Il Y A Divorce Et Divorce_Partie 2
Cette histoire est une pure fiction. Toute ressemblance avec des personnes, des lieux et des phénomènes existants ne peut être que fortuite
2ème partie
Steven
Steven prit ses s dans ses bras et les embrassa tendrement.
« Je crois quil est lheure dy aller. Advienne que pourra, je vais défendre mon honneur, ma dignité et mon honnêteté. En route les s. »
Steven se dirigeât vers la salle daudience, entouré de ses trois s et de Madison qui les avait rejoints.
Ils sinstallèrent derrière lui, dans sa rangée.
Janice arriva avec Pierre-Alain et sans un regard vers eux sinstallèrent de lautre côté de lallée séparatrice.
Steven fit le tour de la salle des yeux et nota la présence dun nombre important de collaborateurs, mais aussi de proches venus spécialement pour loccasion. Ses yeux se posèrent sur son aînée.
« Comment savaient-ils tous que le procès avait lieu aujourdhui ? »
« Mon cher papa, Wesley et moi navons pas chômés. Nous avons été informés par Madison de la situation et tu nous as appris le contenu de ton dossier. Aussi, nous avons décidé que tes collaborateurs, mais aussi tous tes amis, avaient le droit de savoir ce quil se tramait. Nous leur avons communiqué la date et le lieu du procès »
« Mais, vous vous êtes donc déjà rencontrés Madison et toi ? »
Madison se leva et vint auprès de Steven.
« Oui Steven, mais nous en reparlerons en temps utile »
Elle retourna sasseoir. Une voix annonça la cour et tout le monde se leva. Lorsque lassemblée se fut rassis, la juge pris la parole.
« Monsieur Steven Loyal »
« Présent »
« Madame Janice Loyal »
« Présente »
« Madame, voulez-vous nous présenter la personne qui vous accompagne »
« Monsieur pierre-Alain Boisette »
« A quel titre se trouve-t-il près de vous ? »
« Monsieur Boisette est mon compagnon »
Un léger murmure se fit entendre dans la salle.
« Bien. Nous sommes ici pour juger des faits suivants : Une demande de divorce pour faute et adultère en première audience puis une seconde audience, subordonnée à la première, pour faux, usage de faux et tentative de corruption. Est-ce bien lénoncé des plaintes que vous avez déposées madame Loyal ? »
« Absolument madame la présidente. »
« Monsieur Loyal, vous avez au cours de la conciliation émis le souhait de présenter vous-même les éléments répondant aux charges émises à votre encontre par votre épouse. »
« Mais madame la présidente, comment cela peut-il être puisquil ny a pas eu de conciliation ? »
« Cette conciliation a bien eu lieu madame, en présence de votre époux et en dépit de votre absence. Votre présence nétant nullement obligatoire, monsieur Loyal a émis le souhait de se représenter lui-même, tout comme vous lavez fait par courrier pour être représentée par monsieur Boisette si je ne m. Est-ce exact ? »
« Heu, oui madame la présidente, si vous le dites. »
« Madame Loyal, je suis ici pour dire ce qui est et doit être, ne vous en déplaise. Monsieur Loyal a parfaitement le droit de plaider sa défense et de nous présenter les éléments quil a recueillis. »
Janice avait légèrement pali. Elle tourna le visage vers celui qui était encore son mari lair interrogateur.
« Madame la présidente, au préalable à mon exposé, je souhaiterais demander à la partie adverse si le cliché exposé à lécran est lélément de preuve à charge contre moi. »
La juge se tourna vers lécran géant sur lequel on distinguait le couple faisant lamour de la photo laissée par Janice.
Ce fut Pierre-Alain qui répondit.
« Madame la présidente il ne me semble pas
»
« Vous navez pas la parole monsieur Boisette. La question est adressée à madame Loyal. Madame, reconnaissez-vous cette photo et est-elle celle qui, selon vous, établit la preuve de la faute et de ladultère de votre mari ? »
« Oui, madame la présidente.
Toute lassemblée se tourna vers Steven.
« Bien. Madame la présidente, pourriez-vous demander à lhuissier de laisser cette photo projetée sur lécran géant ?
Merci. Que voyons-nous sur ce cliché ? Un couple dans un lit en train de faire lamour. Lhomme est de dos et sur sa partenaire dont on ne voit que la chevelure brune, les jambes nouées autour des hanches de lhomme et la plante de ses pieds. Cet homme arbore une tâche de naissance derrière le bras droit. Me permettez-vous, madame la présidente de vous montrer larrière de mes bras ? »
« Faites, faites. »
Steven ôta sa veste quil tendit à Alicia, puis déboutonnât sa chemise quil retira et la confia également à sa fille. Il tournoyât lentement sur lui-même. Le murmure repris dans la salle.
« Et bien monsieur Loyal, en exposant de la sorte votre belle tâche de naissante, vous apportez de leau au moulin de votre épouse. »
Steven repris ses deux vêtements et se rhabilla.
« Mon exposé nest pas terminé madame la présidente. La première chose que je me suis assigné fut de trouver où cette photo avait bien pu être prise. Cette recherche fut de courte durée. En effet, javais vu dans un magazine, un reportage sur les travaux de réaménagement de lHôtel du Centre, face à la gare dans notre ville. Je my suis rendu et ait été très bien accueilli par son directeur, un homme charmant, qui pourra, si nécessaire après mon exposé, confirmer ce que je vais vous apprendre. Il ma informé avoir rénové et aménagé à lidentique les dix-sept chambres de son établissement. Voici une photo de la chambre Une. Vous y voyez un lit double. Au-dessus du lit, se trouve une pendule. A droite de la pendule il y a un tableau carré et à gauche un tableau rectangulaire. On peut lire sur le cadran de la pendule, Hôtel du centre, chambre numéro Une.
Or, sur le cliché servant de preuve, merci monsieur lhuissier de remettre la photo précédente à lécran, dune part le cadre carré est à gauche et le cadre rectangulaire est à droite, mais, dautre part, nous ne pouvons lire linscription sur le cadran.
« Mais oui, vous avez raison, on distingue linscription Hôtel du centre, mais écrite à lenvers. »
« Madame la présidente, je souhaiterais que lhuissier remette cette photo à lendroit. »
La juge donna la consigne de redresser la photo.
