectivement ses
fonctions.
*****
Pas mirobolante la bâtisse. Plutôt crade, même. Construction genre HLM vite fait mal
fait. Nombreuses lézardes aux murs gris dégueu. Bonjour l'atmosphère! Tout ici respire
la déprime. Seule note un peu rigolote, un graffiti "Kader kif le zob". Du coup, le
zob d'Hubert se redresse sous son pantalon. Cette apostrophe érotique, sur le mur,
l'excite bêtement. Un homme muni d'ustensiles de nettoyage commence à effacer le K de
Kader. Paco s'en approche, donnant certaines directives en vu de procéder à la même
corvée sur l'autre côté de la vitrine où l'on peut voir l'adage populaire suivant:
"friké tous des enculés".
Le patron de l'agence aperçoit son adjoint, va à sa rencontre, constate sur un ton
désespéré:
<< - Et c'est tous les jours comme ça. On efface le jour, ils écrivent la nuit. À
force, on va user le mur! Bienvenu dans cet enfer! >>
Les deux hommes passent le sas d'entrée, un par un, avant de se rendre dans le bureau
de Paco qui, une fois confortablement installé dans son fauteuil, déclare:
<< - Je ne vous cache pas que j'ai déjà demandé ma mutation. Je ne compte pas rester
ici une éternité. Depuis un peu plus d'un mois, nous avons fait appel à la police plus
d'une dizaine de fois. On a même menacé de me tabasser.
- À ce point là?
- Oui. Tout ça parce que le 6 du mois tombait un dimanche et que le RSA n'avait pas
été crédité sur les comptes le samedi 5. Comme si j'étais responsable! Ça n'est tout
de même pas de notre faute! Mais allez leur expliquer à ces dégénérés! Bon! Je ne vais
pas vous décourager dès votre arrivée. Passons aux obligations mondaines. D'abord, je
vais vous présenter au reste du personnel. Auparavant, j'aimerai vous demander de vous
faire discret concernant vos
pulsions. Ici, on n'admet guère les gays, vous vous en
rendrez compte très vite. Je compte sur vous?
- Je n'avais nulle intention d'être démonstratif. D'ailleurs ça n'est pas mon
habitude. Je ne sais vraiment pas ce qui m'a pris lorsque nous nous sommes rencontrés
pour la première fois. Probablement les circonstances. Au fait, qu'en est-il de votre
ami au ministère des finances?
- J'ai préféré suivre votre conseil: ne pas en appeler en haut lieu. D'ailleurs, mon
père m'a recommandé d'écouter votre conseil. >>
Quatre femmes, deux hommes, composent le reste du personnel de l'agence. Trois mères
de familles, une célibataire endurcie, un père de famille et un célibataire endurci.
Hubert retient mentalement ce dernier en mémoire. Pas mal l'antillais aux formes
plutôt agréables. Les congratulations achevées, on lui montre son bureau aux cloisons
vitrées sans rideaux. Un sourire se dessine sur ses lèvres: il aura le dos tourné par
rapport à son patron. Histoire de montrer qu'il n'est pas dupe, il déclare à celui-ci:
<< - C'est dans le cadre de mes pulsions que vous avez ordonné cet emplacement?
- Ah non! Il était ainsi quand je suis arrivé. Mais ça me convient parfaitement. >>
La réponse, émise sur un ton presque de plaisanterie, rassure Hubert: le Paco ne lui
en veut plus de ses avances non déguisées.
*****
Effectivement, le boulot, dans cette agence, s'avère difficile. En quelques jours,
Paco a trouvé une solution afin de préserver sa tranquillité: refiler les
récalcitrants à son adjoint. Et l'adjoint se coltine les emmerdes. De son propre chef,
il a changé la position de son bureau: en biais mais pas trop face à celui de son
patron: ce qui lui permet de lorgner sur lui de temps à autres. Quelques petites
modifications dans la décoration apportent une note d'humanité dans cet enfer de
l'argent. Les plantes artificielles sont remplacées par des vraies moins
maigrichonnes, beaucoup plus avenantes. Tous ses changements s'effectuent sous
l'indifférence appuyée du patron, au grand dam des collègues, enfin de la plupart. Un
seul approuve sans restriction: Fortuné, le bel antillais:
<< - Chouette le bureau! C'est plus gai comme ça. Comme moi, quoi!
