Alice Et Fred 1- Un Moment D'Égarement

Alice et Fred, voilà une histoire en deux parties, que j’ai écrite il y a 5 ans. Une éternité. Je débutais alors ma carrière » d’écrvaillone » amateure (ou amatrice).

Cette histoire, je vous la livre telle quelle, sans retouches.

Aujourd’hui, à la relecture, j’y trouve quelques défauts et maladresses. Peut-être qu’aujourd’hui, je m’y serais prise autrement. Ais la réécrire partiellement serait une petite trahison envers moi-même.
Voilà donc Alice et Fred. J’espère que ce texte de jeunesse vous plaira. A l’époque, je me suis beaucoup investie dans sa rédaction.

Bonne lecture.

ALICE ET FRED 1 – Un moment d’égarement :



ALICE

Alice s’est levée du lit d’un seul coup, elle a récupéré ses vêtements sur le fauteuil. Elle a enfilé sa culotte et remis son soutien-gorge :


— Tu pars déjà ? lui dit son amant, nu sur le lit.
— Oui.
— On se revoit quand ?
— Je ne sais pas.
— La semaine prochaine ?
— Je ne pense pas qu’on se revoie, dit-elle en embarquant son sac à main, son manteau et en quittant la pièce précipitamment.


Elle dévala quatre à quatre les marches de l’immeuble, ouvrit fébrilement sa voiture, démarra en trombe.


Alice avait honte d’elle. Elle venait de tromper celui qu’elle aimait depuis plus de dix ans, son mari.


Qu’est-ce qui lui était passé par la tête, bon sang ?


Pourquoi ? Elle était heureuse en couple. Bien sûr, pendant ces années il y avait eu des hauts, des bas, mais globalement, ils formaient un couple équilibré et heureux.


Bien sûr, ils n’avaient pas d’s. Elle ne pouvait pas en avoir. Pourtant lui, qui en voulait tant, était resté. Jamais, il ne lui avait reproché quoi que ce soit. Belle preuve. Ils parlaient d’adopter, ils étaient encore jeunes, 36 et 35 ans.


Pourquoi avait-elle cédé à ce type ? Elle en avait eu très envie.

Mais enfin, elle n’était pas une bête. Elle pouvait se retenir. Elle n’était pas une chienne en chaleur tout de même.


Pourquoi n’était-elle pas passée à autre chose.


Pourquoi ? Aussitôt après elle avait regretté. Elle avait apprécié qu’il lui fasse la cour. Ça flattait son ego, c’est sûr ! Un homme, plutôt beau qui me drague, c’est plaisant, ça rassure.


Le petit jeu du non, mais on entrouvre une porte et finalement un non qui voulait dire oui auquel elle avait joué. Elle l’avait laissé faire. Elle avait laissé son prétendant entrer doucement dans son esprit l’idée que ce n’était rien, juste une envie qu’on pouvait satisfaire, sans conséquence. Plutôt que de doucher ses espoirs une bonne fois pour toutes.


Oh bien, sûr, il ne lui avait pas présenté les choses comme ça. Deux mois qu’il la poursuivait de ses assiduités, de ses petits cadeaux. Combien de fois, avait-elle reculé, lui avait-elle dit qu’il perdait son temps, qu’elle aimait son mari.


Et puis l’envie de le faire avait pris le dessus. Elle ne se raisonnait plus. Celui qui allait devenir son amant avait gagné. Elle commençait à se persuader elle-même, qu’en effet, ça ne portait pas à conséquence. Une incartade, rien de plus.


Alice avait fini par accepter ce rendez-vous, un samedi midi au restaurant. Il était drôle, lui disait qu’elle était belle. Il était charmant. Non, charmeur plutôt, ce n’est pas tout à fait la même chose. Le bon vin avait fait tomber ses derniers remparts. Elle avait dit oui, lorsqu’il lui avait demandé de l’accompagner chez lui.


