Et Si ... (Plus) 4/4
Et si
(plus) (Misa/2012)
4ème partie
((Sarah est guérie. Elle sest installée chez Emilie, son infirmière. On les retrouve
au moment où mon histoire a commencée, au début du tout premier épisode.))
Elle est ressortie du garage avec un grand panier dosier dans une main et le pot de
peinture verte que javais acheté le premier week-end quelle avait passé à lhôpital.
Javais repoussé mon projet de peinture pour passer du temps auprès delle le samedi
et le dimanche, et puis javais oublié, repoussé encore.
- Quand je tai dit que cétait pas une tenue pour travailler, je pensais pas
vraiment à ça !
- Quoi ? Je te plais pas, comme ça ?
- Oh si ! Mais je pensais plutôt à une chemise et à un pantalon
Elle avait toujours les seins à lair et ne portait quun mignon petit slip blanc. La
seule modification quelle avait apportée à sa tenue était le vieux chapeau de paille
que je mettais lété pour tondre la pelouse.
- Cest pas le chapeau qui va te protéger beaucoup !
- Et si je travaille proprement ?
- Cest toi qui voit
Quest-ce que tas pris dans ton panier ?
- Ce que jai trouvé ! Jai une brosse métallique et du papier de verre, deux
pinceaux, du white-spirit, et des trucs pour gratter
- Jai une vieille salopette, tu veux pas ?
- Montre toujours ! ça tembête que je sois en petite tenue ?
- Tes pas en petite tenue, tes quasiment à poil ! et ça ne me gêne pas du
tout, mais tu risques te mettre de la peinture partout, et ton slip va pas rester
blanc longtemps ! ça serait dommage, tu viens de lacheter ! Et puis Julien va pas
tarder ! ta tenue lui plaira sans doute, remarque, reste à savoir si cest la vision
que tu veux lui offrir !
- Ouais, tas raison
Elle a posé son panier et le pot de peinture au pied de la table de jardin et debout
au pied de ma chaise-longue, elle a enlevé sa culotte en prenant des poses de strip-
teaseuse et la lancé vers moi :
- Comme ça je le salirai pas !
- Ten veux de ma salopette, ou pas ?
- Pas pour linstant, je vais bronzer en travaillant ! Et si Julien arrive, il
saura à quoi je ressemble ! Il regardait que toi, la semaine dernière, un peu mufle,
quand même !
- Vous aviez lair de bien vous entendre, à la fin de la soirée !
- Mmm
il est sympa ton copain
- Cest PAS mon copain !
- Ouais
ça pourrait être le nôtre ? à toutes les deux ?
- Les mecs aiment ça
il te plaît tant que ça ? Je devrais être jalouse ?
- Tes bête ! Non, cest
ma période découvertes !
- Des fois, cest dangereux, les découvertes !
- Possible ! Mais reconnaît quil est beau mec et sympa ! Et je te tiendrais la
main, et tu me tiendrais la main ! Et puis on ferait des photos pour nos vieux jours,
quand on sera toutes les deux ridées et toutes sèches ! Entre deux nettoyages de nos
dentiers, on ouvrirait lalbum !
Je lai regardée travailler comme on assiste à un spectacle, me délectant de voir ses
seins et ses fesses bouger au rythme du ponçage.
Cest après notre premier après-midi ensemble quon a vraiment commencé à se raconter
lune à lautre. Autant elle que moi, avions retenu les mots, nous en tenant au strict
quotidien, par pudeur, par crainte du lendemain, ou du « pas-lendemain », justement.
Elle ma raconté ses six ans de mariage, la dernière année, surtout, à regarder son
mari séloigner, les mensonges et les mots durs, leur fils en otage, les rancurs, le
partage des « petites cuillères » au moment du divorce.
- Jai rien vu venir. On avait eu un petit creux, au moment de la naissance de
Mathieu, et puis après, cétait
plus calme, cest vrai, mais on sentendait encore
bien, et puis je faisais attention à pas être trop « mère », à rester femme
mais
voilà, il a commencé à préférer mes copines ! Et moi je voyais rien ! Enfin si, jai
vu, mais avec deux ans de retard ! ça faisait deux ans, tu te rends compte ? Faut
quand même être conne !
