Confidences 2 - En Terrasse À Paris 1/2
Confidences 2 - En terrasse à Paris
( 12/2012 ) - Misa
1ère partie
Jamais je naurais imaginé faire ça ! Jamais !
Ces choses-là, de tout temps, mont toujours fait froid dans le dos. Pas vraiment le problème de la douleur, enfin un peu, si, mais ce nest pas lessentiel. Cest un problème de symbole, ce que ça implique.
Et pourtant pas un instant je nai pensé à dire non. Je crois que je suis restée muette très longtemps.
Ce qui me traversait lesprit ? Rien ! Je crois que je ne pensais à rien.
Surprise ? Sans doute, je ne sais plus, vraiment
par la proposition ? peut-être
mais surtout parce que dans linstant, javais labsolue certitude que jallais dire oui. Cétait une évidence.
Le même que moi
de lautre côté
symétrique
là
tu veux ?
Et jai dit oui.
Peur ? Vous plaisantez ! Jétais terrorisée !
Par la boutique, dabord, qui ma paru minable, si loin de ce que javais imaginé. Par le type, ensuite, un grand bonhomme barbu et bedonnant. Cétait sombre, encombré.
Et puis je lai suivi vers le fond dans un couloir, comme une automate.
Par la pièce dans laquelle je suis entrée ensuite. Celle-là ressemblait tout-à-fait à ce que javais imaginé, des murs blancs, quelques photos, un lieu froid, et ça, cétait terrifiant !
Par le barbu quand il est revenu : bonnet vert sur la tête, masque sur le visage, une grande chasuble par-dessus ses vêtements, un plateau dans les mains.
Jai vu les instruments sur le plateau, jai préféré détourner les yeux.
Eh
cest peut-être pas une bonne idée
Si, je veux le faire. Elsa
je veux le faire. Tu seras là, dis ?
Oh
bien sûr, Carole, bien sûr ! Viens
viens-là
Cétait un vendredi de juillet, le premier des vacances scolaires.
Jai enlevé ma jupe et mes chaussures, ma petite culotte, et je me suis installée sur le lit couvert du même papier vert que la chasuble du bonhomme qui nous avait rejointes.
Je métais attendue à des étriers, comme chez mon gynéco, mais cétait un simple lit, très haut et large.
Le coton avec lequel il ma désinfectée était froid. Je nen suis pas sûre, moi je crois aussi que cétait un produit pour atténuer la douleur, endormir un peu la zone, sinon ça aurait été plus douloureux. Je me sentais moins gênée que je navais imaginé de lêtre, allongée nue et les jambes ouvertes devant un inconnu qui ouvrait mon sexe à deux doigts et me frottait les lèvres dune lingette. Elsa se penchait sur moi, sourire un peu tremblant et les yeux bien rouges ; elle membrassait sur le front.
Cest elle qui mavait rasée la veille, assise au fond de la baignoire et moi assise sur le rebord, dabord au ciseau, puis avec un rasoir, avec des lingettes de cire froide à la fin.
Elsa aussi avait baissé son string puis relevé sa jupe :
exactement à la même hauteur, mais de lautre côté.
Daccord.
Il la regardait debout à côté du lit, me regardait ensuite.
Vous vous ressemblez, des sexes jumeaux !
Il a marqué lemplacement avec une sorte de crayon feutre, pinçait ma lèvre en létirant entre ses doigts ; il a fermé une pince qui écrasait ma chair, la rouverte et déplacée, refermée, très fort, je me souviens de la douleur, comme une morsure
il lavait vraiment serrée très fort
cétait froid, je tremblais un peu.
Prête ?
La douleur, violente, en deux temps, puis plus rien, et ensuite une impression de brûlure où laiguille traversait ma lèvre
La douleur encore, plus longue, létirement
les baisers dElsa
Je navais pas crié. Jétais fière de moi parce que je navais pas crié.
