Il Y A Divorce Et Divorce_Partie 2

Cette histoire est une pure fiction. Toute ressemblance avec des personnes, des lieux et des phénomènes existants ne peut être que fortuite…

2ème partie

Steven

Steven prit ses s dans ses bras et les embrassa tendrement.
« Je crois qu’il est l’heure d’y aller. Advienne que pourra, je vais défendre mon honneur, ma dignité et mon honnêteté. En route les s. »
Steven se dirigeât vers la salle d‘audience, entouré de ses trois s et de Madison qui les avait rejoints.
Ils s’installèrent derrière lui, dans sa rangée.
Janice arriva avec Pierre-Alain et sans un regard vers eux s’installèrent de l’autre côté de l’allée séparatrice.
Steven fit le tour de la salle des yeux et nota la présence d’un nombre important de collaborateurs, mais aussi de proches venus spécialement pour l’occasion. Ses yeux se posèrent sur son aînée.
« Comment savaient-ils tous que le procès avait lieu aujourd’hui ? »
« Mon cher papa, Wesley et moi n’avons pas chômés. Nous avons été informés par Madison de la situation et tu nous as appris le contenu de ton dossier. Aussi, nous avons décidé que tes collaborateurs, mais aussi tous tes amis, avaient le droit de savoir ce qu’il se tramait. Nous leur avons communiqué la date et le lieu du procès »
« Mais, vous vous êtes donc déjà rencontrés Madison et toi ? »
Madison se leva et vint auprès de Steven.
« Oui Steven, mais nous en reparlerons en temps utile »
Elle retourna s’asseoir. Une voix annonça la cour et tout le monde se leva. Lorsque l’assemblée se fut rassis, la juge pris la parole.
« Monsieur Steven Loyal »
« Présent »
« Madame Janice Loyal »
« Présente »
« Madame, voulez-vous nous présenter la personne qui vous accompagne »
« Monsieur pierre-Alain Boisette »
« A quel titre se trouve-t-il près de vous ? »
« Monsieur Boisette est mon compagnon »
Un léger murmure se fit entendre dans la salle.


