Le Pèlerinage (2Ème Partie): Les Fantômes De Marie-Jeanne

Nous avions rapproché nos deux lits pour la nuit, afin de n'en faire plus qu'un seul,
et nous nous étions assoupis dans les bras l'un de l'autre. Marie-Jeanne dormait à
poings fermés, lorsque je me décollai d'elle, doucement, et discrètement, pour aller
aux toilettes. Le temps d'un gros pipi, et je gagnai de nouveau le bord du lit, où je
m'assis quelques instants, admirant son corps presque dénudé, la nuisette en bataille,
tout comme ses cheveux. Un léger ronflement trahissait son sommeil, et je fus pris
soudain d'une envie d'elle impérieuse. Je commençai à masser son bas-ventre, cherchant
déjà l'objet de tous mes désirs du bout des doigts, lorsqu'émergeant à peine de son
sommeil, elle me chuchota "non, chéri, pas maintenant", avant de replonger dans les
bras de Morphée. Je voulus me caresser, mais il faut croire qu'elle somnolait
seulement, à cet instant, car elle prit fermement mon pénis en main, pour ne plus le
lâcher. Il ne me restait plus dès lors qu'à me rendormir, heureux quand même de cette
position.

Ce qui me plaisait sans doute le plus chez Marie-Jeanne, c'était sa facilité
à récupérer de toute fatigue, et une fois encore, elle me le prouva, dès mon réveil.
Ouvrant les yeux avec difficulté, c'est sa nuisette bleue que j'affectionnais tant qui
attira mon regard en premier. Assise au bord du lit, déjà passée sous la douche, et
fleurant bon le vétiver, elle finissait de préparer nos petites valises, avant de me
rejoindre sous les draps. "J'ai été méchante avec toi, cette nuit, ne m'en veux pas,
j'étais trop fatiguée", me dit-elle en commençant à parcourir mon corps de sa main. Je
lui demandai de m'accorder deux minutes, le temps de me laver, avant de me blottir
tout contre elle. Il n'était pas encore sept heures, mais elle était déjà prête pour
l'amour, comme elle l'était pour passer toute cette journée à venir, pourtant
fatigante.

"Te rends tu compte, Marie, combien tu es insatiable, lorsqu'on se voit"?
Et elle de me répondre qu'il lui fallait bien çà pour la rendre heureuse, parce
qu'après mon départ, c'était pour elle deux semaines "sans", deux semaines
d'abstinence. "C'est pour çà que j'ai acheté ce gode, mon chéri, parce que j'ai encore
de fortes envies, parfois, et que ce ne serait pas bien que tu viennes me voir trop
souvent, même si tu me manques beaucoup".

Elle avait raison comme toujours, Marie-Jeanne, la curiosité du voisinage,
la présence permanente de son fils, même s'il était souvent de sortie, qui pourrait
finir par s'étonner, et aussi des raisons de santé qu'elle n' exprimait pas, car
l'organisme fatigue quand même plus vite avec l'âge, oui, c'était sûrement mieux
ainsi. Je la regardai fixement, l'écoutant comme un écoute son maître ou sa
maîtresse, avant de lui sauter au cou d'un élan spontané. "Je t'admire, Marie, ton
goût de la vie, ton amour pour moi, mais aussi ta grande sagesse, et je peux te le
dire, à moi aussi, tu manques beaucoup". Elle ne put retenir une petite larme, bien
vite écrasée, avant de nous serrer très fort l'un contre l'autre. Nous restâmes ainsi
un bon quart d'heure, sans bouger, sans se parler, nos deux corps ne faisant plus
qu'un et nos deux cœurs battant à l'unisson. Ce fut elle qui, imperceptiblement, prit
mon pénis et l'attira vers elle, vers son vagin, frottant lentement l'entrée de ses
grandes lèvres qui demeuraient sèches. Alors je pris l'initiative, récupérai sur sa
table de nuit le tube de vaseline, dont j'enduisis son extérieur et ses profondeurs .
Ma queue était raide comme la mort, quoiqu'encore bien active, et je la pénétrai sans
violence, mais fermement, avant mes va-et-vient érotiques, qui finirent par avoir
raison d'elle, dans un râle qui ne pouvait tromper. Marie-Jeanne avait joui, elle
avait carrément "pris son pied", et reposait sur le lit, les jambes toujours écartés,
bras le long du corps, en un sourire hébété.
Quand à sa nuisette, posée sous ses
fesses, afin de ne pas tacher les draps, elle gardait désormais le souvenir de nos
ébats.
En descendant l'escalier étroit qui mène à la salle de restaurant, je luis
tins la main, pour éviter qu'elle ne chute, geste qui n'échappa pas à un couple de
jeunes touristes, pas plus qu'au personnel de salle. Peut-être avaient-ils pensé que
c'était là une mère âgée, accompagnée de son fils prévenant, mais lorsque Marie voulut
m'avoir à ses côtés, sur le banc, plutôt que sur une chaise en vis-à-vis, leur théorie
fut remise en question, balayée très vite ensuite, par un grand baiser sur mes lèvres,
auquel je ne m'attendais pas. "Tu n'as pas peur d'afficher notre amour, comme çà, en
public" lui demandai-je? "Note bien que pour ma part, çà ne me dérange pas du tout...
C'est à toi que je pensais". Elle se tourna cers moi d'un regard désarmant, pas même
courroucé, avant de mettre mes mains dans les siennes, et de me rétorquer: "Mais
chéri, quand on s'aime, pourquoi faudrait-il le cacher, et je t'aime. Je n'ai plus de
mari, il est mort, alors, j'ai bien le droit de t'aimer". J'avoue que cette belle et
simple déclaration m'ébranla quelque peu.

