La Saga Des Esclaves Au Château Du Marquis D'Evans (Épisode 130)
Texte écrit par esclaveLennyMDE
Le Bal des « débutantes » - Chapitre premier
Samedi. Un jour où tout est lumineux, tout est joyeux, grandiose. Le jour de la semaine qui me mettait dans tous mes états, et me rendait immanquablement de bonne humeur. Jouvris les yeux en souriant à Margareth, ma « demoiselle de compagnie » et accessoirement amie denfance, qui venait douvrir en grand les rideaux de ma chambre.
- Il est temps de vous levez, mademoiselle. Mademoiselle Julie vous attends dans le hall, cest votre jour de sortie, lavez-vous oublié ?
- Comment pourrais-je loublier, Margareth ? Surtout quaujourdhui est un jour très spécial !
- Effectivement, cest aujourdhui que vous devez aller chercher votre robe pour demain soir.
- Oui ! Jai si hâte que jen tremble depuis hier. Et je nai pas dormi de la nuit tant jétais excitée.
- Quest-ce que ce sera ce soir alors ? Et je ne veux pas rester près de vous demain, dans la journée, répondit la bonne en souriant.
- Ce nest pas très gentil de dire ça, fis-je en feignant une moue.
- Je plaisantais, voyons ! Vous oubliez que je suis celle qui vous préparera pour le grand bal ?
- Oui, cest vrai ! Oh ! Tu disais que Julie, mattendais ? Mais je lui ai dit 9h !
- Il est déjà 9h30, mademoiselle.
- Oups ! Elle va me !
Je sortis donc à la hâte de mon lit et courus vers la salle de bain. En une demi-heure, je fus parée (le record de toute une vie) et je me précipitai vers les escaliers
Trois étages à descendre en talon aiguille
Je fis demi-tour et pris lascenseur qui me déposa directement aux pieds de Julie, ma meilleure amie depuis la naissance.
- Jallais monter ! Quest-ce que tu fabriquais comme ça !
- Je me suis réveillée en retard, désolée, mexcusai-je en lui faisant la bise. Je nai pas dormi de la nuit !
- Et moi donc ! Jai tellement hâte que demain arrive !
- Moi aussi ! Ça fait maintenant dix-huit ans que nous attendons ça !
- Dix-huit ans et deux mois, pour ma part.
Elle me tendit une petite boîte en argent décorée dun ruban vert métallique.
- Oh ! Il ne fallait pas !
- Allons, cest vraiment cliché, cette phrase.
- Je sais, je sais.
Je défis précipitamment le ruban et découvris, en ouvrant la boîte, des boucles doreille en or blanc, serties de minuscules diamants et rubis qui donnaient des reflets flamboyants aux bijoux.
- Elles sont magnifiques !
- Je le sais voyons ! Douterais-tu de mes goûts pour les bijoux ?
- Ta mère est à la tête de la plus grande joaillerie du pays, comment pourrais-je en douter ?
Margareth descendit à ce moment.
- Margareth, peux-tu monter cela dans ma chambre, sil te plait ? Je ne veux pas faire attendre Julie plus longtemps.
- Bien entendu, mademoiselle. Amusez-vous bien. Oh ! Attendez sil vous plait. Votre mère menvoie vous dire de revenir assez tôt. Comme vous ne vouliez pas de réception en lhonneur de votre anniversaire, elle a tout de même organisé un repas en petit comité avec le voisinage et votre famille.
- Très bien, je serai de retour à 18h.
Je pris le bras de Julie et nous sortîmes dans la cours où mon chauffeur nous attendait. La journée se passa très vite. Tiffany, Dior, Channel, aucun magasin du centre ville ne fut oublié. Julie avais choisi une robe de soirée bleue pastel dont les bretelles en diamants se croisaient dans son dos et dont la fente incroyablement grande découvrait toute sa jambe droite, des escarpins blancs qui ajoutaient dix-sept centimètre à sa taille déjà grande de mannequin, et un manteau de fourrure blanc pour compléter la tenue. Plus discrète, javais opté pour une robe rouge sanguin, qui marrivait aux genoux, sans bretelle, marquée à la taille et dont la jupe évasée rappelait les tutus des ballerines, des talons aiguille assorties et vernis, et un léger voile de soie blanc transparent qui couvrait mes épaules. Revenues chez moi à lheure prévue, nous montions enfiler une robe convenable pour le repas qui se préparait en mon honneur.
- Tu mets toujours autant de temps pour te préparer, toi.
- Tu nes pas mieux, toi alors cesse de mimportuner avec ça !
- Hé là ! Ça y est, mademoiselle a dix-huit ans, alors elle se prend pour une dame de la haute société, à parler avec ce langage qui minsupporte au plus haut point !