Jai à mi-hauteur de ma grande lèvre droite un anneau de métal de deux millimètres de fil, douze millimètres de diamètre fermé dune bille qui pèse sur mon sexe et bat contre lui quand je marche en tenant la main dElsa, qui porte à mi-hauteur de sa grande lèvre gauche
On sest rencontrées un vendredi, début juin, à la terrasse dun café
jy repense aujourdhui à cause dune femme assise à une table proche de la mienne, ce nest pas un hasard si sa jupe remonte, si elle croise et décroise ses jambes
Elsa
Elsa aussi
il faisait beau, je métais installée dans un coin de la terrasse, je mettais à jour un dossier sur mon micro
Jobservais le manège des deux jeunes gens depuis quelques minutes en levant de temps en temps les yeux de mon ordinateur.
Ils avaient déjà changé deux fois de table quand je me suis aperçue que ce nétait pas moi qui les intéressait mais la jeune femme assise à la table à côté de la mienne.
Contrairement à tous les autres clients du café, assis soit face à la circulation sur le boulevard et au ballet des piétons sur le trottoir comme moi, soit de trois quart et face au soleil comme la jeune femme quils couvaient de leurs yeux, eux tournaient le dos au soleil, et à lensemble de la terrasse pour faire face à la jeune femme.
Elle ne levait les yeux du paquet de copies posées sur la table devant elle quelle raturait de rouge que pour boire une gorgée de son jus de fruit. Curieuse en raison de lintérêt évident des deux garçons, hypocritement cachée derrière la main où jappuyais mon front, jai moi aussi observé ma voisine en plein travail de correction.
Javais bien sûr remarqué quelle était jolie lorsquelle sétait installée et mavait souri en me demandant si elle pouvait prendre le fauteuil tourné vers ma table. Pendant quelle y posait sa sacoche de cuir brun, je navais pu résister à regarder ses jambes fines haut découvertes sous sa robe de lin noir boutonnée sur toute la hauteur et le bracelet serpent sur son bras.
A chaque fois quelle semblait réfléchir en fronçant le nez, elle levait le crayon et lagitait entre deux doigts, elle peignait des doigts de sa main gauche ses cheveux épais derrière son oreille, comme un tic de réflexion, découvrant un brillant piqué dans le lobe de loreille et deux petits anneaux plus haut sur le pourtour de loreille.
Je me suis remise au travail sur les tableaux que jétais en train de corriger et je ne faisais plus attention aux deux jeunes gens jusquau moment ou distraite par le passage dun voiture de police toute sirène hurlante jai de nouveau levé les yeux et vu lun des garçons qui avait reculé sa chaise et se tenait penché en avant, les yeux baissés sur son téléphone portable quil tenait sous la table entre ses jambes. Intriguée, parce quil tenait son appareil dans une position inconfortable pour lui, jai regardé plus attentivement ce quil faisait, et en voyant les rapides coups dil quil levait vers ma voisine avant de baisser à nouveau les yeux jai deviné quil était en train de photographier ou filmer ce quil voyait sous la table.
Je nai pu mempêcher de rire en portant la main à ma bouche, tout en ressentant une pointe de colère, par solidarité pour celle qui ne se rendait compte de rien. Elle venait de croiser les jambes en se décalant légèrement et le garçon sest redressé, sest penché vers son ami en lui tendant son portable.
Aucun doute ! A leurs échanges à voix basse et à la mine du second qui regardait lécran du téléphone, il regardait à lévidence les photos prises, et ce quil voyait lui plaisait beaucoup.
Jhésitais à les interpeler ou à prévenir ma voisine de leur conduite quand elle sest levée, et sest approchée de ma table :
Excusez-moi, ça ne vous dérange pas de jeter un il sur mes affaires quelques minutes ?
Moi non, je vous en prie !
En son absence, les deux jeunes gens ont perdu une part de leur discrétion. Ils se passaient le téléphone lun à lautre et riaient beaucoup. Je me demandais comment alerter discrètement ma voisine lorsque jai sursauté en sentant une main se poser sur mon épaule :
Je suis de retour, merci
Elle sest penchée en sappuyant plus fort sur mon épaule ; elle regardait lécran de mon portable :
Je crois que je vais investir dans une machine comme ça, moi aussi, ça me simplifierait la vie
Sa main a glissé de mon épaule à mon bras comme une caresse quand elle est retournée vers sa table.
