Les Origines De La Saga Des Esclaves Au Château... (Épisode 121)
- Année 1784 - Le pamphlet, le fascicule et le gazetier pris au piège...
LA REINE POUR CIBLE
Le texte qu'il lit amuse plutôt Le Marquis d'Evans, même s'il est tout de même quelque
peu choqué par la liberté que s'est permis l'écrivaillon au sujet de La Famille
Royale. Profitant d'un bref passage à la Cour du Roi à Versailles, Le Marquis s'est
procuré quelques exemplaires de cette "Gazette de Leyde" dont a parlé "Monsieur"... Il
s'avère que l'opuscule est fort connu, celui qui lui en a vendu quelques exemplaires
affirmant qu'il s'en écoule près de 7000 exemplaires à chaque parution (tirage
important pour lépoque), soit deux fois par semaine !
Le Marquis savoure les quatre pages de l'exemplaire le plus récent qu'il ait pu
trouver... Informations politiques et commerciales, mais aussi quelques affaires
judiciaires retentissantes et commentées... A en croire ce qu'il découvre, Le Marquis
apprécie plutôt les idées nouvelles véhiculées par cet ouvrage, favorables à une
monarchie parlementaire, contre l'absolutisme et pour la tolérance religieuse... (2
idées historiquement importantes véhiculées 5 ans avant la Révolution Française). On y
évoque également la toute jeune République née de l'autre côté de l'Atlantique, aux
Amériques, non sans l'aide des troupes envoyées par Sa Majesté (Troupes emmenées par
La Fayette et par le traité de Paris de 1783) ... Il y découvre donc un billet, autant
dire un pamphlet rédigé par ce Philippe Marcadet dont a parlé "Monsieur"... Une plume
habile, quoique sans grande originalité, mais qui dénonce vertement La Reine... "Tout
en refusant d'endosser les contraintes imposées par sa royale fonction, Sa Majesté
Marie-Antoinette de France utilise avec prodigalité les ressources financières de La
Couronne que l'on sait désormais fort limitées, au profit de son bon plaisir.
se montre pour le moins fort dépensière, pour des effets aussi indispensables que des
toilettes commandées à Rose Bertin, des bijoux, dont quelques diamants, dit-on, et
semble-t-il des dettes de jeu !" Le Noble sourit, le gazetier semble fort bien
informé, Le Marquis d'Evans ayant lui même assisté quelques semaines auparavant à la
partie de cartes sur laquelle Sa Majesté a perdu une petite fortune, sans sourciller !
Le Marquis poursuit Sa lecture :
"Il faut y ajouter les sommes considérables consacrées aux travaux d'aménagement de
ses appartements et du Trianon, à leur décoration et le coût des fastes fêtes qu'Elle
y organise. Sans oublier les pensions énormes accordées à ses favoris, tandis que le
prix du pain devient insupportable même pour les Français qui travaillent dur chaque
matin et jusqu'au soir ! On sait depuis la publication du compte rendu de Monsieur
Necker que le déficit de la couronne est énorme. Si l'on peut comprendre que la France
s'endette pour aider la jeune nation américaine, on accepte moins que la monnaie
nationale devenue si rare s'évapore en bulles de champagne et autres festivités
monarchiques. Il faut donc mettre fin aux privilèges fiscaux et au despotisme en
convoquant des Etats généraux et en plaçant sous contrôle les dépenses somptuaires..."
Le Marquis d'Evans cesse sa lecture.
- "Fichtre !" lâche-t-il "Si ses idées ne sont pas toutes stupides, ce Marcadet est
bien fol de s'en prendre ainsi à Sa Majesté. Je comprends (se dit-il, en lui même)
qu'il ait déjà effectué quelques passages dans les geôles de La Bastille. Mais cela ne
lui a manifestement pas suffi... Je comprends "Monsieur"et son souhait. je serai
curieux de voir ce gazetier et vais m'y employer..."...