Nous primes tout notre temps pour le petit-déjeuner, évoquant notre visite
au cimetière, la visite à la famille également, et Marie-Jeanne décida de me présenter
à cette dernière, sans fioritures, tel que j'étais, c'est-è-dire un simple ami de sa
famille, dont elle avait connu les parents, ce qui était ma fois vrai. La tombe était
bien entretenue par la famille, ment, et après avoir déposé un superbe bégonia
issu du domaine horticole voisin, c'est un accueil sans grande chaleur, tout juste
cordial, qui nous fut réservé. De la famille de Maurice, il ne restait finalement
qu'une sœur, du même âge que Marie, mais beaucoup plus défraichie, pour ne pas dire
décatie, une vieille aussi plate par devant que par derrière, ressemblant par bien des
égards à une entrée de château-fort, et aussi souriante qu'une porte de prison.
Deux
frères également, des "vieux gars", lui tenaient compagnie dans la journée, bref, une
lambiance paysanne, simple et profonde, que détestait Marie-Jeanne. Elle s'enquit des
dernières nouvelles, par pure politesse, refusa tout aussi poliment un café ou un thé,
et nous repartîmes dès que les convenances le permirent. S'étaient-ils doutés de notre
idylle? C'est possible, mais chez ce genre de personnes, des "taiseux" comme on dit,
allez donc savoir !

Ces deux journées de voyage avaient été celles des retrouvailles, les
retrouvailles des fantômes de Marie-Jeanne, et Dieu sait si elle en comptait
finalement. Maurice, tout d'abord, qui n'avait jamais eu, finalement, qu'une seule
passion, le bateau, parce que pour ce qui était de son épouse... Maurice, oui, qu'elle
retrouvait une fois par an, et trompait allègrement le reste du temps, mais pouvait-on
appeler cela de l'infidélité ? La famille de son défunt mari ensuite, et là, c'était
carrément des fantômes vivants. Les premiers amis et amours de sa jeunesse, encore,
son père enfin, qu'elle avait aimé plus que tout autre personne au monde, à qui elle
vouait encore une admiration sans faille, et qu'elle ne pouvait oublier en cette
période de carême.

Ce fut lors d'un arrêt pipi au retour, à l'entrée d'un petit chemin, qu'elle
m'évoqua ces fantômes, et nous restâmes longtemps côte à côte, à nous reposer, nous
détendre un peu, et à nous caresser encore et encore, à nous embrasser beaucoup aussi,
et pour ce qui est des pelles et des pipes, elle n'avait pas grand monde à craindre.
Deux journées de voyage et d'amour l'avaient épuisée, tandis que moi, qui était plutôt
chaud ces temps-ci, j'en aurais bien repris un peu. Une fois arrivés chez elle, son
fils n'était pas encore rentré. Je l'aidai à se déshabiller, lui mit une culote
propre, et une chemise de nuit fleurie en coton, et après l'avoir longuement
embrassée, je m'apprêtai à partir discrètement, lorsqu'elle m'interpela: "Mon amour,
jure moi de venir me voir demain".
Ce n'était pas très sage, mais je n'étais pas très
sage non plus, alors, je lui jurai que oui !

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