- Mais je suis une dame de la haute société!
- Pas avant demain ! répondit mon amie en souriant.
- Cest vrai.
- Et je tinterdis de parler comme ça en ma présence, dame de la haute société ou non, fit-elle en me lançant un faux regard noir. Ça fait vraiment vieux jeu, je trouve.
- Tu es incorrigible. Tu parles bien comme ça, toi aussi, lorsque nous sommes avec nos parents.
- Létiquette my oblige. Mais pas quand je suis avec mes amis.
- Bon, bon. On ne va pas rester polémiquer sur un sujet vraiment inutile. Nos mères nous attendent.
Nous rejoignîmes donc Elizabeth, la mère de Julie, et Colline, la mienne.
- Vous êtes ravissantes, les filles, fit cette dernière.
- Resplendissantes, je dirais, ajouta la première.
- Merci, mère. Et je remercie également Leeny de mavoir laissé emprunter lune de ses tenues.
- Je ten prie, répondis-je en souriant. Tu naurais pas eu le temps de rentrer chez toi, de toute façon.
- Merci, tout de même. Mère, où sont donc père et oncle Grégoire ?
- Ils sont déjà dans la salle de réception. Quelques invités sont arrivés en avance. Nous allions justement les rejoindre.
Il y avait effectivement une dizaine de personnes déjà présentes dans le grand salon. Mon père et celui de Julie étaient tous deux occupés à discuter avec le baron Winthrop, cousin au huitième degré de mon arrière-grand père. Julie et moi retrouvâmes très vite ses petites-filles, Hélène et Diane, que nous avions connues un mois plus tôt mais avec qui nous avions tissé des liens assez solides damitié. Les jumelles Winthrop étaient toutes deux très grandes, du fait de leurs origines russes, et très belles jeunes femmes, mais ne se ressemblaient pas pour des jumelles. Lune était blonde aux yeux dun vert étincelant, et lautre rousse aux yeux noirs profonds. Elles nous parlèrent du bal des débutantes quelles avaient déjà vécu cinq ans auparavant, à leurs dix-huit ans.
- Cest vraiment une soirée sensationnelle.
- Bien sûr, cela dépend de lorganisateur, mais en général, cest une soirée que lon ne peut oublier.
- Et quest-ce que ça fait, de rentrer dans le monde des grands ?
- Eh bien, en soit, il ny a aucun changement qui sopère, hormis peut-être une certaine fierté. Mais vraiment, cest un instant qui vous marque à vie, et cest là le vrai changement. On se sent plus femme, plus responsable, sur linstant, quand tous les yeux sont braqués sur nous. Mais ensuite, le lendemain, lorsque linstant magique est passé, vous retrouvez vos manières dadolescente en fin de puberté.
- Je vois
Ce nest pas si excitant que cela, alors.
- Encore une fois, tout dépend de lorganisateur. Celui qui avait organisé notre bal était un jeune homme très charmant mais qui ne pensait quà samuser. Nous navons pas eu la chance de danser la quadrille, il ne passait que des musiques récentes et assez rock. Nous nétions pas contre, mais ce nétait pas vraiment ce quon pouvait appeler un bal.
- Je vois. Mais pour nous, il paraît que cest un homme qui appartient à la Noblesse et qui donne une importance toute particulière à létiquette et aux traditions.
- Oui, jen ai aussi entendu parler. Votre bal devrait être des plus fantastiques, alors. Jespère que vous pourrez vivre cet instant avec fierté et quil restera gravé en vous.
- Merci, Hélène. Jai vraiment hâte, tu ne peux pas timagin
Je ne pus finir ma phrase, car subitement un silence pesant venait de se faire dans la salle. Intriguée, je me retournai, et vis à lentrée de la salle, un homme grand dâge mur, dont la présence imposante et assez terrifiante contrastait incroyablement avec le visage doux et confiant. Il avait les cheveux poivre-et-sel, un visage assez fin, des yeux dun bleu remarquablement azur, un nez droit, une bouche sensuelle et pas une seule ride. Seule la couleur des cheveux et la canne quil tenait (malgré une posture parfaitement droite) trahissait un âge assez avancé. Il fit un pas dans la salle, la tête haute, enclenchant un soupir craintif collectif des personnes présentes. Je me mis à le détailler avec insistance à linstar des autres convives. Mais qui était cet homme capable de faire taire toute une assistance juste en entrant dans la salle ?