DERNIERS EMOIS POUR EMMA
Et Le Marquis d'Evans laisse la Gazette de Leyde choir, pressant le pas afin de
regagner l'hôtel particulier où l'attend Emma de Fontanges qui vient de passer deux
journées à soulager de Nobles Membres Virils et qui attend maintenant son Maître,
attachée nue aux montants d'un vaste lit à baldaquin.
que la jeune esclave est ainsi entravée, jambes et bras écartelés, cuisses largement
ouvertes avec des poids qui pendent à ses lèvres, les étirant, ainsi que ses tétons et
ses seins d'albâtre garnis de pinces. Le Marquis se débarrasse de ses effets et gagne
l'étage, où Emma l'attend contrainte, dans la grande chambre... - "Quel délicieux
spectacle", susurre Le Marquis devant sa douce esclave ainsi exhibée... Le corps de la
demoiselle tremble doucement sous la tension des liens qui l'écartèlent et elle mord
ses lèvres sous la douleur diffuse des pinces et des poids. Le Marquis s'approche et
lui caresse le visage... Durant les deux journées écoulées, une vingtaine d'hommes,
tous de haute lignée, se sont partagés les faveurs de la belle. En quelques semaines,
Emma de Fontanges dont l'anonymat jalousement préservé par Le Marquis son Maître et
"Monsieur" son "protecteur" à la Cour de Versailles, est connue de tous sous le
pseudonyme de "la noble catin" et on se bouscule pour avoir le privilège de la
fourrer. Mais "Monsieur", intransigeant, ne lui réserve que Les Seigneurs de la plus
Noble naissance.
Le séjour touche à sa fin et redevenant la douce et prévenante Emma, la jeune femme va
rejoindre la cousine Du Marquis afin de s'y comporter comme la plus timide et pudique
des pupilles. Quelques semaines de calme et de repos, avant que d'être à nouveau menée
vers la capitale pour de nouveaux ébats plus dépravés et lubriques encore. C'est en
pensant à tout cela que Le Marquis caresse le corps de son esclave préférée... Il la
libère de ses pinces, suscitant ainsi par l'afflux de sang dans les parties qui en ont
été privées une vive douleur qu'il laisse brièvement éclater, avant de la soulager par
de doux pincements et massages des parties endolories. Le jeu dure longtemps... Emma
gémit, plus de désir que de douleur, car elle est dévorée de l'envie d'être prise
enfin par son Seigneur et Maître.
esclave s'écroule d'un bloc sur le lit épais... Le Marquis l'y rejoint, caresse son
corps nu, ses cuisses ouvertes, ses seins bleuis, sa peau si douce... Il sent le jeune
corps qui se cambre légèrement, le tremblement des jambes, l'humidité presque
dégoulinante du con de sa soumise dont il imprègne ses doigts avant que de les lui
faire lécher. Puis Le Seigneur se relève et fait signe à "la noble catin" de Le
rejoindre... Elle comprend tout de suite, le rejoint dans un bond élégant et
entreprend de Le déshabiller, tout en lui distillant quelques délicates caresses.
Lorsqu'il est nu, Son sexe dressé déjà, Emma s'agenouille et le prend entre ses
lèvres, lèche longuement le gland pour le durcir encore, puis le prend en bouche et le
suce... Mais promptement, Le Marquis la saisit aux épaules et la force à se redresser,
puis la pousse jusqu'au lit, la renverse, se couche sur elle et sans autre forme de
procès, la fourre d'un coup de reins sauvage, la baise longuement, jusqu'à obtenir
d'elle le long gémissement du plaisir qui s'exhale... satisfait d'avoir ainsi fait
jouir son esclave, le Marquis en termine avec elle, va et vient en elle jusqu'à en
obtenir Son Plaisir et à laisser jaillir en elle un épais flot de plaisir... Puis Il
se lève :
- "Mets ta robe la plus sobre et descends m'attendre à la salle à manger, nous
dînerons lorsque je me serai lavé... Quant à toi, je veux que tu conserves jusqu'à
demain le parfum de mon foutre et le goût de ma virilité... tu ne te laveras point
jusqu'à ton arrivée chez ma cousine"
Docilement, tandis que le Marquis use de la vasque d'eau fraîche pour sa toilette,
Emma revêt une robe, au tissu grossier dont le marron est l'unique couleur. Sentant la
semence qui dégoutte lentement à l'intérieur de ses cuisses, elle les serre pour n'en
rien perdre, tout en refermant les boutons de la robe jusqu'au milieu du cou.
tire ses cheveux en une humble et sobre queue de cheval, sans apprêts ni attraits.
Ainsi, métamorphosée en la plus humble et insignifiante des femmes du peuple, elle
gagne la salle à manger pour y attendre son Maître, faisant l'admiration de la
valetaille qui ignore tout de sa vraie nature et ne voit d'elle que sa fort prude
apparence...
LE VRAI NOM DE "PEM"
Le Marquis a regagné Son Château et retrouvé son si Cher Ami de Sade, partageant avec
lui ses projets concernant le sieur Marcadet, gazetier pamphlétaire et promis au plus
servile destin.
