Il Y A Divorce Et Divorce_Partie 1
Cette histoire est une pure fiction. Toute ressemblance avec des personnes, des lieux et des phénomènes existants ne peut être que fortuite
Partie 1
Steven, pour une fois, rentra tôt de son travail. Il fallait absolument quil dise la bonne nouvelle à son épouse, Janice. Cela faisait assez longtemps maintenant quil travaillait darrache-pied pour obtenir ce résultat. Sa région commerciale était en tête sur tout le continent européen et en compétition pour la première place mondiale au sein de son entreprise multinationale. Lui, cétait Steven, français par son père, anglais par sa mère. Quarante-cinq ans, ingénieur commercial issu dune prestigieuse université anglaise, il dirigeait une unité régionale, pour cette multinationale américaine, la France, depuis cinq ans maintenant, et se trouvait dans la plénitude de ses capacités professionnelles. Grand, svelte et sportif, il avait su prendre soin de son corps et avait un physique qui ne laissait pas les femmes indifférentes. Elle, Janice, même âge, française par sa mère et américaine par son père, avait pris sa retraite de mère de famille après dix-huit années de cadre dirigeante au sein de la même compagnie que Steven. Brune autant que son époux était blond, avec de magnifiques yeux verts, elle attirait immédiatement les regards et son corps avait su garder une ligne élancée et joliment dessinée. Ils sétaient rencontrés lors de leur recrutement, le même jour, il y avait vingt-trois ans. Ce fut un coup de foudre immédiat, débouchant sur une relation passionnelle, qui se muât en un mariage après six mois dune relation fusionnelle et passionnée et la naissance de leur première fille, Alicia, lannée suivante. Deux ans plus tard, naissait Addison, leur deuxième fille, puis encore deux ans après, Anthon leur fils. Alicia venait de se mettre en ménage et vivait en pavillon dans la même ville que ses parents. A la recherche dun emploi, elle avait fait de hautes études et obtenu un master en relations publiques.
Leur couple était resté très fusionnel. Leur complicité faisait la fierté de leurs trois s et attisait une certaine jalousie au sein de leurs proches. Ils habitaient un joli pavillon en banlieue ouest de Paris, au Vésinet, dans un quartier bourgeois.
Lentreprise de Steven était une des vingt-cinq plus grosses multinationales au monde, spécialisée dans les articles de sport. Son siège se trouvait à Jacksonville, à deux heures dOrlando en Floride où il devait régulièrement se déplacer pour des journées de travail sur la politique commerciale de la compagnie. Celle-ci avait des valeurs éthiques, y était très attachée, et demandait à ses dirigeants de les respecter à la lettre. En premier lieu, avoir une conduite morale exemplaire. Ensuite avoir une vie professionnelle et privée saine. Enfin, être en tout point un homme respectable.
Ces trois principes, « exemplaire, sain et respectable », ornaient les frontons de tous les établissements où le nom de lentreprise saffichait.
Depuis vingt-trois ans, Steven était un dirigeant doué, inventif et un manager respecté. Il avait gravi les échelons et se trouvait à la tête dune unité de plusieurs centaines de salariés. Il avait su dynamiser les équipes de vente, développer le chiffre daffaires et, le plus important, gagné la confiance du siège. En clair, il était promouvable rapidement. Or, il se trouvait en concurrence avec un dirigeant, arrivé il y a peu, et issu de la principale filiale de la compagnie et qui faisait parait-il des ravages au Canada.
Tout en rangeant sa voiture dans le garage aux côtés de celle de Janice, il répétait pour lui-même, le texte quil avait préparé, à la fois pour être concis, et pour ne pas paraître trop prétentieux dun tel résultat.
Il arriva dans le salon et sétonna de ne pas la trouver. Il alla dans la cuisine et la découvrit assise, lair grave, les mains à plat sur la table.
« Que se passe-t-il Jann ? »
« Assieds-toi. »
« Il sest passé quelque chose ? »
« Ne parle pas. »
« On attend quelque chose ? »
« Jattends quelque chose, ou plutôt quelquun. »
« Mais tu attends qui ? »
« Mon soutien. »
« Ton soutien ? »
Steven entendit la porte dentrée souvrir et vit apparaître une espèce darmoire à glace au visage menaçant qui dû sincliner pour passer sous lencadrement de la porte suivie dun homme blond denvirons quarante ans, portant dépaisses lunettes, et à lair sévère.
