Jeux Imprévus (3/3)

Jeux imprévus
Misa/2012
3ème partie (3/3)

((Alice et Julien ont dîné chez Yann et Cathy. Alice, un peu ivre, se laisse bousculer : il faut dire que Cathy est convaincante ! Pour Julien, le spectacle de son épouse dans d’autres bras : un fantasme se réalise. Yann rejoint les deux jeunes femmes …))

Je la tenais dans mes bras. Yann nous faisait face. Je ne crois pas qu’il entendait ce que je murmurais à l’oreille d’Alice. Il attendait, calmement, Ne semblait pas trop gêné de la présence silencieuse de Julien dans son dos. A ma surprise, Alice non plus.
Je ne comprendrais vraiment que le lendemain quand Yann m’expliquerait leur discussion autour du plateau d’échecs, et je saurais que lorsque Alice m’avait dit qu’ils se parlaient assez peu, elle avait un peu menti : elle connaissait à l’évidence le fantasme de son mari.
Avec moi, alcool aidant, elle avait dépassé ses habituels jeux de séduction. Elle avait sans doute … attendu ? espéré ? que Yann se mêle à nos jeux : sinon, jamais elle n’aurait cédé ici, en pleine lumière, sur le canapé. Je ne pense pas qu’elle ait prémédité quoi que ce soit, n’avait rien provoqué au-delà de son attitude habituelle.
A ses gestes, ses maladresses, j’avais la quasi certitude d’être la première femme à la tenir dans ses bras, la certitude aussi, elle me l’avait dit, que c’était à Yann qu’elle pensait dans ses rêves et pas à moi, et que jamais elle n’aurait imaginé que cette soirée aboutirait à ce qui se passait.

Elle m’a avoué depuis que son attitude aguicheuse affichée, très volontaire et calculée, était sa façon à elle d’alimenter ses rêves secrets, de se procurer des frissons de plaisir, que si je ne l’avais pas bousculée, jamais elle n’aurait dépassé ce stade, et qu’elle m’aurait très certainement repoussée si elle n’avait pas été étourdie par ses excès.
Ça, j’y croyais beaucoup moins. Je crois qu’elle avait entendu parler de mon goût pour les femmes et que c’est très volontairement qu’elle avait un peu trop bu, s’en remettant à moi pour la suite.


Son petit sourire et la rougeur de ses joues lorsque je le lui ai dit était un aveu, le baiser qu’elle m’avait donné aussi … vous l’avez compris, on s’est revues après cette soirée, et tant pis pour les fantasmes de Julien, il n’était plus présent à nos rencontres, et Yann pas si souvent.
… Yann qui attendait notre bon plaisir au pied du canapé, sans impatience, ce que je comprenais d’autant mieux qu’agenouillée sur le canapé derrière Alice, j’avais beau me contracter, je sentais que j’étais en train de souiller le canapé de son sperme qui coulait de mon ventre : cette attente lui laissait le temps de récupérer quelques forces.