- Tu ten es rendu compte comment ?
- Jai voulu lui faire une surprise ! Mauvaise idée ! Quoique
ça ma ouvert
les yeux ! Cétait la deuxième année consécutive quon pouvait pas prendre nos
vacances ensemble. Jai voulu le rejoindre pour le week-end du 15 août, sans lui dire
ma petite valise à la main devant la porte de sa chambre dhôtel, je devais avoir
lair très bête !
- Tas fait un scandale ?
- Même pas. Jai repris un taxi et jai versé ma petite larme
- La fille, tu la connaissais ?
- Une copine
enfin, jusquà ce que je la trouve à poil au lit avec mon mari
Au retour je suis allée pleurer sur lépaule de « ma deuxième meilleure copine »
et
vlan ! deuxième couche ! Elle ma dit que ça durait depuis un an, et quil y en avait
eu une autre avant. Elle ma jamais dit qui était lautre, et jai pas cherché à
savoir ! ça servait à rien.
- Vous vous êtes séparés tout de suite ?
- Non
je me suis assise sur mon orgueil
jai essayé
Pas lui.
semblant, et puis finalement le divorce. Banal
Plus de copines, plus de mari, des
patrons pénibles
Le divorce a été prononcé il y a un peu plus dun an
et cétait
quun début ! Depuis jai cassé ma voiture, jai eu un dégât des eaux, je me suis
faite renverser et jai fini aux urgences, une vague cousine ma transformée en jouet
sexuel
- Arrête ! Je veux pas faire partie de cette liste !
- Ten fais pas partie, Emilie
ten fais pas partie ! Ou plutôt si : tout ça
pour arriver jusquà toi
cest un chemin compliqué, mais ça valait le coup !
Elle riait. Moi javais les yeux qui piquaient. Javais tiré le drap sur nous et elle
avait posé son front au creux de mon cou en racontant, son bras gauche encore fragile
enroulé autour delle, sa main droite posée sagement sur ma taille. Je la sentais
plier et déplier les doigts récemment libérés de latèle qui les avaient maintenus
immobilisés pendant quatre semaines.
- Tu tentraînes pour reprendre le piano ?
- Non
jaimerais
être plus habile de mes doigts
- Ça va revenir vite
Elle a levé la tête vers moi. Elle ne riait plus :
- Pour toi
Jai retenu sa main qui glissait vers mon ventre et lai ramenée sur ma taille en la
gardant sous ma main :
- On a tout le temps, Sarah.
- Jaimerais bien
tu sais, et jai peur de pas savoir my prendre
mais,
jaimerais bien
pour toi
et pour moi aussi
tu sais, ça fait des semaines que jy
pense.
- Des semaines ?
- Depuis lhôpital. Les blagues des filles de salle. Je te regardais autrement.
Elles parlaient dune Marie et de toi. Et puis tétais aux petits soins
et jaimais
bien. Tu rigoleras pas ? tu promets ?
- Je rigole pas.
- Des femmes ensemble
je les voyais
baraquées, les cheveux ras, des
tatouages
comme des mecs, quoi ! Et puis ça allait pas avec toi !
- Faut que je me mette à la muscu ?
- Noooon
mais les clichés quoi, et tu rentrais pas dans le tableau ! jétais
curieuse, cest ça, curieuse ! Et jaimais bien tes bises et ton air gêné, ton regard
langoureux !
- Ça se voyait tant que ça ?
- Ça se voyait.
Javais déjà vue une petite lumière dans tes yeux.
- Mais tu disais rien
- Javais jamais regardé une femme comme je te regardais toi, un effet du choc à
la tête ! Aïe
Eh ! je déconne !
Je me demandais si je me trompais ou non, et jy
prenais plaisir, jinventais une histoire, et ça mamusait. Toi, tu y travailles,
alors tu peux pas imaginer à quel point le temps est long, à lhôpital. On peut rien
faire, on fait rien, il ne se passe rien. Alors pour meubler le temps, on brode autour
des petits riens. Un regard surpris, un geste, un sourire
et puis les nanas ont
commencé à parler
- Cest la spécialité des trois qui étaient de service quand tes arrivée, on
les appelle « les gazettes »
quoi quils se passent, nimporte où dans lhôpital,
elles sont au courant !