« Merci. Nous voyons à présent que le cadre carré est bien à droite et le cadre rectangulaire est bien à gauche. De plus, on peut aisément lire linscription Hôtel du Centre chambre numéro cinq. Maintenant, jaimerais que vous regardiez la tâche de naissance. »
« Un murmure nettement plus fort que le précédent séleva de la salle. »
« Et oui, la tâche se trouve à larrière du bras gauche. Je ne suis donc pas lhomme sur cette photo. »
« Mais puisque tel est le cas, et je retiens cet élément nouveau comme preuve, qui donc se trouve sur la photo ? »
« Madame la présidente, puis-je demander à monsieur Boisette de nous montrer le dos de ses bras ? »
« Eh bien, voilà une demande bien singulière monsieur Loyal. Mais puisque vous vous êtes prêté volontiers à cet exercice, je ne vois pas pourquoi je vous refuserai ce droit. Monsieur boisette, montrez-nous vos bras. »
Le compagnon de Janice se leva.
« Madame la présidente, je ne me prêterai pas un instant de plus à cette mascarade, je vais de ce pas quitter cette salle
»
« Vous nirez nulle part. gardien, amenez monsieur devant nous. Retirez votre chemise monsieur Boisette, vous navez pas le choix, cest une injonction du tribunal. »
Lhomme blond montra soudain son vrai visage. Un visage de haine et de méchanceté. La chemise tomba et les murmures samplifièrent dans la salle. Derrière le bras gauche, se trouvait la trace encore bien distincte dun tatouage réplique parfaite de la tâche de la photo, mais quon avait visiblement tenté vainement deffacer.
« Et oui, les tatouages provisoires sont faits pour disparaître, mais au bout dun temps bien plus long que vous ne laviez escompté.
La juge se tourna vers Pierre-Alain et ordonna.
« Rasseyez-vous monsieur Boisette. Il est évident que cest bien vous et non pas monsieur Loyal sur cette photo. »
Steven se déplaça et vint se positionner au bout de la rangée derrière Janice et pierre-Alain, et pointa du doigt une femme brune arborant de superbes lunettes de soleil.
« Madame la présidente, puis-je demander à madame, ici présente, de nous présenter la plante de ses pieds ? »
« Allons bon monsieur Loyal. Vous nallez pas nous faire se déshabiller toute la salle. » Lassemblée lança un rire sonore qui détendit latmosphère devenue pesante.
La femme se leva et vint se déchausser devant la juge, exposant une cicatrice sur la plante du pied droit.
« Voyez cette cicatrice madame la présidente, cest la même que celle exposée sur la plante du pied droit de la femme de la photo. Elle est la preuve que la femme de la photo est bien cette personne. Elle aussi était invitée au séminaire et javais remarqué cette marque sur une photo où elle apparaissait allongée sur un transat. Puis-je lui poser une question madame la présidente »
« Allez-y »
« Madame, qui êtes-vous ? »
« Je suis la secrétaire de Pierre-Alain Boisette. »
« Pourriez-vous nous décliner votre identité je vous prie ? »
Je mappelle Desiree Stevenson. »
« Ne seriez-vous pas également lépouse de john Stevenson, principal client de ma compagnie ? »
« Cest exact. »
« Madame, je crois que vous êtes également la maitresse de Pierre-Alain Boisette. Je suis désolé détaler ainsi votre vie privée, mais votre époux, que jai rencontré, mais raconté vos frasques amoureuses avec ce monsieur. Quil vous avait fait suivre et vous avait mise devant le fait accompli. »
« Mais, je ne vois pas ce que ma vie privée vient faire ici ? »
« Vous reconnaissez être la personne de la photo ? »
« Oui. Pierre-Alain ma dit quil voulait me faire découvrir la région et nous avons passé plusieurs nuits dans cet hôtel. Je ne savais pas quil avait pris ce cliché. Lorsque je lai découvert, jai mis un terme à notre relation. »
« Non madame, ce nest pas lui qui la pris. Cest le photographe dont le magasin est sur le même trottoir que lhôtel, moyennant une gentille somme dargent. Cest aussi lui qui a inversé la photo lors de son développement. »
La juge remercia la femme et lui demanda de retourner à sa place.
« Madame Loyal, ce que vous ignorez, cest que votre époux nous a remis les lettres de témoignage du gérant de lhôtel, attestant quil ny avait jamais été client, mais, quen revanche, il reconnaissait clairement monsieur Boisette comme un habitué, venant souvent en charmante compagnie. Il nous a également remis le témoignage du photographe en question qui nous a confié loriginal de la photo et la lettre dengagement ainsi que le chèque de monsieur Boisette.
Nous sommes ici devant un cas dune simplicité évidente. En premier lieu, monsieur Boisette, je vous mets en examen pour faux témoignage, faux, usage de faux, tentative de corruption et chantage. Je vous signale également votre mise en garde à vue à compter de cette heure et pour une durée minimum de vingt-quatre heures. Votre situation sera jugée par ma collègue du tribunal correctionnel en comparution immédiate demain. Gardien, voulez-vous emmener monsieur Boisette, son sort ne dépend plus de ce tribunal. »
Lair mauvais avait fait place à un profond abattement. Les épaules rentrées et la tête basse, Pierre-Alain Boisette suivi lagent de police et sorti de la salle daudience.
La salle était agitée, profondément choquée par cet extraordinaire revirement de situation. La juge appela au silence lassemblée et sadressa à Janice et Steven.
« Madame Loyal, monsieur Loyal, levez-vous. Attendu que les éléments de preuve déposés par madame Loyal faisant état de faute et dadultère ont toutes été avérées nulles et non avenues, je ne peux donner suite, madame Loyal, à votre demande de divorce. Vous restez donc mari et femme au regard de la loi. La séance
»
« Madame la présidente ? »
« Oui monsieur Loyal ? »
« Puis-je vous poser une dernière question ? »
« Je vous en prie »
« Vous vous souvenez certainement comment madame Loyal nous a présenté monsieur Pierre-Alain Boisette ? »
« Mais oui. Elle nous la présenté comme son compagnon. »
« Madame la présidente, y aurait-il là, aux vues des décision du tribunal, un élément de preuve recevable dans le cadre dune demande de divorce pour faute et pour adultère ? »
« Mais absolument cher monsieur. Et, si vous avez besoin de mon témoignage quant à la confirmation de cet élément de preuve, je me ferai un plaisir de vous assister. »
« Je vous remercie madame la présidente, je nai plus de question. »
Le juge saisi son marteau et frappa un grand coup sur le socle.
« La séance est levée. »
Steven se tourna vers ses s qui avaient tous les trois les larmes aux yeux. Alicia le pris dans ses bras.