Alice et moi non plus n’étions pas pressées, et notre place était plus confortable que la sienne. J’avais la chaleur de sa joue contre la mienne, la douceur de ses seins sous mes mains, les petits baisers qu’elle me donnait en tournant la tête vers moi. Je la sentais frissonner du souffle des mots murmurés à son oreille.
Je lui disais la chaleur de ses seins et l’humidité de son sexe qui s’ouvrait sous mes doigts, la raideur de la verge qui bientôt envahirait son ventre, sa longueur qui l’étonnerait à la tenir de ses deux mains, le plaisir qu’il aurait si elle voulait refermer ses doigts sur ses testicules et faire s’étirer la peau en les emprisonnant plus fort de ses doigts, qu’il aimerait la chaleur de sa bouche et la douceur de sa langue sur le filet qui tendait le gland, si lisse et si doux lui aussi si elle serrait très fort ses doigt à la racine de la verge.
Elle frissonnait et riait, de mes mots et de mon souffle, elle coulait sur mes doigts incapables de contenir et garder entre ses lèvres la liqueur qui inondait son sexe, s’insinuait jusqu’entre ses fesses où mon doigt la suivait.
Une fois, deux fois, d’un gémissement et d’un mouvement de tête elle a refusé ma caresse, une autre fois a soupiré et s’est tourné pour un baiser et un froncement de sourcil :
— J’aime pas, Cathy …
— Je t’apprendrai, donne-moi du temps et je t’apprendrai.
Regarde … ton amant de ce soir se réveille, c’est dommage …
— Pourquoi dommage ?
— Tu aurais aimé le sentir s’éveiller dans ta bouche, c’est ça le meilleur, le sentir grossir et appuyer sur ta langue, se gonfler doucement, monter à l’assaut de ta gorge et devoir reculer, le sentir battre d’impatience et le garder là, sans bouger, le savoir tout à toi, c’est si bon !
— Ah ? Comment on fait pour qu’il redevienne petit ?
— Je crois que c’est trop tard, il me regardait te caresser, regarde-toi Alice, ton bouton d’amour tout gonflé lui aussi, comment veux-tu qu’il résiste ?
— Cache-moi de ta main, ça marchera peut-être …
— C’est mon goût que tu vas avoir sur ta langue, tu connais pas encore mon goût, ni moi le tien. Tu me trouvais brutale, tu verras comme je peux être douce.
— T’étais pas si brutale, j’ai exagéré …
— Tu aimes peut-être, ça aussi je te montrerai, et j’embrasserai les larmes à tes yeux.
— Tu veux que je pleure ?
— Un cri de plaisir, chérie, c’est beau.
— Tu m’as appelée chérie …
— Parce que j’aime tes baisers. Ça y est, tu vois, il suffisait d’attendre, regarde-le … donne-lui ta bouche, goûte-le bien, son goût et le mien sur lui, redresse-toi …
— Reste avec moi.

Elle s’est redressée, s’est assise tout au bord du coussin, genoux ouverts autour des mollets de Yann, et j’étais là avec elle, mes bras noués à sa taille, mon menton sur son épaule quand elle a étiré la taille du boxer et l’a abaissé à ses chevilles. On avait assez attendu. La verge libérée s’est couchée lentement, une petite pointe rose brillante d’humidité dépassant du prépuce à demi retroussé. Elle s’est avancée encore, les deux mains sur ses cuisses pour prendre de la pointe de sa langue la perle de rosée aux lèvres plus rouges de la petite bouche, et elle a ouvert grand sa bouche pour le prendre en entier, le soulever de sa langue et creuser ses joues, l’aspirer jusqu’à noyer son nez dans la toison blonde et frisée, glissant ses mains derrière les cuisses pour le retenir, l’attirer plus près en remontant sur ses fesses que je savais contractées, creusées de fossettes et les muscles si durs.
Elle ne bougeait pas. Je devinais la caresse de la langue aux petits creux mouvants de ses joues, rythme lent que je suivais de deux doigts encadrant la tige gonflée qui ouvrait ses lèvres. Je sentais un énorme sourire monter à mes lèvres dans son cou en voyant les narines battre de sa respiration, en voyant ses lèvres rester collées à la racine de la verge, en voyant les vagues de déglutition sur son cou et le petit filet de salive à la commissures de ses lèvres blanchies de tension. Elle avait ce talent à offrir sa gorge que je n’avais pas, le gardait en elle sans flancher alors qu’il bandait dans sa bouche au mieux de sa forme.
Yann fermait les yeux, pectoraux et abdominaux gonflés, son bassin basculé pour mieux se donner à la bouche d’Alice qui enfin très lentement remontait le long de la verge, si lentement que le membre tendu ne m’avait jamais paru si long, jusqu’à l’abandonner, le laisser se redresser et battre.
Alice s’est tournée vers moi, les yeux brillants de larmes avec un sourire aussi grand que le mien :
— J’aime ton goût, et le sien, mélangés.
Elle l’a pris dans sa main, ses doigts blanchis de la force avec laquelle elle le serrait. Le gland prenait une teinte plus sombre et brillante en se gonflant de sang, brillance accrue de ses petits coups de langue, de la salive dont elle le couvrait du bout d’un doigt léger.
Elle pressait du pouce la veine gonflée tout du long de la verge, l’abandonnait pour étirer de ses doigts le scrotum, enfermer les testicules dans sa main, jouer de ses ongles et les regarder rouler doucement et se crisper au plus près de la verge.
— Je suis prête, Cathy ?
— Oh oui ! plus mouillée que jamais ! t’es inquiète ?
— Il est gros …
J’ai allongé Alice, Yann l’a attiré vers lui, s’est penchée pour un long baiser, et l’a pénétrée lentement, sans à-coups, bras tendus. Alice a noué ses jambes très haut sur ses reins, les mains crispées sur ses bras ; elle a salué d’un long soupir le contact de leurs ventres.