- Pardon?
- Ben oui, ta pièce est gaie, comme moi. Mais moi, c'est avec un Y à la fin. Comme toi
aussi. Je me trompe?
- On ne peut pas dire que tu tergiverses. Va pour le Y à la fin pour moi aussi.
- Le pied! Enfin je ne suis plus seul dans ce monde de machos! Mais fais gaffe, ils
n'aiment pas dans le coin. Ça te dit une virée tous les deux ce soir?
- Pourquoi pas! J'ai besoin de me détendre. >>
La soirée se déroule agréablement. Un excellent repas dans un petit restaurant
chaudement recommandé par un guide gay puis en boîte.
Une fois bien épuisés d'avoir trop gigoté sur la piste de danse, les deux hommes
gagnent le domicile de Fortuné.
Un peu gênés de se retrouver en tête à tête, ils s'observent. Hubert se dit que le
Fortuné en question possède quelque chose de Mario, le péruvien. Il se demande si la
queue du premier et à l'identique de celle du second. Cette pensée le fait sourire.
Fortuné prend cela pour une invitation. Il s'approche de son invité tout en ouvrant sa
braguette. Un peu surpris, Hubert ne bouge pas. Les grandes mains aux doigts fins
baissent le jeans jusqu'aux hanches, laissant apparaître un caleçon de marque dont
l'échancrure du milieu laisse passer un membre noir à la pilosité crépue à la base. La
longueur semble impressionnante mais peu en rapport avec l'épaisseur. Rien à voir avec
le vit de Mario autrement plus gros. Hubert passe sa langue entre ses lèvres, tend une
main, soupèse la fine matraque jugeant de sa rigidité de bon augure, taquine les
bourses. Fortuné s'avance un peu plus, bassin bombé en avant, s'empare de la tête
d'Hubert qui ouvre la bouche pour recevoir la bite au gland rougeoyant. Le suceur
goûte le long morceau de chair à qui il impose une savante succion non sans omettre de
gober les couilles bien pendantes qu'il conserve dans sa paume. La tête en arrière,
Fortuné apprécie à telle enseigne qu'il empoigne la tête suceuse, la maintient,
enfonce brusquement sa queue entièrement dans le gosier qui résiste, secoué de
spasmes. Hubert, prêt de la suffocation, n'apprécie guère de se voir ainsi molester.
Toutefois, il se libère, sans rien dire, mais veille à ce qu'une telle démarche ne se
reproduise plus, entourant le bas de la queue avec une main. Fortuné tente de faire
retirer ces doigts qui empêchent son membre d'entrer complètement dans la gorge.
Hubert ne cède pas, serrant de plus en plus le mandrin. Fortuné change de tactique. Il
entame le déshabillage d'Hubert, tout en lui administrant quelques pelles de son cru.