« Je suis fière de toi mon Papou, tu ne mas jamais déçue. Tu es lhomme le plus droit que je connaisse. »
Addison et Anthon serrèrent chacun leur tour leur père en le félicitant.
« Mes amours, merci pour votre soutien et pour votre confiance. Je suis soulagé et heureux que tout soit terminé. Je vais rentrer à la maison me remettre de toutes ces émotions. Allez voir votre mère, je crois quelle va avoir besoin de vous. »
Steven se tourna vers la salle cherchant Madison des yeux, mais il ne la vit nulle part et se résigna à quitter le tribunal après avoir serré un nombre incalculable de mains.
Janice
Avoir vu la détresse dans les yeux de Steven avait retourné Janice. Elle ne savait plus trop si elle avait eu raison de le défier par ses propos et par son attitude. Bien sûr elle avait eu quelques rapports avec Pierre-Alain, bien sûr elle y avait pris du plaisir. Mais, si elle avait voulu latteindre et le blesser, elle sentait au fond delle-même quelle laimait toujours. Elle navait fait que se laisser guider par quelquun de protecteur, lui permettant dassouvir son désir de vengeance, de faire mal à celui qui lavait humiliée. En le voyant aussi atteint par sa conduite provoquante, elle fut mal à laise et demanda à Pierre-Alain de lui offrir un café pour séloigner de ses s et ne plus subir leurs regards chargés de reproches. Elle avait hâte de rentrer dans la salle daudience et que toute cette mise en scène se termine. Elle voulait être reconnue dans son bon droit, rien de plus.
Dès les premiers instants du procès, elle se senti décontenancée. Comment se pouvait-il que Steven se soit rendu à la conciliation ? Pourquoi ne len avait-on pas avertie ? Que sy était-il dit ?
« Mais madame la présidente, comment cela peut-il être puisquil ny a pas eu de conciliation ? »
« Cette conciliation a bien eu lieu madame, en présence de votre époux et en dépit de votre absence. Votre présence nétant nullement obligatoire, monsieur Loyal a émis le souhait de se représenter lui-même, tout comme vous lavez fait par courrier pour monsieur Boisette si je ne m. Est-ce exacte ? »
« Heu, oui madame la présidente, si vous le dites. »
« Madame Loyal, je suis ici pour dire ce qui est et doit être, ne vous en déplaise. Monsieur Loyal a parfaitement le droit de plaider sa défense et de nous présenter les éléments quil a recueillis. »
Janice senti que les choses ne se passait pas vraiment comme elle lavait imaginé. La juge avait coupé froidement la parole à Pierre-Alain qui sétait rassis avec lair dun pris en faute.
Steven, bien que très pâle, semblait tellement sûr de lui que cela la décontenançait. Voilà maintenant quil retirait sa veste et sa chemise pour montrer à toutes et tous le dos de ses bras.
Cette tâche, elle la connaissait très bien. Combien de fois, après lamour, en avait-elle suivi le contour avec son index. Elle suivit la démonstration de son mari, ne comprenant pas vraiment où il voulait en venir, mais sentant que son assurance et sa détermination ne présageait rien de bon. Elle savait dexpérience que, lorsquil était dans cet état desprit, il était à même de professer les plus brillantes démonstrations.
Voilà que Steven interpellait Pierre-Alain, lui demandant dexposer, lui aussi, le dos de ses bras. Elle vit le policier de garde savancer lair menaçant et son voisin obligé de se lever et de retirer à son tour sa chemise. Ce qui sensuivit la laissa sans voix et complétement perdue.
Pierre-Alain était en fait un imposteur qui avait menti à tout le monde et à elle en premier lieu.
Elle assista, au bord de l à la victoire écrasante de Steven et à la déroute totale de celui quelle avait eu le malheur dappeler son compagnon.
Lorsque son mari posa la dernière question à la juge, Janice crut se trouver mal. Ses jambes tremblaient et elle se sentait incapable de se relever. Elle resta là, hagarde, les yeux pleins de larmes, ne sachant quoi faire. Au bout dun temps qui lui parut très long, elle entendit la voix dAnthon la prenant dans ses bras et la soulevant de son banc. Alicia et Addison la regardait avec un air compassionnel plein damour, certes, mais dun amour meurtri.
« Pardon mes s chéris. Je me suis complétement trompée. Jai cru que votre père mavait été infidèle et jai voulu me venger. Mon Dieu, quest-ce que jai fait ? Où est-il ? »
Alicia lui pris le bras.
« Il est rentré maman. Mais nous sommes là nous. Viens, tu vas venir chez moi, il faut que tu te reposes. »
Steven
En rentrant à son domicile, Steven trouva une lettre de sa compagnie qui lattendait dans la boîte. Elle nétait pas timbrée et Steven pensa que cétait Madison qui lavait glissée dans la boîte. Il la décacheta et la lu attentivement. Le Président le mettait en congés pour dix jours à compter de la fin du procès et quil serait informé des conditions de reprise de son activité.
Ce courrier le rassura totalement quant aux intentions de son employeur vis à vis de lui. Madison lui avait rappelé les valeurs fondamentales sur lesquelles le conseil dadministration ne transigeait pas. Il pensait quelle avait due informer le siège des conclusions de la juge et que toute menace quant à son emploi au sein de la firme était définitivement écartée.
Il profita du premier jour de solitude pour faire le point dans sa tête et pour sinstaller dans la chambre dami. Il rendit visite à lépoux de la secrétaire-maîtresse de Brosette. Les premiers instants de lentretien furent délicats, Steven sachant quil venait tenter, non seulement daider le pauvre homme à trouver le moyen de pardonner à sa femme infidèle, mais aussi de récupérer la confiance que ce businessman avait eu jusqualors dans sa compagnie. Lépouse était là et avoua que laventure avec ce scélérat navait jamais duré que quelques semaines. Quelle avait souffert de solitude, son époux trop souvent absent la négligeait, ce quil reconnut bien volontiers. Elle avait fait amande honorable et leur couple avait su rebondir et repartir sur de bons rails. Steven confirma que lentreprise était étrangère à toutes les manipulations que Brosette avait fomentées et quelle sen trouvait même victime. Lhomme promis que sa pleine confiance avait été retrouvée, principalement grâce au compte-rendu du procès que lui avait fidèlement fait son épouse. Les deux hommes se séparèrent après une poignée de main des plus chaleureuse, se promettant de se revoir rapidement.
