Coup De Folie

Christelle regarda la voiture s’éloigner, agitant mollement la main. Puis elle referma la porte de sa maison et s’y adossa en poussant un soupir de contentement. Enfin seule… Il avait fallu faire preuve de ténacité pour obtenir ce week-end de tranquillité plutôt que d’aller, avec son mari et ses s, visiter sa belle-mère qu’elle n’appréciait guère, et c’était réciproque, à presque deux cents kilomètres de là.
La pensée de cette épreuve l’avait rendu quasiment malade. Trois heures de voiture, elle qui souffrait du mal des transports et était obligée de s’abrutir de médicaments, de pilules, de gélules, de patches à l’efficacité toute relative. Puis le dîner en famille fait de plats lourds et de conversations insipides. La nuit dans un lit inconfortable et le lever aux aurores pour accompagner belle-maman à la messe. Le déjeuner tout aussi roboratif que le dîner et qui s’éternise, surtout si d’autres membres de la famille s’y invitent, pour en sortir déjà nauséeux alors qu’il faut remonter dans la voiture et commencer à prier pour que la circulation soit plus fluide que la digestion. Enfin les inévitables bouchons et les énervements qui vont avec.
Voici ce à quoi elle avait échappé en prétextant du ménage, du repassage, des maux de ventre, de tête et tout ce qui lui avait permis de décrocher la médaille d’or catégorie « bonnes excuses » : rester tranquille à la maison.
Elle commença son samedi de liberté par se mettre dans une tenue décontractée. Elle n’attendait personne. Son ours de mari avait, au fil des ans, éloigné tous leurs amis et elle ne risquait pas de visite. Ni ses critiques à lui ! Négligeant culotte et soutien-gorge, elle enfila un vieux jogging sans forme et un tee-shirt trop grand. Elle était à l’aise… Elle mit de la musique, assez fort, puis sortit une bouteille de vin rouge entamée, du réfrigérateur. Un Saumur Champigny entamé la veille. Elle se choisit un joli verre de cristal et dégusta quelques gorgées de ce petit nectar de Loire, fruité et frais qu’elle affectionnait particulièrement.


Puis elle sortit l’aspirateur et enjouée elle le prit dans ses bras pour esquisser quelques pas de danse… Depuis combien de temps n’avait-elle pas dansé ? Elle se posa la question en démarrant la machine. Son mari n’aimait pas et se savait pas. Ils ne sortaient guère et les occasions de montrer ses talents de danseuse remontaient à très, à trop loin !
Elle se rappela le plaisir de se laisser guider par son cavalier, ce sentiment de complicité lorsqu’on tentait ensemble un pas un peu compliqué. L’odeur de sueur du partenaire après quelques danses soutenues, cette complicité dans l’effort et aussi ce doux sentiment d’abandon dans des bras amis lors des danses plus calmes plus lascives, la sensualité des pas de tango… Elle se souvint de son dernier partenaire de danse, Michel, que son mari n’aimait pas, mais qui dansait comme un dieu avec un sens du rythme éblouissant et une élégance dans le geste, une précision dans les pas qui la transportait.
Une douce chaleur montait en elle à l’évocation de Michel qui lui susurrait quelques fois des bêtises dans l’oreille. Il était charmeur. Si charmeur que son mari en avait pris ombrage et, jaloux, il avait rompu les ponts. Il n’avait sans doute pas eu tort car aujourd’hui, là, tout de suite, l’aspirateur vrombissant à la main Christelle ne pensait plus à Michel comme un partenaire de danse mais plutôt comme… Elle tenta de chasser ces pensées de son cerveau. En vain..
