Il Ne Faut Jurer De Rien.
Pour écrire une histoire, il faut un déclic, lidée qui jaillit on ne sait trop pourquoi, ni comment.
Perdu dans ses pensées lors dune balade. La nuit, alors que lon cherche le sommeil après sêtre levé pris dune envie pressante. En regardant un film, en entendant une chanson
Ou en lisant un récit sur HDS.
Justement, je lisais pour la troisième fois « Alice et Fred », le dernier récit de Lætitia. Jen étais au moment où Fred, qui a suivi son épouse, la voit attablée au restaurant avec celui qui la draguée lors du mariage, il hésite. Jessaie de lencourager « Vas-y Fred. Vas-y fait un scandale, fout ton poing dans la gueule de ce salaud ». Il ne mécoute pas, deux fois ne lui a pas suffi, il regarde cette fois encore Alice partir au bras celui qui va devenir son amant.
Et là, LE DÉCLIC, « et sil était entré dans le restaurant ? ».
Déjà, dans « Destins croisés » du même auteur (ou de la même auteure ?), rappelez-vous, le samedi, alors quÉmilie rencontre en cachette son amant pour rompre. Et si son mari était arrivé à ce moment-là ? Bien sûr ça naurait pas été la même histoire.
« Le mari intervient ». Sur cette simple idée, jai bâti une histoire qui na rien à voir avec celles de Lætitia. Mais que cela ne vous empêche pas daller les lire, si par un hasard bien improbable vous les avez manquées. Ce qui me semble inconcevable.
---oOo
Je laime. Elle maime.
Est-ce si important de pardonner ? Un accro dans un couple, nous ne sommes pas les premiers, nous ne serons pas les derniers. Le pardon est la meilleure preuve damour, mais ça veut dire quoi pardonner ? Moi, jessaie surtout doublier.
Elle a regretté rapidement, ma juré que cétait la première fois, que ce serait la seule. Ma juré naimer que moi, que cétait une erreur. Quelle ne comprenait pas pourquoi. Quelle avait honte delle, quelle ne voulait pas me perdre, ni surtout me faire souffrir.
Je lai cru. Cétait ça le plus important, enfin pour moi. Pourquoi chercher une raison. Cest le passé, on ne peut pas revenir en arrière.
Je lui en ai voulu. Je narrivais pas à admettre ses mensonges, sa trahison, imaginer un autre lembrassant, la pénétrant, limaginer avec une bite dans la bouche, y prenant du plaisir. Je narrivais pas à accepter quelle ait pu me tromper.
Trompé, cest le mot. Impossible de dire « cocu », cest sordide, un peu sale. Ce nest pas ce quelle voulait. Je la crois.
Ça ma fait réfléchir, cest tout ce que je pouvais faire. Jai compris combien je tenais à elle, combien je laimais. Jétais prêt à fermer les yeux pour ne pas la perdre. Mais javais mal.
Elle regrettait ce mal quelle me faisait, sen voulait davoir cassé notre si belle entente, notre complicité. Regrettait-elle les moments passés avec lui ? Le plaisir quil lui a donné ? Car elle a joui avec lui, elle a écarté les cuisses pour lui. Comment oublier ces images qui mobsèdent ? Disons plutôt, qui mobsédaient quand jai su.
Jai compris ses remords, elle était sincère. Pourquoi vouloir chercher plus loin. Soit, je partais, finie notre vie à deux, soit, cest ce que jai choisi, je voulais vieillir avec elle, avoir des s avec elle, parce que cétait elle, aussi simple que ça. Ça ne pouvait pas être avec une autre.
Je ne veux pas savoir, je ne veux plus savoir.
Il y a un an, jai décidé de lui faire confiance. Il le fallait, sans réserve. Dire que pour une bêtise
un dérapage
mais pour elle cétait sûrement plus, beaucoup plus, cest ce qui ma fait mal. Je ne veux plus y penser.
Le temps a passé. Lui seul sait apaiser les douleurs. Sa passion retrouvée entre mes bras. Le même désir lun pour lautre. Lavenir, notre avenir, à bâtir ensemble.