Le matin du troisième jour suivant le procès, il contacta un cabinet davocat et reçu dans la foulée la visite de maître Rivière, qui, heureux hasard, résidait dans le même quartier. Leur entretien fut long et dura quasiment toute la journée. Steven confia tous les documents de son dossier de défense ainsi que la copie des minutes du procès et le dossier paru plus que solide à lavocat.
« Que souhaitez-vous quant à la garde des s ? »
« Mes s sont majeurs il ny aura pas de souci quant à leur garde. »
« Et pour le partage des biens ? »
« Nous allons vendre la maison, à moins que mon épouse souhaite me racheter ma part. Nous avons chacun notre voiture et je lui laisse le mobilier. Vous voyez, cest simple. »
« En effet, je ne vois aucun problème à venir dans ce divorce à lamiable. »
« Vous navez sans doute pas été correctement informé maître. Ce nest pas un divorce à lamiable. Cest un divorce pour faute et adultère. Je tiens à ce que cela soit signifié dans la demande et dans le dossier. »
« Ce sera fait, vous pouvez compter sur moi. Souhaitez-vous que les frais de justice soient à la charge de la faute ? »
« Non, je ne le souhaite pas. Je ne veux quune chose, cest quune fois le divorce prononcé, je nai plus rien de commun, hormis nos s, avec celle qui sera devenue mon ex-épouse. »
Janice
Cela faisait trois longs jours que Janice tournait en rond dans la petite maison dami de sa fille. Elle ne se pardonnait pas de sêtre égarée à ce point. Elle se maudissait, se haïssait. Elle savait pertinemment que ce qui les avait vraiment soudés, Steven et elle, en dehors de la naissance de leurs trois merveilleux s, cétait cette sainte horreur du mensonge et de la trahison. Ils avaient partagé le même besoin de communication franche, sincère et spontanée pour chaque différent, chaque dispute. Jamais le moindre accrochage navait été réglé autrement que dans linstant où il était survenu. Faire la tête, être brouillés, ne pas se parler pendant des heures, ils navaient jamais connu cela. Elle se sentait plus que fautive de ne pas avoir cherché à comprendre alors quils étaient dans la cuisine ce maudit soir-là. Et en plus de ça, elle lavait giflé ! Elle se demandait ce quelle pourrait faire pour quil oublie ces turpitudes et parvienne à lui pardonner.
« Alicia, il faudrait que tu maccompagnes ma chérie, il me faut aller chez-nous prendre quelques vêtements et quelques affaires que jai laissées. Jai aussi besoin de savoir dans quel état desprit se trouve ton père et sil est prêt à me pardonner et à me reprendre. »
« Tu es sûre de vouloir faire ça maintenant ? Tu ne veux pas attendre un peu que les choses se soient tassées ? »
« Tu sais très bien que nous avons toujours réglé nos différents sans attendre. Je veux savoir si je peux retrouver mon mari et mon chez-moi. »
« Très bien, jai des choses à régler cet après-midi, mais promis, demain je temmène. »
Steven
Au matin du quatrième jour, Steven reçu une lettre recommandée de la compagnie. Il louvrit et découvrit un mot manuscrit de Madison
« Cher Steven, Je reprends contact avec vous pour vous prier daccepter toutes mes excuses pour mêtre sauvée comme une voleuse à la fin du procès. Il fallait que jinforme au plus vite le président du résultat et prenne connaissance de ses consignes, quant à votre devenir au sein de lentreprise et pour ce qui concernait mon séjour en France. Il ma demandé de rentrer immédiatement et toute affaire cessante, ce que jai dû faire, sans pouvoir prendre le temps de vous saluer et vous dire au revoir. Je tenais tout dabord à vous féliciter pour votre brillante démonstration et pour la conclusion qui, même si elle est triste, vous rétablit dans vos droits et dans votre honneur. Jai apprécié chaque minute en votre compagnie et jai hâte que nos routes se croisent de nouveaux, à titre professionnel, mais aussi privé. Vous trouverez ci-joint un billet davion pour le siège pour vendredi. Le président désire sentretenir avec vous. Jespère avoir le plaisir de vous voir si vous ne faites pas quun passage éclair dans notre charmante ville de Jacksonville. Mes amitiés à vos trois charmants s. Bien à vous Madison. »
Steven découvrit le billet en première classe et vit quil avait peu de temps pour préparer quelques affaires pour le voyage. Il prit un rapide déjeuner et commença sa valise. Il venait de boucler ses préparatifs quand on sonna à la porte dentrée. Steven ouvrit à Alicia qui entra et le pris dans ses bras.
« Comment vas-tu mon papou chéri ? »
« Je vais bien ma chérie. Les moments de grande détresse sont derrière moi à présent et je me sens vraiment mieux quil y a encore quelques jours. »
« Maman est dans la voiture. Elle voudrait prendre quelques affaires et te parler. »
« Cette maison est encore la sienne. »
Cest une Janice livide aux yeux cernés et aux traits fatigués que Steven vit entrer. Elle fuyait son regard et se précipita en haut des escaliers en direction de la chambre. Alicia embrassa son père.
« Je vous laisse tous les deux. Je taime mon Papou ; quel que soit ce quil adviendra de cette conversation, je respecterai la suite que tu lui donneras. »
Alicia sortit de la chambre avec un grand sac plein à craquer quasiment au moment où Alice sortait. Elle vint vers Steven, mais en regardant par terre. Elle arriva près de lui
« On peut se parler ? »
« On le peut, mais pas ici. «
Il lui prit le bras et lentraina vers la cuisine. Il la laissa près de la même chaise quelle occupait un mois plus tôt.
« Parlons là où tout a commencé. »
Steven sassit lui aussi à la même place.
« Je técoute. »
« Honey, je ne sais pas par où commencer, jai tellement à te dire. »
« Le plus simple serait de commencer par le début, tu ne crois pas ? »
« Tu as raison. Jai reçu la visite de Pierre-Alain, que je ne connaissais pas, un après-midi. Il ma dit être détective privé et être missionné par un client qui soupçonnait sa femme de lui être infidèle. Il ma dit lavoir pistée et avoir découvert des rendez-vous secrets avec un homme. Il avait réussi à placer un appareil photo dans la chambre quils prenaient régulièrement dans un hôtel. Il avait enquêté à la recherche de lidentité de cet homme et était persuadé quil sagissait de toi. Quand il ma montré la photo, jai eu un vertige en reconnaissant ta tâche de naissance. Il ma dit que tu travaillais dans une grande firme américaine et que tu te rendais au siège assez souvent, ce qui te faisait un prétexte assez facile pour pouvoir passer des petits séjours avec la femme sans risquer de soulever des doutes. Il ma donné plein de détails sur toi, ta voiture, tes costumes, tes lieux préférés pour déjeuner, tes principaux collaborateurs. Jétais sidérée, le ciel me tombait sur la tête. Il ma dit quen règle générale il ninformait pas la victime dun adultère, mais il avait enquêté sur moi et avait découvert que jétais une femme irréprochable et que, comme cétait trop rarement le cas, quil avait voulu que je sois au courant de ce que tu faisais dans mon dos.
