Confidences 2 - En Terrasse À Paris 2/2
Confidences 2 - En terrasse à Paris
( 12/2012 ) - Misa
2ème partie
« « Cest le lendemain de notre rencontre quelle ma dit :
Le même que moi
de lautre côté
symétrique
là
tu veux ?
On ne se connaissait que de la fièvre de notre première nuit, et elle ne pouvait pas savoir que ce que je lui avais montré de moi dépassait de loin ma réserve habituelle.
Notre première nuit
je crois que cette nuit-là, jai reçu delle et je lui ai donné plus que je navais osé limaginer pour une vie. » »
Vous navez pas de rêves de fantasmes ? Ces choses de nous quon ne montre pas, par honte, par pudeur, parce que le jugement que lon porte sur nous-mêmes nous en empêche ?
La censure vient de nous-mêmes avant de venir des autres.
Moi, des fantasmes, des envies, des désirs, jen avais beaucoup. Cachés. Tus. Enfouis sous un fatras de pudeur et de honte.
Je suis libérée de ces réserves ? Plus libérée, beaucoup plus, cest évident. Ne serait-ce que parce que je vous en parle ! Est-ce que je vous dis tout ? Honnêtement
non.
Et que cette histoire soit lue par des inconnus ne me gêne pas du tout ; ça reste anonyme, nest-ce pas ? Je ne sais pas qui lira, cest finalement assez facile.
Le plus difficile est dassumer face à lautre, de vivre, de faire, dattendre et demander, doffrir et de soffrir. Je suis la seule ? Je ne pense pas. Allez, il y a très certainement beaucoup de choses que vous aimeriez, pour voir, pour essayer, pour aller au bout dun désir. Et là, je vous parle de sexe. Je vous parle de ce dont on ne parle pas autour de la table le dimanche, quon garde pour soi devant une copine. Parce que ça ne se fait pas, quon la connaît trop bien ou pas assez. Parce quon est toutes soucieuses de limage quon veut projeter. Trop ? Ptêt oui, ptêt non
Il y a tant de choses quon ne dit pas.
Depuis le début, je dis « elle », « copine », bon, parce que je le vis comme ça ! Mais cest pareil avec « il » et « copain », avec amant, maîtresse, mari, épouse
Ceci dit, hommes et femmes en parlent différemment
je crois sincèrement quon est plus libres que les mecs sur ces sujets-là
Tiens ! Juste un truc ! Vous avez déjà entendu un gars dire quil narrivait pas toujours à bander ? Ou quil partait trop vite ? Moi jamais ! Et au contraire, une nana qui lubrifie pas, qui a du mal à jouir, elle en parle ! Le pire, cest que ça choque personne, tout le monde trouve ça naturel ! Ne pas prendre son pied, pour une fille, cest normal, tout le monde sen fout ! Comme si la jouissance des femmes était juste un cadeau à distribuer avec mesure et parcimonie ! Pas nécessaire ! Voire même un péché ! Les mentalités changent ? Un peu, cest vrai, mais pas partout, pas pour toutes ! Excision, infibulation, des horreurs quotidiennes qui existent encore, parce que le plaisir des femmes fait peur aux hommes
Une fois, avec un gars, on se caressait.
Quoi ? ça vous surprend ? Cest pas parce que jai commencé à vous raconter ma rencontre avec Elsa que je connais rien aux hommes et que je sais pas comment cest fait ! Jai eu des petits copains
même si déjà, ado, les seins de mes copines mintéressaient plus que ce que les garçons avaient dans leur pantalon.
Jai toujours su que je préférais les femmes, enfin, plus ou moins, mais il ne se passait rien. Pour faire comme mes copines, je sortais avec des garçons. Jamais bien longtemps.
La toute première femme, cétait une amie de ma mère, en vacances. Elles étaient divorcées toutes les deux, et amies, juste amies ; on était parties toutes les trois en camping aux Sables dOlonne, elle sappelait Maryse. Ma mère na jamais su, pour nous deux.
On sest vues pendant plus dun an, moi jétais amoureuse, pas elle. Pour elle cétait comme un jeu, je crois, un jeu dinitiation. Je men rendais compte.