Le gorille se plaça juste derrière lui et mis puissamment les mains sur ses épaules
« Tu ne bouges pas. »
« Jann, que se passe-t-il ? »
Janice lui tendit lenveloppe
« Ouvre et regarde. »
Steven ouvrit lenveloppe et enleva son contenu. Il sagissait dune photo format A4. On y voyait un lit avec un couple en train de faire lamour. Lhomme était de dos et entre les jambes de sa partenaire. On ne distinguait pas les visages. Lhomme arborait une tâche de naissance derrière le bras droit. Steven blêmit.
« Tu reconnais cette tâche ? Cette tâche qui te distingue entre tous ? »
Janice se leva et sapprocha de lui. Elle le gifla violemment. Il sentit les doigts du garde du corps se resserrer sur ses épaules, lempêchant de faire tout mouvement.
« Espèce de salop.
« Mais je ne comprends pas ? Ce nest pas moi. »
« Je te reconnaitrais entre mille, ça ne sert à rien de mentir. On ma donné cette photo cet après-midi ; jai eu le temps de bien réfléchir. Tu vas le regretter crois-moi. »
Janice se dirigeât vers la porte de la cuisine et se retourna avant de la franchir.
« On se reverra au tribunal pour le divorce. »
« Jann, attends, je te dis que ce nest pas moi. »
Lhomme blond aux lunettes épaisses se leva, se pencha vers lui et approcha son visage du sien. Il lui sourit.
« Je vais vous dire mon vieux, vous êtes mal barré. »
Il lui fit un clin dil, se redressa puis emboitant le pas de Janice, sortit lui aussi. Le gorille dit à Steven.
« Bouge pas. On va leur laisser le temps de quitter la maison. Après je te relâcherai. Si tu fais le moindre geste pour leur courir après je tassomme. »
Steven ne tenta rien. Il était complétement abasourdi par ce quil venait de se passer. La tête lui tournait, il sentait la sueur perler à son front et ses mains commencer à trembler légèrement. Il fixait la photo et ne comprenait pas ce quil voyait. Il regarda attentivement tous les détails. Il releva les éléments au-dessus du lit et les ancra dans son esprit. Au bout dun temps qui lui parut long, létreinte des doigts se relâcha. Le garde du corps pris le même chemin que Janice et il lentendit refermer la porte dentrée.
Janice
Depuis que ce détective privé avait pénétré dans la maison et lui avait montré le cliché incriminant son mari et cette femme quelle ne connaissait pas, elle pensait en boucle, maudissant son mari pour son infidélité et se maudissant elle-même de navoir rien vu.
Lhomme lui avait dit enquêter pour le compte de lépoux de la femme. Quil lavait missionné dans le cadre dune enquête de murs. Il avait dû batailler pour trouver lidentité puis ladresse de lamant et avait pensé quil était juste et honnête que lépouse de ce coureur de jupon soit informée de son infortune.
Elle avait senti petit à petit son sang bouillir et une haine naître en elle, pour son mari, quelle avait adoré plus que tout, qui sétait toujours montré bon mari, bon amant et bon père. Quil était, tout comme elle, épris de franchise et détestait plus que tout le mensonge et la trahison.
Et voilà que lamour de sa vie senvoyait en air avec une chaudasse, mariée qui plus est, et quelle tombait du paquetage, complètement groggy. Cette tâche de naissance, elle la connaissait bien. Elle ne pouvait pas se tromper, cétait bien lui. Elle allait demander le divorce. Mais à qui devrait-elle sadresser ? Elle ne connaissait pas davocat. Elle savoua perdue et désemparée.
Le détective trouva le moyen dêtre charmant, consolateur et bienveillant. Il avait lhabitude. Des histoires de la sorte, il en avait vu. Par contre, ce qui le frappait, cest quen règle générale, les femmes trompées nétaient pas aussi belles et innocentes que Janice. Il était rare quun couple explose par la seule faute de lhomme. Généralement, les femmes sy attendaient, en quelques sortes et navaient rarement rien à se reprocher elles-aussi. Il comprenait le désarroi de cette pauvre épouse.
