Aventures (7)

Partagé entre un Paco de plus en plus fervent des amours dites sodomites (mais seulement en extra selon lui), un Ahmed plus attaché que jamais (devenu un employé extrêmement assidu et un fervent amant), un Juan revenu à de meilleures dispositions mais ne perdant pas l'espoir d'une exclusivité, Hubert n'en connaît pas moins des rencontres fugaces. En cinq ans il a tout loisir de repérer les coins propices à la drague. Il évite les boîtes, peu enclin à s'enfermer en se dandinant dans le noir avec spots éblouissants au son d'une cacophonie qu'il a beaucoup de mal à supporter. Tout comme il dédaigne les endroits dits mal fréquentés, pour cause de racailles supposées dangereuses mais combien excitantes, dans lesquels il ne se rend qu'en cas de famine extrême, ce qui s'avère assez rare. Lui et Paco ont été transférés dans une autre agence de la ville, chacun de leur côté. Ce qui ne les empêche pas de se voir régulièrement.

Hubert reste adjoint du directeur mais avec un patron à l'orée de la retraite, un ancien militaire de carrière ne cessant de vanter ses exploits, véridiques ceux-là si l'on en croit les autres employés ainsi que la rosette affichée sur la boutonnière du col de sa veste. L'homme, placé là uniquement pour des raisons de services rendus à la patrie, s'en remet complètement à son adjoint dont il lorgne les appâts entre deux critiques acerbes sur les mœurs du dit adjoint qu'il décrète ne pouvoir longtemps supporter. Il voudrait bien certaines gâteries, mais son éducation le lui interdit, persuadé qu'il est de ne pas subir de refus de la part d'Hubert s'il lui demandait de le gratifier de privautés polissonnes. Ce dernier patiente, sachant qu'un changement ne tardera pas à intervenir.

Fortuné, quant à lui, resté dans la même agence pour cause de nonchalance et de ne pas vouloir guigner un poste supérieur, se rabat sur Antoine, l'antiquaire à domicile une fois l'épisode Gérard définitivement close et oubliée.

Les rencontres "inopinées" portent leur fruit. Après quelques cinq ou six croisements dans le même bar, le second s'est décidé à aborder le premier. De discussions anodines en conversations plus précises, ils se trouvent nombre de points communs et constatent une entente des plus prometteuses. Nombre de connexions entre eux confirment leur goût mutuel pour leurs chairs survoltées par le besoin d'échanger leur sueur, entre autres délices. Il en résulte un retour d'Antoine, à titre purement amical, vers Hubert, meilleur ami de Fortuné. Celui-ci renâcle bien parfois: il aimerait fourrer sa longue queue dans l'antre d'Antoine qui refuse obstinément de se laisser enculer, même en douceur.

Ces gens se rencontrent chez les uns ou chez les autres. Tout va donc pour le mieux dans leur petit monde qu'ils estiment le meilleur.

