Une Ombre Au Coeur

Solène descendit du bus et saute sur le trottoir, remettant en bandoulière son sac
chargé. La journée a été épuisante, cet examen interminable. La grisaille du ciel et
la nuit tombante imposa comme une chape de plomb sur les épaules de la jeune fille,
rendant la fatigue plus insupportable encore.

Quelle idée de passer un examen dans une ville si éloignée de la sienne…?

Elle se mordit la lèvre inférieure, comme pour se punir d'être si ambitieuse et
travailleuse.

L'idée de ne pas rentrer chez elle, retrouver sa famille, sa chambre, ses posters, ses
draps l'inquiétait un peu. Être seule après une aussi rude journée n'était pas facile.
Un peu d'affection humaine lui aurait fait le plus grand bien.

Elle s'enfonça dans une ruelle sombre, entre deux anciens entrepôts industriels des
années 30, où l'attendait un hôtel bas de gamme. La chambre était déjà réservée, elle
ne pouvait plus reculer. L'immeuble de 5 étages se dressait devant elle, assez miteux,
les murs décrépis et noircis par la pollution.
Solène avala sa salive et entra par une porte à battant un peu branlante.

Derrière sa vitre jaunie par la fumée du tabac, un homme d'une soixantaine d'années
l'accueillit d'un regard lubrique. À mesure qu'elle avançait vers lui, les yeux du
maître d’hôtel se baissaient un peu plus sur les formes de la jeune fille, sans
discrétion.

Il fallait dire que dans son hôtel miteux, les jeunes filles d'environ 16 ans, coupe à
frange et mignonne qui plus est, n'étaient pas monnaie courante. Cela le changeait des
routiers, les commerciaux puant l'eau de Cologne, ou même des toxicos qui passaient de
temps en temps s'éloigner de leur lieu de vente lors d'une descente de police.

"La chambre au nom d'Alréor s'il vous plaît" dit-elle d'une voix peu assurée, un peu
timide.



Le maître des lieux esquissa un sourire malsain, dévoilant une dentition qui n'avait
pas dû voir la roulette du dentiste depuis des lustres.

"Mais bien sûr mademoiselle…c'est la chambre 69…cinquième étage" lui répondit-il d'une
voix nasillarde qui le rendait encore moins rassurant.

Sans demander son reste, elle prit les clés au vol et se dirigea vers les escaliers,
sentant le trop lourd poids du regard de l'homme sur ses fesses…

L'escalier en bois craquait sous ses pas, mais il avait déjà meilleure mine que la
façade de cet établissement miteux.

Un long couloir tapissé d'un papier peint hideux rouge et beige s'ouvrait à elle. Une
vilaine moquette verte atténua les pas de Solène jusqu'à la porte où était cloué un
panonceau plaqué-doré avec gravé la suite de chiffres recherchée.

Elle enfila sa clé dans la serrure et la porte s'ouvrit sur une petite chambre
étonnamment soignée et pour le moins original. La tapisserie avait été refaite il y a
peu, sans doute. Des motifs rouges et noirs, faisant penser au cirque, un mobilier
assez tordu et design.

Intriguée, elle poussa la porte derrière elle, produisant un son discret à la
fermeture. Elle ne résista pas à la tentation de donner un tour de clé pour s'enfermer
dans cette étrange chambre.

Posant son sac sans vraiment y porter attention, elle dépassa une petite porte qui
devait donner sur une salle de bain pour arriver dans la chambre en elle-même. Un lit
simple, aux draps rouges, occupait la grande partie de la pièce. Un mobilier simple
finissait d'occuper l'espace réduit qu'offrait cet endroit. Des rideaux un peu usés
viennent renforcer la petitesse de la pièce.

Puis enfin, elle remarqua cette chose étrange au plafond. Un motif, un coeur assez
grand et stylisé, comme plaqué sur le papier peint. Rouge vif, plutôt réussi, avec
néanmoins une sorte de grosse tache d'ombre en plein milieu.


"Le maître d'hôtel a du fumer sa moquette avant de commander une telle décoration…" se
dit-elle.

Peu lui importait, car l'envie de prendre une douche se faisait irrésistible.

Elle ouvrit la porte inconnue dans le couloir de sa chambre et découvrit effectivement
une petite salle de bain, apparemment propre. À part la vilaine grille d'aération qui
méritait d'être dépoussiérée, elle fût rassurée par l'hygiène de l'endroit.

Presque malgré elle, son manteau rejoint la lunette des toilettes rabattue. Son top
noir rejoignit bientôt le petit tas de vêtements. Enfin elle entreprit de défaire la
ceinture de son jean pour le laisser tomber à ses pieds…

Le miroir de la salle de bain projeta la belle image de la jeune fille en sous-
vêtements rouges, simples, mais mettant en valeur sa belle poitrine, bien en forme
sans être vulgaire.