Lors des dernières vacances, nous avons retrouvé notre complicité. Ironie, cest le jour où Lisa a accepté que je la sodomise que nous avons évoqué le projet de faire un bébé.
On ne gagne pas à tous les coups
vingt fois sur le métier
Ce nétait pas pour me déplaire.
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Comment le doute sest-il infiltré en moi ? Comment ce doute sest-il transformé en soupçon ? Toujours est-il, javais limpression de revivre le même cauchemar quil y a un an.
Un SMS quelle ne lit pas si je suis à côté delle, son ordinateur quelle ferme quand je mapproche, son téléphone qui ne traîne plus dans le salon, ses appels rapides à voix basse dans la cuisine quand que je regarde un film à la télé. Des petits riens, qui vous pourrissent la vie.
Quand je la regarde, comme ça, parce que cest ma femme, que je la trouve belle, toujours aussi belle, elle se sent gênée, me renvoie un sourire que je sens . Si ça ce nest pas un indice.
Au lit, tout est parfait, trop parfait même. Toujours demandeuse, jamais à me repousser comme ça arrive inévitablement dans tous les couples, la fatigue, le manque denvie. Toujours prête à me satisfaire, comme si
comme si elle avait quelque chose à se faire pardonner.
Comme lan dernier, comme
non, ce nest pas possible.
Bien sûr, nos relations en pâtissent, je suis plus nerveux, je lui réponds parfois de façon brusque. Elle aussi, parfois plus tendre, trop tendre, parfois, elle me rabroue pour des motifs futiles.
Ce soir, elle a lair perturbé, « quelle journée ! Je suis crevée » me dit-elle. Nous parlons peu, elle a lair soucieuse. Une fois couchés, elle me repousse gentiment quand je la prends dans mes bras
- Pas ce soir mon chéri, je suis fatigué, demain ça ira mieux.
« Tiens ! »
De temps en temps, elle va faire du shopping avec ses amies, je ny ai jamais trouvé à redire, normal de sortir avec ses amies. Et puis, je nai pas la patience. Mais aujourdhui, vendredi, après-midi de RTT pour nous deux, en prenant le café, ça fait tilt lorsquelle me dit :
- Je me dépêche mon chéri.
- Tu veux tacheter quoi ?
- Rien de particulier. Si je trouve un beau pull pour toi, je te le ramène.
Pourquoi ai-je du mal à la croire ? Pourquoi cette boule dans mon ventre ? Pourquoi aujourdhui, ai-je envie de la suivre ?
Je nose pas lui parler directement. Je ne suis sûr de rien.
Je veux savoir, en avoir le cur net.
Je la suis de loin. Avec la circulation, elle ne peut pas me voir. Ne pas la perdre de vue. Elle se dirige vers le centre-ville, là où se trouvent toutes les boutiques quelle a lhabitude de dévaliser avec ses amies.
Elle va les retrouver. Jai encore lespoir de passer pour un idiot. Le mari jaloux qui suit sa femme, la honte
Je me suis fait tout un cinéma pour rien.
Une petite rue, elle se gare. Vite, trouver une place libre un peu plus loin. Où est-elle ? Il ne faudrait pas que je lui tombe dessus, jaurais lair malin.
Là-bas. Je la vois traverser la rue dun pas assuré, elle sait où elle va, droit sur un des cafés qui bordent cette place très animée à cette heure de la journée. Directement vers une table déjà occupée, ni par Julie, ni par Monique. Il est là, lui, je ne lai aperçu quune fois, mais je le reconnais, aucun doute, celui que jespérais ne jamais revoir.
Petites bises. Lisa semble nerveuse, parle de façon saccadée, regarde autour delle comme si elle avait peur quon les surprenne ensemble.
Alors ils continuent à se voir, malgré ses déclarations damour, malgré nos vacances, malgré nos projets
Ils se parlent, il lui prend la main. Elle la retire rapidement. Bien sûr, elle ne veut pas que quelquun puisse les voir, puisse comprendre. Jimagine quils vont aller dans un hôtel du quartier, cest ça son shopping !