*****

Un imprévu vient distraire Hubert de ses fréquentations habituelles. Toujours en quête de nouveautés, il ne cesse de draguer dès que ses occupations le lui permettent, que ses amants attitrés lui laissent certains loisirs. Ainsi, dans un cinéma porno, rencontre-t-il Patrice. Les premiers contacts se déroulent furtivement, dans les toilettes, entre deux ou trois couples s'adonnant à la baise dite sur le pouce. Tout se passe comme si on se trafiquait en douce. On se cache presque, les gestes sont courts, brefs, pas une parole n'est prononcée, on évite de regarder son partenaire et, à fortiori, les autres. Cette fornication en catimini cause une certaine honte aux participants mais également une excitation due à la peur d'être surpris. On ouvre juste la braguette, on tâte un peu les queues qui se redressent, on se branle, on se suce vite fait. Pas le temps de se rouler des pelles ou de se caresser. Un membre du couple baisse son froc, juste le nécessaire sans plus, histoire de mettre son cul à nu que l'autre embroche dès la capote mise. On s'agite, on grogne, on jouit, on s'essuie avec un mouchoir en papier que l'on jette tout en se rhabillant. On se sépare sans un mot, un petit sourire complice parfois accompagné d'un clin d'œil rarement suivi d'un bisou voire d'une poignée de mains.
Ainsi compte pratiquer Patrice qui ne veut pas perdre de temps, persuadé de soulager sa libido en quelques minutes avant d'aller s'occuper ailleurs. Il pose une main sur la braguette d'Hubert et sa deuxième main sur la sienne de braguette, le tout de façon quasi autoritaire. Hubert comprend que ce sera du bâclé, alors qu'il pensait à une envolée complète, le mec lui plaisant vraiment beaucoup. Il ne l'entend pas ainsi. Simulant une perte d'équilibre, il place sa tête contre le cou de Patrice, glisse un bout de sa langue dans l'oreille qu'il fouille allègrement. Etonné par ce qu'il considère comme une complication, Patrice tente de s'y soustraire, ouvre la bouche afin de dire son refus. Prestement, Hubert clos les lèvres de l'autre avec ses lèvres à lui, dardant sa langue sur celle de son partenaire à qui il roule une pelle magistrale. L'élan de douceur ne déplaît finalement pas à Patrice qui commence de participer. Entre deux, il soupire d'aise, sachant que son programme d'origine vient d'être chamboulé. Il accepte les exigences d'un Hubert aux anges. Doucement, deux mains dégrafent la boucle du ceinturon, ouvrent le haut du jeans, baissent le vêtement, se glissent sous le caleçon, taquinent une queue en passe de développement. La douceur des baisers, la chaleur de ses doigts coquins, le sourire enjôleur d'Hubert, font que Patrice cède définitivement, demandent à son tour un jeu complet dans les ébats. Joignant le geste aux intentions, il s'occupe d'une mise à l'air des attributs de son amant du moment, avec sensualité mais avec précision. Bientôt, de magnifiques membres s'érigent qui se croisent comme deux épées durant un duel. Les regards ne se quittent pas. Les lèvres sourient de ce jeu. La queue de Patrice émet une importante dose de mouille qui se transforme en un filet lorsqu'il bouge de gauche à droite afin de frapper légèrement sur la queue de l'autre qui reçoit un peu de cette liqueur. Les doigts enserrent les vits qu'ils manipulent de façons masturbatoires. Le plaisir monte, décuplé par cet arrosage intime. Dans un souffle, Hubert supplie:
<< - Pas déjà! >>