Gauche, d’abord, empruntée, elle s’était ensuite lâchée. L’excitation l’avait prise. L’action de l’alcool sûrement. Il avait été tendre, ne l’avait pas bousculée, ils avaient fait l’amour. Sur le coup, elle y avait pris du plaisir, elle en avait tellement envie depuis plusieurs semaines.
Aussitôt après les doutes s’étaient emparés d’elle.



Pourquoi ? Qu’est-ce qu’elle en avait tiré ? Du plaisir ? Oui, c’est sûr, mais du plaisir elle en avait aussi quand elle faisait l’amour avec son mari. Avec ce type, ça avait été même moins bien. Il manquait quelque chose. Elle ne l’aimait pas. Ça changeait pas mal de choses. Oui, elle avait pris son pied, comme on dit vulgairement. Il manquait toutefois cette sorte de plénitude autant physique que cérébrale qu’elle connaissait avec son mari, ou qu’elle avait connu avec ses précédents amoureux. Elle avait baisé oui, mais elle n’avait pas fait l’amour. Les gestes, les caresses étaient les mêmes, mais non, ce n’était pas du tout la même chose. Ils n’étaient pas à l’unisson, elle et lui.


La routine ? Quelle connerie ! La routine, c’est aussi un autre nom pour le ciment qui unit un couple. Il y a des routines qui sont loin d‘être désagréables à vivre. Des routines pas si routinières que ça !


Elle regrettait. Elle avait honte même. Elle se dégoûtait. Tout ça pour ça.


Une chose est sûre, elle ne recommencerait pas. La libido, les envies, c’est une chose, l’honnêteté une autre.
Fred n’en saurait rien. Elle ne voulait pas le blesser. Tirer un trait sur cette affaire, sur ce désastre. Ne jamais revoir cet homme.


Elle s’arrêta au bord de la route, pour sécher les larmes qui coulaient de ses yeux, se recoiffer, arranger ses vêtements, revoir son maquillage. Difficile de se regarder dans le rétroviseur. Cette honte qui la tenaillait. Il fallait repartir maintenant, le soir commençait déjà à tomber en cette fin d’après-midi de novembre.


En arrivant devant chez elle, elle s’étonna de trouver le portail grand ouvert. La voiture de Sophie, sa sœur, était garée devant la maison, à côté de celle de Fred.


Sophie était là. Ça lui permettrait de donner le change, de ne pas se retrouver tout de suite en tête à tête avec Fred. Elle pourrait doucement reprendre ses esprits.



Il y avait de la lumière dans le séjour. Alice a récupéré les paquets qu’elle avait laissés dans le coffre de la voiture. Son alibi ! Elle avait dit à Fred qu’elle avait prévu une journée shopping avec sa meilleure amie, Sonia. Elle était passée le matin, avant son rendez-vous au restaurant, au centre commercial, avait acheté quelques bricoles pour donner le change. Elle avait tout calculé. Quelle honte ! Elle était tombée bas. Pitoyable ! Ça allait être compliqué de se regarder dans une glace pendant un bon moment.


Le séjour était peu éclairé. Sophie était assise sur le canapé, seule, la mine défaite.


— Qu’est-ce qui se passe ? Où est Fred ? dit Alice surprise.
— Lis ça, lui dit sa sœur en lui tendant une feuille de papier.


Alice se décomposa. Tout s’écroulait autour d’elle.




FRED



Tout a commencé lors de ce foutu mariage. Je n’avais pas envie d’y aller. Les mariages, ça me gonfle. Deux familles qui ne se connaissent pas qui sont censées faire la fête ensemble. Souvent ça tombe à plat et on s’y emmerde ferme.


Là, c’était celui d’une vague cousine d’Alice, qu’ils n’avaient pas vue depuis des lustres. Aucune excuse valable pour refuser. On y était allé donc. Tant pis.


C’était gagné d’avance, je m’y suis ennuyé. Je n’aime pas trop danser. Alice, de son côté aime ça. J’avais fait un effort au début me secouant sur la piste de danse sur les rythmes que l’on entend habituellement à l’occasion de ce genre de fêtes. De la grande musique quoi !


