Contes Érotiques : Le Chalet De Louisette

Noël 1964, il neige dru, c'est fin d'après-midi. La fille porte un anorak bleu pâle
bien rempli et un gros bonnet. Encroquemitouflée sous sa capuche, elle ne montre que
ses yeux bleu d'huitre.
- Elle m'a dit moi c'est Katy, toi tu es JP du chalet d'en haut, ma copine m'a parlé
de toi : le train de Lourdes-Argelès et l'autobus quand tu as aidé le chauffeur à
mettre les chaînes dans le défilé...
- On monte ensemble l'escalier étroit de béton gris du téléphérique de la Laquette.
Ses Allais 60 me donnent confiance. Parce qu'ici, c'est pas juste parce que la fille
est bien faite qu'on va l'embarquer dans les solitudes glacées...
- En bas la neige faisait silence mais sur la plateforme ici, c'est le blizzard : vent
violent qui balance la passerelle genre pont suspendu et la structure mécano avec les
grandes roues. Ca oscille, ça siffle, les câbles se tendent et la nacelle repart en
arrière pour quelques mètres : pour éviter que ça tape ; c'est fini, c'était la
dernière montée : on est coincés, on pourra pas redescendre.
- La fille est là, coite, et nous restons ensemble. Les planches de la passerelle sont
gelées, zippantes, la neige fraiche balayée par le vent. Nous avançons en laissant
traîner le bout des skis pour faire un troisième appui, genoux fléchis, prudents. Il
n'y a pas un chat et les grands sapins sont tout noirs par en-dessous.

On chausse ; le tire-fesse de la Piquette est arrêté. Hors de question de pousser pour
traverser la combe et ramer par la Gaubie, lacets de pékins. On va couper par les
Sapins pour rejoindre le chalet de Louisette et descendre par les prés jusqu'au
village.

Je me dis qu'à tout prendre on se réfugiera chez Louisette. Si on ne peut plus passer,
elle nous fera souper ; elle a le téléphone, Louisette, on pourra prévenir. J'ai déjà
chaud au ventre de penser ça.

.. La Katy je la serrerai dans mes bras dans le chalis et
on se tiendra comme ça jusqu'au matin, l'un contre l'autre.
Ils sont combien dans ce chalet ? Il y a Louisette et son mari, sa vieille mère, sa
soeur... Elle aura bien un coin de chalis à nous donner, Louisette...

En haut rien n'est tracé à travers les sapinettes et dans cette neige profonde avec ce
vent qui monte fort par la Glère on n'y voit que dalle. Pas question de tomber car
déjà qu'à sec le masque est couvert de neige ce serait la cata.
- En plus il fait froid pelard et il n'y a plus personne.


Katy je ne la connais pas ; heureusement elle est taiseuse et tout va bien : on y va
l'un derrière l'autre, à peine si on se voit l'un l'autre. On avance, on glisse, on
trace. Ca dure longtemps. Les racines, les branches mortes, les trous de neige. Les
branches des sapins à écarter ou bien passer dessous, pleines de neige qui dégouline.
On sait pas bien où aller mais il n'y a pas à se tromper, c'est de la trace directe
dans les sous-bois et la profonde.
- Arrivés à la piste dite des Sapins, on retrouve nos marques et la descente qu'on
connait bien. Heureusement car il faut glisser en aveugle, les yeux fermés, entre les
futaies. Le pont sur le gave de la Glère est étroit et son shuss à ne pas rater sous
peine de pousser longuement de l'autre coté sur le plateau du Lienz.
La descente des prés est facile malgré cette obscurité blanche de fin de journée sous
averse de neige. Juste penser qu'il faut alléger pour passer les murettes et ne pas
s'inquiéter du vide mou derrière...
On a fini au village, chez Honta, l'épicier-bar-tabac, à écouter le juke-box avec Joël
Marcou, JC Palerme et quelques autres du lycée d'Argelès.

