Ile-D'Yeu Fin
jpj, 9/2012
A Belle-Ile, nous avions une obligation. C'était, pour Paul, la raison même du voyage.
Samedi nous étions tous invités au mariage d'une de ses copines, cocktail dinatoire, orchestre de jazz et danse.
Les quatre avaient préparé leur costard bien plié bien repassé dans l'écoutille. Moi j'étais venue à vélo, comme ça, juste pour faire du bateau, sans rien de cérémonie. Ils ont dit, ça fait rien on te déguisera en princesse, avec des bouts de ficelles et du papier chocolat. Et on a parlé de ça toute la traversée, chacun disant ses idées, loufoques, et on riait.
Paul m'a dit, la copine qui se marie je suis resté plus d'un an avec elle, je l'aime beaucoup, on aurait pu vivre une vie ensemble mais ça ne s'est pas fait. Il a dit aux autres que cette fille me ressemblait, qu'elle aimait les autres, les gens, le sexe et les sentiments forts. Il a dit, vu qu'elle a invité ce soir tous ses anciens et toutes ses copines, ça va être chaud et érotique.
Tous ont dit, il faut que notre princesse à nous soit érotique, la plus érotique de toutes. Moi ça me plaisait bien d'être une princesse arrivant au bal au bras des mousquetaires pour enflammer Belle-Ile-en-Mer de son érotisme sulfureux.
Jean a dit, on accostera au port au montant et on ira acheter ce qu'il lui faut à la ville.
On a passé le fort Vauban, la capitainerie nous a donné un coin de quai à couple avec un vieux gréement de Guernesey et nous sommes allés trainer tous les cinq dans les boutiques de Belle-Ile-en-Mer.
Je portais ma petite robe sage et rien dessous. Les quatre garçons se pourléchaient les babines en pensant aux essayages.
On cherchait une robe de princesse, on a trouvé une longue robe blanche, presque une robe de mariée, toute droite, toute simple. Elle écrasait mes seins et la doublure en polyamide hérissait et électrisait ma peau.
Mais elle n'était pas chère et Paul disait je sais ce qu'on va faire pour en faire une robe de princesse.
On est rentrés au bateau avec. J'ai dit, on commence par virer cette doublure ; on l'a virée en coupant les coutures. Je l'ai passée et là tout allait mieux, la nappe de jersey blanc suivait mes formes. Les garçons, qui pourtant me connaissaient tous à fond, n'arrêtaient pas de me mater et de me tripoter. Les Anglais du bateau d'à coté regardaient avec flegme ailleurs sans en perdre une miette.
Mais on a vite déchanté car la robe sans doublure était devenue indécente. On voyait mes fesses qui tendaient le tissu et les tétons de mes seins crevaient l'écran sur ce devant tout droit et tout blanc.
Princesse érotique oui, mais pétasse non. On était bien tous d'accord.
Alors quelqu'un a eu une idée : puisqu'il lui faut un fond de robe et que ce polyamide est à chier, il n'y a qu'à lui peindre le fond de robe sur le corps.
Avec des scotchs et des papiers, comme chez le carrossier, ils ont dessiné mon dessous, aux deux tiers des seins pour couvrir mes grandes aréoles brunes, au ras de la foune sur le ventre et sur les cuisses. Et, à la bombe de peinture antifouling blanche, ils m'ont pulvérisé le torse, le dos, l'abdomen, s'appliquant sous des seins, dans la vallée des fesses et le canyon de devant. Les Anglais, accoudés au bastingage, étaient passés du statut de vagues voisins à celui de véritables intimes.
Au pinceau ils m'ont terminée, bretelles fines, fausses dentelles et finitions délicates. Paul m'a dit, on a du diluant pour t'enlever tout ça demain, t'inquiète.
Après séchage debout sur le pont, tournant au soleil comme un méchoui à la broche, j'ai repassé la robe. La maille s'étirait toujours aux bons endroits mais l'illusion était parfaite et celui qui ne savait pas ne pouvait imaginer la supercherie. En revanche mes quatre garçons et leurs copains anglais s'excitaient en matant mes formes et tout. J'étais princesse érotique, mais encore plus que ça dans leurs têtes.