Patrice opine du chef, retirant sa main qu'il dirige sous la chemise d'Hubert afin de rouler les tétons entre ses doigts. Ainsi agréablement malmené, Hubert met sa tête en arrière, bombe le torse. Dans un ensemble parfait, les pantalons tombent aux chevilles, les bassins se frottent, les mains serrent les corps l'un contre l'autre. Certains gémissements attirent l'attention de cinq mecs présents qui cessent leurs occupations afin de jouer les voyeurs, ce qui ne déplaît pas au nouveau couple. Patrice s'accroupit, s'empare des jambes d'Hubert et gobe sa queue qu'il avale goulument. Sans précipitation, par mouvements amples, il inflige une suave fellation à Hubert qui ne retient pas ses râles de plaisir. Les voyeurs s'astiquent l'un l'autre voire seuls, se taquinent en se roulant des pelles mais se gardant bien de trop approcher des deux baiseurs. Ceux-ci ne s'occupent pas de ce qui les entoure. Hubert aimerait bien se positionner en 69. Mais la saleté du sol repousse toute idée de s'y allonger. Observateur, Patrice comprend. Les gestes remplacent les paroles. Debout, appuyé au mur, il reçoit Hubert tête en bas, pieds en hauts. Plus robuste, le premier lève le second de sorte que les bouches se trouvent face aux tiges de chair. Très vite, la gloutonnerie l'emporte. Ne s'élèvent dans la pièce que les bruits de succions accompagnés d'un râle plus fort provenant d'un voyeur qui n'a pu retenir ses fusions de foutre. Il quitte le lieu, penaud mais soulagé. Trois minutes de 69 acrobatique causent certaines raideurs des muscles, raideurs incompatibles avec celles des verges car plus douloureuses. Reprenant une position dite à la verticale et normale, Hubert tend un préservatif à Patrice, offrant son fondement aux fins de sodomie. Mais ce dernier couvre la queue de son amant qu'il enfourne entre ses fesses velues, sans coup férir et sans user de lubrifiant si ce n'est sa mouille très abondante. Un soupçon décontenancé, Hubert se ressaisit, pistonne l'anus mis à sa disposition tout en ne ménageant pas caresses et pelles quand ses doigts ne branlent pas le mec qu'il enfile avec entrain. Là, certaines mains frôlent les deux jouteurs qui ne bronchent pas. Une tête plus hardie que les autres se faufile entre le mur et Patrice, happant la queue de celui-ci qui ne demandait pas mieux que de la nicher ainsi dans un lieu chaud et humide. Rendu téméraire, un quidam croit pouvoir enfiler Hubert. Il se place derrière lui, colle sa queue contre la raie, tente une entrée triomphale. A tâtons, Hubert comprend que l'intrus n'a pas de capote. Il le pousse énergiquement. Le mec, contrit par cette rebuffade qui le vexe, veut forcer la porte qu'on lui refuse. Un tiers voyeur comprend la situation, regrettant que le spectacle soit ainsi saboté, intervient en offrant son propre trou à l'individu rebelle qui, cette fois, se calme et introduit son mandrin à cru dans cet antre bien cambré. Deux adeptes du bareback! Les deux couples forniquent à l'identique, selon un rythme identique, sans aucune interaction entre eux. Au demeurant, ils ne se regardent pas. D'un coup, Patrice pousse une sorte de couinement, alertant ainsi son suceur de la montée de la sève qui ne tardera plus à déborder. Dans le même temps, Hubert comprend au serrement de l'anus enculé, ce qui provoque sa propre montée de jute. Les expulsions s'effectuent sous une bordée d'injures, sous un chant de sirène, accompagnées de spasmes plus jubilatoires les uns que les autres. Le suceur de Patrice arrose un peu plus le sol. Le voyeur restant se finit solitairement quand le couple à cru explose dans des contorsions plutôt comiques.
Tout ce petit monde reprend une attitude décente, remettant en ordre les tenues vestimentaires après essuyage des ultimes coulées de foutre sur les corps. On assiste alors à une véritable fuite des auteurs de cette scène cochonne, exception faite d'Hubert et Patrice qui sortent calmement après quelques caresses très appuyées et certains baisers langoureux.
Sans se consulter, ils éprouvent le besoin de prolonger les festivités de façon plus complète. Ils se rendent chez le premier afin de mieux se connaître.
Cette fois, ils ne lésinent pas sur les prémices et autres 69, sans compter tout ce qui peut accompagner les sodomies partagées et de bon aloi. Les sexes comblés momentanément,

Patrice invite son amant à une petite "dînette" au resto du coin.
Au cours du repas, il précise:
<< - Tu sais, Hubert, je suis bi. Ça te dérange pas?
- Non, pourquoi, je devrais?
- En général on ne nous aime guère, d'un côté comme de l'autre.
- Moi je m'en fiche pas mal. Du moment que le mec me plaît et qu'on s'envoie en l'air avec brio, le reste ne me regarde pas… >>