« Vous permettez que je vous appelle Janice ? »
« Oui, bien entendu. »
« Écoutez, je comprends votre décision, cest ce que vous avez de mieux à faire. Il vous faut vous éloigner de votre quotidien pour faire le point afin de ne pas agir à chaud. Prenez un temps de recul et, si vous en êtes toujours convaincue, je vous aiderai dans toutes vos démarches. »
« Vous êtes vraiment gentil mais pourquoi feriez-vous cela ? »
« Voyez-vous, en règle générale, je ninforme pas la victime dun adultère. Elle lignore souvent très longtemps et je trouve que cest mieux comme ça. Mais dans votre cas, jai trouvé lattitude de votre mari tellement lâche et méprisable que jai préféré que vous sachiez avec qui vous étiez mariée. Pendant mon enquête, tout en lobservant, je vous ai observée aussi. Jai appris à vous connaître, et voir en vous une femme estimable, irréprochable et fidèle. Jai naturellement pensé quune femme honnête et droite comme vous avait le droit de savoir ce qui se trame dans son dos. Vous savez, lépoux de cette femme est quelquun de connu et riche. Mon cachet est bien supérieur à ce que me rapporte les enquêtes pour adultère habituelles. Je vous avoue me sentir un peu responsable du désarroi dans lequel vous êtes plongée soudainement et à quel point vous pouvez-vous sentir désemparée. Je vous propose de vous offrir lhôtel pour une quinzaine de jours, le temps de réfléchir et de décider ce que vous allez faire. Cela apaisera ma conscience pour avoir brisé votre couple et, quelque part, fichu votre vie en lair. »
« Ma foi je ne sais pas trop quoi dire. Cest vrai que je ne veux pas partager ma vie une minute de plus avec ce salopard. Mais je ne sais pas si je peux accepter votre généreuse proposition. »
« Je vous en prie, nayez aucun remord cela ne me coûte rien. Je vous visiterai chaque jour, et, quand vous aurez pris une décision, si elle correspond à ce que je pense que vous devriez faire et que vous me le permettez, je vous soutiendrai dans vos démarches. »
Janice réfléchit aussi clairement que sa tête bouillonnante le lui permettait. Elle ne voyait pas dautre solution. Elle monta à létage, pris une grande valise, y entassa suffisamment daffaires pour tenir une bonne quinzaine de jour et redescendit dans le salon.
« Vous avez raison. Je vais attendre quil rentre de son travail. Nous aurons une explication, puis je le quitterai et vous mamènerez à lhôtel que vous avez choisi pour moi. Je ne resterai pas une minute de plus dans le même espace que ce scélérat. »
Steven
Steven était anéanti. Il ne comprenait pas ce quil lui arrivait. Cela faisait deux jours que Janice était partie et il navait aucune nouvelle delle. La photo était restée sur la table de la cuisine et il ruminait à longueur de journée, ne comprenant pas comment il avait pu se retrouver sur ce cliché, dans cette position avec cette femme quil ne reconnaissait pas non plus. Vers quinze heures, son téléphone sonna. Il crut que cétait Janice, même sil ne reconnut pas le numéro.
« Steven Loyal ? »
« Cest moi. »
« Bonjour, Je suis Madison Storm, Vice-Présidente de la compagnie. Je vous informe que vous avez été dénoncé par un appel anonyme, nous apprenant que vous seriez en procédure de divorce avec votre épouse et que, apparemment, vous en seriez la cause. Est-ce exact ? »
« Bonjour madame. Sil est exact que mon épouse a quitté le domicile conjugal en me menaçant de demander le divorce, je nie être le responsable de cette situation. »
« Je souhaiterais vous rencontrer pour examiner les faits et rendre compte au Président. Pouvez-vous me recevoir demain après-midi ? »
« Avec plaisir. Je nai pas grand-chose à vous montrer, ni à vous raconter, mais je vous serais infiniment reconnaissant si vous maidiez à y voir plus clair. Je vous attends donc demain. »
On dit que la nuit porte conseil. Pourtant, à trois heures du matin il ne dormait toujours pas quand la lucidité lui vint à lesprit et quil trouva comment attaquer le problème et préparer cet entretien.
Comme convenu, à quinze heure pile, Steven ouvrit la porte à une femme denvirons quarante ans, grande, élancée et très élégante. Elle avait un joli visage aux traits fins, encadré par une abondante chevelure acajou et un regard déterminé souligné par des yeux noisette du plus bel effet.
« Bonjour madame, entrez je vous prie. »
« Bonjour Steven. Appelez-moi Madison. Vous savez à quel point le Président est à cheval sur la réputation de la compagnie en matière matrimoniale. Il ne supporte pas que les cadres dirigeants naient pas une conduite exemplaire. La compagnie a de grandes ambitions pour vous et nous devons être certains que votre conduite tant dans votre environnement professionnel que dans votre vie privée, correspond à léthique de notre firme. »
« Je nai rien à prouver par la parole. Pour ce qui est de ma vie professionnelle, vous avez les éléments et les éventuels témoignages pour connaître les tenants et aboutissants de ma conduite. Pour ce qui est de ma vie privée, je subis depuis plusieurs jours une situation qui me semble tenir plus du quiproquo et de la méprise, que dune quelconque forfaiture. »
« Et bien je nattends quune chose : que vous me le prouviez. »
Steven tendit à madison la photo laissée par Janice.