Et puis il y avait ce type, que j’avais repéré. Je ne le connaissais pas. Sûrement un membre de l’autre famille, ou un vague ami de la mariée ou du marié. En tout cas, il lorgnait sur mon épouse sans arrêt et sans vergogne.


Vu mon regard, il avait fini par s’éloigner, je l’avais oublié.


J’étais retourné m’asseoir, j’en avais marre de cette musique, de me trémousser.
Il faisait encore chaud en ce mois de septembre. Je voulais boire un verre d’eau et me rafraîchir un peu le visage aux toilettes.


En revenant, le type était à côté d’Alice. Il dansait, lui parlant à l’oreille, elle s’esclaffait. Ils riaient ensemble.


Je ne suis pas forcement jaloux. C’est surtout que j’ai confiance en Alice. Si ce type allait trop loin, elle saurait le remettre à sa place sans problème.


Le DJ annonça les slows. Alice allait quitter la piste de danse, quand l’autre la rattrapa pas le bras. Il l’invitait à danser un slow.


Ce gus commençait à m’énerver sérieusement. Il se croyait où, lui.


Je me raisonnai.


S’il devenait trop entreprenant, je n’aurais même pas à intervertir, Alice l’enverrait paître.


D’abord à distance raisonnable, leur corps se rapprochait régulièrement au fur à mesure de la danse. Ils n’arrêtaient pas de parler. Alice pencha sa tête en arrière, elle riait. Ce type lui faisait du charme.


Je voyais mal depuis ma place, mais j’eus le sentiment que la main du type, d’abord dans le dos de ma femme, descendait vers ses fesses. Je me levai, plus de doute, la main de l’homme était sur le haut de la fesse d’Alice. Et elle ne disait rien ? Encore trente secondes et il allait lui toucher le cul.


La chanson venait de finir, un autre slow débutait. Manifestement, le type allait continuer. Je pris Alice par le bras :


— Vous permettez que je danse avec ma femme ?
— Euh, oui bien sûr, me répondit le type avec un air narquois.


Je pris Alice dans mes bras et nous avons dansé :


— Qu’est-ce qui t’arrive mon chéri ?
— Ça serait bien que tu arrêtes de te montrer en spectacle.
— Comment ça ?
— Ce type te pelote le cul et tu te laisses faire ?
— Tu te fais des idées, on s’amuse c’est tout, on rigole !
— Écoute Alice, j’ai vu ce que j’ai vu, je ne suis pas aveugle.
— Mais tu es jaloux, me dit-elle en riant, c’est trop mignon !
— Tu sais que j’ai confiance en toi, mais il y a quelques limites tout de même. Tu as bu un peu, tu supportes mal l’alcool, tu ne te rends pas pleinement compte de ce que ce type est en train de faire.
— Arrête, dansons, me dit-elle en se serrant contre moi et en posant sa tête contre mon épaule.


J’étais rassuré. À vrai dire, je n’avais pas vraiment eu peur. Cette fameuse confiance toujours. Ce qui m’énervait, c’était l’attitude du type.


Nous sommes retournés à notre place. Le type était à l’autre bout de la salle.


Vers deux heures du matin, j’ai proposé à Alice de rentrer. Elle était également fatiguée. Elle avait légèrement abusé de l’alcool et avait envie de dormir.


Elle me dit qu’elle devait aller au lavabo se rafraîchir, qu’elle passait saluer quelques membres de sa famille, qu’elle me rejoignait à la voiture aussitôt après.


Je l’attendais dehors. Le type était là en train de fumer. Il me lançait toujours ce même regard narquois. Je l’ignorais. Il s’approcha de moi :


— Sans rancune, mec ? me dit-il
— Sans rancune de quoi ?
— Bon, écoute, on s’est compris toi et moi, on est des hommes on sait ce que c’est !
— Écoutez, foutez-moi la paix. À moi et surtout à ma femme. Si je vous revois tourner autour d’elle…
— Oui ? Tu vas faire quoi ? Dis-moi que je rigole !


Je ne suis pas d’un tempérament bagarreur. La dernière fois que j’en étais venu aux mains, ça remontait à longtemps, mais là, le coup de tête est parti tout seul.