Tant pis pour les conséquences, il me faut intervenir. Je vais la prendre la main dans le sac. Cette fois, juré, plus de pardon possible.
Ah ! si François avait pu entendre ce qui se disait à la table, devant le café qui refroidissait dans les tasses.
---oOo
- Xavier, arrête de me harceler, arrête de me téléphoner, arrête de menvoyer des messages.
- Je ne te harcèle pas, javais juste envie de te voir.
- Tes messages, tes appels, le soir chez moi. Tu es devenu fou, tu penses à mon mari ?
- Ma Lisa, je pense trop à toi, à nous.
- Je ne suis pas ta Lisa. Jaime mon mari. Lan dernier cétait une folie. Cest le passé.
- Mais je tiens à toi.
- Pas moi, je naurais pas dû.
- Tu regrettes ?
- Non, enfin si
Pas les moments passés avec toi bien sûr, mais davoir trompé mon mari, davoir mis mon couple en danger.
- Il ne le saura pas, je serais discret.
- Comprends que cest terminé. Toi aussi tu es marié, pense à ta femme. Ne gâche pas tout, cest de lhistoire ancienne.
Xavier lui prend la main. Elle la retire rapidement :
- Ça va pas non ?
Je tai dit non.
- Juste une fois, on pourrait
.
- Non, cest non. François ma pardonné, cest le plus merveilleux des maris. Nous voulons fonder une famille.
- Mais
- Laisses-moi tranquille. Je te le demande en souvenir de ce que nous avons vécu.
- Tu vois, toi aussi
- Non Xavier. Cest fini.
Lisa sent une présence derrière elle, son ex-amant sarrête de parler. Elle se retourne instinctivement :
- Noooon !
---oOo---
Je mavance vers eux. Lisa ne peut pas me voir, mais lui sarrête de parler. Il ne me connaît pas, il doit être intrigué par lintrus qui vient les déranger.
Instinctivement, Lisa se retourne. Nos yeux se croisent :
- Noooon !
Elle nose plus bouger, jai limpression quelle se liquéfie.
Javais prévu la grande scène, les cris, les pleurs, les supplications, et je suis là les bras ballants, sans savoir quoi dire.
Jaurais voulu la regarder fixement, dun regard accusateur. Mais rien ne se passe comme je limaginais, elle ne doit lire que de la tristesse dans mes yeux, même pas de la colère.
Aucun mot. Seule Lisa qui bafouille « non » en hochant la tête, la bouche ouverte de stupeur.
Que faire, que dire ? Dun geste théâtral, je pose mon alliance devant elle. Et je men vais sans attendre.
Tiens, jai oublié de foutre mon poing dans la gueule de ce salaud, comme javais prévu de le faire.
Sur le trottoir, je marche vite pour rejoindre ma voiture. Des pas derrière moi, Lisa arrive à ma porte, frappe à la vitre, crie mais je ne lentends pas. Je démarre sur les chapeaux de roue, rageur, sans même lui jeter le moindre regard. Elle nexiste plus pour moi.
Je pars, sans voir les larmes qui inondent son visage.
---oOo---
De toutes mes forces, je frappe sur la vitre de sa voiture :
- Mon chéri, écoute-moi.
Il faut quil mécoute. Je veux lui dire, lui expliquer.
Vite le rejoindre chez nous. Où est ma voiture ? Zut, dans quelle rue me suis-je garée ? Je tourne en rond avant de la retrouver.
En conduisant, je serre dans ma main lalliance de François.
Je men veux. Jaurais dû lui parler, il maurait soutenue, il maurait aidée. Jaurais dû suivre le conseil de mon amie Isabelle à qui je métais confiée, elle mavait dit de lui faire confiance, de tout lui dire.
Jai cru être la plus forte. Jai surtout eu la crainte quil ne me croit pas, quil se fasse des idées. Il ma pardonné lan dernier, mais jai toujours peur de le perdre.
Je croyais que Xavier avait compris. Mais non, il a fallu quil revienne à la charge.