« Bien. Nous sommes ici pour juger des faits suivants : Une demande de divorce pour faute et adultère en première audience puis une seconde audience, subordonnée à la première, pour faux, usage de faux et tentative de corruption. Est-ce bien l’énoncé des plaintes que vous avez déposées madame Loyal ? »
« Absolument madame la présidente. »
« Monsieur Loyal, vous avez au cours de la conciliation émis le souhait de présenter vous-même les éléments répondant aux charges émises à votre encontre par votre épouse. »
« Mais madame la présidente, comment cela peut-il être puisqu’il n’y a pas eu de conciliation ? »
« Cette conciliation a bien eu lieu madame, en présence de votre époux et en dépit de votre absence. Votre présence n’étant nullement obligatoire, monsieur Loyal a émis le souhait de se représenter lui-même, tout comme vous l’avez fait par courrier pour être représentée par monsieur Boisette si je ne m’. Est-ce exact ? »
« Heu, oui madame la présidente, si vous le dites. »
« Madame Loyal, je suis ici pour dire ce qui est et doit être, ne vous en déplaise. Monsieur Loyal a parfaitement le droit de plaider sa défense et de nous présenter les éléments qu’il a recueillis. »
Janice avait légèrement pali. Elle tourna le visage vers celui qui était encore son mari l’air interrogateur.
« Madame la présidente, au préalable à mon exposé, je souhaiterais demander à la partie adverse si le cliché exposé à l’écran est l’élément de preuve à charge contre moi. »
La juge se tourna vers l’écran géant sur lequel on distinguait le couple faisant l’amour de la photo laissée par Janice.
Ce fut Pierre-Alain qui répondit.
« Madame la présidente il ne me semble pas… »
« Vous n’avez pas la parole monsieur Boisette. La question est adressée à madame Loyal. Madame, reconnaissez-vous cette photo et est-elle celle qui, selon vous, établit la preuve de la faute et de l’adultère de votre mari ? »
« Oui, madame la présidente.
»
Toute l’assemblée se tourna vers Steven.
« Bien. Madame la présidente, pourriez-vous demander à l’huissier de laisser cette photo projetée sur l’écran géant ? … Merci. Que voyons-nous sur ce cliché ? Un couple dans un lit en train de faire l’amour. L’homme est de dos et sur sa partenaire dont on ne voit que la chevelure brune, les jambes nouées autour des hanches de l’homme et la plante de ses pieds. Cet homme arbore une tâche de naissance derrière le bras droit. Me permettez-vous, madame la présidente de vous montrer l’arrière de mes bras ? »
« Faites, faites. »
Steven ôta sa veste qu’il tendit à Alicia, puis déboutonnât sa chemise qu’il retira et la confia également à sa fille. Il tournoyât lentement sur lui-même. Le murmure repris dans la salle.
« Et bien monsieur Loyal, en exposant de la sorte votre belle tâche de naissante, vous apportez de l’eau au moulin de votre épouse. »
Steven repris ses deux vêtements et se rhabilla.
« Mon exposé n’est pas terminé madame la présidente. La première chose que je me suis assigné fut de trouver où cette photo avait bien pu être prise. Cette recherche fut de courte durée. En effet, j’avais vu dans un magazine, un reportage sur les travaux de réaménagement de l’Hôtel du Centre, face à la gare dans notre ville. Je m’y suis rendu et ait été très bien accueilli par son directeur, un homme charmant, qui pourra, si nécessaire après mon exposé, confirmer ce que je vais vous apprendre. Il m’a informé avoir rénové et aménagé à l’identique les dix-sept chambres de son établissement. Voici une photo de la chambre Une. Vous y voyez un lit double. Au-dessus du lit, se trouve une pendule. A droite de la pendule il y a un tableau carré et à gauche un tableau rectangulaire. On peut lire sur le cadran de la pendule, Hôtel du centre, chambre numéro Une.
Or, sur le cliché servant de preuve, merci monsieur l’huissier de remettre la photo précédente à l’écran, d’une part le cadre carré est à gauche et le cadre rectangulaire est à droite, mais, d’autre part, nous ne pouvons lire l’inscription sur le cadran.
Pourquoi me direz-vous ? Et bien tout simplement parce que la photo est à l’envers. »
« Mais oui, vous avez raison, on distingue l’inscription Hôtel du centre, mais écrite à l’envers. »
« Madame la présidente, je souhaiterais que l’huissier remette cette photo à l’endroit. »
La juge donna la consigne de redresser la photo.
« Merci. Nous voyons à présent que le cadre carré est bien à droite et le cadre rectangulaire est bien à gauche. De plus, on peut aisément lire l’inscription Hôtel du Centre chambre numéro cinq. Maintenant, j’aimerais que vous regardiez la tâche de naissance. »
« Un murmure nettement plus fort que le précédent s’éleva de la salle. »
« Et oui, la tâche se trouve à l’arrière du bras gauche. Je ne suis donc pas l’homme sur cette photo. »
« Mais puisque tel est le cas, et je retiens cet élément nouveau comme preuve, qui donc se trouve sur la photo ? »
« Madame la présidente, puis-je demander à monsieur Boisette de nous montrer le dos de ses bras ? »
« Eh bien, voilà une demande bien singulière monsieur Loyal. Mais puisque vous vous êtes prêté volontiers à cet exercice, je ne vois pas pourquoi je vous refuserai ce droit. Monsieur boisette, montrez-nous vos bras. »
Le compagnon de Janice se leva.
« Madame la présidente, je ne me prêterai pas un instant de plus à cette mascarade, je vais de ce pas quitter cette salle… »
« Vous n’irez nulle part. gardien, amenez monsieur devant nous. Retirez votre chemise monsieur Boisette, vous n’avez pas le choix, c’est une injonction du tribunal. »
L’homme blond montra soudain son vrai visage. Un visage de haine et de méchanceté. La chemise tomba et les murmures s’amplifièrent dans la salle. Derrière le bras gauche, se trouvait la trace encore bien distincte d’un tatouage réplique parfaite de la tâche de la photo, mais qu’on avait visiblement tenté vainement d’effacer.
« Et oui, les tatouages provisoires sont faits pour disparaître, mais au bout d’un temps bien plus long que vous ne l’aviez escompté.
Madame la présidente, vous avez la lettre de Jérôme Morel, mon collaborateur, qui vous a témoigné avoir a été questionné par monsieur Boisette au sujet de ma tâche de naissance, lui demandant au dos de quel bras se trouvait-elle. Ce qu’ignorait ce monsieur, c’est que Jérôme est dyslexique et qu’il confond la droite et la gauche. Il lui a donc donné une fausse indication, amenant cet homme à se tatouer une reproduction de ma tâche de naissance sur le mauvais bras. Voici en suspend la copie de la facture du tatouage réalisé au magasin « Tatoo for you » au Vésinet. Malheureusement pour monsieur Boisette, un courrier du siège de notre entreprise nous a transmis une série de photos prises à l’occasion d’un séminaire autour d’une piscine où nous étions tous en maillots de bain. Sur l’une de ces photos ou j’apparais, on voit nettement que ma tâche de naissance se trouve au dos de mon bras droit. Pris de court, monsieur Boisette a soudoyé le photographe qui avait pris ce cliché pour qu’il le développe en inversant les polarités afin que cette reproduction de ma tâche de naissance se retrouve sur le bon bras. Je vous ai remis copie du témoignage du photographe lors de la conciliation »
La juge se tourna vers Pierre-Alain et ordonna.
« Rasseyez-vous monsieur Boisette. Il est évident que c’est bien vous et non pas monsieur Loyal sur cette photo. »
Steven se déplaça et vint se positionner au bout de la rangée derrière Janice et pierre-Alain, et pointa du doigt une femme brune arborant de superbes lunettes de soleil.
« Madame la présidente, puis-je demander à madame, ici présente, de nous présenter la plante de ses pieds ? »
« Allons bon monsieur Loyal. Vous n’allez pas nous faire se déshabiller toute la salle. » L’assemblée lança un rire sonore qui détendit l’atmosphère devenue pesante.
La femme se leva et vint se déchausser devant la juge, exposant une cicatrice sur la plante du pied droit.
« Voyez cette cicatrice madame la présidente, c’est la même que celle exposée sur la plante du pied droit de la femme de la photo. Elle est la preuve que la femme de la photo est bien cette personne. Elle aussi était invitée au séminaire et j’avais remarqué cette marque sur une photo où elle apparaissait allongée sur un transat. Puis-je lui poser une question madame la présidente »
« Allez-y »
« Madame, qui êtes-vous ? »
« Je suis la secrétaire de Pierre-Alain Boisette. »
« Pourriez-vous nous décliner votre identité je vous prie ? »
Je m’appelle Desiree Stevenson. »
« Ne seriez-vous pas également l’épouse de john Stevenson, principal client de ma compagnie ? »
« C’est exact. »
« Madame, je crois que vous êtes également la maitresse de Pierre-Alain Boisette. Je suis désolé d’étaler ainsi votre vie privée, mais votre époux, que j’ai rencontré, mais raconté vos frasques amoureuses avec ce monsieur. Qu’il vous avait fait suivre et vous avait mise devant le fait accompli. »
« Mais, je ne vois pas ce que ma vie privée vient faire ici ? »
« Vous reconnaissez être la personne de la photo ? »
« Oui. Pierre-Alain m’a dit qu’il voulait me faire découvrir la région et nous avons passé plusieurs nuits dans cet hôtel. Je ne savais pas qu’il avait pris ce cliché. Lorsque je l’ai découvert, j’ai mis un terme à notre relation. »
« Non madame, ce n’est pas lui qui l’a pris. C’est le photographe dont le magasin est sur le même trottoir que l’hôtel, moyennant une gentille somme d’argent. C’est aussi lui qui a inversé la photo lors de son développement. »
La juge remercia la femme et lui demanda de retourner à sa place.
« Madame Loyal, ce que vous ignorez, c’est que votre époux nous a remis les lettres de témoignage du gérant de l’hôtel, attestant qu’il n’y avait jamais été client, mais, qu’en revanche, il reconnaissait clairement monsieur Boisette comme un habitué, venant souvent en charmante compagnie. Il nous a également remis le témoignage du photographe en question qui nous a confié l’original de la photo et la lettre d’engagement ainsi que le chèque de monsieur Boisette.
Nous sommes ici devant un cas d’une simplicité évidente. En premier lieu, monsieur Boisette, je vous mets en examen pour faux témoignage, faux, usage de faux, tentative de corruption et chantage. Je vous signale également votre mise en garde à vue à compter de cette heure et pour une durée minimum de vingt-quatre heures. Votre situation sera jugée par ma collègue du tribunal correctionnel en comparution immédiate demain. Gardien, voulez-vous emmener monsieur Boisette, son sort ne dépend plus de ce tribunal. »
L’air mauvais avait fait place à un profond abattement. Les épaules rentrées et la tête basse, Pierre-Alain Boisette suivi l’agent de police et sorti de la salle d’audience.
La salle était agitée, profondément choquée par cet extraordinaire revirement de situation. La juge appela au silence l’assemblée et s’adressa à Janice et Steven.
« Madame Loyal, monsieur Loyal, levez-vous. Attendu que les éléments de preuve déposés par madame Loyal faisant état de faute et d’adultère ont toutes été avérées nulles et non avenues, je ne peux donner suite, madame Loyal, à votre demande de divorce. Vous restez donc mari et femme au regard de la loi. La séance… »
« Madame la présidente ? »
« Oui monsieur Loyal ? »
« Puis-je vous poser une dernière question ? »
« Je vous en prie »
« Vous vous souvenez certainement comment madame Loyal nous a présenté monsieur Pierre-Alain Boisette ? »
« Mais oui. Elle nous l’a présenté comme son compagnon. »
« Madame la présidente, y aurait-il là, aux vues des décision du tribunal, un élément de preuve recevable dans le cadre d’une demande de divorce pour faute et pour adultère ? »
« Mais absolument cher monsieur. Et, si vous avez besoin de mon témoignage quant à la confirmation de cet élément de preuve, je me ferai un plaisir de vous assister. »
« Je vous remercie madame la présidente, je n’ai plus de question. »
Le juge saisi son marteau et frappa un grand coup sur le socle.
« La séance est levée. »
Steven se tourna vers ses s qui avaient tous les trois les larmes aux yeux. Alicia le pris dans ses bras.
« Je suis fière de toi mon Papou, tu ne m’as jamais déçue. Tu es l’homme le plus droit que je connaisse. »
Addison et Anthon serrèrent chacun leur tour leur père en le félicitant.
« Mes amours, merci pour votre soutien et pour votre confiance. Je suis soulagé et heureux que tout soit terminé. Je vais rentrer à la maison me remettre de toutes ces émotions. Allez voir votre mère, je crois qu’elle va avoir besoin de vous. »
Steven se tourna vers la salle cherchant Madison des yeux, mais il ne la vit nulle part et se résigna à quitter le tribunal après avoir serré un nombre incalculable de mains.