Ce type et sa morgue, c’en était trop. Je l’atteignis au front. Dommage, un peu plus bas et je lui cassais le nez, furent les premières pensées qui me vinrent.


L’autre se retrouva les quatre fers en l’air sur la pelouse. Deux hommes qui se trouvaient là, l’aidèrent à se relever, et sûrement pour que ça ne s’envenime pas, l’ont entraîné vers les lavabos.


C’est juste après qu’Alice sortit de la salle :


— Qu’est-ce qui se passe ? me dit-elle
— J’en sais rien, sûrement un type qui a eu un malaise ou qui a trop picolé !
— Ah ! On y va ? me dit-elle.


Elle n’avait pas reconnu l’autre lascar.


J’étais plutôt fier de moi et requinqué. Cet épisode m’avait remis de bonnes humeurs. J’avais lavé mon honneur et surtout celui de ma femme.


En rentrant, je fus surpris. Alice lorsqu’elle boit un peu trop, s’endort rapidement. Là, alors que je me déshabillai assis sur le lit, elle s’agenouilla devant moi, sortit mon sexe et le prit dans sa bouche. Sa langue courait dessus, puis elle l’engouffrait à nouveau. Elle y mettait du cœur !


Elle me repoussa sur le lit, s’accroupit au-dessus de moi, passant sa robe par-dessus ses épaules. Je lui caressai les seins à travers le tissu du soutien-gorge, je réussis à le lui retirer pour prendre sa poitrine nue à pleine main. Ses tétons étaient tout durs et raides. Mes mains descendent sur son ventre.


Alice s’est relevée pour enlever sa culotte, elle vint ensuite s’empaler sur mon sexe en me chevauchant.


Alice a joui très rapidement, elle s’écroula d’abord sur moi, m’embrassant, me donnant sa langue.


— Attends, me dit-elle en se dirigeant vers la salle de bain.


Elle revint rapidement de la salle de bain, se mit en levrette devant moi, me présentant ses fesses. Elle sollicitait une sodomie.


Nous ne pratiquions pas souvent la sodomie. Alice n’en était pas forcement friande. Elle me laissait faire de temps en temps, mais c’était la première fois qu’elle me demandait de la prendre par là.


Elle d’ordinaire, amatrice de préliminaires, de caresses, de baisers, me laissant l’initiative, avait pris les choses en main, était passée directement au coït, puis me réclamait une sodomie. Bon, on ne va pas chercher à comprendre ! Ce que femme veut ! Et puis, je ne n’étais pas trop à plaindre du traitement qu’elle me réservait !


Elle était allée dans la salle de bain s’enduire les fesses d’un gel quelconque. La pénétration se fit aisément, j’y allais tout de même en douceur. Une fois entièrement en elle, je commençais de petits va-et-vient. Alice se mordait la lèvre inférieure. Elle poussait des petits cris. Elle qui ne prenait qu’un plaisir mesuré d’habitude avec cette pénétration, là elle se déchaînait. Je jouis en elle et nous écroulâmes sur le lit l’un à côté de l’autre, repus.


Alice passa sa nuisette et s’endormit très rapidement.


— Les effets de l’alcool à retardement, me dis-je.


Moi, j’eus du mal à trouver le sommeil, malgré l’heure tardive. Je repensais à cette soirée, à l’autre con, à notre retour à la maison, aux initiatives d’Alice.


Je n’ai plus trop repensé à cette histoire les jours qui ont suivi. Je finis par l’oublier presque complètement.


Parfois, le souvenir me revenait, mais ce que j’en retenais, c’est le coup de boule que j’avais mis au gugusse. J’étais bien conscient que moi qui ne me battais jamais, j’avais eu finalement beaucoup de chance. J’avais frappé à l’aveuglette, par instinct. C’était plus l’effet de surprise qui m’avait permis de m’en sortir indemne, plutôt que ma technique de combat. Je ne fanfaronnais pas avec ça, si je n’avais pas eu la chance de taper juste du premier coup, l’autre n’aurait fait qu’une bouchée de moi.
Je finis par oublier complètement.