Sa main passa derrière sa nuque pour se détendre un peu, avant de dégrapher son
soutien-gorge qu'elle plaça sur le lavabo. Passant ses doigts sous sa culotte elle
glissa lentement ce qui lui restait de lingerie sur ses cuisses jeunes et douces…

À présent, elle put se regarder nue. Ses beaux cheveux châtains tombaient sur ses
épaules. Son regard bleuté fixa la serviette derrière elle, qu'elle alla sentir.
Apparemment, c'était propre.

Un peu frileuse, elle ne tarda pas à rejoindre la baignoire où elle fit couler un bon
bain chaud. Elle se laissa un peu rêver, l'eau coulant sur son genou, embrassant le
haut de sa cuisse et de son sexe qui reçut ce filet d'eau bienvenu…

Elle mouilla ses mains et les passa sur son visage, se détendant à présent, s'oubliant
dans ce bain tant désiré.

Tombant à moitié de sommeil, seul l'inconfort du bord de la baignoire l'empêcha de
tomber dans les bras de Morphée.

Elle se réveilla brusquement lorsque l'eau devînt brutalement froide.


"Putain, quelle connerie ces cumulus !" grogna-t-elle en fermant le robinet.

À son réveil, elle sentit que l'ambiance de la pièce autrefois douce et agréable,
avait changé.

À présent, elle ressentait la désagréable sensation d'être observée…

Ses yeux parcoururent la petite salle de bain sans croiser ce qui pouvait provoquer ce
frisson, qui parcourut son dos sournoisement malgré la chaleur du bain.

Seule la porte, oppressante, semblait être la source de ce regard froid et tenace.

Sortant de son bain avec empressement, elle noua une serviette autour de son corps
pour ouvrir brusquement la porte menant à sa chambre.

Il n'y avait personne. Pourtant, elle sentait toujours ce regard porté sur elle.

"Il y a quelqu'un ?" dit-elle d'une voix peu rassurée

Seul le silence lui répondit.

Elle se dirigea vers son lit et se plongea nue sous les draps, comme pour protéger son
intimité de ce qui la regardait fixement.

Alors, elle fixa le plafond, observant l'étrange dessin, ce coeur magnifique et
stylisé et cette tâche noire qui…semblait s'être répandue. Elle occupait maintenant un
quart du coeur.

"Je fatigue moi…" se résigna-t-elle, face à cette étrangeté.

Se levant, toujours nue, elle alla fermer les lumières de sa chambre et à peine se
glissa-t-elle de nouveau sous les draps, posant sa tête sur l'oreiller, elle sombra
dans un profond sommeil.

Ses yeux s'ouvrirent lentement alors que la pièce était plongée dans l'obscurité.

Rêvait-elle ? Une certaine douceur envahissait la chambre, la plongeant dans une
ambiance sucrée et romantique.

Elle habitua ses yeux au noir qui l'entourait, puis elle regarda le plafond.

Le coeur, dessiné au plafond, luisait d'une faible lueur rougeâtre.

Un peu surprise, elle sursauta, la sortant brusquement de ce demi-sommeil.


Alors qu'elle fixait l'étrange lumière, une silhouette informe sembla sortir du
plafond pour descendre vers Solène, lentement…

Malgré une certaine peur qui l'enserra, elle ne pouvait bouger, paralysée par cette
vision surnaturelle. Une force semblait l'enserrer comme dans un mauvais rêve où l'on
ne peut s'échapper...

Tombant sur le lit avec grâce, la forme étrange sembla se doter de contours et de
détails clairs.

Un bel homme d'une vingtaine d'années, en costume d'apparat ancien, coloré, à la peau
blanche et aux beaux cheveux roux se matérialisa devant la jeune fille, les yeux
écarquillés.

Le jeune homme d'une beauté surnaturelle la fixait d'un regard doux, exécutant
lentement une révérence.

"Ma Dame, n'est-ce pas une belle nuit pour fêter notre lune de miel ?"

Incapable de bouger, Solène ne put lâcher du regard les beaux yeux rouges du jeune
homme…qui parlait d'une voix envoutante avec l'élégance d'une prononciation d'un temps
révolu.

Il s'approcha alors, s'allongeant progressivement vers le corps de celle qui
partageait Sa chambre.

"Que vous êtes belle…cela fait une éternité que personne d'aussi irrésistible ne m'a
été présenté… Et en parlant de présentation ! On me nomme le Roi de Coeur. Et ce soir,
vous êtes ma Reine…"

Abasourdie par cette scène, Solène recula tant bien que mal contre le mur, toujours
tétanisé par la scène aux allures théâtrales qui se jouait en son honneur.