Il voulait me revoir. Je nai pas répondu à son premier message, pensant quil comprendrait. Il ma relancé une fois, deux fois, dix fois. Pendant 2 mois, il ma inondé de messages, de coups de téléphone, au bureau, chez nous. Je nétais plus moi. Javais peur que François ne sen aperçoive.
Par SMS, je lui ai dit que cétait fini, bien fini, que jaimais mon mari. Ça ne la pas calmé. Un soir, jai même dû lui parler au téléphone, espérant encore que ce serait suffisant pour quil me laisse en paix.
Rien ne larrêtait. Je nai pas écouté Isabelle, je nai rien dit à François, je nai pas pu. En désespoir de cause, jai accepté ce rendez-vous, comme ma dernière chance pour lui dire en face que je ne voulais plus le voir.
---oOo---
Arrivé chez nous, je prépare rapidement quelques affaires dans un sac. Je navais rien prévu avant, jespérais tellement me tromper, et revenir tout penaud avec mes soupçons.
Je suis en train de prendre mon ordinateur dans la chambre damis, quand jentends la porte souvrir :
- Chéri ?
Je fonce dans le salon prendre mon sac et adieu. Lisa se jette sur moi :
- Mon chéri non, ne pars pas. Ce nest pas ce que tu crois
- Je ne crois rien, jai vu.
- Non.
- Tu nas pas cessé de le voir, tu ne peux plus te passer de lui.
- Non.
- Depuis un an tu me mens. Je me sens doublement trahi
Pendant les vacances, comment as-tu pu me laisser croire ?
- François je taime, cest un immense malentendu. Cest la première fois que je le revois.
- A dautres. Tous les mois tu allais faire du shopping avec tes amies. Comme aujourdhui. Dire que je tai crue, quel idiot je suis.
- Mais non. Je te le jure, je ne lai jamais revu.
- Comme par hasard, justement aujourdhui. Ne te moque pas de moi, assez de mensonges.
Je marche vers la porte :
- Non, ne pars pas. Je taime François. Laisse-moi texpliquer.
- Que vas-tu encore inventer ?
- Il me poursuit depuis plus de deux mois. Des messages, des SMS. Impossible de lui faire entendre raison. Je lai rencontré pour lui dire en face de ne plus mimportuner.
- Tu crois que je vais gober cette fable, trouve mieux. Si je nétais pas intervenu, tu serais maintenant à lhôtel avec lui.
- Mais non, cest la vérité.
Je sors et lui lance :
- Adieu.
Ne voulant pas attendre lascenseur devant elle, je descends quatre à quatre lescalier. Je lentends crier :
- François, François, ne pars pas. Je tai dit la vérité. Ne me quitte pas.
-
- François, non, reviens.
Et dans un sanglot :
- Cest trop bête. Non !
Ce soir, je dors à lhôtel, demain javiserais. Je reviendrais chercher mes affaires quand elle ne sera pas là, jen ai assez de tous ses mensonges.
Trop bon, trop con. Jaurais dû comprendre lan dernier, ça nous aurait évité cette scène digne dun vaudeville.
---oOo---
Me voilà seule dans notre appartement, trop grand pour moi. Comment François pourrait-il me pardonner, il ny a rien à pardonner. Les apparences sont trompeuses, mais sil maime comme je laime, il me croira.
Où es-tu François ? Je nose appeler sa famille, ses amis. Au travail, jamais là, ou en réunion, son assistante a dû recevoir des consignes.
Mon toubib ma arrêté, impossible de travailler, de me concentrer. Je lattends.
Tous les soirs, affalée dans mon fauteuil, je nai même pas la force de regarder la télé. Jattends un verre à la main. Je me couche tard, de plus en plus tard. Parfois je me réveille au petit matin, mal partout, le verre à mes pieds sur le tapis.
Trois semaines à traîner. Aucune réponse à mes messages. Il faut que je me ressaisisse. Dabord retourner travailler, après je le retrouverais, cette fois il mécoutera.
Comment en sommes-nous arrivés là ?
François mavait pardonné, je pouvais espérer que le passé était oublié.
Nous étions heureux. Pourtant, lan dernier... Comment ai-je pu ?
Cette foutue soirée !