— Fred, samedi, j’ai prévu une journée shopping avec Sonia.
— D’accord.
— On a rendez-vous dans la matinée, on mangera un truc vite fait près du centre commercial et je rentrerai dans l’après-midi.
— Pas de problème !


Tu m’étonnes qu’il n’y a pas de problème. Ces journées shopping avec Sonia, sa meilleure amie, ça m’évitait la sacrée corvée de la suivre dans les magasins. J’ai horreur de ça.


Le lendemain, j’ai rencontré Sonia dans la rue :


— Salut, Sonia, ça va ?
— Oh, salut Fred ! Oui bien, et toi ?


Nous avons papoté deux minutes avant qu’elle ne me dise :


— Comment va Alice, ça fait quelques jours que je n’ai pas de ses nouvelles ?
— Elle va bien, mais vous vous voyez samedi, je crois !
— Hein ? Ah ? Je… Bon faut que je te laisse, je dois passer à l’école chercher les s.


Son hésitation m’a paru bizarre. Elle a bafouillé, sans me répondre vraiment. Pourtant, ces journées shopping entre filles, elle aimait ça autant qu’Alice. Bizarre, vraiment. Après elle était pressée, l’école, en plus il pleuvait à verse ce jour-là…


J’ai repensé à ça à, plusieurs reprises au cours de la semaine. J’avais confiance. Après l’histoire du mariage, en septembre, je m’étais posé quelques questions, mais il fallait vraiment que j’arrête de me faire mon cinéma.


Le vendredi soir suivant, j’ai demandé à Alice :


— Tu as rendez-vous à quelle heure demain avec Sonia ?
— Euh, 11 heures, pourquoi ?
— Rien, comme ça.


Le samedi matin, une autre chose attira mon attention, la tenue d’Alice. D’habitude pour ces journées marathons, elle se mettait en tenue de combat : jean, chaussures confortables… Là, elle était habillée plutôt sexy, jupe courte, petit haut légèrement décolleté, jambes gainées de noir : classe, mais sexy. Elle enfila des escarpins à talons hauts.


À 10 h 45, elle m’embrassa et partit. Je voulus en avoir le cœur net.


J’ai masqué mon numéro sur mon portable et j’ai appelé chez Sonia. Elle habite à trente kilomètres d’ici, si elle veut être à l’heure au centre commercial, elle a dû prendre la route depuis plus d’une demi-heure.


C’est son mari qui m’a répondu :


— Allo ?
— Allo, bonjour, Sonia est là ? dis-je en modifiant ma voix.
— Sonia, c’est pour toi !


J’entendis la voix de Sonia au fond :


— J’arrive, chéri ! C’est qui ?
— De la part de qui ?


J’ai raccroché.


Sonia était chez elle. Donc pas au centre commercial. Ça confirmait mes doutes de la semaine, après notre rencontre.
Le temps de mon appel, Alice avait sorti sa voiture du garage et passait le portail de la maison.


J’attrapai mes clés de voiture, j’allai la suivre. Je voulus en avoir le cœur net.


En sortant à mon tour dans la rue, je vis la voiture rouge d’Alice tourner au carrefour. Je pris cette direction et la suivis à distance respectable.


Quel idiot, tu n’arrêtes pas de parler de confiance et là, au premier doute, tu la suis comme un imbécile. Arrête donc de jouer au détective privé.


Je m’étais presque persuadé de faire demi-tour, quand un dernier doute m’envahit : sa tenue, ce n’était vraiment pas normal. Même si Sonia était malade et avait annulé au dernier moment, pourquoi pas, c’est plausible. Mais la tenue, ça ne collait pas. Et puis Sonia, d’après ce que j’avais entendu de loin au téléphone n’avait pas vraiment l’air malade !


Je vais en avoir le cœur net. Au pire, j’aurais perdu mon temps et je rentrerais à la maison la queue entre les jambes, mais rassuré !