Au mariage nous sommes arrivés trop tard pour l'église.
Est venue l'heure des rock'n roll et des slows. Sur le plancher de la piste ils voulaient tous m'amener. Les autres filles étaient superbes elles-aussi, mais moi, en plus, j'étais hyper-bandante comme disait Paul, et ça me plaisait drôlement.
Alors je me suis donné un défi. D'accord pour danser, mais une seule danse pour chaque mec et me le faire à chaque fois. Et les mousquetaires hors jeu, leur tour viendrait après, au bateau.
J'ai dit ça à Paul, en confidence. Il m'a dit, vois là contre la murette de pierre qui donne sur le fort Vauban, on est caché et j'y ai de sacrés souvenirs.
J'ai dansé comme une folle toute la nuit. Les copains de la mariée avaient tous quelque chose de Tennessee avec un gros chagrin à exprimer. La robe de jersey remontait chaque fois sur mes hanches et appuyée du ventre ou des fesses sur la murette de pierres Vauban, je prenais, en vraie princesse, le plaisir et le foutre entre les cuisses, comptant.
On est rentrés à pas de loup, les chaussures à la main par le pont ciré du bateau des Anglais.
On est resté dans la cabine de la princesse tous les cinq serrés. Il faisait tout noir et j'étais la seule habillée. Enfin habillée de ma peinture. Les mousquetaires s'étaient gardés pour moi.
Au matin j'étais reine.
Le dimanche je me suis dit que j'avais raté ma sortie, que j'aurais du filer à l'anglaise avec un des invités du mariage et fuir la catastrophe qui n'allait pas manquer de se produire, ce soir, demain.
Il y a une grande difficulté pour un gars à vivre les abandons de sa copine avec un autre en live dans la promiscuité. Il ne pouvait rien en sortir de bon, surtout après mes frasques du bal avec tous ces gars inconnus.
Pourtant j'avais fort apprécié que mes quatre garçons ne se soient intéressés qu'à moi au cours de cette fin de nuit. Ce ne fut pas une partouze mais quelque chose de très sain, de très beau, sans pulsions homosexuelles. Pourtant ces garçons étaient là, à tout touche les uns contre les autres, nus dans le noir, dans cet état d'esprit trouble de fin de soirée. Et ils n'avaient eu qu'un seul centre d'intérêt, moi. Chacun leur tour, plus ou moins ensemble mais jamais entre eux.
Moi j'étais au paradis. J'ignorais qui était qui et qui me faisait quoi. Les corps étaient chauds, nappés de transpiration, solides et musclés avec des bras, des cuisses, des fesses, des mains partout qui touchaient les miennes qui touchaient mes seins, qui serraient ma taille et fricotaient mes tétons. Entre mes jambes des hanches étroites et au fond de moi je ne savais plus, je ne sentais plus, c'était trop le bonheur.
Pas un mot, pas un cri, pas un gémissement. Nous étions parfaitement silencieux. Et parfaitement heureux.
Belle santé qu'il disait le Paul, c'est sûr que je n'ai pas déçu. Mais mon corps ce dimanche matin était moulu, mon petit machin concassé et repu. Mes bras, mes cuisses comme après un match de tennis en cinq sets.
Tous les cinq dans la cabine de la princesse, quel souvenir à raconter à mes petits s, en espérant qu'un jour sorte de tout cela le Grand Amour qui me les ferait ces s et ces petits s espérés.
Quel souvenir tous les cinq dans la cabine de la princesse, c'est la princesse elle-même qui vous le dit.
J'en ai pris plus de ces quatre gars que de tous les invités de la noce qui s'étaient succédés contre la murette du fort Vauban. C'est dire que ça crée des liens.