Le visage du prince, bel homme, s'approcha de celui de la jeune femme, tout en
douceur. Il huma le parfum qui se dégageait de son cou, souriant tendrement non loin
de ses lèvres.

"Délicieuse…sucrée…une odeur d'innocence…" murmura-t-il, charmeur.

Son haleine sentait la fraise, aussi étrange que cela puisse paraître. Une odeur de
fraise des bois, plus suave et masculine que ces parfums artificiels qui rappellent
l'enfance.

L'esprit de Solène, lentement, s'engourdissait à mesure que cette odeur montait
jusqu'à sa tête.

Elle se força à bouger ses bras pour éloigner l'homme, mais son corps ne répondait
pas. Comme si un envoûtement avait pris le contrôle de son corps.

Le Roi de Coeur passa une main douce sur le visage de l'adolescente, parcourant du
bout des doigts sa peau douce. Lentement il approcha ses lèvres des siennes et goûta
celle de la jeune fille qui ne pouvait qu'observer…sans pouvoir décliner cette
invitation au plaisir…

Il l'embrassa doucement, glissant sa langue dans sa bouche, avec délicatesse et avec
une redoutable efficacité. Un spasme incontrôlable mêlant peur et excitation anima le
bras de la jeune fille. La main chaude du Roi vint se poser sur elle, la calmant
tendrement.

Le souffle chaud du roi se fit sentir dans le cou de la demoiselle qui tressaillit…les
lèvres humides de cet homme inconnu se posèrent sur sa nuque. Lentement les baisers
prirent d'assaut sans violence son visage, ses lèvres, sa nuque et son cou.

Ses mains se posèrent sur les hanches de la jeune femme, qu'il tira doucement vers lui
pour l'embrasser de nouveau avec passion. La présence surnaturelle et le charme absolu
du jeune homme avaient dissipé totalement la peur de la jeune femme qui se laissa
faire, toujours incapable de se débattre ou de contrôler quoi que ce soit…totalement
offerte à ce mystérieux inconnu…

Les mains manucurées du Roi se glissèrent dans le dos de Solène, dans de multiples
caresses…la peau chaude de l'inconnu faisant monter la température du corps de la
jeune fille dont le regard se teinta de désir…

Il honora ce regard en croisant le sien, doux et empli d'ambition…qu'il concrétisa en
passant ses mains sur les fesses nues de Solène qu'il approcha au plus près de lui…

Sa langue humide et chaude parcourut le cou de la jeune fille qui frissonna soudain,
tremblant de plaisir.

Entre ses cuisses nues naissait la présence de l'excitation du roi, cachée par un
pantalon en toile. Mais déjà, son sexe commençait à masser l'entrejambe de son aimé
d'un soir…

La repoussant légèrement en arrière il embrassa fougueusement son cou et baissa
progressivement son attention sur la poitrine nue de la jeune femme, déposant de mains
fermes et tendres, les caressant avec une délicatesse qui dérapait lentement vers la
passion…

Ses doigts dansaient sur le bout des seins de Solène, exécutant des mouvements
circulaires. Bientôt, sa langue offrit une danse aux doigts déjà présents, la mélopée
des baisers la rendant en ce délicieux instant plus excité qu'elle ne l'était déjà…

Sa tête penchait en arrière, sa respiration haletante saisit de gémissements, le roi
soulagea la nuque de sa désirée en la posant sur un coussin, descendant lentement vers
son ventre, d'une langue et de lèvres empressées et adroites…

Solène pu ressentir un le bout des doigts du Roi parcourir l'intérieur de ses cuisses,
comme une provocation, une ultime attente…

Le Roi enleva lentement sa chemise antique de velours rouge, très lentement, faisant
patienter Solène en cherchant son regard qu’il amène presque surnaturellement sur son
torse nu. Il n’était pas un grand colosse de muscle, mais sa carrure était importante
et il n’affichait aucune prétention musculaire. Une modestie séduisante… Solène aimait
par-dessus tout les mains, elle avait pu les découvrir caressant sa peau nue…des mains
soignées qui ne tardaient pas à devenir le centre d’attention de la jeune femme
charmée…
Il posa deux doigts sur son intimité, afin de commencer un lent massage sur ses
petites lèvres humides d'excitation et de désir. Sa langue joueuse rejoignit la
partie, parcourant le contour de son sexe, du bout de la langue tout d'abord,
explorant l'intimité de sa compagne…avant de s'élargir pour embrasser totalement ce
qui pouvait l'être…

Il goûta à sa cyprine et sembla apprécier, introduisant bientôt un doigt en elle tout
en ne laissant aucun répit à son clitoris, titillé par sa langue dextre.