En la soulevant dans ses bras il l’a allongée sur le canapé et happé par ses bras qui l’attirait s’est couché sur elle, ondulant des hanches, accélérant petit à petit. Elle a tendu le bras vers moi, elle me cherchait d’une main impatiente. Je m’étais assise au pied du canapé. Elle a pressé ma main dans la sienne, s’y est cramponnée de ses doigts serrés très fort. Elle a joui en pressant l’autre main sur sa bouche pour ses sanglots de plaisir. Je caressais son front ridé de tension, j’écartais de ses yeux les mèches humides de transpiration.
J’avais déjà vu Yann faire l’amour avec une autre que moi. Ce soir-là, ils étaient les plus beaux du monde et je pleurais avec elle de son plaisir.

Julien, très loin de nous, n’avait pas quitté son fauteuil. Il souriait et ses yeux brillaient, mais je ne pouvais m’empêcher de trouver ça triste.
Yann s’était assis, Alice et moi étions allongées face-à-face jambes mêlées, nos têtes sur une cuisse de Yann qui jouait avec nos cheveux, venait prendre un baiser sur sa main à ma bouche et à la sienne. Alice s’amusait de mes petits seins, riait du téton dressé qu’elle agaçait et pinçait, frissonnait à la main de Yann qui caressait son dos.

Yann et Julien dégustait un autre Cognac dans la pénombre du salon. Yann avait renfilé ses jean’s, mais nos vêtements à nous étaient restés sur le dos d’un fauteuil.
Il y avait eu un instant de gêne, où personne ne parlait. Alice avait rassemblé ses vêtements éparpillés au pied du canapé Et je les lui avais enlevé des mains :
— Laisse donc ça, t’es très belle comme t’es ! Et puis on a besoin d’une petite toilette toutes les deux, tu crois pas ? Et vous, ça vous gêne si on continue à vous montrer nos fesses ?
— Allez-vous laver ! Un Cognac, julien ?
— J’osais pas demander !
— Faux-cul !
J’avais pris Alice par la main et je l’avais entraînée vers la salle de bains du rez-de-chaussée.
— Ah … il n’y a pas de toilettes, dans celle-là, faut que j’aille à l’étage ?
— Non, non, c’est la porte à côté !
Elle me regardait en fronçant les sourcils, les poings sur les hanches :
— Ah d’accord ! alors tout à l’heure, tu savais très bien ce que tu faisais en m’amenant à l’étage !
— Euh … non, pas vraiment … mais j’avais une petite idée derrière la tête ! Tu regrettes ?
— Bien sûr que non … Bon, j’y vais !
Elle s’est arrêtée à la porte :
— Si ton truc c’est de regarder les nanas faire pipi, tu peux venir, tu sais ?
Elle a disparu dans le couloir quand je lui ai jeté le gant de toilette que j’avais dans la main.
A son retour, elle a passé la tête par l’ouverture de la douche à l’italienne :
— Je peux venir ?
— Viens, je te frotterai le dos !
— C’est pas le dos qui en a besoin …
— Alors je te savonnerai la chatte !
— Oh lala ! quel vocabulaire !
— Comment tu dis, toi ? La cramouille ? Le beignet ? Ma fille appelle ça la pépette, tu préfères ? Et mon fils, lui, il a un zizi.
— Yann aussi alors, c’est un zizi …
— Non ! Lui c’est une bite !
— Qu’est-ce que t’es vulgaire !
— Ouais ! Allez, viens, je te laisse la place, mouille-toi !
— Pas de problème, j’arrête pas depuis le début de la soirée !
J’ai attendu qu’elle se retire de sous la pomme de douche pour poser mes mains pleines de savon sur ses épaules. Elle se tenait à mes hanches pendant que je la savonnais :
— Quand j’étais plus jeune, j’aurais tué pour avoir des seins comme les tiens … et puis maintenant je m’en fous … sauf quand je vois des petits dessous comme les tiens, ou de jolies petites robes … sur moi, ça donne rien … Un jour au mariage d’une cousine, j’avais acheté un soutif et des faux seins … tout le monde croyait que je m’étais fait poser des prothèses en silicone, ça les faisait baver … à la fin de la soirée, j’ai tout enlevé, Yann avait enroulé mes faux seins dans une serviette et les gamins ont joué au foot avec !
— Tu y as pensé ? aux prothèses ?
— Comme ça … mais non, pas sérieusement !
— Avant mes gamins, j’étais comme toi !
— C’est vrai ? A la deuxième grossesse, pour ma fille, je mettais du 85C, et trois mois après, plus rien ! Yann pas eu le temps d’en profiter beaucoup !
— Par contre tes tétons, waouh ! Tu sais que ça fait causer ?
— Ah bon ?
— Oui, oui ! Au loto, il y a quinze jours, les commères à la table du fond ! Elles se demandaient ce qui te mettait dans cet état-là !
— Je me souviens pas … rien sans doute ! juste le frottement du coton, ou alors je venais de voir ta culotte et tes fesses quand tu te penchais sur une table ! ça aussi ça les faisait causer, les commères !
— C’était mignon ?
— Super, elle te rentrait entre les fesses juste ce qu’il faut ! Tu te rends compte que t’s, quand même ?
— Toi aussi t’s … enlève ta main de là …
— Pourquoi ?
— Je t’ai dit, j’aime pas trop …
— Si j’arrête tu vas me reprocher dans deux minutes de « partir trop vite » ! Et puis ça te déplaît pas tant que ça, t’es toute mouillée !
— C’est le savon.
— Menteuse, je me suis rincée ! Aïeeeeuuuu … et c’est moi que tu traites de brute ? Tirepaschérietirepaaas … je me rends, m’arrache pas mes poils, j’arrête, promis, j’arrête !
On s’est séchées l’une l’autre avec les grandes serviettes chaudes qui pendaient sur le radiateur et au lieu de rejoindre nos hommes dans le salon dont on entendait quelques rires et leur conversation assourdie, j’ai entraîné Alice vers la chambre tout au fond du couloir.