Avant elle, javais déjà fait lamour avec deux ou trois garçons. Ça ne sétait pas très bien passé la première fois, parce quil était timide et moi aussi, que javais peur et je me souviens, pas très envie. Mais il fallait le faire. Faire partie du club. Etre comme mes copines.
Vous avez jamais fait de conneries, vous, juste pour être comme tout le monde ?
Et puis jai voulu savoir si ce serait mieux avec un autre, et les garçons savaient, ces choses-là se savent, que javais déjà couché, alors je faisais partie de celles dont ils recherchaient la compagnie, en fin de soirée. Moi je savais ce que je pouvais en attendre : je connaissais le plaisir du sexe, de mes caresses sous les draps dans le noir de ma chambre. Sauf que les images qui accompagnaient mes plaisirs solitaires, cétait plus souvent à lépoque les seins de ma cousine qui venait passer chez nous quelques week-end et que je croisais dans la salle de bains : je me débrouillais pour ly rejoindre en faisant semblant de ne pas avoir fait exprès, ou je ly attendais pour être « surprise » à ma toilette en espérant son regard sur moi.
Les deux garçons suivants ne mont pas donné ce que jattendais.
Nimaginez pas que ces expériences peu réussies soient la cause de mon homosexualité ! Je vous lai dit, je ne rêvais déjà pas de garçons. Alors ces échecs venaient de moi, pas deux. Et je sais ça depuis, les ados ne sont certainement pas les meilleurs amants !
Vous savez, les hommes, au moins certains, ne me rebutent pas ! Mais cest une autre histoire
plus tard !
Quand je suis entrée à la fac, javais connu trois garçons, jétais tombée amoureuse de Maryse, qui elle, mavait donné plus de plaisir que je ne men procurais seule, avant de mabandonner après un an de rencontres furtives.
Et puis des petites choses ensuite, à la fac, des « one date », pas si souvent, des galères aussi. Plusieurs fois jai cru à lintérêt de filles, et jai pris de sacrées claques !
Je me suis rendue ridicule plus dune fois ! Après, fallait presque quune fille me mette la main dans la culotte pour que jy crois ! Bon, jexagère
Et je restais timide. Cétait sans doute de ma faute si ça ne durait jamais.
Il y a eu un garçon aussi, une fois, il ma raccompagnée après une soirée bien arrosée, et je crois que javais juste assez bu pour lui céder. Cétait plutôt bien, dailleurs !
Elsa, cétait tout de suite différent. Vous croyez au coup de foudre ? ça fait bête, hein ? Et pourtant
Jétais seule depuis longtemps, ça compte aussi, sûrement, mais cétait différent. Et elle était différente des filles que javais connues avant.
Cétait pas réfléchi.
Cétait il y a trois ans, je me souviens parfaitement de certains moments, et plus très bien dautres. Mais dès le premier soir, je savais que je pouvais être moi, en entier, sans la peur, sans les masques, toute nue, quoi ! Cétait
naturel. Je ne sais pas mieux vous le dire.
Tard le soir, le premier jour, on avait faim toutes les deux. Elle a fait des croque-monsieur. A un moment, elle a posé son croque-monsieur dans lassiette, elle me regardait ; elle disait rien ; elle a fait le tour de la table et elle sest assise à cheval sur mes genoux. Elle ma dit quelle maimait avec une grosse larme qui coulait sur sa joue.
On se connaissait depuis quelques heures à peine. Elle était tellement sérieuse ! les yeux inquiets
et puis on sest mises à pleurer toutes les deux.
Vous pouvez rire, allez-y
on a ri aussi
Moi, je nosais pas voir plus loin que le week-end, ou plutôt, je nosais pas imaginer la suite, mais Elsa, elle, avait déjà vu laprès. On est allées chez moi le samedi après-midi parce que javais besoin de me changer, elle ma aidée à préparer mes affaires. Elle vidait mon armoire ! Moi je voulais prendre mon sac de voyage, elle, elle a sorti ma grosse valise en plus ! Et puis elle a vu toutes mes affaires de cours, mes étagères de bouquins
Avant de partir de chez elle, elle mavait montré la petite chambre qui donnait de lautre côté de limmeuble :
Le lit a servi que deux fois depuis que jai emménagé, cétait lappartement de mes parents, en enlevant le lit, on pourrait saménager un bureau, jai toujours eu la flemme
On avait parlé de notre travail, elle était déjà prof à lépoque, moi je préparais encore ma thèse. On avait parlé de nos familles, de nos projets de vacances qui approchaient, pas des lendemains immédiats. Ses projets me faisaient tourner la tête, je me suis laissée porter.