Ma collègue Patricia a voulu fêter son récent mariage et nous présenter lheureux élu. A 17 heures, finit de bosser, nous avons rapproché nos bureaux pour faire une grande table, disposer verres et bouteilles pour célébrer, comme il se doit, les jeunes mariés.
Ils étaient mignons tous les deux, lui un peu intimité, ne connaissant personne. Nous nous étions cotisés pour leur offrir un beau cadeau, plus quelques blagues de potaches, comme toujours dans ces circonstances.
Tout le service était là, une bonne trentaine tout de même, plus deux fournisseurs qui se trouvaient là. Quand il y en a pour 30, il y en a pour 32.
Je connaissais Xavier. Enfin comme on connaît un commercial qui passe remplir son carnet de commandes une fois par an. Il sest approché de moi pour trinquer et tout naturellement nous avons engagé la discussion, le boulot, nos boites, nos familles. Habitant Reims, il vient tous les mois à Paris visiter ses clients. Il a une petite fille dà peine un an, charmant il ma montré sa photo, encore un papa gâteux. Je lui ai fait quelques confidences sur notre projet dagrandir la famille.
Je pensais rentrer rapidement pour que mon chéri ne se fasse pas de soucis. Mais, en entendant la musique, je ne sais plus qui sest mis à danser. On a poussé les tables, on chantait, on criait, on se trémoussait. Un slow a suivi, quelle idée ! Au boulot tout le monde se fait la bise, mais garde ses distances. Le champagne aidant, les couples se sont formés.
Galant homme, Xavier ma invitée, avec les formes comme autrefois. Jétais bien dans ses bras, je me laissais guider. Les bulles me faisaient tourner la tête.
Oh, juste une danse, et jai décidé de rentrer. Toujours est-il quaprès avoir virevolté ensemble, il ma proposé de me raccompagner. Nous sommes passés devant son hôtel. Sans réfléchir, jai accepté un dernier verre.
Il était sympa, je ne me suis pas méfiée, ni de lui, ni de moi. Sans savoir comment, je me suis retrouvée allongée sur son lit, ses lèvres sur les miennes, sa main caressant mes seins. Nous avons fait lamour comme la suite logique de la soirée, jai aimé son regard quand jai pris une douche avant de partir.
Jétais bien. Je ne savais pas pourquoi javais cédé à cet homme. Je navais même pas limpression davoir trompé mon mari. Un coup dun soir comme lorsque jétais célibataire, rien de plus, pour le fun.
Il est vrai que si javais voulu prendre un amant, il était parfait. Ses baisers, ses caresses, le plaisir que jai pris à le sucer, et quel orgasme quand il ma pénétré. Mais voilà, je navais aucune envie de prendre un amant.
Chez nous, mon mari nétait pas couché, il regardait la télé. Petite bise :
- Tu as passé une bonne soirée ? Cétait bien ? Dis donc, ça a fini tard.
- Oui oui. Nous étions nombreux.
-
- Je vais me coucher, je suis fatiguée.
- Daccord ma chérie. Je regarde la fin du film et jarrive.
Quand il ma rejoint dans le lit, jai fait semblant de dormir. Un réflexe. Je ne me sentais pas coupable, mais deux fois dans la même soirée, cétait trop.
Hors de question de recommencer. Avais-je des remords ? Peut-être, je ne saurais le dire. Jaimais mon mari, il mapportait tout ce quune femme peut désirer. Pourquoi un amant, ridicule.
Jallais oublier, quand deux jours plus tard, coup de téléphone de Xavier, il minvitait à déjeuner. Jai accepté sans aucune arrière-pensée. Peut-être voulait-il sexcuser, me dire quil regrettait davoir trompé sa femme. La fin de lhistoire en quelque sorte.
Déjeuner « affaire » au restaurant de son hôtel. Contrairement à ce que javais pu penser, il a attendu la fin du repas pour minviter à monter dans sa chambre. Jaurais dû dire non. Je métais pourtant juré. Une fois cest un dérapage, deux fois ça devient un adultère.