Je men voulais de navoir rien dit des deux jeunes gens, dont lun reprenait position comme avant quelle ne parte.
Assise du bout des fesses au bord de sa chaise, et un bouton défait au bas de sa robe, ma voisine avait replié une jambe sous sa chaise et lautre, dressée sur la pointe du pied sagitait dun mouvement nerveux quand elle a repris ses corrections. Je ne pouvais deviner précisément ce que seraient les images volées, mais je devinais quelles seraient très indiscrètes.
Je ne savais pas quoi faire. Quelle que soit la réserve que jy mettrais, lui conseiller de mieux se tenir nétait pas une très bonne idée et ne pourrait que la mettre dans lembarras. Attirer, mais comment, lattention des deux jeunes aurait certainement le même effet.
En riant de moi-même à lavance, jai décidé de me ridiculiser une nouvelle fois, tout en me préparant à une fuite honteuse. Jai rangé toutes mes affaires, et je me suis levée, me préparant à partir. Déjà rougissante de léclat de rire que je récolterais peut-être, ou dune répartie cinglante, au pire dun cou dil glacé, je me suis arrêtée devant la table de ma voisine, minterposant entre les jeunes-gens et elle :
Excusez-moi à mon tour
je
Je peux vous parler ?
Oui, bien sûr ! attendez !
Déjà elle libérait le fauteuil à côté delle de son sac et le repoussait vers moi :
Asseyez-vous !
Je nai jamais été très douée pour ça
La prévenir ? oui, bien sûr ! mais comment lui dire aussi que je la trouvais jolie sans passer pour une idiote ? Mais jen avais pris mon parti en me décidant à lui parler, certaine dêtre éconduite, et je lui dirais en partant ce quétait le jeu des deux garçons en face delle
éconduite et ridicule, mais sympa !
Elle avait posé son crayon, fait un tas de ses copies et les avait repoussées. Elle me souriait, les sourcils levés dinterrogation :
Vous me sauvez dun travail ennuyeux !
Elle appelait le serveur du bras, commandait un nouveau jus de fruit :
Je peux vous offrir quelque chose ?
Euh
non, merci.
Mais si, vous allez devoir mexpliquer tous les avantages de votre ordinateur, moi je ny connais rien. Si vous avez un peu de temps, jai plein de questions ! Mais vous vouliez quelque chose
Eh bien
je vous regardais depuis un moment et
Moi aussi, vous savez !
Pardon ?
Moi aussi je vous regardais ! Quest-ce que vous aviez lair sérieuse ! Et puis jaime bien vos lunettes de vue ! Votre petit pull, aussi, jaime beaucoup !
Ah ! Sans lunettes je ne vois pas ce que jécris.
Je nen ai pas besoin, mais je devrais en porter aussi, mes élèves me prendraient plus au sérieux !
Ce nest pas le cas ?
Pas tous les jours ! Donc vous me regardiez
Oui
Elle riait plus quelle ne souriait. Elle avait avancé la main pour rouler entre ses doigts la maille de mon pull sur mon bras, retiré la main encore, comme plus tôt, avec une caresse sur mon bras, ses yeux comme interrogateurs ou je me faisais des idées ? Je prends trop souvent mes désirs pour des réalités, et ça me joue des tours. Je ne savais plus trop quoi lui dire.
Elle avait remonté ses lunettes de soleil dans ses cheveux, et me regardait dans les yeux. Le serveur ma donné le temps de retrouver le fil de ce que je pensais lui dire en sapprochant de la table avec nos consommations, mais elle ma devancée une nouvelle fois :
Je crois que les deux jeunes derrière vous sont en train de vous maudire !
Ah
je voulais vous le dire !
Je men doutais, jai vu que vous les surveilliez, vous aviez lair sévère et
vous rougissiez très bien.
Elle sest penchée sur la table en posant sa main sur la mienne, minvitant à mapprocher pour parler plus bas :
Je crois quils auront un bon souvenir
Elle riait. Et moi javais bien du mal à détourner le regard de son décolleté :
Un souvenir ?