- Du coup, cétait plus seulement un film que je me faisais. Jétais partagée
entre plusieurs états desprit
Un peu amusée, parce que tétais une femme
- Ah, tavais remarqué !
- Tes bête ! Tu me draguais pas vraiment en plus ! Tétais
je sais pas
comment dire
gentille, attentionnée, et un peu plus que ça
- Tavais lair toute perdue, et triste, et
tes jolie
javais envie de te
serrer dans mes bras
- Tes souvent comme ça avec ceux qui arrivent aux urgences ?
- Non ! A vrai dire jamais
tes un cas à part
- Je me disais que cétait une tuile de plus, cet accident, quil fallait tout
changer pour conjurer le mauvais sort qui sacharnait, et quaprès tout, une femme
- Ah ouais ? Une expérience, quoi !
- Mais non ! Attends ! Cest juste ce que jai imaginé dans mon ennui, juste une
pensée. Et puis tes venue le samedi, tu te souviens ? Et les filles avaient commencée
à tchacher dans ton dos, et puis tes revenue le dimanche
et javais eu 24 heures
pour me faire des films
je tattendais, en fait
jespérais que tu viennes !
Jaurais été déçue, tu sais
et puis il y avait cette Marie dont elles parlaient tout
le temps ! Alors je savais que taimais les filles
-
Marie, tu veux que je ten parle ?
- Tes pas obligée
- Elle travaille à lhôpital, au secrétariat, et elle habite à une heure de
train, alors depuis six mois, un peu plus, elle squattait ma chambre damis.
- Vous étiez pas ensemble, alors ?
- Si
non
attends ! Javais un compagnon, Gilles
- Un mec ?
- Ben oui ! un mec ! Je
- Mais je croyais
- Attends, laisse-moi texpliquer ! Je vivais avec lui depuis presque un an, et
puis il y a
environ deux mois, il est parti. Il était là le matin, et plus là quand
je suis rentrée le soir.
- Comme ça ? sans un mot, rien ?
- Oh si ! Un petit mot sur mon oreiller « je pars vivre au soleil, bye, Gilles »
!
- Eh ben !
- Mmm
tu me chatouilles !
- Pardon !
- Non laisse ta main
et puis Marie sest installée dans mon lit, pour me
consoler, et parce quelle me courait après depuis un moment
et je me suis laissée
faire, connement
voilà !
- Mais alors
tes pas
enfin
je croyais
- Quoi ? Lesbienne ? Le mot tennuie ? Jaime les femmes, et jaime les hommes
jai déjà vécu avec les deux, et ça ma pas trop réussi !
- Moi aussi jaime les hommes, et je taime toi ! Cest bizarre, non ? Et cette
Marie, alors ?
- Y a plus de Marie. En fait, y a jamais eu de Marie
je laimais pas. On
faisait lamour, cest vrai. Mais je laimais pas. Javais pas lénergie
et puis je
pensais souvent à toi, alors je lui ai dit de trouver un autre lit, ailleurs
arrête,
tu vas avoir mal, Sarah
- Cest à cause de moi ?
- Plutôt grâce à toi, et pas que toi, je savais même pas si je te reverrais
mais cest de penser à toi ma donné le courage qui me manquait !
- Mais
et si je tavais pas appelé au secours, et si moi javais rien ressenti
pour toi ?
- Je sais pas
mais ça pouvait pas durer
eh ! tu veux marracher un téton ?
tu veux me faire mal ?
- Non
excuse, je fais doucement
Taimes aussi les hommes, alors ?
-
faible femme
jai passé un an avec Gilles
Che et lui, ils avaient les
mêmes yeux
et puis il y en a un qui me drague en ce moment
Pourquoi tu ris ?
- Tes mouillée
- Et ça tétonne ?
-
non
et il lui aussi il a un chat ?
- Qui ça ?
- Celui qui te drague !
- Mais non !
- Il a de beaux yeux ?