Pour le second, les choses se présentent selon ses affinités. Il abhorre la rudesse en
matière de sexualité. Rassuré, il s'adonne aux plaisirs de langoureuses prémices,
s'abandonnant aux bras virils du mâle. Fortuné, lui, saisit la situation. Délaissant
ses propres habitudes, il se complet à satisfaire son partenaire. Le soulevant, il le
porte dans la chambre, l'allonge sur le lit. Les vêtements jetés un peu n'importe où,
ils s'enlacent, mélangeant leurs sueurs, leurs salives, leurs mouilles. La longue
verge s'insinue entre les cuisses d'Hubert, causant des râles dans la gorge de Fortuné
qui laisse coulisser son engin, comme s'il procédait à un coït vaginal, excité par la
sensation procurée par la bite bandée de son amant. Lassé de ce petit jeu, désireux de
pointer la chose vers un véritable anus, mordillant une oreille d'Hubert, Fortuné lui
place un préservatif entre les lèvres. Un peu soumis, Hubert se positionne face au
pubis de l'antillais, met la capote sur le gland, la déroule avec ses lèvres en
avalant la tige. L'opération exige plusieurs allers-retours, nombre de pressions. Sa
bite habillée, le futur enculeur soulève les jambes du futur enculé, lui doigte le
trou avec maestria, plante sa longue banderille dans les entrailles, provoquant une
bordée d'onomatopées et gloussements de joie. Fortuné se dépense sans compter,
s'enfonçant dans les entrailles, se retirant jusqu'à ce que son gland affleure la
sortie, recommençant le pistonnage toujours soufflant, ahanant de plus en plus fort.
Hubert reçoit quelques gouttes de sueur, les boit, tandis que ses doigts glissent sur
la peau caramel brillante d'humidité. La longue tige continue ses va et vient, frôlant
la prostate, l'électrisant. Sans ménagement, Fortuné se retire, ôte la capote, en
prend une neuve qu'il pose sur la queue d'Hubert qui ne rechigne pas à ce changement,
bien au contraire. Plus calme, le nouvel enculeur prépare son futur enfilé en le
doigtant, d'abord, puis en attaquant l'anus à coups de langue fureteuse. Séance de
pelles savoureuses tandis que la verge s'insinue dans la porte ouverte d'un Fortuné
qui pousse de petits cris, s'emparant du bassin de son amant l'attirant à lui
sèchement. La bite rentre en une seule fois dans l'anus bien lubrifié. Deux bras
entourent le corps du sodomisé, deux lèvres closent les siennes. Puissante, virulente,
la queue fouaille les tripes qu'elle écarte sans ménagement. Très vite, les corps se
crispent, les nerfs sont à fleur de peau. Les gorges émettent des sons sensuels alors
que les verges expulsent leur jus liquoreux et amer.
Trempés de sueur et autres secrétions corporelles, les amants se rendent à la salle de
bain afin de se rafraîchir tout en se mignotant.
De nouveau au lit, ils discutent, rient, se taquinent mais constatent qu'ils n'ont pas
vraiment pris leur pied. Fortuné ne rechigne pas sur le hard, le brutal. Hubert n'aime
que la douceur. Ils conviennent d'autres points de divergences. Ils croient ne pas
pouvoir recommencer un jour, s'estimant non compatibles sexuellement. Toutefois, ils
s'apprécient. Sans en connaître la raison, ils savent, déjà, qu'une très forte amitié
les lie.
Ils se glissent entre les draps, dans les bras l'un de l'autre, et s'endorment.
*****
Comme par hasard, Paco se débine, prétextant une réunion au siège régional. Certes,
réunion il y a mais il pouvait se dispenser d'y aller. Seulement voilà, nous sommes le
6 du mois, un samedi, et les prestations sociales ne sont pas créditées sur les
comptes! Hubert ne tient nullement à voir défiler une foule de râleurs devant les
guichets. Il contacte les agences de banques concurrentes dans le quartier: rien non
plus. Alors, il fait placarder une affiche sur la porte d'entrée, précisant que la
direction est désolée qu'aucune prestation ne soit versée sur les comptes des
bénéficiaires, mais que c'est général à toutes les banques. Résultat, les clients
intéressés bougonnent, crient au scandale, mais dehors, avant de regagner leurs
occupations coutumières, les poches vides. Au grand étonnement des employés, pas de
rassemblement, pas d'insultes. Tout sourire, Hubert déclare:
<< - Il suffit tout bonnement d'expliquer. >>
Certains cas s'avèrent très délicats qui récriminent encore. Les intéressés se rendent
aux guichets, insistent sur l'urgence de récupérer quelque menue monnaie. L'un d'eux
menace l'employée qui vient de l'éconduire brutalement, excédée par ce qu'elle appelle
les pleurnicheries. Hubert craint que cela ne dégénère, voyant les autres
"quémandeurs" manifester leur mécontentement. Il appelle l'homme agglutiné au guichet,
le reçoit dans son bureau. Sa courtoisie, son sourire, son écoute aux problèmes de son
client, apaise ce dernier. Hubert questionne:
<< - Vous avez un document de la CAF vous signifiant vos droits? >>
L'homme retire le document de son portefeuille, le tend à Hubert:
<< - Parfait. Je vous demande une minute, juste le temps de vérifier avec la CAF si le
versement a bien été effectué. >>
Moins d'une minute plus tard, il confirme:
<< - C'est bien parti sur votre compte chez nous. Bon, je peux vous avancer 100 euros.