- "J'ai, comme vous me l'avez demandé, fait quelques recherches dans mes documents
(précise Donatien de Sade) et je pense avoir mis la main sur ce que vous espériez Cher
Ami..."
De Sade tend au Marquis quelques feuillets reliés. Sur du papier de mauvaise qualité,
un texte imprimé en petits caractères et des dessins d'assez mauvaise facture, mais à
la thématique sans équivoque. Le Seigneur d'Evans parcourt rapidement les textes...
Une plume assez banale pour des récits qui évoquent les tribulations d'un bourgeois
parisien capturé par les Barbaresques et livré aux pires humiliations et sévices.
- "L'écriture est quelconque (constate Le Marquis) mais l'inspiration ne fait aucun
doute, celui qui a rédigé ces petits textes semble y exprimer ses désirs les plus
intimes"
- "Tout à fait (confirme le Marquis de Sade) j'avais remarqué ces petits récits et je
me demandais qui pouvait se cacher derrière ces trois lettres PEM qui les signe... Il
semble que vous ayez désormais la réponse"
- "Tout à fait. Les quelques amis que j'ai discrètement contactés me l'ont confirmé.
Le petit imprimeur également, ce philippe Marcadet, gazetier pamphlétaire est aussi
l'auteur de ces badineries maladroites mais explicites. Ce garçon a encore beaucoup à
apprendre et il se trouve que cela satisferait "Monsieur" qui est un très Cher Ami...
Ne pensez vous point qu'il y a là matière à divertissement ?"
- "A n'en point douter, mon Cher Marquis, ce PEM et ce Marcadet ne font donc quun et
de plus cet écrivaillon aime (et écrit) les histoires les plus perverses
Très
intéressant tout ça !"
Et les Deux Seigneurs d'élaborer une machiavélique machination dont Philippe Marcadet,
gazetier, pamphlétaire et auteur anonyme de récits érotiques pourrait bien devenir la
proie......
LE PIEGE SE REFERME
Le courrier a d'abord intrigué Philippe Marcadet. Une enveloppe frappée Du Sceau des
Evans... L'épais cachet couleur rouge sang de cire, brisé pour décacheter la missive,
il en découvre le contenu avec ravissement. Ce Grand Seigneur lui adressant une
missive !! Fébrilement, le gazetier ouvre la lettre dont le ton est fort courtois. Le
Marquis d'Evans est fort connu pour être éclairé et ouvert aux idées nouvelles,
contrairement à tant d'aristocrates qui n'ont pas encore compris que le monde est en
pleine mutation. Le contenu du courrier enthousiasme Marcadet. Le Marquis d'Evans le
conviant à se rendre en Son Château, afin de lui présenter une édition récente et rare
de "L'Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des
Européens dans les deux Indes" de l'abbé Raynal, un ouvrage condamné par la censure
quatre ans plus tôt et dès lors introuvable.
Quelques jours plus tard, Philippe Marcadet descend du coche sur la place du village
le plus proche de la demeure séculaire de La Famille d'Evans. L'homme est de taille
moyenne et de stature banale, brun, mal rasé... Ses vêtements, quoique de bonne coupe
sont passablement élimés et ses bottes de cuir épais ont cependant connu de meilleurs
jours. Il ne porte qu'une valise bien peu pansue. Ayant demandé son chemin à un
villageois, l'homme prend à pied le chemin de La demeure Du Marquis. D'un pas décidé,
il gravit le chemin de terre qui serpente à travers bois jusqu'à l'approche du
Château, s'élargissant alors ... Le voyageur découvre alors l'imposante bâtisse
(édifiée 160 ans plutôt en 1625) qui sous le soleil implacable semble l'écraser de sa
présence et de sa puissance. Instinctivement, Marcadet baisse un peu la tête tandis
qu'il s'avance et découvre la vive activité régnant aux abords Du Château. L'ambiance
est plutôt bon chez ces gens du peuple qui s'affairent à diverses tâches.
Marcadet y décèle plutôt un bon augure, se disant que si ses gens semblent heureux,
c'est que le Maître des lieux n'est ni un tyran, ni un de ces nobliaux ignares qu'il
pourfend à longueur d'articles.
Parvenu enfin sur le parvis du Château, le chroniqueur y est accueilli par une femme
fascinante, bien plus grande que lui et élancée, à la peau noir ébène, elle ne porte
que de fins voiles qui dissimulent son corps tout en laissant imaginer toute la féline
féminité de ses gestes.