Tas une armoire ? Je peux te faire de la place dans celle de notre chambre, cest loccasion de faire du tri, mais elle est petite !
Moi je riais.
Elle, elle avait déjà décidé pour nous deux.
En me voyant rire et secouer la tête, elle sest laissé tomber sur le lit, les mains croisées entre ses jambes, les yeux baissés :
Je vais trop vite, Carole ? Je veux pas que tu partes
Je me suis agenouillée à ses pieds en serrant ses jambes entre mes bras, la joue sur ses genoux :
Alors garde-moi un peu !
Elle a trouvé un grand carton au fond du placard qui me servait de penderie. Elle était déjà en train de louvrir quand je men suis aperçue : trop tard ! Pas très courageuse, je suis allée me réfugier dans la salle de bains. Jai mis un temps infini à ranger trois pots de crème, un shampoing, un petit rasoir à main et ma brosse à cheveux dans ma trousse de toilettes, le temps que le feu à mes joues disparaisse. Elle ma appelée :
Carole ? Tu viens ? jai besoin de toi !
Elle me tournait le dos, les mains sur les hanches, quand je lai rejointe :
Jai fait le tri ! Dis-moi si tes daccord ! Ces deux-là, pas la peine, jai les mêmes, mais les autres ? On les prend tous ? Celui-là, jai bien une idée pour le remplacer
Elle avait repoussé vers la tête du lit les jupes et les pulls quelle avait sortis de la penderie et elle avait étalé devant elle les objets qui maidaient à meubler ma solitude.
Bon, jai pas honte, je peux vous dire. Elle avait écarté un vibro rose et des boules de geisha
laissé en attente la main doigts tendus, rassurez-vous, pas le grand modèle, et me montrait un double dong et un uf encore emballé avec sa télécommande.
Ça, jai jamais essayé, ça doit être génial, tu me laisseras la télécommande ? Et pour ça
tu me feras confiance ?
Jai pas osé, hier
pas comme tu attendais !
Laisse-la ici
Elle a mis le vibro et les boules de geisha dans un sac en plastique, a ajouté la main, et a remis le tout au fond du placard :
De toute façon, il faudra bien tout déménager ! Je demanderai à une amie si elle peut venir avec sa voiture, elle a un break. Cest tout à toi, ou cest un meublé ?
On est revenues le lendemain pour prendre une partie de mes bouquins et mes cours.
On a rangé une partie de mes affaires en rentrant, on sest fait livrer des pizzas, et on a pris un bain ensemble. Elle avait mis des sels moussants, quelques bougies posées par terre et sur le lavabo. Elle riait. Elle voulait faire « comme au cinéma ». Après le bain, elle a sorti une boîte à chapeau de sous son lit :
Ouvre
tétais pas à laise, chez toi
je te demande pardon, jaurais pas dû fouiller dans tes cartons
moi aussi jai des choses qui traînent et que je montre pas
ouvre-le ! On a dû avoir les mêmes solitudes
ouvre !
Elle sest agenouillée sur le lit dans mon dos en reposant son menton sur mon épaule, ses deux bras passés autour de ma taille, une main glissée à lintérieur du peignoir en éponge quelle mavait prêté après notre bain.
Dans son carton, il y avait des boules de geisha et un gode rigide doré qui ressemblaient à ce quelle avait remis dans le carton chez moi. Jen ai aussi sorti un cône vibrant, puis un plug en silicone avec une poire de gonflage :
celui-là, je men suis presque pas servi
il est un peu
trop gros !
Et ça ? cest quoi ?
Ouvre
Cétait une trousse noire fermée par une fermeture éclair. A lintérieur, retenues sous des élastiques, il y avait huit tiges de métal brillant longues dune vingtaine de centimètres, légèrement courbées aux extrémités, de diamètres différents :
Cest quoi ?