Nous avons parlé pendant au moins trois heures. Jétais complétement groggy, incapable de réfléchir clairement. Steven te trompe ! Cette phrase tournait en boucle dans ma tête. Avant de partir, il ma demandé si je comptais mettre les choses au point avec toi et, si tu refusais de reconnaître les faits, sil y avait le moindre risque que tu aies des réactions violentes. Je lui ai dit que tu nétais pas un homme qui semporte facilement, mais que je ne savais pas comment tu allais réagir. Il ma alors proposé de te guetter, de te laisser deux minutes le temps dentrer et de me rejoindre à la cuisine, et de venir avec son collaborateur garde du corps qui saurait te dissuader dêtre trop véhément. Le sang bouillait dans ma tête et, quand tu es entré, je tai dit que jattendais mon soutien. Quand il est arrivé, je tai donné lenveloppe. Quand jai vu ta tête, jai été convaincue que tout était vrai. Alors je tai giflé et je suis partie en te disant quon se reverrait au divorce. Le reste, tu le connais, le procès, «
« Là, je crois que tu vas un peu vite. Il sest passé pas mal de jours entre ton départ et ton arrivée au tribunal. Quitte à tout me dire, autant ne rien cacher sur cette période de quatre semaines. »
Janice regardait ses mains posées à plat sur la table. Son regard navait pas encore croisé le sien ; Elle était pâle et tremblait légèrement. Elle pleurait et sessuyait régulièrement les yeux.
« Il ma proposé de rester à lhôtel, et quil prenait les frais en charge. Au bout dune semaine, il ma invité dans sa maison en Normandie. Là, jai pu me reposer et faire le point dans ma tête. Je ten voulais tellement. Je me sentais trahie, abandonnée, seule. Un soir dorage, il est resté pour me rassurer et je lui ai cédé. Je navais que toi dans ma tête, mais jai basculé dans une sorte de désir de vengeance, de reprise en main de mes décisions. »
« Vous êtes restés combien de temps là-bas ? »
« Jusquau procès »
« Vous avez dû baiser sans arrêt ? »
« Non, cela nest arrivé que trois fois. A chaque fois, cest avec rage que je lui ai cédé, mais toujours en pensant à toi. Malgré tout ce que jai pu dire dans la salle des pas perdus, il ny avait pas de sentiments pour moi, peut-être un peu de reconnaissance, mais rien dautre. »
« Je vais te résumer mon point de vue sur tout ça. Tu quittes la maison et trouves un hôtel. Au bout dune semaine tu suis ce type dans sa maison en Normandie. Là, vous baisez trois fois, toi par reconnaissance de ce quil a fait pour toi. Tu arrives au tribunal et tu dis aux s que cet homme est ton compagnon et quil me remplace en mieux en tout. Cest bien ça ? »
« Tu déformes la réalité et tu exagères les choses. Jai dit ça aux s, mais devant toi, pour te blesser. Jamais de la vie cet homme ne ta remplacé et ne te remplacera. Les s le savent très bien. »
« Laisse les s en dehors de ça. »
« Cest toi, ça a toujours été toi, lhomme de ma vie. »
« Je vais maintenant te dire comment jai vécu cette période. Je suis rentré un soir du travail. Je tai trouvée assise dans la cuisine, lair grave comme jamais je ne tavais vue. Tu mas dit attendre ton soutien. Jai vu arriver un monstre qui ma bloqué sur ma chaise en enfonçant ses doigts dans mes clavicules. Tu mas jeté au visage une photo sur laquelle je ne me suis pas reconnu, prise dans une pièce que je ne connaissais pas. Tu mas giflé et tu tes sauvée en me criant quon se reverrai au divorce. Le gorille a attendu cinq minutes avant de relâcher la pression de ses mains et vous a rejoint. En lespace de quelques minutes, le ciel mest tombé sur la tête.
Jai passé un mois, le jour, à chercher les preuves pour minnocenter de ce que tu maccusais et mes nuits à pleurer sur mon sort. »
« Je sais Honey, pardonne-moi. »
« Jai assez rapidement découvert la supercherie. Cétait même grossier. Jai consulté toutes les personnes pouvant mapporter les preuves du traquenard. Jai même découvert que ce type nétait pas du tout détective, mais Directeur de mon entreprise pour le Canada, et quil voulait devenir le directeur Europe. Quil était persuadé que je lui faisais concurrence pour le poste. Quil avait soudoyé sa maîtresse, sa secrétaire et épouse de notre plus gros client
Enfin bref, que ce mec était un escroc. Un escroc avec qui tu tétais envolée, sans préavis. »
« Je sais, Honey, jai perdu la tête, jétais désemparée et il en a profité. »
« Je vais te dire : Que tu aies cru à cette farce, que tu aies suivi cet homme, et même que tu aies baisé avec lui, ce nest pas le plus grave. Le plus grave, cest que tu aies piétiné les valeurs qui faisaient le ciment de notre couple. Souviens-toi : Confiance, soutien et fidélité. Toi, celle qui a toujours inculqué à nos s quil fallait toujours crever labcès pour ne pas le laisser pourrir, quil fallait parler, communiquer, que cétait ça le vrai lien, tu nas pas respecté nos valeurs. Tu serais restée ne serait-ce que le temps que lon sexplique, tu aurais constaté, comme je lai fait, que cette photo nétait pas nette, quelle avait été retouchée. »
« Jétais tellement en colère Honey, je nai pas réfléchi. »
« Moi jai eu tout le temps de réfléchir. Tu ne mas laissé aucune chance de mexpliquer. Pire encore, tu as voulu me faire jeter en prison. »
« Non, cest lui qui
»
« Tu étais sa complice. Ton compagnon as-tu dis au juge, en me regardant avec un air provocateur comme je ne tai jamais vu. Faux, usage de faux et tentative de corruption ? »
« Si tu savais comme je regrette Honey. »
« Jaimerais savoir : Cet homme ma-t-il remplacé à tes yeux ? »
« Mais non, jamais de la vie. »
« Pourquoi lavoir dit alors. »
« Pour te blesser. »
« Tu reconnais que tu as menti ? »
« Oui Honey, jai menti pour tatteindre. »
« Mais alors, si tu reconnais que tu as été capable de mentir, quest-ce qui me prouve que tu nes pas en train de me mentir maintenant ? »