- "Soyez le bienvenu, Monsieur (lui dit-elle d'une voix chaleureuse qui le trouble) Le
Maître vous attend, veuillez me suivre"
Et sans un mot de plus, elle le précède à l'intérieur et il lui emboîte le pas,
curieux des merveilles qui agrémentent chacun de ses pas, tapisseries d'Aubusson,
marbres antiques représentant nymphes et éphèbes, autant d'oeuvres, ici et là,
quelques vases chinois soulignant le goût exquis et éclectique Du Marquis. De quoi
ravir Marcadet, amoureux des arts et des lettres, élevé dans l'esprit des lumières
mais aussi quelque peu frustré et jaloux de n'avoir su s'élever au-delà de sa
condition. D'où, pourrait-on le soupçonner, la vive agressivité de sa plume à l'égard
des nantis qui n'ont eu qu'à naître pour être. Parvenue à une large double porte, la
femme qui l'accompagnait en pousse un battant, et s'écarte afin de lui céder le
passage. Philippe Marcadet entre dans la pièce et, à peine le seuil franchi,
s'immobilise tout net. Ebahi, il admire la pièce où l'on vient de l'introduire : Elle
est immense, dépourvue de fenêtres, ses quatre murs sont entièrement recouverts de
rayonnages dans lesquels sont (plus entassés que réellement rangés) manuscrits,
incunables et parchemins si nombreux quincomptables. L'une des plus belles
bibliothèques qu'il lui ait été donné de voir et en son centre, un immense bureau,
couvert d'ouvrages et de feuillets épars... derrière lequel se tiennent deux Hommes au
noble maintien. L'un pas très épais de constitution et pas très grand, se tient
debout, penché vers le bureau sur lequel il consulte une sorte de brochure, l'autre,
plus carruré et de plus haute taille, se tenant assis, plume à la main...Tous deux
cessent leurs activités et fixent le nouvel arrivant. Philippe Marcadet est comme
paralysé, tant par la fabuleuse richesse du lieu que par le regard perçant des deux
occupants de la pièce. L'homme assis lui fait cependant signe de s'approcher et
Marcadet esquisse un pas en avant qui le fait pénétrer dans la pièce tandis que dans
son dos, la double porte se referme.
Hésitant, intimidé, Marcadet s'avance jusqu'à un pas du bureau, puis s'immobilise face
à l'Homme assis qui le transperce de son regard, un léger sourire à peine esquissé sur
ses lèvres. Il se lève et contourne le bureau :
- "Philippe Marcadet, je suppose !"
Lance-t-il en tendant sa main au gazetier qui s'en saisit mollement tout en
bredouillant un acquiescement. La poigne énergique Du Marquis s'empare de la main du
gazetier dans un geste qui dure un peu plus que normalement... Le Marquis, sans
pression, saisit cependant la main de son interlocuteur tout en plongeant Son regard
fixe dans le sien et ce dernier, imperceptiblement, se détourne. Un contact bref, une
sensation diffuse mais qui renforce Le Marquis d'Evans dans sa conception de
l'homme... ambitieux et déterminé en façade, capable même de prendre des risques, de
défier les plus grands, mais avec au plus profond une sorte de faille, de faiblesse,
une rupture que Le Marquis a ressentie et qu'il se propose de creuser afin de révéler
la vraie nature de ce petite personnage qui n'est pas sans éveiller quelque peu son
intérêt...
- "Soyez le bienvenu, j'ai pu lire quelques'uns de vos écrits dans La Gazette de Leyde
qui n'ont pas été sans attirer mon attention"
- "Monsieur Le Marquis m'en voit flatté. Je n'aurai pas pensé que mes humbles
récits..."
Le Marquis l'interrompt
- "Allons, allons... point de modestie ici ! Vos pamphlets ne manquent pas d'énergie.
je n'en partage pas ment toutes les conclusions, mais de même que mon ami ici
présent (le Marquis de Sade adresse un petit signe nonchalant, sans toutefois lever le
regard du fascicule qu'il consulte, suscitant la curiosité de Marcadet). J'apprécie la
liberté de votre démarche et il me sera plaisant d'en deviser, ce soir"
Marcadet s'incline pour saluer de Sade puis se tourne, conservant son inclination,
vers Le Marquis
- "Monsieur Le Marquis, vos commentaires me flattent grandement, car je n'ignore point
votre réputation de large esprit et de grande culture ... qui est venue depuis la Cour
jusqu'au peuple. Je n'ignore point que bon nombre d'encyclopédistes se flattent de
vous avoir présenté leurs travaux avant publication
"
Le Marquis sourit :
- "J'ai quelques bons amis... Mais là n'est pas l'objet de ce débat. Venez !