Mais vous aurez des intérêts à payer. Ça ne fera pas beaucoup. Ça vous va?
- Oui m'sieur! Merci, m'sieur! >>
Sur les neuf récalcitrants, aucun ne repart sans avoir touché au minimum 100 euros!
Hubert est tout fier de son idée. Ses collaborateurs n'en reviennent pas: un jour
pareil en toute tranquillité ou peu s'en faut, ça ne s'était quasiment jamais vu!
Dans la soirée, Hubert confie à son grand ami Fortuné:
<< - Je crois que j'ai commis une bévue. Certes, nous avons dépanné ces personnes.
Seulement je crains qu'elles ne fassent la publicité de notre "générosité" à tout le
quartier et que nous recevions une flopée de demandes d'ouverture de compte.
- T'inquiète pas! Il n'y en aura pas tant que ça. Beaucoup de ces personnes sont
interdites bancaires. Elles gardent leur ancien compte sachant fort bien qu'il leur
sera impossible d'en ouvrir un autre. Pour les quelques autres, eh bien Paco se les
farcira. Faut bien qu'il bosse de temps en temps! >>
Dans un geste fataliste, Hubert hausse les épaules. Fortuné l'observe, constate:
<< - Tu n'es pas vraiment dans ton assiette. Tu marronnes toujours pour ton
affectation ici?
- Non. C'est vrai que ce n'est pas le pied, mais bon! Il y a sûrement pire comme
situation. C'est que
. Je n'arrive pas à draguer. Dès que je suis avec un mec, je n'ai
aucune
enfin tu vois.
- Je vois. Tu ne bandes pas.
- C'est un peu ça. Je suis le seul à rester mou pendant que l'autre prouve ses envies
en étalant une raideur presque insolente. Pourtant, je pète la forme sur le plan
santé. Je n'ai aucun souci. Je ne comprends pas. Par contre
enfin non
- Dis! Ça te fera du bien.
- C'est que
- Allez, dis-moi ce que tu as
- Bon, bien voilà! Je suis en érection toute la journée au travail, quand Paco est là!
- Oh merde! Voilà mon petit chou amoureux de notre patron! Tu m'en diras tant! Cherche
pas plus loin! Tu bandes que pour lui! Quelque chose se bloque dans ta tête. Tu
devrais peut-être consulter un psy.
- J'y ai pensé. Mais je ne crois pas que ça résoudrait mon problème.
- Alors que comptes-tu faire?
- Je n'en sais rien, mon bel ange, je n'en sais fichtrement rien!
- Tu te
quand tu penses à lui, le soir
. enfin tu vois ce que je veux dire
- Non, jamais. Je me masturbe par hygiène, sans penser à lui. Ce serait l'avilir que
de lui dédier mes branlettes. Un mec comme ça impose le meilleur. Avec lui, se sera
tout ou rien, pas d'atermoiement.
- Eh bien, mon tout beau! Tu as des soucis à te faire. Le mieux, serait de le sortir
de ton crâne ou de quitter l'agence pour l'oublier.
- Ça, pas question, je le veux, je l'aurais.
- Quand ça sera fait, raconte-moi, si tu es entier pour en parler. >>
À suivre
.
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