Tout en continuant son repas, Hubert se dit que ce n'est pas la première fois qu'il rencontre un bi. Au demeurant, Paco en est la preuve. Mais très vite ses pensées l'amènent à constater que ledit Paco était un hétéro 200%, pas un bi. Il l'a fait virer bi, ce qui est totalement différent. Et encore! Le Paco baise uniquement avec lui, Hubert, et avec aucun autre mec. Tout au moins il le croit fermement. Une idée émerge: pourquoi ne pas faire du Patrice un homo 100%, voilà qui serait une gageure intéressante ou à tout le moins le faire pencher vers les mecs? Il s'inquiète, histoire de parler:
<< - Tu préfères les mecs ou les nanas?
- Je sais pas trop. Les deux pareils, je crois. Tu sais, je prends ce qui vient. Du moment que je baise. Le tout, c'est que la personne me plaise et que je lui plaise. Bite ou chatte, j'aime ça.
- Tu as jamais essayé les deux en même temps?
- Non, ça me dit rien. J'ai partouzé avec des mecs. Y'en a toujours un ou deux qu'on délaisse. Et puis ça me branche pas trop… toute cette viande étalée me débecquette. Je suis fais pour un duo, pas plus. Pourquoi, t'es un fan du genre?
- Non, pas spécialement. Ça m'arrive, comme à tout le monde mais je n'en fais pas mon plat préféré.
- Et les nanas?
- Jamais! >>

La réponse fuse comme un cri du cœur. Patrice sourit, hoche la tête en signe de compréhension. Il déclare:
<< - Au moins, t'as la chance d'être d'un côté et de pas te balancer entre les deux. >>

La conversation se poursuit, sur d'autres sujets. À la fin du repas, Hubert suggère:
<< - On peut se revoir?
- Si je t'ai invité à bouffer avec moi, c'est que j'espérais en venir à ça.
- Alors où et quand?
- Demain, non après-demain, plutôt. Disons après le boulot, vers 18h30 chez toi.
- C'est bon pour moi.
- Ça te dit la soirée et la nuit tous les deux?
- Oui, ça me dit. Mais pas chez moi.
- OK je t'emmènerai dans mon gourbi à moi. Et… pour cette nuit?
- Je ne suis pas libre. Un copain vient dormir à la maison. Il a besoin d'être consolé.
- Dommage! Mais je me rattrai, juré! >>

*****

Ahmed surpris du peu d'entrain employé au lit par Hubert, ne cache pas sa déception. Il se rassure lorsque ce dernier lui annonce, avant de partir au travail:
<< - Excuse pour cette nuit mais j'étais crevé. Reste dormir si tu veux.
- Chouette! J'bosse qu'à 9 plombes! >>

Pour lui, cette concession depuis longtemps accordée, fut une grande avancée dans sa relation avec le banquier. Enfin, Hubert avait confiance en lui. Celui-ci parti, Ahmed s'allonge sur le lit, observe son énorme bout dressé tel un mât de cocagne, au gland entièrement découvert (circoncision oblige). Il dépose un filet de salive dans la paume de sa main qu'il porte sur sa bite dont il frictionne la tête avec douceur. La chose se dresse encore plus, rouge d'envie. Le procédé ne déplaît pas à Ahmed qui cherche à le perfectionner par certaines intromissions anales. Abandonnant sa délicieuse occupation, il se penche afin d'attr le nécessaire pour enculé solitaire, à savoir un gode de taille raisonnable, une capote et du lubrifiant. Ce matériel mis à proximité, Ahmed lève ses jambes, appuie les pieds au mur, couvre le gode avec la capote, enduit le tout généreusement avant de se l'enfiler dans l'arrière train avec moult soupirs de satisfaction. Il s'active à émotionner sa prostate, en gestes rageurs, en élans profonds. Dans sa tête, se dessine la queue d'Hubert le perforant brutalement. Ahmed ne tient pas longtemps qui laisse fuser quatre lampées de foutre, soucieux de ne pas "amidonner " la literie. Essoufflé par cet intermède, il se lève, se dirige vers la salle de bain, pensant que cette petite séance compense la tiédeur de son amant lors de leurs ébats de la nuit précédente.