Cest un garçon qui avait acheté ça. Il les a pas repris quand il est parti. On était allés dans un sex-shop. On avait acheté le cône en même temps, je crois. Les autres, jai acheté sur internet.
Mais ça sert à quoi ?
On lenfile dans la verge.
A lintérieur ?
Mmm
il aimait bien
Ça te sert plus alors !
Ben
cest pareil pour les femmes
dans lurètre.
Oh ? Ça doit faire mal, non ?
Un peu
Ah
et, taime bien ?
Elle ne ma pas répondu, mais son baiser dans mon cou était suffisant.
Ton anneau, cest avec ce garçon ?
Non ! Je suis pas restée longtemps avec lui. Lanneau cétait lan dernier, moi toute seule, un cadeau perso.
Il y avait dautres objets au fond du carton, mais je ne pensais même plus à les regarder. Depuis un moment déjà, javais fermé les yeux. Je guettais le mouvement de sa main qui caressait un sein, descendait sur mon ventre et remontait, je frissonnais de son souffle contre mon oreille et de ses baisers dans mon cou. Jai soulevé la boîte que je tenais entre mes jambes pour la reposer plus loin sur le lit et je me suis appuyée plus fort contre elle en mendiant un baiser pendant quelle dénouait la ceinture de mon peignoir.
Ni elle ni moi navions envie de ces objets. Ils étaient là, nous exposant lune à lautre, un peu de nous, un peu de nos désirs, un peu de notre solitude aussi, mais cest de notre chaleur dont nous avions besoin.
Ces objets, ils nous ont tous servis, ont souvent participé à nos jeux, mais plus tard.
Ce nétait plus le mélange durgence et de timidité, de frénésie et dhésitations de la veille, parce quon savait avoir un lendemain, parce quon pouvait prendre notre temps.
Elle avait ouvert mon peignoir et mavait ouvert les jambes, tirant mes pieds, plantes accolées, vers moi, et me caressais de ses deux mains sur mon ventre, me faisait frissonner de la pointe de ses ongles remontant sur mes cuisses, effleurait ma toison du bout des doigts en riant de me sentir frémir avant de peigner mes poils de ses doigts tendus qui descendaient profonds entre mes cuisses, lissait de ses deux index les petites lèvres libérées par louverture du sexe, les faisait rouler entre ses pouces et ses index, les étiraient pour mouvrir plus grand avec un petit bruit humide. Je sentais contre ma joue sa joue se gonfler et sétirer dun sourire à ce petit bruit humide.
Je savais, moi, depuis quelle mavait prise dans ses bras, avant même quelle nouvre mon peignoir que la liqueur de mon désir venait, et son souffle contre mon oreille, la caresse de ses cheveux dans mon cou, provoquait de petites contractions de mon ventre.
Jai jamais eu de problème de ce côté-là, moi, cest même le contraire ; moi je ne mouille pas, je coule ! cen est parfois gênant ! jai toujours des protège-slip dans mon sac, parce que ça marrive des fois en pleine journée, pour une image qui me trotte dans la tête. Quand je jouais avec mes « copains de plastique », pas besoin de lubrifiant
A me trouver tellement mouillée, Elsa a poussé un gros soupir et ma allongée sur le lit. Agenouillée à côté de moi, elle avait gardé ses deux mains sur moi, me caressait tout doucement. Elle prenait son temps. Cest mon plaisir quelle voulait, pas le sien, pas tout de suite, ne faisait rien pour faciliter le passage de ma main sous son peignoir de soie, se penchait pour embrasser ma bouche et mes seins, balayait mon ventre de ses cheveux.
Il a fallu que je larrête, que je me retourne à plat ventre pour lui échapper.
Trois ans après, je men souviens encore, parce que cétait le début peut-être, une de ces choses dont on se souvient, des images qui reviennent
et puis
ces caresses-là, jadore !