Janice

Avoir vu la détresse dans les yeux de Steven avait retourné Janice. Elle ne savait plus trop si elle avait eu raison de le défier par ses propos et par son attitude. Bien sûr elle avait eu quelques rapports avec Pierre-Alain, bien sûr elle y avait pris du plaisir. Mais, si elle avait voulu l’atteindre et le blesser, elle sentait au fond d’elle-même qu’elle l’aimait toujours. Elle n’avait fait que se laisser guider par quelqu’un de protecteur, lui permettant d’assouvir son désir de vengeance, de faire mal à celui qui l’avait humiliée. En le voyant aussi atteint par sa conduite provoquante, elle fut mal à l’aise et demanda à Pierre-Alain de lui offrir un café pour s’éloigner de ses s et ne plus subir leurs regards chargés de reproches. Elle avait hâte de rentrer dans la salle d’audience et que toute cette mise en scène se termine. Elle voulait être reconnue dans son bon droit, rien de plus.
Dès les premiers instants du procès, elle se senti décontenancée. Comment se pouvait-il que Steven se soit rendu à la conciliation ? Pourquoi ne l’en avait-on pas avertie ? Que s’y était-il dit ?
« Mais madame la présidente, comment cela peut-il être puisqu’il n’y a pas eu de conciliation ? »
« Cette conciliation a bien eu lieu madame, en présence de votre époux et en dépit de votre absence. Votre présence n’étant nullement obligatoire, monsieur Loyal a émis le souhait de se représenter lui-même, tout comme vous l’avez fait par courrier pour monsieur Boisette si je ne m’. Est-ce exacte ? »
« Heu, oui madame la présidente, si vous le dites. »
« Madame Loyal, je suis ici pour dire ce qui est et doit être, ne vous en déplaise. Monsieur Loyal a parfaitement le droit de plaider sa défense et de nous présenter les éléments qu’il a recueillis. »
Janice senti que les choses ne se passait pas vraiment comme elle l’avait imaginé. La juge avait coupé froidement la parole à Pierre-Alain qui s’était rassis avec l’air d’un pris en faute.
Steven, bien que très pâle, semblait tellement sûr de lui que cela la décontenançait. Voilà maintenant qu’il retirait sa veste et sa chemise pour montrer à toutes et tous le dos de ses bras.
Cette tâche, elle la connaissait très bien. Combien de fois, après l’amour, en avait-elle suivi le contour avec son index. Elle suivit la démonstration de son mari, ne comprenant pas vraiment où il voulait en venir, mais sentant que son assurance et sa détermination ne présageait rien de bon. Elle savait d’expérience que, lorsqu’il était dans cet état d’esprit, il était à même de professer les plus brillantes démonstrations.
Voilà que Steven interpellait Pierre-Alain, lui demandant d’exposer, lui aussi, le dos de ses bras. Elle vit le policier de garde s’avancer l’air menaçant et son voisin obligé de se lever et de retirer à son tour sa chemise. Ce qui s’ensuivit la laissa sans voix et complétement perdue.
Pierre-Alain était en fait un imposteur qui avait menti à tout le monde et à elle en premier lieu.
Elle assista, au bord de l’ à la victoire écrasante de Steven et à la déroute totale de celui qu’elle avait eu le malheur d’appeler son compagnon.
Lorsque son mari posa la dernière question à la juge, Janice crut se trouver mal. Ses jambes tremblaient et elle se sentait incapable de se relever. Elle resta là, hagarde, les yeux pleins de larmes, ne sachant quoi faire. Au bout d’un temps qui lui parut très long, elle entendit la voix d’Anthon la prenant dans ses bras et la soulevant de son banc. Alicia et Addison la regardait avec un air compassionnel plein d’amour, certes, mais d’un amour meurtri.
« Pardon mes s chéris. Je me suis complétement trompée. J’ai cru que votre père m’avait été infidèle et j’ai voulu me venger. Mon Dieu, qu’est-ce que j’ai fait ? Où est-il ? »
Alicia lui pris le bras.
« Il est rentré maman. Mais nous sommes là nous. Viens, tu vas venir chez moi, il faut que tu te reposes. »

