Histoire
Histoire
( Misa 04/2013 )
Bonjour à tous. Vous allez bien ? Installez-vous ! Cest pas très long, mais quand même ; il vaut mieux être assis, tranquille, au calme, confortable, parce que je voudrais vous raconter une histoire. Une histoire simple, pas un truc où il faut réfléchir, une histoire pour passer un bon moment, chez vous, dans le métro, un train, au bureau ? ça cest pas bien ! Peut-être que ce sera un peu cochon, pas trop, trop ce serait
un peu trop ! Faut plaire au lecteur, à la lectrice aussi, cest vrai, mais de là à les caresser dans le sens du poil, non !
Dautant que le poil, justement
cest pas mon histoire, là, pas encore, juste une digression, quelques mots :
Le poil ! cest un truc qui se perd. Vous avez pas remarqué ? Même les messieurs sy mettent ! Les filles, ça fait longtemps ! Sous les bras, la totale. Sur le ventre, ça dépend. Des qui gardent tout, elles sont rares. Souvent un petit coup de ciseau pour élaguer, supprimer le dépassement de la culotte, ces poils disgracieux qui font moustache où on se veut jolies. La faute à nos culottes, nos slips et nos strings, de plus en plus petits, échancrés, étroits, alors au moins le ciseau ! Et souvent un peu plus. Au début cest pour voir ce que ça donne, quelle « tête » on a comme ça. Le rasoir qui dé, alors on égalise
et on descend plus bas. Parce que ça se voit pas ? Un peu, oui. Debout devant la glace, jambes serrées, cest vrai quon dirait pas ! Et pourtant ! Dessous ? Y a plus rien ! « Viens voir chéri, viens voir par là comme cest doux. Taime bien ? ». Bon, on a des arguments qui vont avec nos envies : « ça sera mieux pour
» Il y en a beaucoup qui ne finissent pas la phrase. Cest quon aime bien être léchées là, mais cest pas bien de le dire. On retient les mots. On pourrait : « viens me fouiller la chatte, mon chéri, tauras pas de poils sur la langue ». On pourrait
mais cest pas très romantique ! Alors on dit pas, pas comme ça.
Là, arrêtez de lire. Levez la tête, regardez autour de vous. Essayez de deviner : elle, cest comment ? imaginez, rêvez un peu à leur ventre et comment elles sont celles autour de vous sous leurs jupes ou leur jeans, sous leurs petites culottes. Imaginez ! Et si vous êtes gonflés, allez leur demander : « Comment êtes-vous apprêtée en dessous de vos dessous ? »! On sait jamais
Euh
mon histoire, vous êtes là pour ça ! Sauf que non attendez, jai pas fini
Je vous avais dit les hommes
Mais oui ! Les hommes aussi, maintenant. Y a ceux qui font du vélo, pour faire champion, qui prétextent les massages et se rasent les jambes. Et ça évolue sur les cuisses, pourtant cachées sous les cuissards, ça fait rien, ils rasent aussi. Et tant quà faire, pourquoi pas, les testicules et les fesses. Le torse, cest pour lété, sur la plage, ça ferait plus joli ! Bah
Mais en fait, hommes ou femmes, cest tout du pareil ! cest la mode ! Pas dautres raison à tout ça. Ce serait plus sain et plus propre, plus civilisé, plus éloigné de nos lointains ancêtres. Des mots. Des modes. Un truc inventé par un fabricant de rasoir ou de crème épilatoire et tout le matériel quil faut pour entretenir tout ça. Parce que ça repousse, et ça pique, et on a des boutons, cest désagréable et moche : alors on entretient. Tout ça pour ressembler à des mannequins qui se font photographier moitié nues et que ça serait pas bien quelles exposent une touffe Cro-Magnon. Et nous on est assez cons et connes pour faire pareil ! Eh, ça vous gratte à vous aussi ? ben oui
Les mecs, cest pour faire léphèbe à notre écoute : « cest pour toi, chérie, je veux être doux pour toi » . Mon il ! Si vous vouliez vraiment être doux, vous raseriez mieux la barbe sur vos joues au lieu de céder à cette nouvelle mode de garder en permanence une barbe de trois jours ! Rêvez pas : on vous embrasse quand même plus souvent sur vos joues que sur vos abdos ou entre les jambes.
Non mais imaginez un instant ! Le bonjour du matin en arrivant au bureau deviendrait une drôle de cérémonie !
Je vous le fais ? Allez
Bonjour Marie !
Bonjour patron !
(et là, le monsieur ouvre sa braguette et baisse son pantalon, baisse son slip, ou vous laisse faire, au choix, vous soulevez son sexe à deux doigts pour un baiser du matin sur les petites choses molles et flasques dessous)
Oh ! ça pique, vous vous êtes pas rasé ce matin ?
Non mais ! reconnaissez que ça serait bizarre, non ? Et encore ! Là, jai pas étudié tous les cas : jai pris un monsieur qui avait un slip propre et qui avait pris une douche !
La même chose le soir en partant, après une longue et chaude journée :
Au revoir patron !
eh ! je vous ai dit « après une longue et chaude journée »
imaginez !
Non, non ! Arrêtez vos conneries, rasez vos joues, et on se fera la bise, comme dhabitude !
Et puis ! Ce serait la même chose pour les filles ? Le même type de baiser ? Après tout, même si nos joues à nous restent douces, peut-être voudriez-vous nous dire bonjour tout pareil !