- Ouais ! Moins beaux que les tiens
cest tes yeux que jai vus en premier.
- Ah bon ? Tu matais pas mes seins ? Ni mes fesses ? Je suis déçue !
- Menteuse !
- Le type de la radio, lui, il se gênait pas !
- Il a pas toujours de jolies femmes nues sur sa table !
- Vous vous rendez compte à quel point cest humiliant, la manière dont on est
traités ?
- On fait attention, pourtant
mais cest vrai que cest parfois trop banal
pour nous
- Toi, tu mas recouverte, et tu me tenais la main. Tu regardais que mes yeux,
alors ?
- Oui
mais je voyais tout le reste ! Tes bien fichue, tu fais du sport ?
- Un peu de jogging, et du tennis. Tu me montres ?
- Non
change rien, chérie
- Si jy arrive pas
- Tais-toi, tu dis des bêtises
oh ! mais ! cest quoi, ça ?
- Oups
ça y est
je me trahis, cest à moi que ça fait de leffet
te fous
pas de moi !
- Je me moque pas, je les aime, moi, tes tétons tout dressés !
Et puis elle na plus rien dit dun long moment. Elle ma caressée tout doucement.
Elle levait parfois un regard inquiet vers moi, avec un petit sourire timide, avait de
petits hoquets de rire nerveux quand elle venait chercher un peu dhumidité plus
profond, et me trouvait coulante sous ses doigts, quand une plainte méchappait.
Cétait tellement bon ! Elle se croyait maladroite et cétait si bon !
Elle a repoussé le drap que javais tiré sur nous et sest laissée glisser dans le lit
pour embrasser mes seins.
Elle ma fait jouir de tout petits mouvements légers et a gardé sa main sur moi après.
Et quel sourire elle avait en levant la tête vers moi pour un baiser !
On est restées au lit tout laprès-midi en attendant lheure daller chercher Mathieu
à lécole.
- Tu me reparleras de ce type qui te drague
daccord ? une autre fois
- Jy pense plus
tes là
- Et je suis bien, là, et je veux que ça dure, mais faudra quon parle des mecs
un de ces jours
- Je tassure que jy pense plus !
- Moi si
alors faudra en parler
tu te souviens ? Il faut se parler ! De tout
!
Je lai aidée à se rhabiller. Elle était encore maladroite avec son bras gauche, le
bougeait avec précaution. Et je crois aussi quelle faisait un peu exprès, pour que je
moccupe delle. Elle posait ses bras sur mes épaules pendant que je lui enfilais son
slip et une jupe ; et ses tétons se dressaient. Elle se mordait les lèvres en
souriant, levait les yeux au ciel après avoir croisé mon regard :
- Dis rien
et non, jai pas froid
eh ! toublie un truc !
- Non
joublie rien
lève les bras !
- Bon
Tu veux garder un il sur mes seins ? Au moins tu mas mis une culotte !
- Tu veux que je te lenlève ?
- Eh ! Cest devant une école, quon va !
On y est allées à pied. Cest elle qui a pris ma main dans la rue et croisé ses doigts
aux miens, la serrée plus fort quand jai voulu la retirer en arrivant devant
lécole.
Elle ne la pas relâchée non plus quand son mari, que jai tout de suite reconnu pour
lavoir vu à lhôpital le premier jour sest approché :
- Bonjour, je savais pas si tu serais sortie, pour tes plâtres, je suis passé au
cas où
Son regard se posait de temps en temps sur moi, sur la main de Sarah qui serrait la
mienne.
- Cest Emilie, jhabite chez elle, vous vous êtes croisés à lhôpital.
- Ah, il me semblait bien, linfirmière, bonjour. Dis, cest mon week-end,
normalement
- Il y a un problème ?
- Si ça tembête pas, je préfèrerais le prendre ce soir et te le ramener
dimanche midi
on va en Normandie
En sortant de lécole, Mathieu sest jeté dans les bras de sa mère puis dans les
miens, ignorant presque son père qui a eu lair vexé.
Mathieu se retournait souvent en nous quittant à la remorque de son père.
- Tes fâchée ?
- Non
mais regarde, il a lair tout malheureux.