Mmm mmm ! Cest deux que vous vouliez me parler ?
Non
oui !
Tiens, ils sen vont ! Alors ? un peu oui, et un peu non
Toujours penchée, la tête appuyée sur une main , le coude planté sur la table, elle pianotait de lindex sur ma main en me regardant :
Cest rien, vous savez !
Je crois quils prenaient des photos avec leur téléphone.
Elle riait franchement cette fois :
Je sais. Et ils auront de belles photos. Je leur ai un peu facilité la tâche ! Vous rougissez encore ! Jaime bien ces joues rouges ! Vous savez, je men étais aperçue avant daller aux toilettes, après
cétait autant pour vous que pour eux. Je mimaginais que vous alliez intervenir, dune manière ou dune autre, tel le chevalier défendant sa belle ! Oh ! Vous rougissez encore !
Elle sest redressée, a abandonné ma main. Jétais déconcertée quelle ait joué avec ces garçons, troublée quelle ait continué ce jeu en toute connaissance de cause, et pour me faire réagir ? moi ? Elle jouait avec moi ! tel un chevalier pour sa belle ! Je nai rien dun chevalier, mais cest vrai quelle est belle !
Cest ce que vous avez fait, non ?
Un peu
Vous avez lair gênée
Je ne me voyais pas en chevalier
mais, le rôle de belle vous va très bien
Elle a avancé à nouveau la main vers la mienne, jouant du bout de lindex sur mes doigts. Elle avait les sourcils levés pour une question muette et jai pris sa main sur la table, pour une brève pression. Ce sourire quelle a eu ! Elle na rien dit cette fois, mais je sentais mes joues me brûler, et mon cur battait à une vitesse folle.
A son invite, javais déplacé mon fauteuil à côté du sien et sorti lordinateur de mon sac. Je savais son bras dans mon dos sur le dossier de mon fauteuil, je sentais le frôlement de sa robe contre mon bras quand elle se penchait pour voir lécran, son genou contre ma cuisse. Je me perdais en explications inutiles, elle posait des questions sans attendre de réponses, pour que le temps passe, pour être proches lune de lautre, pour un contact furtif, ce jeu lent de la découverte où les gestes sont mesurés, attendus, où le moindre contact devient un frisson, où les soupirs contenus disent tout de lattente indécise.
Il a fallu partir et quitter cette terrasse.
Les yeux qui se croisent et se baissent, se détournent. La question est là, lourde, retenue, différée : « et maintenant ? ».
On attendait que le feu interrompe le flux des voitures. Elle a pris ma main pour traverser, et jai croisé mes doigts aux siens, souri de la pression fugitive de ses doigts.
Sur le trottoir den face, jai resserré mes doigts pour garder sa main dans la mienne. On descendait le boulevard St Michel, sans savoir si cétait son chemin ou le mien, simplement pour marcher et ne pas poser la question de laprès.
On échangeait quelques commentaires sans importance sur une paire de chaussures ou une robe, sur un livre, et nos regards se croisaient dans les vitrines.
Arrivées sur les quais, elle a lâché ma main et sest placée face à moi.
Je crois quon savait toutes les deux que cest elle qui choisirait de la suite :
Je temmène avec moi, tu me suis ?
Javais la gorge nouée, je nai rien dit, juste acquiescé de la tête et je lai retenue du bras comme elle allait se retourner et je lai embrassée sur la joue. Je vous ai déjà dit quelle a un sourire magnifique ? qui étire ses lèvres et soulève ses joues, qui plisse ses yeux dun noir profond ? elle mordait son sourire en posant une main sur ma joue.