Comme prévu, Patrice retrouve Hubert. Ce dernier présente quelques signes de nervosité. La journée au boulot ne s'est pas déroulée dans les meilleures conditions. Un ponte du siège social s'est pointé, mine coincée, l'air de dire que tout le personnel de l'agence est coupable. Après son inspection ou ce que tout le monde considérait comme telle, il ne s'est pas étalé en compliment se contentant de dire que tout était en ordre. Juste avant de partir, il s'est approché d'Hubert et sur un ton mystérieux:
<< - Profitez-en bien, vous ne serez pas toujours aussi peinard. >>

Sans autre explication, il quittait l'agence. Pour l'heure, Hubert tente d'oublier cette apostrophe à laquelle il ne cessait de réfléchir juste avant de saluer son nouvel amant.

Les voilà, tous deux, prenant un apéritif dans un bar tenu par un couple de lesbiennes, amies de Patrice. Hubert comprend très vite que l'une d'elle, la plus jeune, ne reste pas insensible aux charmes masculins et surtout à ceux de son compagnon. Ce dernier montre son contentement par des allusions un peu grosses tout de même. De temps à autres il jette un œil égrillard sur le postérieur de la donzelle vite ramenée à plus de tenue par sa copine qui sonne le signal de la retraite vers des occupations plus professionnelles. Hubert demande à Patrice:
<< - Tu cours toujours deux lièvres à la fois?
- Ah tu parles de Justine! Une affaire au pieu, la reine du gode. Elle magne l'engin avec aisance, une inventive dans l'utilisation, la petite. Elle prend son pied à fourrer les mecs de bites en latex, employant toutes les tailles possibles. J'y suis passé une fois. Ça m'a branché sur le coup mais je suis pas emballé pour un revenez-y. Moi et elle on fait semblant de se draguer histoire de voir sa copine marronner. Rien de bien méchant, tu sais. >>

Ayant dit, il passe une main fureteuse sur la cuisse d'Hubert, tout en murmurant à son oreille:
<< - J'ai faim, j'en mangerai bien un morceau. Mais cette fois, je viserai entre tes deux jambonneaux. A mon tour de caser ma saucisse, tu ne crois pas? >>

Deux pièces, cuisine, salle de bain. Peu de bibelot, peu de meubles. En fait, que l'indispensable. Les murs dénués de toute décoration. Une habitation pour moine en séjour de méditation, ascétique en somme. Tout, ici, dégage un côté impersonnel, comme si personne ne vivait dans cet appartement. Cependant, nulle impression de tristesse, de vide, de manque et ce, grâce à la présence de Patrice. Si l'on pouvait oser une expression, on dirait qu'il fait vivre le lieu. Hors de sa présence, ce doit être un endroit sinistre, invivable. L'occupant semble lire les pensées de l'autre puisqu'il note:
<< - Un appart, ça doit vivre par son occupant, pas par les meubles et autres merdes qu'on y fout. Si on peut pas faire vivre un appart, alors faut aller dans une caverne. >>

Pour le coup, Hubert ne cache plus son étonnement, voire son inquiétude. Patrice ajoute:
<< - T'en fais pas, y'a des fois ou je débloque un peu. Mais, sans bien m'exprimer, je sais que tu as compris ce que je voulais dire. >>

Hubert hoche la tête. Il n'a rien compris. Qu'importe! Sa présence ici se motive par bien d'autres raisons que la psychologie.
Par contre, la vaisselle en porcelaine, les couverts en argent, les verres en cristal de baccarat, dépareillent avec le reste. Une fois encore, Patrice explique:
<< - J'aime manger dans du beau, dans de la qualité. Une façon comme une autre de respecter ce que la nature nous donne. >>

Et de rire aux éclats en voyant la mine stupéfaite d'un Hubert franchement mal à l'aise:
<< - Calmos, Hubert, je te fais marcher. Tout ça, c'est mon petit luxe à moi, rien d'autre. >>

Heureusement, les agapes provoquent une détente entre les deux hommes qui reprennent leurs agaceries avant de passer aux choses sérieuses. Tout au moins le croient-ils.