- Pauvre petit bonhomme, cest pas simple pour lui. Vous êtes organisés comment
?
- Il le prend un week-end par mois et la moitié des vacances. Bon
demi-tour
- Cest une idée ou il me regardait de travers ?
- Il est toujours un peu comme ça. Mais tas eu droit à lexamen complet ! Tu
tes pas sentie toute nue, un moment ?
- Jai pas fait trop attention, Mathieu me montrait sa petite copine !
- Ah ! Cest pour ça quil te parlait à loreille ! Cest laquelle ?
- La petite blonde avec le manteau bleue
- Sa mère est mignonne
- Mais !! ça va, oui ? Tu vas te mettre à regarder les nanas ?
- Ben quoi ? Depuis que je sais comme cest bon, je me ratt !
Elle a éclaté de rire en me serrant le bras et ma fait un gros baiser sur les lèvres,
là, sur le trottoir devant lécole, devant tous les bambins et leurs mères, les deux
maîtresses décole qui surveillaient la sortie.
Elle riait encore plus en me voyant rougir et jeter des regards inquiets autour de
moi.
Elle se moquait de moi sur le chemin du retour :
- Tas honte de moi ?
- Mais non !
- Faut thabi, moi, je suis comme ça, je me cache de rien ! Et quand je suis
amoureuse, il faut que tout le monde le sache ! Cest comme ça !
Je me suis arrêtée net au milieu du trottoir.
Elle sest retournée quelques pas plus loin avec un grand sourire et a fait demi-tour
:
- Quest-ce quil tarrive ? Tes transformée en statue de pierre ?
Elle a passé ses bras autour de mon cou et a appuyé son front contre le mien :
- Timaginais quoi ? Que je voulais juste que tu me chatouilles un peu ? Jaime
bien, cest vrai, mais quand même ! Tu voyais rien ?
- Tas dit que tu savais pas
quil fallait attendre
- Attendre, oui, de savoir si je minstallais chez toi ou pas
je peux être
très chiante, tu sais, alors je vais peut-être ténerver assez vite !
- Je croyais
- Emilie
je sais pas ce que tu as cru, mais tu crois quand même pas quon
aurait passé laprès-midi au lit si je taimais pas ? Et puis pleure pas, on va se
faire remarquer ! Moi, je men fous, remarque, mais vu comment tas rougi devant
lécole pour juste un baiser
Allez, Emi, viens, sinon je recommence, là, tout de
suite
Elle navait pas attendu que je réponde ou que je bouge. Elle mavait embrassée.
Elle a les mains toutes marron de poussière de rouille, et partout sur le corps des
écailles de la vieille peinture verte collées par la transpiration sur sa peau, une
grande traînée sur le front où elle a essuyée les gouttes de sueur qui lui piquaient
les yeux. Elle na pas voulu de ma vieille salopette, est restée nue sous le vieux
chapeau de paille quelle a trouvé dans le garage.
Au pied du sapin, la queue enroulée autour de ses pattes, Che la regarde travailler,
dresse les oreilles quand un juron vient interrompre la chanson de Céline Dion quelle
chante en ponçant la table de jardin.
Elle chante faux, elle est sale, elle jure comme un charretier
elle est belle, dieu
quelle est belle.
Ce soir, je soignerai les écorchures sur le bout de ses doigts et je la laverai de
toute cette poussière. Ces tétons se dresseront sous ma main
Elle travaillait encore quand Julien est arrivé.
Jai levé les yeux de mon magazine en lentendant toussoter pour signaler sa présence
; il sest arrêté net au coin de la maison et hésite à sapprocher.
Sarah lui tourne le dos. Elle garde les yeux baissés sur son travail et rit en me
jetant un rapide coup dil : elle aussi la entendu.
- Bonjour ! Viens !
- Je ne suis pas très sûr davoir envie dapprocher
je suis bien, ici !
Sarah rit et tortille des fesses, ayant très bien compris le sens de sa remarque. Elle
dépose ses outils et contourne la table en veillant à toujours lui tourner le dos pour
prendre un drap de bain sur sa chaise longue et sen enveloppe avant de se retourner
vers lui :
- Voilà, tu peux approcher, je suis décente !