Elle entrait doucement son pouce entre mes lèvres, ses autres doigts caressaient mes fesses, elle encadrait mon clito entre deux doigts de son autre main, toute légère. Depuis la veille, elle savait, parce que je lui avais demandé, de pressions de ma main sur la sienne, de murmures à son oreille, que jaimais les caresses entre mes reins, que mon petit trou entre les fesses lui était accessible et que je lattendais là, que jaimais ses doigts en moi. Elle entrait son pouce, profond, poussait un puis deux, puis plus ? sans doute, mais je ne sais plus, entre mes fesses, frottait ses doigts à son pouce à travers la fine paroi, très lentement de plus en plus loin en moi, et jouait des mes petites lèvres de son autre main, effleurait mon clito, embrassait mon ventre et mes seins
Il a fallu que je larrête quand mon cur affolé nen pouvait plus.
Parce quelle avait vu mes jouets dans le carton laprès-midi, plus tard dans la nuit, avec un regard inquiet, elle avait peur de me faire mal, elle a fait avec sa main ce que parfois je faisais de la main de silicone quon avait laissée chez moi
et cétait tellement meilleur !
Javais un peu honte de moi en me donnant du plaisir seule comme ça, et avec elle que je ne connaissais que depuis la veille, je me suis abandonnée, complètement, sans retenue, sans arrière pensée, sans pudeur.
Ces caresses-là, elle, nen avait pas lhabitude, elle ma retenue quand je lai faite jouir comme elle mavait fait jouir plus tôt, pendant que je tenais entre mes dents sa lèvre percée et que je jouais de ma langue avec son anneau.
Si je vous raconte tout ça, et assez crument, ce nest pas pour vous décrire ce qui se passe dans notre lit (bon, un peu, daccord !), mais surtout parce quil le fallait pour vous faire comprendre à quel degré dintimité et de confiance on en est arrivées en si peu de temps. Je ne sais pas si cest très courant. En deux jours, quelques heures, on sest données totalement lune à lautre, sans masque.
Cest avant de sendormir quelle ma dit :
Le même que moi
de lautre côté
symétrique
là
tu veux ?
Je savais que je le ferai, pour elle, dès quelle la dit. Et moi qui avais toujours eu en horreur ces choses-là, que je considérais comme quasiment des mutilations à peine acceptables pour des tribus de contrées lointaines, incapable de lui répondre, jétais sidérée de me rendre compte que je ne me posais même pas la question de savoir si je voulais ou non. Immédiatement jimaginais mon sexe percé comme létait le sien, jimaginais la douleur, jimaginais limage que me renverrai un miroir.
Je ne vous en ai rien dit jusquà maintenant, mais ce nest pas lidée de la douleur supposée de la mise en place de lanneau qui aurait pu marrêter. Je nai pas peur de la douleur, et il marrive
daimer ça. Oh ! Pas de choses violentes, non, mais tout de même, de « petits » dépassements des choses convenues me plaisent plutôt, de temps en temps.
Je ne me posais pas la question de savoir si nous avions un avenir ensemble, je crois ne mêtre jamais posé cette question. Je ressentais tellement fort que cétait « elle », que je voulais ma vie avec elle, que cette question navait aucun sens. Il y a des gens qui se passent une bague au doigt, moi je porte cette bague sous mes jupes.
Elle a pris pour moi toute la place quelle occupe encore aujourdhui en quelques heures, et je crois quelle vous dirait la même chose pour elle.
On sest trouvées, voilà, grâce à deux jeunes imbéciles qui prenaient des photos de son entrejambe à la terrasse dun café : la vie est bizarre, non ?
Si je vis encore avec elle ? Bien sûr ! pourquoi cette question ? Ah ! Mon gros ventre ! Jen suis à sept mois. Cest moi qui suis tombée en enceinte ; ça aurait pu être elle, ou même les deux en même temps dailleurs ! on y avait pensé, et ça aurait été super ! On lespérait un peu. Mais cest partie remise, elle voudrait un bébé elle aussi.
Comment ? Euh
vous voulez vraiment que je vous explique ? Bon
eh ben, les messieurs ils mettent leur zizi entre les jambes des dames et comme ils sont contents ça fait couler leur zizi et des fois ça fait des bébés
vous saviez vraiment pas ?
Ça vous surprend ? On a pensé à la Belgique, à une insémination, et puis finalement, on a décidé ensemble de sen tenir à la nature. Je sais que dautres couples comme nous préfèrent la première solution, je sais aussi que dautres font comme nous mais refusent den parler, sujet tabou !