Mais comment en sont-ils arrivés à parler, parler, parler, une grande partie de la nuit? Une confidence en entraîne une autre et ainsi de suite, probablement. Inutile de revenir en arrière et de chercher des raisons qui n'en sont sûrement pas. Ils expriment leurs rêves pour l'avenir. Patrice cherche l'homme et la femme de sa vie. Il les satisferait tour à tour, vivrait chez l'un la moitié du temps et chez l'autre le reste du temps. D'un côté il se laisserait dorloter par le mec. De l'autre il ferait une flopée de marmots. Évidemment les deux élus s'entendraient à merveille en n'éprouvant aucune jalousie. Hubert compte bien continuer son bonhomme de chemin entre quelques amants attitrés et de nombreux coups tirés çà et là. Il détaille les variétés de mecs, fait l'éloge du changement afin de rester jeune, de ne pas s'encroûter, comme il dit. Chacun tente de démonter les arguments de l'autre, sans y parvenir. Patrice conclue sur le sujet:
<< - Si j'ai bien compris, toi et moi c'est pas pour la vie.
- Avec exclusivité certainement pas. Mais pour la vie oui: si c'est de temps en temps.
- Un harem, c'est ce que tu veux en quelque sorte.
- Pas exactement puisque les mecs viennent me voir quand ils en ont envie. Moi, j'ai toujours envie alors ça ne pose pas de problème… >>

Ils rient de leur conversation qui se tourne vers le passé. Rien de bien exceptionnel dans leur vie respective, pas de palpitant, de grande joie, d'immense bonheur mais pas de gros malheur ou d'immense chagrin. Deux vies que l'on qualifierait de routinières, de calmes, de plates, presque. Mais ils ne regrettent pas, constatant qu'en fait la chance leur a sourit, tout au moins plus qu'à la majorité de leurs congénères les humains. Alors ils en viennent à s'inventer un passé après s'être demandé ce qu'ils pensent avoir raté. Là encore, éclats de rires, entre deux phrases, deux jeux érotiques. Vers quatre heures du matin, ils s'enlacent, s'embrassent langoureusement, laissant leurs mains se balader sur les corps. Les gestes deviennent plus lents, les bras s'alourdissent comme les paupières. Deux respirations régulières forment un fond sonore, chant des amants sommeillant.
Au petit matin, les rayons de soleil se glissent entre les interstices des volets, illuminant le visage d'un Patrice profondément endormi et donnant quelques lueurs sur celui d'un Hubert non moins endormi. Lorsque le réveil sonne, les dormeurs s'assoient dans le lit, surpris par une nuit si brève mais reposante. Petits bisous, grosses pelles, caresses appuyées. Les têtes se trouvent face aux sexes que les bouches avalent avec appétit. Les langues s'agitent sur les glands, les hampes, et vont se nicher entre les fesses afin d'y titiller les rosettes. Les soupirs d'aise résonnent dans la chambre. Patrice supplie dans un murmure:
<< - Vas-y, défonce moi. >>

Hubert, la capote en place, pénètre le cul offert, avec passion, tendrement. Il mordille le dos et le cou. La position change, Patrice s'assoie sur Hubert et s'empale avec un plaisir non dissimulé. On se dit des mots doux, on exprime à voix haute son plaisir. On fait des propositions quant aux positions futures à prendre. Pas le temps d'expérimenter, le corps de Patrice, secoué par les spasmes éjecte le foutre sur leurs ventres. Hubert suit le mouvement, remplissant le latex. Quelques minutes pour souffler et il est grand temps de penser à autre chose: l'heure de bosser approche.