Jai abandonné mon sac dans lentrée et à son exemple je me suis déchaussée. Elle préparait un thé, rangeait un blouson, remettait en place les coussins du canapé et ramassais un magazine ouvert sur la petite table de verre. Le soir tombait. Le soleil venait de disparaître derrière limmeuble den face où quelques lumières apparaissaient aux fenêtres. Accoudée au balcon, jécoutais le bruit de ses pas amortis par le plancher de bois, ses allées et venues dans lappartement, le bruit dune porte de placard, dun tiroir fermé, son métallique contre la faïence, le ronronnement dun micro-ondes. Javais écarté le rideau de la porte fenêtre quelle avait ouverte en arrivant pour aller sur la terrasse où trois pots de géraniums rouges étaient suspendus au balcon de fer doublé de canisses. La terre dans les pots était sèche et je suis allée chercher larrosoir posé près du vitrage opaque isolant le balcon de lappartement voisin. En passant devant la seconde porte-fenêtre, je lai vue tirer les draps du lit pour les remettre en ordre, sarrêter devant le miroir de larmoire pour discipliner ses cheveux à deux mains plongées dans ses boucles brunes, lisser sa robe sur ses hanches, puis sadresser une grimace en serrant les poings avant de quitter la chambre en courant en réponse à la sonnerie du four. Avoir surpris ces petits gestes ma fait sourire : elle nétait pas aussi calme et sûre delle quelle le montrait.
Larrosoir était à demi-plein, et jai arrosé les géraniums. Jai entendu son rire dans mon dos en sentant leau qui coulait de sous les pots venir éclabousser mes pieds.
Cest à cause de ça que je les ai pas arrosés en partant, à chaque fois cest pareil ! viens !
Je vais salir ton plancher.
Bon, attends ici !
Elle est revenue en riant avec une serviette de toilette :
Donne un pied !
Je me tenais dun bras sur son épaule, de lautre contre le mur pendant quelle soutenait mon mollet dune main, essuyait mon pied de lautre. Elle avait un grand sourire amusé en se redressant avant de messuyer lautre pied. Je nai rien fait pour empêcher ma jupe de découvrir mes jambes.
Elle sest relevée en se tenant dune main sur ma hanche, mon bras sur son épaule
nous étions si proches
le premier baiser, dun effleurement des lèvres, son souffle chaud, ses yeux clos, sa main sur ma hanche et lair frais du soir de juin. Pourquoi est-ce si difficile ? Pourquoi autant de détours ? Trois si longues heures pour ce baiser. Une éternité. Trois heures que je voudrais revivre et faire durer. Cest trop long et trop court.
Sentir la peau se piquer dun regard, mes seins se tendre et se crisper dun doigt qui effleure ma main, mon ventre durcir du bras dans mon dos à rêver quil se ferme sur ma taille, des heures à essayer de surprendre un éclair dans ses yeux, un signe, un encouragement que moi je nose pas montrer, à détourner les yeux dun décolleté, à sentir dun regard la douceur de la peau, les yeux fermés sur mon rire aux toilettes en trouvant mon sexe imprégné de désir.
Cest elle qui a donné tous les signes, elle qui ma entraînée ici. Quaurais-je fait, moi ?
Cest moi qui suis allée vers elle et qui lai embrassé à larrêt de bus, moi qui ai goûté ses lèvres sur la terrasse. Quaurait-elle fait, elle ?
Et cest elle qui ferme les yeux. Cest sa main qui tremble et se ferme en poing sur mon pull à la caresse de mes lèvres, quand je voudrais sa main sous mon pull, sa main sur ma peau. Cest si bon dattendre, encore un peu de cette attente et des frissons, des soupirs de désir, de mon ventre qui sinonde pour elle.
Je sais son désir à son souffle. Je sais. Je voudrais tout de suite et je veux attendre.
Je voudrais le plaisir et je veux lavant, tous ces instants davant où lattente donne envie de crier.
Il faudrait revivre ces heures, en faire mille variations.
Et puis il y a lurgence du moment, le désir trop fort, qui accélère tout.
Mon front contre son front et nos ventres collés, la finesse de sa taille, son dos tendu et creusé, larrondi de ses hanches, ses mains qui brûlent à mes joues et ses cuisses dures quand nos bouches se trouvent et quelle se dresse sur la pointe des pieds en saccrochant à mon dos à déchirer mon pull comme je veux quelle griffe ma peau.