Steven

En rentrant à son domicile, Steven trouva une lettre de sa compagnie qui l’attendait dans la boîte. Elle n’était pas timbrée et Steven pensa que c’était Madison qui l’avait glissée dans la boîte. Il la décacheta et la lu attentivement. Le Président le mettait en congés pour dix jours à compter de la fin du procès et qu’il serait informé des conditions de reprise de son activité.
Ce courrier le rassura totalement quant aux intentions de son employeur vis à vis de lui. Madison lui avait rappelé les valeurs fondamentales sur lesquelles le conseil d’administration ne transigeait pas. Il pensait qu’elle avait due informer le siège des conclusions de la juge et que toute menace quant à son emploi au sein de la firme était définitivement écartée.
Il profita du premier jour de solitude pour faire le point dans sa tête et pour s’installer dans la chambre d’ami. Il rendit visite à l’époux de la secrétaire-maîtresse de Brosette. Les premiers instants de l’entretien furent délicats, Steven sachant qu’il venait tenter, non seulement d’aider le pauvre homme à trouver le moyen de pardonner à sa femme infidèle, mais aussi de récupérer la confiance que ce businessman avait eu jusqu’alors dans sa compagnie. L’épouse était là et avoua que l’aventure avec ce scélérat n’avait jamais duré que quelques semaines. Qu’elle avait souffert de solitude, son époux trop souvent absent la négligeait, ce qu’il reconnut bien volontiers. Elle avait fait amande honorable et leur couple avait su rebondir et repartir sur de bons rails. Steven confirma que l’entreprise était étrangère à toutes les manipulations que Brosette avait fomentées et qu’elle s’en trouvait même victime. L’homme promis que sa pleine confiance avait été retrouvée, principalement grâce au compte-rendu du procès que lui avait fidèlement fait son épouse. Les deux hommes se séparèrent après une poignée de main des plus chaleureuse, se promettant de se revoir rapidement.
Le matin du troisième jour suivant le procès, il contacta un cabinet d’avocat et reçu dans la foulée la visite de maître Rivière, qui, heureux hasard, résidait dans le même quartier. Leur entretien fut long et dura quasiment toute la journée. Steven confia tous les documents de son dossier de défense ainsi que la copie des minutes du procès et le dossier paru plus que solide à l’avocat.
« Que souhaitez-vous quant à la garde des s ? »
« Mes s sont majeurs il n’y aura pas de souci quant à leur garde. »
« Et pour le partage des biens ? »
« Nous allons vendre la maison, à moins que mon épouse souhaite me racheter ma part. Nous avons chacun notre voiture et je lui laisse le mobilier. Vous voyez, c’est simple. »
« En effet, je ne vois aucun problème à venir dans ce divorce à l’amiable. »
« Vous n’avez sans doute pas été correctement informé maître. Ce n’est pas un divorce à l’amiable. C’est un divorce pour faute et adultère. Je tiens à ce que cela soit signifié dans la demande et dans le dossier. »
« Ce sera fait, vous pouvez compter sur moi. Souhaitez-vous que les frais de justice soient à la charge de la faute ? »
« Non, je ne le souhaite pas. Je ne veux qu’une chose, c’est qu’une fois le divorce prononcé, je n’ai plus rien de commun, hormis nos s, avec celle qui sera devenue mon ex-épouse. »

Janice

Cela faisait trois longs jours que Janice tournait en rond dans la petite maison d’ami de sa fille. Elle ne se pardonnait pas de s’être égarée à ce point. Elle se maudissait, se haïssait. Elle savait pertinemment que ce qui les avait vraiment soudés, Steven et elle, en dehors de la naissance de leurs trois merveilleux s, c’était cette sainte horreur du mensonge et de la trahison. Ils avaient partagé le même besoin de communication franche, sincère et spontanée pour chaque différent, chaque dispute. Jamais le moindre accrochage n’avait été réglé autrement que dans l’instant où il était survenu. Faire la tête, être brouillés, ne pas se parler pendant des heures, ils n’avaient jamais connu cela. Elle se sentait plus que fautive de ne pas avoir cherché à comprendre alors qu’ils étaient dans la cuisine ce maudit soir-là. Et en plus de ça, elle l’avait giflé ! Elle se demandait ce qu’elle pourrait faire pour qu’il oublie ces turpitudes et parvienne à lui pardonner.
« Alicia, il faudrait que tu m’accompagnes ma chérie, il me faut aller chez-nous prendre quelques vêtements et quelques affaires que j’ai laissées. J’ai aussi besoin de savoir dans quel état d’esprit se trouve ton père et s’il est prêt à me pardonner et à me reprendre. »
« Tu es sûre de vouloir faire ça maintenant ? Tu ne veux pas attendre un peu que les choses se soient tassées ? »
« Tu sais très bien que nous avons toujours réglé nos différents sans attendre. Je veux savoir si je peux retrouver mon mari et mon chez-moi. »
« Très bien, j’ai des choses à régler cet après-midi, mais promis, demain je t’emmène. »