Il portait un costume noir, qui devait coûter très cher et semblait venir dune autre époque, une chemise qui donnait mal aux yeux tant elle était dune blancheur pure, et la canne quil tenait en bois sculpté et verni au pommeau en Or massif, devait coûter plus cher que la limousine de mes parents. Je remarquai quil portait à chaque doigt une grosse bague en Or, sertie de pierres toutes plus précieuses les unes que les autres. Tout en sa personne démontrait une grande richesse. Sa posture, ses vêtements, jusquà sa coupe de cheveux, nimporte qui le verrai saurait quil ne vient pas du même monde que lui. Je vis quil tenait, à sa main que javais crue dabord libre, une sorte de corde. Je baissai les yeux et remarqua, à quatre pattes, au sol, une jeune femme qui pendait à une laisse, ses longs cheveux noirs retombant en cascade devant son visage, un collier volumineux, de cuir rouge, encerclant son cou. Cétait son seul vêtement
Jouvris grand les yeux et croisa le regard de Julie, aussi surprise que moi. Les jumelles, quant à elles, arboraient un sourire, comme si ce spectacle était tout à fait normal. Je regardai alors lensemble de la salle, ils avaient tous cette même expression dadmiration. Personne ne semblait choqué ! Je vis même mon père savancer vers lui et lui tendre la main.
- Mon cher Marquis ! Comment allez-vous, cela fait fort longtemps que je ne vous avais pas vu.
- Je me porte à merveille, mon cher ami. Oui, je métais éclipsé en Angleterre ces dix dernières années.
- Vous souvenez-vous de ma femme, Colline ?
- Bien sûr, comment pourrais-je oublier une telle beauté.
Je vis ma mère rougir et lui tendre sa main, quil embrassa avec une classe, un tact, une noblesse hors norme.
- Et voici ma fille, Leeny. Elle était très jeune quand vous lavez vu pour la dernière fois.
- Je men souviens très bien, elle a bien grandi. Cest une vraie femme, maintenant.
- Oh ! Pas encore, elle fera partie de vos invitées de demain.
- Ha ? Eh bien, Jen suis très heureux.
Il me lança un regard qui me transperça. Cétait la première fois que je me sentais aussi faible et petite. Pourtant, je me sentais également femme. Ces sentiments contradictoires me déstabilisèrent un instant, et je mis quelques secondes à réagir lorsquil me tendit sa main. Avec un sursaut, je posai la mienne dans la sienne pour quil lembrasse. La brûlure de son baiser resta sur ma main toute la soirée comme une marque de son fort charisme qui déjà mémoustillait, qui mhabitait. Ce simple baiser sur ma main me provoqua, je ne sais quelle sensation de bien-être à mon bas-ventre.
- Auriez-vous une gamelle, pour ma chienne ? Jai omis de lui servir son repas de ce soir. Jétais très pressé de vous retrouver, cher ami.
- Bien sûr, Monsieur le Marquis ! Jules va la conduire aux niches des chiens. Ils ont déjà mangé, eux, mais je crois quil y a des restes.
- Très bien, je vous remercie.
Jétais éberluée. Je mapercevais toute limmense Admiration que portait mon père envers cet homme. Et concernant la gamelle, je naurais jamais cru que mon père approuverait une telle chose
Non que je sois contre
A vrai dire, je ressentais une certaine excitation à la vue de cette femme asservie et dont lhumanité était totalement reniée. En lespace de deux secondes, je mimaginais à sa place, rampant aux pieds de cet homme qui mintriguait, qui me fascinait, qui mattirait au plus haut point. Julie me sortit de mes songes.
- Dis
Tu ne trouves pas ce spectacle
étrange ? me chuchota-t-elle.
- Je
Je ne sais pas
Oui, cest très étrange
Très vite, les festivités reprirent. Puis vint le moment pour moi douvrir les présents que chacun mavait apportés. Des bijoux, de largent, des objets tous plus chers les uns que les autres. Un frisson me parcourut lorsque jarrivai au dernier cadeau. Cétait une boîte rectangulaire, en velours noir. Je navais nul doute sur la personne qui me lavait offerte
Les mains tremblantes, je défis le ruban blanc qui entravait la boite et soulevai le couvercle. A lintérieur se trouvait un anneau en or blanc, étincelant de mille feux. Je levai les yeux vers lassemblée qui me regardait, attendant que je leur montre le présent que je venais douvrir. Mon regard fut plongé dans un ciel dun bleu dune grande beauté
Les yeux du Marquis
Tout mon corps tremblait, sans que je ne sache pourquoi. Je saisis le « bracelet » du bout des doigts et le passa à mon poignet. Puis, toujours aussi fébrile, je levai le bras pour le montrer à tout le monde. Tous les convives applaudirent, comme ils lavaient fait pour chaque cadeau découvert, sans doute certains quil sagissait encore dun bijou ordinaire. Mais moi, je savais que ce nétait pas le cas. Et quand je croisai le regard de mon père, fière et mystérieux à la fois, je su que mes craintes étaient fondées
Je nétais plus Leeny. Je nétais même plus humaine dans ma tête
(à suivre)
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