« Mais non, je te le jure
»
« Ne jure pas. Il y a un mois tu me jurais encore fidélité. La vengeance nexcuse pas tout. Tu mas menti, tu mas trahi, tu mas trompé. Au tribunal, quand je vous ai vu arriver, la main dans la main, lair heureux et épanouis, jai eu un vertige. Je nai pas reconnu la femme que jaimais. Je nai pas reconnu la femme dont jétais tombé amoureux et que jadorais. Jai découvert une inconnue, vicieuse, méchante, capable de tout. «
« Oh ! »
« Je suis allé vomir en te maudissant. Jai vomi et craché ce quil me restait damour pour toi. Je suis resté quelques instants à me regarder dans la glace en me demandant qui était cette femme ? Pourquoi elle me paraissait ne rien avoir de commun avec celle que jaimais encore. Je suis revenu vers les s en me disant que tu étais devenue une étrangère pour moi. »
« Oh non Honey ! tu ne peux pas dire ça. »
« En fait, je me suis rendu compte à ce moment-là que javais perdu lamour que javais pour toi à linstant où tu avais quitté la cuisine. Que je navais rien de commun avec cette femme que tu étais devenue. Même si tu demeures la mère de mes s, je nai plus de sentiment pour toi. »
« Non Honey, ne dis pas ça. On sest aimé, profondément. Un amour comme le nôtre ne peut pas mourir. »
« Mais il nest pas mort ! Tu nes tout simplement plus la femme que jai aimée plus que tout, plus que ma vie. La femme pour qui jaurais tout donné. Tu es devenue une parfaite étrangère pour moi. En dehors du lien que représente nos s, tu nes plus rien pour moi. »
« Mais laisse-moi au moins une chance de redevenir cette femme. Laisse-moi au moins la possibilité de te prouver que tout cela nest quune regrettable erreur que le temps pourra effacer. Jai droit à cette chance, tu me la dois Honey. »
« Je ne te dois rien du tout, et arrête de mappeler Honey. Tu as voulu ma perte, tu nas rien fait pour essayer de comprendre, tu nas pas eu le moindre doute. Tu mas cru coupable sans discussion. Tu mas cru capable de te tromper. Tu as décidé seule que jétais coupable. Tu nas eu besoin de personne pour en être persuadée. Et moi, Jai fait face seul, sans toi. Je me suis défendu de toi, de tes soupçons, de tes accusations. Jai pris ma décision, nous allons divorcer. Cest ce que tu voulais, mais cest à ma demande que cela aura lieu. »
« Tu ne veux pas me laisser au moins une chance de te reconquérir ? »
« La femme que tu es devenue ne pourra jamais, ni me plaire, ni me reconquérir. Cest sans rémission. Je vais mettre la maison en vente. Tu auras la moitié de sa valeur. Je te laisse le mobilier. Je ne peux plus vivre dans cet univers qui ne me ressemble plus. Demain je vais au siège. Jai des choses à faire pour préparer mon voyage. Je vais y aller. Tu peux tinstaller ici ou rester chez Alicia, comme tu veux. Nous nous reverrons au divorce. »
Janice
Les heures et les jours passent, tous à lidentique pour Janice. Elle erre sans but dans cette maison. Elle pleure la plupart du temps, affalée dans le canapé du salon. Une fin daprès-midi, Alicia vit que les volets étaient fermés alors quil faisait encore jour. Elle alla frapper à la porte de sa maison dami.
« Maman ? cest moi. Tout va bien ?
La porte nétant pas verrouillée, elle entra. La maison était plongée dans lobscurité. Elle alluma le plafonnier et découvrit Janice, allongée sur le canapé, les yeux révulsés, un verre renversé sur la moquette et plusieurs plaquettes de médicament vides sur le guéridon. Elle se précipita près de sa mère et lui prit le pouls.
« Maman, maman, réveille-toi. »
Janice était inanimée et neut aucune réaction. Elle appela les urgences. Une ambulance arriva quelques minutes après et deux infirmiers lemportèrent sur un brancard.
Steven
Steven fut accueilli à laéroport par Madison qui lui fit la traditionnelle accolade. Elle le conduisit au Best Stay America Hôtel, où séjournaient les visiteurs importants pour la compagnie.
« Après treize heures de voyage, vous devez avoir besoin de repos Steven. Je passe vous prendre vers dix heures demain matin. Passez une bonne nuit. »
Steven sinstalla dans sa chambre qui était une véritable suite. Dhabitude, il avait droit au Inn Hôtel, confortable, certes, mais à des années lumières du luxe de celui-ci. Il appela tour à tour chacun de ses s pour leur donner de ses nouvelles puis se coucha et dormit dun sommeil réparateur.
A lheure pile, Madison fit son apparition dans le salon de lhôtel où lattendait un Steven en pleine forme.
« Vous avez bien dormi ? »
« Comme un bébé. Mes s vous saluent et vous embrassent. »
« Cest gentil à eux, cela me touche. Bon, aujourdhui, rendez-vous avec le big boss à onze heures dans le salon particulier de la compagnie. Ensuite, je vous prends pour un déjeuner au Capital Grill, un très bon restaurant où lon cuisine un excellent buf grillé. Cet après-midi, nous avons une visite à faire qui vous prendra jusquen fin de journée. Demain, vous avez quartier libre ; Si cela vous tente, je vous ferai visiter ma ville, Ferdinanda Beach, sur Amelia Island. Vous verrez, cest très pittoresque et ça vaut le détour. »
« Quel programme alléchant, je men réjouis davance. »
Il ne leur fallu que quinze minutes pour se rendre au siège qui était, lui aussi, près de lestuaire de la Saint John River, quartier économique de la ville.
Madison laccompagna jusquà un grand salon au dernier étage de limmense tour du siège et lui proposa de sasseoir.
« Je vous laisse. Je reviens vous chercher vers douze heure trente. »
Les quatre murs du salon étaient décorés des portraits des membres des conseils dadministration depuis lorigine de la compagnie. Il nota quil y avait toujours eu douze membres.
Il fut étonné de découvrir quil manquait la photo du conseil actuel.
Une secrétaire arriva.