« Voici un cliché que ma remis mon épouse et réalisé, parait-il, par un détective privé mandaté par lépoux de la femme sur la photo. Sil semble bien que ce soit moi, je ne connais pas cet endroit et ny ai jamais mis les pieds. »
« Pouvez-vous le prouver ? Si oui, il sera facile de crier à la méprise. »
« Voilà le problème, cest que depuis que me femme est partie, après mavoir giflé et quasiment jeté cette photo à la figure en me promettant le divorce, je narrive plus à avoir les idées claires. »
« Bon, posons-nous un peu. Je ne demande quà vous croire. Je pense que si vous étiez un fanfaron doublé dun menteur, cela se saurait et vos collaborateurs me lauraient confié. »
« Vous les avez interrogés ? »
« Oui, je les ai quasiment tous rencontrés. Les cadres tout du moins. Ils mont fait léloge dun manager exceptionnel, humain, droit et juste. Voilà pourquoi nous avons décidé de vous laisser une chance, mais une seule. Alors, examinons cette photo dun peu plus près. Vous reconnaissez cette tâche de naissance ? »
« Oui, il semble bien quelle soit identique à la mienne. »
Steven se leva, retira sa chemise et exposa le dos de ses bras à madison.
« Mais, je vous jure sur ce que jai de plus précieux au monde, que je ne connais pas cet endroit et ny suis jamais allé. Pourtant, voyez-vous, il me semble avoir déjà vu ce décor. Je me demande si
»
Janice
Cela faisait une semaine que Janice végétait dans cette chambre dhôtel. Seuls moments heureux de la journée, la visite de Pierre-Alain, le détective. Une amitié sétait nouée entre eux. Elle lui parlait de sa peine et de sa rancur, il lui parlait voyages, horizons lointains. Elle passait une grande partie de ses nuits à faire le tour de sa vie et sarrêtait au seuil du tribunal des divorces. Pierre-Alain lavait aidée à remplir le dossier et sétait chargé de le déposer chez un avocat, ami de lui, qui, paraît-il, navait jamais perdu de procès. Elle savait quelle pourrait renoncer au dernier moment, mais avait tout de même décidé , sur les conseils de son ami, de ne pas se présenter à la tentative de conciliation pour laquelle elle avait rapidement reçu une convocation. Si elle allait au bout, cétait pour faire payer sa faute et son adultère à Steven. Elle avait beau le maudire, lui en vouloir à mort, elle sentait, au fond delle-même, que la flamme ne sétait pas éteinte. Pierre-Alain était vraiment un amour, toujours avec des mots rassurants, cajoleur par moment, et ferme quant à lencourager à prendre la meilleure décision à dautres.
« Écoutez, vous nallez pas rester une semaine de plus à tourner en rond dans cette chambre. Jai une maison secondaire en Normandie, à deux heures de Paris, il ne tient quà vous que je vous la fasse découvrir. Elle se trouve dans un cadre de verdure apaisant. La mer est à deux minutes à pied. Vous serez au vert, comme on dit. Bien sûr, au début, vous aurez toujours lâme triste, et cest tout à fait normal. Mais au bout de deux trois jours, vous verrez que vous vous sentirez moins oppressée, moins désespérée, moins triste. Je peux prendre quelques jours de repos pour vous aider à investir les lieux et vous sentir comme chez-vous. Je pense que vous serez beaucoup plus sereine pour prendre votre décision. »
« Pierre-Alain, cest un ami comme vous quil me fallait. Je ne saurai jamais comment vous remercier pour votre charité. Je ne sais pas quoi vous dire. »
« Acceptez et vous ferez de moi un ami heureux. »
Steven
Sur les conseils de Madison, Steven sétait remis à courir chaque matin. Sa collègue laccompagnait et il vit immédiatement quelle avait un bon niveau dentrainement et lui imposait un rythme très soutenu qui lui faisait un bien fou. Ils se douchaient chez Steven, Madison prenant la salle de bain des invités. Il navait pas osé lui proposer de lhéberger, dune part de peur que cela entache encore plus sa réputation, et, dautre part, parce quelle lintimidait un peu. Cétait vraiment une belle femme, qui navait rien à envier à Janice, du point de vue beauté, comme de la prestance. Elle laidait dans ses recherches et lui donnait le sentiment quelle le croyait innocent de cette horrible accusation dhomme volage. Cette complicité faisait un bien fou à Steven. Il se sentait les idées plus claires, et savait comment les ordonner de façon précises pour mettre sur pied son plan devant linnocenter. Il avait reçu une convocation de la part du conciliateur pour le vendredi en huit.