Steven

Au matin du quatrième jour, Steven reçu une lettre recommandée de la compagnie. Il l’ouvrit et découvrit un mot manuscrit de Madison
« Cher Steven, Je reprends contact avec vous pour vous prier d’accepter toutes mes excuses pour m’être sauvée comme une voleuse à la fin du procès. Il fallait que j’informe au plus vite le président du résultat et prenne connaissance de ses consignes, quant à votre devenir au sein de l’entreprise et pour ce qui concernait mon séjour en France. Il m’a demandé de rentrer immédiatement et toute affaire cessante, ce que j’ai dû faire, sans pouvoir prendre le temps de vous saluer et vous dire au revoir. Je tenais tout d’abord à vous féliciter pour votre brillante démonstration et pour la conclusion qui, même si elle est triste, vous rétablit dans vos droits et dans votre honneur. J’ai apprécié chaque minute en votre compagnie et j’ai hâte que nos routes se croisent de nouveaux, à titre professionnel, mais aussi privé. Vous trouverez ci-joint un billet d’avion pour le siège pour vendredi. Le président désire s’entretenir avec vous. J’espère avoir le plaisir de vous voir si vous ne faites pas qu’un passage éclair dans notre charmante ville de Jacksonville. Mes amitiés à vos trois charmants s. Bien à vous Madison. »
Steven découvrit le billet en première classe et vit qu’il avait peu de temps pour préparer quelques affaires pour le voyage. Il prit un rapide déjeuner et commença sa valise. Il venait de boucler ses préparatifs quand on sonna à la porte d’entrée. Steven ouvrit à Alicia qui entra et le pris dans ses bras.
« Comment vas-tu mon papou chéri ? »
« Je vais bien ma chérie. Les moments de grande détresse sont derrière moi à présent et je me sens vraiment mieux qu’il y a encore quelques jours. »
« Maman est dans la voiture. Elle voudrait prendre quelques affaires et te parler. »
« Cette maison est encore la sienne. »
C’est une Janice livide aux yeux cernés et aux traits fatigués que Steven vit entrer. Elle fuyait son regard et se précipita en haut des escaliers en direction de la chambre. Alicia embrassa son père.
« Je vous laisse tous les deux. Je t’aime mon Papou ; quel que soit ce qu’il adviendra de cette conversation, je respecterai la suite que tu lui donneras. »
Alicia sortit de la chambre avec un grand sac plein à craquer quasiment au moment où Alice sortait. Elle vint vers Steven, mais en regardant par terre. Elle arriva près de lui
« On peut se parler ? »
« On le peut, mais pas ici. «
Il lui prit le bras et l’entraina vers la cuisine. Il la laissa près de la même chaise qu’elle occupait un mois plus tôt.
« Parlons là où tout a commencé. »
Steven s’assit lui aussi à la même place.
« Je t’écoute. »
« Honey, je ne sais pas par où commencer, j’ai tellement à te dire. »
« Le plus simple serait de commencer par le début, tu ne crois pas ? »
« Tu as raison. J’ai reçu la visite de Pierre-Alain, que je ne connaissais pas, un après-midi. Il m’a dit être détective privé et être missionné par un client qui soupçonnait sa femme de lui être infidèle. Il m’a dit l’avoir pistée et avoir découvert des rendez-vous secrets avec un homme. Il avait réussi à placer un appareil photo dans la chambre qu’ils prenaient régulièrement dans un hôtel. Il avait enquêté à la recherche de l’identité de cet homme et était persuadé qu’il s’agissait de toi. Quand il m’a montré la photo, j’ai eu un vertige en reconnaissant ta tâche de naissance. Il m’a dit que tu travaillais dans une grande firme américaine et que tu te rendais au siège assez souvent, ce qui te faisait un prétexte assez facile pour pouvoir passer des petits séjours avec la femme sans risquer de soulever des doutes. Il m’a donné plein de détails sur toi, ta voiture, tes costumes, tes lieux préférés pour déjeuner, tes principaux collaborateurs. J’étais sidérée, le ciel me tombait sur la tête. Il m’a dit qu’en règle générale il n’informait pas la victime d’un adultère, mais il avait enquêté sur moi et avait découvert que j’étais une femme irréprochable et que, comme c’était trop rarement le cas, qu’il avait voulu que je sois au courant de ce que tu faisais dans mon dos.
Nous avons parlé pendant au moins trois heures. J’étais complétement groggy, incapable de réfléchir clairement. Steven te trompe ! Cette phrase tournait en boucle dans ma tête. Avant de partir, il m’a demandé si je comptais mettre les choses au point avec toi et, si tu refusais de reconnaître les faits, s’il y avait le moindre risque que tu aies des réactions violentes. Je lui ai dit que tu n’étais pas un homme qui s’emporte facilement, mais que je ne savais pas comment tu allais réagir. Il m’a alors proposé de te guetter, de te laisser deux minutes le temps d’entrer et de me rejoindre à la cuisine, et de venir avec son collaborateur garde du corps qui saurait te dissuader d’être trop véhément. Le sang bouillait dans ma tête et, quand tu es entré, je t’ai dit que j’attendais mon soutien. Quand il est arrivé, je t’ai donné l’enveloppe. Quand j’ai vu ta tête, j’ai été convaincue que tout était vrai. Alors je t’ai giflé et je suis partie en te disant qu’on se reverrait au divorce. Le reste, tu le connais, le procès, «
« Là, je crois que tu vas un peu vite. Il s’est passé pas mal de jours entre ton départ et ton arrivée au tribunal. Quitte à tout me dire, autant ne rien cacher sur cette période de quatre semaines. »
Janice regardait ses mains posées à plat sur la table. Son regard n’avait pas encore croisé le sien ; Elle était pâle et tremblait légèrement. Elle pleurait et s’essuyait régulièrement les yeux.
« Il m’a proposé de rester à l’hôtel, et qu’il prenait les frais en charge. Au bout d’une semaine, il m’a invité dans sa maison en Normandie. Là, j’ai pu me reposer et faire le point dans ma tête. Je t’en voulais tellement. Je me sentais trahie, abandonnée, seule. Un soir d’orage, il est resté pour me rassurer et je lui ai cédé. Je n’avais que toi dans ma tête, mais j’ai basculé dans une sorte de désir de vengeance, de reprise en main de mes décisions. »
« Vous êtes restés combien de temps là-bas ? »
« Jusqu’au procès »
« Vous avez dû baiser sans arrêt ? »
« Non, cela n’est arrivé que trois fois. A chaque fois, c’est avec rage que je lui ai cédé, mais toujours en pensant à toi. Malgré tout ce que j’ai pu dire dans la salle des pas perdus, il n’y avait pas de sentiments pour moi, peut-être un peu de reconnaissance, mais rien d’autre. »