Et j'étais désespérée de la conscience que tout allait éclater... ce soir, demain
Il a fallu rentrer alors on est repartis. Il a fallu quand même attendre la marée mais la marée est venue et nous on est partis. Adieu Belle-Ile-en-Mer, adieu la belle île.
Je tremblais du moment où tout allait se déliter. J'avais préparé le coup et mis un gros jean pas sexy du tout. Et une vareuse bleue de vraie bretonne. Bécassine tout crachée.
Nous voguions vent debout vers le sud. Le ciel était bas. Le sondeur était en panne mais on était tous trop à la masse pour envisager le réparer. Le compas tournait tout le temps et j'ai vu le moment où l'Aventure allait finir sur les récifs et l'éternité.
Ce n'était pas pour me déplaire : que diable vivre encore et pour vivre quoi, nous avions tout vécu, tout.
L'histoire fait sa vie sans trop se préoccuper des figurants et nous nous sommes retrouvés sans l'avoir vraiment voulu du coté des Sables-d'Olonne. C'était la nuit et j'étais de quart et sensée « naviguer »
Naviguer en bateau ça veut dire savoir où on est. Et moi, je savais pas. A cette époque le GPS n'existait pas et il fallait se repérer autrement. Alors j'étais devenue spécialiste gonio. Pas facile la gonio. Faut savoir reconnaître le signal du radio-phare, titititatatitatitita, et quand on l'a reconnu, noter la direction, 192 par exemple. Et recommencer avec un autre, le casque sur les oreilles, debout accrochée au mat sur le roof parce que ya que là qu'on a un peu de signal, le ciré criblé de pluie, le gros récepteur hétérodyne collé au ventre à l'abri de l'eau... Et puis filer à la carte pour trianguler et essayer de voir où l'on est. On voit rien, on entend que dalle, les parasites dans le poste vous font très vite mal de crane. Le bateau roule et tape. Tout le monde dort et on sait toujours pas où on est avec ces marées, ces récifs et ce putain de sondeur qui déconne et dehors c'est tout noir, tout noir. Paul à la barre est coit, il attend que je lui dise quand virer de bord.
Dans ces moments, on oublie complètement les garçons et les bousculades d'émotions qui vous chavirent le ventre. On panique d'être la navigatrice des quatre mousquetaires et de ne pas savoir où diable ce putain de bateau se trouve, dans ce noir absolu sans étoiles, sans amers. Pas question de réveiller Jean d'une pipe, je le secoue sans ménagement, pétrie de trouille. Il se lève, la queue dressée sous son teeshirt blanc. Il bande. On va chavirer, on est perdus, on va être drossés sur les récifs et Monsieur Jean bande !!! Je rêve.
Il vient rapidement à la carte, allume les loupiotes de cabine, regarde le compas. Un coup dil dehors pour voir qu'il n'y a rien à voir. Il est tout nu sous la pluie et il bande encore. Pourtant on ne sait toujours pas où on est, sur les récifs ou en eau profonde. Jean est calme. Il chausse le casque du gonio. Moi je sais le stress que c'est ce gonio alors je lui prends sa bite en main. Au troisième radio-phare, j'ai son gland, décalotté dans la bouche. Miracle il triangule et on sait où on est. Je chope ses deux testicules et les presse avec volupté. Il me remercie d'une caresse de la main dans les cheveux et de longues saccades de jus sucré au fond de la gorge.
Je comprends alors que rien n'est perdu et que mes angoisses concernant les mousquetaires étaient peut être erronées. Paul à la barre a tout vu. Je viens lui dire de virer, que nous sommes OK et que le nouveau bord est sans danger jusqu'à l'aube. Jean est déjà retourné sous sa couette. Les loupiotes du carré sont éteintes et on ne voit plus rien nulle part. Je m'assoie près de Paul, j'embrasse ses lèvres salées, je passe ma main sur son short, certaine d'y trouver sa bite dressée. Il me dit on a du temps devant nous jusqu'à l'aube. C'est l'heure de te faire ces s que tu désires tant. Je propose qu'on commence par l'ainé.
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