Ce qui s’était passé jusque-là, c’était bien, mais …
Mais elle jouait un rôle ; et moi aussi. Elle provoquait, je réagissais. Je l’avais obligée à aller au bout de son jeu. Trop de calcul dans tout ça ! Ce n’était ni vraiment moi, ni vraiment elle.
Parler d’amour ? Non ; et oui quand même.
Le désir, bien sûr, celui-là, on l’avait assouvi. Mais le regard qu’elle avait après, dans mes bras sur le canapé, dans la salle de bains, disait un peu plus que seulement « j’ai baisé, je voulais, c’est bien , c’est fini ». Elle voyait la même chose dans mes yeux ? Le comprenait de mes gestes ? Je crois que oui.
L’amour, l’amitié, la complicité, tout se mélange un peu. C’est tellement difficile de coller UN mot, un seul, à ce que l’on ressent.
Alors on n’a pas parlé. Des mots, oui, mais d’autres.
On s’est assises au bord du lit.
Elle racontait la dernière bêtise d’un de ses fils pendant que j’arrangeais ses cheveux ; je lui ai expliqué pourquoi j’avais ces petites égratignures qu’elle effaçait d’un doigt sur mon bras ; on a dit du mal d’une ou deux amies pendant que je comptais les grains de beauté sur ses épaules … des mots, des rires … et plus rien, juste un sourire hésitant … et un baiser … pas le premier, mais le premier vrai.

Vous aimeriez bien sans doute ... mais non. Pas ce soir-là.
Ce soir-là, dans la chambre où nos hommes nous ont retrouvées, tard dans la nuit, nous avons simplement partagé la chaleur de nos bras et de nos jambes emmêlées, appris la douceur de nos peaux et la chaleur des baisers.

Oui, elle a appris le goût de mon désir, et je connais le sien. Oui elle a aimé les caresses qu’elle m’avait dit ne pas aimer, qu’elle me réclame d’une petite moue de gamine parfois, et qu’elle aime encore plus m’offrir.
Parce qu’il y a eu un après, des après-midis, des soirées, quelques nuits aussi.

Je ne vous raconterai pas tout ça maintenant.
C’était l’histoire d’une soirée. Et cette soirée est finie. Alors fin de l’histoire.

Misa – 12/2012

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