« Bonjour Monsieur Loyal, si vous voulez bien me suivre, le président vous attend. »
Steven fut introduit dans une pièce qui devait bien faire plus de cent cinquante mètres carrés. Le président, Kenneth Jackson fit le tour dun immense bureau et savança vers lui la main tendu.
« Bonjour Monsieur Loyal. Vous permettez que je vous appelle Steven ? »
« Je vous en prie monsieur le président. »
« Dans ce cas, pour moi, ce sera Kenneth. Steven, jai suivi avec beaucoup dattention votre aventure judiciaire. Jai tenu à être informé jour après jour de lavancement des évènements. Madison est une fidèle collaboratrice en qui jai toute confiance. Elle ma relaté vos démarches, votre enquête, dans les moindres détails. Vous avez échappé à un lynchage qui aurait pu vous détruire, tant du point de vue personnel, que professionnel. Vous savez parfaitement, en tant que cadre dirigeant, que je suis intraitable envers le moindre manquement aux valeurs de la compagnie. Les charges qui étaient portées contre vous pouvaient, non seulement briser votre carrière, mais aussi vous conduire tout droit en prison. De plus, les accusations dont vous faisiez lobjet pouvaient compromettre la réputation de la compagnie, mais aussi faire fuir de nombreux clients, dont le premier dentre eux vous lavez compris. Madison ma rapporté avoir découvert un homme profondément abattu et incapable de prouver son innocence. Elle ma dit dans un second message quau cours dun entretien avec elle, vous aviez eu une sorte dillumination, que depuis lors vous étiez hyper actif accumulant les témoignages et éléments de preuve et que vous constituiez un dossier conséquent en vue du procès. Elle ma enfin fourni tout un tas de détails sur votre état desprit, sur votre persistance à poursuivre une idée jusquau bout, et sur ce qui lui a semblé être une conduite assez exemplaire en de telles circonstances. »
« Cest un trait de mon caractère, je nabandonne jamais. »
« Je ne sais pas si cela est bien légal dans votre pays, mais Madison a enregistré le contenu de votre exposé devant le juge et men a fait une présentation assez complète explicitant le comportement des principaux protagonistes. Je vous avoue vous avoir découvert là et avoir trouvé la confirmation des impressions que mavaient donné vos résultats, notamment depuis que vous dirigez la région France de la firme. »
« Je ne savais pas que vous suiviez cette affaire à ce point de détail. »
« Jai appris également de la bouche même de notre principal client, John Stevenson, que vous lui aviez rendu visite et réussi à le ramener dans le giron de la compagnie, ce qui nétait pas, selon lui, gagné davance, en raison de sa situation conjugale liée à votre affaire. Votre brillante démonstration, le rapport plus quélogieux que men a fait Madison et le portrait quelle ma dressé de vous mont convaincu. Steven, votre place est ici, à Jacksonville, auprès de nous. Le siège a besoin dun dirigeant comme vous et le conseil dadministration a besoin dun patron de votre envergure. Mike Dreyers vient de prendre sa retraite, vous allez le remplacer et codiriger le siège avec Madison. Jai son accord, elle est enchantée par la perspective de collaborer avec vous. »
« Je suis honoré par cette proposition. Jespère men montrer digne. »
« Je suis persuadé que Madison et vous allez porter notre compagnie vers les sommets, je nai aucun doute là-dessus. Avant de vous laisser, je souhaiterais vous présenter ma fille qui travaille à mes côtés depuis cinq ans maintenant. »
Il se pencha sur son bureau et actionna linterphone.
« Faites-la venir je vous prie. »
La porte souvrit et Steven fut stupéfait de voir apparaître une Madison tout sourire.
« Mais, je
»
« Comment pouviez-vous savoir que Madison est ma fille chérie. Elle a gardé son nom dépouse, un bien curieux stratagème pour brouiller les pistes vous en conviendrez. Tout comme vous, ma fille a vécu une terrible désillusion conjugale et, tout comme vous, elle a trouvé la force de sen remettre. Ce dramatique point commun peut être une force pour lentreprise et je suis persuadé que vous saurez le conjuguer, ensemble, pour donner le meilleur de vous-mêmes. »
« Mais kenneth
»
« Steven, désormais, ce sera Ken. Seuls mes proches ont le privilège de mappeler ainsi. Vous avez su gagner ma confiance Steven, ne me décevez jamais et vous aurez le meilleur avenir dont vous pouviez rêver. »
« ken, je ne sais comment vous remercier. »
« Cest très simple, restez lhomme que jai découvert pendant cette sombre affaire et soyez moi « loyal », si je puis me permettre ce jeu de mot. »
Les deux hommes éclatèrent de rire et se quittèrent après une franche poignée de main.
Steven redescendit au rez-de-chaussée avec une Madison plus que jamais rayonnante.
« Et si nous allions déjeuner Steven après toutes ces émotions ? »
Janice
Janice émergeât du sommeil dans lequel elle était plongée depuis sa tentative de suicide. Elle avait voulu en finir avec la vie, ne la supportant plus et ne se supportant plus. Une infirmière vint senquérir de son état de santé, lui pris la température et lui tendit une lettre remise par Alicia avant de quitter la chambre. Cétait un mot de Steven :
« Janice, Il est un temps pour la guerre, et il est un temps pour la paix. Ce que nous avons traversé laissera sans doute des traces indélébiles, tant pour toi que pour moi. Nous avons vécu une histoire que rien neffacera et qui nous aura donné trois merveilleux s. Nous aurions pu poursuivre notre route, ensemble, jusquà ce que la mort nous sépare, comme nous nous y étions engagés par les vux du mariage. La vie ne la pas voulu ainsi et, en dépit dune affection qui restera encrée dans notre cur, nos chemins se séparent à présent et nous devons, toi et moi, apprendre à poursuivre notre destin séparément. Je nefface rien de la merveilleuse histoire que nous avons écrite, mais, aujourdhui, je mapprête à en écrire une autre. Tu as le droit dêtre de nouveau heureuse, et je te souhaite le meilleur. Je ne toublierai pas, quoi quil marrive à lavenir et jespère quil en sera de même pour toi. Prends soin de toi. Steven. »
Alicia entra dans la chambre et la trouva en pleure.