« Cela fera trois semaines, cest drôlement court comme délai. »
« Vous savez, aujourdhui on divorce rapidement lorsquil ny a pas de problème avec la garde des s. »
« Notre aînée a vingt-deux ans, notre cadette vingt et le dernier dix-huit. De plus, ils sont tous indépendants et ne vivent plus chez-nous. »
« Bon, remettons-nous au travail, il nous reste une bonne dizaine de jours pour trouver tout ce qui peut vous innocenter. »
« Cest la première fois que vous mavouez croire en mon innocence. »
« Je commence à vous connaître Steven. Je suis persuadé que vous nêtes pas un coureur de jupon. Votre femme a tenté de vous mettre dans le décor et nous allons tout faire pour vous remettre sur les rails. Cest quelques mots firent leffet dun coup de poing au visage de Steven. »
« Le décor, bien sûr ! »
« Pourquoi dîtes-vous cela comme ça ? »
« Madison, sans le savoir, vous venez de me donner la meilleure idée. Lidée quil me manquait pour avancer. Préparez-vous, nous allons nous déplacer et, je lespère, trouver rapidement où cette photo a été prise. »
Quelques minutes leur suffirent pour se rendre sur les lieux auxquels Steven pensait. Là, il demanda à visiter deux pièces spécifiques, accompagné de Madison qui ne comprenait pas trop bien où Steven voulait en venir.
Après avoir trouvé ce quil cherchait, Steven prit plusieurs photos puis proposa à madison de faire une petite course à quelques mètres du lieu où ils se trouvaient. Cest en découvrant lenseigne de la boutique que les choses commencèrent à séclaircir pour laméricaine.
« Dites-moi Madison, auriez-vous conservé les photos du séminaire des cadres dirigeants de lentreprise. Celles qui ont été faites en août au bord de la piscine, lorsque nous étions tous en maillot de bain ? Vous savez ce séminaire où le président a souhaité bonne retraite au vice-président Mike Dreyers et accueilli les nouveaux cadres recrutés ? Les secrétaires de la région Amérique du nord étaient invitées. »
« Oui, je les ai dans mon iPhone. »
« Très bien. Puis-je les consulter ? »
Steven regarda attentivement une par une les quinze photos qui représentaient des cadres et leurs secrétaires samusant au bord de leau, en maillot de bain, de face, de dos et de profil.
« Bien, jai vu ce que je voulais voir. Je vais les charger dans mon ordinateur. A présent, retournons là où nous étions il y a quelques minutes. »
Ils retournèrent sur les lieux de leur précédente visite. Là, Steven emprunta le mobile de Madison et montra un cliché en particulier à lhomme qui les avait accueillis. Satisfait de la réponse à la question quil lui posa, Steven rendit lappareil à Madison.
« Nous pouvons rentrer à présent, je vais mettre tout cela au clair et je crois que nous en aurons terminé pour aujourdhui. »
Janice
La date de la conciliation était maintenant passée de deux semaines. Janice se plaisait énormément en Normandie. Chaque matin elle faisait une grande balade en bord de mer et respirait à pleins poumons. Laprès-midi, elle visitait les alentours. Le soir, elle regardait un des nombreux films de la vidéothèque personnelle de Pierre-Alain. Ce dernier lui rendait visite tous les deux jours, en fin daprès-midi. La première semaine les avait vus se rapprocher et avoir de longs moments de complicité, que ce soit en promenade, en visite ou dans le salon douillet.
Janice avait encore quelques passages de colère alternés avec des moments de tristesse, mais son moral reprenait le dessus incontestablement. Steven faisait encore parti de ses pensées et de la plupart de ses conversations, mais Pierre-Alain savait se montrer patient et chaleureux. Une belle amitié était en train de naitre dans lesprit de Janice et elle en était heureuse.
Un matin, elle reçut un courrier du tribunal. Elle avait fait un renvoi provisoire dadresse. Cétait une convocation, mais, contrairement à ce quelle attendait et ce à quoi lavait préparée Pierre-Alain, il ne sagissait pas dune convocation ordinaire. Il sagissait dune convocation auprès du tribunal dinstance, co-signée par le juge aux affaires familiales et par le juge de première instance. Lobjet, clairement décrit, était demande de divorce pour faute et adultère, faux et usage de faux et tentative descroquerie.
Elle appela aussitôt Pierre-Alain et lui demanda de quoi il retournait.