Après un trajet de dix minutes, Alice se gara près du centre commercial. Eh bien voilà ! Fin de l’histoire ! Elle va vraiment faire du shopping et Sonia a dû avoir un empêchement. Rien de plus. Je me garai à quelques mètres. Pourquoi ai-je attendu au lieu de faire demi-tour ? Franchement je n’en sais rien ! J’étais euphorique. Juste avant, je commençais à paniquer, mais là j’étais complètement rassuré.


Je fus surpris de voir Alice sortir au bout de dix minutes avec deux sacs qu’elle plaça dans son coffre, puis elle entra dans sa voiture. Je la vis prendre son portable et téléphoner. Je m’attendais presque à entendre le mien sonner. Mais non. Elle discuté un quart d’heure. Puis je la vis remettre son portable dans son sac, démarrer sa voiture et partir.


L’angoisse me tenaillait à nouveau. Je l’ai suivie.
Elle prit la direction du centre-ville. Elle se gara près de la mairie, descendit de sa voiture, regarda l’heure et se dirigea vers la rue commerciale.


D’autres courses ? En centre-ville ? Il est presque midi, elle va peut-être aller s’acheter un truc à manger ?
J’ai continué de la suivre, à pied cette fois. Elle regardait sa montre sans arrêt. Elle s’arrêtait devant les vitrines, mais j’avais l’impression qu’elle ne les regardait pas vraiment. Elle tuait le temps.


Elle regarda sa montre une fois de plus et traversa la rue. Elle entra dans un restaurant en face. C’était l’établissement le plus chic de la ville. Nous y étions allés quelques fois dîner ensemble.


Ce n’était pas un déjeuner improvisé entre deux séries de magasins ! Elle avait rendez-vous, c’est sûr ! Mais avec qui ? Un homme ? Non, ce n’est pas possible ! Il devait y avoir une explication. J’allais lui en parler, elle me dirait !


Pourquoi m’a-t-elle dit qu’elle passait la journée avec Sonia alors que manifestement ce n’était pas vrai ?


C’est là que mon monde s’est écroulé. L’autre con qui arrive et qui entre dans le restaurant. Celui du jour du mariage ! C’est pas vrai !


Putain, je vais lui casser la tête à lui et Alice, il va falloir qu’elle m’explique ! Bon, on est dans une petite ville, on va éviter le scandale en pleine rue. Mais ça, je le promets, on va s’expliquer ! Je fis les cent pas, essayant de me calmer. Je pris sur moi pour ne pas aller dans le restau foutre ma main dans la figure de l’autre et peut-être dans celle d’Alice aussi. La confiance ? Mon cul oui !


Je m’étais approché du restaurant, j’avais presque la main sur la poignée. La raison a pris le dessus. J’aurai mon explication, mais pas là, je n’étais pas en état. J’ai levé la tête avant de tourner les talons et je les ai vus. Elle était de dos, elle riait apparemment. Il lui tendait un petit paquet cadeau.


Je n’en pouvais plus. Il fallait que je parte, sinon, j’allais tout casser.


Me raisonnant, je suis retourné dans ma voiture. Et là, je me suis écroulé. Les larmes m’ont coulé sur le visage. Elle m’avait trahi. J’avais toute confiance en elle. Elle me trompait avec ce type-là. Y en avait-il eu d’autres avant ? Est-ce que j’étais cocu depuis longtemps ? Depuis le début ? La salope !


J’étais effondré. J’aurais sûrement dû rentrer et attendre ma femme, pour m’expliquer avec elle. J’ai attendu là pourtant, dans la voiture.


Ils sont sortis une heure après. Qu’est-ce que j’allais faire ? Ma colère était retombée, mais j’étais au trente-sixième dessous, en pleine déprime.


Ils prirent le trottoir. Le bras du type autour de la taille d’Alice. Il faisait de grands gestes avec son autre bras en lui parlant, comme un couple d’amoureux lambda. Elle l’écoutait en hochant la tête. Elle était heureuse. Elle était bien avec lui. Comme elle était avec moi avant tout ça !