Alors elle arrêta momentanément l’aspirateur et alla dans le bureau de son mari s’installer devant l’ordinateur. Sur un réseau social elle tapa le prénom et le nom de son ancien cavalier. Par chance il avait un nom peu commun. Bingo ! Elle regarda la page et les photographies de ce danseur qu’elle venait de parer dans son souvenir de toutes les qualités. Déception ! Il avait vieilli et prit un embonpoint qu’il exhibait sans gêne sur des photos convenues avec sa famille et sa femme presque aussi ronde que lui. Et il habitait maintenant dans le sud de la France…
Pour une fois qu’elle avait du temps pour elle, Christelle surfa sur internet.
Ses pensées lui avaient donné des idées et elle se demanda si d’autres femmes rêvaient des envies d’aventures extraconjugales. Elle ne tarda pas à trouver des sites ou des femmes se racontaient, dévidaient leur vie amoureuse, décrivaient des aventures incroyables, insolites, extravagantes. Où s’arrêtait la réalité où commençait le fantasme ? Christelle se rendit compte qu’elle avait machinalement enfilé sa main dans son jogging et qu’elle se caressait doucement en lisant des récits érotiques voire pour certains pornographiques. Soulevant légèrement ses fesses du fauteuil elle fit glisser son jogging qui tomba sur ses chevilles et elle entreprit de se donner du plaisir en lisant un texte particulièrement excitant d’une femme d’un certain âge qui racontait comment elle trompait son mari avec de jeunes étudiants. Elle expliquait avec des mots crus comment l’un d’eux la prenait debout et sans ménagement dans les toilettes du train. Quand Christelle ferma les yeux, elle s’identifia à cette femme et ressentit presque les coups de boutoirs du jeune homme. Son plaisir vint rapidement avec une intensité qu’elle n’avait pas prévue.
Elle passa dans la salle de bain et elle prit une douche pendant laquelle elle continua à entretenir son plaisir par des caresses expertes. Puis elle sortit de la douche, se sécha et se regarda dans la glace. Elle était menue, mince avec une belle poitrine et des fesses fermes. Objectivement elle se trouva appétissante. Sa toison pubienne par contre était négligée et elle entreprit de petit travail d’entretien. Des pensées coquines s’entrechoquaient dans sa tête. Elle était lassée de sa vie sexuelle atone, des rapports programmés et insipides avec son mari qui semblait avoir perdu toute imagination et envie. Elle se souvenait de sa vie d’avant le mariage, ou sans être une Messaline, elle avait eu son compte d’aventures amoureuses ou simplement sexuelles. A quel moment avait-elle basculé dans une routine sans piquant, sans imprévus, sans plaisir ? Après la naissance de ses deux s dix-sept ans plus tôt ?
Elle fantasma sur une aventure, là, maintenant ! Un homme qui sonnerait à sa porte, entrerait et la prendrait virilement.
Non, l’homme entrerait et elle l’aguicherait, l’exciterait avant de le repousser et le laisser repartir avec sa frustration. Rien que d’y penser elle en était de nouveau excitée.
Elle resta nue et retourna dans son living pour continuer son ménage souhaitant de toutes ses forces qu’un homme beau et viril pousse la porte. Il la trouverait dans le plus simple appareil, poussant son aspirateur et s’enflammerait aussitôt. Et dès qu’il serait excité elle le pousserait dehors. Chacun son tour d’être frustré ! Mais aucune chance qu’on sonne à la porte. Elle faisait son ménage nue, pour s’exciter, mais son fantasme n’avait aucune chance de se réaliser… Et soudain une idée lui vint. Simple, évidente, géniale…
…
Le ménage était terminé, la maison rangée, la bouteille de Saumur finie et Christelle, toujours nue, chantonnait, excitée comme une adolescente à son premier rendez-vous. Comment allait-elle l’accueillir ? Elle passa sa garde-robe en revue. Il fallait quelque chose d’excitant, de très excitant mais de simple. Une tenue d’intérieur qui soit sexy sans que cela ne paraisse prémédité. Elle opta en définitive pour un tee-shirt blanc trop long qui descendait à peine sous ses fesses et dévoilait son slip dès qu’elle se penchait. Parfait. Cela ferait femme seule surprise dans son intimité. Slip ou string ? Le string ferait trop provoquante mais le slip serait trop sage. Il fallait que l’homme s’excite mais qu’elle ne soit pas un appel au viol. Elle voulait qu’il soit énervé puis frustré. Que faire. La sonnette retentit. Il était là ! Son cœur se mit à battre avec violence et comme un somnambule elle se dirigea vers la porte. ‘Tu es folle se disait-elle. Mais elle était très excitée et décidée à aller jusqu’au bout. Ne te dégonfle pas ma vieille, se dit-elle. Et dans un geste irraisonné elle retira sa culotte et la jeta au sol, derrière la porte qu’elle ouvrit alors que retentissait un deuxième coup de sonnette.