Jai aimé quil me déshabille, quil me regarde nue. Jai aimé ses caresses. Mais quand je lai sucé toujours avec le même plaisir, il a failli jouir dans ma bouche, non mais ! Sans prévenir sans demander. Heureusement jai eu le bon réflexe, jen avais plein le cou et les seins. Je suis vite partie sous la douche.
Il sest excusé, je ne lui en voulais pas. Ce côté un peu macho ne ma pas rebuté, je dois avouer quau contraire jétais encore plus excitée à lidée de me soumettre à sa volonté, à ses désirs. Nous avons repris nos ébats, cette fois encore jai joui quand il ma pénétré, il sait y faire.
En me rhabillant, jai réalisé ma folie. Je lui ai dit clairement que cest la dernière fois. Jaime mon mari, il a sa femme, sa fille. Il valait mieux en rester là. Ouf le lendemain il rentrait chez lui, fin de laventure.
Je me suis fait des illusions, il navait rien compris du tout. Un mois plus tard, de nouveau à Paris, il a encore voulu me voir. Me voir ? Je savais ce que cela signifiait. Jai tenu bon, il ma laissé plusieurs messages, plusieurs SMS, parfois même le soir. Jétais gênée, javais peur que François ne sen rende compte. Je lui répondais enfermée dans les toilettes, jeffaçais nos échanges.
Le mois suivant, il a recommencé. Tant de constance a flatté mon ego, quelle connerie cet ego ! Et puis, je me souvenais du plaisir quil mavait procuré. Un frison ma parcouru. Une fois, ce nest pas une habitude, François ne le saurait pas plus cette fois que les autres fois. Et juré, cétait la dernière.
Je lai donc revu, dans une autre chambre dhôtel. Quel orgasme quand il ma prise en levrette ! Je me sentais femme, pleinement femme, saillie par un beau mâle.
Reprenant mes esprits, sans savoir pourquoi, tout à coup je me suis sentie mal à laise. La honte ma saisie, je venais de tromper mon mari.
En partant, jai fait comprendre à Xavier que cétait la dernière fois. Je suis partie sur un baiser furtif. En poussant la porte chez nous, je culpabilisais. Quest-ce qui mavait pris ? Mon mari ma toujours comblée, je ne suis plus une midinette tombant dans les bras du premier venu.
Trop tard.
Comment François la-t -il appris, je ne le saurais jamais. Toujours est-il que le soir même il ma fait une scène comme jamais. Sa colère a été terrible. Le pire, son air abattu, sa tristesse.
Je men voulais de le faire souffrir. Je lavais trahi. Je ne fus pas surprise quil parle de séparation. Il est parti une semaine, chez des amis. Jai eu peur quil ne revienne jamais. Impossible de lui parler, il avait éteint son téléphone. Je lui ai laissé des messages, les lisait-il ?
Quelques jours après, jétais en pleurs dans la pénombre quand il est rentré. Il a allumé, javais les yeux rouges, jétais laide. Il sest assis à côté de moi sans un mot, je me suis blottie dans ses bras.
Nous sommes restés sans bouger. Je lui ai demandé cent fois pardon. Je lui ai juré. Il ma embrassée.
Tendrement, nous avons fait lamour. Cétait mieux, 100 fois mieux, 1000 fois mieux. Jai pris conscience, que cétait lhomme de ma vie
plus jamais, juré.
Il ma pardonnée. Il maime, je laime.
Un an. Cest de lhistoire ancienne, un mauvais souvenir. Pendant nos dernières vacances, quel bonheur ! Nous avons fait lamour tous les jours, même dans les dunes à labri des regards indiscrets. Nous étions jeunes mariés, ou pire des ados
Au retour, la douche froide, ce SMS de Xavier.
Et voilà où jen suis
. François, je taime.
---oOo---
Ses messages, je ne les écoute plus. Ses SMS, je ne les lis plus
mensonges, mensonges, toujours la même fable.
Dans un long mail, Lisa mexplique comment il la soi-disant relancée à notre retour de vacances. Le harcèlement, sa peur que je ne la crois pas, enfin toujours les mêmes fadaises. Au lieu de me dire clairement quelle lavait choisi lui et pas moi. Jaurais préféré cette franchise.