Pourquoi je les ai suivis ? J’aurais vraiment dû m’en aller (oui, je sais, ça fait au moins trois fois, que je dis ça !). Arrivé devant un immeuble, il a tapé le code d’entrée. Il a bloqué la porte avec son pied et il l’a embrassée. Elle lui a rendu son baiser. La connaissant bien, je l’ai trouvé tendue, mais elle lui a tout de même rendu.


Ils sont entrés. La porte s’est refermée, je ne pouvais pas aller plus loin.


Au moins, je connaissais l’adresse de l’autre. Je pourrai revenir et lui casser la gueule.


Je n’en avais même plus envie, là, maintenant. Je suis rentré.
J’ai écrit une longue lettre, reprenant tout ce que je viens de décrire…




ALICE



— Oh mon Dieu, mon Dieu ! Qu’est-ce que j’ai fait !


Alice venait de s’écrouler dans le fauteuil. Elle venait de lire la lettre écrite par Fred.


Les derniers mots disaient :


J’ai décidé d’en finir Alice. Je t’aimais plus que tout, je t’aime encore, mais je ne peux pas continuer. Tu étais tout pour moi, j’aurais décroché la lune pour toi. Là c’est trop.


Je vais avaler tous les comprimés de ta boîte de somnifères. Je pense n’être pas assez courageux pour une mort plus violente, tu me disais toujours que j’étais douillet. Et puis on prend ce qui nous tombe sous la main, je n’ai pas d’arme à feu. Se jeter sous un train ou dans le vide, c’est compliqué, c’est instantané. C’est sûr qu’au dernier moment, j’aurais renoncé. Le fameux instinct de survie. Les médicaments, c’est une mort différée, pas immédiate. L’instinct de survie ne joue pas à fond, devient moins un frein. On avale et il ne se passe rien tout de suite. On part plus tard, en douceur, sans en avoir conscience. Tout le monde est lâche face à la mort. Même si on veut mettre fin à ses jours. Je vais prendre ces foutus cachets et partir en douceur.
Je t’aime, mais je ne sais pas si je pourrais te pardonner. J’aurais pu si tu avais fait ça sur un coup de tête, sans réfléchir, mais là, non, tu cogitais ça depuis le mois de septembre. C’était mûrement réfléchi, tout était planifié, pensé. Comme je viens de l’écrire, je ne suis pas sûr de pourvoir te pardonner. Je n’ai pas l’intention de vivre avec ça. C’est au-dessus de mes forces.
Comme je te l’ai dit, j’aurais pu comprendre en d’autres circonstances. Moi-même, j’ai eu des envies, des occasions même. Sauf que jamais, je ne l’ai fait.
Adieu, Alice, je t’aimais.





— Il est mo…
— Non, il n’est pas mort, lui répondit Sophie, lui coupant la parole, en insistant bien sur le mot « mort ».
— Où est-il ?
— À l’hôpital. J’étais venue pour vous voir. J’avais quelque chose à vous annoncer. Une bonne nouvelle, mon mariage ! Je l’ai trouvé par terre devant le canapé. Avec cette… lettre, lui dit Sophie d’un ton glacial.
— À l’hôpital ? Alors il est vivant ?
— Oui, je suis arrivée à temps, j’ai appelé les pompiers, ils l’ont emmené pour lui faire un lavage d’estomac. Je suis restée auprès de lui après, puisque tu n’étais pas là… Et qu’il n’y avait personne d’autre ! J’ai essayé de t’appeler.


Alice sortit son portable de son sac. Il était éteint depuis midi. Elle avait oublié de le remettre en marche :
Sophie, 11 appels en absence… Sophie, 8 messages.


— Oh mon Dieu, co… co… comment… J’y vais, je vais à l’hôpital.
— Pas la peine, ils m’ont demandé de partir. Je serais encore là-bas sinon. Il est tiré d’affaire, mais avec la dose de somnifères qu’il a dans l’organisme, il va dormir jusqu’à demain matin. Il devrait rester un jour ou deux en observation après. Ils craignent surtout qu’il ne retente de se suicider.
— Je vais passer la nuit auprès de lui, j’y vais.
— Ça m’étonnerait qu’il te laisser rentrer, ils m’ont demandé de partir, j’ai insisté pour rester, mais ils n’ont pas voulu. Ils croyaient que c’était moi sa femme.
— Mais je suis sa… femme
— Sa femme ? Vraiment Alice ?