« Jai agi sur ordre de mon président qui estime que la conduite de votre mari nuit à la réputation et au chiffre daffaires de lentreprise, et quil a fait perdre le principal client qui nest autre que lépoux de la femme de la photo. »
« Mais que risque-t-il ? »
« Une amende assez forte, probablement de la prison et, bien entendu, la perte de tous ses droits en tant quépoux. Vous savez, cest une procédure habituelle pour notre président. Chaque fois quun cadre trahit sa confiance, il y a des représailles. »
« Oui, mais tout de même, cest bien lourd. »
« Vous croyez ? Votre mari a fait perdre des millions à la compagnie, que ce soit avec ce client perdu, comme avec la mauvaise réputation que cela va entrainer. Être seulement licencié ne serait vraiment pas cher payé. »
« Je nai pas voulu tout ça moi, je voulais juste divorcer. »
« Écoutez Janice, vous avez encore des sentiments pour votre mari, cest tout à fait normal. Une femme honnête et fidèle comme vous ne se détache pas de plus de vingt années dunion du jour au lendemain. Mais, voyez-vous, je trouve quil na que ce quil mérite. Vous avez été trop confiante, et cela a été votre seule faute. Si vous voulez, je vais rester ce soir pour vous tenir compagnie dans ce moment pénible. Je prendrai la chambre dami. »
« Vous êtes un véritable ami pierre-Alain, jai pour vous une gratitude infinie. »
Steven
La convocation ne surpris guère Steven. Il savait que la guerre avait été déclarée et se sentait prêt à affronter lennemi. Madison avait été une aide précieuse et un soutien permanent. Elle lavait accompagné à la conciliation et lavait attendu dans un café du quartier pendant quil présentait les éléments recueillis de son dossier. Son soutien avait été sans faille et il lui en était reconnaissant.
« Je vais vous laisser Steven. Je crois que vous avez encore pas mal de chose à préparer pour le jour J et je ne veux pas devenir un poids perturbant votre tâche. »
« Madison, ces quelques semaines passées à vos côtés ont été enchanteresse, en dépit de la situation. Jétais au fond du trou, et, grâce à votre présence et à la confiance que vous mavez témoignée, jai repris du poil de la bête et je me sens prêt pour cette dernière épreuve. »
« Je serai présente au tribunal, derrière vous. Jespère avoir la chance de rencontrer vos s. Vous men avez tellement parlé que jai limpression de les connaître. »
« Oui, ils seront là, et ils seront ravis jen suis sûr de faire votre connaissance. Je me suis permis de leur parler de vous et ils vous sont reconnaissants pour le réconfort et laide que vous mavez apportés.
Je suis persuadé quen dautre circonstances, jaurais été fortement charmé par votre personnalité, votre distinction et votre beauté. Jai bien conscience de navoir pas été le plus jovial des partenaires, mais si lavenir me donne le droit de vous revoir en dautres circonstances, jespère avoir lopportunité un jour de me montrer à vous sous un meilleur profil. »
« Je suis certaine que nous nous reverrons dans un autre contexte Steven. A bientôt. »
Madison parti, Steven sattela à sa tâche et se prépara à braver lennemi.
Janice
Dernière semaine avant le procès. Janice narrivait pas à penser à autre chose quaux conséquences punitives risquées par Steven. Il avait été le grand amour de sa vie et elle narrivait pas à se détacher de cette idée. Bien sûr, Pierre-Alain était un ami merveilleux, bienveillant, rassurant et, elle le sentait, très attiré par elle. Plus dune fois elle avait senti quil profitait dun rapprochement pour la frôler, la toucher du genou ou bien mettre la main sur son bras. Il était bel homme, distingué, toujours élégant voire raffiné, avec un léger accent canadien très craquant. Elle se rendait bien compte que cette danse de la séduction ne la laissait pas indifférente et que, si ce nétait ses liens encore solides malgré tout avec Steven, elle aurait volontiers cédé aux sirènes de lamour. Le temps était à lorage et elle détestait par-dessus tout le tonnerre. Pierre-Alain découvrit un petit être chétif et frileux, emmitouflé dans une robe de chambre et recroquevillé dans le canapé. Elle le regardait avec des yeux suppliants.
« Vous nallez pas partir maintenant, avec lorage qui gronde. Restez au moins un peu, le temps quil cesse. »
Il sassit tout contre elle et la prit dans ses bras
« Venez-là petit oiseau affolé, je vais vous protéger du méchant orage. »
Elle tourna son visage vers lui.