Je veux sa peau, moi ! Pourquoi cette robe qui mempêche ? Elle, a trouvé un chemin, soulevé le pull, et caresse, légère sur le sillon profond de mon dos où je veux quelle griffe, où jaime sa douceur. Je veux sa peau, elle sait, elle sécarte bouche collée à la mienne, et nerveuse, brusque, tire mon bras entre nous et déboutonne avec moi sa robe que je repousse pour fermer un bras puis lautre autour delle, trouve lhumidité dimpatience de son dos, les os saillants de ses épaules sous la bretelle du soutien gorge. Elle mord ma lèvre et gémit, se dresse encore contre moi suspendue à mon cou en écho à ma main sur ses reins que je fais légère en passant, vite, timide, au creux juste au milieu, naissance du sillon de ses fesses, revient sur la hanche, où je cherche, étonnée ? non, je savais, je savais depuis la terrasse du café, je cherche en sachant que je ne vais rien trouver, descendant de la hanche à la cuisse sur la peau lisse et chaude :
je savais
cet après-midi je savais
Elle rit contre mes lèvres.
Tu las enlevée pour eux ?
Jen avais peut-être pas
Je lai vue dans ton sac, quand tu rangeais tes copies, en partant du café
Cétait pas pour eux
un prétexte
pour moi
pour toi
Pour moi ?
Tu me regardais souvent
tu rougissais, tavais lair en colère
et tu hésitais, je voyais tout ça
Pourquoi tu dis que cétait pour moi ?
Avant
avant les garçons, tu regardais mes jambes et tu rougissais en détournant la tête
et tes seins pontaient sous ton pull
Cest pas vrai !
Si !
je savais
mais je savais pas comment te dire que je te trouvais belle
je voulais que toi tu fasses quelque chose
En allumant les garçons ?
Mais tu bougeais pas
jai fait plus
je tai montré la première
en revenant des toilettes
Tas enlevé ta culotte ! jy crois pas !
Tu fais jamais ?
Non !
Ça a marché ! Tes venue me protéger !
Si jétais pas venue ?
je sais pas
tes venue
mais tes timide, tosais rien dire
Non
Toi, elle est blanche avec des fleurs bleues
je lai vue en essuyant tes pieds !
Voyeuse !
Vous seriez étonnés si je vous disais quon na pas bu le thé quelle avait préparé ?
En sécartant de moi, elle a resserré sur elle la robe quelle mavait aidé à déboutonner en jetant un il vers les fenêtres de lautre côté de la rue. Elle avait déjà refermé deux boutons en entrant dans le salon dont jécartais le rideau pour elle, a pris ma main au passage pour mentraîner à sa suite. Elle sest arrêtée entre la table ronde où attendait deux mugs fumants et le canapé ; elle hésitait, pas moi. Déjà la douceur de sa peau manquait à ma main. Dune main dans le dos je lai poussée vers le coin du canapé où souvrait une porte, celle de sa chambre où je lavais surprise à sadresser une grimace dans le miroir dune armoire. Jai vu un sourire fugitif faire trembler ses lèvres ; sa main serrait la mienne plus fort en franchissant la porte pour ne sarrêter quau pied du lit où elle sest retournée.
Ce moment
celui où jallais découvrir une autre que moi, où jallais me donner, jen avais souvent rêvé, si souvent, tellement plus souvent que ça ne mest arrivé réellement.
Javais imaginé
de notre premier baiser sur la terrasse au moment où elle sest redressée en écartant le drap qui nous protégeait de la fraîcheur de la nuit qui entrait par la porte fenêtre, échappant à mes bras pour allumer la lampe de chevet, javais perdu la notion du temps.