- Bonjour Madame, c’est vous qui avez commandé une pizza quatre saisons ?
Ce n’était pas un homme viril mais un jeune homme, visiblement un étudiant portant l’uniforme de la société de pizzas livrées à domicile.
Christelle se dit qu’elle aurait dû penser que ce serait un jeune homme, presque l’âge de son fils car ces sociétés ne recrutaient pas les livreurs dans des salles de sport. Mais elle lut dans les yeux du jeune homme une lueur de désir. Elle se rendit compte que la lumière du séjour devait rendre son tee-shirt très transparent. Elle voulait exciter un homme, c’était fait. Elle lui prit le carton à pizza des mains du livreur puis se dirigea vers la cuisine. Il la suivit après avoir refermé la porte. Elle avait conscience que ses bras tenant la pizza tiraient son tee-shirt vers le haut et elle sentit que le bas de ses fesses devait être découvert. Le garçon ne disait rien. Elle posa la pizza dans la cuisine puis se tourna vers lui. Il était rouge et semblait avoir du mal à respirer. Elle se sentit soudain forte. Elle contrôlait la situation. Bien mieux que si cela avait été un homme expérimenté. Elle lui sourit et tendit la main. Il lui donna maladroitement la facture. Sa pomme d’Adam faisait du yoyo et il avait du mal à déglutir. Il était plutôt joli garçon avec ses cheveux mi longs, ses traits fins et son visage presque sans pilosité…
La facture dans la main elle se tourna et chercha des yeux son sac. Catastrophe il était sur le sol ! A côté d’un fauteuil ! Il allait falloir le ramasser ce qui n’était pas évident dans sa tenue. Elle alla lentement vers le fauteuil, le garçon la suivit en silence. Elle se pencha en fléchissant les jambes pour s’accroupir en tentant de préserver son intimité du regard du garçon. Peine perdue ! En se relevant le sac à la main, elle vit que le jeune homme était carrément passé à l’écarlate. Son regard accrocha une bosse sur le devant du pantalon d’uniforme qui ne laissait aucun doute sur l’excitation du livreur. Elle avait atteint son but et cela la troublait plus qu’elle ne voulait le dire. Ils n’avaient pas échangé un mot. Pour cacher son trouble elle se tourna pour prendre de l’argent dans son sac. L’atmosphère était électrique. Elle prit son temps pour compter l’argent et soudain, elle sentit une main tremblante se poser sur ses fesses. Enfin !!!
…
Elle posa doucement le sac sur le fauteuil tandis que la main parcourait fébrilement ses fesses puis elle fit face au jeune homme lui retirant de la main l’objet de sa convoitise. Elle se sentait calme, sure d’elle, dominatrice.