Le nombre de doigts augmenta progressivement, la pénétrant progressivement avec une
certaine fermeté, sa main fermement appuyée contre son intimité lentement mais
sûrement dilatée…agressée avec talent par une langue qui ne semblait cesser de
caresser les zones les plus sensibles de son intimité...

Solène était toujours incapable de résister ou de participer à cette parade sexuelle
fort réussie…bien que cela la frustra de ne pouvoir rendre au Roi le plaisir qui lui
offrait, elle savourait cette sensation de ne rien contrôler, d'être toute vulnérable
à chacun de ses bas instincts qui ne tarda pas à concrétiser.

S'avançant vers elle, il rejoint ses lèvres, apposant son corps brûlant contre ses
seins durcis par le plaisir. Bientôt le pénis du Roi s'enfonça lentement en Solène,
écartant ses petites lèvres, épousant cette érection chaude et entièrement présente…
l'intérieur humide et chaud s'harmonisait parfaitement pour former cette bulle
d'excitation mutuelle qui naissait autour d'eux...

Il commença des vas et viens assurés en elle, lui léchant le lobe de l'oreille tandis
que ses mains se saisissaient de ses hanches pour accompagner cette pénétration
profonde et intense…

Des petits cris échappèrent de la gorge de la jeune femme, bientôt étouffés par la
main du Roi qui la contraint à savourer son plaisir dans le silence le plus total.

La respiration n'en fut que plus dure et l'excitation plus grande. Le nez de Solène
dégagea son souffle chaud et haletant sur la main du bel homme qui l'écrasait avec
affection sous le poids de son corps en tout point parfait…

Malgré l'obscurité, elle discernait la beauté de son corps doux et réconfortant…elle
put à force de volonté le serrer contre elle, l'invitant à ne pas cesser ses nobles
intentions...

Ses mouvements de bassins deviennent plus amples, plus virils, alors qu'elle défaillit
au plaisir, criant dans la main, le suppliant en pensées de ne cesser pour rien au
monde de la prendre avec cette fermeté…

Il la retourna brusquement, sa douceur laissant place à la passion ardente du désir
qui monte en lui, écrasant le corps de Solène sur le matelas trempé de transpiration.

Derrière elle il se saisit de son bassin et de ses hanches et de ses mains de fer
gantés de velours, la pénétrant avec vigueur par-derrière…soumettant son vagin à
encore plus de présence dure et brûlante…

Sa tête plaquée de force contre l'oreiller pour son plus grand bonheur, elle savoure
le plaisir d'hurler de plaisir, sa voix s'entrecoupant à chaque fois que le sexe du
Roi atteignait les tréfonds de son corps…

Le rythme de cette danse des corps soumis à la perversion d'une magie ancienne
s'accéléra encore, devenant presque surnaturel, alors que dans un cri venant d'un
monde invisible le Roi céda aux sirènes de l'orgasme.

Dans un triple mouvement brutal et puissant, il se saisit de la nuque de celle qu'il
contrôlait en tout point et jouit bruyamment en elle, déversant son sperme dans son
vagin. Solène pu savourer ce liquide chaud couler en elle…reprenant tant bien que mal
sa respiration…sentant dégouliner hors de ses petites lèvres le liquide du Prince de
la nuit, collant et épais, s'éparpillant le long de ses cuisses, coulant sur ses
jambes…

L'excitation ambiante, électrique, se dissipa lentement. Le rêve sembla se disperser
pour retourner à une cruelle réalité.

Elle se retourna lentement vers le Roi qui semblait disparaître lentement dans les
ombres de la chambre…le regard rougeoyant du roi finissant par disparaître, la fixant
d'un mélange de perversion et d'amour.

Et lorsqu'elle se réveilla brusquement un instant à peine après regretter sa perte, le
jour éclairant à travers les rideaux sont lit en chaos, elle ouvrit les yeux sur le
plafond uni d'une couleur beige.

Il n'y avait nul coeur dessiné au plafond. Tout ceci n'était donc qu'un rêve ?

Alors qu'elle se redressa, elle pu découvrir entre ses seins,le coeur du Roi tatoué…et
le liquide coulant encore entre ses cuisses… ce qui lui arracha un sourire de
plaisir...

Un beau coeur, d'une encre épaisse, perlé d'une ombre vibrante et réaliste. Un
magnifique ouvrage, aussi étrange que ne l'avait été cette nuit…

Elle frotta ses yeux et entreprit alors de se lever…quand un souffle chaud caressa son
cou...

"Dans l'ombre luit l'amour de celui qui dans l'immortalité continue sa quête de l'être
aimée, au gré des vies, toujours il la suit, son coeur battant pour son âme soeur…"

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