- A mon grand regret
Bonjour ! Laccueil est charmant, mais promis, une
prochaine fois je téléphonerai juste avant darriver !
- Une femme nue vous effraie ? Vous devez pourtant avoir lhabitude !
- Je vous rappelle que je suis pédiatre ! Ce serait assez curieux de ma part de
demander aux mères des bambins que jausculte de se déshabiller ! Quoique
A lhôpital, personne nest au courant de ma vie privée. Sarah sétait installée chez
moi, et bien sûr, Julien nen sachant rien, a continué à me poursuivre de ses
assiduités, sans se décourager bien que jaie régulièrement décliné ses invitations.
Jusquà la semaine dernière.
- Pourquoi tu ne linvites pas, toi ? Tu mas dit que cétait un beau mec et je
le connais même pas ! ça pourrait être marrant !
- Marrant ?
- Ben
daprès ce que tu mas dit, tavais failli céder, donc il te plaisait !
Peut-être quil me plairait à moi aussi !
- Dis-donc toi ? Tu penses à quoi, au juste ?
- Que jai été très sage très longtemps
trop longtemps ?
- Ben voyons !
- Emilie
timagines ? Un homme pour toutes les deux !
-
ça te manque
- Non, ça ne me manque pas du tout. Et toi ?
- Non plus. Mais tu y penses
- Des fois, pas souvent. Jy pense et ça ne me manque pas
et je voudrais bien
savoir à quoi ressemble un beau docteur pour qui tu aurais ouvert ton lit !
- Mais je lai pas fait.
- Mais tu laurais fait.
- Daccord.
Je lavais invité à venir dîner à la maison la semaine dernière. Il avait été surpris,
un peu désappointé aussi en constatant quil y avait trois couverts sur la table.
Après sêtre rendu compte que Sarah vivait avec moi, il avait compris que cette
invitation navait pas le sens quil espérait ; il sétait décontracté et nous avions
passé une excellente soirée. En fin de soirée, il mavait gentiment grondé de ne pas
lavoir prévenu que ses attentions avaient peu de chances de réussite :
- Vous avez dû rire en me voyant arriver avec mon bouquet ! Cétait un peu
gênant !
- La prochaine fois, vous en amènerez deux !
- La prochaine fois ?
- Je ne mérite pas de fleurs, moi ?
- Je vous rappelle quil sagissait de roses rouges !
- Javais remarqué ! Jaime bien les roses rouges moi aussi !
La soirée sétait poursuivie dans la bonne humeur, en gentils badinages et allusions.
- Emilie
tu me quitterais pour lui ?
- Oh non
ni pour lui ni pour personne dautre
- Alors je vais te dire un secret : moi non plus ! Je vais te dire un truc bien
dur à encaisser : je veux vieillir avec toi ! ça te va ? on fait ça ?
- Vieillissons ensemble, ça me va !
- Et avant de vieillir
tu crois quil reviendrait, Julien si on linvitait ?
- Sarah !!!
Julien sest installé dans une chaise longue à côté de moi pendant que Sarah se lavait
de toute la poussière dont elle était couverte. On venait de rentrer dans le salon
quand elle est sortie de la salle de bains, enveloppé dans un peignoir éponge :
- Tu restes en maillot de bains ?
- Non je vais lenlever !
- Bonne idée
ici ou dans la chambre ?
- Sarah !
Debout derrière moi, elle ma pris dans ses bras en riant, en membrassant dans le cou
:
- Mmm
tu sens le soleil, viens voir Julien, elle sent le soleil !
Elle lui a tendu la main pour quil sapproche, a dégrafé mon soutien-gorge pendant
quil penchait son visage dans mon cou. Dans mon dos, jai senti les pans du peignoir
sécarter, ses seins encore humides dans mon dos.
Julien est resté toute la nuit, nous a servi le petit-déjeuner au lit, est resté avec
nous jusquau soir. Il nous a quittées les yeux fatigués. Je crois quil reviendra.
(( Voilà
tu voulais voir linfirmière
si tu me lis encore
))
Fin
Misa 11/2012
Comments:
No comments!
Please sign up or log in to post a comment!