« Je vais te résumer mon point de vue sur tout ça. Tu quittes la maison et trouves un hôtel. Au bout d’une semaine tu suis ce type dans sa maison en Normandie. Là, vous baisez trois fois, toi par reconnaissance de ce qu’il a fait pour toi. Tu arrives au tribunal et tu dis aux s que cet homme est ton compagnon et qu’il me remplace en mieux en tout. C’est bien ça ? »
« Tu déformes la réalité et tu exagères les choses. J’ai dit ça aux s, mais devant toi, pour te blesser. Jamais de la vie cet homme ne t’a remplacé et ne te remplacera. Les s le savent très bien. »
« Laisse les s en dehors de ça. »
« C’est toi, ça a toujours été toi, l’homme de ma vie. »
« Je vais maintenant te dire comment j’ai vécu cette période. Je suis rentré un soir du travail. Je t’ai trouvée assise dans la cuisine, l’air grave comme jamais je ne t’avais vue. Tu m’as dit attendre ton soutien. J’ai vu arriver un monstre qui m’a bloqué sur ma chaise en enfonçant ses doigts dans mes clavicules. Tu m’as jeté au visage une photo sur laquelle je ne me suis pas reconnu, prise dans une pièce que je ne connaissais pas. Tu m’as giflé et tu t’es sauvée en me criant qu’on se reverrai au divorce. Le gorille a attendu cinq minutes avant de relâcher la pression de ses mains et vous a rejoint. En l’espace de quelques minutes, le ciel m’est tombé sur la tête.
J’ai passé un mois, le jour, à chercher les preuves pour m’innocenter de ce que tu m’accusais et mes nuits à pleurer sur mon sort. »
« Je sais Honey, pardonne-moi. »
« J’ai assez rapidement découvert la supercherie. C’était même grossier. J’ai consulté toutes les personnes pouvant m’apporter les preuves du traquenard. J’ai même découvert que ce type n’était pas du tout détective, mais Directeur de mon entreprise pour le Canada, et qu’il voulait devenir le directeur Europe. Qu’il était persuadé que je lui faisais concurrence pour le poste. Qu’il avait soudoyé sa maîtresse, sa secrétaire et épouse de notre plus gros client… Enfin bref, que ce mec était un escroc. Un escroc avec qui tu t’étais envolée, sans préavis. »
« Je sais, Honey, j’ai perdu la tête, j’étais désemparée et il en a profité. »
« Je vais te dire : Que tu aies cru à cette farce, que tu aies suivi cet homme, et même que tu aies baisé avec lui, ce n’est pas le plus grave. Le plus grave, c’est que tu aies piétiné les valeurs qui faisaient le ciment de notre couple. Souviens-toi : Confiance, soutien et fidélité. Toi, celle qui a toujours inculqué à nos s qu’il fallait toujours crever l’abcès pour ne pas le laisser pourrir, qu’il fallait parler, communiquer, que c’était ça le vrai lien, tu n’as pas respecté nos valeurs. Tu serais restée ne serait-ce que le temps que l’on s’explique, tu aurais constaté, comme je l’ai fait, que cette photo n’était pas nette, qu’elle avait été retouchée. »
« J’étais tellement en colère Honey, je n’ai pas réfléchi. »
« Moi j’ai eu tout le temps de réfléchir. Tu ne m’as laissé aucune chance de m’expliquer. Pire encore, tu as voulu me faire jeter en prison. »
« Non, c’est lui qui… »
« Tu étais sa complice. Ton compagnon as-tu dis au juge, en me regardant avec un air provocateur comme je ne t’ai jamais vu. Faux, usage de faux et tentative de corruption ? »
« Si tu savais comme je regrette Honey. »
« J’aimerais savoir : Cet homme m’a-t-il remplacé à tes yeux ? »
« Mais non, jamais de la vie. »
« Pourquoi l’avoir dit alors. »
« Pour te blesser. »
« Tu reconnais que tu as menti ? »
« Oui Honey, j’ai menti pour t’atteindre. »
« Mais alors, si tu reconnais que tu as été capable de mentir, qu’est-ce qui me prouve que tu n’es pas en train de me mentir maintenant ? »
« Mais non, je te le jure… »
« Ne jure pas. Il y a un mois tu me jurais encore fidélité. La vengeance n’excuse pas tout. Tu m’as menti, tu m’as trahi, tu m’as trompé. Au tribunal, quand je vous ai vu arriver, la main dans la main, l’air heureux et épanouis, j’ai eu un vertige. Je n’ai pas reconnu la femme que j’aimais. Je n’ai pas reconnu la femme dont j’étais tombé amoureux et que j’adorais. J’ai découvert une inconnue, vicieuse, méchante, capable de tout. «
« Oh ! »
« Je suis allé vomir en te maudissant. J’ai vomi et craché ce qu’il me restait d’amour pour toi. Je suis resté quelques instants à me regarder dans la glace en me demandant qui était cette femme ? Pourquoi elle me paraissait ne rien avoir de commun avec celle que j’aimais encore. Je suis revenu vers les s en me disant que tu étais devenue une étrangère pour moi. »
« Oh non Honey ! tu ne peux pas dire ça. »
« En fait, je me suis rendu compte à ce moment-là que j’avais perdu l’amour que j’avais pour toi à l’instant où tu avais quitté la cuisine. Que je n’avais rien de commun avec cette femme que tu étais devenue. Même si tu demeures la mère de mes s, je n’ai plus de sentiment pour toi. »
« Non Honey, ne dis pas ça. On s’est aimé, profondément. Un amour comme le nôtre ne peut pas mourir. »
« Mais il n’est pas mort ! Tu n’es tout simplement plus la femme que j’ai aimée plus que tout, plus que ma vie. La femme pour qui j’aurais tout donné. Tu es devenue une parfaite étrangère pour moi. En dehors du lien que représente nos s, tu n’es plus rien pour moi. »
« Mais laisse-moi au moins une chance de redevenir cette femme. Laisse-moi au moins la possibilité de te prouver que tout cela n’est qu’une regrettable erreur que le temps pourra effacer. J’ai droit à cette chance, tu me la dois Honey. »
« Je ne te dois rien du tout, et arrête de m’appeler Honey. Tu as voulu ma perte, tu n’as rien fait pour essayer de comprendre, tu n’as pas eu le moindre doute. Tu m’as cru coupable sans discussion. Tu m’as cru capable de te tromper. Tu as décidé seule que j’étais coupable. Tu n’as eu besoin de personne pour en être persuadée. Et moi, J’ai fait face seul, sans toi. Je me suis défendu de toi, de tes soupçons, de tes accusations. J’ai pris ma décision, nous allons divorcer. C’est ce que tu voulais, mais c’est à ma demande que cela aura lieu. »
« Tu ne veux pas me laisser au moins une chance de te reconquérir ? »
« La femme que tu es devenue ne pourra jamais, ni me plaire, ni me reconquérir. C’est sans rémission. Je vais mettre la maison en vente. Tu auras la moitié de sa valeur. Je te laisse le mobilier. Je ne peux plus vivre dans cet univers qui ne me ressemble plus. Demain je vais au siège. J’ai des choses à faire pour préparer mon voyage. Je vais y aller. Tu peux t’installer ici ou rester chez Alicia, comme tu veux. Nous nous reverrons au divorce. »