*****

Fortuné, s'il aime faire la fête à l'occasion de son anniversaire, déteste dévoiler son âge. Combien? Se demandent ses invités. Personne ne sait avec exactitude. D'ailleurs, l'intéressé se charge de brouiller les pistes de façon très habile. Qu'importe! Arrivera bien le jour où cela se saura. En attendant la journée débute aux environs de 13 heures, autour d'un buffet admirablement garni. Sont présents les membres de la petite bande, à savoir: Paco, Ahmed, Juan, Antoine et évidemment Hubert accompagné de sa nouvelle "coqueluche" (comme on nomme ses passades du moment) en la personne de Patrice. À ce petit monde gay s'ajoute quelques inconnus hétéros se composant d'une sœur de Fortuné, de ses parents, d'une cousine avec son époux (un vieux!) et de deux copines d'enfance dont l'une domine celui qui deviendra probablement son fiancé, un bel homme aux sourires à se pâmer mais à l'esprit mou. Rapidement, l'ambiance chaleureuse et l'alcool aidant, on papote joyeusement avec tout le monde, on se tutoie nonobstant les différences d'âge. On se trouve tous copains et heureux de l'être. Après deux heures de danses frénétiques, on se repose. La cousine fond dans les bras de son vieux. Une copine d'enfance continue de soumettre son futur non sans lui accorder quelques privautés fort anodines au demeurant. Fortuné fricote discrètement avec son Antoine, profitant de ce que ses parents sont allés faire une promenade dans les environs. Ahmed converse avec la seconde copine d'enfance et la sœur, laissant Patrice s'affairer sur le minois d'un Hubert aux anges. Juan et Paco s'emmerdent franchement dans un coin, mais poliment, peu enclins qu'ils sont à s'amuser dans ce genre de réception.
Cette harmonie s'effrite au retour des parents. On reprend une tenue correcte, celle exigée par la bienséance. Respect des anciens oblige même si ces anciens sont "compréhensifs".
Hubert se rend à la salle de bain afin de se soulager et de se rafraîchir. À peine entré, Ahmed le rejoint, se jette sur lui, plaque ses lèvres sur les siennes. Quand il se retire, il décide:
<< - J'me taille d'ici. J'en ai marre d'passer pour un blaireau qu'accepte qu'tu baises avec n'importe qui. Si tu veux me r'voir, fais moi signe, mais plus avec ta cour. >>