« Maman, tu nas pas le droit de nous priver de toi. Ce quil sest passé entre toi et papa, appartient désormais au passé. Il faut que tu ailles de lavant et que tu cherches à te reconstruire pour pouvoir être de nouveau heureuse. Addison, Anthon et moi feront tout pour ty aider et te rendre la vie la plus agréable possible. Tu es encore jeune, tu as le droit de refaire ta vie. »
« Merci ma chérie, tes mots me réconfortent. Je sais que jai perdu lamour de ton père, mais il mécrit ne pas me garder rancur de tout le mal que je lui ai fait, et ça apaise mon esprit. Je vais prendre le temps daller mieux, puis jirai passer quelques temps chez ma sur en Provence pour réfléchir à ce que je veux désormais faire de ma vie. Ne tinquiète plus pour moi, le mot de ton père ma en quelque sorte délivrée dun énorme poids de culpabilité et je crois être capable daccepter la vie sans lui, même si je suis certaine de ne jamais retrouver un amour aussi fort. »
Steven
« Steven, jai voulu que nous déjeunions ensemble parce que je souhaiterais vous faire plusieurs propositions qui, je lespère, vont vous plaire. Jaimerais que nous ayons une promiscuité professionnelle permanente. Jaimerais que la complicité qui est née entre nous pendant la période douloureuse que vous venez de traverser se poursuive au sein du siège de notre compagnie.
Parlons-nous en français et tutoyons-nous si tu ny vois pas dinconvénient. »
« Jallais te le proposer. »
Madison lui tendit un recueil de photos.
« Voilà. Cet après-midi, je te ferai découvrir notre espace professionnel. Je lai conçu comme un espace partagé. En effet, je propose que nos deux bureaux soient installés dans la même pièce. Rassure-toi, celle-ci est suffisamment spacieuse pour que nous ne soyons pas lun sur lautre. Quen penses-tu ? »
« Jaime que nous soyons lun en face de lautre. La pièce à lair très grande en effet et je trouve que tu as fait un très bon choix en matière daménagement et de mobilier. »
« Ce nest pas la seule chose pour laquelle jaurai besoin de ton accord. Il nous faut quelquun pour nous assister dans nos activités ; Jaimerais que nous ayons un cabinet avec deux ou trois personnes, et un directeur de cabinet. »
« Oui, cest une excellente idée. Tu aurais quelquun en vue ? »
« Et bien je crois avoir déniché la perle rare. Elle a un master en relation publique et pourrait nous rejoindre rapidement. »
« Alicia a obtenu ce diplôme, cest vrai quil correspondrait plutôt bien à ce type de poste. »
« Tu ne crois pas si bien dire, car cest Alicia que je me suis permise de recruter. »
« Mais, comment est-ce possible ? Mais et Wilfried ? »
« Et bien figure-toi que nous cherchions un ingénieur pour diriger la branche Ingénierie. Ton gendre est lhomme de la situation et je lai recruté lui aussi. »
« Mais comment as-tu fait ? »
« Mon cher Steven, il ne se passe pas que des choses négatives dans ton dos. Jai approché tes s pendant la période que jai passée en France. Bon, reprenons. Notre association a également besoin dun expert juridique, pour concevoir les contrats, que ce soit avec nos collaborateurs, comme avec nos clients et fournisseurs. Comme il sagit dune activité à construire de toute pièce, jai pensé que lidéal serait de prendre quelquun qui débute dans la vie active, et qui pourrait construire le profil de son poste tout en poursuivant ses études. Là aussi, jai trouvé la perle rare. Elle a déjà un M1, vient dêtre admise à Harvard et je crois même que tu la connais. »
« Fichtre, ce doit être quelquun de brillant. »
« Tu ne crois pas si bien dire Steve, car il sagit dAddison. »
« Mais, comment est-ce possible ? Comment as-tu fait ? »
« Et bien nous nous sommes rencontrées et nous avons échangé sur ses souhaits, et en matière de cursus, et en matière davenir professionnel, et nous sommes arrivés à nous mettre daccord sur les termes dun contrat. »
« Tu es une femme extraordinaire Maddison, quelle chance jai de te connaître ; »
« Il me reste encore un dernier détail à voir avec toi. Wilfried ma soufflé lidée quil nous serait possible de profiter de la bonne publicité faite autour de la brillante conclusion de tes démêlés judiciaires pour élargir notre champ dinvestigation et nous lancer dans la conception darticles pluridisciplinaires. Nous pensions, entre autres aux sports dhiver et aux sports deau. »
« Oui, cest une excellente idée, mais il va falloir organiser la branche ingénierie en conséquence. »
« Et bien cest tout à fait ça ! Figure-toi que je viens de recruter un jeune futur ingénieur, qui vient juste dêtre admis à Stanford. Son cursus se fera en alternance, ce qui lui laissera suffisamment de temps pour mettre en place le service quil nous faut. »
« Cest un enjeu risqué, mais si la personne est vraiment sérieuse et bosseuse, cest un pari qui peut être gagnant-gagnant. Les places sont chères à Stanford, comment as-tu fais pour dénicher ce phénomène ? »
« Oh, je lai rencontré incidemment lors de mon séjour en France, et il na pas du tout été difficile à convaincre. »
« Décidément, tu métonnes de plus en plus. Je le connais ? »
« Je crains bien que oui. Cest Anthon. »
« Mais, cest prodigieux. Tu as réussi le miracle de réunir mes s autour de moi, de les faire entrer dans notre entreprise. Même si pour eux cest un changement de vie assez soudain, de nous savoir proches les uns des autres, va grandement faciliter les choses. Madison, tu es la femme parfaite. »
« Je ne suis pas si parfaite Steven. Comme toutes les femmes, jai quelques défauts. »
« Je serais bien intéressé de savoir lesquels. »
Madison le regarda droit dans les yeux avec un sourire malicieux.
« Eh bien, cher collègue, tu as tout le temps de les découvrir par toi-même. »
Après le repas, elle lui fit découvrir son nouvel environnement professionnel, ce qui lenchanta. Elle lui proposa de lhéberger, le temps quil trouve où poser ses valises.
Arrivés au domicile de Madison, elle lui proposa de prendre une douche avant de servir lapéritif face à locéan.
Steven venait de couper leau de la douche et commençait à sessuyer quand la porte souvrit sur une Madison au regard déterminé. Elle le regarda tranquillement de haut en bas
« Steven, je le savais, tu es lhomme parfait. »
« Je ne suis pas si parfait Madison. Comme tous les hommes, jai quelques défauts. »
« Je serai bien intéressée de savoir lesquels. »
Il sapprocha et la prit dans ses bras.
« Eh bien, chère collègue, tu as toute la vie pour les découvrir par toi-même. »
Ils sembrassèrent fougueusement.
Comments:
No comments!
Please sign up or log in to post a comment!