Janice

Les heures et les jours passent, tous à l’identique pour Janice. Elle erre sans but dans cette maison. Elle pleure la plupart du temps, affalée dans le canapé du salon. Une fin d’après-midi, Alicia vit que les volets étaient fermés alors qu’il faisait encore jour. Elle alla frapper à la porte de sa maison d’ami.
« Maman ? c’est moi. Tout va bien ?
La porte n’étant pas verrouillée, elle entra. La maison était plongée dans l’obscurité. Elle alluma le plafonnier et découvrit Janice, allongée sur le canapé, les yeux révulsés, un verre renversé sur la moquette et plusieurs plaquettes de médicament vides sur le guéridon. Elle se précipita près de sa mère et lui prit le pouls.
« Maman, maman, réveille-toi. »
Janice était inanimée et n’eut aucune réaction. Elle appela les urgences. Une ambulance arriva quelques minutes après et deux infirmiers l’emportèrent sur un brancard.

Steven

Steven fut accueilli à l’aéroport par Madison qui lui fit la traditionnelle accolade. Elle le conduisit au Best Stay America Hôtel, où séjournaient les visiteurs importants pour la compagnie.
« Après treize heures de voyage, vous devez avoir besoin de repos Steven. Je passe vous prendre vers dix heures demain matin. Passez une bonne nuit. »
Steven s’installa dans sa chambre qui était une véritable suite. D’habitude, il avait droit au Inn Hôtel, confortable, certes, mais à des années lumières du luxe de celui-ci. Il appela tour à tour chacun de ses s pour leur donner de ses nouvelles puis se coucha et dormit d’un sommeil réparateur.
A l’heure pile, Madison fit son apparition dans le salon de l’hôtel où l’attendait un Steven en pleine forme.
« Vous avez bien dormi ? »
« Comme un bébé. Mes s vous saluent et vous embrassent. »
« C’est gentil à eux, cela me touche. Bon, aujourd’hui, rendez-vous avec le big boss à onze heures dans le salon particulier de la compagnie. Ensuite, je vous prends pour un déjeuner au Capital Grill, un très bon restaurant où l’on cuisine un excellent bœuf grillé. Cet après-midi, nous avons une visite à faire qui vous prendra jusqu’en fin de journée. Demain, vous avez quartier libre ; Si cela vous tente, je vous ferai visiter ma ville, Ferdinanda Beach, sur Amelia Island. Vous verrez, c’est très pittoresque et ça vaut le détour. »
« Quel programme alléchant, je m’en réjouis d’avance. »
Il ne leur fallu que quinze minutes pour se rendre au siège qui était, lui aussi, près de l’estuaire de la Saint John River, quartier économique de la ville.
Madison l’accompagna jusqu’à un grand salon au dernier étage de l’immense tour du siège et lui proposa de s’asseoir.
« Je vous laisse. Je reviens vous chercher vers douze heure trente. »
Les quatre murs du salon étaient décorés des portraits des membres des conseils d’administration depuis l’origine de la compagnie. Il nota qu’il y avait toujours eu douze membres.
Il fut étonné de découvrir qu’il manquait la photo du conseil actuel.
Une secrétaire arriva.
« Bonjour Monsieur Loyal, si vous voulez bien me suivre, le président vous attend. »
Steven fut introduit dans une pièce qui devait bien faire plus de cent cinquante mètres carrés. Le président, Kenneth Jackson fit le tour d’un immense bureau et s’avança vers lui la main tendu.
« Bonjour Monsieur Loyal. Vous permettez que je vous appelle Steven ? »
« Je vous en prie monsieur le président. »
« Dans ce cas, pour moi, ce sera Kenneth. Steven, j’ai suivi avec beaucoup d’attention votre aventure judiciaire. J’ai tenu à être informé jour après jour de l’avancement des évènements. Madison est une fidèle collaboratrice en qui j’ai toute confiance. Elle m’a relaté vos démarches, votre enquête, dans les moindres détails. Vous avez échappé à un lynchage qui aurait pu vous détruire, tant du point de vue personnel, que professionnel. Vous savez parfaitement, en tant que cadre dirigeant, que je suis intraitable envers le moindre manquement aux valeurs de la compagnie. Les charges qui étaient portées contre vous pouvaient, non seulement briser votre carrière, mais aussi vous conduire tout droit en prison. De plus, les accusations dont vous faisiez l’objet pouvaient compromettre la réputation de la compagnie, mais aussi faire fuir de nombreux clients, dont le premier d’entre eux vous l’avez compris. Madison m’a rapporté avoir découvert un homme profondément abattu et incapable de prouver son innocence. Elle m’a dit dans un second message qu’au cours d’un entretien avec elle, vous aviez eu une sorte d’illumination, que depuis lors vous étiez hyper actif accumulant les témoignages et éléments de preuve et que vous constituiez un dossier conséquent en vue du procès. Elle m’a enfin fourni tout un tas de détails sur votre état d’esprit, sur votre persistance à poursuivre une idée jusqu’au bout, et sur ce qui lui a semblé être une conduite assez exemplaire en de telles circonstances. »
« C’est un trait de mon caractère, je n’abandonne jamais. »
« Je ne sais pas si cela est bien légal dans votre pays, mais Madison a enregistré le contenu de votre exposé devant le juge et m’en a fait une présentation assez complète explicitant le comportement des principaux protagonistes. Je vous avoue vous avoir découvert là et avoir trouvé la confirmation des impressions que m’avaient donné vos résultats, notamment depuis que vous dirigez la région France de la firme. »
« Je ne savais pas que vous suiviez cette affaire à ce point de détail. »
« J’ai appris également de la bouche même de notre principal client, John Stevenson, que vous lui aviez rendu visite et réussi à le ramener dans le giron de la compagnie, ce qui n’était pas, selon lui, gagné d’avance, en raison de sa situation conjugale liée à votre affaire. Votre brillante démonstration, le rapport plus qu’élogieux que m’en a fait Madison et le portrait qu’elle m’a dressé de vous m’ont convaincu. Steven, votre place est ici, à Jacksonville, auprès de nous. Le siège a besoin d’un dirigeant comme vous et le conseil d’administration a besoin d’un patron de votre envergure. Mike Dreyers vient de prendre sa retraite, vous allez le remplacer et codiriger le siège avec Madison. J’ai son accord, elle est enchantée par la perspective de collaborer avec vous. »
« Je suis honoré par cette proposition. J’espère m’en montrer digne. »
« Je suis persuadé que Madison et vous allez porter notre compagnie vers les sommets, je n’ai aucun doute là-dessus. Avant de vous laisser, je souhaiterais vous présenter ma fille qui travaille à mes côtés depuis cinq ans maintenant. »
Il se pencha sur son bureau et actionna l’interphone.
« Faites-la venir je vous prie. »
La porte s’ouvrit et Steven fut stupéfait de voir apparaître une Madison tout sourire.
« Mais, je… »
« Comment pouviez-vous savoir que Madison est ma fille chérie. Elle a gardé son nom d’épouse, un bien curieux stratagème pour brouiller les pistes vous en conviendrez. Tout comme vous, ma fille a vécu une terrible désillusion conjugale et, tout comme vous, elle a trouvé la force de s’en remettre. Ce dramatique point commun peut être une force pour l’entreprise et je suis persuadé que vous saurez le conjuguer, ensemble, pour donner le meilleur de vous-mêmes. »
« Mais kenneth… »
« Steven, désormais, ce sera Ken. Seuls mes proches ont le privilège de m’appeler ainsi. Vous avez su gagner ma confiance Steven, ne me décevez jamais et vous aurez le meilleur avenir dont vous pouviez rêver. »
« ken, je ne sais comment vous remercier. »
« C’est très simple, restez l’homme que j’ai découvert pendant cette sombre affaire et soyez moi « loyal », si je puis me permettre ce jeu de mot. »
Les deux hommes éclatèrent de rire et se quittèrent après une franche poignée de main.
Steven redescendit au rez-de-chaussée avec une Madison plus que jamais rayonnante.
« Et si nous allions déjeuner Steven après toutes ces émotions ? »

Janice

Janice émergeât du sommeil dans lequel elle était plongée depuis sa tentative de suicide. Elle avait voulu en finir avec la vie, ne la supportant plus et ne se supportant plus. Une infirmière vint s’enquérir de son état de santé, lui pris la température et lui tendit une lettre remise par Alicia avant de quitter la chambre. C’était un mot de Steven :
« Janice, Il est un temps pour la guerre, et il est un temps pour la paix. Ce que nous avons traversé laissera sans doute des traces indélébiles, tant pour toi que pour moi. Nous avons vécu une histoire que rien n’effacera et qui nous aura donné trois merveilleux s. Nous aurions pu poursuivre notre route, ensemble, jusqu’à ce que la mort nous sépare, comme nous nous y étions engagés par les vœux du mariage. La vie ne l’a pas voulu ainsi et, en dépit d’une affection qui restera encrée dans notre cœur, nos chemins se séparent à présent et nous devons, toi et moi, apprendre à poursuivre notre destin séparément. Je n’efface rien de la merveilleuse histoire que nous avons écrite, mais, aujourd’hui, je m’apprête à en écrire une autre. Tu as le droit d’être de nouveau heureuse, et je te souhaite le meilleur. Je ne t’oublierai pas, quoi qu’il m’arrive à l’avenir et j’espère qu’il en sera de même pour toi. Prends soin de toi. Steven. »
Alicia entra dans la chambre et la trouva en pleure.
« Maman, tu n’as pas le droit de nous priver de toi. Ce qu’il s’est passé entre toi et papa, appartient désormais au passé. Il faut que tu ailles de l’avant et que tu cherches à te reconstruire pour pouvoir être de nouveau heureuse. Addison, Anthon et moi feront tout pour t’y aider et te rendre la vie la plus agréable possible. Tu es encore jeune, tu as le droit de refaire ta vie. »
« Merci ma chérie, tes mots me réconfortent. Je sais que j’ai perdu l’amour de ton père, mais il m’écrit ne pas me garder rancœur de tout le mal que je lui ai fait, et ça apaise mon esprit. Je vais prendre le temps d’aller mieux, puis j’irai passer quelques temps chez ma sœur en Provence pour réfléchir à ce que je veux désormais faire de ma vie. Ne t’inquiète plus pour moi, le mot de ton père m’a en quelque sorte délivrée d’un énorme poids de culpabilité et je crois être capable d’accepter la vie sans lui, même si je suis certaine de ne jamais retrouver un amour aussi fort. »