« Cest vrai, vous restez ? »
Il neut quà incliner la tête pour que leurs lèvres se touchent. Elle les ouvrit aussitôt et leur baiser devint passionné. Il jubilait intérieurement. Cela faisait des semaines quil attendait sa juste récompense. Il lui caressa le visage tout en prolongeant le baiser et elle saccrocha à ses épaules comme à une bouée de sauvetage. Il passa son bras droit sous ses jambes et la souleva comme un fétu de paille. Il se dirigea, toujours en lembrassant, vers sa chambre. Elle avait les yeux fermés mais savait dès à présent ce quil allait se passer. Elle était consentante, vaincue, sans défense. Elle se rendait et soffrait à son sauveur.
Il lallongeât sur le lit et retira sa veste et ses chaussures. Il défit un à un les boutons de son corsage et commença à lembrasser dans le cou avec le plus de délicatesse possible. Elle saccrochait toujours à lui, les mains croisées sur sa nuque. Il défit lattache du soutien-gorge et vit enfin apparaître sa superbe poitrine. Pour une femme ayant passé quarante ans, elle était drôlement bien conservée. Ses seins étaient encore très fermes et gonflés. Il joua avec leurs pointes, les pinçant légèrement pour les ériger, puis il se pencha pour les aspirer lune après lautre dune bouche gourmande. Elle plaça ses mains sur son crâne, se laissant aller à labandon dans un soupir de délivrance. Il défit la fermeture de sa jupe, abaissa la fermeture éclair, puis lui retira le vêtement. Il lui ôta le soutien-gorge, abaissa sa culotte, puis se recula pour mieux ladmirer
« Quest-ce que tu es belle. »
« Embrassez-moi. »
Il sallongeât près delle, la pris tendrement dans ses bras et lembrassa de nouveau. Leurs langues jouaient un balai endiablé, tournoyant dans un rythme effréné. Il multipliait les caresses sur sa poitrine et son ventre. Il descendit entre ses jambes et sa bouche vint naturellement prendre possession de ses lèvres intimes. Sa langue les entrouvrit et pénétra dans sa grotte secrète, arrachant un second soupir de plaisir à Janice, totalement abandonnée. Il tournoya autour du clitoris ce qui déclencha la montée vers le plaisir de sa partenaire. Son majeur en pris possession, libérant sa langue qui sincrusta à lintérieur du vagin trempé de sécrétions.
« Ah cest bon, continue. »
Son doigt tournoyait affolant son bouton raidi par le plaisir et sa langue prenait le même rythme, arrachant le premier cri de jouissance de Janice. Satisfait de lui, il remonta lembrasser, mélangeant avec elle ses parfums secrets. Elle lui prit son sexe dressé et lui promulgua une lente et douce caresse, couvrant et découvrant le prépuce. Elle sabaissa et le prit en bouche, allant le plus loin possible dans sa gorge, comme pour le récompenser du plaisir quil lui avait donné. Il ne tint pas longtemps et avec beaucoup de douceur, la releva et lallongeât sur le dos. Il sinstalla entre ses jambes relevées et présenta son pénis à lentrée de son intimité.
« Viens, viens en moi. »
Il donna un léger coup de rein vers lavant et pénétra à moitié le vagin de Janice. Il attendit quelques secondes puis savança de nouveau pour investir complétement le sexe de sa partenaire. Elle avait gardé les yeux fermés et savourait cette pénétration enivrante et se donnait sans retenue à ce coït providentiel. Steven navait que ce quil méritait. Après tout, cest lui qui avait commencé avec cette poufiasse. Elle ne faisait que lui rendre la monnaie de sa pièce. Il ny avait pas vraiment damour, mais plutôt un besoin de reconnaissance, de complicité. Elle avait lintention de se donner complétement à cet homme qui sétait montré bon et salvateur pour elle, et elle entendait lui prouver sa gratitude en se livrant à lui sans retenue. Bien sûr, elle savait déjà quil ny aurait pas la flamme de la passion amoureuse quelle avait toujours ressentie avec son époux. Mais elle avait un besoin impérieux de se venger et de se prouver à elle-même quelle pouvait encore rendre un homme heureux et le combler damour.
Les mouvements des hanches de Pierre-Alain saccélérèrent, provoquant une montée du plaisir dans les reins de Janice
« Oui, cest bon, narrête pas. »
« Tu me sens bien ? »
« Oui, je te sens partout, je vais venir. »
Lhomme pris un rythme effréné arrachant quelques cris à sa compagne, puis se bloqua au fond du vagin et libéra sa semence par saccades fugitives les faisant de nouveau crier à lunisson.