On constate ce départ un peu précipité, le visage coléreux d'Ahmed. Bien calé dans un fauteuil, Juan ne peut s'empêcher de se dire que cela fait un mec de moins à tourner autour d'Hubert. Paco lorgne discrètement la jolie copine d'enfance. Une heure plus tard, Juan s'anime enfin en apercevant l'objet de ses désirs zieuter vers Patrice fort occupé à fricoter avec l'amie d'enfance. Les gestes, sans équivoques, se remarquent. On regarde souvent vers Hubert qui ne bronche pas, soucieux de ne pas gâcher la fête. Pour lui, dorénavant, une chose est certaine: Patrice aime courir après deux lièvres à la fois et, si possible, courir après le second au vu et au su du premier. Il se morigène pour avoir laissé partir Ahmed. Mais Juan vient à son secours. Discret jusque là, il accapare la conversation d'Hubert. Les parents, la sœur, la cousine et son vieux, l'amie d'enfance et son beau mec, quittent les lieux après maintes embrassades, remerciements: d'autres occupations mondaines les attendent. Reste, comme membre féminin, l'amie d'enfance actuellement occupée à se mirer dans les yeux d'un Patrice hypnotisé par elle. Alors se déroule une scène inévitable en pareil cas. Juan flirte avec Hubert. Ils en arrivent à se peloter plus qu'érotiquement. En représailles, Patrice les imite avec la donzelle. Les deux couples rivalisent d'ingéniosité dans la façon de se "frotter" passionnément, langoureusement. Un autre couple, fort occupé de lui-même, ignorant ce qui se passe autour de lui, évolue tendrement: Fortuné et Antoine en viennent presque à se dévêtir. D'ailleurs, ils s'absentent en douce, gagnent la chambre dont ils libèrent le lit encombré par les vêtements de leurs invités. Ils s'allongent, toujours lèvres unis, laissant les mains dénuder un tant soit peu les corps et, à tout le moins, libérer les verges turgescentes. Ils ne pouvaient plus attendre, cela devenait insoutenable pour ces amants en devenir de couple uni pour la vie. Toutefois, les brouhahas provenant du reste de l'appartement, leur rappelle certains devoir d'hospitalité. Alors ils pressent les gestes. Tel un serpent, Fortuné se tortille afin de se retrouver bouche devant la queue de son homme qu'il commence à pomper avec frénésie. Son homme qui, sans hésiter gobe le noir mandrin. Les têtes s'affèrent à téter les bites. Les succions gloutonnes engendrent certaines sonorités engageant à plus de galipettes. Le temps manque pour de telles réjouissances supplémentaires. Antoine, le premier, lâche la purée dans le gosier de son mec qui lui rend la monnaie de son foutre quelques dizaines de secondes plus tard. Soulagés, momentanément, ils se rhabillent après avoir échangé la saveur de leur jus. Lorsqu'ils regagnent le salon, nul ne s'est aperçu de leur absence.
Jusqu'à présent, Paco ne s'est guère manifesté. Personne ne l'a vraiment remarqué. On le sent pas très dans son assiette sans en connaître la raison. Aussi le laisse-t-on dans son coin ne lui parlant que s'il le demande. Il observe. La tension monte, les regards provocateurs se multiplient. Qui d'Hubert ou de Patrice éclatera le premier? Alors Paco se décide. Plaisantant, il s'écrie, les mains en porte-voix:
<< - C'est l'heure de la grosse partouze ou quoi? Faudrait voir à renouveler les festivités. On commence à s'emmerder soigneusement, vous ne trouvez pas? >>

Les danseurs s'immobilisent, regards tournés vers Paco qui, sourire aux lèvres, enlève la demoiselle des bras de Patrice et l'entraîne dans une frénésie de cabrioles pittoresques sur un son très techno. Bras ballants, déconfit, Patrice va s'asseoir, yeux maintenant fixés sur un Hubert tout heureux de ce revirement qui se promet de remercier Paco de manière très rapprochée et cela dès que possible. Hubert n'est pas jaloux, tout au moins comme on l'entend habituellement. Mais il a en horreur qu'on lui manque de respect. Quand un mec est avec lui, il ne supporte pas de le voir s'aller galvauder ailleurs en sa présence. Par contre, il se fiche éperdument que le dit mec s'envoie en l'air quand il n'est pas avec lui. Passées quelques minutes, Hubert délaisse Juan, rejoint Patrice avec qui il flirte de nouveau. Paco, toujours prêt à rendre service, s'occupe de la jeune fille flattée qu'un aussi bel homme s'intéresse à elle. Tous deux quittent les lieux pour s'aller fricoter sur un lit douillet. Un clin d'œil entre Hubert et Paco confirme leur complicité dans ces instants de tension. Juan, de nouveau seul, s'en va à son tour. Les deux couples restants s'accordent un supplément: restaurant puis boîte.

Au petit jour, quatre hommes assis sous un abribus, patientent, cherchant à ne pas s'endormir. Par malchance, les taxis sont en grève! Fortuné s'enchaîne avec son Antoine qu'il ne quitte ni des yeux ni des mains. Hubert et Patrice, côte à côte, semblent ne pas se connaître, y compris dans le bus. Un couple ne cesse de se mignoter pendant que l'autre n'a d'autre souci que de se faire la gueule. Finalement, dans le bus, Patrice daigne s'adresser à Hubert:
<< - Faut qu'on cause, toi et moi.
- D'accord mais chez moi. >>



À suivre …