Sophie se leva, prit son manteau et quitta la pièce sans un regard, sans un mot pour sa sœur complètement effondrée.
Alice ne dormit pas de la nuit. Avec ses caprices, son mari avait failli mourir. Elle lui avait fait du mal. Sûrement qu’il ne lui pardonnera pas son incartade. Il allait demander le divorce. Elle l’aimait, elle en était sûre. Sa coucherie lui avait vraiment mis ça en évidence. Comme si elle pouvait en douter. Comme si elle avait besoin d’une preuve !


Quelle gourde. Quelle conne. Il était trop tard pour regretter. Elle l’aimait tant !
Il l’aimait et elle s’était comportée comme une… salope ! La reine des salopes.


Demain, elle irait le voir. Elle essaierait de recoller les morceaux de son couple, de sa vie. Elle n’envisageait même pas comment vivre sans lui. Elle s’est rappelée le jour où le médecin leur avait annoncé qu’elle n’aurait jamais d’s. Il l’avait soutenue, aidée à remonter la pente. C’est à cette époque qu’elle avait pris ses satanés cachets. Grâce à lui, elle était sortie de ces semaines de dépression. Et elle l’avait trahi. De la pire des manières.


Le lendemain, Alice se présenta à l’hôpital et demanda son mari.


— Ah, ça ne va pas être possible ma p’tite dame, lui répondit la femme à l’accueil après avoir consulté son ordinateur.
— Mais je suis sa femme, je peux le voir quand même !
— En principe oui, mais là, non !
— Comment ça ?
— Il est sorti il y a deux heures. Tôt ce matin.
— Comment ça, c’est impossible, il n’était pas en état de…
— Le médecin de garde n’a pas voulu, mais il a signé une décharge pour partir. Son état physique étant correct, le médecin l’a laissé sortir.
— C’est légal ?
— Oui, c’est légal puisqu’il a signé une décharge. On ne retient personne de force ici.


Une heure ! On a dû se croiser, il est rentré à la maison. Alice repartit dans l’autre sens.


La maison était vide. Il n’était pas encore arrivé ? Il n’était pas en voiture, c’est ça, j’ai été plus vite que lui.


Ses derniers espoirs se sont évanouis quand Alice découvrit que Fred était déjà passé. Il avait emporté ses affaires et deux valises. Et puis sa voiture à lui n’était plus devant la maison. Elle ne l’avait pas remarquée en arrivant.


Elle tenta de l’appeler des dizaines de fois sur son portable. Elle tombait directement sur la messagerie. Il n’était pas ouvert. Elle laissa des messages, elle demandait pardon, elle pleurait, suppliait.


Le lendemain, lundi, donc, Alice se rendit au travail de Fred. Là elle pensait pouvoir le voir. Enfin peut-être. On lui annonça qu’il avait envoyé un mail la veille au patron, lui annonçant qu’il démissionnait, qu’on lui paye son salaire, qu’il ne reviendrait pas. Tout le monde en parlait dans la boîte !


Complètement anéantie, Alice rentra chez elle.
Un mail arriva, elle le consulta sur son portable. C’était lui ! C’était Fred !


Le contenu était plutôt laconique. Il lui annonçait qu’il partait, qu’elle n’aurait plus de ses nouvelles, qu’il avait passé le cap, il ne cherchera plus à se . Il avait vidé tous les comptes à la banque, mais seulement de la moitié de ce qu’ils contenaient. Elle pouvait garder la maison et tout le reste. Lui n’en avait plus besoin, il commençait une autre vie. Il n’y aurait pas de divorce. Il n’avait plus envie de la voir, même pour divorcer.


Alice prit la boîte de somnifères qui traînait encore sur la table du salon. Même ça c’était vide.


A suivre ….

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