Vous savez, depuis trois ans quon est ensemble, ça nous était déjà arrivé de faire lamour avec un garçon ! Faites pas ces yeux-là ! ça vous choque ? Nous, on sen cache pas
et on a perdues des « amies »
elles nous considèrent comme des dépravées parce quon fait lamour avec des garçons de temps en temps. Elles sont finalement plus sectaires que les hétéros ! Et quand on leur dit comment jai fait pour être enceinte
là, cest carrément lhorreur !
La première fois, cétait la première année, je venais de finir ma thèse, on sest offert une semaine en Alsace pendant les vacances de Pâques. Un soir, à la piscine de lhôtel, un homme qui avait déjeuné à une table à côté de nous le midi, on avait échangé quelques mots, nous a rejointes. Cétait évident quil avait envie de draguer, et cétait évident aussi quil ne savait pas trop laquelle choisir. On était discrètes, il pouvait pas savoir quon était ensemble. Ça nous faisait rire. On sest même pas concertées, avec Elsa ! Un clin dil entre nous a suffi et le monsieur a gardé un bon souvenir de nous, jen suis sûre !
Ça nous est arrivé une autre fois aussi, pendant les vacances dété lan dernier. Alors quand on a parlé « bébé » et quon a vu la complication avec linsémination, on na pas hésitées bien longtemps. Le plus dur, cétait de choisir le « donneur » : jaime pas le mot, pas du tout, mais dire « père » nest pas très juste non plus. Il savait, bien sûr, on lui a dit, mais il ne connaît pas le résultat des deux semaines quil a passées avec nous, et je crois bien quil ne saura jamais. Cétait convenu comme ça dès le départ.
Depuis quon vit ensemble, Elsa et moi, on est réglées pareil, un ou deux jours décart maximum, alors comme on a la même période dovulation, il
nous faisait lamour, un soir à moi, le lendemain à Elsa. Ça paraît très con et triste , dit comme ça, non ? 5 jours ! ça ressemble à des devoirs ! Les deux premiers soirs, cétait un peu bizarre, dailleurs on a failli laisser tomber. Et puis, on a fini par trouver le bon ton, la complicité, et lui et nous, et cétait bien, plutôt amusant même, on a oublié le « programme » et ça allait mieux. Et puis on a eu nos règles toutes les deux, alors on a recommencé le mois daprès. Et voilà ! Cétait il y a sept mois !
Je sais que ça va choquer. Tant pis. Et vous savez, on recommencera ! mais cette fois, il ny aura quElsa qui aura droit au sperme du monsieur ! Moi, je me contenterai de jouer avec lui ! Cest fou ce quon peut faire avec les mains ! mais vous savez ça
Et tant pis pour les intégristes !
« « Lhistoire est écrite à la première personne. Désolée si je vous déçois : ce nest pas mon histoire, mais celle de Carole, pas la mienne.
Je connais Carole depuis trois ans. Cest Elsa, son amie, que je connais depuis plus longtemps encore, qui me la présentée ; elles sont « pacsées » depuis deux ans.
Je connaissais la plupart des détails de leur histoire, et quelques-uns sy sont ajoutés quand elle ma raconté sa grossesse « en terrasse à Paris », pas la terrasse où leur histoire a commencé mais une autre, aussi ensoleillée et animée ma-t-elle dit.
Si elle sest décidée à men parler ce jour-là, cest parce quune dame à une table voisine de la nôtre jouait à un petit jeu quaffectionne Elsa (elle y joue encore !).
- Eh, discrètement, retourne-toi et regarde la dame avec la jupe noire
cest un peu comme ça que jai connu Elsa
Carole samusait de voir sa jupe remonter de plus en plus au fur-et-à-mesure quelle croisait et décroisait très souvent ses jambes. Son petit jeu était destiné à un jeune homme qui sabsorbait dans le spectacle qui lui était offert jusquà ce que la demoiselle qui laccompagnait saperçoive du petit manège et quelle ne se fâche !
Elle na pas tout raconté cet après-midi-là, mais comme je les connais bien, jai complété
Misa 12/2012
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