Le garçon ouvrit la bouche sans qu’un son n’en sorte. Il devait chercher les mots pour s’excuser de son geste inconvenant. Doucement elle posa son index sur sa bouche lui intimant l’ordre de se taire puis se laissa glisser devant lui. Comme dans un rêve elle vivait les scènes qu’elle avait lues sur l’écran de l’ordinateur. D’une main sure elle dégrafa son pantalon et le fit glisser sur ses chevilles en même temps que son caleçon. Un sexe jaillit devant ses yeux. Elle prit le temps de la regarder, de le palper et de le caresser avec lenteur et légèreté. Il était dur, plus long et plus gros que le sexe de son mari. Elle le décalotta en douceur, le fit coulisser dans sa main, puis, avec une lenteur calculée, elle l’engloutit. Une caresse qu’elle aimait prodiguer dans sa jeunesse avec ses premiers petits amis mais que son mari considérait à la limite de la perversité. Pas besoin de faire ça, lui avait-il dit un jour, tu es ma femme, pas une pute… Elle l’avala le plus loin possible puis le ressortit entièrement en serrant les lèvres. Elle agaça le gland de la pointe de la langue et l’engloutit de nouveau. Elle entendit le soupir du jeune homme. Sa main droite caressant la verge et la glissant entre ses lèvres sa main gauche vint soupeser les bourses du garçon, les malaxant avec douceur. Un soubresaut de la verge qu’elle avait en bouche lui annonça que le garçon avait déposé les armes. Un flot de sperme envahit sa bouche et sa gorge, qu’elle déglutit en plusieurs fois. Le garçon avait été vite. Elle prit cela pour un hommage à son talent. Mais du coup la frustration avait changé de camp.
Le garçon chuchota en bégayant :
- Excusez-moi, madame, je suis désolé.
Elle releva la tête et de nouveau mit son index sur sa bouche. Il se tut…
Elle reprit son sexe dans sa bouche. Il était plus mou mais on ne peut dire qu’il avait débandé. Sous sa caresse il ne tarda pas à reprendre de la vigueur… Quand elle le jugea à point, elle se tourna, et tenant le sexe dans sa main, elle parcourue telle une pénitente, à genoux, le mètre qui la séparait du divan. Elle se pencha et posa son torse sur les coussins offrant son postérieur à la lubricité du garçon qu’elle libéra. Il s’agenouilla derrière elle et se présenta à l’entrée de son ventre inondé de son désir. Il n’eut aucune difficulté à la pénétrer lui arrachant un long soupir de plaisir. Elle se sentait totalement emplie de ce sexe volumineux. Le garçon se mit en mouvement…
…
Il lui semblait que le temps s’était arrêté. Elle ne savait plus depuis combien de temps il la pilonnait. Elle ne voyait rien car il avait relevé son tee-shirt sur ses épaules pour palper et caresser ses seins. Le tee-shirt était autour de sa tête lui fermant un champ de vision inutile puisqu’elle gémissait sans discontinuer les yeux fermés. Combien de fois son vagin s’était-il contracté autour de la hampe qui la fouillait, trahissant un orgasme puis un autre puis encore un autre ?
Le garçon accéléra sa cavalcade puis s’enfonça de toute sa respectable longueur, cherchant à gagner quelques centimètres. Il s’immobilisa en poussant un grognement puis elle sentit un flot de semence envahir son ventre… Le sexe qui l’emplissait encore perdit de sa raideur, puis le jeune homme se releva créant une sensation de vide dans son ventre offert et distendu.
Elle se redressa, heureuse, comblée comme elle ne l’avait pas été depuis longtemps. Elle rabattit son tee-shirt tandis que le garçon se rhabillait en hâte.
Elle eut à peine le temps de payer sa facture qu’il avait disparu… Elle resta seule, avec un souvenir qui brulait encore son ventre.
Après avoir dîné de sa pizza devant l’ordinateur ou elle compara son aventure à celles trouvées sur les sites spécialisés, elle alla se coucher et son sommeil fut peuplé de rêves plus sulfureux les uns que les autres…
Le lendemain matin, elle trouva un bouquet de fleurs et deux croissants sur le pas de sa porte…
Elle comprit que cette aventure ne serait pas la dernière et machinalement elle commença à réfléchir aux excuses qu’elle pourrait utiliser le week-end prochain et à la prochaine mise en scène…

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