Une heure ? deux heures ? plus ? peu importe, je nai gardé quun souvenir diffus, démotions, de chaleur, quelques images floues, isolées
je revois ses yeux noirs écarquillés et le pli à son front quand jai ouvert sa robe et dégrafé son soutien-gorge, le très bref étirement de ses lèvres et ses yeux qui se fermaient, tête rejetée en arrière quand jai pris ses seins dans mes mains. Je me souviens de la fièvre, la mienne et la sienne, du soupir dune respiration longtemps retenue quand nous avons basculé sur le lit, mais je ne sais plus si cest elle qui ma déshabillée, ou si cest moi. Je sais que très longtemps nos mains sont restées timides, que nos corps sapprenaient lentement pendant nos baisers, de sa cuisse entre mes jambes pour la première caresse, de la douceur de ses seins sur mes seins. Qui delle ou moi, la première
peu importe
Le chaud de son sexe, la douceur onctueuse, la perle de transpiration sur sa tempe et les soubresauts de son ventre qui montait vers ma main, qui effleurait à peine, et déjà son plaisir. Le mien ? oui, bien sûr, mais je ne me souviens pas, ni quand ni comment, après elle, ça je sais, jétais trop occupée delle pour me souvenir.
Plusieurs fois je sentais sous mes doigts lanneau froid qui perçait sa lèvre, jy revenais souvent, intriguée et curieuse au début, et le ventre crispé, ça je me souviens, dune brusque excitation à découvrir ce métal froid qui martyrisait sa lèvre épaisse et lisse, du frisson aussi au contact de ma cuisse à son ventre, à la deviner si nue où moi je me gardais naturelle.
Je me souviens aussi quau début jai eu un instant dinquiétude à essayer de retrouver la dernière image de moi nue, dans ma salle de bains, la première image quelle aurait de moi, de mon corps, flash dinquiétude, aussi, que lexubérance de ma toison ne lui déplaise quand elle se préférait lisse.
Elle sest levée pour fermer la porte fenêtre et dans la petite lumière de la lampe de chevet, je lai vue nue loin de moi pour la première fois. Elle sest figée sous mon regard, et avec un petit rire sest cachée des ses deux mains. Je me suis assise au bord du lit pour prendre ses mains dans les miennes, et découvrir de mes yeux cet anneau que mes doigts avaient découvert. Sa peau mate, ses petits seins, larrondi de ses hanches, le bombé du ventre et le large triangle de son sexe au mont de Vénus saillant, les lèvres charnues, la petite dentelle plus sombre des petites lèvres où ses cuisses se serraient, à peine entrevues, et lanneau, piqué à mi-hauteur de la fente des lèvres, les maintenant entrouvertes et laissant apparent le petit bourrelet de chair rose à leur naissance
mes yeux ne pouvaient se détacher de cet anneau et mon ventre se crispait à sa vue. Javais déjà vu des images, qui mavaient déplu, et sur elle, cet anneau me procurait de longs frissons dexcitation.
Je lai attirée vers moi, jai embrassé son ventre, embrassé sa lèvre percée et lanneau. Je lai attirée sur ma bouche en mallongeant sur le lit et jai goûté son sexe, bu sa liqueur blanchâtre, épaisse qui venait à mes lèvres par lentes coulées. Elle a joui sur ma bouche en tremblant de ses cuisses et de son ventre, et souvent, abandonnant son bouton et le repli qui le cachait ma langue revenait sur lanneau qui perçait sa lèvre.
Sans doute à cause de cet anneau, les caresses que je voulais, que jai demandées de pression de ma main sur ses doigts, réclamées de murmures à son oreille quand le plaisir montait, étaient plus dures, plus profondes, plus intimes aussi dès cette première nuit damour. Je voulais ses doigts en moi, dans mon ventre et entre mes reins, je voulais être e, malmenée.
Jamais à aucune avant elle, par pudeur, par honte aussi, je navais osé demander cela, et je ne connaissais de ces plaisirs cachés, que ceux que je me donnais en solitaire.
Cest le lendemain de notre rencontre quelle ma dit :
Le même que moi
de lautre côté
symétrique
là
tu veux ?
On ne se connaissait que de la fièvre de notre première nuit, et elle ne pouvait pas savoir que ce que je lui avais montré de moi dépassait de loin ma réserve habituelle.
Notre première nuit
je crois que cette nuit-là, jai reçu delle et je lui ai donné plus que je navais osé limaginer pour une vie.
(une suite ? oui bientôt la 2ème partie!)
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