"
Lance-t-il, entraînant le gazetier qui le suit docilement. Le Marquis de Sade s'écarte
pour leur laisser passage, prenant bien garde de laisser le petit ouvrage qu'il
consultait bien ouvert et visible. L'attention captive de Marcadet ne peut ainsi
éviter de remarquer qu'il s'agit de l'un des ses petits écrits érotiques, certes
anonymes... il rougit, suscitant sans s'en rendre compte l'amusement des deux
Seigneurs qui, naturellement, avaient manigancé ce petit subterfuge. C'est donc
vraiment mal à l'aise que Marcadet se penche sur l'ouvrage que lui présente Le Marquis
d'Evans. Un livre remarquable, manifestement de facture hollandaise, ce que lui
confirme le Marquis d'Evans qui l'a reçu d'un correspondant résidant à Amsterdam, qui
l'a fait voyager dissimulé dans le double-fond d'une malle emplie de bulbes de
tulipes, ces fleurs qui ont provoqué une véritable folie spéculative un siècle plus
tôt et dont le Marquis a choisi de garnir un certain nombre de ses parterres...
profitant de chaque voyage pour se procurer également de précieux ouvrages frappés par
la censure au Royaume de France.
Tandis que Marcadet s'esbaudit des qualités de l'ouvrage, le Marquis de Sade
s'éclipse, laissant la place au Seigneur d'Evans qui s'est installé sur un fauteuil et
observe attentivement Marcadet... Celui-ci est visiblement passionné par la découverte
du livre de l'abbé Raynal, mais il ne peut s'empêcher de laisser parfois son regard
s'égarer vers l'opuscule érotique dont il est l'auteur et abandonné un peu plus loin
sur le vaste bureau. Le Marquis se lève, se saisit ostensiblement du petit fascicule
et revient s'asseoir, feuilletant le récit érotique au style maladroit, qui exprime
visiblement le goût de l'auteur pour les situations mêlant sévices, humiliations et
plaisirs ... De plus en plus mal à l'aise, le gazetier finit par ne plus pouvoir
détacher son regard Du Marquis...
- "Eh bien Monsieur Marcadet ? Il me semble que vous voilà fort distrait. Cet ouvrage
si rare de l'abbé Raynal vous laisse-t-il donc si indifférent ?"
- "Oh non... non Monsieur Le Marquis !" bredouille son interlocuteur... "Ce n'est pas
ça, je vous assure..."
- "Et qu'est-ce donc ! ? Si mon ouvrage vous lasse, peut-être préférez-vous rentrer à
Paris ?"
- "Non ! Euh, non je vous assure Monsieur Le Marquis, votre ouvrage est dune pure
splendeur et je... je suis fort aise de pouvoir enfin le consulter... Non... euh,
je... ce n'est rien"...
Malicieusement, Le Marquis d'Evans soulève le petit ouvrage érotique et en montre la
couverture à Marcadet :
- "Serait-ce cette petite chose qui vous trouble tant ?"
- "Euh... non, non... Mons... Monsieur Le Marquis... je..."
Le Marquis se lève et
vient vers Marcadet, brandissant le petit livre :
- "Eh bien, Monsieur ! Pourquoi un tel trouble alors? Ce ne sont que quelques pages,
maladroites certes, mais qui semblent dénoter un goût prononcé de leur auteur pour
certaines situations... Dailleurs, le connaissez vous cet écrivaillon ?"
- "Euh, mais... non Mons... Monsieur Le Marquis, je..." se trouble Marcadet,
rougissant fortement et suant de tout son front
- "En êtes vous bien sur, Monsieur Marcadet ? Il m'a semblé déceler dans cette
prose... comment le dirais-je ? Comme un petit air familier..."
- "Je... ne vois pas... à quoi vous faites allusion Monsieur Le Marquis. Vr...
vraiment pas" répondit Marcadet laissant dégouliner sa sueur le long de ses joues
écarlates laissant ainsi apparaître quil est vraiment mal à laise
- "Savez vous, Monsieur Marcadet, que la publication de tels opuscules n'est guère
prisée de notre censure ? Mon ami Nicolas Restif de la Bretonne en sait hélas quelque
chose !"
- "Certes Monsieur Le Marquis, certes... mais cela, en quoi... en quoi cela me
concerne-t-il ?"