Steven
Un mois, cela faisait exactement un mois que Janice avait quitté la maison. Le jour du ou plutôt des procès était arrivé. Steven savait quil allait la revoir et, qui sait, aurait un peu de temps avec elle pour sexpliquer. Il avait toujours espoir que cette procédure sarrête et quils se retrouvent comme avant. En conséquence, il sétait vêtu dun costume clair et dune chemise bleue assortie. Les s lui avaient donné rendez-vous dans la salle des pas perdus. Il les retrouva une heure avant que laudience ne commence. Il senquit de la santé et du moral dAlicia, dAddison en vacances chez sa sur et dAnthon qui avait fait le voyage pour cette triste occasion. Tous les trois nignoraient rien des démarches que leur père avait menées et de leurs conclusions, mais avaient su garder le secret comme il le leur avait demandé. Aussi, ils veillaient sur lui avec tendresse et amour.
« Les s, si vous savez comme jai hâte de la voir, de lui parler et de la prendre dans mes bras. Je crois quelle va avoir une belle surprise. »
Il se tourna vers sa collègue.
« Je voulais vous présenter Madison qui vient tout droit du siège de la compagnie. Elle ma été dune aide précieuse pendant cette difficile période. »
Ils la saluèrent chaleureusement et elle leur fit laccolade à laméricaine, ce qui ne les choquât pas. Le courant semblait bien passer dès ce premier contact.
Anthon regarda vers lentrée de la grande salle.
« Elle ne devrait plus trop tarder. Elle nous a dit arriver un quart dheure avant laudience. »
Il fut le premier à la voir.
« La voici. »
Madison séloigna poliment. Les s sécartèrent et Steven put enfin la voir. Elle était accompagnée de lhomme blond aux lunettes épaisses.
« Mais, ils se tiennent par la main !?! Mais, ce nest pas possible !?! Quel choc ! »
Janice savançait sereinement, tenue par la main par lhomme qui marchait à ses côtés, tout sourire, belle et épanouie.
Steven se sentit trembler. Janice sarrêta près de ses s.
« Bonjour mes amours, quelle joie de vous voir. Alors vous êtes venus finalement. »
Tout en regardant Steven en coin elle ajouta :
« Je vous présente Pierre-Alain. Il remplace votre père
En mieux, et dans tous les domaines. »
Addison parue outrée.
« Maman !! »
Steven sassit en tremblant. Il sépongeât le front dune main peu sûre et se tourna vers Anthon.
« Fiston, tu veux bien maccompagner aux toilettes, je ne me sens pas bien. »
Anthon aida son père à se relever et ils marchèrent lentement. Sitôt entré, Steven se rua dans un WC, se mit à genou, se pencha et vomi plusieurs fois. Après avoir craché une dernière fois et tiré la chasse, il se releva et alla aux lavabos. Il se rinça la bouche abondamment puis sessuya les mains et se moucha dans les serviettes en papier du distributeur.
« Retournons-y Anthon. »
« Ça va aller papa, tu es sûr ? »
« Oui fiston, maintenant ça va aller. »
Ils retournèrent dans la grande salle. Janice et Pierre-Alain sétait écartés et buvaient un café près de la machine leur tournant le dos. Steven, encore pâle sadressa à ses s.
« Mes amours, je crois que je viens de vomir ce quil me restait damour pour votre mère. Jai subi un énorme choc qui ma fichu littéralement par terre. Mais je viens de men relever et me sens prêt maintenant pour les grandes explications. »
Janice
Dès quils furent descendus du taxi, Pierre-Alain prit la main de Janice.
« Garde la tête haute. Noublie pas que, si tu as été une victime, lheure de ta revanche a sonnée. »
Elle savait au fond delle-même quelle jouait un rôle et que, finalement, elle ne savait plus très bien où elle en était. Mais elle ne voulait pas faire pâle figure devant ses s. Steven lui avait menti, lavait outrageusement trompée, il fallait que tous voient son vrai visage. Elle aurait tout le temps pour essayer doublier après.
Elle se dit que la présence de Pierre-Alain était une aubaine pour enfoncer définitivement le clou et frapper son mari, pour encore quelques heures, là où ça fait mal. Il ne sétait pas rebellé plus que ça le fameux soir de la photo. Il navait même pas protesté quand elle lavait giflé, même pas esquissé un geste. Avait-elle besoin de preuves supplémentaires ? et cette maudite tâche de naissance ? Comment pouvait-il encore prétendre que ce nétait pas lui, dans le lit avec cette grognasse. Non, il ne fallait pas que la rage se lise sur son visage, ce serait lui faire croire quelle est encore marquée par sa forfaiture.
Elle allait lui montrer comment elle avait redressé la tête, comment elle avait su sen remettre et comment elle pouvait filer le parfait amour avec un homme qui, lui, avait su la protéger et la satisfaire. Il nallait pas lemporter au paradis.
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