Déjà, de temps en temps, pour les joues on évite :
Non pas aujourdhui, jai la grippe, je voudrais pas vous contaminer !
deviendrait :
Pas aujourdhui, jai mes machins, je saigne, je voudrais pas vous barbouiller !
Oh là ! Et encore, je suis sympa avec vous sur ce coup-là, je vous évite la vaginite et la cystite, les pertes blanches
ouais, sympa, non ?
Non ! Décidément, restons-en aux traditions. Rasez vos joues, cest tout !
Remarquez, maintenant que jy pense, y autre chose ... vous avez fait ? Alors vous savez ! Pendant et après, passer du temps à se tripoter par là, à passer les doigts pour vérifier, allez, avouez, ça fait de leffet non ? Un petit plaisir solitaire en prime et après, double effet « Kiss Cool » : « Chéri ? Viens voir
» et ça marche ! On parle d « objet du désir », ben pour le coup cest une absence qui fait monter la tension.
Bon, je mégare, mon histoire, ça vient, on est là pour ça !
Cest lhistoire dune dame et dun monsieur. Ils sont dans un train. Le train quils prennent tous les matins pour aller au travail. Le paysage, ils le connaissent par cur, alors ils regardent pas. Parfois ils ont un livre ou un magazine, parfois ils jouent avec leur téléphone, et dautre fois ils ne font rien, regardent les autres passagers, lesprit traversé de pensées fugaces, une course à faire, leur boulot, nimporte quoi, des trucs sans queue ni tête qui senchaînent sans raison.
Ce matin-là, un lundi, la dame pensait à son mari :
« «
ça fait quoi ? pas ce week-end pas celui davant non plus le mercredi après la soirée chez Jean-Paul et Mag à cause de Mag ? métonnerait pas elle montrait ses cuisses mignonne, sa robe, nempêche courte aussi et alors ? il veut quoi, lui ? » »
parce quelle a croisé le regard dun homme, de lautre côté de lallée, qui semblait la dévisager.
Il passait le temps, il regardait les gens dans le wagon, sans intention, sétait arrêté sur la dame qui plissait le front et se mordait la lèvre, les yeux en colère.
Il sétait arrêté sur elle et se demandait sil allait ou pas sortir son portable, sil aurait assez de batterie.
Elle aussi le regardait, comme pour le mettre au défi, ne pensait plus à son mari et à sa frustration que par intermittence, en toile de fond :
« «
elle te plaît pas ma tête ? une barbe de trois jours, cest la mode un baiser avec ces poils qui te piquent quel effet ça fait dembrasser un barbu - pourquoi on baise plus ? pas normal - joli son manteau il a plus envie de moi jai grossi costard fatigué jaurais pas dû mettre ces chaussures il veut ma photo ? pas mal ce mec » »
Il sest aperçu quelle le fixait, a secoué la tête comme au sortir dun rêve, les lèvres étirées dun court sourire dexcuse.
Elle a souri aussi en tournant la tête, a fouillé dans son sac, sorti son téléphone portable, en surveillant dun il le monsieur qui sortait son ordinateur de la sacoche coincée entre ses jambes.
Elle sest connectée, lui aussi. Leurs regards se croisaient de temps en temps, vite baissés. Chacun remarquait un bref sourire quand lautre lisait, elle sur son téléphone, lui sur son micro.
Ils sont sortis de la gare, se sont perdus de vue. Il a acheté des journaux à un kiosque. Elle a traversé lesplanade, a contourné la tour pour aller boire un café à lentrée de la galerie marchande. Elle était a peine installée quelle la vu entrer, lhomme à la barbe de trois jours qui haussait les sourcils en lisant sur son ordinateur dans le train.
Il a commandé au comptoir, sest retourné vers la salle et la vue, la dame du train dont il croisait le regard et qui souriait toute seule en levant les yeux de lécran de son téléphone. Il a baissé la tête pour masquer son sourire, se balançant dun pied sur lautre, comme hésitant, puis sest approché de la table de la dame :
Excusez-moi
vous étiez dans le train
ne me giflez pas, par pitié
puis-je vous demander « Comment êtes-vous apprêtée en dessous de vos dessous ? ».
Elle ne la pas giflé. Elle a ouvert de grands yeux ébahis en portant une main devant sa bouche.
Il rougissait en se dandinant sur ses pieds et commençait à se reculer de la table de la dame pour partir quand elle la rappelé :
Monsieur ? Cette barbe, cest une mode
mais faites-vous du vélo ?
Lui aussi ébahi à ouvert de grands yeux tout comme elle un instant plus tôt, et après un temps de silence où ils se regardaient et que le sourire leur venait aux yeux à tous deux, il a dit :
On pourrait
se dire bonjour
Pourquoi pas
Oui, je sais, cette histoire se mord la queue .
Ils lont vécue, ment, sinon jaurais pas pu lécrire
et ne lont vécue que parce quils lont lue
Y aurait pas un problème ?
Toutes les histoires sont de petits mystères.
Vous voulez savoir la suite de leur histoire ? Tous les trucs bien cochons et tellement bons quils ont fait en riant dans lhôtel en face de la gare ?
Sachez seulement quils se sont dit bonjour
Prenez plutôt le train, lisez des histoires et levez les yeux, allez-y, allez !
Misa 04/2013
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