Le Marquis fixe intensément Philippe Marcadet qui, gêné, baisse les yeux... Le Sire
d'Evans laisse choir l'opuscule, qu'il tenait, sur le sol et celui-ci s'y répand, les
feuillets épars.
- "Ramassez !" lance simplement Le Marquis.
D'abord hésitant, Marcadet esquisse un geste vers les feuillets, mais interrompt son
geste et fait face au Marquis, qui immobile, le fixe encore froidement et répète d'une
voix sans intonation :
- "Ramassez !"
Marcadet hésite un instant, baisse les yeux, les relève vers Le Marquis... hésite...
se penche et finalement ploie le genou et s'incline afin de ramasser les feuillets
répandus sur le sol d'épais parquet ciré qui donne une ambiance chaude et presque
intime à la grande bibliothèque. Marcadet réunit les feuillets dispersés et esquisse
le mouvement de se redresser...
- "Demeurez !" intime Le Marquis d'une voix qui n'admet pas de réplique
L'ordre est sans équivoque, un peu déséquilibré, Marcadet pose une main sur le parquet
pour se rétablir et reste ainsi incliné, un genou au sol. Dans sa tête, des pensées
affluent qu'il ne parvient pas vraiment à ordonner : Que fait-il là ? Que fait-il
VRAIMENT là ? Car Marcadet n'est pas stupide et il commence à s'interroger sur cette
invitation ... Les pensées se bousculent... Refuser cette situation ! Se relever,
bousculer s'il le faut cet aristocrate... Un tel geste ? Que faire ? L'esprit des
Lumières ! En finir avec l'absolutisme ! Et puis... son opuscule, ces petits textes
qu'il rédige à la hâte, à la lueur d'une chandelle, certaines nuits au cours
desquelles il est saisi de ce désir honteux que trop rarement il tente d'apaiser
auprès d'une putain de la Cour des Miracles! Tout se bouscule. Bouger, demeurer...
obéir ou se révolter ? "Je suis libre ! " se dit-il, Mais tellement troublé par ce
quil ressent quun début dérection incontrôlé se dessine en lui... Soudain ses
pensées confuses sont interrompues par la voix impérieuse Du Marquis d'Evans, au-
dessus de lui :
- "Eh bien... donnez moi ces feuillets"... sans rien dire, Philippe Marcadet tend les
feuillets de son opuscule Au Marquis qui s'en saisit et les jette sur le bureau -
"Bien ! Je crois qu'il est temps que nous ayons une petite conversation, Monsieur
Marcadet" s'amuse Le Marquis.
Tandis que le gazetier, toujours un genou au sol, tête baissée, tente de mettre un
semblant d'ordre et de logique dans ses pensées, malgré les sensations si
contradictoires qu'il éprouve en cet instant. Le Marquis, sans autre commentaire s'en
va prendre place dans un fauteuil, à quelques pas de là. Il s'y installe
confortablement et regarde fixement Marcadet qui, immobile, semble être une statue
prête à se liquéfier... Le Marquis savoure le trouble qui semble avoir envahi son
"invité". Il sait que la partie n'est pas encore définitivement gagnée, mais Il est
maintenant certain qu'Il avait bien jugé son interlocuteur et bien saisi les obscurs
désirs que celui-ci nourrit...
- "Approchez" ordonne-t-il dun ton sec.
Marcadet fait mine de se redresser afin de rejoindre Le Seigneur d'Evans.
- "Non !" lance Le Marquis sur un ton n'admettant nulle réplique "Approchez, mais à
quatre pattes, Monsieur Marcadet..."
Le Marquis, conscient du trouble qu'il suscite, des pensées sans doute embrouillées et
multiples de celui qui se tient là, laisse s'écouler quelques secondes. Il éprouve
ainsi la capacité de résistance de celui dont Il a fait Sa proie... Puis Le Marquis
tend son fil comme le pêcheur qui ferre sa prise...
- "Allons!"
Positionné ainsi, lécrivaillon sent durcir son sexe excité par la situation. Il
ressent la domination du Noble se profiler. Il se sent si rabaissé voir humilié quil
ne peut contrôler ses pensées, son érection grandissante. Il est si émoustillé de ce
trouver ainsi quil se surprend lui-même dêtre dans cet état si excitant. Et donc
lentement, malhabilement, Marcadet se tient à quatre pattes et avance ainsi jusqu'à un
mètre du Marquis.
- "Suffit ! demeurez où vous êtes, Monsieur Marcadet !" intime Le Marquis "Maintenant
nous allons parler..."
(à suivre
)
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