Steven

« Steven, j’ai voulu que nous déjeunions ensemble parce que je souhaiterais vous faire plusieurs propositions qui, je l’espère, vont vous plaire. J’aimerais que nous ayons une promiscuité professionnelle permanente. J’aimerais que la complicité qui est née entre nous pendant la période douloureuse que vous venez de traverser se poursuive au sein du siège de notre compagnie.
Parlons-nous en français et tutoyons-nous si tu n’y vois pas d’inconvénient. »
« J’allais te le proposer. »
Madison lui tendit un recueil de photos.
« Voilà. Cet après-midi, je te ferai découvrir notre espace professionnel. Je l’ai conçu comme un espace partagé. En effet, je propose que nos deux bureaux soient installés dans la même pièce. Rassure-toi, celle-ci est suffisamment spacieuse pour que nous ne soyons pas l’un sur l’autre. Qu’en penses-tu ? »
« J’aime que nous soyons l’un en face de l’autre. La pièce à l’air très grande en effet et je trouve que tu as fait un très bon choix en matière d’aménagement et de mobilier. »
« Ce n’est pas la seule chose pour laquelle j’aurai besoin de ton accord. Il nous faut quelqu’un pour nous assister dans nos activités ; J’aimerais que nous ayons un cabinet avec deux ou trois personnes, et un directeur de cabinet. »
« Oui, c’est une excellente idée. Tu aurais quelqu’un en vue ? »
« Et bien je crois avoir déniché la perle rare. Elle a un master en relation publique et pourrait nous rejoindre rapidement. »
« Alicia a obtenu ce diplôme, c’est vrai qu’il correspondrait plutôt bien à ce type de poste. »
« Tu ne crois pas si bien dire, car c’est Alicia que je me suis permise de recruter. »
« Mais, comment est-ce possible ? Mais et Wilfried ? »
« Et bien figure-toi que nous cherchions un ingénieur pour diriger la branche Ingénierie. Ton gendre est l’homme de la situation et je l’ai recruté lui aussi. »
« Mais comment as-tu fait ? »
« Mon cher Steven, il ne se passe pas que des choses négatives dans ton dos. J’ai approché tes s pendant la période que j’ai passée en France. Bon, reprenons. Notre association a également besoin d’un expert juridique, pour concevoir les contrats, que ce soit avec nos collaborateurs, comme avec nos clients et fournisseurs. Comme il s’agit d’une activité à construire de toute pièce, j’ai pensé que l’idéal serait de prendre quelqu’un qui débute dans la vie active, et qui pourrait construire le profil de son poste tout en poursuivant ses études. Là aussi, j’ai trouvé la perle rare. Elle a déjà un M1, vient d’être admise à Harvard et je crois même que tu la connais. »
« Fichtre, ce doit être quelqu’un de brillant. »
« Tu ne crois pas si bien dire Steve, car il s’agit d’Addison. »
« Mais, comment est-ce possible ? Comment as-tu fait ? »
« Et bien nous nous sommes rencontrées et nous avons échangé sur ses souhaits, et en matière de cursus, et en matière d’avenir professionnel, et nous sommes arrivés à nous mettre d’accord sur les termes d’un contrat. »
« Tu es une femme extraordinaire Maddison, quelle chance j’ai de te connaître ; »
« Il me reste encore un dernier détail à voir avec toi. Wilfried m’a soufflé l’idée qu’il nous serait possible de profiter de la bonne publicité faite autour de la brillante conclusion de tes démêlés judiciaires pour élargir notre champ d’investigation et nous lancer dans la conception d’articles pluridisciplinaires. Nous pensions, entre autres aux sports d’hiver et aux sports d’eau. »
« Oui, c’est une excellente idée, mais il va falloir organiser la branche ingénierie en conséquence. »
« Et bien c’est tout à fait ça ! Figure-toi que je viens de recruter un jeune futur ingénieur, qui vient juste d’être admis à Stanford. Son cursus se fera en alternance, ce qui lui laissera suffisamment de temps pour mettre en place le service qu’il nous faut. »
« C’est un enjeu risqué, mais si la personne est vraiment sérieuse et bosseuse, c’est un pari qui peut être gagnant-gagnant. Les places sont chères à Stanford, comment as-tu fais pour dénicher ce phénomène ? »
« Oh, je l’ai rencontré incidemment lors de mon séjour en France, et il n’a pas du tout été difficile à convaincre. »
« Décidément, tu m’étonnes de plus en plus. Je le connais ? »
« Je crains bien que oui. C’est Anthon. »
« Mais, c’est prodigieux. Tu as réussi le miracle de réunir mes s autour de moi, de les faire entrer dans notre entreprise. Même si pour eux c’est un changement de vie assez soudain, de nous savoir proches les uns des autres, va grandement faciliter les choses. Madison, tu es la femme parfaite. »
« Je ne suis pas si parfaite Steven. Comme toutes les femmes, j’ai quelques défauts. »
« Je serais bien intéressé de savoir lesquels. »
Madison le regarda droit dans les yeux avec un sourire malicieux.
« Eh bien, cher collègue, tu as tout le temps de les découvrir par toi-même. »
Après le repas, elle lui fit découvrir son nouvel environnement professionnel, ce qui l’enchanta. Elle lui proposa de l’héberger, le temps qu’il trouve où poser ses valises.
Arrivés au domicile de Madison, elle lui proposa de prendre une douche avant de servir l’apéritif face à l’océan.
Steven venait de couper l’eau de la douche et commençait à s’essuyer quand la porte s’ouvrit sur une Madison au regard déterminé. Elle le regarda tranquillement de haut en bas
« Steven, je le savais, tu es l’homme parfait. »
« Je ne suis pas si parfait Madison. Comme tous les hommes, j’ai quelques défauts. »
« Je serai bien intéressée de savoir lesquels. »
Il s’approcha et la prit dans ses bras.
« Eh bien, chère collègue, tu as toute la vie pour les découvrir par toi-même. »
Ils s’embrassèrent fougueusement.

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