Le Deal 7
Ce "premier jour d'après" est une véritable . Je me suis levé comme d'hab en insultant mon réveil qui m'arrachait à mes songes peuplés d'images ou plus honnêtement de l'image de celle que je n'ai pas besoin de nommer et qui va continuer, je n'en doute pas un instant à occuper l'essentiel de mes pensées du jour. Un café, cette fameuse première cigarette et je m'empresse de vérifier que la technologie a correctement terminé le travail que je lui avais confié. Satisfait que tout se soit passé correctement et me disant que peut-être un petit SMS viendra reconnaître la qualité de ma séance, je me dirige vers ma salle de bain. Je me rendrai compte bien vite que ce petit message, de félicitations, de soutien ou même d'encouragement n'arrivera pas plus aujourd'hui qu'un autre jour. Une bonne douche, rasage sans oublier l'entretien de mon pensionnaire anal auquel je me suis bien habitué et qui me procure une sensation permanente de chaleur dans le bas ventre tout en me rappelant que sa propriétaire qui est en même temps la mienne serait fort courroucée, si je décidais de me séparer de lui ne fut-ce qu'un moment. Puis la même demi-heure de route quotidienne, l'arrivée dans les locaux de ma boîte, un rapide coup d'oeil sur le parc, bonne nouvelle, tous les camions sont sur la route, donc pas de maladies diverses du lundi matin, pas non plus de pannes d'oreiller de batterie ou que sais-je encore à gérer dans l'urgence en expliquant avec tact et diplomatie aux clients qu'ils auraient du mal à recevoir leur fret en temps et en heure. Je m'ennuie déjà et mon portable ne sonne pas. Juillet et août, pour le type de transport dont je m'occupe sont les deux mois les plus calmes de l'année. J'aimerais à cet instant qu'il en soit autrement pour m'obliger à être concentré sur ce que je fait... Jongler avec les lots, les itinéraires, les impératifs de livraison, les encombrements, les poids. J'adore mon boulot, d'ailleurs je maîtrise, mon boss est content de moi.
-"Au fait Jo, il faut que je te raconte..."
Et la voilà partie à me raconter la dernière blague salace qu'elle aura certainement entendu de la bouche d'un des chauffeurs, celui-ci devant d'ailleurs être abonné à téléz tellement ses histoires sont d'un nul consternant. Je marmonne un:
-"Ouais, elle est pas mal celle-là;" avec un air faussement enjoué. Elle est un peu déçue que son récit n'ait pas produit l'effet escompté mais elle s'en fiche, ça la fait rire. Puis se dirigeant vers la porte:
"On déjeune à l'extérieur tout à l'heure?" demande-t-elle avec un air faussement mutin.
-Ok." réponds-je simplement et la porte de mon bureau se referme sur elle. C'est en fait une petite fille bien sage, mariée, deux s, pavillon à payer et tout le toutim. Son petit jeu à elle, c'est de faire croire à toute la boîte que je me la tape, moi le célibataire endurci, et même si cette perspective m'a déjà traversé l'esprit, elle ne m'a jamais suffisamment interpellé pour que je l'entreprenne. De plus, Sandra est loin, très loin d'être muette comme une tombe quand tu partages un truc un peu secret avec elle. Mais après tout, je vais quand même aller bouffer avec elle. Ce sera toujours mieux que le resto d'entreprise. Et puis, Il faut que je sorte d'ici, que je m'évade que je pense à autre chose. 11h50 et mon portable ne sonne pas. Le déjeuner se déroule du mieux qu'il peut. Sandra me raconte son week-end, la plage avec force détails qui se voudraient croustillants sans trop en dire non plus. Non pas qu'elle ne voudrait pas que la situation dé, disons plutôt que vu sa petite vie somme toute assez classique, elle a plutôt tendance à manquer d'inspiration lyrique pour parler poliment. De toute façon, je n'ai pas le goût, comme je l'aurais encore fait il n'y a pas si longtemps, d'agrémenter son récit de petites remarques friponnes, lui faisant pousser des petits gloussements de pseudo excitation. Elle me trouve tout triste, je lui réponds gentiment que j'ai passé un week-end un peu bizarre et que ça m'a secoué. Elle a tout de même le tact de ne pas me poser plus de questions. Après tout nous ne sommes pas si proches que ça. J'aimerais tellement pouvoir lui gueuler que ce que je viens de vivre et ce qu'il me reste à faire est tellement plus... que tout ce qu'elle ne rêvera jamais dans son sommeil si sage de gentille ménagère de moins de cinquante ans. Je voudrais tellement... mais 13h25, un café, l'addition puis retour au bureau et mon portable ne sonne pas. Après midi classique, juste deux ou trois lots à mettre en transit et puis je tourne en rond comme un lion en cage, tout m'exaspère, je ne supporte rien, ils m'emmerdent tous! Pourtant, ils n'y sont pour rien, mais ils sont bien là, juste au mauvais endroit au mauvais moment.
Mais comment fait-elle... Comment a-t-elle su que... Tout cela n'a vraiment que peu d'importance. Rien que le fait de savoir que j'avais occupé ses pensées pendant tout ce temps me rempli d'une exquise sensation de bien être qui termine de me décontracter complètement, laissant à une douce torpeur, le soin d'avoir enfin le dernier mot.
(à suivre...)
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