Katy avait un pull bleu, pâle comme ses yeux. La laine aux grosses mailles moulait sa
belle poitrine d'adolescente sportive.
Elle buvait un Cacolac qui donnait une saveur
chocolat à ses lèvres. Serrés dans un coin du bar on se bécotait ardemment. Mes mains
ont encore aujourd'hui dans les paumes le souvenir du goût râpeux de la laine de son
pull bleu et de ses tétons dressés.
- Bien longtemps après j'ai acheté ce disque de Marc Arian et depuis je le passe
souvent...
- Ce disque, Katy, c'est un gars en Djet Bonnet qui le passait dans son mange-disque
Philips accroché sous le tableau de bord avec un sandow de vélo. Un gars qui m'a
emmené, quelques mois après, au Tourmalet un matin d'été ; cadeau de l'ancien au
jeunot.



C'est drôle mais au lieu de rêver à ce que j'avais eu, à ses lèvres, à ses baisers
passionnés et au rond de ses seins sous la laine, j'ai fantasmé pendant bientôt trente
ans sur ce qui m'avait échappé ce jour là... Cette nuit là plutôt :

Le chalis du chalet de Louisette avec sa couette épaisse, son plafond de bois pentu et
bas, le petit lavabo où nous nous étions l'un après l'autre débarbouillés. Le souper
de garbure, l'omelette et la bouteille d'alcool blanc partagés avec la famille. Le
regard un peu jaloux de la soeur de Louisette avec qui j'avais, les étés de notre
enfance, galopé de crête en vallon, de lac en sommet par les sentiers accrochés aux
flancs de la montagne avec notre bande de gamins.

La lumière qui s'était éteinte, coupée d'ailleurs par je ne sais qui et nous deux qui
nous étions enroulés dans le lit, habillés, moi de mon slip, elle de sa culotte et
d'un chemisier.
Mes mains, très vite, avaient libéré ses seins des boutons du chemisier. Des seins
épanouis, gros et mous avec des pointes dures, dures mais dures. Des seins auxquels je
frottais mon thorax et qui me cherchaient en s'écrasant contre moi.
Elle a simplement descendu l'élastique de mon slip et l'a mené aux chevilles.
Elle a
tiré mon genou pour que je dégage le premier pied. En redescendant j'ai envoyé le slip
au fond du lit.

Ses mains avaient pris possession de moi. Elle m'a dit, tu sais tu es mon premier
garçon en vrai. J'ai deux frères, je sais comment c'est fait les garçons et ce qu'ils
aiment. Mais jamais je n'ai été comme çà dans un lit avec un gars.
Moi je trouvais que pour une novice, elle allait pas mal.
Je me disais si tu sais te débrouiller au matin tu te seras fait une copine. Mais
faudra faire gaffe à pas lui faire le bébé.

J'ai voulu lui descendre moi aussi la culotte. Mais elle ne voulait pas. Elle disait,
ma petite fleur n'est pas pour toi.

Elle savait y faire et ça n'a pas trainé, je suis parti dans ses mains aimantes et
elle m'a doucement apaisé en me gardant au chaud dans ses paumes couvertes de mon jus
d'amour. Je me suis endormi la tête au creux de son cou.

Le matin le blanc de la neige illuminait ce recoin de mansarde par un fenestron de
toiture. Je me suis réveillé le premier. Ses mains ne m'avaient pas lâché. Je suis
parti sous la couette pour la trouver, j'ai descendu d'autorité sa petite culotte.
Elle a compris que mes intentions étaient nobles et s'est ouverte à ma bouche. Sa
touffe était ouverte sur sa fleur et j'y ai, sans rien voir, posé mes lèvres.
L'intérieur était doux et sucré. J'ai bu.
Ma langue est remontée et Katy s'est mise à vibrer comme un insecte prisonnier. Je
n'ai pas bougé. Ma langue sentait son bouton grandir et la peau s'ouvrir. Ma langue
est remontée comme un archet sur les cordes d'un violon.
Katy a eu des soubresauts puis s'est blottie dans mes bras.

Nous avons attendu ainsi que le chalet s'éveille pour nous lever et venir rejoindre
les autres au petit déjeuner.
La soeur de Louisette me regardait à la dérobée. Je n'étais pas peu fier des regards
alanguis que Katy me portait.


jpj, Barèges 9/2012

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