Jai voulu mettre de la distance entre nous. Ne plus la voir ne me suffisait pas. Pour le divorce on verra plus tard, je nai même pas la force daller voir un avocat.
Mon patron, compréhensif, me propose une place dans notre filiale de Bruxelles. Mon installation est facilitée par lappartement meublé mis à ma disposition par la société
Lisa, cest fini. Je vais refaire ma vie
Un jour, me promenant sur la Grand Place, jentends une voix qui mappelle, cest Isabelle, la meilleure amie de Lisa. Je nai aucune envie de lui parler, elle va sûrement essayer de défendre son amie.
Impossible de lui échapper, elle ma vu :
- Bonjour François.
- Bonjour Isabelle.
Petites bises, je me sens obligé dengager la conversation :
- Que fais-tu là ?
- Je suis ici depuis bientôt cinq mois. Et toi ?
- Nous avons une filiale belge.
- Bruxelles est une ville très agréable, vous devriez venir vivre ici quelque temps Lisa et toi.
-
- Au fait comment va-t-elle ?
- Bien merci.
- Il y a longtemps que je nai pas eu de ses nouvelles. Je suis partie rapidement sans avoir le temps de la prévenir. Je voulais lappeler en arrivant ici, mais tu sais comment cest, on repousse toujours au lendemain. Alors tout va bien ?
- Oui. Tout va très bien.
- Je suis contente pour elle, enfin pour vous. Ce type qui la relançait sans arrêt, je dirais même quil la harcelait, elle la vraiment mal vécu. Je suis heureuse que vous ayez pu vous en débarrasser.
-
- Elle voulait se débrouiller toute seule. Elle nallait vraiment pas bien, tu as dû ten apercevoir, ça la tourmentait. Elle avait peur de ta réaction. Je lai traitée didiote, je lui ai conseillé de ten parler.
-
- Jétais certaine que tu réussirais à résoudre ce problème.
- Merci, ça a été dur.
- Dur est un mot faible. Je savais par quelle épreuve vous étiez passés lan dernier, vous naviez pas besoin de ça. Ce con qui la relance. Je nai plus la notion du temps, cétait il y a combien de temps ?
- Je ne sais plus trop, 5, 6 mois environ.
- Déjà ! Enfin cest fini.
-
- Tout de même, ça a duré au moins 3 mois. Elle avait beau le repousser, il ne voulait rien savoir, il linondait de messages. Moi jaurais craqué. Elle ne voulait pas que tu le saches pour que tu ne te fasses de fausses idées. Cest malin, comme si tu nétais pas là pour la protéger.
-
- Elle a eu raison de ten parler
. Et depuis, il na pas essayé de la revoir.
- Non, je ne crois pas.
- Elle te laurait dit. Elle a une telle confiance en toi. Je suis vraiment contente pour vous deux.
- Mais, on ne parle que de nous, et toi ?
- Moi, je papillonne, comme toujours, tu me connais. Je ne suis pas comme Lisa, cest une fille sérieuse, je ne comprends pas comment elle avait pu se laisser embobiner par ce beau parleur. Elle la vite regretté, ses remords la rongeaient. Enfin tu sais tout ça.
-
- Un jour, elle ma dit « François cest mon homme, aucun autre ne pourra jamais mapporter tout ce quil mapporte ». Je lenvie. Et vos projets ?
- De quoi tu parles ?
- Elle ma confiée que vous vouliez avoir un bébé. Alors tu ty es mis, elle attendait tu sais.
-
- Je suis sûre que tu seras un bon père, et elle une bonne mère. Veinard va, tu aurais pu tomber sur quelquun comme moi.
-
- Mais non je blague. Allez, jy vais, mon Jules mattend, fais la bise à Lisa.
Ce nest pas possible. Lisa, ma Lisa. Elle avait peur de me perdre. Et moi, je nai jamais voulu lécouter. Cest ça ma confiance.
Je passe rapidement chez moi prendre quelques affaires.
Lautoroute direction Paris. Seul dans le silence de ma voiture, je crie, je hurle :
- Je taime Lisa
LISAAA !
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